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Ahl-ul-Bayt (S) : Les Descendants Elus du Prophète (P)
Selon la lexicographie et le vocabulaire arabes, les Ahl-ul-Bayt (progéniture) d’une personne sont définis comme étant les intimes de sa famille, tels que sa femme, ses fils et filles, le serviteur ou la servante s’occupant des travaux domestiques, et qui dépendent tous de l’homme qui se trouve à la tête de la famille. Parfois, le sens d' »Ahl-ul-Bayt » est tellement vaste qu’il inclut le père et la mère, les sœurs et leurs enfants, les oncles et tantes paternels, les tantes maternelles et leurs enfants. Mais si l’on s’en tient au Saint Coran et aux Traditions rapportées du Prophète (Ç), les Ahl-ul-Bayt du Prophète ne font partie d’aucun des deux sens précités. Car selon des ahâdith (pluriel de hadith) concordants et admis par les rapporteurs de Traditions de tous bords, le terme « Ahl-ul-Bayt », c’est-à-dire la famille immédiate du Prophète (Ç), est un signe très vénérable qui désigne spécifiquement et uniquement le Prophète (Ç), l’Imam ‘Alî (S), la Sainte Fâtimah (S), l’Imam al-Hassan (S) et l’Imam al-Hussayn (S).
Par conséquent, tous ceux qui vivaient avec le Prophète (Ç), ainsi que ses autres proches parents, ne sont pas compris dans la définition d' »Ahl-ul-Bayt », bien que le dictionnaire inclue évidemment de tels membres d’une famille dans la définition de ce mot.
Il faut savoir que même la Dame Khadîjah (S), qui jouit pourtant de la plus haute position de vénération parmi les épouses du Prophète (Ç), n’est pas incluse dans la signification particulière d' »Ahl-ul-Bayt ».
Selon ces mêmes Traditions, les neuf des douze Imams (Suppléants) descendants directs du troisième Imam, al-Hussayn (S), sont sans aucun doute membres des « Ahl-ul-Bayt » (S). Par conséquent, le nombre total des membres infaillibles d’Ahl-ul-Bayt (S) est de quatorze. Chaque fois que l’on mentionne le terme « Ahl-ul-Bayt », il indique ces quatorze Personnages Saints, incluant évidemment le premier d’entre eux, le Prophète (Ç).
Ces treize proches parents et descendants du Prophète (Ç) sont dotés des plus hautes vertus en Islam, et occupent une position unique. Les deux distinctions suivantes, qui leur sont propres, révèlent une grande signification :
Hadith al-Kisâ’
Un jour, alors que le Prophète (Ç) se trouvait dans la maison d’Umm Salma, l’une de ses épouses, et ayant éprouvé que la Grâce et les Bénédictions d’Allah étaient en train de descendre sur lui, il dit : «Amenez-les moi ici ! Amenez-les-moi ici !» Lorsqu’on lui demanda de qui il parlait, il répondit : «Mes Ahl-ul-Bayt, à savoir ‘Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn.» Les intéressés se rassemblèrent donc autour du Prophète (Ç). Alors, il s’enveloppa avec eux dans une même pièce de tissu spécial, et dit : «O mon Seigneur ! Voilà ma progéniture. Ce sont mes Ahl-ul-Bayt. Accorde donc Tes Bénédictions à Muhammad et à ses Descendants Elus.» A ce moment-là, Allah révéla le Verset coranique suivant au Prophète (Ç) :
«O Gens de la Maison [du Prophète] ! Allah veut éloigner de vous toute sorte de souillure, et vous purifier totalement.» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 33)
Umm Salma, qui se trouvait à ce moment-là derrière le rideau, rapporte : «J’étais assise à la porte. Il y avait dans la maison sept personnes, à savoir : le Saint Prophète, Jibrîl (l’Archange Gabriel), Mikhâ’îl (l’Archange Michel), ‘Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn. Je me suis laissée entrevoir et j’ai demandé : « O Saint Prophète ! Suis-je moi aussi parmi tes Ahl-ul-Bayt ? »» Umm Salma poursuit : «Par Allah ! Il n’a pas répondu par l’affirmative, mais il a dit : « Tu es sur la Bonne Voie, mais tu es l’une des épouses du Prophète. »»(1)
Il ressort donc de « Ayat al-Tat-hîr » (le Verset de la Purification, précité) que les Ahl-ul-Bayt (S) sont purs, infaillibles, et immunisés contre tous péchés.
Hadith al-Thaqalayn
Selon « Hadith al-Thaqalayn », déjà mentionné, les Descendants Elus du Prophète resteront toujours inséparablement liés au Saint Coran, et les deux (celui-ci et ceux-là) ne se dissocieront jamais l’un de l’autre. Cela signifie clairement que pour la compréhension du sens du Message du Saint Prophète (Ç) et des objectifs de l’Islam, ils ne peuvent jamais se tromper.
Sur la base de ces deux mérites (« Ayat al-Tat-hîr » et « Hadith al-Thaqalayn ») il devient évident que la conduite des Ahl-ul-Bayt (S) est égale à celle du Prophète (Ç) en ce qui concerne sa valeur d’exemple à suivre.
Par conséquent, la Croyance des Chi’ites est conforme au Saint Coran et au Hadith, en ce qui concerne la suprématie des Ahl-ul-Bayt (S) sur tous les autres, et leur lien inséparable avec le Saint Coran.
Les Mérites des Ahl-ul-Bayt (S)
Les rapporteurs de hadith et les historiens, aussi bien Sunnites que Chi’ites ont cité de nombreuses Traditions rapportées du Prophète (Ç), faisant l’éloge des mérites de l’Imam ‘Alî (S) et des autres membres des Ahl-ul-Bayt (S). Citons-en ici trois :
1- En l’an 9 de l’Hégire, les Chrétiens de la ville de Najrân, accompagnés de leurs dignitaires et de leurs chefs religieux, se rendirent auprès du Prophète de l’Islam (Ç) pour débattre avec lui. Le débat tourna finalement en leur défaveur. Par conséquent, Allah suggéra, à travers la Révélation suivante, la Mubâhalah (l’imprécation pour déterminer qui a tort et qui a raison) :
«Si malgré les Signes et les preuves évidentes dont tu es muni, on te conteste [ta Prophétie], dis-leur : « Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes : nous ferons alors une exécration réciproque en appelant une Malédiction d’Allah sur les menteurs. »» (Sourate Âl ‘Imrân, 3 : 61)
Les Chrétiens de Najrân acceptèrent l’imprécation. Le lendemain, un grand nombre de savants et de délégués de Najrân se rassemblèrent devant la maison du Saint Prophète de l’Islam, et ils attendirent son arrivée pour savoir quelles personnes l’accompagneraient en vue de participer à l’imprécation. Mais le Prophète apparut d’une manière spéciale, tenant l’Imam al-Hussayn dans son giron, et introduisant l’Imam al-Hassan en le serrant par le bras, alors que Fâtimah, sa fille chérie, le suivait immédiatement, suivie elle-même par l’Imam ‘Alî. (2)
Le Prophète demanda alors aux Saints Personnages qui l’accompagnaient de dire « Amîn » lorsqu’il prierait Allah pour l’imprécation.
En voyant ces personnages illuminés des pieds à la tête par la Miséricorde et les Bénédictions d’Allah, les membres de la délégation chrétienne de Najrân furent si effrayés que leur chef leur dit : «Je jure, par Allah, que je vois devant moi de tels visages que s’ils invoquent la Colère d’Allah, toute la communauté chrétienne de Najrân périra.»
Par conséquent, les délégués de Najrân s’approchèrent du Prophète et l’implorèrent de leur épargner l’imprécation. Alors, le Prophète leur dit : «Embrassez alors l’Islam !» Ils répondirent : «Nous sommes disposés à payer la jiziyah [l’impôt que les non-musulmans paient lorsqu’ils vivent sur un territoire musulman], et nous voulons vivre en paix sous la protection de l’Islam.» L’affaire se termina ainsi.
Des remarques concluantes :
Ainsi, en se présentant lui-même, accompagné de l’Imam ‘Alî, de la Dame Fâtimah, de l’Imam al-Hassan et de l’Imam al-Hussayn pour la Mubâhalah (l’imprécation), le Prophète (Ç) a donné le sens clair, exact et incontestable au célèbre Verset coranique (Sourate Âl ‘Imrân, 3 : 61) qui désignait par : « nous-mêmes, nos femmes et nos fils », respectivement : le Prophète et l’Imam ‘Alî, la Dame Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn, et personne d’autre.
En d’autres termes, lorsque le Prophète (Ç) dit « nous-mêmes », il entend : lui-même et l’Imam ‘Alî ; lorsqu’il dit « nos femmes », il entend : Fâtimah, sa fille bien-aimée ; lorsqu’il dit « nos fils », il désigne : l’Imam al-Hassan et l’Imam al-Hussayn.
Il ressort de ce qui précède que tout d’abord, sans aucun doute, en incluant l’Imam ‘Alî dans l’expression « nous-mêmes », il ne fait aucune différence entre lui-même et l’Imam ‘Alî ; ensuite, les Ahl-ul-Bayt, les Descendants Elus du Prophète comprennent à présent seulement quatre personnes, et personne d’autre.
On peut comprendre facilement que les Ahl-ul-Bayt d’une personne sont ceux que le Saint Prophète avait présentés par la formule « nous-mêmes, nos femmes et nos enfants », et que s’il y en avait d’autres qui fassent partie des Ahl-ul-Bayt du Prophète, il les aurait sûrement amenés avec lui pour participer à l’imprécation.
Dans le même contexte, on ne peut qu’accepter l’infaillibilité de ces personnages, dès lors qu’Allah Lui-même atteste qu’ils sont infaillibles dans le Saint Coran :
«O Gens de la Maison [du Prophète] ! Allah veut éloigner de vous toute souillure et vous purifier totalement.» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 33)
2- Les rapporteurs de Hadith, Sunnites et Chi’ites, ont relaté que le Prophète (Ç) avait dit : «Mes Ahl-ul-Bayt sont comme l’Arche de Noé. Quiconque s’y embarque est sauvé, et quiconque omet de le faire sera noyé.» (3)
3- Dans différentes autres Traditions, citées par des sources sûres, aussi bien Sunnites que Chi’ites, le Prophète (Ç) avait proclamé : «Je vous confie deux choses précieuses comme testament : le Livre d’Allah, et mes Ahl-ul-Bayt. Tant que vous vous y accrocherez et que vous y chercherez Guidance et protection, vous ne serez jamais égarés.» (4)
L’Imamat
Les gens qui tiennent la barre des affaires dans un pays établissent un système d’administration fonctionnel dont l’objet principal est de faire fonctionner le gouvernement et de veiller aux intérêts généraux du peuple. Mais ce système ne fonctionne pas tout seul, et il n’est viable que s’il est tenu par des hommes compétents et expérimentés.
D’une façon similaire, le même principe s’applique aux autres systèmes qui se trouvent dans une société, comme les systèmes financier ou éducatif par exemple. Ainsi, aucun système ni aucune sphère d’activité ne peut fonctionner sans le contrôle d’une équipe d’experts divers. Mais ces experts qui contrôlent la situation doivent être tout à la fois honnêtes et vraiment compétents car, autrement, tout le système s’écroulerait comme un château de cartes. Ceci est tellement simple et évident, que tout homme d’intelligence ordinaire peut le comprendre facilement.
C’est pourquoi, il n’y a pas l’ombre d’un doute que dans le système islamique, qu’on pourrait qualifier à bon escient de système viable universellement accepté, le même principe de contrôle doit s’appliquer. Par conséquent, pour faire fonctionner ce système également, il faut qu’il y ait des personnes compétentes et capables d’appliquer les Enseignements et les Principes islamiques, afin que les gens puissent tirer le maximum possible des avantages de ce système.
Dans une société islamique, la responsabilité de la recherche des aspects matériels et spirituels du bien-être et des intérêts des gens s’appelle l' »Imamat », et celui qui a la charge de cette responsabilité s’appelle « Imam », ou Suppléant.
Selon la Croyance du Chi’isme, après la disparition du Prophète (Ç), Allah veut qu’il y ait parmi les gens un Imam, dont la fonction est de préserver et de maintenir la Sainteté des Principes et des Enseignements de l’Islam, ainsi que de guider les gens vers le Droit Chemin.
Quiconque jette un coup d’œil scrutateur sur les principes et des Doctrines sublimes de l’Islam et qui, en même temps, s’efforce d’être honnête avec soi-même, parviendra à la racine de la Vérité, qui impose à l’esprit que l’Imamat est un Principe admis en Islam. A cet égard, Allah nous a conduits vers cette conclusion à travers des Versets coraniques explicites.
La preuve de l’Imamat
Nous avons déjà expliqué, lors de notre discussion sur la Prophétie, que le Seigneur de l’univers -Qui accorde Ses Bénédictions à Ses créatures- veut conduire chaque chose qu’Il a créée vers sa destinée finale, à savoir le faîte de la perfection.
De même qu’un arbre fruitier est en fait destiné à fleurir d’abord, et à produire ensuite des fruits, tout en ayant un cycle de vie totalement différent des autres corps vivants -les oiseaux par exemple- de même ceux-ci parcourent la voie de leur destination finale et essaient d’atteindre leur objectif. De la même façon, chaque corps vivant est conduit à parcourir la voie de sa destination dans le seul but de réaliser ses objectifs.
L’homme, évidemment, est lui aussi une créature d’Allah, et par conséquent, le même principe s’applique également à lui.
Etant donné, comme on l’a déjà vu, que le bonheur et la prospérité de l’homme se réalisent par la volonté de ce dernier, et le choix que lui-même exerce, il est nécessaire que la Guidance Divine lui soit communiquée à travers les prêches des Prophètes, afin de ne lui laisser aucun prétexte de n’avoir pas été guidé par la Lumière du Créateur de l’univers. C’est ce que laisse entendre le Verset coranique suivant :
«Les Messagers ont été envoyés pour annoncer aux gens la Bonne Nouvelle [de la Miséricorde d’Allah] et pour les avertir [de Sa Punition], afin que personne ne puisse faire d’objection à Allah après la venue des Messagers.» (Sourate al-Nisâ’, 4 : 165)
Ce Verset nous suggère que, de même que les Prophètes, par leur infaillibilité, ont préservé la Sainteté de la Religion et guidé les gens vers le Droit Chemin, de même, après leur disparition, Allah nomme à leur place quelqu’un qui, sans avoir le titre de Prophète ni le privilège de recevoir les Révélations Divines, possède des qualités similaires qui le rendent apte à guider les gens vers la Religion et à maintenir viables les Enseignements et les Principes islamiques, tant qu’il existe la moindre possibilité que ceux-ci subissent des déformations ou soient mal interprétés ; autrement, l’Intention même d’Allah ne se réaliserait pas et les gens pourraient plaider leur innocence devant Allah.
Etant donné que l’esprit humain est capable de commettre des erreurs, il n’est pas possible d’exiger des gens d’être sur le Droit Chemin sans le concours des Prophètes d’Allah et, de la même façon, dans la Fraternité islamique (la Ummah), la présence des uléma (Savants religieux) et de leurs enseignements est indispensable pour empêcher les gens d’être éloignés de l’Imam (S).
Comme il a été déjà expliqué, ce qui importe ici le plus, ce n’est pas de savoir si les gens suivent ou non les Commandements religieux, mais que la Religion d’Allah -c’est-à-dire les Enseignements et les Commandements islamiques- parvienne aux gens sous sa forme réelle et originelle, sans aucune déformation, et qu’elle reste à l’abri de l’anéantissement.
Il est indéniable que les uléma, aussi pieux et aussi véridiques qu’ils puissent être, ne sont pas immunisés contre les péchés et les erreurs. Il est donc possible que les Principes et les Commandements religieux subissent des altérations ou soient détruits entre les mains mêmes des uléma, intentionnellement ou non.
La preuve en est la naissance de différentes écoles juridiques ou sectes musulmanes au sein de l’Islam.
Il en résulte que la présence de l’Imam (S) parmi les gens devient un besoin impérieux, parce que la Religion d’Allah, avec tous ses Enseignements et Commandements, doit rester intacte dans ses mains, et quand les gens deviennent suffisamment sages pour bénéficier de l’Imam, ils peuvent demander sa Guidance impeccable.
Le Prophète (Ç) et sa Suppléance
Allah fait les louanges de Son Messager, le Prophète Muhammad (Ç), dans les termes suivants :
«[O Gens !] Un Prophète pris parmi vous vous a été envoyé. Il est affligé quand vous souffrez. Il est très concerné par votre bien-être. Il est compatissant et miséricordieux envers les Croyants.» (Sourate al-Tawbah, 9 : 128)
Or, il est inconcevable que le Prophète (Ç) qui, selon le Coran, était si bon et si soucieux envers de ses adeptes, laisse ceux-ci sans orientation et néglige de les informer de l’un des Commandements Divins qui était, sans conteste, pour l’ensemble de la Communauté musulmane, de première importance, à savoir la question de sa Succession et du sort de la Religion après sa disparition. Aucun bon sens ne peut concevoir un instant une telle éventualité ou une telle négligence de la part du Prophète d’Allah.
Le Prophète (Ç) savait mieux que quiconque que l’institution de l’Islam n’était pas un système destiné à durer une dizaine ou une vingtaine d’années seulement -auquel cas il pourrait en assurer le contrôle et la direction tout seul-, mais que c’était un processus éternel visant à guider l’humanité vers la prospérité jusqu’à la fin du monde. C’est pourquoi, après avoir prédit des événements qui auraient lieu des milliers d’années après sa disparition, il donna des instructions et décréta des Commandements pour sauvegarder la Religion et préserver son intégrité et son bon fonctionnement quand il ne serait plus là.
Le Prophète (Ç) savait aussi très bien qu’étant donné que la Religion était un système social et que, puisqu’aucun système ne peut fonctionner même l’espace d’un moment sans un contrôle approprié, l’Expérience islamique avait besoin d’un Dirigeant capable de sauvegarder ses Enseignements, de faire appliquer et respecter ses Commandements, et de guider l’humanité vers la paix, la prospérité et le Salut, dans ce monde et dans l’Autre, en maintenant en état le fonctionnement les rouages de la société.
Dès lors, comment eût-il été possible que le Prophète (Ç) oublie les événements qui auraient lieu après sa disparition, et qu’il néglige de jeter la lumière sur la solution pertinente à une telle situation à venir ?
Ce qui prouve qu’une telle négligence n’était pas possible de la part du Prophète (Ç), c’est le fait que chaque fois qu’il quittait Médine, soit pour diriger une bataille, soit pour accomplir le Hajj, il désignait un représentant pour veiller aux affaires de l’Etat, et chaque fois qu’une ville tombait aux mains des Musulmans, il nommait un gouverneur pour en diriger l’administration. De même, chaque fois qu’une armée était dépêchée vers un champ de bataille, il nommait son commandant. Mieux, parfois il allait encore plus loin en désignant plusieurs commandants pour se succéder au cas où le commandant tomberait en Martyr au cours du combat.
Lorsqu’on tient compte de ce souci permanent du Prophète (Ç), de ne laisser rien au hasard et de désigner toujours un dirigeant pour toute institution, comment peut-on concevoir un instant qu’il ait pu quitter ce monde sans penser à nommer quelqu’un pour lui succéder à la tête du jeune Etat islamique ?
En bref, quiconque examine sérieusement les idéaux et les objectifs de l’Islam, et les qualités infaillibles de son fondateur, le Prophète (Ç), conclura sans aucune hésitation que l’Imamat (Direction) ou la Walâyah (Suppléance) était l’un des Principes inséparables de l’Expérience islamique.
Le Prophète (Ç) nomme son Successeur
En ce qui concerne la question de savoir qui devrait lui succéder après sa disparition, le Prophète (Ç) ne se contenta pas de désigner verbalement son Successeur, mais il prit soin, dès le premier jour de sa Prophétie, de trancher cette question une fois pour toutes en même temps qu’il prêchait le monothéisme ou le rôle du Prophète en Islam, en déclarant que l’Imam ‘Alî (S) était le gardien et le maître pour toutes les affaires temporelles et spirituelles des Musulmans.
Selon une Tradition citée par des sources sûres aussi bien Sunnites que Chi’ites, le jour où le Prophète (Ç) reçut l’Ordre d’Allah de proclamer publiquement sa Mission, il invita ses proches parents à une réunion au cours de laquelle il déclara le Commandeur des Croyants, l’Imam ‘Alî (S), comme étant son vizir (ministre), le Gardien et le Successeur après lui.
Mieux encore, vers la fin de sa vie, un jour il prit la main de l’Imam ‘Alî (S) et la leva au-dessus de ses épaules, devant une foule de cent vingt mille personnes réunies à Ghadîr Khum, et il s’écria : «Pour quiconque je suis le Gardien et le Maître, ‘Alî aussi est son Gardien et son Maître.» (5)
En outre, le Prophète (Ç) avait également mentionné les Imams comme des Dirigeants spirituels qui devraient succéder à l’Imam ‘Alî (S). Il ne s’était pas contenté de mentionner leur nombre -douze- mais il avait également prononcé leurs noms et décrit aussi leurs attributs.
Dans une Tradition bien connue, citée par des traditionnistes(6) aussi bien Sunnites que Chi’ites, le Prophète (Ç) dit : «Il y a seulement douze Imams, qui sont tous issus des Qoraych.»
Selon une autre Tradition célèbre, le Prophète (Ç), s’adressant à Jâbir ibn ‘Abdullâh al-Ançârî, dit : «Il y a douze Imams.» Et il se mit à les nommer un par un avant d’ajouter : «Tu vivras jusqu’à l’époque du cinquième Imam [Muhammad al-Bâqer]. Transmets-lui mes respects et mes bénédictions.»
En plus, le Prophète (Ç) avait désigné spécialement le Commandeur des Croyants, l’Imam ‘Alî (S), comme son Successeur immédiat. Dans la même Tradition, l’Imam ‘Alî (S) nomma lui aussi ses Successeurs, et chacun de ceux-ci nommera les Imams lui succédant.
L’Infaillibilité de l’Imam (S)
Des détails précédents, il ressort clairement que, comme les Prophètes, un Imam est lui aussi infaillible, c’est-à-dire qu’il est à l’abri de toute possibilité de commettre une erreur ou un péché, autrement la Guidance Divine aurait risqué de devenir si défective qu’elle n’aurait plus sa raison d’être.
Les Qualités morales de l’Imam (S)
L’Imam doit posséder de hautes qualités morales, telles que le courage, la conduite chevaleresque, la piété, la générosité, la justice, la loyauté, car celui qui est immunisé contre le péché doit traduire dans sa conduite tous les Principes et Enseignements religieux, lesquels professent les qualités morales et visent à les inculquer aux gens. Dès lors, il est logique que l’Imam possède pleinement de telles qualités, étant donné qu’il occupe une position supérieure à celle du reste des gens ; autrement, il serait ridicule qu’un homme guide un autre homme supérieur à lui, et en même temps ce serait contraire à la Justice Divine.
La Connaissance de l’Imam (S)
L’Imam étant le Chef de la Religion, et le Dirigeant de l’ensemble de l’humanité, il est nécessaire qu’il possède une connaissance de tous les problèmes humains qui ont un impact important sur la vie de l’homme, dans la vie d’ici-bas et dans l’Au-delà. En d’autres termes, il doit connaître toutes les questions qui ont trait directement au bonheur et à la prospérité de l’homme. En outre, on ne saurait attendre d’un homme ignorant qu’il assume le rôle de Dirigeant et de Guide de ceux qui sont sages et instruits. Du point de vue de la Guidance Divine, une telle possibilité ne pourrait jamais être tolérée.
Les Quatorze Infaillibles (S)
Le Saint Prophète Muhammad (Ç), sa fille Fâtimah (S), et les Douze Saints Imams (S) sont les Quatorze Infaillibles. Parmi ces quatorze Personnages Saints, les cinq premiers, c’est-à-dire le Saint Prophète (Ç), l’Imam ‘Alî (S), la Dame Fâtimah (S), l’Imam al-Hassan (S) et l’Imam al-Hussayn (S) sont les « Açhâb al-Kisâ' » (les Gens du Manteau). Ce nom leur a été donné parce qu’un jour le Prophète (Ç) les avait rassemblés sous un manteau, et avait prié pour eux, à la suite de quoi Allah lui avait révélé le Verset suivant :
«O Gens de la Maison [du Prophète] ! Allah veut éloigner de vous toute souillure et vous purifier totalement.» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 33)
Les Saints Imams (S)
Les Imams (S), qui sont les Successeurs du Prophète (Ç) et les Dirigeants spirituels de l’humanité dans ce monde, sont les douze Imams (S) dont le nombre avait été textuellement fixé par le Messager d’Allah dans nombre de hadith (Traditions) authentiques unanimement admis par les Musulmans. Leurs noms, dans l’ordre, sont les suivants :
1 – L’Imam ‘Alî ibn Abî Tâlib, al-Murtadhâ (S)
2 – L’Imam al-Hassan ibn ‘Alî, al-Mujtabâ (S)
3 – L’Imam al-Hussayn ibn ‘Alî, al-Chahîd (S)
4 – L’Imam ‘Alî ibn al-Hussayn, al-Sajjâd (S)
5 – L’Imam Muhammad ibn ‘Alî, al-Bâqer (S)
6 – L’Imam Ja’far ibn Muhammad, al-Çâdiq (S)
7 – L’Imam Mûsâ ibn Ja’far, al-Kâdhim (S)
8 – L’Imam ‘Alî ibn Mûsâ, al-Redhâ (S)
9 – L’Imam Muhammad ibn ‘Alî, al-Taqî (S)
10 – L’Imam ‘Alî ibn Muhammad, al-Naqî (S)
11 – L’Imam al-Hassan ibn ‘Alî, al-‘Askarî (S)
12 – L’Imam Muhammad ibn al-Hassan, al-Mahdî (S)
Les Mérites des Saints Imams (S)
Les Ahl-ul-Bayt (S) sont les douze Descendants Elus du Prophète (Ç), constituant les modèles exacts des Enseignements et de la Guidance du Messager d’Allah, et leurs mérites sont les mêmes que ceux du Prophète (Ç).
Pendant une période de deux cent cinquante ans, c’est-à-dire depuis l’an 11 de l’Hégire -année du décès du Prophète (Ç)- jusqu’à l’an 260 de l’Hégire -année de l’Occultation du dernier Imam, al-Mahdî (S)- les Imams (S) durent affronter des conditions diverses et garder le contact avec les gens. Mais leur seul objectif restait toujours de veiller, conformément aux Commandements du Prophète (Ç), à la sauvegarde des Principes fondamentaux de l’Islam, et d’empêcher les gens de se livrer à des innovations et des déformations de ces Principes, afin de garder pure et intacte l’idéologie de l’Islam. Autant que faire se pouvait, les Saints Imams n’abandonnaient pas leur position à cet égard.
La période de vingt-trois ans de la Mission Prophétique se divise en trois phases. Pendant les trois premières années de cette Mission, le Saint Prophète (Ç) prêcha la Religion en privé. Par la suite, et pendant dix ans, il appela les gens ouvertement et publiquement à l’Islam. Durant cette phase, il dut subir, avec ses disciples dévoués, un traitement extrêmement sévère et cruel que les infidèles leur infligèrent. Dans de telles conditions, le Prophète (Ç) ne put opérer une réforme très profonde et très large de la société humaine. Pendant la troisième et dernière phase, qui dura dix ans, et qui commença après son Emigration à Médine, le Prophète (Ç) entra dans un environnement propice à la propagation de la Vérité. Au cours de cette phase, l’Islam fit de grands pas vers le progrès et, peu à peu, de nouvelles perspectives de Connaissance, de Sagesse et de Perfection s’ouvrirent aux gens.
Ainsi, bien que dans chacune de ces trois phases, les moyens et la façon d’agir du Prophète (Ç) aient été différents, ses efforts visaient invariablement à projeter et à soutenir la Vérité.
En ce qui concerne les Imams, leur période et leurs conditions de travail furent similaires à celles dans lesquelles avait travaillé le Prophète (Ç) avant son Emigration.
Parfois, les Imams se trouvaient dans un environnement similaire à celui qui avait prévalu pendant les trois premières années de la Mission, au cours desquelles le Prophète (Ç) ne pouvait propager la Vérité publiquement. Les Imams étaient contraints d’accomplir leurs devoirs et de remplir leurs fonctions avec beaucoup de précautions. Par exemple, pendant la période de l’Imam al-Sajjâd (S), de même que vers la fin de l’époque de l’Imam Ja’far al-Çâdiq (S), les conditions ressemblaient à celles de la Mission avant l’Emigration.
De même que, au début de sa Mission, le Prophète (Ç) n’avait pas pu progresser rapidement dans son action, en raison de l’oppression des idolâtres, de même les Imams ne purent dispenser suffisamment la Connaissance religieuse, en raison de la répression et de l’hostilité des autorités à leur égard.
Toutefois, la seule période où les conditions de l’action des Imams furent positives et comparables à celles qui avaient prévalu pendant les dix années de la Mission qui suivirent l’Emigration du Saint Prophète, furent les cinq années du Califat de l’Imam ‘Alî, une courte période de la vie de la fille bien-aimée du Prophète, Fâtimah al-Zahrâ’, et de l’Imam al-Hassan, et quelques jours de la vie de l’Imam al-Hussayn.
En bref, à l’exception de cette courte période, l’époque des Imams (S) fut tellement dure et défavorable que ceux-ci ne pouvaient prononcer un mot contre les gouvernants. Par conséquent, ils furent contraints d’adopter une politique de contrainte et de Taqiyyah (dissimulation de contrainte) aussi bien dans leurs paroles que dans leur conduite, afin de ne laisser à la clique au pouvoir aucun prétexte pour les soumettre à l’oppression et les faire disparaître de la scène. Malgré cette politique de réserve, les ennemis cherchaient le moindre prétexte pour les éliminer totalement.
Les Saints Imams et les gouvernants despotiques
Après la disparition du Prophète (Ç), les différents régimes qui se succédèrent au pouvoir, et qui se prétendaient tous islamiques, avaient une haine profonde et inextinguible à l’égard des Ahl-ul-Bayt (S).
Pourtant le Prophète, comme nous l’avons vu, n’avait manqué aucune occasion de souligner les mérites élevés et les qualités des Ahl-ul-Bayt (S), et notamment leur Sagesse et leur infaillibilité concernant la compréhension de la signification des Versets coraniques et la connaissance du licite et de l’illicite en Islam, et c’est là la raison pour laquelle il était devenu obligatoire pour tout Croyant de les tenir au plus haut degré de l’estime. Mais par une ironie du sort, ce furent les gouvernants, ceux-là mêmes qui étaient censés faire appliquer les Commandements de l’Islam, qui faillirent à leur devoir religieux envers les Ahl-ul-Bayt.
Il est établi que le Prophète (Ç) déclara l’Imam ‘Alî (S) comme étant son Successeur, aussi bien dès le premier jour de son Appel public à l’Islam, lorsqu’il invita ses proches parents, que pendant les derniers jours de sa vie, à Ghadîr Khum et ailleurs. Mais, après sa disparition, certaines personnalités influentes choisirent, au mépris du Testament et de la volonté clairement exprimée du Prophète (Ç), un autre homme pour lui succéder, privant ainsi les Ahl-ul-Bayt (S) de leur droit légitime à présider aux destinées de la Ummah. C’est cette usurpation du droit légitime des Ahl-ul-Bayt (S) à succéder au Prophète (Ç), qui conduira les différentes dynasties qui accéderont au pouvoir à considérer les Successeurs légitimes du Prophète (Ç), les Ahl-ul-Bayt (S), comme des adversaires dangereux qu’il leur faudra éliminer absolument, par tous les moyens.
La différence fondamentale entre les Ahl-ul-Bayt (S) et les régimes qui usurpèrent le pouvoir, résidait en ceci que les premiers estimaient qu’il était indispensable pour l’Etat islamique de fonctionner selon les Lois et Règles Divines, et de prendre en outre les mesures nécessaires pour protéger ces Lois et Règles contre toute innovation déformatrice ou altération, alors que les régimes qui s’emparèrent du pouvoir après la disparition du Prophète (Ç) montrèrent, par leurs agissements, qu’ils ne se souciaient nullement de l’application des Lois islamiques, et ils n’hésitèrent pas à passer outre aux Enseignements du Prophète (Ç) et à considérer comme le dernier de leurs soucis la Règle islamique qui commande à tout Musulman de suivre l’exemple du Prophète (Ç). Pourtant, en divers endroits et à plusieurs reprises, le Saint Coran interdit au Prophète (Ç) et à ses disciples de se livrer à toute innovation ou altération des Commandements Divins. En outre, Allah a mis les gens en garde contre toute opposition, si minime soit-elle, aux Commandements religieux.
Le Prophète (Ç) lui-même, pour bien marquer le caractère inaltérable des Lois Divines, prit soin de les appliquer telles quelles, partout et à tout le monde, sans distinction.
Selon les Révélations Divines, la stricte observance des Lois et Principes Divins a été rendue obligatoire pour tout le monde, sans exception, y compris pour le Prophète (Ç) lui-même ; par conséquent, la Charî’ah, ou Code religieux de la conduite et des Croyances, est devenue applicable à tout un chacun, à toute époque et en tout lieu. C’est en raison de ce Principe de justice et d’égalité que toute espèce de discrimination fut complètement bannie dans l’Etat islamique à l’époque du Prophète (Ç).
Bien qu’il fût, par la Volonté d’Allah, un Dirigeant et un Gouvernant absolu, le Saint Prophète (Ç) lui-même ne s’était permis aucun privilège dans sa vie privée ou publique. Il n’acceptait aucune pompe ni aucune ostentation. Dirigeant, il l’était effectivement, mais cependant il refusait tout protocole et tout apparat. Malgré sa très haute position, il ne se donnait jamais des airs. Les étrangers qui venaient le voir ne pouvaient pas le distinguer des personnes qui l’entouraient.
A l’époque du Prophète (Ç), on ne voyait aucune distinction entre les différentes classes sociales. Homme ou femme, privilégié ou défavorisé, riche ou pauvre, fort ou faible, citadin ou villageois, captif ou maître, noir ou blanc, l’être humain était toujours le même et avait droit à un traitement identique. Chacun se sentait responsable de se conformer à ses obligations religieuses. Toute personne savait qu’elle n’avait pas à baisser la tête, en signe de soumission, devant ceux qui détenaient le pouvoir et la force, ni à se soumettre aux persécutions des tyrans.
Si l’on réfléchit profondément, on s’aperçoit clairement (notamment en regardant ce qui s’est passé après la disparition du Messager) que le seul objectif que le Prophète (Ç) poursuivait, et voulait mettre en évidence par sa noble conduite, était l’application juste et équitable des Commandements Divins.
Malheureusement, et c’est là sans doute la raison de la détérioration de la condition de la Ummah, les gouvernants qui s’emparèrent du pouvoir après lui n’ont pas adopté la conduite qu’il avait prescrite. Bien au contraire, ils se livrèrent à des actions tout à fait différentes qui aboutirent aux conséquences désastreuses suivantes :
1) En un court laps de temps, des différends et des dissensions sérieux surgirent, qui divisèrent la Ummah en deux groupes : les plus forts et les plus faibles. La vie, les biens, l’honneur et la dignité de la catégorie des dépossédés se trouvèrent à la merci des despotes.
2) Peu à peu l’Etat islamique prit des libertés avec les Injonctions de l’Islam. Tantôt au nom du bien-être de la société, tantôt sous prétexte de la sécurité de l’Etat ou de la stabilité du gouvernement, les gouvernants usèrent de manœuvres dilatoires pour ne pas appliquer les Lois islamiques. Cet état de choses se poursuivit en s’amplifiant. Le prétendu Etat islamique refusait toujours de prendre la responsabilité de rétablir le système islamique. Dès lors, il est évident que le résultat ne pouvait être que le chaos et la confusion, l’Etat lui-même omettant de respecter les Lois qui régissaient le système qu’il était censé contrôler.
En un mot, les régimes contemporains des Imams d’Ahl-ul-Bayt (S) -lesquels étaient écartés du pouvoir- plièrent les Enseignements islamiques au gré des circonstances et des intérêts du moment, ce qui fit que leur conduite devint totalement différente de celle du Prophète (Ç), alors que les Ahl-ul-Bayt (S) adoptaient et professaient une conduite identique et conforme à la Loi coranique et aux Traditions du Prophète (Ç) en toutes circonstances. Compte tenu de cette contradiction et de cette incompatibilité entre les régimes despotiques de l’époque et les Ahl-ul-Bayt (S), les premiers (les gouvernants) prirent toutes les mesures oppressives possibles pour mettre les seconds hors d’état de s’opposer à leurs agissements contraires aux Enseignements islamiques, et ils s’efforcèrent même de mettre fin à leur vie.
Malgré toutes les épreuves qu’ils subissaient, les Ahl-ul-Bayt (S) restèrent inébranlables, prêtant peu d’attention aux dangers qu’ils couraient, et ils consacrèrent toute leur vie au seul objectif qui constituait leur raison d’être, à savoir s’acquitter de leur devoir d’appeler les gens aux Principes et Commandements islamiques et guider les gens pieux et vertueux.
Pour comprendre l’impact et l’importance de l’action des Ahl-ul-Bayt (S), en dépit des conditions défavorables dans lesquelles ils travaillaient, il est nécessaire de se référer à l’Histoire et de prendre en considération la force numérique des Musulmans Chi’ites pendant les cinq années du Califat du Commandeur des Croyants, l’Imam ‘Alî (S). Or il ne fait pas de doute que cette force et ce grand nombre (de Chi’ites) s’étaient constitués pendant les vingt-cinq années au cours desquelles l’Imam ‘Alî avait été écarté du pouvoir, avant son accession au Califat.
De même, une large majorité des Chi’ites qui se rassembla autour de l’Imam Muhammad al-Bâqer (le cinquième Imam) (S) avait reçu, discrètement et tranquillement, l’éducation et la Guidance de son honorable père, l’Imam al-Sajjâd (le quatrième Imam) (S).
De la même manière, les centaines et les milliers de personnes qui se dévouaient pour l’Imam al-Redhâ (le huitième Imam) (S) et pour les Ahl-ul-Bayt (S), avaient été, en fait, éclairés par les Enseignements de l’Imam Mûsâ al-Kadhîm (le septième Imam) (S) qui, depuis les ténèbres du cachot où il passait sa vie, avait répandu la Lumière de l’Islam.
On peut dire en conclusion, et d’après ces faits, que les Enseignements et la Guidance des Ahl-ul-Bayt (S) séduisirent tellement les cœurs des gens que les Musulmans Chi’ites, qui étaient en nombre insignifiant à l’époque de la disparition du Prophète (Ç), devinrent presque innombrables pendant les derniers jours des Ahl-ul-Bayt.
Comme il a été noté plus haut, les Ahl-ul-Bayt passaient leur vie dans des conditions difficiles et sévères, subissant toutes sortes de persécutions que leur infligeaient les gouvernants despotiques. Cependant, ils ne renoncèrent jamais à leur tâche consistant à enseigner aux gens et à les guider, en recourant à la Taqiyyah (dissimulation de contrainte). Seuls quatre, parmi les douze Imams, purent dispenser librement leurs Enseignements sans le recours à la Taqiyyah, bien que ce fût pendant une courte période.
Notes:
1-Selon une autre version de ce hadith, lorsque Umm Salma avait demandé au Saint Prophète si elle faisait partie des Ahl-ul-Bayt, celui-ci répondit : «Tu es sur la Bonne Voie, mais seuls ceux-ci sont mes Ahl-ul-Bayt».
De là, il est clair que le Saint Prophète a distingué ses Ahl-ul-Bayt de tous ses disciples dévoués et pieux, et il a expliqué par la parole et par sa conduite la signification du Verset précité (Ayat al-Tat-hîr) le Verset de la Purification de la Sourate « al-Ahzâb », 33 : 33. Le Saint Prophète a dit alors que ses Ahl-ul-Bayt avaient la particularité d’être des personnages pieux totalement purifiés et infaillibles.
Dans le même contexte, et pour qu’il n’y ait pas de doute sur l’identité des Ahl-ul-Bayt, le Saint Prophète a déclaré devant les Musulmans présents à la Mosquée, en désignant la maison de l’Imam ‘Alî et de Fâtimah, à laquelle il avait l’habitude de rendre visite après chaque Prière en assemblée : «O Ahl-ul-Bayt [du Prophète] ! Qu’Allah vous accorde Sa Miséricorde et Ses Bénédictions !»
Certains compagnons du Saint Prophète ont corroboré cette en ajoutant qu’il a répété cette action (rendre visite à la maison de l’Imam ‘Alî et de Fâtimah après chaque Prière en assemblée en les désignant comme ses Ahl-ul-Bayt, et en faisant la même invocation d’Allah [précitée] en leur faveur) pendant six mois sans discontinuer (pendant sept mois selon d’autres, huit ou neuf mois selon d’autres encore). En tout cas, cette variation relative à la période exacte pendant laquelle cette action a duré s’explique par le fait que les témoins ne l’ont enregistrée que de mémoire.
En fait, il est évident que si le Saint Prophète a continué pendant des mois à se rendre chaque jour auprès de la maison de l’Imam ‘Alî et de la Dame Fâtimah en les désignant devant les autres comme étant les Ahl-ul-Bayt, c’était pour rappeler à toute la Ummah musulmane qui étaient les Ahl-ul-Bayt- à propos desquels le Verset de la Purification avait été révélé par Allah, et quelle était la vraie signification de ce Verset. En outre, si le Saint Prophète a agi ainsi, c’était pour s’acquitter de son obligation de se conformer au Verset coranique suivant : «Nous t’avons révélé le Coran afin que tu communiques aux gens, dans des termes clairs, tous Commandements que Nous t’envoyons, et cela pour que les gens puissent réfléchir.» (Sourate al-Nahl, 16 : 44)
Le Verset de la Purification devint d’une telle notoriété publique que les gens le citaient invariablement pour appuyer leurs points de vue. L’un de ceux qui s’y référait souvent était l’Imam al-Hussayn (S), qui fait lui-même partie des Ahl-ul-Bayt. En effet, un jour, après la mort de son illustre père, le Commandeur des Croyants l’Imam ‘Alî (S), il dit, dans un sermon : «Je suis l’un des membres des Ahl-ul-Bayt du Prophète, ceux-là mêmes qu’Allah a dépouillés de toute souillure et qui ont été purifiés totalement.»
De la même façon, Umm Salma cita le Verset de la Purification à après son Martyre.
Lorsque Mu’âwiyah demandera un jour à Sa’d ibn Abî-l-Waqqâç d’injurier l’Imam ‘Alî, son interlocuteur lui rappellera la position élevée de l’Imam ‘Alî, évoquée dans le Verset de la Purification.
De même, lorsqu’un groupe d’hypocrites dénigreront un jour l’Imâm ‘Alî (S) devant ibn ‘Abbâs, celui-ci citera, lui aussi, le Verset de la Purification pour les contredire, et il leur dira de ne pas oublier que ce Verset constitue l’une des dix preuves des mérites inégalables de l’Imam ‘Alî (S).
Lorsqu’Umm Salma apprendra la nouvelle du Martyre de l’Imam al-Hussayn en Iraq, et la pratique consistant à injurier l’Imam ‘Alî, elle relatera l’histoire du Verset de la Purification et les circonstances de sa Révélation au Prophète, et elle rappellera aux gens la signification de ce Verset.
L’Imam al-Sajjâd, fils de l’Imam al-Hussayn, citera ce Verset devant un Syrien qui chantait les louanges de Yazid le Maudit, et qui insultait les Ahl-ul-Bayt.
Voir à cet égard :
Çahîh Muslim, vol. VII, p. 135
Çahîh al-Tirmithî, vol. XII, p. 85
Musnad Tayyalsî, vol. VIII, p. 274
Majma’ al-Zawâ’id, vol. XI, p. 169
Mustadrak ‘ala-l-Çahîhayn, vol. III, p. 72
Sunan al-Bayhaqî, vol. II, p. 149
Musnad Ahmad ibn Hanbal, vol. VI, p. 298
Much-kil al-Athâr, vol. III, p. 147
Tafsîr al-Tabarî, vol. XXII, p. 6
Tafsîr ibn Kathîr, vol. III, p. 485
Tafsîr al-Durr al-Manthûr, vol. V, p. 198
Khaçâ’iç al-Nasâ’î, p. 4
2-Voir :
-Çahîh Muslim, vol. II, p. 360, imprimé chez ‘Isâ Halabî, et vol. XV,p. 176, imprimerie d’Egypte
-Çahîh al-Tirmithî, vol. IV, p. 293, imprimé à Dâr-ul-Fikr, Beyrouth Musnad Ahmad ibn Hanbal, vol. I, p. 185, imprimé
à l’imprimerie al-Maymanah, Egypte.
-Matâlib al-Su’ûl, d’ibn Talhah al-Châfi’î, vol. I, p. 18, imprimerie de Najâf (Iraq), et p. 8, imprimerie de Téhéran.
3-Voir :
-Mustadrak al-Hâkim, vol. III, p. 151, publié à Haydarabâd, Deccan
-Yanâbî’-ul-Mawaddah, d’al-Qandûzî al-Hanafî, pp. 30 et 370, publié à Al-Haydariyyah, et pp. 27 et 308, publication d’Istanbûl Al-Çawâ’iq al-Muhriqah, d’ibn Hajar al-‘Asqalânî, pp. 135, 184, 234, publication d’Al-Muhammadiyyah, Egypte.
-Ta’rîkh-ul-Kholafâ’, d’al-Suyûtî al-Châfi’î
-As’af-ul-Râghibîn, Saban al-Châfi’î, p. 9, publication d’al-Sa’idiyyah
4-Voir :
-Çahîh al-Tirmithî, vol. V, p. 328, Hadith Serial, n° 3874, publié à Dâr-ul-Fikr, Beyrouth ; et vol. XIII, p. 199, publication de Maktabat-al-Sawî, Egypte
-Yanâbî’-ul-Mawaddah, d’al-Qandûzî, p. 30, publication d’Istanbûl
-Kanz-ul-‘Ummâl, vol. I, p. 44
-Tafsîr ibn Kathîr, vol IV, p. 113, publication du Dâr Ihiyâ’-al-Kutub-al-‘Arabiyyah, Egypte
-Jami’ al-Uçûl, d’ibn al-Athîr, vol. I, p. 187, Hadith n° 69, publication d’Egypte
-Mich-kât-ul-Maçâbîh, vol. III, p. 258, publication de Damas
-Al-Sayf-ul-Yamanî-ul-Maslûl, p. 10, publication d’al-Tarraqî, Damas
-‘Abaqât-ul-Anwâr, vol. I, p. 25, publié à Isfahan
Ainsi que de nombreux autres ouvrages…
5-Voir :
-Al-Çawâ’iq al-Muhriqah, d’ibn Hajar al-Haythamî al-Makkî al-Châfi’î, p. 25, imprimé à Al-Maymanah, Egypte
-Kanz-ul-‘Ummâl, d’al-Muttaqî al-Hindî, vol. I p. 168, 2e édition, publié à Haydarabâd, Deccan, Inde
-Al-Ghadîr, par al-‘Allâmah al-Amînî, vol. I, p. 26, publié à Beyrouth
-Musnad Ahmad ibn Hanbal, vol. IV, p. 281, publié à Al-Maymanah, Egypte
-Ansâb-ul-Achrâf, d’al-Balâtharî, vol. II, p. 215, publié à Beyrouth
etc.
6-Rapporteurs des Traditions du Saint Prophète.