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Conséquence de l’extension du champ sémantique du mot “Extrémisme”
L’effet le plus manifeste de cette extension est le comportement des wahhabites à l’égard de leurs opposants qu’ils accusent tous d’Extrémisme, dans des conflits artificiels dont j’indiquerai quelques exemples:
- I. Intoxication et scandale au sujet des Attributs de Dieu.(1)
Les wahhabites accusent d’Extrémisme tous ceux qui s’opposent à leur avis sur les Attributs de Dieu. Des dizaines de livres pour réfuter les avis sunnites et chiites sur ce sujet, ont été publiés par les wahhabites qui ont fait grand bruit dans le monde musulman. Cette discussion au lieu d’être un point d’union entre les musulmans, a été transformée, par les wahhabites, en un sujet de tensions et de convulsions dans la communauté musulmane.
Le savant sunnite, Muhammad Âdil Azîza, s’est évertué à faire comprendre aux wahhabites que les ash’arites et les mâtorides ne faisaient pas partie des sectes extrémistes et qu’Ibn-i Kathîr-i Damishqî, ouléma, respecté des wahhabites, en avait fait partie sans partager pour autant les idées des sectes extrémistes sur les Attributs divins. (2)
La plupart des sunnites et des chiites qui ont interprété les versets coraniques sur les Attributs divins, n’ont trouvé aucune relation entre ces versets et les idées des sectes extrémistes et ont sévèrement critiqué la méthode d’interprétation wahhabite de ces versets.
Mohammad Âdil Azîza dans son livre sur l’avis d’Ibn-i Kathîr-i Damishqî au sujet des versets coraniques concernant les Attributs divins, explique ainsi le but de son livre: “J’ai publié ce livre afin de résoudre les divergences d’opinion et de diminuer l’hostilité entre les musulmans, car de nos jours, beaucoup de grands sunnites à cause de leur interprétation des versets coraniques sur les Attributs divins sont exposés à de nombreuses accusations et calomnies de la part des wahhabites”.
La lecture de ce livre permettra de comprendre qu’il existe une autre manière d’interpréter les versets que celle des wahhabites. Ce petit écrit consiste en quelques passages d’Ibn-i Kathîr-i salafite au sujet des versets coraniques concernant les Attributs divins et empêchera tout musulman honnête d’accuser et de jeter l’anathème sur celui dont les paroles ressembleraient à celles d’Ibn-i Kathîr, célèbre pour sa science, son exactitude et son honnêteté intellectuelle. Le passage d’Ibn-i Kathîr rapporte d’Ibn-i Abbâs, un commentaire du 42ième verset de la sourate “Le calame”:
“le jour où les jambes seront mises à nu, ils seront appelés à se prosterner et ils en seront incapables”. (3)
On se demande pourquoi les wahhabites accusent ainsi d’extrémisme la communauté chiite et sunnite, à cause de leurs interprétations des versets sur les Attributs divins. Cette attitude est apparue au 18ième siècle, avec toutes sortes d’attaques et de critiques aveugles sur les deux écoles du Chiisme et du Sunnisme. On peut comprendre la profondeur de cette tragédie en étudiant les réactions des sunnites et des chiites.
Le savant sunnite contemporain, Muhsin Abd ul-Hamîd, dénonce un véritable drame: “Avec mes collègues, nous assistons aujourd’hui à un mouvement qui s’imagine être chargé de réformer les croyances religieuses et de lutter contre les manifestations du polythéisme dans la communauté musulmane. Un mouvement qui a envahi tous les centres culturels, avec des discussions inutiles au sujet du commentaire des versets sur les Attributs divins…Cette situation pénible fut le premier facteur qui me poussa à réexaminer ces versets”. (4)
L’obscurantisme des wahhabites, depuis la naissance de ce mouvement, a fait beaucoup de victimes même parmi les plus grands savants. Le penseur contemporain, le docteur Muhammad Ayyâshî Kabîsî, en parle ainsi: “Les troubles causés par les wahhabites m’ont obligé à consacrer ma thèse de doctorat à ce sujet et à faire une comparaison systématique de tous les Attributs divins dans le Coran et des différentes interprétations des oulémas anciens et contemporains, à ce sujet. Ces recherches nous ont permis de concevoir des divergences de commentaire des versets, sans en faire une frontière entre la foi et l’impiété, ou entre le Monothéisme et le Polythéisme”. (5)
Quand j’étais wahhabite, je m’imaginais que tous ceux qui avaient une opinion différente de la nôtre sur les Attributs divins, étaient à coup sûr des extrémistes dépravés.
Quand j’étudiais à la faculté d’Ibn-i Sa’ûd en 1988, je critiquais beaucoup les sunnites qui n’acceptaient pas les idées wahhabites, et détestais des savants comme Abdul Fattâh Abû Ghada, Muhammad Ghazzâlî Misrî, Mohammad Alî Sâbûnî, Hassan al-Bannâ et des dizaines d’autres qui avaient une autre opinion que celle des wahhabites sur l’interprétation des versets concernant les Attributs divins. Ce n’est qu’après être sorti du piège du Wahhabisme que je compris les conséquences désastreuses de ce genre d’opinions.
J’ai côtoyé beaucoup de wahhabites et dans mes discussions, je citais, et je les cite encore, les paroles de savants dont les wahhabites reconnaissaient l’exactitude et l’honnêteté intellectuelle. Dans les discussions avec les wahhabites, il est impossible de mentionner le nom et les opinions du grand savant chiite, Cheikh-i Tûsî. Comment pourraient-ils en entendre les idées alors qu’ils ne supportent même pas d’entendre seulement le nom de ce grand savant ?
Il vaut mieux citer premièrement les mêmes opinions de la part d’Ibn-i Kathîr pour qu’ils acceptent d’écouter ensuite celle d’un savant chiite comme Cheikh-i Tûsî. Il est évident que cette méthode est utile quand on s’adresse à des wahhabites qui sont en fait, des gens naïfs piégés et non des gens de mauvaise foi. C’est à eux que je m’adresse car ce sont des gens qui ont besoin de traitement et non de jugement. Il faut les traiter comme un médecin traite ses malades et tout faire pour les sauver de cette maladie.
Ces wahhabites ont reçu une formation qui leur fait penser que chaque avis opposé vient de l’impiété et de l’extrémisme, et ils ne savent pas que ce ne sont là que des chimères issues de leurs esprits malades.
Moi aussi autrefois, je baignais dans ces chimères. Je m’imaginais que nous étions les seuls délivrés et que tous les autres étaient entraînés dans le torrent de l’erreur et de l’extrémisme. Je pensais être un médecin chargé de sauver un malade atteint d’extrémisme et c’est pour guérir que j’avais entrepris d’écrire le livre “al-Silatu Bayn il-Ithnâ Asharîyya Wa Firaq ul-Ghulât“. Avant la parution du livre, j’ai pris soudainement conscience que c’était moi qui étais le véritable malade et que mon malade, le chiisme imâmite était le professeur chargé de me guérir et de combattre ce dangereux virus dont j’étais atteint. La situation avait changé, le médecin avait pris la place du malade.
J’étais comme un médecin atteint d’une tumeur au cerveau qui pensait que tout le monde avait un cancer. C’est alors qu’un spécialiste du cancer se trouvant, par hasard parmi les malades, comprit que le médecin qui s’imaginait que tout le monde était malade, était lui-même gravement atteint. Tout changeait et le médecin a dû être soigné.
Aujourd’hui, je sais que les chiites imâmites ne souffrent aucunement d’extrémisme et qu’au contraire, ce sont les wahhabites qui souffrent d’une maladie plus grave qui est celle d’une confusion intellectuelle qu’ils doivent soigner au plus vite. Je sais que la majorité des wahhabites sont des gens naïfs et malades, et non des malfaiteurs qui ne chercheraient qu’à défendre leurs intérêts. C’est pourquoi pendant mes entretiens avec eux, je les traite comme le ferait un médecin qui veut guérir et j’essaie de les débarrasser de cette maladie funeste. Atteindre ce but n’est possible que par la douceur “
Mohammad ! Si tu avais été sévère et sans cœur, ils t’auraient sûrement abandonné” (6)
On ne peut guérir une déviation mentale par la force et la sévérité. Je ne parle que d’union des musulmans à cette étape et de rapports pacifiques dans des entretiens scientifiques, dans l’entente et la détente, sans soumission à l’avis des autres, sans mutisme ou renonciation à nos idées.
- II. Les wahhabites considèrent certaines croyances comme faisant partie des principes élémentaires de la religion et la frontière entre l’impiété et l’Islam, alors qu’elles ne sont que des points secondaires sur lesquels il est possible de discuter. Les wahhabites ne réussissent pas à faire une distinction entre les principes secondaires et les principes élémentaires. C’est pour cela qu’ils considèrent comme des extrémistes et des exclus de l’islam, ceux qui s’opposent à eux sur n’importe quel point religieux.
Tous les points concernant les croyances religieuses, sont placés au niveau des principes élémentaires de la religion, alors qu’il est évident que tout point concernant les principes de la religion fait partie des croyances religieuses, mais que chaque point concernant les croyances religieuses n’est pas automatiquement à mettre au nombre des principes élémentaires de la religion. Il ne faut confondre ces deux domaines.
Nâsir Qafârî dans son livre “Mas’alat ut-Taqrîb” insiste sur cette distinction et refuse sévèrement tout conflit, quand ces divergences d’opinions ne font pas partie des principes élémentaires pour aucune des deux parties. Il s’agit parfois de questions que les sunnites ne considèrent pas comme faisant partie des principes élémentaires ou des points de jurisprudence (Fiqh) qui n’ont aucun rapport avec les principes élémentaires de la foi.
Muhammad Abd ul-Halîm est un homme respecté par les wahhabites. Il a abordé ce sujet de cette manière: “C’est une nouveauté d’appeler principes fondamentaux, des points concernant les croyances. Les théologiens et certains docteurs de jurisprudence ont divisé les principes religieux en deux parties: les principes de la foi et les règles pratiques. Etant donné que les règles pratiques concernent le Fiqh et qu’elles diffèrent des principes de la foi, on les a aussi parfois appelées “les détails de la religion” par rapport aux ” principes élémentaires de la religion”. Cette dénomination s’est répandue chez les sunnites, sans conserver à l’esprit les raisons de cette nomenclature. On attribue parfois les principes de la religion aux questions concernant les croyances, afin d’exprimer le degré spécial des croyances par rapport aux pratiques (devoirs religieux) mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas dans les principes de croyances religieuses, des détails et des aspects secondaires”. (7)
Il sait que ce point est un extrait des paroles d’Ibn-i Taymîyya et il en cite les termes pour expliquer que l’on ne doit pas confondre les principes de la religion et les principes secondaires de la pratique religieuse.
Dieu sait que j’ai très souvent, essayé d’établir une détente entre les chiites, les sunnites et les wahhabites, mais, je me suis rendu compte au fur et à mesure, que c’était les wahhabites qui envenimaient les discussions.
Il existe peu de livres que je n’ai pas lus minutieusement et j’ai finalement compris que le trouble des wahhabites venait d’une confusion sur deux points: une confusion entre le Chiisme et les sectes extrémistes, et une autre, entre les principes élémentaires de la religion et les principes secondaires de la pratique. Cette confusion est une déviation intellectuelle des plus dangereuses – je le savais pour l’avoir expérimentée personnellement – j’ai donc commencé à en chercher les causes et les thérapies.
Les troubles religieux et les effusions de sang dont nous avons été témoins dans diverses régions du monde musulman (par exemple au Pakistan) sont le résultat de l’idéologie de wahhabites comme Ihsân Ilâhî Zahîr. Cette secte a publié des centaines d’articles, d’interviews et de livres au sujet de la ressemblance entre, le chiisme et d’autres sectes musulmanes (à l’exception du Wahhabisme) et les sectes extrémistes. Ce sont eux qui ont fait les plus grandes confusions et ont mêlé de façon très troublante le Chiisme, la secte des Sabéens et d’autres idéologies extrémistes.
Il est indispensable de sauver ces personnes simples et naïves. Ce livre a pour but d’ouvrir une voie au dialogue entre les chiites et les wahhabites.
Par exemple, quand on veut présenter à un wahhabite le “recours” (l’intercession) au Saint Prophète après sa mort, (8) on doit d’abord lui demander si cette question dépend à son avis, des principes de la religion. S’il ne la considère pas comme un des principes de la religion, une discussion et une recherche opposées à l’avis des wahhabites n’entraîneront pas automatiquement la condamnation d’athéisme et le rejet hors de l’Islam. Par contre, s’il la considère comme un des principes élémentaires de la religion, il faut lui rappeler que les grands savants divisent les principes de croyances en deux parties, les principes élémentaires et les détails, et que tout point concernant la religion ne fait pas nécessairement partie des principes élémentaires, comme l’ont souligné les savants des quatre écoles sunnites. Il est possible ici de citer les avis de certaines personnalités honorables aux yeux des wahhabites, comme Cheikh Hassan al-Bannâ qui dit à ce sujet: “Si l’on invoque Dieu avec le recours à une créature, cela est discutable en tant que point secondaire dans les détails de la prière, mais ne peut être discuté au niveau des principes élémentaires”. (9)
Après avoir pris conscience que les divergences sur cette question concernent des points secondaires et non les principes élémentaires, on dispense ce wahhabite d’accuser d’athéisme ou de polythéisme à tort et à travers, car les divergences sur les principes secondaires ne nécessitent pas le recours à l’anathème.
Le doyen sunnite contemporain, Muhammad Ghazzâlî, n’a également trouvé aucune raison logique justifiant l’accusation des wahhabites au sujet de ce recours. (10)
III. Juger sur un seul hadith les croyances religieuses est une autre erreur dangereuse des wahhabites qui, dans le domaine des principes de la religion, décrètent en fonction d’un seul hadith et accusent d’extrémisme leurs opposants qui ne considèrent pas, comme eux, licite de définir les principes de croyance, en s’appuyant sur une seule riwâyat. C’est ainsi que sont nées des querelles qui ressemblent plus à une dangereuse guerre qu’à une discussion scientifique.
Depuis longtemps cette question a été l’objet d’un débat entre les savants musulmans sans aboutir pour cela à des querelles, à l’anathème ou à une quelconque accusation de polythéisme. Les wahhabites en traitant cette question d’innovation et de polythéisme, ont transformé le dialogue scientifique en un problème trouble et obscur. Citons par exemple, le livre de Hudjdjîyyat ul-Âhâd Fil-Aqîdat-i Wa Shubahât il-Mukhâlifîn, écrit par Cheikh Muhammad bin Abdullâh Wahabî.
Celui qui lit les livres des wahhabites ou participe à leurs réunions, se rend vite compte qu’ils accusent d’extrémisme tous leurs opposants, chiites ou sunnites. Ils qualifient d’extrémiste tout musulman qui s’oppose à eux, dans n’importe quel domaine et étant donné le sens qu’ils donnent à certains mots, la majorité des musulmans tombe automatiquement dans la liste noire des extrémistes égarés!
Les wahhabites ont dénaturé les règles pour définir le sens du mot “Extrémisme” et ont dépassé les frontières que le Coran et la Tradition avaient fixées. Ce sont les wahhabites qui ont donné une signification bizarre à ce mot, faisant de beaucoup d’oulémas chiites et sunnites des extrémistes et des apostats.
De nos jours, les wahhabites considèrent de nombreux avis sur le Coran et les Traditions comme des symboles d’extrémisme et si cette situation continue, nous ne pourrons plus trouver dans le monde, aucune personne dont la modération pourra être confirmée par les règles wahhabites !
Il faut que les wahhabites sachent que le fait de refuser le jugement sur un seul hadith, dans les croyances religieuses, ne vous met pas automatiquement au nombre des extrémistes et ne vous fait pas sortir des limites de l’Islam et de la foi.
Refuser le jugement sur un seul hadith, dans un point concernant les croyances, n’entraîne pas l’impiété. Âyisha et Umar – les deux personnalités chéries des wahhabites- se comportaient ainsi: les sunnites rapportent que Umar a cité un hadith du Prophète que Âyisha a refusé par la suite. (11)
Comment un seul hadith dans lequel il existe une possibilité de faute ou d’oubli de la part du narrateur, peut-il être l’origine d’une accusation d’impiété contre un musulman ? Est-ce qu’il est logique qu’on accuse un musulman d’extrémisme et d’athéisme, sous prétexte qu’il n’accepte pas le jugement des wahhabites sur un hadith ? Ibn-i Taymîyya a dit: “Les Compagnons ont refusé beaucoup de hadiths que les narrateurs de hadiths reconnaissent comme justes”.
Les wahhabites reconnaissent le jugement sur un seul hadith dans le domaine des croyances et c’est pour cette raison qu’ils introduisent dans les principes de la religion, des idées et des pratiques qui sont très éloignées de l’Islam.
C’est une vérité douloureuse, car cela les a conduits à porter toutes sortes d’accusations et à inventer des croyances bizarres et irrationnelles, en s’appuyant sur ces riwâyat isolées. Ils considèrent ensuite, selon une méthode rejetée par la communauté, comme athée, celui qui refuse ces nouvelles croyances.
Or Qâzî Ayyâz dit: “Ibn-i Qâsim et Ibn-i Wahab ont dit que l’histoire des habitants de Médine était plus acceptable, pour nous, que certains hadiths isolés (12)
L’imam des sunnites, Mâlik, a aussi abandonné beaucoup de hadiths isolés qui étaient en contradiction avec l’Histoire des habitants de Médine. Comment les wahhabites peuvent-ils justifier ces citations ?
Cheikh Yûsif al-Qarzâvî a écrit: “Les Hambalites ont des opinions différentes sur cette question, car les hadiths reçus d’Ahmad-i Hanbal diffèrent, mais je suis sûr que la plupart des chercheurs hambalites ne considèrent pas un hadith isolé, comme un critère suffisant de jugement. Abwî Alî, Abd ul-Khattâb, Ibn-i Quddâma et même Ibn-i Taymîyya ont insisté sur ce point”. (13)
Les wahhabites sont-ils informés que leur imam, Ibn-i Taymîyya, a dit que ce qui faisait partie des hadiths isolés rendait difficile l’extraction des principes élémentaires de la religion et les bases de la foi ? (14)
Shâtibî a dit: “La supposition n’est pas acceptable pour les principes de la religion, car il est toujours possible d’imaginer une probabilité contradictoire, cependant cela est licite pour les détails du Fiqh et cette méthode a toujours été utilisée par les religieux, tant qu’il existait des raisons pour la justifier (15)
La communauté sunnite n’a jamais utilisé des Hadiths isolés dans le domaine des croyances religieuses, parce qu’elle n’était pas sûre de leur démonstration. C’est l’avis de beaucoup de savants comme Imam ul-Haramayn, Sa’d, Ghazzâlî, Ibn-i Abd ul-Barr, Ibn-i Athîr, Safîy id-Din-i Baghdâdî, Ibn-i Quddâma, Abd ul-Azîz-i Bukhârî, San’ânî, Ibn-i Abd ush-Shâkir, Shanqîtî et des dizaines d’autres.
Khatîb-i Baghdâdî a écrit: “Un hadith isolé dont il est impossible de prouver l’exactitude ne peut servir dans la définition d’aucun point religieux”
Abû Ishâq-i Shîrâzî a dit: “Un hadith isolé n’apporte aucune connaissance”(16)
Ghazzâlî a dit: “Un hadith isolé ne nous fait rien connaître, alors que la connaissance fait partie des nécessités de la religion. On ne peut confirmer tout ce qu’on entend, car confirmer deux récits contradictoires, aboutirait à l’union absurde des contraires”. (17)
Ibn-i Abd ush-Shakûr a aussi dit: “Les savants musulmans sont unanimes sur le fait qu’un hadith isolé attribué à quelqu’un d’autre que les Infaillibles, est inutile et incertain, même accompagné de témoignages…Si on accepte qu’un hadith isolé puisse mener à la connaissance, et que par exemple, deux personnes justes peuvent rapporter deux hadiths contradictoires, la confirmation de ces deux hadiths contradictoires conduira à l’union absurde de deux contraires”(18)
Abd ul-Qâhir-i Baghdâdî a écrit: “On peut agir selon les hadiths isolés qui ont des documents corrects et qui ne contiennent pas d’illogisme, bien qu’ils ne puissent pas être à l’origine d’une quelconque certitude”. (19)
Biyhaqî a dit: “Nos oulémas n’utilisent pas les Hadiths isolés dans le domaine des Attributs divins, sans en chercher l’origine dans le Coran et le Consensus” (20)
Fakhr-i Râzî a rapporté: “Les théologiens des hadiths isolés n’ont aucunement aidé à la connaissance”.
Et il a dit aussi: “Certains, en s’appuyant sur des hadiths isolés, parlent de l’Essence divine et de Ses Attributs, bien que ces Riwâyat soient très loin de la certitude et n’engendrent aucune conviction”.(21)
Muhammad Ghazzâlî, écrivain égyptien, partage cet avis et déclare: “Il y a un demi-siècle que j’ai terminé mes études à l’université d’Al-Azhar et j’enseigne depuis très longtemps. J’ai trouvé des hadiths sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour donner des jugements religieux jusqu’au moment où une raison plus forte sera découverte. La théorie de la certitude complète sur des hadiths isolés est une erreur, rejetée par la raison et les citations”.
Il ajoute dans un autre écrit(22): “Une riwâyat isolée n’est qu’une probabilité, son champ d’interprétation ne s’applique qu’aux détails de la religion et non aux principes élémentaires. J’insiste sur ce point…Malheureusement, aujourd’hui, certains veulent démontrer leurs croyances en s’appuyant sur des riwâyat isolées et considèrent comme athées tous ceux qui s’opposent à eux. Cela n’est à mon avis, qu’une forme particulière d’extrémisme idéologique”. (23)
Yûsif Qarzâvî a dit à ce sujet: “Les affaires concernant les croyances doivent être fondées sur des certitudes et non sur des suppositions, d’autre part, les riwâyat isolées, même avec des documents justes, ne sont pas suffisantes pour nous mener à la conviction. Seul un hadith transmis par une chaîne multiple et ininterrompue (mutawâtir) est convaincant. Les versets coraniques confirment le premier point quand Dieu blâme les païens en disant:
Ils n’en ont aucune connaissance, ils suivent une simple conjecture. La conjecture ne sert à rien contre la vérité(24).
Les théologiens, eux, certifient le second point. “Cette méthode vis-à-vis des riwâyat isolées, au sujet des croyances religieuses, est très courante”. (25)
Sayyid-i Qutb a dit: “Dans le domaine des croyances, nous ne sommes pas autorisés à utiliser des riwâyat isolées. Nous devons nous référer au Coran et aux hadiths dont la chaîne de transmission est multiple et ininterrompue. L’utilisation d’un hadith concernant la croyance, exige une continuité dans sa chaîne de transmission”. (26)
Mahmûd Shaltût dit aussi: “Tous les oulémas et les savants sont d’accord sur le principe qu’une riwâyat isolée n’est nullement convaincante et qu’elle risque de conduire à de graves erreurs, dans le domaine des croyances. Les chercheurs compétents ont insisté sur ce point indiscutable…Et je pense qu’il s’agit d’un consensus incontestable”. (27)
Il existe des dizaines d’autres citations de grands savants sunnites que l’on pourrait citer, je n’en ai rapporté qu’une partie pour convaincre les wahhabites de ne pas accuser d’impiété et d’athéisme quiconque est en désaccord avec eux.
Voilà donc le premier facteur de l’égarement des wahhabites dans leur connaissance du Chiisme imâmite, qui est une fausse interprétation du mot “extrémisme”.
Le second facteur est leur ignorance du Chiisme duodécimain dont je parlerai en détail dans mon prochain livre intitulé: ” Muwqif ul-Ithnâ Asharîyya Min al-Qulluw-i Wal-Qulât”.
Le troisième facteur est l’ignorance des wahhabites des positions du Chiisme contre les sectes extrémistes dont les lecteurs pourront voir les détails dans ce même livre. Je me contenterai de donner ici, de brèves explications.
Notes:
1- Les attributs divins cités dans le Coran et les Traditions.
2 – Aqîdat ul-imam ul-Hâfiz Ibn-i Kathîr-i Damishqî Fî Âyât us-Sifât.
3 – Aqîdat ul-imam ul-Hâfiz Ibn-i Kathîr-i Damishqî Fî Âyât us-Sifât.
4 – Introduction du livre “Tafsîr-i Âyât us-Sifât”.
5 – Al-Aqîdat ul-Islâmîyya Fil-Qurân Wa Manâhidj ul-Mutikallimîn.
6 – Al-Aqîdat ul-Islâmîyya Fil-Qurân Wa Manâhidj ul-Mutikallimîn.
7 – Ma an Alâ Tarîq id-Da wa p.134-137.
8 – Tawassul.
9 – 5ième principe parmi les vingt principes qu’il a écrits pour l’union des musulmans.
10 – Dastûr il-Wahdat ith-Thiqâfîyya Bayn il-Muslimîn.
11 – Umar a cité : “Le Prophète a dit que le mort souffrait des pleurs de sa famille.”
12 – Tartîb ul-Madârik p.66.
13 – Ash-Shaykh al-Ghazzâlî Kamâ Arafathu Rihlat Nisf Qarn Yûsif al-Gharzâvî p.125.
14 – Minhâdj us-Sunna p.133.
15 – Al-I tisâm vol.1 p.235.
16 – Al-Tabsari p.298.
17 – Al-Mustasfâ vol.1 p.145.
18 – Musallam uth-Thubût Bi-Sharh-i Fawâtih ir-Rahamût vol.2.
19 – Usûl ud-Dîn p.12.
20- Consensus (ici) : concordance des oulémas sur un point, une question de jurisprudence. Al-Asma’ Was-Sifât p.357.
21 – Al-Macâlim p.138 Asâs ut-Taqdîs.
22 – As-Sunnat un-Nabawîyya Bayna Ahl il-Fiqh Wa Ahl il-Hadîth.
23 – Dastûr il-Wahdat ith-Thiqâfîyya Bayn il-Muslimîn p.68.
24 – Sourate l’étoile verset 28.
25 – Ash-Shaykh al-Ghazzâlî Kamâ Arafathu Rihlat Nisf Qarn Yûsif al-Gharzâvî p.123-124.
26 – Fî Zilâl il-Qurân vol.6 p.4008.
27 – Al-Islâm Aqîda Wa Sharîca.