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Gnose musulmane et bouddhisme zen : étude comparée
Introduction
Dans un regard d’ensemble sur les religions, on y distingue toujours deux dimensions, l’une ésotérique et l’autre exotérique. La Loi de chaque religion se rapporte à la dimension exotérique, alors que l’ésotérique approfondit les significations que la religion réserve à ceux et celles qui ont la capacité de saisir la quintessence du message céleste. A titre d’exemple, la religion hindouiste propose trois voies de salut : Jnana marga (1) (ou Jnana Yoga), Karma marga (2) (ou Karma yoga), Bhakti marga (3) (Bhakti Yoga) qui sont respectivement la voie de la connaissance et du savoir, la voie des actes et la voie de l’Amour.
Dans le Karma marga, on accomplit les rites et les cérémonies tandis que dans le Jnana Marga, on insiste pour l’acquisition de la connaissance et parvenir à la vérité.
Dans la gnose islamique, suivre la voie intérieure non seulement ne retient pas l’aspirant à la gnose de la dimension extérieure, qui est celle de la Loi, mais l’encourage à avoir constamment le souci de garder une égale distance à l’égard des deux dimensions et à montrer son engagement à respecter la dimension externe (les enseignements de la Loi religieuse).
Nous pouvons relever, de façon coutumière, les points communs dans la gnose des différentes religions. Mentionnons pour exemple, des questions comme celles qui suivent : le monothéisme, l’extinction, l’amour, la contemplation, la pratique des exercices ascétiques, le microcosme et le macrocosme ainsi que la relation entre les deux et l’expression sibylline des résultats de l’expérience contemplative, etc.
Cette question s’explique du fait que lorsque les hommes considèrent avec sagesse la question de l’Etre, ils tiennent tous les mêmes propos et parviennent à des conclusions similaires et parfois communes et partagées. Bien sûr, beaucoup de ces points communs sont des vestiges ou des effets des paroles sages et divines tenues par les prophètes respectifs de chacune des différentes communautés. Les prophètes ont tenu, en leur temps, à leur communauté, des discours dans lesquels ils leur ont révélé des vérités que ces communautés n’auraient jamais pu connaître par le seul usage de leur raison. En d’autres termes, ces prophètes ont su faire apparaître les trésors enfouis dans l’intellect des hommes.
Cet exposé applique la méthode comparative pour faire connaître les approches de la gnose islamique et celle du bouddhisme zen et se propose d’apporter des réponses aux questions suivantes :
1) Quelle est la relation entre la religion et la gnose ?
2) En quoi consiste la différence entre la gnose religieuse et la gnose humaine ?
3) La gnose non religieuse a-t-elle la capacité de faire parvenir les hommes à la perfection souhaitée ?
La notion de zen
Qu’est-ce exactement que le zen ?
Pour commenter un Mondo (4) (un échange très court entre un maître et son disciple), Suzuki (5) le rapporte ainsi : « Tu me demandes : qu’est-ce que le zen ? Je te réponds : le zen c’est ce qui t’a poussé à poser ta question. Parce que la réponse se trouve là même où a germé la question. La réponse n’est pas autre chose que la personne même qui a posé la question.»
Le disciple dit : « Par conséquent, Vous voulez dire que : je suis moi-même le zen. »
Il répond : « Quand tu me demandes ce qu’est le zen, tu te demandes en réalité qui tu es. Qu’est ton âme ? C’est pourquoi les maîtres du zen te disent presque tous : ‘‘Ne pose pas de question ?’’, C’est le summum de la stupidité que de demander au sujet de toi-même puisque que c’est justement ton amour propre qui t’a incité à questionner. »
Puis il poursuit : « Tu sais à présent ce qu’est le zen, parce que le zen t’explique ce qu’est ton âme, et cette âme, c’est le zen. »
Suzuki entame un autre sujet ; en voici le dialogue :
Le disciple interroge :
– « Qu’est-ce qui a poussé le Bouddha Harima (6) à venir en Chine ? »
Suzuki répond :
– Pourquoi m’interroger au sujet de quelqu’un d’autre, au lieu de m’interroger au sujet de toi-même et de ton mental ?
– Qu’est mon âme, maître ?
– Il te faut d’abord savoir ce qu’est l’acte allusif.
– C’est quoi l’acte allégorique, allusif ?
Le maître ouvre ses yeux puis les referme. Il dit :
– Est-ce que cet acte est allusif ? Quel rapport y a-t-il entre ouvrir et fermer un œil et l’âme ? Il n’y a aucune énigme en cela et en supposant qu’il y en ait, quel rapport cela peut avoir avec la connaissance de soi ? Donc, après avoir relevé les sourcils ou toussé ou ri, il semble que nous devons nous intéresser plus au mystère de l’âme qui se trouve derrière les actes.
Est-ce que le disciple parvient à l’illumination en contemplant l’acte allusif du maître ? Dans le récit, il est rapporté qu’ensuite il a compris où chercher son âme et son mental.
Puis Suzuki poursuit ainsi : « Pour les hommes ordinaires, cette sorte de perception est impossible, parce que leurs questions ne proviennent pas du fond de leur être. Les questions que soulève la raison trouvent leurs réponses dans les paroles, les mouvements et la gestuelle du maître. En d’autres termes, le maître oriente le mental du questionneur vers le lieu où il trouvera sa réponse.
Burton Watson (7), traducteur du chinois et japonais dans le domaine de la littérature et de la poésie, écrit : « Décrire les spécificités qui distinguent le zen ou chan des autres écoles du Bouddhisme n’est pas un travail facile. Le nom zen signifie Dhyāna (8) ou introspection spirituelle par la méditation ; mais les autres écoles accordent aussi une importance égale sinon plus grande encore à cette sorte d’introspection. On peut même affirmer que dans le zen, l’introspection n’est nulle part recommandée comme un acte indispensable ». Il poursuit ainsi : « Ne rien avoir à dire » n’est pas la spécificité du zen. Et cela non pas parce que la réalité ou la vérité ne peut pas entrer dans le moule des paroles et des mots. »
Cette question a été traitée bien avant dans les traités du Madhyamaka (9) et dans les enseignements de Lao Tseu (10).
Lao Tseu dit : « Ceux qui savent ne parlent pas. Et ceux qui parlent, ne savent pas ». Peut-être que la spécificité du zen réside bien en cela.
Dans les autres écoles du Bouddhisme, l’éveil ou buddhi est inaccessible aux hommes et l’on peut y parvenir par un effort patient et après plusieurs cycles de vie. Mais dans le zen, il existe un principe selon lequel l’éveil est une chose tout à fait naturelle, pouvant advenir à tout instant.
La méthode de base pour pouvoir devenir Bouddha est celle de la méditation d’introspection, car dans cette école les différentes formes à cet effet ont été exposées. Bien que l’individu puisse pratiquer l’introspection vigilante dans toutes les conditions, la méthode habituelle est qu’elle se fasse dans la position assise dite en tailleur (11), l’illumination satori (12) ou le paroxysme de l’introspection peut survenir de façon graduelle ou soudaine.
Afin de développer la faculté imaginative et d’accroitre la conscience pour une meilleure contemplation dans le bouddhisme zen, les différentes écoles de cette doctrine ont mis en œuvre différents styles et méthodes. Ces méthodes comprennent les mondos, de courts échanges entre un maître et un disciple, ou des questions d’intérêt général, Koan (13) qui sont des illogismes ou des bizarreries, et qui ont été imaginées pour accélérer le dévoilement.
La secte des Linji (14) (japonais : Rinzâi (15) ) emploie la méthode appelée « méthode de la tempête », dans laquelle le blâme et les coups sont utilisés pour obtenir le réveil de la conscience. Alors que d’autres sectes, comme Sōtō, (16) préfèrent une orientation calme et subtile.
Notes :
1-Ou « voie de la connaissance » impliquant méditation et pratique ascétique dans le but de comprendre la réalité et de se débarrasser de l’illusion. [mārga (sanskrit : « chemin »)]
2-Ou « voie de l’action » ; elle est explicitée par les Veda et les enseignements des brahmanes. Cette voie implique un respect des obligations imposées par sa caste ; les actions et les pensées dans cette existence terrestre actuelle déterminant ensuite la future incarnation.
3-Ou « voie de la dévotion ». Cette voie est considérée comme plus aisée que la jñāna mārga et est aussi plus populaire. Elle comprend notamment l’identification de la personne avec une divinité particulière, le plus souvent Rāma ou Krishna. La Bhagavad-Gītā est le premier grand texte de la bhakti. Krishna y affirme notamment : « Seulement avec amour, vous pouvez venir à moi ».
Le terme sanskrit Bhakti, traduit par “dévotion”, fait référence à l’ensemble des pratiques spirituelles tournées vers la dévotion à la divinité. Le Bhakti-Yoga comporte neuf pratiques. Le dévot peut trouver des explications sur l’approfondissement de l’aptitude à la dévotion (Bhakti) dans la Bhagavad-Gîtâ et le Bhâgavata Purâna. C’est aussi l’une des trois voies de la réalisation spirituelle également appelée “libération” (Trimārga), les deux autres étant le Jñāna Yoga et le Karma Yoga.
4-Le Mondo (terme du bouddhisme Zen) « questions et réponses » est une collection enregistrée de dialogues entre un élève et son maître. (Certains enseignants vont jusqu’à demander à leurs élèves de déchirer leurs écritures.) Cependant, parfois les actes mondo (il manque un verbe) comme un guide sur la méthode d’enseignement.
Un exemple d’un mondo non-bouddhiste est le Sokuratesu-pas-mondo, traduction en japonais de la « méthode socratique », par laquelle Socrate a posé ses questions à des élèves afin d’obtenir la vérité innée de faits présumés.
5-Daisetsu Teitaro Suzuki (18 octobre 1870 – 12 juillet 1966), japonais, est un auteur de livres et essais sur le bouddhisme, le zen et le shin qui ont joué un rôle dans la propagation de l’intérêt porté au zen et au shin en Occident. Suzuki a également été un prolifique traducteur du chinois, japonais et de la littérature sanskrite. Suzuki a également enseigné et donné de nombreuses conférences dans les universités occidentales et a été professeur pendant plusieurs années à l’Université Otani, une école bouddhiste japonaise.
6-La province de Harima, aussi appelée Banshū, est une ancienne province du Japon.
7-Né à New York en 1925, Watson s’est spécialisé en études chinoises et japonaises et a obtenu son doctorat à l’Université de Columbia où le prix de la Médaille d’Or de la traduction lui a été offert en 1979. Le Prix de traduction PEN en 1981 pour sa traduction de l’Anthologie de la poésie japonaise, et un prix en 1995 pour la traduction d’une sélection de poèmes de Su Tong-po, font partie des autres prix qu’il a reçus. Watson a consacré beaucoup de son temps à la traduction de textes bouddhistes en anglais.
8-Le zen est une forme de bouddhisme mahāyāna qui met l’accent sur la méditation (dhyāna) silencieuse, ainsi que sur la posture dite de zazen.
9-Le Madhyamaka, c’est à dire « Voie du milieu » ou « médiane ». Cette école vit le jour en Inde au IIe siècle et fait partie de l’une des deux principales écoles spécifiques du bouddhisme mahāyāna. Un tenant de cette doctrine est appelé madhyamaka, tandis que madhyamaka est l’adjectif faisant référence à cette doctrine.
Dès son premier sermon, Bouddha a évoqué ce concept de voie médiane considéré comme un intermédiaire entre la complaisance sensuelle et la mortification.
10-Lao Tseu, qui signifie « Vieux Maître », aurait été un sage chinois et un contemporain de Confucius. Ce dernier l’aurait d’ailleurs reconnu comme étant un maître et un être extraordinaire. Il a été considéré a posteriori comme étant le père fondateur du taoïsme. Nous ne disposons que de très peu d’informations historiques à son sujet, ce qui a même conduit certains chercheurs depuis la fin du XXe siècle à conclure qu’il ne serait qu’un personnage fictif et composite, et non proprement historique.
Le Livre de la Voie et de la Vertu lui étant attribué par la tradition est un texte central du taoïsme. D’autres courants considèrent aussi cet ouvrage comme important. Les sectes taoïstes considèrent Lao Tseu comme un dieu. Il est le plus souvent représenté sous la forme d’un vieillard à la barbe blanche, parfois sur un buffle. Las des dissensions politiques, il décida finalement de quitter son pays. Personne ne sait alors ce qu’il devint, mais selon certains, il ne serait jamais mort ou encore il se réincarnerait sous différentes formes pour transmettre le Dao.
11-(Japonais : zazen) La position du tailleur est l’une des postures de base du yoga, idéale pour les exercices respiratoires. Jambes croisées, les pieds sous les genoux opposés, ischions au sol, la colonne vertébrale et la tête sont droites et alignées. Cette position qui est aussi appelée lotus (ou padmāsana) est utilisée dans la méditation bouddhique… Le public européen l’apprécie comme une « gym » venue d’Asie qui, non seulement favorise l’ouverture des hanches, étire la colonne vertébrale et assouplit les muscles des jambes mais qui surtout, réconcilie le corps et l’esprit, tout en douceur.
12-Satori est un terme du bouddhisme zen faisant référence à l’éveil spirituel et signifie littéralement « compréhension ».
13-Un kōan est une phrase courte ou brève anecdote absurde ou paradoxale utilisée comme objet de méditation ou en vue de provoquer l’éveil par certaines écoles du bouddhisme zen. Le kōan désigne un objet de méditation susceptible de provoquer le Satori, ou permettant le discernement entre l’éveil et l’égarement. Avec la posture assise, les kōan sont actuellement l’un des outils d’enseignement principaux de la tradition Rinzai. Les premiers kōan ont été rédigés dès le IXe siècle ; cependant, la grande majorité des kōan a été compilée aux XIe et XIIe siècles. On en dénombre des centaines, qui sont de véritables témoins de plusieurs siècles de transmission du bouddhisme chan en Chine et du bouddhisme zen au Japon.
14-Linji Yixuán est le fondateur de l’école Rinzai du bouddhisme Chan durant la dynastie Tang en Chine.
15-Avec Sōtō et Ōbaku, l’école Rinzai est l’une des trois écoles du bouddhisme zen japonais.
Rinzai est la branche japonaise de l’école chinoise Linji, fondée par Linji Yixuan sous la dynastie Tang.
16-L’école Sōtō est actuellement l’école zen la plus importante du Japon. Elle comprend près de 15 000 temples, 18 000 prêtres et compte entre 7 et 8 millions d’adhérents. En tant que principale école du bouddhisme zen, elle s’est répandue aux États-Unis et en France, et connaît un certain succès en Occident de manière générale.