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Le Conclave en l’An 24 H.
A propos de la mort du Calife ‘Omar, nous avons déjà relaté comment, de son lit de mort, il avait nommé six électeurs parmi les Compagnons du Prophète afin qu’ils choisissent l’un d’entre eux comme successeur, et comment il avait posé une condition au déroulement de cette élection; celle-ci devait avoir lieu coûte que coûte en trois jours et ne pas dépasser ce délai. Après la mort de ‘Omar, lorsque l’enterrement fut terminé, Miqdâd réunit les électeurs, en l’occurrence ‘Abdul-Rahmân, ‘Othmân, Sa’d, Zobayr et ‘Alî, conformément à la volonté de ‘Omar. Talha n’était pas encore arrivé. Le conclave eut lieu dans la maison de Miswâr, un cousin de ‘Abdul-Rahmân. La porte de la maison était gardée par cinquante soldats sous le commandement d’Abû Talhah, afin d’empêcher quiconque, mis à part ‘Abdullâh, le fils de ‘Omar, d’y entrer. Celui-ci devait participer au vote, si nécessaire. Moghîrah B. Cho’bah et ‘Amr B. al-‘Âç, se tinrent cependant près de la porte afin de laisser croire qu’ils avaient, eux aussi, un rôle à jouer dans cette affaire.
Bien que, à présent, n’importe qui, et si insignifiant fut-il dans ses antécédents, ait pu croire avoir droit au Califat, vu l’exemple de la façon dont avaient pu accéder au pouvoir les deux premiers Califes, parmi les six candidats – électeurs, ‘Alî avait de loin le plus de titres pour revendiquer cette dignité, puisqu’il était: de noble naissance, le plus proche parent du Prophète et la personne la plus en contact avec lui depuis son enfance, et en raison de sa très profonde connaissance du Coran, de ses raisonnements judicieux, et enfin et surtout – mais ce n’est pas tout – parce que le Prophète l’avait proclamé comme étant son lieutenant et celui qui occupait auprès de lui la même position qu’occupait Aaron auprès de Moïse. Cependant, ‘Omar avait improvisé cinq autres candidats officiels pour rivaliser avec lui et ils gaspillèrent deux jours dans des disputes inutiles, chacun mettant en évidence son propre droit.
Finalement ‘Abdul-Rahmân proposa de retirer(1) sa revendication du Califat si les autres s’engageaient à élire un Calife de son choix. ‘Othmân fut évidemment le premier à accepter sa proposition. Les autres le suivirent, sauf ‘Alî qui resta silencieux. Lorsque ‘Abdul-Rahmân demanda à ‘Alî de donner son consentement, il lui dit: «Il faut tout d’abord me promettre que ton choix ne sera pas dicté par des considérations de parenté ni d’amitié, et que tu ne tiendras compte que du droit seul».
‘Abdul-Rahmân répondit: «Je te demande de t’engager à accepter le choix que je ferai et à t’opposer à tous ceux qui s’y opposeraient». Et ‘Abdul-Rahmân d’ajouter: «Pour ma part, je m’engage à ne pas être mû par un intérêt personnel ni par des considérations d’amitié et de parenté». ‘Alî accepta alors comme les autres, la proposition, et l’élection du Calife dépendit désormais de ‘Abdul-Rahmân seul. (2)
‘Abdul-Rahmân eut une longue consultation avec chacun des électeurs séparément. Zobayr était en faveur de ‘Alî. On nesait pas avec certitude comment ni pour qui Sa’d vota. ‘Othmân vota pour lui-même, et ‘Alî fit de même. L’élection se restreignit désormais entre ces deux derniers, et on était à la troisième et dernière nuit de délibération.
L’Election en l’An 24 H.
Au lever du jour, la Mosquée grouillait inhabituellement de monde. La foule comprenait aussi bien des gouverneurs et des chefs des différentes provinces que de simples citoyens de Médine venus assister à la Prière du matin et attendre par la même occasion le résultat de l’élection de leur nouvel Emir. ‘Abdul-Rahmân monta sur la chaire pour renseigner les gens sur l’élection. ‘Ammâr B. Yâcir, un Compagnon vétéran du Prophète et le dernier Gouverneur de Kûfa, se leva et dit: «Si vous désirez vraiment éviter la division des Musulmans, saluez alors ‘Alî comme Calife». Miqdâd fit de même. Mais une autre voix se leva tout de suite, criant: «Non! Si vous ne voulez pas qu’il y ait division entre les Quraych, saluez ‘Othmân». C’était ‘Abdullâh B. Abî Sarh, soutenu par Ibn Rabî’ah. Alors, le vénérable ‘Ammâr se tourna vers Ibn Abî Sarh(3) et lui dit dédaigneusement: «Ô apostat! As-tu jamais auparavant conseillé les Musulmans pour que tu oses intervenir aujourd’hui?» Puis s’adressant à la foule, ‘Ammâr, poursuivit: (4) «Ô gens! Le Messager de Dieu était l’homme honoré qui nous a élevés au faîte de l’honneur par la Religion Divine, pourquoi laisserions nous sortir cet honneur de sa Maison».
Un homme de Banî Makhzûm (la tribu à laquelle appartenait Khâlid Ibn al-Walîd) s’écria alors avec colère: «Tu dépasses les limites, Ô fils de Somayyah! Qui es-tu pour te permettre de te mêler des affaires des Quraych en choisissant leur propre Emir?». (5)
La tension montait, allait grandissant, lorsque Sa’d intervint et s’écria au visage de ‘Abdul-Rahmân: «Fais ton travail avant que n’éclatent des troubles. Choisis celui que tu veux choisir». «Oui, ma décision est prise», répondit ‘Abdul-Rahmân qui, ensuite, s’adressant à la foule, dit: «Silence!» Il appela ‘Alî pour s’avancer au premier rang et lui dit: «Si je t’élis Calife, tu dois t’engager par la convention du Seigneur à agir selon le Livre de Dieu, l’exemple du Prophète et les précédents de ses successeurs». «J’espère le faire. J’agirai selon ma meilleure connaissance et mon meilleur jugement». Puis s’adressant à ‘Othmân, ‘Abdul-Rahmân lui posa la même question. Il répondit promptement: «Oui, je le ferai».
Là, soit parce qu’il était insatisfait de la réponse de ‘Alî, soit parce qu’il avait préalablement pris une décision contre sa candidature, ‘Abdul-Rahmân prit tout de suite la main de ‘Othmân, leva le visage vers le Ciel et pria à haute voix: «Ô Seigneur! Entends-moi et sois mon témoin. Ce que (la charge) j’avais autour de mon cou, je le place autour du cou de ‘Othmân». Ce faisant, il salua sur-le-champ ‘Othmân en tant que nouveau Calife. Les gens suivirent son exemple.
«Ce n’est pas la première fois que je suis privé de mes droits légitimes, mais quant à toi, tu n’as pas agi sans regarder tes intérêts personnels ni impartialement», dit ‘Alî à ‘Abdul-Rahmân, lequel ne perdit pas une minute pour lancer à ‘Alî sèchement cet avertissement: «Prends garde à toi, sinon tu te dénonces toi-même», faisant allusion à l’ordre donné par ‘Omar de décapiter ceux qui résisteraient à sa décision. «Patience! C’est à Dieu qu’il faut demander secours contre ce que vous racontez». (Sourate Yûsuf, 12: 18).
Un Désastre Durable
Sir W. Muir écrit dans son “Annals of the Early Caliphate”: «Le choix fait par ‘Abdul-Rahmân posa les germes du désastre de l’Islam en général, et du Califat en particulier. Il conduisit à des dissensions qui plongèrent le monde musulman dans un bain de sang durant de longues années, menacèrent l’existence même de la Foi, et continuent jusqu’à nos jours à faire vivre les croyants dans un schisme désespérant et amer».
L’Inauguration du Califat de ‘Othmân et son Premier Discours
C’est le 3, le 4 ou le 5(6) Moharram 24 H. (Novembre 644 ap. J. -C.) que le Califat de ‘Othmân fut inauguré. Le vendredi suivant cette inauguration, il monta sur la chaire pour prononcer son discours inaugural devant le public. Mais il trouvait difficilement ses mots. Aussi s’écria-t-il: «Ô gens! Le premier essai est une tâche difficile, mais, après aujourd’hui, il y a encore d’autres jours, et si je suis toujours vivant, le discours vous sera livré après l’habitude, car nous n’avons jamais été prêcheurs et c’est Dieu qui nous apprendra». (“Ibn Sa’d”) (“History of Califat”, p. 169, trad. ang. de M. Jarret de “Târîkh al-Kholifâ” d’al-Suyûtî)
La Première Cour de Justice de ‘Othmân
A peine entré en fonctions, ‘Othmân se vit confronté à une affaire complexe dans laquelle il avait à prendre une décision contre le fils de ‘Omar, son prédécesseur au Califat. L’affaire en question était la suivante:
‘Obaydullâh, le fils de ‘Omar, avait appris de ‘Abdul-Rahmân, fils d’Abû Bakr, que la veille de l’assassinat de ‘Omar il avait vu Abû Lu’lu’, l’assassin de ‘Omar, discuter en privé avec le Prince persan, Hormûzan et un esclave chrétien, nommé Jofina, et que surpris par sa présence, ils s’étaient séparés précipitamment, laissant tomber dans leur hâte un poignard à double lame avec le manche au milieu.
La description du poignard correspondait à celui avec lequel fut blessé ‘Omar. Ayant entendu ce récit, ‘Obaydullâh avait estimé qu’il y avait donc eu une conspiration. Rendu furieux par cette idée, il avait dégainé son épée et couru pour venger son père. Une fois tombé sur Hormûzan, il l’avait tué. Puis se dirigeant vers le lieu où se trouvait l’esclave, Jofina, il l’avait tué également. Et enfin il avait tué la fille d’Abû Lu’lu’ également. Il avait fini par être arrêté par Sa’d Ibn Abî Waqqâç et mis en prison, en attendant la fin du conclave qui était alors en délibération.
Le lendemain, après l’inauguration du Califat de ‘Othmân, Sa’d avait amené ‘Obaydullâh à ‘Othmân pour le punir conformément à la Loi pour l’assassinat d’un Croyant, car Hormuzân professait la foi musulmane, recevait une allocation de deux mille dirhams de la Trésorerie, et était sous la protection de ‘Abbâs, l’oncle du Prophète. Ainsi, ‘Othmân fut devant un dilemme: l’obligation de respecter la lettre de la Loi et sa répugnance à sanctionner le meurtre du père (‘Omar) par l’exécution du fils (‘Obaydullâh). Il n’y avait pas la moindre preuve, ni même aucune présomption contre le Prince persan. Convoquant un conseil, ‘Othmân demanda aux membres leurs avis sur l’affaire.
‘Alî et plusieurs autres déclarèrent que la Loi devait être appliquée et le coupable exécuté. D’autres dirent qu’ils étaient choqués à l’idée de voir condamner à mort aujourd’hui le fils du Commandeur des Croyants qui avait été assassiné lui-même peu de temps auparavant. A la fin, et au grand soulagement de ‘Othmân, ‘Amr Ibn al-‘Âç recourut à un stratagème et suggéra qu’étant donné que l’acte de ‘Obaydullâh avait eu lieu pendant l’interrègne situé entre le Califat de ‘Omar et celui de ‘Othmân, il n’entrait dans la compétence d’aucun d’entre eux. ‘Othmân se mit ainsi avec bonheur à l’abri des ergoteurs et ordonna de relâcher ‘Obaydullâh.
Il voulait dédommager le meurtre par une somme d’argent tirée du Trésor public, mais ‘Alî protesta. ‘Othmân paya alors la somme de sa propre poche. (7) ‘Obaydullâh s’enfuit et resta impuni, et le meurtre de Hormuzân, l’ex-somptueux Prince persan ne fut pas vengé. Un sentiment de malaise s’empara de certains et les gens dirent que le Calife déviait déjà la Loi. Ziyâd Ibn Lobid, un poète de Médine satirisa à la fois le meurtrier et le Calife qui l’avait acquitté, par un vers mordant. Mais on le réduisit au silence et l’affaire fut classée.
Au troisième jour de son Califat (Moharram 24 de l’Hégire), ‘Othmân évinça al-Moghîrah Ibn Cho’bah du gouvernement de Kûfa et nomma à sa place Sa’d Ibn Abî Waqqâç (“Rawdhat al-Ahbâb”).
L’Année de l’Hémorragie
En cette année (24 H.) les gens assistèrent à l’apparition d’une maladie dont les victimes souffraient de saignements de nez. De là cette appellation de “l’année de l’hémorragie” (Ibid).
‘Othmân lui-même fut atteint par cette maladie qui l’empêcha même d’aller au Pèlerinage du Hajj et qui l’obligea à envoyer une autre personne à sa place. (Al-Suyûtî, trad. ang. de M. Jarret, op. cit., p. 159)
Il est à noter ici que selon un hadith cité par Ibn Hajar dans son “Tahrîr al-Tinân”, p. 141, le Prophète avait prédit: «L’un des oppresseurs, issu des Omayyades, sera atteint d’une maladie qui le fera saigner du nez». (8)
La Nomination de Walîd comme Gouverneur de Kûfa
En l’an 25 H. ‘Othmân nomma son frère utérin, Walîd B. ‘Oqbah B. Mo’ayt, Gouverneur de Kûfa, en destituant son prédécesseur Sa’d B. Abî Waqqâç. Walîd était un alcoolique, un débauché notoire et un homme célèbre pour ses scandales. (9) Son père ‘Oqbah avait été fait prisonnier lors de la bataille de Badr, et alors qu’on allait l’exécuter, il dit avec désespoir: «Qui prendra en charge mes enfants?», ce à quoi le Prophète répondit: «Le feu de l’Enfer». Walîd était l’un de ces enfants. Le Calife se fit la mauvaise réputation de favoritisme envers ses proches parents sans mérites.
L’Extension des Limites de la Ka’bah
En l’an 26 H., lors du pèlerinage de la Mecque, ‘Othmân, désireux de procéder à l’extension de l’enclos de la Ka’bah, ordonna l’acquisition des maisons contiguës aux murs de bornage existants de l’édifice. Quelques propriétaires refusèrent de céder leurs maisons, et ‘Othmân donna l’ordre de les acquérir de force. Lesdits propriétaires se rendirent alors à Médine pour protester auprès du Calife contre cette acquisition forcée. Ils furent arrêtés et emprisonnés, mais relâchés par la suite sur la recommandation de ‘Abdullâh B. Khâlid B. Osayd (“Ibn Athîr”).
La Nomination de ‘Abdullâh B. Abî Sarh, Gouverneur d’Egypte
La même année, ‘Othmân démit ‘Amr B. Al-‘Âç, le conquérant de l’Egypte, de ses fonctions de Gouverneur d’Egypte pour nommer à sa place son propre frère de lait, ‘Abdullâh B. Abî Sarh. (10) Il s’agit de ce même ‘Abdullâh à qui avait fait allusion le verset 93 de la Sourate al-An’âm. ‘Amr retourna à Médine pour y séjourner, tout comme l’avait fait l’ex-Gouverneur de Kûfa, Sa’d B. Abî Waqqâç. Ces deux hommes s’appliquèrent à critiquer l’action publique et privée du Calife. Et (selon “Habîb al-Sayyâr”) l’opposition au Calife atteignit un tel degré que ‘Amr, qui était marié à une sur de ‘Othmân, se sépara d’elle. Désormais toutes les bouches étaient pleines d’accusations contre ‘Othmân, à qui on reprochait son népotisme poussé à l’extrême.
Des Cadeaux Faramineux
En cette année, et l’année suivante (c’est-à-dire 26-27), les conquêtes musulmanes s’étendirent en Afrique de l’Egypte à l’est au Maroc à l’ouest, en passant par presque toute la côte, soit Tripoli, Tunis, l’Algérie et le Maroc. Les conquérants obtinrent d’immenses butins de guerre dont le cinquième fut envoyé au Calife pour être déposé dans le Trésor public et destiné aux pauvres. ‘Othmân offrit la totalité de ces biens, y compris la part qui revenait à la famille du Prophète, (11) à son secrétaire Marwân. Le montant de ce cadeau était de cinq cent mille dinars. (12)
Or, il est à noter à propos de Marwân, que son père Hakam B. al-‘Âç avait été banni à vie de Médine par le Prophète et que pour cette raison il n’avait pas été rappelé par les prédécesseurs de ‘Othmân, en l’occurrence Abû Bakr et ‘Omar. Mais Hakam et Marwân étaient des proches parents de ‘Othmân, le premier étant son oncle et le second son cousin. Pour cette raison il les fit revenir et se rétablir tous les deux à Médine. (13)
Il maria sa fille à Marwân(14) et le nomma son propre Secrétaire. Outre le cadeau du butin de guerre mentionné plus haut, il lui céda Fadak(15) (la propriété réclamée par Fâtimah) qui resta en sa possession et en la possession de ses descendants jusqu’à l’époque où ‘Omar Ibn ‘Abdul-‘Azîz (au deuxième siècle de l’Hégire) la remit à ses propriétaires légitimes, les descendants de Fâtimah.
‘Othmân prodigua des cadeaux somptueux à ses proches et parasites. Par exemple, une fois il offrit cent mille dinars à al-Hakam. Il accorda à son cousin Hârith B. al-Hakam, qui était marié à sa fille, le droit de prélever la taxe sur les ventes (un dixième du montant de la vente) effectuées à Médine. (16) Or, ce revenu avait été destiné aux pauvres par le Prophète. Trois cent mille dinars furent alloués à ‘Abdullâh B. Khâlid B. Osayd, un parasite, fils du cousin du père de ‘Othmân. De même, ‘Othmân donna cent mille dinars à son frère de lait ‘Abdullâh B. Abî Sarh, l’apostat, qu’il avait nommé Gouverneur d’Egypte.
La Nomination de ‘Abdullâh B. ‘Âmir comme Gouverneur de Basrah
En l’an 28 H., le Calife destina Abû Mûsâ al-Ach’arî de sa fonction à la tête du gouvernement de Basrah, et nomma à sa place son propre cousin, (17) ‘Abdullâh B. ‘Âmir, un jeune homme de vingt-cinq ans.
La même année, ‘Othmân se maria avec une dame chrétienne, Naela. II construisit un palais pour elle à Médine. C’est cette année-là que Chypre et Rhodes furent pris.
Révolte en Perse
En l’an 29 de l’Hégire, une révolte éclata en Perse. Astakhar, Isfahân et Chirâz durent être reconquis.
Une Décision Brutale et Injuste
Durant la même année, une femme qui venait de donner naissance à un enfant après seulement six mois de mariage fut présentée devant le Calife pour être jugée sur des présomptions d’adultère. (18) ‘Othmân ordonna qu’elle fût lapidée jusqu’à la mort. Elle fut emmenée pour subir la sentence.
Entre-temps ‘Alî fut informé de l’affaire. Il s’entretint tout de suite avec ‘Othmân pour lui expliquer que selon la Loi du Seigneur, la durée minimale d’une grossesse est de six mois, et que par conséquent aucune femme qui accouche après ce délai ne doit être suspectée d’adultère, à moins qu’il ait des preuves contre elle.
‘Othmân eut honte de son jugement dur et injuste, et il dépêcha des hommes pour empêcher son exécution. Mais une fois les messagers arrivés sur le lieu de l’exécution, ils constatèrent que celle-ci avait déjà eut lieu.
Retour aux Coutumes Païennes
En l’an 29 H. toujours, alors que ‘Othmân accomplissait le pèlerinage de la Mecque, il y introduisit de nombreuses innovations, dont celle qui consistait à poursuivre la pratique des païens en dressant une tente spacieuse dans la plaine de Minâ, sous laquelle il distribua des provisions diverses aux pèlerins, et ce, bien que le Prophète eût soigneusement aboli cette coutume, en tant que vestige du paganisme. (19)
Des Actions Contraires aux Enseignements et aux Pratiques du Prophète
Le Prophète et ses deux premiers successeurs, Abû Bakr et ‘Omar – et même ‘Othmân lui-même, à Minâ et à ‘Arafât réduisaient à deux Rak’ah toutes les prières de quatre Rak’ah. (20) Mais cette fois-ci (Pèlerinage de 29 H.), ‘Othmân n’écourta pas ses prières. Ce comportement contraire aux enseignements et aux pratiques de la Foi suscita l’indignation des Musulmans en général et des éminents Compagnons du Prophète en particulier et fut très préjudiciable au Calife.
La Compilation du Coran en 30 H.
«Des différends éclatèrent à propos de la récitation du texte sacré du Coran dans de vastes provinces de l’Empire musulman: Basrah suivit la lecture d’Abû Mûsâ al-Ach’arî, alors que Kûfa adopta celle d’Abû Mas’ûd, son chancelier et le texte de Himç était différent de celui de Damas. Hothayfah exhorta ‘Othmân à restaurer l’unité de la Parole Divine. Le Calife demanda qu’on rassemblât des échantillons des manuscrits en usage dans les différentes régions de l’empire, puis il désigna un Conseil pour collecter ces copies et les comparer avec les originaux sacrés gardés par Hafçah. Sous le contrôle de ce Conseil, les variations furent réconciliées pour en sortir un exemplaire faisant autorité. Des copies de cet exemplaire furent déposées à la Mecque, Médine, Kûfa et Damas. Et à partir de ces copies on multiplia des exemplaires conformes qui furent envoyés à travers l’empire. Tous les précédents manuscrits furent retirés pour être brûlés. Le texte standard devint le seul texte en usage. A Kûfa, Ibn Mas’ûd, qui vantait sa récitation parfaite, faisant autorité et aussi pure que si elle sortait des lèvres du Prophète, fut très mécontent de cette action. L’accusation de sacrilège porté contre ‘Othmân et dû au fait d’avoir brûlé les précédentes copies du Texte Sacré commença à circuler parmi les citoyens factieux. Bientôt les accusations contre le Calife se répandirent à l’étranger et furent reprises avec zèle par les ennemis de ‘Othmân». (“Annals of the Early Caliphate” de W. Muir, p. 307)
La Déposition de Walîd et la Nomination de Sa’îd
Walîd, le Gouverneur de Kûfa, conduisit un jour la prière du matin en assemblée en faisant quatre Rak’ah au lieu des deux Rak’ah réglementaires prescrites. Et pour cause! Il était en état d’ébriété. (21)
L’assemblée, qui comprenait un bon nombre de personnes pieuses, telles qu’Ibn Mas’ûd, était encore courroucée et sous le choc de cette violation flagrante de la prescription divine, lorsque Walîd, terminant la quatrième Rak’ah, s’écria à l’adresse des priants: «Quel beau matin! J’aimerais bien prolonger encore la prière, si vous êtes d’accord». Or, déjà des plaintes répétées étaient parvenues au Calife contre Walîd, à cause de sa débauche, mais souvent rejetées.
‘Othmân était désormais accusé de ne pas écouter les griefs des plaignants et de favoriser un tel scélérat. Les gens réussirent par hasard à ôter la Chevalière de la main du Gouverneur alors qu’il était encore insensible sous l’effet de l’alcool, pour la remettre, à Médine au Calife comme, preuve du péché commis. Et malgré cela, le Calife se montrait hésitant et ne se décidait pas à infliger la peine requise contre le Gouverneur, son cousin utérin, ce qui lui valut l’accusation d’ignorer la Loi. Toutefois, à la fin ‘Othmân accepta de se rendre à l’évidence et de démettre le Gouverneur de ses fonctions. Le Calife nomma à sa place, Sa’îd B. al-‘Âç, un cousin.
Les Menaces de ‘Othmân à l’Adresse du Peuple. ‘Ammâr, maltraité
Ce qu’on reprochait le plus à ‘Othmân, c’était les cadeaux faramineux qu’il avait offerts, au détriment du Trésor Public, à ses proches et à ses parasites, qui avaient été haïs et abhorrés par le Prophète.
Prenons-en quelques exemples. ‘Othmân offrit cent mille dinars à al-Hakam, quatre cent mille à ‘Abdullâh B. Abî Sarh, cinq cent mille à Marwân. (22) On commença à murmurer un peu partout contre cette attitude, et la grogne allait chaque jour grandissant, et les critiques devenaient de plus en plus virulentes. Sa conduite aussi bien privée que publique était scrutée. «A la fin, ‘Othmân dit à ses détracteurs lors d’une réunion publique que l’argent qui se trouvait dans la Trésorerie était sacré et appartenait à Dieu, et qu’il allait (étant le successeur du Prophète) en disposer à sa guise malgré eux. Il proféra des menaces, lança des anathèmes contre tous ceux qui censuraient et critiquaient ce qu’il disait». (23)
Là, ‘Ammâr B. Yâcir, l’un des premiers Musulmans, dont le Prophète lui-même avait dit qu’il était rempli de Foi de la pointe de la tête à la plante des pieds, exprima audacieusement sa désapprobation et se mit à reprocher à ‘Othmân sa propension invétérée à ignorer l’intérêt public, et à l’accuser de faire renaître les coutumes païennes, abolies par le Prophète, au mépris total de la tradition sacrée instaurée par le Fondateur de l’Islam. ‘Othmân n’hésita pas à ordonner que fût fouetté ce Compagnon courageux, et l’un des Omayyades, parent du Calife, se jeta sur le vénérable ‘Ammâr, à qui ‘Othmân lui-même donna un coup de pied, le jetant par terre. (24) Puis il fut battu jusqu’à l’évanouissement.
Les Banû Makhzûm, les descendants de l’oncle de ‘Ammâr, ayant appris ce qui s’était passé, ramenèrent ce dernier et jurèrent que s’il mourait des suites des coups reçus, ils se vengeraient sur ‘Othmân lui-même.
L’écho de cet outrage à la personne du Compagnon favori du Prophète fut propagé à travers le territoire de l’Empire musulman et contribua largement à soulever un mécontentement général.
Changement dans le Caractère National des Arabes
La conquête de la Perse, de la Syrie et de l’Egypte produisit un grand effet sur le caractère et les habitudes des très simples Arabes. Le Luxe permanent et la douce sensualité des magnifiques cités royales des pays conquis sapèrent la rude simplicité des habitants des déserts arabes. Les splendides palais, les foules d’esclaves, les multitudes de chevaux, de chameaux, le menu et gros bétail, une abondance de vêtements coûteux, la chère somptueuse, des parties de divertissements et de sports futiles devinrent désormais à la mode à travers l’Empire.
Par exemple, ‘Othmân avait construit pour lui-même un palais, un bâtiment imposant, avec des colonnes en marbre, de grands portails et des jardins à Médine. Il avait construit six autres palais dont un pour Nâela, sa femme, et un pour chacune de ses filles. Il avait d’innombrables esclaves, des milliers de chevaux, de chameaux et de têtes de bétail. Ses propriétés à Wâdî al-Qorâ, à Honayn, étaient évaluées à plus de cent mille dinars. On dit qu’il avait amassé d’immenses trésors. A sa mort, cent cinquante mille dinars et un million de dirhams en pièces se trouvaient dans son trésor.
Zobayr avait construit des palais à Kûfa, à Fostat, à Alexandrie et dans la plupart des grandes villes de l’empire. Celui de Basrah existera jusqu’au quatrième siècle. Ses propriétés foncières en Irak lui rapportaient mille pièces d’or par jour. Il avait acquis pas moins de mille chevaux et de nombreux esclaves. Talha avait acquis des palais à Kûfa, à Médine, etc… Sa rente journalière en Irak et à Nahiya Sarah se montait à plus de deux mille dinars. ‘Abdul-Rahmân avait mille chameaux, dix mille moutons et cent chevaux. Il laissa derrière lui une fortune évaluée à trois ou quatre mille dinars. Zayd, quant à lui, laissa comme héritage une grande quantité de lingots d’or et d’argent, et une propriété foncière évaluée à dix mille dinars. Mu’âwiyeh, en Syrie, dépassa tous les autres par la pompe et l’éclat de ses richesses. (25)
Le Bannissement d’Abû Thar al-Ghifârî
Abû Thar al-Ghifâri, un vénérable Compagnon du Prophète, et un ascète dans son train de vie, qui vivait en Syrie, fulminait contre l’émergence des riches et de l’extravagance, deux maux qui étaient à l’opposé de la simplicité du Prophète et qui, faisant irruption comme un torrent, ne cessaient de corrompre les gens. Cet ascète fut irrité par la pompe et la vanité qui sévissaient tant autour de lui, et il prêchait la repentante aux habitants et rappelait aux dilapidateurs ce qui les attendait: «Annonce un Châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l’or et l’argent (…) le Jour où ces métaux seront portés d’incandescence dans le Feu de la Géhenne et qu’ils serviront à marquer leurs fronts, leurs flancs et leur dos». (Sourate al-Tawbah, 9: 34-35). Il s’élevait contre l’invasion de la débauche, de la consommation de l’alcool, et des pratiques interdites de certains divertissements, musique et jeux de hasard. La foule s’attroupait pour l’écouter.
Mécontent des troubles que provoquaient ces diatribes dans les esprits, Mu’âwiyeh écrivit au Calife pour dénoncer Abû Thar. (26) ‘Othmân donna l’ordre de le bannir tout de suite à Médine. (27) Mu’âwiyeh, en accord avec le Calife, ordonna qu’on amenât Abû Thar à Médine sur un chameau grincheux dessellé et conduit par un chamelier rude et brutal. Ainsi, Abû Thar qui était un vieillard aux cheveux et aux poils blancs de la tête aux pieds, grand, maigre et décharné, arriva à Médine les jambes meurtries et sanguinolentes, et souffrant de douleurs dans toute son ossature. Il fut reçu par le Calife chaleureusement.
Mais Abû Thar dit furieusement à ce dernier: (28) «J’ai entendu le Prophète dire: “Lorsque la postérité d’Abul-‘Âç sera au nombre de trente, elle fera siennes les richesses du Seigneur et traitera le peuple de Dieu comme s’il était ses propres serviteurs et esclaves. Elle déviera du droit chemin. Puis le peuple sera libéré d’elle par le Seigneur”». ‘Othmân fut très irrité par ce qu’il avait dit et le proscrit par la suite à Rabadha, un endroit sauvage dans le désert de Najd, où il mourra deux ans après dans la pénurie et l’abandon.
Abû Thar avait été l’une des quatre personnes(29)dont l’amour avait été ordonné aux gens par le Prophète qui avait déclaré à leur propos qu’elles étaient aimées de Dieu. Il avait été traité en ami par le Prophète. Lorsqu’il sentit que sa fin approchait, l’ermite demanda à sa fille de tuer un chevreau et de le préparer pour un groupe de voyageurs qui, dit-il, passeraient bientôt par là pour l’enterrer. Puis une fois que sa fille lui eut fait tourner la face vers la Ka’bah, il expira tranquillement. Bientôt le groupe attendu arriva. Il comprenait entre autres Mâlik al-Achtar de Kûfa, (et selon certains, Ibn Mas’ûd) qui l’enterra dans le lieu où il était mort, en se lamentant sur lui. (30)
Le récit touchant du rude traitement qui avait été réservé au prêcheur de la droiture sortait de toutes les bouches comme une plainte contre le Calife. (31)
Quelques jours après la mort d’Ibn Mas’ûd, qui avait été lui aussi maltraité par ‘Othmân qui lui avait coupé son allocation à cause de son refus de céder son manuscrit du Coran pour qu’il soit brûlé, rendit encore plus pathétique le récit du drame d’Abû Thar. (32)
La Perte de la Chevalière de ‘Othmân
La septième année de son Califat, un incident de mauvais augure survint à ‘Othmân. Celui-ci perdit sa chevalière en la laissant tomber accidentellement dans le puits d’Aris dans la banlieue de Médine. C’était une bague en argent sur laquelle il y avait l’inscription: “Mohammad, le Messager de Dieu”. Elle appartenait originellement au Prophète, qui l’avait fait faire en l’an 6 H. pour signer les lettres qu’il envoyait aux cours étrangères. Après sa mort, la bague avait été portée et utilisée par Abû Bakr et ‘Omar comme symbole de Commandement. ‘Othmân aussi l’utilisa de la même façon, et sa perte fut considérée comme ayant une signification sinistre. Tous les efforts déployés pour retrouver la précieuse relique furent vains. Ce mauvais présage pesait lourd sur l’esprit de ‘Othmâne, bien que la bague eût été remplacée par une autre, du même modèle.
La Fin de l’Empereur Perse et de son Empire
En l’an 31 H., Yezdjird, l’Empereur perse, qui fuyait d’une forteresse à une autre pour échapper à la poursuite des Musulmans, fut tué à Merv par un propriétaire de moulin chez qu’il avait cherché refuge. Le Gouvernement perse prit fin avec son dernier monarque, et tous les territoires lui appartenant tombèrent finalement sous le contrôle de l’Islam
Emeute à Basrah
En l’an 32 H. une émeute éclata à Basrah, mais elle fut rapidement et momentanément étouffée par Ibn ‘Âmir, le Gouverneur de cette ville.
Révolte à Kûfa
Vers l’an 33 H., une révolte eut lieu à Kûfa. Elle avait pour cause principale la tyrannie du Gouvernement, Sa’îd B. al-‘Âç, un cousin de ‘Othmân. Il avait suscité en général la haine des principaux citoyens, mais depuis qu’il avait offensé tout particulièrement Mâlik al-Achtar qui était un chef notoire et le favori des Kûfites, ceux-ci se réunissaient chaque jour chez Mâlik al-Achtar pour critiquer l’action publique et privée du Gouverneur, saisissant toutes les occasions pour afficher leur mépris non seulement de l’administration de Sa’îd, mais aussi du Calife.
Un jour, Sa’îd envoya un officier pour disperser l’une de ces réunions, mais les participants se précipitèrent sur lui et le frappèrent jusqu’à ce qu’il perdit conscience. Sa’îd se plaignit auprès du Calife des machinations des chefs actifs. ‘Othmân ordonna que vingt d’entre eux fussent expulsés en Syrie afin d’y être étroitement surveillés par Mu’âwiyeh.
Ainsi, Mâlik al-Achtar, Thabit B. Qays, ‘Âmir B. Qays, Kumayl B. Ziyâd, Jondab B. Ka’b, Zayd B. Sohan, ‘Orwah B. al-Jo’d, So’so’ah B. Sohan, ‘Omay B. Sabi, ‘Amr B. al-Homaq et dix autres furent-ils bannis en Syrie.
Mu’âwiyeh les logea dans l’Eglise de Saint Mary et, compte tenu de leurs rangs et positions, s’efforça de les réconcilier par la douceur, mais ils ne cessèrent jamais d’injurier la famille Omayyade en général et le Calife en particulier. Un jour, au cours d’une vive discussion sur ce sujet avec Mu’âwiyeh, ils l’attaquèrent et le saisirent par la barbe. (33) Mu’âwiyeh se contenta de crier: «Attention! Vous n’êtes pas à Kûfa! Si jamais les Syriens apprenaient vos insultes, par le Ciel, je ne serais pas capable de les empêcher de vous mettre en pièces». Mais Mu’âwiyeh ayant désespéré de les pacifier, écrivit à ‘Othmân tout à leur sujet.
Le Calife lui donna pur instructions de transférer ses hôtes incommodes à ‘Abdul-Rahmân fils de Khâlid B. al-Walîd, qui était le Gouverneur de Himç et dont on prévoyait, d’après ses manières rudes, de les traiter comme ils le mériteraient. Lorsqu’ils arrivèrent à Himç, ‘Abdul-Rahmân ne leur accorda aucune audience pendant un mois. Finalement il les reçut très sèchement, et il les insultait chaque fois qu’ils paraissaient devant lui, les faisant poursuivre par son cheval et ne leur adressant la parole que lorsqu’il descendait du cheval. De cette façon, il put les soumettre rapidement et à la longue, il leur permit de retoumer à Kûfa. Mais Mâlik continua à résider à Himç jusqu’à ce qu’il ait appris que Sa’îd était absent de Kûfa et qu’il se trouvait à Médine.
Le Retour de Mâlik à Kûfa; Abû Mûsâ Al-Ach’arî, Nommé Gouverneur
Mâlik al-Achtar réapparut à Kûfa en l’an 34 H., pendant l’absence de Sa’îd, le Gouverneur, et il reprit sa place à la tête des opposants Kûfites au régime. Lorsque Sa’îd revint à Kûfa, il constata que sa route était barrée par les habitants de la ville, qui s’étaient rassemblés en grand nombre sur les remparts pour l’intercepter au passage. Alarmé par leur attitude hostile, il rebroussa chemin pour regagner Médine. Le Calife pour faire de nécessité vertu, accéda au désir des Kûfites de remplacer Sa’îd par Abû Mûsâ al-Ach’arî.
Les Gens Prennent Conscience de la Faiblesse de ‘Othmân
Bien que ‘Othmân eût déjà perdu l’estime du peuple comme en témoignent les illustrations ci-après, l’erreur qu’il commit en cédant par faiblesse aux rebelles fut encore plus fatale à son gouvernement. Alors que les gens autour de lui le regardaient avec mépris, ceux qui se trouvaient dans les provinces lointaines de l’empire et qui souffraient de la sévérité et de la tyrannie des gouverneurs despotiques, constatant la faiblesse de ‘Othmân, s’enhardirent jusqu’à élever la voix pour appeler à un soulèvement. Des lettres séditieuses s’échangeaient désormais librement, et des messages partaient même de Médine vers les différentes provinces, professant que l’épée serait vite plus nécessaire, ici même, à l’intérieur, que dans les territoires étrangers. (34)
Notes:
- “Al-Tabarî”; “Ibn Hichâm”; “Târîkh al-Khamîs”; “Rawdhat al-Ahbâb”.
- “Al-Tabarî”; “Târîkh al-Khamîs”; “Ibn Hichâm”; “Ma’âlim al-Tanzîl”; “Rawdhat al-Ahbâb”.
- “Al-Durr al-Manthûr”.
- “Al-Tabarî”; “Al-Sîrah al-Mohammadiyyah”.
- “Abul-Fidâ'”; “Ibn al-Athîr”; “Ibn Khaldûn”; “Târîkh al-Khamîs”, etc.
- Al-Zamakh-charî, dans “Rabî al-Abrâr”; “Târîkh al-Khamîs”.
- “Ibn Hichâm”; “Al-Tabarî”; “Ibn Khaldûm”; “Târîkh al-Khamîs”.
- W. Irving.
- Salmân al-Fârecî (Salmân le Perse) était originaire d’une bonne famille d’Isfahan, et il avait abjuré, lorsqu’il était jeune, la religion de son pays pour embrasser le Christianisme. Alors qu’il voyageait en Syrie un moine d’Amoria lui avait conseillé d’aller en Arabie où on attendait l’apparition d’un Prophète qui devrait rétablir la religion d’Ibrâhîm, et qu’il pourrait reconnaître au Sceau de Prophétie, entre ses épaules, entre autres choses. Alors qu’il effectuait ce voyage, il rencontra Mohammad à Qobâ – où il se reposait pendant son voyage en direction de Médine, et reconnaissant en lui la personne qu’il cherchait, il se convertit tout de suite à l’Islam. (Sale from ex. Ibn Ishaq vide Gagnier).
- “Al-Tabarî”; “Al-Sîrah al-Muhammadiyyah”; Hayât al-Qulûb”.
- “Tafsîr al-Dur al-Manthûr”, d’al-Suyûtî, vol. II.
- “Spirit of Islam”.
- “Ibn Khaldûm”; “Habîb al-Syyâr”.
- “Rawdhat al-Ahbâb”; “Târîkh al-Khamîs”.
- «Dieu arrive de Teyman, le Saint, du Mont “Paran”. Sa Majesté a recouvert les Cieux, et la Terre est pleine de Sa Louange». (La Bible, Habacuc, III, 3)
Note: Les collines entourant la Mecque s’appellent les Montagnes “Faran”.
- “Rawdhat al-Ahbâb”; “Târîkh al-Khamîs”.
- “Ibn Hichâm”.
- “Al-Tirmithî”; “Muslim”; “Al-Bokhârî”.
- “Ibn Hichâm”; “Al-Nasâ’î”; “Ahmad Ibn Hanbal”; “Al-Hâkim”.
- L’abrogation du droit d’héritage du premier verset par celui du second ne prive pas ‘Alî du droit d’hériter du Prophète, étant donné qu’ils sont également liés par un lien de sang.
- “Ibn Hajar”; “Al-Zarqânî”.
- “Ibn Hichâm”; “Al-Tabarî”; “Ibn Sa’d”.
- “Rawdhat al-Ahbâb”; “Târîkh al-Khamîs”.
- “Al-Tabarî”; “Al-Tabânî”; “Ahmad Ibn Hanbal”; “Ibn ‘Asâkir”.
- Âsya, la fille de Mozâhem. Les commentateurs relatent que c’est parce qu’elle avait cru à Mûsâ que son mari la tortura cruellement, attachant ses mains et ses pieds à quatre poteaux et posant une grande meule sur sa poitrine et son visage tout en l’exposant en même temps aux rayons brûlants du soleil. Toutes ces peines furent toutefois soulagées par les anges qui la couvraient de l’ombre de leurs ailes, et par la vision du Château préparé pour elle au Paradis, lorsqu’elle prononçait la prière. A la fin Dieu reçut son âme, ou comme le disent certains, elle fut transférée vivante au Paradis où elle mange et boit toujours. (D’après: Jalâluddîn-al-Zamakh-charî)
- “Sunan Abû Dâwûd”; “Bâb al-Tafsîr”.
- Voir l’Ancien Testament: “Nombres”, Chap. 31.
- “Al-Tabarî”; “Ibn al-Athîr”; “Habîb al-Sayyâr”; “Ibn Khaldûn”.
- “Al-Tabarî”; “Kâmil”; “Ibn Athîr”; “Ahmad Ibn Hanbal”; “Al-Durr al-Manthûr”, etc.
- A la question, posée par le Prophète, de savoir ce qu’il fallait faire et choisir dans les circonstances, Abû Bakr répondit: «Le Prophète sait mieux. J’ai reçu des informations selon lesquelles les Quraych s’approchent rapidement. Ils sont à deux étapes de nous», et ‘Omar ajouta: «Ô Prophète! Le prestige des Quraych est engagé dans cette affaire! Ils n ont jamais plié leurs têtes hautaines à la servitude, et depuis qu’ils sont devenus infidèles, ils ne se sont jamais convertis en croyants. Il est certain qu’ils sont déterminés à nous affronter». Devant ces réflexions, le Prophète parut excédé. Puis, Miqdâd Ibn Amru, s’adressa au Prophète en ces termes: «Nous ne devons pas dire ce que les enfants d’Isrâ’ïl dirent à Mûsâ, à savoir: “Va, toi et ton Seigneur pour combattre, car nous allons rester ici tranquillement”; nous devons dire: “Par Dieu qui t’a envoyé pour nous guider, va toi et ton Seigneur pour combattre, et nous combattrons l’ennemi à ta droite et à ta gauche, devant toi et derrière toi, jusqu’à ce que le Seigneur te donne la victoire”». Ayant entendu ce discours de Miqdâd, le Prophète sourit et le bénit. Puis, il se consacra principalement aux Ançârs qui formaient la majeure partie de sa force et dont il craignait qu’ils se considèrent comme n étant pas liés par le serment de ‘Aqabah qui stipulait qu’ils devaient le soutenir contre quiconque l’attaquerait à Médine. Mais Sa’d Ibn Mo’az se leva au nom des Ançârs et lui dit qu’ils l’avaient reçu comme le Prophète de Dieu et qu’ils lui avaient promis par serment, fidélité et obéissance, et que, par conséquent, ils étaient tous prêts de le suivre là où il voudrait, même dans la mer. Sur ce, le Prophète fit savoir à tous ses hommes sa résolution d’affronter les forces mecquoises, en leur promettant la victoire. «Cette multitude sera dispersée et ils tourneront le dos» (Sourate al-Qamar, 54: 45). Voir “Al-Tabarî”; “Al-Sîrah al-Muhaxnmadiyyah”; “Tafsîr al-Durr al-Manthûr”)
- “Târîkh Islam (History of Islam)” de Hussayn.
- “Abul-Fiddâ'”.
- “Rawdhat al-Ahbâb”.
- “Ibn Hichâm”.