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La Commémoration d’Arba’in
Al-Arba’în, le quarantième jour après la tragédie de Karbala où l’Imâm Hossein et ses 72 compagnons – amis, partisans, ainsi qu’une partie de sa famille, dont son fils de six mois -, furent tués en martyr dans des circonstances les plus horribles par l’armée de Yazid, le deuxième calife omeyyade, le jour de Achoura en l’an 61 H qui coïncide avec le 20 Safar du calendrier hégirien.
Le 20 Safar
C’est l’anniversaire du quarantième jour du Martyre de l’Imam Al-Hussein (Psl).
C’est aussi le jour anniversaire du retour de sa famille de Damas à Médine après la Tragédie de Karbalã’, survenue le 10 Moharram.
Ce jour marque aussi l’anniversaire, de la venue à Karbalã’, du Compagnon Jãber Ibn Abdullãh Al-Ançãrî, le premier à avoir effectué cette visite pieuse depuis l’assassinat du petit-fils du Prophète.
Racine historique Arba’în, le quarantième jour après la tragédie de Karbala
40 est la traduction du mot arabe « arbaeen ». C’est un événement important de l’Islam qui correspond au 20 Safar qui est le quarantième jour après la tragédie d’Achoura. Ce jour est particulier car après Achoura, c’est l’autre date où à travers le monde, les shiites vont à nouveau se réunir pour se rappeler Achoura et commémorer le souvenir de la souffrance des captifs de Sham.
C’est une date unique car on y commémore la force et le sacrifice considérable consentie par une femme : l’honorable Zaynab (ahs), qui va porter à bout de bras avec son neveu, le 4ème Imam (as), la postérité des événements de Achoura.
Dans les traditions chiites ce jours est considéré comme très important et une des pratiques particulières et très conseillées de ce jour est la Ziyâra de Arbaïn. Cette pratique est considérée, selon une tradition attribuée à l’Imam Hasan al-Askarî (a), un des signes de Mu’min.
Selon ce hadith attribué à l’Imam al-Askarî (a), la visite de la tombe de l’Imam al-Husayn (a) durant l’Arba’în est considérée comme une preuve de fidélité.
Selon les rapports histiriques Jâbir b. Abd Allah al-Ansârî, le compagnon du Prophète de l’Islam (s), avec ‘Atîyya al-‘Awfy, à l’occasion du 40e jour après le martyre de l’Imam al-Husayn (a), étaient les premiers pèlerins à se rendre au tombeau de l’Imam al-Husayn (a) et ont visité la tombe de l’Imam al-Husayn (a).[1]
Selon certaines sources, en plus de Jâbir, les rescapés de la tragédie de Karbala se sont également rendus ce jour à Karbala et ont rendu visite pieuse aux tombes des martyrs[2].
L’Arbaïn est ancré dans notre culture religieuse.
Selon un hadith, l’Imam Hassan al-Askari (Psl) énumère cinq caractéristiques pour un « croyant » :
Accomplir la prière de 51 génuflexions, réciter la « Ziarat Arbaïn » (prière de salutation au 40e jour du martyr de Imam Hussein, béni soit-il), porter une bague à la main droite, poser le front par terre et dire à haute voix « Au Nom de Dieu », lors de la prière. [3]
De même, les historiens ont rapporté que Jabir Ibn Abdullah Al-Ansari, accompagné d’Attiya Al-Oufi, se présenta, au premier Arbaïn, sur la tombe des martyrs du soulèvement d’Achoura, dont le vénéré Imam Hussein (béni soit-il). [4]
Sayyed Ibn Tawous dit : « Du retour de la Syrie, lorsque, les femmes et les enfants de l’Imam al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur lui), arrivèrent en Irak, ils demandèrent au guide de la caravane de les amener à Karbala. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit du martyre de l’Imam al-Hussein et de ses compagnons, ils y virent Jabir Ibn Abdullah Al-Ansari et un groupe des Bani Hashim ainsi qu’un membre de la famille du messager de Dieu, qui étaient venu rendre visite à la tombe du vénéré Imam al-Hussein (béni soit-il).
Ils y arrièrent, tous, dans un même temps. Des yeux remplis de larmes, très affligés et attristés, ils organisèrent la cérémonie de deuil pour l’Imam Hussein. Les femmes de cette région aussi les rejoignirent. Donc, ils organisèrent quelques jours de deuil dans une ambiance, pleine d’affliction et d’émotion. [5]
Nous somme le 20 du mois de Safar. La commémoration du quarantième jour de l’anniversaire de son martyre se présente pour qu’on se rappelle à travers elle la personnalité de l’Imâm al-Hussein(p), la personnalité de l’Imâm réformateur, sauveur et dirigeant islamique qui a affirmé la dignité sur la voie du Massage.
En mettant le Message devant la Nation et ses contenus doctrinaux, culturels et légaux, il voulait l’inciter à ne pas s’incliner devant l’illégalité. A cette occasion, nous rencontrons l’Imâm al-Hussein(p). Nous ne sentons pas son absence par rapport à nous, bien qu’il soit tombé en martyr avant quelques quatorze siècles. La présence de l’Imâm al-Hussein(p) dans toutes les épisodes de cette histoire, son rayonnement dans toutes les ténèbres de l’histoire, continuent de s’imposer sur toute raison qui raisonne, sur tout cœur qui aime et sur l’action qui s’élance, qui relève le défi et qui confronte le défi.
Nous sentons que l’Imâm al-Hussein(p) est présent parmi nous, car il était le révolté de l’Islam, son Imâm et son martyr. Il est vrai qu’il est tombé en martyr à Karbala et qu’il y a été enterré avec la pure élite que constituaient les membres de sa famille et ses compagnons. Pourtant, il était le martyr de toute la Nation et de tout l’Islam. Karbala’ ne l’a pas réduit à sa seule géographie, mais il a englobé le monde entier à travers l’universalité de l’Islam, cet Islam que l’Imâm al-Hussein(p) voulait réformer en réformant la Nation de son Grand-père (p).
La commémoration d’une personne défunte 40 jours après sa mort
Pourquoi est-il recommandé de commémorer une personne disparue au 40e jour après sa mort ? Selon le Prophète, « la terre pleure la mort d’un croyant durant une période de quarante jours. »
Cette commémoration de quarante jours est une manière d’honorer la mémoire des proches défunts. De la même façon, préparer de la nourriture pour les proches du défunt constitue une autre façon de l’honorer. S’il est recommandé de commémorer le 40e jour de nos proches décédés, ce rituel est d’autant plus important dans le cadre de la commémoration du martyre de l’Imâm Hussein. L’Imâm Mohammad al-Bâqir, cinquième Imâm des chiites et petit-fils de l’Imâm Hussein, a dit : « Les cieux ont pleuré sur l’Imâm Hussein durant quarante jours après son martyre, le soleil se levant rouge et se couchant rouge » ; il a également déclaré : « Le paradis pleura durant quarante jours après le martyre de Hussein. »
Au jour de l’Arbaïn, les fidèles récitent la prière de visitation de l’Arbaïn afin de renouveler l’allégeance promise à l’Imâm Hussein le jour de l’Achoura. L’Imâm Hassan al-‘Askari, onzième Imâm des chiites duodécimains, évoque que cinq signes permettent de reconnaître un vrai fidèle : réaliser 51 rak’ats de prières chaque jour ; porter une bague à la main droite ; prononcer de manière intelligible et claire « Bismi-llAhi r-Rahmani r-Rahimi » (Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux) durant les prières ; se prosterner devant Dieu en posant le front sur la terre – de préférence celle de Karbala –, et enfin effectuer une visite pieuse à l’Imâm Hussein à l’occasion de l’Arbaïn.
Il conviendrait ici d’évoquer quelques recommandations de l’Imâm Hussein à son fils et successeur l’Imâm Ali Zayn al-Abédin al-Sajjâd, quatrième Imâm des chiites : « Mon fils ! Ne traite pas injustement celui qui n’a que Dieu pour le soutenir contre toi. L’homme ne doit jamais se comporter injustement envers son prochain, car Dieu, à Lui la grandeur et la gloire, déteste l’injustice et les injustes et Il aime la justice et les justes […] Mais sache que l’injustice peut s’appliquer à des degrés plus graves et plus impitoyables. Il est possible qu’on traite avec injustice un homme en le frustrant de son bien, alors qu’il est capable de se défendre et de faire valoir son droit en recourant éventuellement à la force. Or, sois attentif à celui qui n’a aucun moyen de se défendre ni de faire valoir son droit parce qu’il est faible. Traité avec injustice, cet homme invoquera le Tout-Puissant et dira : « Seigneur ! Assiste-moi contre l’oppresseur ! » Par conséquent, lorsque l’opprimé invoque l’aide de Dieu, Dieu le soutiendra contre l’oppresseur.
Garde-toi de commettre ce dont tu aurais besoin de t’excuser. Le vrai croyant ne commet pas le mal et n’a point besoin de s’excuser. Or, l’hypocrite fait le mal tous les jours et s’en excuse. Il ne faut pas faire ou dire ce qui nous porte à chercher des excuses auprès des gens. Le croyant suit toujours la ligne droite. Il ne fait et ne dit rien sans chercher à savoir que ce qu’il fait ou ce qu’il dit plaît ou non à Dieu – à Lui la grandeur et la gloire -, et sans chercher à savoir s’il peut le justifier. De son côté, l’hypocrite fait le mal chaque jour et s’en excuse, car il n’a pas de règles morales qui dirigeraient ses actes ou ses paroles.
Que les autres aient besoin de toi, cela fait partie des bienfaits dont Dieu te comble. Sache que le bien que tu fais t’apportera des louanges et te procura des récompenses de la part du Seigneur. Si le bien pouvait se présenter sous une figure humaine, il serait beau et gracieux, et ferait plaisir à ceux qui le verraient. Mais si la vilénie prenait une forme humaine, elle serait laide, déformée, et ceux qui la verraient détourneraient le regard.
Si les autres ont besoin de toi, de ton savoir ou de tes biens, et si les autres viennent vers toi à la recherche d’un service que tu peux leur rendre, tu ne dois point le considérer comme un lourd fardeau. Au contraire, tu auras à en remercier Dieu, car cela sera une occasion pour toi afin de te rapprocher de Lui et des hommes. Tu en auras en échange des rétributions de la part du Seigneur. Si la bienfaisance prenait une forme humaine, elle serait belle, car la nature de la bienfaisance et celle des éléments qui le constituent ainsi que ses conséquences reflètent sa beauté. Or, l’action faite avec malfaisance reflète la vilénie et la désobéissance à Dieu.
Celui qui entreprend de faire quelque chose en désobéissant à Dieu ne fait que se frustrer d’avance de ce qu’il espère avoir. Il ne fait qu’accélérer la survenance de ce qui le hante. Il y a des gens qui désobéissent à Dieu pour faire avancer certaines affaires. Le péché devient ainsi une composante intrinsèque de ce qu’ils espèrent avoir. Mais en réalité, ceux-là n’obtiennent pas ce qu’ils recherchent. Lorsque l’homme veut atteindre un but et résoudre ses problèmes, il doit rechercher l’équilibre entre les moyens et les fins. Les moyens doivent satisfaire Dieu sans jamais causer Sa Colère. »
Nous lisons aussi dans l’un des discours de l’Imâm Hussein : « Ô gens ! Celui qui se comporte avec générosité aura la suprématie. Celui qui se comporte avec avarice sera avili. Le plus généreux parmi les gens est celui qui donne à ceux qui ne s’y attendent pas. Le plus tolérant parmi les gens est celui qui pardonne tout en étant assez puissant pour se venger. Celui qui communique le mieux avec les gens est celui qui est capable de le faire avec des personnes qui ont rompu des liens avec lui. Les souches d’arbre poussent là où elles sont plantées et s’élèvent grâce à leurs rameaux. Celui qui se hâte aujourd’hui de faire du bien à son frère en verra la récompense demain en rejoignant Dieu. « Et tout ce que vous avancez de bien pour vous-mêmes, vous le retrouverez auprès de Dieu, car Dieu voit parfaitement ce que vous faites » (sourate II, verset 110).
Celui qui rend un service à son frère sera récompensé par Dieu lorsqu’il en aura le plus besoin. En échange de ce bien, Dieu, à Lui la Gloire et la Puissance, exemptera le croyant de davantage d’épreuves dans ce bas monde et le récompensera dans l’au-delà. Et celui qui dissipe la détresse d’un croyant, Dieu dissipera ses détresses dans ce bas monde et dans l’au-delà. Dieu fait du bien à celui qui fait du bien, Il aime les bienfaiteurs. »
Retour des Ahl al-Bayt de Imam al-Husayn (a) à Karbala, 61 H.
L’Imam as-Sajjad (Psl) et La vénérée Zeinab (P) furent les premiers à nous enseigner la commémoration d’Arbaeen lorsqu’ils sont revenus à Karbala après leur libération.
Il existe des divergences parmi les historiens au sujet du retour des captifs de Karbala (les membres de la Sainte famille de Prophète (s), Ahl al-Bayt (a)) au lieu du drame (Karbala) sur leur chemin vers Médine :
Certains comme Muhaddith an-Nûrî, auteur du livre Lu’lu’ wa al-Marjân[6] et ses disciples dont le Cheikh Abbas al-Qummî, dans son livre, Muntaha al-Âmâl[7] considèrent que non seulement ce retour n’a pas eu lieu cette année-là, mais aussi elle aurait été absolument impossible. Vu la longueur du trajet, la caravane des captifs de Karbala n’aurait pas pu se rendre de Koufa en Syrie et retourner ensuite vers Karbala en espace de seulement 40 jours après le drame. Avant Muhaddith an-Nûrî, c’est Ibn Tawûs qui, dans son livre Iqbâl al-A’mâl, a mis en cause l’idée d’un tel retour sur ces lieux.[8]
Outre la distance géographique importante, les historiens qui ne sont pas d’accord avec cette idée, avancent d’autres arguments dont le manque de document fiable sur ce sujet dans les sources ancienne de l’histoire de l’islam.[9]
Certains auteurs qui ont accepté l’idée du retour des captifs de Karbala (de la familles de l’Imam al-Husayn (a)) aux lieux sur le chemin de la Syrie à Médine, estiment que ce retour aurait eu lieu vers la fin du mois de safar ou au début de Rabî’ al-Awwal, voire plus tard, et non pas quarante jours après.
D’autres encore considèrent que la visite de la tombe de l’Imam al-Husayn (a) par sa famille se serait effectuée à l’anniversaire de l’Arbaïn des années suivantes.
A l’opposé de ces idées, certains auteurs pensent que la caravane des captifs de Karbala aurait fait un trajet dans un autre sens. C’est à dire qu’elle serait partie de la Syrie vers l’Irak, et serait arrivée à Karbala le jour de Arbaïn (40 jours après la tragédie de Achoura) et après avoir rendu visite à la tombe de l’Imam al-Husayn (a), elle aurait poursuivi son chemin en direction de Médine. C’est l’idée émise dans al-Luhûf d’Ibn Tâwûs, qui souligne que ces membres de Ahl al-Bayt (a) auraient rencontré, au cours de cette visite, Jâbir b. Abd Allah al-Ansârî et certains membres de Banu Hachim.[10]
Les partisans de cette idée ont en général examiné, d’une part, les routes reliant l’Irak et la Syrie et les conditions du transport à l’époque, et d’autre part les témoignages historiques sur la période où la caravane a eu des scales à Koufa et en Syrie, admettant la possibilité de son retour à Karbala durant Arbaïn.
Ils avancent ainsi des arguments pour prouver les récits selon lesquels la famille de l’Imam al-Husayn (a) s’est rendue à Karbala lors de Arbaïn de l’an 61 H.[11] Parmi les livres importants, écrits en confirmation de cette idée et en réponse aux opposants, on peut citer Recherches sur le premier Arbaïn du Seigneur des martyrs écrit par Sayyid Muhammad Ali Qâdî Tabâtabâ’î.
Ziyarat de Jâbir b. Abd Allâh al-Ansârî à Karbala, 61 H.
Jâbir b. Abd Allah al-Ansârî, un compagnon (sahâba) très connu du Prophète (s) et le narrateur du hadith al-Lawh du Prophète (s) qui contient le nom de douze Imams. Aussi, il fut un des narrateurs des hadiths très connus, comme : Hadith al-Ghadîr, Hadith ath-Thaqalayn et le hadith de la cité du savoir.
Jâbir b. Abd Allah est considéré comme compagnon de cinq Imams (de l’Imam Ali (a) à l’Imam al-Bâqir (a)). Après l’événement de Karbala, il fut la première personne qui fit la visite pieuse sur la tombe de l’Imam al-Husayn (a) quarante jours après son martyr (jour d’Arba’în). Aussi, d’après les hadiths, il a pu transmettre les salutations du Prophète (s) à l’Imam al-Bâqir (a).
Statut dans le hadith
Jâbir fut un des compagnons du Prophète (s) qui rapporta beaucoup de hadiths de ce dernier. De ce fait, il fut nommé le gardien (hâfiz) de la sunna du Prophète Muhammad (s) et celui qui savait beaucoup de hadiths par cœur (mukthir).[12]
On profita beaucoup, des paroles, des narrations et des hadiths rapportés par Jâbir dans les sources historiques et les sources de hadiths; et toutes les écoles juridiques musulmanes l’apprécient beaucoup. Il a ainsi un statut considérable parmi les écoles musulmanes.
Dans le domaine du fiqh, Jâbir fut un expert et donnait des fatwa. Ce fut pour cette raison que Dhahabî le nomma Faqîh (expert dans le fiqh) et Mujtahid.[13]
Il eut tellement soif de connaissances religieuses qu’il voyagea à Châm pour entendre un hadith sans intermédiaire d’un compagnon du Prophète (s).[14] Ce fut pour cette raison qu’il vivait pendant un moment à côté de la Ka’ba pour entendre de plus en plus des hadiths.[15]
A part les hadiths qu’il rapporta directement du Prophète (s), il rapporta aussi des hadiths du Prophète (s) par l’intermédiaire des compagnons et mêmes des Tâbi’ûn.
L’Imam Ali (a), Talhat b. ‘Ubayd Allah, Ammar Yâsir, Ma’âdh b. Jabal, Abû Saïd Khudrî sont des compagnons du Prophète (s), desquels Jâbir rapporta des hadiths.[16]
L’Imam al-Bâqir (a) rapporta quelques hadiths du Prophète (s) par l’intermédiaire de Jâbir b. Abd Allah al-Ansârî.[17]
Le nom de Jâbir est cité dans la chaîne de transmission de certains hadiths très connus, comme : hadith al-Ghadîr[18], hadith ath-Thaqalayn[19], hadith de la cité du savoir[20], hadith Manzilat[21], hadith Radd ash-Shams[22], hadith Sadd al-Abwâb[23], les attributs de l’Imam al-Mahdi (a)[24] et hadith al-Lawh.[25]
Aussi, il rapporta le célèbre hadith de Lawh dans lequel, le Prophète (s) cita les noms de douze Imams.[26]
Visite de Jâbir
Un compagnon du Prophète (s), Jâbir b. Abd Allah al-Ansârî est considéré comme le premier pèlerin de la tombe de l’Imam al-Husayn (a).
Jâbir était très âgé lors de la tragédie de Karbala, et habitait à Médine. Le quarantième jour après le martyre de l’Imam Husayn (a), Jâbir, accompagné de ‘Atîyya al-’Awfî se rendit à Karbala pour rendre visite à la tombe de l’Imam al-Husayn (a). Il fut le premier visiteur de la tombe de l’Imam al-Husayn (a) à Karbala.[27]
A ce moment-là, il avait perdu la vue. Il fit le Ghusul (ablution complète) dans l’Euphrate et se mit du parfum. Puis, marcha lentement vers la tombe de l’Imam al-Husayn (a). ‘Atîyya le dirigeait vers la tombe, il prit la main de Jâbir et la mit sur la tombe de l’Imam (a).
Dès qu’il toucha la tombe de l’Imam al-Husayn (a), il s’évanouit. Un peu plus tard, il se leva, s’écria trois fois :
« Yâ Husayn (a) », puis il dit : « Un bien-aimé qui ne répond pas à son amant ».
Il récita une zîyârat pour l’Imam, puis tourna son visage vers les autres martyrs.[28]
A l’époque de l’Imam as-Sajjâd (a), les compagnons de l’Imam ne furent pas nombreux, mais Jâbir en faisait partie.
Zîyarat de Arba’în
Procession d’al-Arba’în ou la marche de Arba’în est un très grand rassemblement annuel chiite à l’occasion de commémoration du quarantième jour (Arba’ïn) du martyre de l’Imam al-Husayn (a) et d’autres martyrs de Karbala.
Sous le règne de Saddam Hussein, des restrictions sont imposées à la célébration de cette cérémonie, mais avec la chute du parti Baas irakien en l’an 2003 C, cette cérémonie est relancée et chaque année, en plus des chiites irakiens, des chiites d’autres pays, notamment d’Iran participent également à la procession d’al-Arba’în.
Selon les rapports, en plus des chiites, des groupes de sunnites, de chrétiens, de yézidis et d’autres religions participeraient également à la marche de Arba’îne. Le nombre des participants atteint chaque année des millions de personnes.
L’Imam al-Hasan al-‘Askarî (a) mentionna dans un hadith, cinq qualités pour le fidèle (Mu’min). La ziyarat de l’Imam al-Husayn (a) lors de Arba’în est l’une de ces qualités.[29]
De même, il existe un texte de visite pieuse pour la journée de Arba’ïn, attribué à l’Imam as-Sâdiq (a).[30] Le Cheikh Abbâs al-Qummî a placé ce texte de visite pieuse dans son Mafâtîh al-Jinân, au troisième chapitre, après le deuxième texte de visite pieuse consacré à Achoura, sous le titre de Ziyâra de Arba’ïn.
Selon Qâdî Tabâtabâ’î, la ziyarâ (visite pieuse) de la journée de Arba’ïn est également appelée chez les chiites, la ziyarâ de Maradd ar-Ra’s.[31] Maradd ar-Ra’s signifie la restitution de la tête, et veut dire qu’en ce jour, les captifs de Karbala (des membres des Ahl al-Bayt (a) de l’Imam al-Husayn (a)) ont regagné Karbala et y ont ramené la tête de l’Imam al-Husayn (a) pour l’enterrer.
Historique
Selon certains chercheurs, procession le jour d’al-Arba’în est courant parmi les chiites depuis l’époque des Imams infaillibles (a).
Sayyid Muhammad Ali Qâdî Tabâtabâ’î écrit que le départ vers Karbala au jour d’al-Arba’în était courant parmi les chiites depuis l’époque des Imams (a) et que les chiites exigeaient cette marche également à l’époque des Umayyades ainsi qu’à l’époque des Abbassides[32].
L’auteur de Adab at-Taff (publié en 1967) parle du rassemblement des chiites à l’occasion d’al- Arba’în à Karbala et le compare avec le rassemblement des musulmans lors du Pèlerinage de Hadj à La Mecque. Il a parlé dans son livre des différentes communautés à savoir des Turcophones, Arabophones, Persanophones ainsi que ceux qui récitaient des poésie en Urdu.
Le livre d’Abad at-Taff a été publié en l’an 1388 H/1967 C, et son auteur a écrit :
« Ce ne sera pas exagéré de dire qu’un million de personnes participent à cet événement ».[33].
Notes:
1-Al-Qummî, Safînat al-Bihâr, vol 8, p 383, 1414 H
2-Ibn Tâwûs, al-Luhûf, p 225, 1414 H
3-Majlissi, Bihar al-Anwar, t.98, p. 329, Beyrouth.
4-Tabari, Mohammad Ibn Ali, Bicharat al-Mustafa, p. 126, Qom, Institut d’Al-Nashr al-Islami, première publication, 1420.
5-Bihar al-Anwar, t. 45, p. 146.
6-An-Nûrî, Lu’lu’ wa al-Marjân, p 208-209
7-Al-Qummî, Muntaha al-Âmâl, p 524-525
8-Ibn Tâwûs, Iqbâl al A’mâl, vol 2, p 589
9-Subhâninîyâ, tout l’article, Ranjbar, Pazhûhishî dar Arba’în Husaynî, p 168-172
10-Ibn Tâwûs, al-Luhûf, p 225
11-Ranjbar, Pazhûhishî dar Arba’în Husaynî, p 172-187 ; Fâzil, Tahlîl Mabânî Târîkhî Arbaïn Hussaynî
12-Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 127 ; Ibn Abd al-Birr, Al-Istî’âb, v 1 p 220
13-Dhahabî, Sîyar A’lâm an-Nubalâ, v 3 p 191 – 192
14-Khatîb al-Baghdâdî, Ar-Rihla fî Talab al-Hadîth, p 109 – 118
15-Dhahabî, Sîyar A’lâm an-Nubalâ, v 3 p 191
16-Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madînat Dimashq, v 11 p 208 – 209
17-Kulaynî, Al-Kâfî, v 1 p 532 ; v 2 p 373 ; v 3 p 223 – 234 ; v 5 p 528
18-Al-‘Allâma al-Amînî, Al-Ghadîr, v 1 p 57 – 60
19- Saffâr al-Qummî, Basâ’ir ad-Darajât, p 414
20- Ibn Shahr Âshûb, Manâqib Âl Abî Tâlib, v 2 p 34
21-Cheikh as-Sadûq, Ma’ânî al-Akhbâr, p 74
22-Cheikh al-Mufîd, Al-Irshâd, v 1 p 345 – 346
23-Ibn Shahr Âshûb, Manâqib Âl Abî Tâlib, v 2 p 189 – 190
24-Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, v 1 p 258 – 253, 286, 288
25-Kulaynî, Al-Kâfî, v 1 p 527 – 528
26-Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, v 1 p 258 – 259
27-Cheikh at-Tûsî, Misbâh al-Mutahajjid, p 787
28-Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 98 p 196
29-At-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 6, p 52
30-At-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 6, p 113
31-Qâdî Tabâtabâ’î, Tahqîq Darbâri Awwal Arba’în Hazrati Sayyid ash-Shuhadâ’ (a), p 2
32-Qâdî Tabâtabâ’î, Tahqîq Darbâriyi Awwal Arba’în Hadrat Sayyid ash-Shuhadâ’ (a), p 2
33-Shubbar, Adab at-Taff wa ash-Shu’arâ’ al-Husayn (a), vol 1, p 41