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Commentaire de la sourate Houmazah
(N° 104 : Les Calomniateurs)
Contenu de la Sourate :
Cette Sourate a été révélée à Makka et condamne toutes sortes de scandales et en particulier la médisance (Ghibat). Elle pointe également du doigt ceux qui se donnent du mal à rassembler et entasser leurs biens et qui insultent et se moquent de ceux qui n’en possèdent pas.
Ces personnes égoïstes, qui sont fières à cause de leurs richesses, prennent plaisir à discuter et à suggérer du mal des autres par les paroles mais aussi par des insinuations (sous-entendus), par leur comportement, des mimes etc.
À la fin de la Sourate, on montre quelle sera leur destinée. Avant leurs autres possessions, le feu de l’enfer va commencer par brûler leurs cœurs et leurs esprits, le centre de leur arrogance. Ce feu incessant les accompagnera pour toujours.
Les avantages à étudier la Sourah Houmazah :
Le Saint-Prophète (SAW) a dit: « Celui qui récite cette Sourate sera récompensé de “dix bonnes actions” multiplié par le nombre de ceux qui se sont moqué de Mohammad (que la Paix soit sur lui) et ses compagnons. » (Majma’-al-Bayan, vol. 10, p. 536)
De même, Imam Sadiq (A.S.) précise que celui qui la lit dans ses prières obligatoires sera épargné de la pauvreté ainsi que d’une mort affreuse. (Majma’-al-Bayan, vol. 10, p. 536)
Texte arabe et traduction en français :
بسم الله الرحمن الرحيم
وَيْلٌ لِّكُلِّ هُمَزَةٍ لُّمَزَةٍ (1) الَّذِي جَمَعَ مَالاً وَعَدَّدَهُ (2) يَحْسَبُ أَنَّ مَالَهُ أَخْلَدَهُ (3) كَلَّا لَيُنبَذَنَّ فِي الْحُطَمَةِ (4) وَمَا أَدْرَاكَ مَا الْحُطَمَةُ (5) نَارُ اللَّهِ الْمُوقَدَةُ (6) الَّتِي تَطَّلِعُ عَلَى الْأَفْئِدَةِ (7) إِنَّهَا عَلَيْهِم مُّؤْصَدَةٌ (8) فِي عَمَدٍ مُّمَدَّدَةٍ (9)
- Malheur à tout calomniateur diffamateur,
- qui amasse une fortune et la compte,
- pensant que sa fortune l’immortalisera.
- Mais non ! Il sera certes, jeté dans la Houtamah.
- Et qui te dira ce qu’est la Houtamah ?
- (C’est) Un feu allumé par Allah
- qui monte jusqu’aux cœurs.
- Il se refermera sur eux,
- en colonnes (de flammes) étendues.
Les circonstances de la révélation :
Un groupe de commentateurs disent que les versets de cette Sourate ont été révélés à l’encontre de Walid Ibn Moghaira qui avait l’habitude de médire du Saint-Prophète SAW, qui faisait des remarques sarcastiques sur le Prophète et se moquait de lui.
D’autres pensent qu’ils ont pour cible quelques chefs arabes païens (polythéistes) et les ennemis connus de l’Islam tels que Akhnas-ibn-i-Shariq, Oumayyah bin Khalaf et As-ibn-i-Wa’il.
Mais, même si nous acceptons ces occasions de la révélation, la généralité du sens de ces versets reste inchangé et couvre tous ceux qui ont ces caractéristiques.
Commentaire :
- Malheur à tout calomniateur diffamateur,
Cette sourate commence par les termes les plus forts que l’on puisse utiliser pour exprimer une menace.
Il s’agit de ceux qui attaquent les autres par leurs paroles, leur comportement derrière leurs dos ou devant eux.
Les termes arabes “houmazah” et “loumazah” sont tous les deux sous une “forme d’amplification intense”. Le mot “houmazah” vient de la racine “hamz” qui signifie, à l’origine, “casser, rompre, briser” et, étant donné que les calomniateurs brisent la personnalité des autres, le terme “houmazah” est utilisé pour eux. Le terme “loumazah” vient de “lamz” voulant dire “médire” et “diffamer ”.
Les commentateurs ne sont pas unanimes sur le fait que ces deux termes désignent un même sens. En effet, certains pensent que le terme “houmazah” signifie “celui qui médit” et “loumazah” veut dire “celui qui cherche/trouve des défauts chez l’autre”.
Un autre groupe de commentateurs expliquent que le terme “houmazah” signifie “ceux qui font des insinuations avec leurs mains et leur visage quand ils essaient de chercher les défauts des autres” et “loumazah” désigne ceux qui font cette action avec leurs langues.
En outre, quelques commentateurs pensent que le premier terme se réfère au fait de “chercher des défauts” en présence de la personne concernée alors que le second désigne le fait de dire du mal des autres derrière leurs dos.
Mais finalement, toutes ces interprétations se rejoignent car ces deux termes sont utilisés dans le même sens avec une signification très large qui comprend toutes sortes de « recherche de défauts », diffamation, médisance, sarcasme et moquerie par la langue ou les mimes.
En toutes circonstances, le terme “wayl” (“maudit”) est une forte menace contre ce groupe de gens et, en gros, le Saint-Qouran adopte une attitude dure sur ce genre de personnes (il est important de noter que ce terme n’est pas employé pour d’autres péchés similaires). Par exemple, dans la Sourate Taubah, n° 9, verset 80, après avoir menacé ces hypocrites dont les cœurs sont aveuglés d’une « sévère punition » pour leur raillerie envers les Croyants, il est dit : « Que tu demandes pardon pour eux, ou que tu ne le demandes pas (leur péché est impardonnable) – et si tu demandes pardon pour eux soixante dix fois – Dieu ne leur pardonnera point. »
De même, dans la Sourate Mounafiqoun, n° 63, verset 5, il est dit à propos des hypocrites qui se moquaient du Saint-Prophète SAW : « Et quand on leur dit : “Venez que le Messager de Dieu implore le pardon pour vous”, ils détournent leurs têtes, et tu les vois se détourner tandis qu’ils s’enflent d’orgueil. »
Fondamentalement, du point de vue de l’Islam, l’honneur des gens est considéré comme hautement respectable, donc, leur faire du tort et les insulter constituent un grand péché. Selon un hadith du St-Prophète SAW, « Le plus minable (parmi les gens) est celui qui insulte les autres ». (Bihar-oul-Anwar, vol. 75 p. 142)
Le verset suivant nous explique l’origine de ce comportement hideux . Cela vient de l’arrogance due à la richesse…
- qui amasse une fortune et la compte,
Il aime tellement les biens matériels qu’il est toujours en train de compter ses pièces d’or et prend plaisir à les admirer comme s’ils étaient une idole pour lui et la richesse devient le centre de sa personnalité même. Il va de soi qu’un tel homme égaré se moque toujours des croyants pauvres.
Le terme “addadah” a pour racine “add” qui signifie “dénombrer, calculer”. Certains pensent que la racine est “ouddah” (“provision”) voulant dire ici “se préparer et stocker des biens pour d’éventuels jours difficiles dans l’avenir”.
Quoi qu’il en soit, ce verset fait allusion à ceux qui entassent non pas comme un moyen d’aide mais comme but en soi. Ils ne se fixent aucune limite ou condition dans leur acte d’amasser : peu leur importe que ce soit légal ou non, que ce soit fait de manière honorable/honnête ou non…
Ils n’ont pas besoin des biens pour les utiliser pour leurs besoins essentiels, c’est pour cela qu’ils ne sont jamais satisfaits/rassasiés et plus ils augmentent leur richesse, plus ils en veulent encore.
Il est important de noter que le fait d’épargner ses biens selon une échelle raisonnable et par des moyens légitimes n’est pas blâmable en Islam. Au contraire, le Saint Qouran s’y réfère parfois comme « la Grâce d’Allah » comme dans la Sourate Joumou’ah, n° 62, verset 10 (« …et recherchez la Grâce d’Allah… ») et dans une autre circonstance par le terme “khayr” (Bien) : « On vous a prescrit, quand la mort est proche de l’un de vous et s’il laisse des biens, de faire un testament en règle… » (Sourate Baqarah, n° 2, verset 180).
Lorsque la richesse est accumulée comme but en soi et quand elle est un moyen de fierté, elle nous conduit dans le feu de l’enfer. Acquérir ce genre de richesse, en abondance, n’est habituellement pas possible si on ne commet pas de nombreux péchés. Selon un hadith d’Imam Ali-ibn-Moussa-ar-Rida (A.S.), « Accumuler la richesse nécessite cinq choses : une extrême avarice, un espoir sans fin, une avidité dominante, une rupture des liens familiaux et une préférence pour ce monde plutôt que pour le prochain. (Nour-outh-Thaqalayn, vol. 5, p. 668, Hadith 8)
- pensant que sa fortune l’immortalisera.
Il est intéressant de remarquer que le verbe “akhladah” est conjugué au passé dans le sens qu’il pense que sa richesse l’a rendu immortel – ni la mort, ni la maladie, ni de quelconque incidents ne crée de difficultés pour lui car il pense que l’argent qu’il possède en abondance peut résoudre tous les problèmes.
Les Pharaons d’Égypte possédaient d’abondantes richesses mais, comme le mentionne les versets 25-28 de la Sourate Doukhan (n° 44) : « Que de jardins et de sources ils laissèrent derrière eux, que de champs et de superbes résidences, que de délices au sein desquels ils réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu’un autre peuple en hérita. »
C’est pour cela que dans l’au-delà, quand les rideaux seront levés, et qu’ils se rendront compte de leur erreur passée, ils crieront de douleur en disant : « Ma fortune ne m’a servi à rien. Mon autorité est anéantie et m’a quitté ! » (Sourate Haqqah, n° 69, versets 28-29)
COUCOU
En général, l’Homme n’aime pas la destruction et la mortalité et il tend vers l’immortalité et la perpétualité. L’existence de cette tendance innée nous aide à nous rendre compte, dans les discussions sur la Résurrection, que l’Homme a été créé pour l’éternité, autrement il n’aurait pas l’instinct de l’amour de la perpétualité.
Mais cet homme arrogant et égoïste considère que sa perpétualité est dans des choses qui sont en réalité la cause de sa destruction.
Pour répondre à ce groupe de personnes, le Saint Qouran dit :
- Mais non ! Il sera certes, jeté dans la Houtamah.
- Et qui te dira ce qu’est la Houtamah ?
- (C’est) Un feu allumé par Allah
- qui monte jusqu’aux cœurs.
Le terme “layounbthanna” a pour racine “nabth”. Comme le dit Raqib dans Moufradat, cela signifie “se débarrasser de quelque chose en raison de son insignifiance” (à cause du fait que c’est un petit montant).
Cela veut dire que Allah SWT jettera ces êtres fiers et égoïstes sous la forme de sales créatures indignes à l’intérieur du feu de l’enfer pour qu’ils voient le fruit de leur orgueil.
Le terme “houtamah” est une forme amplifiée qui a pour racine le mot “hatam” qui a pour sens “détruire, casser en morceaux” qui montre que le feu brûlant de l’enfer brise violemment leurs membres même si des récits Islamiques précisent que “houtaman” ne désigne pas tout l’enfer mais simplement une partie extrêmement brûlante de l’enfer. (Nour-outh-Thaqalayn, vol. 3, pp. 17 et 19, hadiths 60 et 64)
L’emploi de l’expression “naroullah” ici souligne l’intensité du feu et le terme “mou’qadah” est une preuve concernant la continuité de ce feu (qui ne va jamais s’éteindre).
C’est un miracle que ce feu, contrairement aux incendies de ce monde qui brûlent d’abord la peau puis pénètrent à l’intérieur pour brûler le tissu intérieur, brûle le cœur, l’intérieur de l’esprit et les os en premier avant d’attaquer les autres parties.
La Justice Divine requiert une punition à l’égard des calomniateurs similaire à leurs comportements. C’est pour cela que ces gens qui blessent les autres dans leur être et leur font mal au cœur en recherchant leurs défauts et en se moquant d’eux seront attaqués dans leurs cœurs en premier lieu.
- Il se refermera sur eux,
Le terme “mou’ssadah” vient de “issad” qui signifie “fermer une porte fermement”, c’est pour cela que les endroits aménagés à l’intérieur des montagnes pour cacher des biens étaient appelés “wassid”.
En fait, de même qu’ils gardaient leurs richesses bien enfermées et en sécurité dans des places secrètes, Allah SWT les soumettra à une punition en enfer et les enfermera de telle sorte qu’ils n’auront aucune issue de secours .
La Sourate se termine par le verset suivant :
- en colonnes (de flammes) étendues.
Le terme “amad” est la forme plurielle de “amoud” qui veut dire “pillier” ou autre support élevé et le mot “moumaddadah” signifie “étendu”, “étiré”.
Un groupe de commentateurs pensent que cette idée fait allusion aux longs clous en fer avec lesquels les portes de l’enfer seront fermées. Ce verset renforce donc le précédent.
Un second groupe fait allusion à une sorte de torture et de punition telle que attacher les pieds d’une personne ou d’un animal avec des chaînes métalliques. Ceci en raison des tortures qu’ils causaient à des gens innocents dans ce monde.
Enfin, un troisième commentaire en référence aux nouvelles explorations précise que les flammes étincelantes du Feu de l’enfer seront sur eux comme de longs piliers étendus en forme de piliers. Ces commentateurs expliquent qu’il est prouvé selon les recherches actuelles que les rayons X diffèrent des autres rayons qui s’étendent en forme conique. En effet, les rayons X se développent sous une forme cylindrique exactement comme un pilier et il est intéressant de noter que ces rayons pénètrent à travers toute l’entité de l’Homme et va même jusqu’au cœur et c’est pour cela qu’ils sont utilisés pour prendre des photographies de l’intérieur du corps.
Explication :
L’orgueil, l’origine des péchés majeurs.
L’arrogance est un grand fléau qui est considéré comme étant la source de nombreux vices : la négligence d’Allah SWT, l’ingratitude envers Ses bénédictions, la luxure, le fait de se moquer des croyants…Lorsque des personnes peu compétentes se trouvent dans une position de prestige, elles s’enveloppent d’orgueil et d’arrogance de sorte qu’elles considèrent les autres comme sans valeur. Ces facultés les éloignent de la société et les gens les désertent également.
Elles vivent donc dans leurs propres imaginations et pensent qu’elles sont quelque peu différentes des autres et se considèrent parmi « les plus proches d’Allah », ce qui les emmène à penser que l’honneur, le caractère et même la vie des autres sont indignes. Elles ne cessent de médire des autres et de chercher leurs défauts dans le but d’augmenter leur propre dignité .
Le Saint-Prophète SAW raconte : « La nuit du Mehraj (Ascension), je vis un groupe de personnes (en enfer) dont on prenait la chaire de leurs flancs et à qui on demandait de la manger. Je demandais à Djibraïl qui ils étaient et il me répondit que c’était des calomniateurs de ma communauté. » (Nour-outh-Thaqalayn.,vol. 5, p. 667, hadith 5)
Le désir d’amasser la richesse
Certains considèrent la richesse comme tellement importante qu’ils pensent que c’est la clé pour résoudre tous les problèmes difficiles. Aussi, il n’est pas étonnant de les voir occupés à accumuler la richesse sans arrêt et sans se fixer de limite ou de condition à cela. Ils ne font aucune distinction entre ce qui est licite et ce qui est illicite.
En contradiction avec ces gens, ils y a ceux qui n’accordent aucune importance ou valeur à la richesse. Ils considèrent la pauvreté comme une grande qualité et pensent que la richesse est une entrave à la piété et à la proximité d’Allah SWT.
Toutefois, entre ces deux idées contradictoires qui se trouvent dans les deux extrémités de l’excès et de l’insuffisance, ce que nous pouvons déduire du Saint-Qour’an et des Hadiths est que la richesse est digne de louange mais sous certaines conditions. En premier lieu, elle doit être un moyen et pas une finalité.
Deuxièmement, la richesse ne devrait pas faire de l’Homme son esclave mais c’est lui qui doit la contrôler et agir en Maître.
Ensuite, la richesse doit être acquise par des moyens légaux et être dépensée de manière à obtenir la satisfaction d’Allah SWT.
L’amour pour ce genre de richesse est une preuve de l’amour pour la vie de l’au-delà. C’est pour cela que nous voyons dans un hadith que lorsque Imam Sadiq (a.s.) condamnait l’or et l’argent, un de ses partisans se demandait ce qu’il voulait dire et l’interrogea à ce propos. Il répondit :
« Il s’agit de l’or par lequel la Foi (religion) disparaît et c’est l’argent qui cause le blasphème. » (Bihar-oul-Anwar, vol. 73, p. 141, hadith 17)
Certaines personnes avares ont l’habitude d’amasser leurs biens jusqu’à la fin de leurs vies et finalement, cette richesse sera laissée aux autres qui en profiteront alors qu’elles devront en donner des comptes sans même avoir profité de leur richesse. Un jour, on demanda à Imam Ali A.S. :
« Quel est l’Homme le plus malheureux? » Il répondit : « Celui qui voit sa richesse dans l’échelle des autres et Allah le met en Enfer à cause de ses biens alors qu’Il met ses héritiers au Paradis (pour avoir dépensé cette richesse dans des œuvres de bienfaisance). » (Bihar-oul-Anwar, vol. 73, p. 142)
Oui, les gens ont une attitude différente vis-à-vis de la richesse. Certains l’adorent telle une idole alors que d’autres l’utilisent comme un moyen de leur salut.
Nous concluons ce sujet par une déclaration expressive de Ibn-Abbas qui a dit : « Quand les premières pièces en or et en argent ont été fabriqués sur terre, Satan les regarda et, après les avoir observé, les prit et les posa sur ses yeux puis sur sa poitrine. Ensuite, il poussa des cris de joie et les mit de nouveau sur sa poitrine, en leur disant : “Vous êtes la lueur de mes yeux et le fruit de mon cœur. Quand les fils d’Adam vous vénèrent, ça m’est égal qu’ils n’adorent pas les idoles ; le fait qu’ils vous adorent me suffit (car vous êtes les plus grandes idoles).” » (Bihar-oul-Anwar, vol. 73, p. 137, hadith 3)
Adapté et traduit de l’anglais par une Kaniz-e-Fatéma
Source : Imam Ali Islamic Research Center (Isfahan, Iran)