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La Bataille de Hunayn
Hunayn est une vallée située dans le nord-est de La Mecque, entre la vallée d’ash-Sharâ’i‘ et la vallée de Yada‘ân.[1] Cette région est située à plus de 10 miles[2] ou à une marche de trois jours[3] de La Mecque.
Au 8e année de l’hégire, après la Conquête de La Mecque, une bataille eut lieu dans cette région entre les polythéistes et le Prophète Muhammad (s), connue sous le nom de la bataille de Hunayn.[4]
Bataille de Hunayn fut une des batailles qui eurent lieu après la conquête de La Mecque. Cette Razzia se déroula en l’an 8 H, dans un endroit, nommé Hunayn entre les musulmans sous le commandement du Prophète (s) et les tribus de Hawâzin et Thaqîf (ceux qui vivaient à Tâïf).
Au début de la bataille, à cause des attaques inattendues des polythéistes et de la présence des nouveaux musulmans mecquois, l’armée musulmane fut faible et même le Prophète (s) se trouva en danger, mais enfin, les musulmans arrivèrent à vaincre les polythéistes et acquérir beaucoup de butins.
Résumé
Après la conquête de La Mecque, le Saint Prophète (Ç) entreprit la réforme des gens dans les quartiers environnants. Il livra aussi plusieurs batailles aux idolâtres, et notamment la bataille de Hunayn.
La bataille de Hunayn est considérée comme l’une des plus importantes batailles de l’histoire de l’Islam. Elle fut livrée contre la tribu de Hawâzen, dans la vallée de Hunayn. L’armée islamique était forte de douze mille hommes, alors que celle de l’ennemi était composée de plusieurs milliers de cavaliers. A la suite d’un combat féroce, les Hawâzen purent tout d’abord défaire l’armée musulmane. C’est l’Imam ‘Alî (S) qui portait le drapeau devant le Prophète (Ç) et qui avançait vers l’ennemi. A l’exception d’un petit nombre de fidèles, tous les combattants musulmans désertèrent devant la charge irrésistible de l’ennemi. Toutefois, après le premier choc, les Ançâr d’abord, et les autres Musulmans ensuite, retournèrent à leurs positions et lancèrent des attaques fulgurantes contre l’ennemi qui fut mis en déroute.
Au terme de cette bataille, les Musulmans firent cinq mille prisonniers, mais sur la recommandation du Prophète (Ç), ils furent libérés. Ceux, parmi les soldats musulmans, qui ne relâchaient pas leurs prisonniers furent réprimandés par le Prophète (Ç) lui-même qui les obligea ainsi à les libérer immédiatement. [5]
Détaille:
Les nouvelles alarmantes en provenance de Tâ’if contraignirent le Prophète à abréger son séjour à la Mecque où il avait été occupé au règlement des affaires publiques pendant une quinzaine de jours, depuis la Conquête, le 20 Ramadhân. [6]
Il quitta donc la Mecque, le 6 Chawwâl de l’an 8 de l’Hégire avec ses dix mille partisans qui étaient venus avec lui de Médine, ainsi que deux mille hommes de la Mecque, qui se portèrent volontaires pour combattre à ses côtés. Comme d’habitude, ‘Alî porta l’Etendard de l’Islam.
Lorsque cette imposante force de douze mille hommes, composée de différentes tribus, chacune dressant son propre drapeau en tête, se mit en marche, Abû Bakr s’exclama joyeusement: «Nous ne serons pas vaincus aujourd’hui par manque de nombre». L’armée arriva au milieu de la nuit près de la vallée de Honayn, située presque à mi-chemin entre la Mecque et Tâ’if.
En même temps, les Banû Hawâzin et leurs alliés, conduits par Mâlik B. ‘Awf, ayant avancé dans la vallée de Honayn et pris position dans un endroit sûr commandant le passage étroit qui formait l’entrée de la vallée, attendaient tranquillement l’approche de l’armée du Prophète.
Temps et noms
D’après les rapports, au jour de vendredi, dis jours avant la fin du mois de Ramadan, en l’an 8 H, le Prophète (s) conquit La Mecque, y campa 15 jours et au jour de samedi, le 6 Shawwâl, il se rendit vers Hunayn.[7]
Cette bataille est nommée Jour de Hunayn[8], Waq’at Hunayn[9], Ghazwat Hunayn[10], Ghazwat Hawâzin[11] et Waq’at Hawâzin[12]
Raison de la bataille
Les chefs des tribus Hawâzin et Thaqîf furent informés de la conquête de La Mecque. Donc, de peur de l’attaque des musulmans à leurs tribus, ils décidèrent de commencer eux-mêmes la bataille contre le Prophète (s) pour vaincre les musulmans.[13]
Evénements avant la bataille
Actions des polythéistes avant la bataille
La plupart des clans de Hawâzin, dont Nasr, Jusham, Sa’d b. Bakr et un groupe de Banû Hilâl sous le commandement de Mâlik b. ‘Awf Nasrî se réunissent. Mais certains autres clans importants, comme Ka’b, Kilâb et Bnû Numayr ne participèrent pas à cette bataille contre les musulmans. Aussi, toutes les tribus alliées de Thaqîf, sous le commandement de Qârib b. Aswad, Subay’ b. Hârith et son frère, Ahmar b. Hârith joignirent l’armée de Hawâzin.[14]
Lorsque Mâlik b. ‘Awf décida de se déplacer pour attaquer le Prophète (s), il prit avec lui ses biens, ses femmes et ses enfants pour encourager ses hommes de combattre les musulmans et de défendre de la meilleure façon leur tribu. Lorsqu’ils arrivèrent à un endroit, nommé Awtâs, dans lequel, ils pouvaient bien attaquer les musulmans par leurs chevaux, Durayd b. Simma, un homme vieux aveugle, qui avait beaucoup d’expérience sur les guerres, dit :
« Si notre victoire était possible, les guerriers de Ka’b et Kilâb nous joindraient ».
Aussi, il s’adressa à Mâlik b. ‘Awf, et le conseilla de ne pas emmener les femmes avec lui. Car s’il subissait une défaite, toutes les femmes seraient capturées. Mais Mâlik refusa l’idée de Durayd et l’humilia.[15]
Là, ils reçurent beaucoup d’aides, venant des autres tribus.[16] Lorsque le Prophète (s) fut informé de cette nouvelle, il envoya Abd Allah b. Abî Hadrad Aslamî pour obtenir discrètement des information sur l’armée des ennemis. Après avoir fini sa mission, Abd Allah dit au Prophète (s) que les polythéistes s’étaient alliés pour le combattre.[17]
Actions du Prophète (s) avant la bataille
Ibn Is’hâq rapporta de l’Imam as-Sâdiq (a) qu’il avait dit :
« Lorsque le Prophète (s) décida participa à la bataille de Hawâzin, il envoya une personne à Safwân b. Umayya (un des chefs Quraychites), et lui demanda de donner des armures et des armes aux musulmans. Safwân qui étaient toujours polythéistes, accepta et envoya cent armures au Prophète (s) ».[18]
Le Prophète (s), accompagné de dix mille musulmans, qui étaient présent dans la conquête de La Mecque, et deux mille des nouveaux musulmans de La Mecque, sortit de cette ville et se dirigea vers le camp de la bataille.[19] Certains mecquois qui accompagnèrent le Prophète (s) voulaient savoir, par curiosité, qui sera gagnant et ils aimeraient même voir la défaite du Prophète (s).[20]
Au moment du coucher du soleil, le 10 Shawwâl, 8 H, le Prophète (s), les musulmans et certains mecquois qui étaient toujours polythéistes, arrivèrent à Hunayn.[21]
Arrangement de deux armées
Mâlik b. ‘Awf envoya trois personnes pour obtenir des information discrètement de l’armée musulmane. Etant effarés de l’armée musulmane, les trois personnes revinrent auprès de Mâlik. Ce dernier prépara ses soldats pour attaquer les musulmans dans la nuit. Le Prophète (s) arrangea son armée au moment du Fajr et donna les drapeaux aux porte-drapeaux.
Porte-drapeaux musulmans
L’Imam Ali (a) porta le drapeaux des Muhadjirun, Hubâb b. Mundhir porta le drapeau de Khazraj et Usayd b. Hudayr porta celui d’Aws. Aussi, chaque clan de Aws et Khazraj avait un drapeau.
Evénements dans la bataille
Déclenchement de la bataille
Ayant porté le vêtement de guerre, le Prophète (s) visita les rangs de son armées, les encouragea et leur promit une victoire. Enfin, avant le lever du soleil, les musulmans entrèrent dans le camp de la bataille.[22]
Les polythéistes de La Mecque qui s’étaient cachés dans la route des musulmans, attaquèrent les musulmans soudainement. Dans l’armée des musulmans, d’abord, les cavaliers de Banû Sulaym, puis les mecquois et les autres gens se mirent à s’enfuir.[23]
Le Prophète (s) appelait ses soldats, en leur disant :
« Venez vers moi, je suis l’Envoyé d’Allah, Muhammad, fils d’abd Allah ».
Mais les musulmans se dispersèrent et il ne resta que peu nombreux avec le Prophète (s).[24]
Défendeurs du Prophète (s) et les fugitifs
Il y a de différents avis sur le nom de ceux qui restèrent avec le Prophète (s). D’après certaines sources, ils étaient quatre :
L’Imam Ali (a) Abbas b. Abd al-Muttalib Abû Sufyân b. Hârith b. Abd al-Muttalib (de Banû Hâshim) et Ibn Mas’ûd.[25]
D’après un autre rapport, neuf ou dix personnes, dont celles, mentionnées ci-dessus et Ayman b. Umm Ayman restèrent avec le Prophète (s).[26]
Certains mecquois, comme Abû Sufyân b. Harb qui s’enfuirent, manifestèrent leur haine à l’égard du Prophète (s) et Shaybat b. Othman b. Abî Talha qui avait perdu son père au cours de la bataille d’Uhud, tenta de tuer le Messager d’Allah (s), mais il ne réussit pas.[27]
Les Sarcasmes des Mecquois
Certains des notables mecquois, rendus heureux par ce revers, ouvrirent leurs cœurs pour faire des remarques vindicatives contre les Musulmans. [28] Ainsi, Abû Sufiyân Ibn Harb dit: «Ils ne s’arrêteront pas avant d’arriver au bord de la mer (dans leur fuite)». Jabala ou Kalda, le frère de Çafwân se moqua: «La magie de Mohammad a fait faillite aujourd’hui». Chaybah, un fils de ‘Othmân B. Abî Talhah (tué à Ohod) jura qu’il tuerait à présent Mohammad. La confusion alla croissant.
Le Retour des Compagnons
A la fin, le prophète demanda à son oncle ‘Abbâs qui tenait sa mule, de crier à haute voix: «Ô citoyens de Médine! Ô hommes de l’Arbre de Fidélité (allusion à ceux qui firent serment sous l’arbre à Hudaybiyyah)! Ô vous de la Sourate al-Baqarah (leur rappelant l’hommage qu’ils avaient présenté au moment de leur conversion à l’Islam)!»
La voix de stentor de ‘Abbâs, retentissant à plusieurs reprises, fut entendue par les fuyards qui y répondirent par “Labbayk” de toutes parts et amorcèrent un mouvement de retour. Environ cent hommes, tous des Ançârites, [29] arrivèrent au Passage étroit et mirent en échec l’avance de l’ennemi. Le porte-drapeau des Banî Hawâzin, nommé ‘Othmân ou Abû Jarwal, qui était un homme d’une taille et d’une stature extraordinaires, et fort bien bâti, s’avança et défia les Musulmans en combat singulier.
‘Alî s’avança et engagea le combat contre lui. Entre-temps l’armée musulmane se ressemblait peu à peu autour du Prophète. ‘Alî réussit à tuer son adversaire. [30] A présent les deux parties étaient proches l’une de l’autre et se battaient au corps à corps. La bataille était féroce. Le Prophète, qui observait le combat du haut d’une colline, prit une poignée de gravier et la lança en direction de l’ennemi en disant: «Que la ruine se saisisse d’eux!» Tout de suite ils se mirent à trembler et peu après ils prirent la fuite. Les Musulmans les suivirent de près et en tuèrent plusieurs. Les versets coraniques suivants font mention de cette bataille:
«Dieu vous a secouru de nombreux engagements et le jour de Honayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre, mais cela ne vous a servi d rien, et la terre, toute vaste qu’elle est vous paraissait étroite, puis vous avez tourné le dos en fuyant (c’est-à-dire que la terre vous a semblé être trop étroite dans votre fuite précipitée). Dieu fit descendre ensuite la tranquillité sur Son Prophète et sur les Croyants et IL fit descendre des soldats invisibles. IL a châtié ceux qui étaient incrédules. Telle est la rétribution des incrédules». (Sourate al-Tawbah, 9: 25-26).
Khâlid, toujours d’une cruauté frappante, fut là encore réprimandé pour avoir tué une femme.
La Défaite et la Fuite des Infidèles
La bataille fut gagnée. [31] L’ennemi ayant perdu soixante-dix de ses meilleurs combattants, dont quarante avaient été tués par ‘Alî, fuit vers son camp à Awtas. Il fut immédiatement poursuivi par un fort détachement de l’armée musulmane, commandé par Abû Amir al-Ach’arî. Abû Amir, après avoir tué plusieurs adversaires, fut tué lui-même. Son cousin, Abû Mûsâ al-Ach’arî, prit ensuite le commandement et mit l’ennemi en fuite. En fuyant vers Tâ’if celui-ci abandonna son camp qui tomba dans les mains des Musulmans. A part les six mille prisonniers de guerre – y compris les femmes et les enfants, le butin de Honayn et d’Awtas fut comme suit: quarante mille moutons et chèvres, quatre mille “okes” d’argent et vingt-quatre mille chameaux. Les prisonniers et le butin furent transférés à Je’rana, et mis à l’abri en attendant le retour de l’armée de Tâ’if vers lequel les Musulmans étaient en train de progresser.
Le Siège de Tâ’if
Tout de suite après le retour du détachement d’Awtas, le Prophète partit avec ses armées à travers Nakhlah pour Tâ’if devant lequel il mit le siège. Les Hawâzin et leurs alliés, pour prévenir le siège de Tâ’if, avaient déjà pris des mesures défensives. Le siège se prolongea au-delà de vingt-quatre jours sans produire l’effet escompté, et le Prophète ayant fait un rêve conclut que les opérations n’auraient pas de succès et se résolut à enlever le siège. Mais en recevant l’ordre de se retirer l’armée commença à grogner, ce qui amena le Prophète à l’autoriser à lancer un assaut général le lendemain. L’assaut eut lieu comme prévu et les assaillants furent repoussés après avoir subi des pertes. ‘Abdullâh, un fils d’Abû Bakr, fut blessé et il mourra des suites de ses blessures quelques années plus tard. Abû Sufiyân, le Chef mecquois perdit un il par le tir d’une flèche. A la fin l’armée fît marche arrière et se retira vers Je’rana où le butin de Honayn était conservé dans l’attente d’être distribué.
La Distribution du Butin de Guerre de Honayn
Malgré le long intervalle entre la bataille de Honayn et la distribution de son butin, aucune tribu ennemie n’était revenue engager des négociations en vue de récupérer ses familles captives, comme s’y attendait le Prophète. Maintenant l’armée, craignant que les tribus ne reviennent et que le Prophète, avec sa nature magnanime, ne leur restitue leurs biens, se pressa autour de lui et poussa des clameurs pour que les dépouilles des récentes batailles fussent distribuées, manifestant son impatience pour le retard de cette distribution.
Exaspéré par leur attitude, le Prophète leur dit avec indignation: «M’avez-vous jamais vu faux ou malhonnête?» Et arrachant des poils du dos d’un chameau, il ajouta en élevant la voix: «Par Allâh! Je n’ai jamais détourné même l’équivalent d’un cheveu du butin, ni pris pour ma part plus que le cinquième, et même ce cinquième je l’ai dépensé pour votre bien».
Le butin fut toutefois partagé comme d’habitude, à raison de quatre cinquièmes pour l’armée et un cinquième pour le Prophète. Ainsi, quatre chameaux et quarante moutons ou chèvres furent la part de chaque soldat, et trois fois plus, ainsi que quelques captifs pour chaque cavalier.
En tenant compte de l’exultation des nobles des Quraych de la Mecque, qui attendaient impatiemment la défaite du Prophète à Honayn, on peut douter sérieusement de leur foi malgré leur conversion à l’Islam. Pour gagner leurs cœurs (Sourate al-Tawbah, 9: 60) et pour les faire s’attacher plus solidement à lui et à sa Foi, le Prophète leur offrit beaucoup de cadeaux et de dons prélevés sur sa propre part (le cinquième du butin), dans le but de les convaincre qu’en se convertissant à l’Islam ils gagnaient plus et perdaient moins.
Ainsi, Abû Sufiyân obtint cent chameaux et cinquante “okes” d’argent. D’autres cadeaux, prélevés toujours sur sa part, furent distribués, selon une proportion adéquate, à Yazîd et Mu’âwiyeh fils d’Abû Sufiyân, à ‘Ikrimah fils d’Abû Jahl et à son frère Hârith, à Çafwân Ibn Omayyah, à Hâkim B. Hozam, ainsi qu’à d’autres notables. Les bénéficiaires de tels dons sont connus dans l’histoire de l’Islam sous l’appellation les “Amnistiés” (Al-Tulaqâ’).
«Parmi cette catégorie de convertis ainsi réconciliés figurait ‘Abbas B. Marwân, un poète. Il n’était pas satisfait de sa part et exprima son mécontentement par des vers satiriques. Mohammad le surprit en train de réciter ces vers. “Prends cet homme et coupe-lui la langue”, ordonna-t-il. ‘Omar, toujours partisan des mesures rigoureuses, allait exécuter la sentence à la lettre et sur place. Mais ‘Alî qui avait mieux compris l’intention du Prophète, [32] conduisit ‘Abbâs qui tremblait sur le lieu où était rassemblé le bétail capturé et lui ordonna d’en choisir ce qu’il voulait. “Quoi!”, cria le poète joyeusement soulagé de la terreur de la mutilation. “C’est cela que le Prophète voulait me faire? Par Allâh! Je n’en prendrai rien”. Mohammad persista toutefois dans sa générosité et lui envoya soixante chameaux. A partir de ce jour, le poète ne se lassera pas de chanter la libéralité du Prophète». (“Life of Mohammad”, W. Irving, p. 162)
Le Mécontentement des Médinois
Les Médinois, qui avaient vécu plus que quiconque les péripéties de toutes les batailles de l’Islam, se sentirent frustrés par ce traitement de faveur accordé aux Quraychites. Ils le prirent pour une marque de népotisme de la part du Prophète, et d’irrespect pour les services méritoires qu’ils avaient rendus eux-mêmes pendant les années passées de la lutte. Ils grognèrent contre la préférence donnée aux Quraych. Abul-Fidâ’ dit: «Une fois la distribution terminée, Thul Khuwayçarah critiqua franchement le Prophète, lequel le qualifia d’homme dont la postérité serait constituée des dissidents (Khârijites); et c’est ce qui arriva effectivement lorsque Harqûs fils de Thul Thaddiyah, un descendant de Thul Khuwayçarah, sera le premier à prêter serment d’alliance contre le Calife ‘Alî et qu’il deviendra dissident ou Khârijite».
Les Médinois Réconciliés
S’étant rendu compte du mécontentement des Médinois, le Prophète entra sous sa tente en compagnie de ‘Alî et peu après il convoqua les notables de Médine.
Selon W. Ivring, le Prophète leur dit: «Ô vous les hommes de Médine! N’étiez-vous pas en désaccord entre vous-mêmes et n’est-ce pas moi qui vous ai apporté l’harmonie? N’étiez-vous pas dans l’erreur et n’est-ce pas moi qui vous ai mis sur le droit chemin? N’étiez-vous pas pauvres et n’est-ce pas moi qui vous ai rendus riches?» Ils reconnurent la véracité de ces propos. «Voyez-vous?» ajouta-t-il. «Lorsque je suis venu parmi vous, vous m’avez cru, alors que j’avais été stigmatisé (par les Mecquois) comme un menteur; vous m’avez protégé, alors j’étais un fugitif; et vous m’avez aidé, alors que j’étais sans secours! Croyez-vous donc que je sois inconscient de tout cela? Pensez-vous que je sois ingrat? Vous vous plaignez du fait que j’accorde à ces gens-là des cadeaux et que je ne vous en donne pas. C’est vrai, je leur donne des biens de ce monde, mais c’est pour gagner leurs cœurs attachés à ce monde. A vous qui êtes des hommes vrais, je vous donne moi-même! Ils retournent chez eux avec des moutons et des chameaux, mais vous, vous retournez avec le Prophète de Dieu parmi vous. Car, par Celui qui détient entre Ses mains l’âme de Mohammad, si le monde entier allait d’un côté et vous de l’autre, je resterais avec vous! Lequel donc, de vous ou d’eux, ai-je récompensé le plus?»
Les Ançâr furent si touchés par ce discours du Prophète qu’ils sanglotèrent à haute voix et que leurs barbes furent mouillées par leurs larmes. Aussi s’écrièrent-ils: «Ô Messager de Dieu! Nous sommes contents de ta compagnie et satisfaits de nos parts».
Notes:
- Fu’âd Hamza, Qalb Jazîrat al-‘Arab, p 276
- Al-Bakrîy, Mu‘jam mâ Ista‘jam min Asmâ’ al-Bilâd wa al-Mawâdi‘, vol 2, p 471
- Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 2, p 149
- At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 1197 – 1226 ; At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 3, p 70 – 81
- ALLAMA TABATABAI, Mohamad Hussein, Universalité de l’Islam, Publication de La Cité du Savoir, Traduit de l’anglais et édité par AL-BOSTANI, Abbas, Canada.
- “Târîkh al-Khamîs”; “Rawdhat al-Ahbâb”.
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 889 ; Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 137 – 150
- Le Coran, Sourate at-Tawba, v 25
- Ya’qûbî, Târîkh Ya’qûbî, v 2 p 62
- Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 1 p 438
- Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 149
- Ibn Hazm, Jawâmi’ as-Sîra, p 241
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 885 ; Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 1 p 438
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 885
- Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 4 p 80 – 82
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 886 – 887
- Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 4 p 82 – 83
- At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 3 p 73
- Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 150
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 894 – 895
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 892 ; Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 150
- Wâqidî, Al-Maghâzî, v 3 p 895 – 897
- Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 4 p 83
- Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 4 p 85
- Ibn Abî Shayba, Al-Musannaf, v 8 p 552 – 553
- Ya’qûbî, Târîkh Ya’qûbî, v 2 p 62 ; Tabrisî, I’lâm al-Warâ, v 1 p 386
- Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 4 p 86 – 87
- “Abul-fidâ'”; “Ibn Hichâm”.
- “Âyât Mohkamât” d’Amir Hassan, vol. II, p. 411.
- “Ibn Hichâm”; “Rawdhat al-Çafâ”; “Habîb al-Sayyâr”; “Tabarî”.
- “Âyât Muhkhamât” d’Amir Hassan, vol. II, p. 411; “Sîrat Ibn Hichâm”; “Habîb a-Sayyâr”.
- “Rawdhat al-ahbâb”; “Habîb al-Sayyâr”.