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Les mœurs du Messager de Dieu (P), à la lumière du noble Coran
Écrit par L’Ayatollah Cheikh Mohammad Reza Bahreïni
La plupart des Musulmans souhaitent connaître de mieux en mieux les différents aspects de la vie du vénéré Messager de Dieu (saws). En effet, depuis des siècles, de très nombreux livres et essais ont été rédigés par les savants musulmans pour en donner le maximum d’informations aux Musulmans.
Pourtant, lorsque les lecteurs se réfèrent à des sources portant sur les mœurs du noble Prophète (saws), ils s’interrogent parfois sur la crédibilité et le degré de fiabilité de certains sujets dans ces documents historiques.
Pour répondre à ce type de questions, l’Ayatollah Cheikh Mohammad Reza Bahreïni met l’accent sur le fait que les historiens ont parfois négligé certaines remarques dans leurs ouvrages et qu’ils se sont quelquefois trompés sur certains détails. L’Ayatollah Bahreïni en déduit que le noble Coran et les récits et hadiths de l’Ahlulbeit (vénérés descendants infaillibles du Prophète) seraient les références les plus solides qui existent pour mieux connaître les mœurs du grand Prophète de l’Islam (saws). Dans le présent article, l’Ayatollah Bahreïni propose des indices utiles et pratiques aux lecteurs qui souhaiteraient accéder aux informations fiables sur les mœurs du vénéré Messager de Dieu (saws).
Les efforts visant à forger une fausse personnalité pour certains compagnons du Messager de Dieu, en fonction des intérêts et des considérations des dirigeants politiques, ont malheureusement favorisé le terrain à ce que les récits et les dires erronés et contraires à la vérité de certains compagnons du prophète (saws) soient indûment acceptés d’abord par les pouvoirs politiques, ensuite par la majorité des populations musulmanes, d’autant plus que les gens qui croyaient à la bonne volonté des personnalités étant à l’origine de ces récits manipulés, les transmettaient souvent aux autres. Entre-temps, les pouvoirs politiques préféraient occuper l’esprit des populations par ces faux récits, dans le cadre de leurs intérêts. Malheureusement, la vérité de la religion a souvent été la première victime de ces dérives, au nom des intérêts et des discernements. Ceci étant dit, il est évident que la rédaction d’ouvrages consacrés aux traditions et aux mœurs du Seau des prophètes (saws) est un travail extrêmement sensible et important, qui nécessiterait l’entreprise de recherches et de réflexions très profondes en ce qui concerne les récits et les documents historiques. Cette recherche doit s’approfondir pour pouvoir séparer le juste de l’injuste, ce qui nécessiterait évidement la contribution indispensable de grands oulémas et de grands savants religieux à cette tâche.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, de nombreux auteurs ont consacré leurs livres à la vie, aux traditions et aux mœurs du vénéré Messager de Dieu (saws). Cependant, il faut admettre que les grands travaux qui y ont été consacrés semblent rester encore insuffisants pour décrire les lumières éblouissantes du grand soleil qu’était le Prophète de l’Islam. En réalité, il faudra encore beaucoup à faire pour que l’on puisse faire connaître d’une manière méritoire au moins une partie des vertus du grand Messager de Dieu (saws).
Il conviendrait cependant de rendre hommage ici à tous les auteurs, penseurs et chercheurs qui ont mis tous leurs efforts et leurs dévotions sincères au service de cette immense tâche, pour nous laisser des documents et des livres précieux consacrés aux différents aspects de la vie du meilleur des hommes et du grand maître de l’humanité, qu’était le Prophète de l’Islam (saws). Nous admirons les efforts dévoués des auteurs anciens, mais nous rappelons qu’il conviendrait encore que les chercheurs contemporains y contribuent eux aussi pour approfondir de plus en plus leurs pensées et leurs réflexions dans cet espace lumineux et céleste de la connaissance du vénéré Messager de Dieu (saws). Il n’y a pas l’ombre d’un doute que la grandeur de la personnalité du vénéré Prophète de l’Islam est incommensurable, et qu’elle elle dépasse l’immensité de la terre et des cieux. Bien qu’il soit impossible aux humains de connaître tous les aspects de la personnalité du vénéré messager de Dieu et toutes ses lumineuses vertus, mais chaque chercheur pourra faire dégager une partie des nuages qui empêchent les yeux des sages de voir les lumières rayonnantes de la personnalité du grand Messager de Dieu (saws). Il est si souhaitable qu’un groupe d’oulémas des écoles théologiques consacrent tous leurs efforts et talents aux projets de recherche sur la vie du vénéré Messager de Dieu, ses traditions et ses mœurs, pour nous permettre de mieux le connaître. Nos jurisconsultes déjà ont si admirablement brillé dans le domaine des sciences jurisprudentielles, il y a donc tous les espoirs pour que leurs talents puissent briller aussi et de manière remarquable dans le domaine des études consacrées à la connaissance des récits et des documents historiques relatifs à la vie du grand Messager de Dieu (saws) et de l’Ahlulbeit, ainsi qu’à la vérité de leurs traditions et de leurs mœurs. Il est certain que les ouvrages historiques anciens qui nous sont parvenus méritent tous d’être critiqués et analysés de manière approfondie. Ce qui nécessite ces études critiques, c’est que les auteurs de ces ouvrages n’ont jamais garanti la justesse et la véracité de tous les faits et événements qu’ils ont relatés en se référant aux différentes sources. Par contre, ces auteurs ont toujours reconnu avec sincérité que ces récits méritaient d’être étudiés avec plus de précision et d’une manière plus approfondie. A titre d’exemple, nous pouvons nous référer à Ali ibn Burhaneddîn Halabi qui, dans l’introduction de son célèbre livre « al-Sirah al-Halabiyah » (« Les mœurs d’al-Halabi»), a cité le célèbre savant Zeyneddîn Araqi : « Le chercheur doit être conscient que les livres de mœurs réunissent les justes et les injustes, dont l’acceptation ou le refus dépendrait de l’effort des savants. »
وَليَعلَم الطالبُ أنّ السِيَرات تجمع ما صحَّ و ما قد أُنكِرَ
En réalité, dans des ouvrages historiques, nous constatons que l’historien peut présenter des versions différentes du récit d’un événement historique donné, en mentionnant les origines et les références de chaque version. Son but est donc d’attirer l’attention des lecteurs et des chercheurs sur la possibilité d’approfondir la lecture en se référant aux sources pour pouvoir distinguer le vrai du faux.
Les ouvrages historiques anciens des auteurs musulmans sont en général des collections et des recueils réunissant les récits historiques relatés par les autres personnalités. En d’autres termes, dans ces cas, l’historien se limitait souvent à citer les sources, sans vérifier la justesse du récit cité ! Dans l’introduction de son ouvrage historique monumental Abou Jaafar Tabari (mort en 310 de l’hégire) a écrit : « Nous avons donc cité ce qui nous avait été parvenu des auteurs antérieurs. Si le lecteur trouve qu’une remarque est impossible, injuste, inexact ou inacceptable, il devra alors savoir que nous n’en étions pas la source, mais que cette remarque nous a été parvenue des transmetteurs, et que nous avons simplement cité leurs récits. »
فما يكن في كتابي من خبرٍ ذكرناه عن بعض الماضين فما يستنكره قارئه او
يستشنعه سامعه من اجل انه لم يعرف له وجهاً من الصحة ولا معني في الحقيقة
فليعلم انه لم يُؤت في ذلك من قبلنا و انما أتي في بعض ناقليه الينا
Ce passage de Tabari nous montre clairement que le célèbre historien rejetait la responsabilité entière de la véracité et de la justesse de tout ce qu’il relatait, à d’autres sources. De même, Ahmad ibn Abi Yaqoub, alias Yaqoubi (mort en 275 de l’hégire), un célèbre auteur de l’époque des califes abbassides, a écrit dans son ouvrage historique intitulé « L’histoire de Yaqoubi », qu’il se soumettait aux coutumes respectées par les autres auteurs, pour relater les dires et les récits d’autres historiens, sans pouvoir pour autant garantir la véracité et la justesse de tous les récits relatés. Il a souligné d’ailleurs qu’à ses yeux, certains récits qu’il citait dans son ouvrage étaient visiblement en contradiction avec certains autres. Yaqoubi a écrit : « Nous avons essayé de réunir les différents dires et récits dans notre livre, car nous trouvons que les transmetteurs anciens de ces récits ont eu des points de vue différents en ce qui concernait le récit des hadiths, des faits, des événements, et même la date exacte de beaucoup d’événements historiques ».
قد ذهبنا الي جمع المقالات و الروايات لانا قد وجدناهم
قد اختلفوا في احاديثهم و اخبارهم و في السنين و الاعمال
Ces exemples nous montrent que certains de ces transmetteurs anciens des récits n’avaient peut-être pas la mémoire courte, de sorte qu’ils se trompaient parfois de la date exacte des événements, des dates de naissance, etc. Or, ces dates sont, historiquement parlant, des faits uniques et non répétitifs. Par conséquent, nous arrivons à la conclusion que les historiens ne garantissaient pas et ne garantissent toujours pas la véracité de tout ce qu’ils relatent dans leurs ouvrages.
Compte tenu de ces réalités, la question qui se pose légitimement pour savoir quelles sont les meilleures voies et les moyens les plus sûrs permettant de mieux connaître les traditions et les mœurs du vénéré Prophète de l’Islam (saws). Pour donner une réponse à cette question si importante, il nous paraît qu’il existe trois éléments qui pourront nous servir d’appuis sûrs et pleins d’espoir :
– En premier lieu, il s’agit de l’appui solide que nous offre le noble Coran, car le Livre saint des Musulmans contient tout ce dont les fidèles ont besoin en matière des sciences de la religion, et des principes fondamentaux et secondaires de l’Islam. A ce propos, Amr ibn Qeys a relaté un hadith du vénéré Imam Baqer (as) : « Dieu, le Loué et le Très-haut, n’a pas laissé l’Oumma pour son compte en ce qui concerne les choses dont les fidèles auraient besoin. Dieu en a mis les réponses dans le Coran, ou les a apprises à Son messager. »
ان الله تبارك و تعالي لم يدع شيئاً يحتاج اليه الامّة الاّ انزله في كتابه و بيّنه لرسوله ص
Il est à souligner que dans de nombreux versets lumineux du noble Coran, il y a des remarques sur les mœurs du vénéré Messager de Dieu (saws) et son comportement face aux différents événements. Dans ces versets coraniques, il existe des remarques sur le début de la mission prophétique du dernier messager de Dieu et l’appel qu’il avait lancé à l’humanité toute entière pour sortir des ténèbres de l’adoration des fausses divinités, afin d’entrer dans les lumières de la soumission à la Vérité. En outre, ces versets décrivent aussi les grandes vertus du noble Prophète de l’Islam : sa personnalité, sa volonté, sa sincérité, sa générosité, sa clémence, sa dévotion, … Il est à noter que plusieurs versets du noble Coran relatent les événements qui étaient liés, d’une manière ou d’une autre, à la vie du grand Messager de Dieu : l’événement dit de l’« Eléphant » et l’attaque d’Abraha contre la Mecque avant la naissance du Prophète (saws), certains événements de son enfance et de son adolescence, la disparition des parents du prophète qui est devenu orphelin de père et de mère, des allusions à la foi des ancêtres du Prophète, …
Si nous étudions les lumineux versets du noble Coran portant sur la vie et les mœurs du vénéré Messager de Dieu (saws), en nous appuyant sur la même méthode que nous adoptons pour étudier les versets portant sur les principes de la religion, nous y découvrirons ce que nous pouvons appeler la connaissance profonde de la jurisprudence islamique. Pour mieux comprendre ces versets coraniques, nous devons nous référer aux Imams infaillibles de la sainte famille du Prophète. Cette méthode nous amènera sans aucun doute à une meilleure connaissance des traditions et des mœurs du vénéré Messager de Dieu.
– En deuxième lieu, pour mieux connaître les mœurs et les traditions du grand Prophète de l’Islam (saws) nous avons à nous référer directement aux récits et hadiths de l’Ahlulbeit, les vénérés descendants infaillibles du Messager de Dieu. Qui mériterait, en vérité, mieux que le vénéré Imam Ali, Emir des croyants, de faire connaître aux Musulmans les traditions et les mœurs du vénéré Messager de Dieu ? Car, en réalité, le vénéré Imam Ali (as) est la deuxième grande personnalité de l’Islam, après le Messager de Dieu qui avait fait de lui l’héritier de ses sciences cachées, le gardien des secrets divins, et son véritable successeur. De même, les saints descendants du vénéré Imam Ali (as) méritent mieux que quiconque de faire connaître les traditions et les mœurs du Prophète de l’Islam, car ils étaient, eux aussi, les héritiers des sciences du Messager de Dieu (saws).
-En troisième lieu, nous devons souligner l’importance des ouvrages historiques et des efforts à entreprendre pour découvrir dans les documents historiques ce qui relève, sans aucun doute et d’une manière certaine, des traditions et des mœurs du vénéré Prophète (saws). Le nombre très élevé des récits qui s’accordent unanimement sur certains événements de la vie du noble Messager de Dieu, nous permettrait de faire la lumière sur certains aspects de sa vie.
Par conséquent, si le chercheur s’appuyait sur les trois facteurs susmentionnés, il n’aurait plus besoin de recourir aux récits douteux ou faiblement documentés, pour réunir les mœurs et les traditions du grand Prophète de l’Islam (saws).
Aujourd’hui, il nous incombe donc de rendre hommage aux efforts des auteurs anciens, mais nous ne devons pas les suivre sans réaliser les recherches et les analyses nécessaires. En d’autres termes, au lieu de répéter leurs récits tels quels, nous devrions nous fonder sur le fait que la connaissance des traditions et des mœurs du vénéré Messager de Dieu est si importante qu’il ne faudrait pas se résigner à accepter les dires de n’importe quel transmetteur non crédible des hadiths prophétiques. En réalité, si nous pratiquons cette méthode erronée, au lieu de rendre service aux fidèles et aux vrais disciples du vénéré Messager de Dieu (saws), nous nous mettrons au service des ennemis de l’Islam et des Musulmans, en soutenant les allégations sans fondement des orientalistes malintentionnés et leurs propos tendancieux !
Il est évident que pour empêcher les non croyants de le faire, les savants religieux et les oulémas musulmans ont la lourde responsabilité de réaliser des recherches documentées sur les sources et les références des récits et des hadiths, afin de pouvoir faire la distinction entre le juste et l’injuste dans les textes anciens. En outre, il est certain que ce qui est confirmé par le noble Coran et les récits crédibles, serait digne de confiance. Or, il faudrait sagement éviter les autres textes qui contrediraient ces sources crédibles. C’est donc le noble Coran qui sert de critère pour distinguer le juste de l’injuste : « C’est Dieu qui a fait descendre le Livre avec vérité, la balance, aussi. » [sourate 4, verset 17]
الله الذي انزل الكتاب با الحق و الميزان
Ce que nous dit le noble Coran est la vérité, et ce qui contredit le Coran est le pur mensonge : « Et la parole de ton Seigneur s’est accomplie en toute vérité et équité. Personne qui modifie Ses paroles ! » [sourate 6, verset 115]
و تمت كلمة ربك صدقاً و عدلا لا مبدل لكلماته
Le chercheur qui souhaite connaître les mœurs du vénéré Messager de Dieu (saws), ne pourrait donc pas se limiter uniquement aux données réunies dans les ouvrages historiques ; car même les œuvres des historiens les plus illustres contiennent souvent des erreurs qui se mêlent à la vérité. La personne qui étudie ces ouvrages historiques devrait donc avoir la compétence de reconnaître la vérité et d’identifier les erreurs ; sinon il devrait éviter de porter des jugements non documentés et non professionnels en se basant uniquement sur les œuvres des historiens. D’ailleurs, comme nous l’avons évoqué plus haut, les historiens admettent eux-mêmes que l’ensemble de ce qu’ils ont relaté dans leurs œuvres, n’était pas toujours dignes de confiance. A ce propos, Ibn Khaldoun écrit dans l’introduction de sa monumentale histoire universelle : « Les historiens les plus illustres ont réuni les données et les ont intégrés dans leurs livres pour les transmettre à la postérité. Mais ceux qui cherchent leurs propres intérêts dans les récits historiques, y ont mêlé des ruses injustes et y ont intégré des innovations désapprouvées afin de mêler les dires injustes et non fondés aux propos justes et crédibles. Ensuite, les autres se sont mis à les suivre et ils nous ont transmis ces mauvais propos, sans qu’ils réfléchissent aux causes et aux effets des faits et des événements. »
ان فحول المورخين قد استوعبوا اخبار الايام و جمعوها و سطروها في صفحات الدفاتر
و اودعوها و خلطها المتطفّلون بدسائس من الباطل و همّوا فيها او ابتدعوا و زخارف
من الروايات المضعفة لفقوها و وضعوها و اقتفي تلك الاثار الكثير ممن بعد هم
و اتبعوها و ادوّها الينا كما سمعوها و لم يلاحظوا اسباب الوقايع و الاحوال
Par ailleurs, il faut souligner que dans le présent article, nous ne prétendons pas établir la méthode la plus performante de l’étude de l’histoire de la vie et des mœurs du noble Prophète de l’Islam, car il incombe aux historiens les plus qualifiés et les plus savants de le faire. Mais si nous avons cité un Yaqoubi, un Tabari ou un Ibn Khaloun, c’était pour rappeler que les ouvrages historiques méritent d’être soumis à une analyse critique pour y identifier les erreurs qui ne se conforment pas à la vérité.
Il conviendrait ici de nous appuyer sur la lumière du Livre et de la révélation pour savoir comment les versets lumineux du noble Coran nous révèlent la personnalité et la vie du grand Messager de Dieu.
Les versets qui portent sur la personnalité du noble Prophète de l’Islam peuvent être classifiés en plusieurs catégories. Il y a d’abord des versets qui parlent du pacte que Dieu le Très-haut avait noué avec le vénéré Prophète de l’Islam et avec les autres prophètes. Il s’agit d’un serment solide et définitif que Dieu fait prêter à ses prophètes, avant même la création d’Adam et de l’espèce humaine. A ce propos, le noble Coran dit : « Et quand Nous prîmes, des prophètes, leur engagement, ainsi que de toi, et de Noé, et d’Abraham, et de Moïse et de Jésus, fils de Marie ! Et Nous avons pris d’eux un engagement renforcé. » [sourate 33, verset 7]
و اذ اخذنا من النبيين ميثاقهم و منك و من نوح و ابراهيم و موسي
و عيسي بن مريم و اخذنا منهم ميثاقاً غليظاً
Il est important de souligner que dans ce verset coranique, la parole divine indique d’abord l’importance de l’engagement pris par Dieu de tous les prophètes. Ensuite, le verset énumère les noms des prophètes « doués de ferme résolution » et « législateurs ». Les noms de ces grands prophètes viennent selon l’ordre chronologique de leur apparition. Cependant, le vénéré Prophète de l’Islam est cité avant tous ; ce qui indique sa supériorité et la grâce particulière et spécifique que Dieu lui accordait.
Mais quel est le sens exact de ce pacte et de cet engagement ? Pour trouver la réponse de cette question, nous pouvons nous référer au verset 81 de la sourate 3 du noble Coran : « Et quand Dieu prit, des prophètes, l’engagement – : « Chaque fois que Je vous donnerai du Livre et de la sagesse, et qu’ensuite un messager vous viendra confirmant ce que vous avez déjà, vous devrez y croire, certes, et vous devrez certes lui porter secours », – Il dit : « Acceptez-vous ? et en prenez-vous Ma charge ? » – « Nous acceptons », dirent-ils. – « Soyez donc témoins, dit Dieu. Et Me voici, avec vous, Moi, parmi les témoins. »
و اذ اخذ الله ميثاق النبيين لما آتيتكم من كتاب و حكمة ثم جائكم رسول مصدق
لما معكم لتؤمنن به و لتنصرنه قال ءاقررتم و اخذتم علي ذلكم اصري
قالوا اقررنا قال فاشهدوا و انا معكم من الشاهدين
D’après ce lumineux verset coranique, le pacte noué avec les prophètes les engage à croire au message apporté par les autres prophètes, et de porter secours aux prophètes qui étaient venus avant eux et ceux qui viendraient après.
Ici, le secours à apporter aux prophètes antérieurs signifie la confirmation de leur prophétie et de leur législation. Quant aux prophètes qui viendront après, ce secours signifie apporter la nouvelle de leur venue. A titre d’exemple, le vénéré Jésus avait confirmé le vénéré Moïse et la Thora, et il avait apporté la bonne nouvelle de la venue du vénéré Mohammad (saws). Ensuite, Dieu le Très-haut a chargé les prophètes de prendre cet engagement de leur peuple. Ainsi les prophètes deviennent témoins de cet engagement.
Dans la deuxième partie de ce verset, il est dit : Il dit : « Acceptez-vous ? et en prenez-vous Ma charge ? » – « Nous acceptons », dirent-ils. Cela nous montre clairement que chaque peuple s’engageait auprès de son prophète, afin de porter secours aux prophètes antérieurs et de confirmer les prophètes qui viendraient après. Cela signifie que la religion divine était, à tous les temps et pour tous les prophètes, une vérité unique, celle de la soumission parfaite à la loi et à la volonté de Dieu : « Oui, la religion, aux yeux de Dieu, c’est la soumission ». [sourate 3, verset 19]
ان الدين عند الله الاسلام
Certains exégètes disent que le pacte et l’engagement que Dieu le Loué a pris aux prophètes engageait ces derniers à adorer le Dieu unique et d’appeler les gens à l’adoration de Dieu, en restant fidèles à ce pacte par leurs dires et par leurs pratiques.
En outre, les oulémas de toutes les écoles islamiques s’accordent pour dire que ce pacte avait été noué entre Dieu et Ses messagers au début des temps, c’est-à-dire avant même la création de ce bas monde. En ce qui concerne la supériorité des prophètes les uns sur les autres, il s’agit du degré de leur engagement vis-à-vis de ce pacte. A ce titre, nous pouvons nous référer à la prière dite « Nodbeh » (lamentation » : « O Seigneur ! Les louanges T’appartiennent pour l’ordre qui a été donné à Tes amis ; ceux que Tu as choisis pour Toi et Ta religion, et à qui Tu as accordé des bienfaits abondants et infinis. Et cela était intervenu après que Tu avais pris d’eux des engagements en ce qui concernait les affaires de ce monde, pour qu’ils évitent ses parures par piété. Et eux, ils se sont engagés et y sont restés fidèles. Ensuite, Tu les as acceptés, et Tu leur as donné de la bonne réputation et des louanges méritoires. »
اللهم لك الحمد علي ما جري به قضائك في اوليائك الذين استخلصتهم لنفسك و دينك
اذاخترت لهم جزيل ما عندك من النعيم المقيم الذي لا زوال له و لا اضمحلال،
بعد ان شرطت عليهم الزهد في درجات هذه الدنيا الدنية و زخرفها و زبرجها،
فشرطوا لك ذلك و علمت منهم الوفاء به فقبلتهم و قربتهم و قدمت لهم الذكر العليّ و الثناء الجليّ
Ici, le mot « piété » est un mot-clé qui résume en lui tous les pactes concernant le respect du statut et de l’honneur de la prophétie.
Par ailleurs, il faut souligner que l’existence du « monde premier » et son antériorité à celui que nous connaissons sont confirmées par de nombreux récits : les récits portant sur la nature innée de l’être humain, les récits portant sur la création de la lumière du vénéré Messager de Dieu et de l’Emir des croyants, les récits relatant l’antériorité de la création des âmes à celle des corps, les récits portant sur la raison du début du rituel de la tournée autour de la Maison de Dieu pendant le hadj à partir de l’« Enceinte d’Ismaël », et les récits qui font le présage du fait que le vénéré Mahdi le Promis _que Dieu hâte sa parousie_ s’appuiera au début de son soulèvement sur la « Pierre Noire ».
Ces récits nous permettent de déduire que pour les âmes humaines et pour les lumières sacrées, il existait avant ce bas monde, un autre monde que nous appelons « monde premier ». Par ailleurs, de nombreux hadiths confirment que la création de la lumière du Prophète et de son successeur a eu lieu avant même la création de la matière, et que leurs corps avaient été également créés sous forme de silhouettes de lumière avant la création de la terre et des cieux et d’autres êtres du monde des matières. C’est une vérité supérieure dont la compréhension est hors de la portée des sciences limitées des humains, et l’accès à cette compréhension n’est jamais possible par des voies que connaissent les hommes. C’est uniquement la révélation qui pourrait dévoiler les secrets de cette grande vérité. A ce propos, nous évoquons ici plusieurs hadiths :
Dans son ouvrage de hadith, l’illustre savant Cheikh Sadouq relate un hadith que le vénéré Imam Sadeq (as) avait relaté de ses ancêtres, notamment du vénéré Imam Ali, Emir des croyants (as) : « en vérité, Dieu le Très-haut avait créé la lumière du vénéré Mohammad (saws) avant même la création des cieux et de la terre, de la trône céleste, du dais du trône divin, de la tablette et de la plume, du paradis et de l’enfer, et avant même qu’Il crée Adam, Noé, Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, Moïse, Jésus, David et Salomon. »
ان الله تبارك و تعالي خلق نور محمد (ص) قبل ان يخلق السموات و الارض
و العرش و الكرسي و اللوح و القلم و الجنّة و النار و
قبل ان يخلق آدم و نوحاً و ابراهيم و اسمعيل و اسحق
و يعقوب و موسي و عيسي و داوود و سليمان
Ce hadith confirme clairement que la création de la lumière du vénéré Prophète de l’Islam était antérieure à la création de toutes les autres créatures. Ce qui renforce cette réalité, c’est un hadith du vénéré Messager de Dieu (saws), relaté tant par les transmetteurs chiites que sunnites : « Dieu a créé d’abord ma lumière. »
اول ما خلق الله نوري
Selon un autre récit, le noble Prophète de l’Islam a dit au vénéré Imam Ali, Emir des croyants (as) : Moi et toi, nous avons été créés de la lumière de Dieu le Loué et le Très-haut. »
خُلقتُ انا و انت من نور الله عز و جل
Certains versets lumineux du noble Coran font allusion à cette vérité que lorsque Dieu le Très-haut a créé les particules des objets, Il leur a pris un engagement pour qu’ils se soumettent à Lui, à Son unicité et à Sa supériorité divine. Dans le même temps, la lumière du noble Prophète de l’Islam a été chargée d’appeler les humains à l’adoration de Dieu. Cette vérité a été exprimée dans le verset 56 de la sourate 53 du noble Coran : « Voici un avertissement d’entre les avertissements anciens. »
هذا نذير من النذر الاولي
Dans ce verset le terme « voici » est une allusion au noble Prophète de l’Islam (saws). Ainsi le verset signifierait : « Ce Mohammad, Notre messager est un avertissement d’entre les avertissements anciens. » Qomi relate que pour commenter ce verset lumineux du noble Coran, le vénéré Imam Sadeq (as) avait dit : Lorsque Dieu le Très-haut créait les particules de Ses créatures au début de l’ère de la création, Il a envoyé le vénéré Mohammad (saws) vers elles pour les appeler à l’adoration de Dieu et à croire en Son unicité. Certaines créatures y ont cru et certaines autres l’ont refusé. Alors Dieu dit : Voici un avertissement d’entre les avertissements anciens. »
En ce qui concerne le commentaire du saint verset « Voici un avertissement d’entre les avertissements anciens », Ali ibn Mouammar relate de son père un hadith qu’il avait entendu du vénéré Imam Sadeq (as) : « Ce verset fait directement allusion au vénéré Mohammad (saws) alors qu’il appelait le monde des particules à l’adoration de Dieu unique, sur ordre de Dieu. »
Pour terminer cet article, il conviendrait de citer les œuvres des auteurs qui ont réuni les mœurs du vénéré Messager de Dieu, certaines phrases qui nous décrivent l’apparence physique et les vertus morales du Seau des Prophète, le noble Mohammad Moustapha (saws) :
Il était d’une taille moyenne, ni trop grande, ni trop petite. Pourtant, quand il se tenait parmi les gens, il avait l’air grand, et quand il s’asseyait parmi à côté des gens, il avait l’air plus grand que les autres.
Il avait un front large. Ses cheveux ondulés tombaient sur ses épaules larges, et ses yeux lucides étaient grands et beaux. Les pupilles de ses yeux étaient tout noires, et le blanc de ses yeux était tout blanc. Ses sourcils étaient étroits et se rejoignaient. Son nez était un peu saillant. Sa bouche fut équilibrée, et ses dents étaient blanches et brillantes. Il avait le teint blanc mat et un peu rose, mais son corps était tout blanc et lumineux. Sa barbe était dense, et son cou était long et avait l’éclat de l’argent.
Sa poitrine était large, et ses membres étaient équilibrés. Le seau de sa prophétie se situait entre ses deux épaules, ou plutôt sur son épaule gauche.
La place et le statut du vénéré Messager de Dieu (saws) étaient si élevés que chaque fois que l’on citait son nom auprès du sixième Imam, le vénéré Imam Sadeq (as), il avait l’air bouleversé, et il répétait tout le temps son nom.
Il avait les meilleures mœurs, et dans le Coran, Dieu fait allusion à son caractère en le qualifiant d’« éminent » : « Et tu es, certes oui, d’un caractère éminent » [sourate 68, verset 4]
و اِنّك لَعَلي’ خُلُقٍ عظيمٍ
Il était caractérisé par sa délicatesse et sa retenue. Il ne fixait jamais du regard, les yeux de ses interlocuteurs. Il ne méprisait jamais les nécessiteux à cause de leur misère. Il ne craignait personne à cause de ses pouvoirs. Il parlait de manière précise et cohérente, sans jamais étayer sa parole. Ses mots étaient équilibrés et sans parures inutiles. Au milieu de sa parole, il faisait de petites pauses afin que son interlocuteur puisse bien le suivre et le comprendre. Sa voix était belle et avait de l’éclat.
Lorsqu’il était joyeux, sa joie s’exprimait de la plus douce manière. Il ne se mettait en colère que pour défendre la cause de Dieu. Il ne s’asseyait et il ne se relevait qu’en se souvenant du nom de Dieu. Il réparait lui-même ses habits et ses chaussures. Il mangeait peu, il avait parfois si faim que pour mieux supporter la faim, il nouait le bas de sa robe sur son ventre.
Il était le plus modeste et le plus silencieux des gens. Mais son silence n’avait rien à voir avec l’orgueil et l’égoïsme. Il fréquentait les gens pauvres et préférait partager son repas avec eux. La nuit, il ne restait jamais aucune pièce de monnaie pour lui. Il aidait beaucoup sa famille pour faire le ménage.
Il ne s’accordait aucun privilège par rapport à ses domestiques, hommes ou femmes, en ce qui concernait les vêtements et les nourritures. Et dans la société, il était la personne la plus utile et la plus tendre pour autrui.
Il était le plus courageux des hommes ; A ce propos, le vénéré Imam Ali (as) a dit : « Le jour de la bataille de Badr, nous cherchions appui auprès du Messager de Dieu. Il s’approchait de l’ennemi, plus que tous les autres, et il était le plus courageux des hommes. »
Le jour de son trépas, le vénéré Messager de Dieu (saws) n’ laissé aucun bien en héritage : il n’avait, ce jour-là aucun argent, aucun esclave, aucun mouton, aucun dromadaire.
En vérité, comment serait-il possible de décrire les caractères vertueux du meilleur des hommes, élu par Dieu, alors qu’il avait réuni en lui l’ensemble des vertus divines. Que les louanges de tous les hommes purs et vertueux soient sur lui.
Lorsqu’il parlait, sa parole revivifiait les choses inanimées, et elle donnait de la vie et du mouvement aux plantes.
Sa lumière s’élevait vers le ciel comme une colonne lumineuse.
Son passage était toujours embaumé par le parfum agréable de son corps.
Lorsqu’il se tenait au soleil, il n’avait pas d’ombre.
Lorsqu’il souriait, son visage s’épanouissait comme la beauté du clair de lune qui se reflet sur l’eau.
Sur son visage lumineux, il y avait la douceur et la fraîcheur d’une aube de printemps, et la blancheur de la neige, et la rougeur de la pudeur. Son regard était le regard le plus familier.
Aucune créature de Dieu n’a jamais été aussi tendre que lui !
Il vivait avec les gens de sorte que chaque individu se sentait plus respecté et plus tendrement reçu que les autres.
Il était comme un printemps qui couvrait les déserts arides du Hedjaz.
Aucun parfum n’a été aussi agréable que l’odeur de son corps.
Aucun oiseau ne le survolait.
Il connaissait toutes les langues et il pouvait parler la langue de tous les peuples.
Lorsqu’il marchait sur la terre, l’empreinte de ses pieds restait parfois sur le sol.
Il aimait les pauvres.
Il préférait prendre son repas en compagnie de ses domestiques.
Il acceptait gentiment tous les cadeaux, même s’ils étaient aussi petits qu’une gorgée de lait frais.
Il marchait parfois à pied nu sur la terre.
Il ne disait pas ce qu’il n’admettait pas pour lui et pour les autres. Les gens de son entourage le comprenaient par le teint de son lumineux visage.
Lorsqu’il montait une monture, il n’admettait pas que quelqu’un l’accompagne à pied. Et lorsqu’il était assis, il n’admettait pas que les gens restent debout devant lui.
Lorsqu’il voulait entrer dans une maison, il en demandait la permission trois fois à haute voix.
Il disait toujours : « La prière est la lumière de mes yeux. »
Il était impeccable et infaillible de tout péché, acte blâmable ou négligence.
En un mot, il vivait comme le meilleur des prophètes.