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L’homme a une âme et un corps physique, et chacun d’eux a ses propres plaisirs et maladies. Ce qui nuit au corps est maladie, et ce qui lui fait plaisir traduit son bien-être, sa bonne santé et tout ce qui est en harmonie avec sa nature. La science qui traite de la santé et des maladies du corps est la médecine.
Les maladies de l’âme consistent en de mauvaises habitudes et en la soumission aux désirs, ce qui rabaisse l’homme au niveau de l’animal. Les plaisirs de l’âme sont une morale et des vertus éthiques qui élèvent l’homme et le rapprochent de la Perfection et de la Sagesse, et l’amènent près d’Allah. La science qui traire de tels sujets est la science de l’Ethique (cilm al-akhlâq).
Avant de commencer notre discussion sur la matière principale de notre sujet, il nous faut démontrer que l’âme de l’homme est incorporelle et immatérielle, et qu’elle a une existence indépendante du corps. Pour ce faire, nous nous référons aux nombreux arguments avancés à ce propos, et nous en mentionnons ci-après quelques-uns.
1 – L’une des caractéristiques des corps est que chaque fois que de nouvelles formes leur sont imposées, ils abandonnent leur ancienne forme. Mais dans le cas de l’âme humaine, de nouvelles formes, de nature sensible ou intellectuelle y entrent continuellement sans que les anciennes formes existant s’effacent pour autant. En fait, plus il y a d’impressions et de formes intellectuelles qui entrent dans l’esprit, plus l’âme se renforce.
2 – Lorsque trois éléments : couleur, odeur et goût apparaissent dans un objet, celui-ci se transforme. Pourtant l’âme humaine perçoit tous ces éléments sans être affectée par eux.
3 – Le plaisir que l’homme éprouve par la connaissance intellectuelle n’appartient qu’à l’âme, puisque le corps de l’homme n’y joue aucun rôle.
4 – Les formes abstraites et les concepts que l’esprit perçoit sont indubitablement non matériels et indivisibles. En conséquence, leur véhicule qui est l’âme doit aussi être indivisible, donc immatériel.
5 – Les facultés physiques de l’homme reçoivent leur énergie des sens, alors que l’âme humaine perçoit certaines choses sans l’aide des sens. Parmi ces choses que l’âme humaine comprend sans le concours des sens, on peut citer la loi de la contradiction, le principe selon lequel la totalité est toujours plus grande qu’une des parties qui la constituent, ainsi que d’autres principes universels semblables. La négation, de la part de l’âme, des erreurs commises par les sens, telles que les illusions optiques, se fait avec l’aide de ces concepts abstraits, même si la matière première nécessaire pour faire la correction (desdites erreurs) est fournie par les sens.
Maintenant, l’existence indépendante de l’âme ayant été démontrée, voyons ce qui est responsable de son bien-être et de sa joie, et ce qui la rend malade et malheureuse. La santé et la perfection de l’âme résident en sa compréhension de la vraie nature des choses, et cette compréhension peut la libérer de la prison étroite de la convoitise et de l’avidité et de toutes les chaînes qui freinent son évolution et son acheminement vers l’étape finale de la perfection humaine, laquelle réside dans la proximité de l’homme d’Allah. Tel est le but de la “sagesse théorique” (al-hikmah al-nadhariyyah). En même temps, l’âme humaine doit se purger de toutes les mauvaises habitudes et de tous les mauvais traits qu’elle pourrait avoir, et les remplacer par des modes de pensée et de conduite moraux et vertueux. Tel est le but de la “sagesse pratique” (al-hikmah al-camaliyyah). La sagesse théorique et la sagesse pratique sont rattachées l’une à l’autre comme la matière et la forme ; elles ne peuvent exister l’une sans l’autre.
En principe, le terme “philosophie” se réfère à la “sagesse théorique”, et le terme “éthique” se réfère à la “sagesse pratique”. L’homme qui aura maîtrisé à la fois la sagesse théorique et la sagesse pratique, est un miroir microcosmique d’un univers plus grand : le macrocosme.
I – Le sens et l’origine de “akhlâq”
Le mot “akhlâq” est le pluriel du mot “khulq”, qui signifie “disposition”. La “disposition” est cette faculté (malakah) de l’âme qui constitue la source de toutes les activités que l’homme accomplit spontanément et sans y réfléchir. “Malakah” est une propriété de l’âme, qui vient à l’existence par des exercices et des pratiques répétitifs et qu’il est difficile de détruire.
Une disposition (malakah) particulière peut apparaître chez les êtres humains par l’un des facteurs suivants :
1 – Un tempérament naturel et physique : on remarque que certaines personnes sont patientes alors que d’autres sont susceptibles et irritables. Certains individus sont facilement préoccupés et attristés, alors que d’autres font preuve de plus de force morale et de faculté d’adaptation.
2 – L’habitude qui se forme par la répétition continuelle de certains actes et qui mène vers l’émergence d’une certaine disposition.
3 – La pratique et l’effort conscient qui, s’ils se poursuivent assez longtemps, finissent par conduire à la formation d’une disposition.
Même si l’aptitude physique d’un individu produit certaines dispositions en lui, cela ne signifie pas que l’homme n’a pas le choix en la matière et qu’il est absolument contraint de se soumettre aux exigences de son tempérament naturel. Au contraire, puisque l’homme a le pouvoir de choisir, il peut vaincre les exigences de sa nature physique par la pratique et l’exercice, et acquérir la disposition de son choix.
Bien sûr, on doit admettre que les dispositions engendrées par les facultés mentales, telles que l’intelligence, la mémoire, l’agilité mentale, etc. ne sont pas altérables. Mais toutes les autres dispositions peuvent être changées selon la volonté de l’homme. L’homme peut contrôler ses désirs, sa colère et ses autres émotions, et les modeler pour s’édifier et se propulser dans le chemin de la Perfection et de la Sagesse.
Lorsque nous parlons de la capacité de l’homme à opérer un changement dans ses dispositions, nous n’entendons pas qu’il devrait détruire ses instincts de reproduction ou de conservation. Sans ces instincts, l’homme n’aurait pas pu exister. Ce que nous voulons dire en soulignant cette capacité, c’est que l’homme doit éviter d’aller vers l’un ou l’autre extrême les concernant, et qu’il faut maintenir une condition d’équilibre et de modération afin que ces instincts puissent remplir leurs fonctions convenablement. De même que le noyau d’une datte pousse pour devenir un arbre fruitier, grâce à des soins appropriés, ou qu’un cheval sauvage est dressé pour servir son maître, ou un chien pour devenir l’ami durable et le secours d’un homme, de même l’homme peut atteindre la Perfection et la Sagesse grâce à une autodiscipline et à une persévérance intelligentes.
La perfection humaine a plusieurs niveaux : plus grands sont l’autodiscipline et l’effort, plus haut est le niveau de perfection que l’homme pourra atteindre. En d’autres termes, l’homme est entre deux points extrêmes, le plus bas des deux est en dessous du niveau des animaux, et le plus haut dépasse même le haut niveau des Anges. Le mouvement humain entre ces deux extrêmes est traité par cilm al-akhlâq”, c’est-à-dire par la science de l’Ethique. C’est le rôle de l’Ethique d’élever l’homme et de l’amener du plus bas état de l’animal vers une position exaltée et supérieure à celle des Anges.
L’importance de l’Ethique est donc établie. Et c’est pour les raisons mentionnées ci-dessus que l’Ethique est considérée comme la plus exaltée et la plus appréciable des sciences, puisque le mérite de toute science est directement lié au mérite du sujet qu’elle concerne, et puisque le sujet de la science de l’Ethique est l’homme et le moyen par lequel il pourrait atteindre à la Perfection. En outre, nous savons que l’homme est la plus noble des créatures et que le but final de son existence est d’atteindre la Perfection ; c’est pourquoi il s’ensuit que l’Ethique est la plus noble des sciences.
En fait, dans le passé, les philosophes ne considéraient aucun des autres domaines de l’apprentissage comme étant une science vraiment indépendante. Ils croyaient que sans la science de l’Ethique et la Purification spirituelle, la connaissance approfondie de toute autre science est non seulement dénuée de toute valeur, mais conduirait en réalité à l’obstruction de la perspicacité et à la destruction ultime de ceux qui la poursuivent. C’est pour cela qu’il a été dit que :
– “La connaissance est le voile le plus épais”
et il s’agit de la connaissance qui empêche l’homme de voir la nature réelle des choses.
II – La purification et l’ornement de l’âme
Les vertus morales chez l’homme lui font gagner le Bonheur éternel, alors que la corruption morale le conduit au malheur éternel. C’est pourquoi il est nécessaire pour l’homme de se purifier de tous traits vils de caractère, et d’orner son âme de toutes les vertus morales et éthiques. En outre, si on ne se dépouille pas de toutes les mauvaises habitudes, il est impossible de développer en soi des vertus morales. A cet égard, l’âme humaine peut être comparée à un miroir. Si nous voulons voir quelque chose de beau se refléter dans un miroir, nous devons tout d’abord nettoyer le miroir afin que la poussière et la saleté ne défigurent pas le reflet. Toute tentative d’obéir aux Commandements d’Allah ne sera couronnée de succès que si l’on se purifie des mauvaises habitudes et tendances ; autrement, elle équivaut à mettre des bijoux sur un corps sale. Lorsque l’auto purification aura été faite et que l’on se sera dépouillé de toutes mauvaises habitudes dans la pensée, la parole et les actes, l’âme sera alors prête à recevoir la Grâce illimitée d’Allah. Une telle réception est l’ultime raison pour laquelle l’homme a été créé.
En vérité, la Grâce d’Allah et les Mystères Divins sont toujours accessibles à l’homme. C’est à l’homme de purifier son âme et de développer en lui la réceptivité nécessaire pour bénéficier de la Grâce infinie de son Créateur.
Selon un hadith attribué au Prophète Mohammad (S):
– “Les Anges n’entrent pas dans une maison où il y a un chien.”
Comment serait-il donc possible que les rayons de la Grâce d’Allah et l’Illumination Divine entrent dans un cœur plein à ras bord de désirs immoraux, égoïstes et bestiaux ? La Parole du Prophète (S) :
– “Ma Religion est fondée sur la propreté.”
ne se réfère pas seulement à la propreté extérieure, elle fait beaucoup plus allusion à la pureté interne de l’âme.
Pour atteindre la Perfection ultime et finale, il est nécessaire de suivre le chemin de la lutte contre les désirs égoïstes et les tendances immorales qui existeraient dans l’âme, et donc de préparer celle-ci à recevoir la Grâce d’Allah. Si l’homme pose le pied sur le chemin de l’auto-purification, Allah lui viendra en aide et le guidera tout au long de ce chemin :
– “Oui, Nous dirigerons ceux qui combattront pour Notre Cause. Allah les guide sur Notre Chemin.” (29 : 69)
III – Les facultés de l’âme : leurs effets et caractéristiques
A sa création, l’âme de l’homme est comme une plaque vierge, dépouillée de toutes facultés (traits), bonnes ou mauvaises. Au fur et à mesure qu’on avance dans la vie, on développe des facultés qui sont directement liées à son mode de vie, à ses idées et à ses actes. La parole et les actes de l’homme produisent, lorsqu’ils sont répétés pendant une longue période, un effet durable sur l’âme, effet connu comme “faculté”. Cette faculté pénètre l’âme et devient l’origine et la cause des actions de l’homme. En d’autres termes, l’âme humaine s’habitue à cette faculté, établit avec elle une union et détermine la direction de l’être humain en accord avec les exigences de ladite faculté. Si de telles facultés (malakât) sont nobles, elles se manifestent sous forme de parole et de conduite morales chez l’homme. Et si, au contraire, elles sont mauvaises et basses, elles se manifestent sous forme de conduite perverse et immorale.
Ces mêmes facultés jouent un rôle décisif dans la détermination du sort de l’individu dans le monde éternel de l’Au-delà. Là, l’âme sera accompagnée des mêmes facultés auxquelles elle a été associée dans ce bas-monde. Si ces facultés sont vertueuses, l’âme aura une béatitude éternelle, et si elles sont malades, elle subira une éternelle damnation.
Cette question des malakât fournit la réponse à ceux qui se demandent comment Allah Clément et Miséricordieux pourrait condamner un individu à une damnation éternelle pour un péché commis en un court laps de temps. Ce qu’il faut garder présent à l’esprit, à ce propos, c’est que lorsqu’un péché commis répétitivement conduit au développement d’une faculté chez l’homme, la torture et la punition qu’elle appelle affecte également l’âme, puisqu’elle y est incorporée. Le Coran dit à cet égard :
– “Nous attachons au cou de chaque homme son oiseau d’augure, et Nous lui présenterons le Jour de la Résurrection un livre qu’il trouvera grand ouvert : “Lis ton livre Ton âme te suffit aujourd’hui pour témoigner contre toi.”.” (17 : 13-14)
Et :
– “Le livre sera posé tu verras alors les coupables anxieux au sujet de son contenu, et disant : “Malheur à nous Pourquoi ce livre ne laisse-t-il rien, de petit ou de grand, sans le compter ?” Et ils trouveront présent devant eux tout ce qu’ils auront fait.” (18 : 49)
Et :
– “Le Jour où chaque âme trouvera présent devant elle ce qu’elle aura fait de bien et ce qu’elle aura fait de mal, elle souhaitera qu’il y eût un long intervalle entre elle et ses actes.” (3 : 29)
- A) L’âme et ses pouvoirs
L’âme (nafs) est cette essence Divine qui emploie le corps et en utilise les divers organes pour atteindre ses buts. L’âme a aussi d’autres noms, tels que : “esprit” (ruh), “intelligence” (caql), et “coeur” (qalb), bien que ces termes aient également d’autres usages.
Les plus importantes des facultés de l’âme sont :
1 – Le pouvoir d’intelligence (al-quwwah al-caqliyyah) – angélique.
2 – Le pouvoir de colère (al-quwwah al-ghadhabiyyah) – féroce
3 – Le pouvoir de désir (al-quwwah al-chahwiyyah) – animal.
4 – Le pouvoir d’imagination (al-quwwah al-wahmiyyah, ou : al-quwwah al-câmilah) – domestique.
La fonction et la valeur de chacun de ces pouvoirs ou forces de l’âme sont communément bien comprises. Si l’homme n’avait pas le pouvoir de raison, il lui aurait été impossible de distinguer le bien du mal, le bon droit de l’erreur, et le vrai du faux. S’il ne possédait pas le pouvoir de colère, il n’aurait pas pu se défendre contre les attaques et les agressions. Si la force de l’attirance sexuelle et du désir n’existait pas chez l’homme, la permanence de l’existence de l’espèce humaine aurait été en danger. Et enfin, si l’homme manquait de pouvoir d’imagination, il n’aurait pas pu se représenter ce qui est universel et ce qui est particulier, ni tirer aucune conclusion fondée sur eux.
Avec cette explication, les caractéristiques mentionnées pour chacune des quatre facultés humaines deviennent claires et compréhensibles. La “raison” est l’Ange qui guide l’homme. Le pouvoir de colère et de férocité en l’homme suscite en lui la férocité et la violence. Son pouvoir de désir et de passion le propulse ers l’immoralité et la licence. Et le pouvoir d’imagination chez l’homme lui fournit le matériel préliminaire pour l’élaboration d’intrigues, de complots et de machinations démoniaques. Maintenant, si la faculté de raison est utilisée pour contrôler les autres facultés, elle les garde à leur juste place et modère leurs excès, et les autres facultés travailleront dès lors pour le bien-être de l’homme, et accompliront des fonctions utiles autrement, elles ne seraient capables que de faire le mal.
La corrélation entre ces quatre facultés de l’âme humaine est décrite de la façon allégorique suivante : imaginons un voyageur monté sur un cheval et suivi d’un chien et d’un homme qui l’espionne pour le compte de quelques bandits. Supposons que l’homme à cheval représente la raison, sa monture le désir et la passion, le chien le pouvoir de colère et de férocité et l’espion le pouvoir d’imagination. Si le voyageur réussit à contrôler sa monture, le chien et l’espion, et à maintenir son autorité sur eux, il arrivera à sa destination sain et sauf autrement, il sera détruit. L’âme humaine est donc une scène ou un champ de bataille sur lequel il y a une lutte continuelle entre ces quatre forces. Quelles seront la caractéristique dominante et la nature de l’âme de l’individu, cela dépend entièrement de l’issue de cette lutte.En d’autres termes, cette issue déterminera le caractère et l’inclination de ladite âme. C’est pour cela que certaines âmes sont angéliques, d’autres bestiales, et d’autres encore démoniaques.
Selon un hadith, l’Imam Ali (P) a dit :
– “Allah a doté les Anges d’un intellect sans désir sexuel et sans colère, et les animaux d’un instinct de colère et de désir sans raison. IL a exalté l’homme en le dotant de toutes ces qualités. En conséquence, si la raison de l’homme domine ses désirs et sa férocité, il se rehausse à une position supérieure à celle des Anges car cette position est atteinte par l’homme malgré l’existence d’obstacles, alors que les Anges n’ont pas d’épreuve.”
B) Les plaisirs et les peines
Le plaisir est une condition éprouvée par l’âme lorsqu’elle perçoit quelque chose d’harmonieux avec sa propre nature. La peine et la souffrance se produisent lorsque l’âme entre en contact avec des choses qui sont discordantes avec sa nature. Puisque les pouvoirs de l’âme sont au nombre de quatre, il s’ensuit que les plaisirs et les peines de l’âme doivent être divisés en quatre catégories, dont chacune correspond à l’un de ces quatre pouvoirs.
Le plaisir de la faculté de raisonnement réside dans l’acquisition de connaissances à propos de la nature réelle des choses la peine de cette faculté réside dans l’ignorance et la privation de telles connaissances.
Le plaisir de la faculté de colère et de férocité réside dans le sentiment d’être victorieux et dans la satisfaction de vaincre tout ennemi et de se venger la peine de cette faculté réside dans le sentiment d’être vaincu ou défait.
La joie de la faculté de désir et de passion est la jouissance de nourriture, de boisson et d’acte sexuel alors que sa peine réside dans l’absence de ces jouissances.
Le plaisir de la faculté d’imagination réside dans la visualisation des particularités qui conduisent à l’apparition de désirs charnels et de tendances démoniaques alors que sa peine réside dans l’insuffisance et l’inadéquation de ces visions.
Le plus intense et le plus pur des plaisirs est celui éprouvé par la faculté de raison. C’est une forme de plaisir qui est à la fois inhérent à l’homme et naturel chez lui. C’est un plaisir constant, non sujet au changement d’expérience dans la vie quotidienne.
Il est différent des autres plaisirs, qui appartiennent au corps et à l’être bestial, et qui sont de nature transitoire et sans valeur durable. Ces plaisirs bestiaux sont en fait si bas et triviaux que l’homme en a honte et s’efforce de les dissimuler. Si on disait à un homme qu’il tirerait un grand plaisir du fait de manger, de boire et de s’adonner à l’acte sexuel, il en serait honteux et bouleversé. Alors que si de tels plaisirs étaient de nature humaine, non seulement il n’en serait nullement honteux, mais il en serait fier si on les rendait largement publics.
Nous pouvons donc conclure que la sorte de plaisir qui est vraiment gratifiant pour l’homme, et non seulement en apparence, est le plaisir éprouvé par la faculté de raisonnement de l’âme. Cette sorte de plaisir a plusieurs degrés, dont le plus sublime est éprouvé par la proximité d’Allah. Pour atteindre ce plaisir suprême, il faut aimer et connaître Allah, et déployer des efforts inlassables en vue de se rapprocher toujours de LUI. Lorsque tous les efforts d’une personne sont déployés dans le but d’atteindre ce vrai et durable plaisir, les plaisirs sensuels sont vaincus et remis à leur place naturelle, c’est-à-dire poursuivis avec modération.
C – La bonté et le bonheur
Le but ultime de la Purification de l’âme et de l’acquisition d’un caractère moral et éthique est d’atteindre la félicité et le bonheur. La plus parfaite félicité et le bonheur le plus complet pour l’homme est l’incarnation et la manifestation des attributs et des caractéristiques Divins. L’âme d’un homme vraiment heureux se développe avec la connaissance et l’amour d’Allah elle est illuminée par l’éclat émanant d’Allah Lorsque cela arrive, rien d’autre que la beauté ne viendra de LUI, puisque la beauté n’émane que de ce qui est beau.
On doit garder présent à l’esprit que la vraie félicité ne peut être atteinte ou conservée sans que tous les pouvoirs et facultés de l’âme soient purifiés et réformés. La réforme de quelques facultés ou de toutes les facultés de l’âme, pendant une courte période, ne suffirait pas à atteindre le bonheur. On ne peut dire d’un corps qu’il est sain que lorsque tous ses organes le sont. Donc, la personne qui cherche à atteindre le bonheur parfait et ultime doit se libérer des griffes des forces et des tendances démoniaques et bestiales et poser le pied sur l’échelle de l’ascension vers des royaumes plus sublimes.
- D) Les vertus et les vices moraux
Dans notre dernière discussion, nous avons affirmé que l’âme humaine possède quatre pouvoirs distincts. ce sont l’intellect, la colère, la passion et le pouvoir d’imagination. Ce qu’il convient de noter ici, c’est que la purification et l’entraînement convenable de ces pouvoirs mènera vers l’émergence d’une faculté particulière chez l’être humain.
La purification et l’entraînement approprié du pouvoir de l’intellect déboucheront sur le développement de la Connaissance, et par voie de conséquence, de la Sagesse, chez l’être humain. La purification du pouvoir de colère conduira à l’émergence de la faculté de Courage, et par voie de conséquence d’endurance (hilm). La purification du pouvoir de passion et de désir mènera au développement de la faculté de Chasteté, et par voie de conséquence, de la générosité. Et enfin, la purification du pouvoir d’imagination conduira à l’émergence de la faculté de Justice chez l’être humain.
Les vertus morales sont donc : la Sagesse, le Courage, la Chasteté, et la Justice. Les qualités négatives opposées à ces qualités positives sont : l’ignorance, la lâcheté, la concupiscence, l’injustice et la tyrannie.
La Sagesse signifie la possession d’une compréhension du monde qui concorde avec la réalité des choses. La présence du Courage et de la Chasteté signifie que les pouvoirs de colère et de désir sont totalement sous les ordres de l’intellect, et complètement libérés des liens de la concupiscence et de l’égoïsme. En ce qui concerne la Justice, elle se rapporte à l’état où le pouvoir d’imagination est complètement sous le commandement du pouvoir de l’intellect. Cela implique la régulation de tous les pouvoirs de l’âme par le pouvoir d’intellect. En d’autres termes, la présence de la faculté de Justice dans l’âme nécessite la présence des trois autres facultés, de Sagesse, de Courage et de Chasteté.
Une question importante doit être soulignée ici. Du point de vue de l’éthique islamique, une personne qui aura développé chez elle les quatre facultés ne sera méritante que si la possession de ces vertus profite aussi aux autres gens. C’est ce que la raison nous dit, et nous fait comprendre que les vertus purement intérieures et privées n’ont pas beaucoup de valeur, et celui qui les posséderait ne mériterait pas de louanges.
- E) La modération et la déviation
Chacune des quatre vertus éthiques doit être pratiquée jusqu’à un certain degré et dans des limites définies. Une fois ces limites dépassées, la vertu se transforme en vice. Si l’on conçoit chaque vertu comme le centre d’un cercle, tout mouvement d’éloignement de ce centre serait considéré comme un vice, et plus on s’éloigne de ce point central, plus grand sera le vice. C’est pourquoi il y a pour chaque vertu d’innombrables vices., puisqu’il y a un seul centre dans le cercle, alors qu’il est entouré d’un nombre infini de points. Concernant la déviation ou l’écart de ce centre, il importe peu en quelle direction elle se fait. La déviation du centre, quelle qu’en soit la direction, est un vice.
Trouver le vrai centre -ce qui comporte une modération absolue- n’est pas chose facile. Mais il est encore plus difficile de rester dans ce centre et de préserver cet équilibre. Le Prophète (S) a dit :
– “La Sourate Hûd m’a fait vieillir pour le propos suivant : “Reste ferme comme tu en as reçu l’ordre.”.” (11 : 112)
Par opposition au vrai centre, il y a le centre approximatif, lequel est plus accessible. Les gens qui se purifient et développent leur âme arrivent normalement à ce centre relatif et acquièrent une modération relative. C’est pour cette raison que les vertus morales diffèrent d’une personne à l’autre, d’une circonstance à l’autre, et d’une époque à l’autre. La modération relative, tout comme la déviation, couvre une large région au centre de laquelle se situe le point d’équilibre et de modération absolus.
- F) Les différents types de vices
Nous avons déjà dit que dévier de la modération et du milieu conduit au vice. Cette déviation vers chacune des deux extrémités opposées au milieu est d’innombrables degrés. Ci-après, nous allons mentionner seulement les deux extrémités correspondant à chaque vertu morale.
(tafrît) (ictidâl) (ifrât)
déficience Modération excès
stupidité Sagesse sournoiserie
lâcheté Courage témérité
léthargie Chasteté rapacité
soumission Justice tyrannie
Il y a ainsi huit sortes de vices, dont nous allons décrire chacune d’une façon brève.
1- La stupidité est la déficience de la Sagesse, c’est-à-dire le fait de manquer d’utiliser le pouvoir de l’intellect pour comprendre la nature des choses.
2- La sournoiserie est l’utilisation excessive de l’intellect, c’est-à-dire le fait d’utiliser le pouvoir de l’intellect là où il ne faudrait pas, ou de l’utiliser trop là où il est approprié de l’utiliser (normalement).
3- La lâcheté est la déficience du Courage, c’est-à-dire avoir peur et faire montre d’irrésolution là où il ne faut pas.
4- La témérité est l’excès de Courage, c’est-à-dire se montrer insouciant, imprudent -là où il ne faut pas.
La léthargie est l’état déficient pour lequel le point de modération est la Chasteté ce qui veut dire faillir à utiliser les choses dont le corps a besoin.
6- La rapacité est l’autre extrême de la Chasteté, à l’opposé de la léthargie, et signifie l’excès dans l’acte sexuel, le manger, le boire et dans les autres plaisirs sensuels.
7- La soumission est l’état déficient pour lequel le point de modération est la Justice, et elle signifie l’acceptation de l’oppression et de la tyrannie.
8- La tyrannie est l’autre extrême de la Justice, à l’opposé de la soumission, et elle signifie soit s’opprimer soi-même, soit opprimer autrui.
Chacun de ces huit vices a de nombreuses branches et subdivisions qui sont reliées à la direction et au degré de la déviation par rapport aux quatre vertus. Etant donné que la déviation pourrait se produire en un nombre illimité de degrés, il n’est pas possible d’énumérer tous ces degrés. Toutefois, nous allons mentionner ici quelques uns des plus connus de ces vices, et par la suite nous discuterons des moyens de les combattre.
Les vices sont divisés d’après les pouvoirs auxquels ils sont rattachés, à savoir l’intellect, la colère et la passion.
1- Le pouvoir de l’intellect peut pousser à deux sortes de vices : la stupidité et la sournoiserie, dont les subdivisions supplémentaires sont :
– l’ignorance simple : le non-savoir
– l’ignorance composée : être ignorant et inconscient de son ignorance
– la perplexité et le doute : qui sont à l’opposé de la certitude et de la conviction
– les tentations charnelles : à l’opposé desquelles est la contemplation de la beauté de la Création Divine
– la duperie et la tricherie : en vue de parvenir à des fins dictées par la passion et la colère
– le chirk (le polythéisme) : qui est à l’opposé de la croyance en l’Unité et l’Unicité d’Allah.
2- Le pouvoir de colère a deux vices : la lâcheté et la témérité, dont les subdivisions sont :
– la peur : état psychologique causé par l’attente d’un événement douloureux ou la perte d’une condition favorable
– le manque d’endurance et l’autodépréciation : qui découlent de la faiblesse de l’esprit et dénotent une incapacité à faire face aux difficultés. A l’opposé de ces traits de caractère négatifs on trouve la fermeté, qui signifie la capacité d’endurer les difficultés de l’adversité
– la timidité : elle découle du manque de confiance en soi-même et de la faiblesse de caractère, et indique une incapacité à lutter pour atteindre des buts nobles et méritoires. A l’opposé de ce vice, il y a la vertu de la force d’âme, c’est-à-dire le courage et la bonne volonté d’entreprendre de grands efforts en vue d’atteindre la vraie félicité et la Perfection
– le manque de sens de la dignité : il découle lui aussi de la faiblesse de caractère, et il se traduit par un manquement à la nécessité de s’occuper de près des questions qui nécessitent qu’on s’en occupe
– la précipitation : c’est une autre manifestation de la faiblesse de caractère, et elle signifie la prise de décisions et l’engagement dans des actions sans y réfléchir suffisamment. L’extrême opposé à ce vice est la léthargie, qui est une tendance à la mollesse et au manque d’alacrité et d’empressement lorsqu’il s’agit de prendre une initiative qui exige de la rapidité
– le doute sur Allah et sur les Croyants : c’est là une autre manifestation d’un caractère faible et timide. A l’opposé de ce vice, on trouve la confiance totale en Allah et dans les Croyants, qui est un signe de courage et de confiance en soi-même
– la colère : qui est à l’opposé de la patience et de l’endurance
– l’esprit de vengeance : qui est à l’opposé de la clémence
– la violence : elle est suscitée par le pouvoir de colère et l’usage de la force en vue de parvenir à un but. A l’opposé, on trouve l’esprit de conciliation et la compassion
– le mauvais caractère : à l’opposé duquel on trouve le bon caractère
– l’envie et la malice : résultant du pouvoir de colère
– l’inimitié ou l’hostilité : c’est une manifestation du pouvoir de colère, qui se trouve à l’opposé de l’amitié
– l’amour-propre et la vanité : dont l’autre extrême est le complexe d’infériorité
– l’arrogance : qui est à l’opposé de l’humilité
– la vantardise : qui consiste à parler de soi avec fierté et satisfaction. Cet état découle de l’arrogance
– la rébellion : qui signifie désobéissance à quelqu’un qui mérite d’être obéi. Cet état découle lui aussi de l’arrogance, et il est à l’opposé de l’obéissance à quelqu’un à qui il est nécessaire d’obéir
– le fanatisme : une dévotion quasi aveugle pour quelque chose
– l’injustice et la dissimulation de la vérité : état dont l’opposé est la Justice et la fermeté dans la défense de la vérité
– la brutalité : manque de compassion et de clémence lorsque celles-ci sont nécessaires.
3- Les vices du pouvoir de passion et de désir sont la léthargie et la cupidité, dont les subdivisions sont :
– l’envie de ce bas monde et des richesses : dont l’opposé est le zuhd (la sobriété)
– l’abondance et l’opulence : dont l’opposé est la pauvreté
– la cupidité (tamac) : dont l’opposé est l’indifférence aux possessions des autres
– l’avidité (hirç) : dont l’opposé est le contentement de ce qu’on a
– la convoitise de ce qui est interdit par la Religion et l’engagement dans des actes illicites : dont l’opposé est le “warac” (Piété), l’abstinence de ce qui est interdit
– la tricherie : dont l’opposé est l’honnêteté
– toutes les sortes de débauche : telles que l’adultère, la sodomie, l’alcoolisme et toutes autres formes de conduite frivole
– s’enfoncer dans le faux et croire aux choses fausses
– s’habituer à tenir des propos frivoles et insensés et des fanfaronnades vides.
Ainsi nous arrivons à la fin de l’énumération des vertus et des vices appartenant exclusivement à chacun des trois pouvoirs. Maintenant, nous allons énumérer les vertus et les vices appartenant simultanément à deux ou trois pouvoirs de l’âme :
-la jalousie : c’est-à-dire le désir envieux des fortunes des autres
– insulter et rabaisser les autres : dont l’opposé est le respect des autres
– ne pas être sympathique ou serviable envers autrui
– la flatterie
– rompre les liens avec la famille et les proches
– ne pas remplir les devoirs envers les parents et être désavoué par eux
– se mêler des affaires des autres en vue de découvrir leurs défauts
– révéler les secrets des gens : dont le contraire est le fait de garder les secrets des autres et même de les cacher
-provoquer des frictions et des désaccords entre les gens : dont la qualité opposée est d’amener la paix et l’harmonie entre les gens
– blasphémer
– polémique verbale et animosité
– se moquer des autres et les ridiculiser
– médire de quelqu’un
– mentir
– convoiter la célébrité et une haute position sociale
– aimer les louanges et détester les critiques : à l’opposé de ce vice, il y a l’indifférence et aux louanges et aux critiques
– la simulation : c’est-à-dire faire quelque chose pour attirer sur soi une attention favorable
– l’hypocrisie : dont l’opposé est le fait d’être le même intérieurement et extérieurement
– se duper : ce qui est à l’opposé de la perspicacité, du savoir et de l’humilité
– la rébellion : dont l’opposé est l’obéissance
– l’impudence et l’effronterie : dont l’opposé est la modestie et la pudeur
– se faire beaucoup d’illusions
– la persistance dans le péché : dont l’opposé est la repentance
– se négliger et s’éloigner de soi-même : dont l’opposé est faire attention à soi-même et être conscient de son but
– être apathique et indifférent à son bonheur et à son bien
– la haine déplacée : dont l’opposé est l’amitié et l’amour approprié
– inconstance et déloyauté : dont l’opposé est la loyauté
– l’isolement et l’éloignement des autres : dont l’opposé est la sociabilité et l’amitié
– le ressentiment et la hargne : dont l’opposé est le calme et la maîtrise de soi
– le chagrin et le remords : dont l’opposé est la gaieté et la joie
– le manque de confiance en Allah
– l’ingratitude : dont l’opposé est la gratitude et la reconnaissance
– l’impiété : c’est-à-dire la désobéissance aux Commandements d’Allah et leur transgression l’opposé en est la piété et l’accomplissement des devoirs prescrits par Allah, ainsi que l’accomplissement des actes recommandés par Allah.
- G) L’importance de la Justice
Ayant énuméré tous les vices et vertus, il est nécessaire maintenant d’avoir une compréhension de la vraie signification de la qualité (vertu) de Justice, puisque toutes les vertus éthiques découlent de cette qualité, tout comme tous les vices émanent de l’injustice, laquelle est l’opposé de la justice. Platon a dit, à cet égard :
– “Lorsque la qualité de Justice se développe chez un homme, toutes les autres qualités et facultés de l’âme sont illuminées par elle, et ces facultés acquièrent toutes la lumière les unes des autres. Telle est la condition dans laquelle l’âme humaine agit et se meut de la meilleure façon possible, s’acheminant vers la proximité de la Source de la Création.”
La qualité de Justice sauve l’être humain du danger de la déviation vers les extrêmes, que ce soit sur les plans personnel ou social, et lui permet de pouvoir atteindre à la félicité et aux Bénédictions. Bien évidemment, il convient de noter que cette qualité ne peut être pratiquée avec succès que si l’homme sait ce qu’est le juste milieu, et peut le distinguer de l’excès lorsqu’il s’y trouve confronté. Une telle possibilité de distinction ne peut être acquise qu’à travers les Saints Enseignements de l’Islam, lequel comporte des instructions élaborées relatives à tout ce dont les êtres humains ont besoin pour atteindre au bonheur et à la félicité dans ce monde et dans l’Autre.
– Les différentes sortes de Justice
La Justice est de trois sortes :
1- La Justice entre les êtres humains et Allah c’est-à-dire les punitions et les récompenses qu’Allah donne à l’homme en fonction de ses actes. En d’autres termes, à chaque acte -bon ou mauvais- de l’homme, Allah prescrit une récompense ou un châtiment appropriés. Autrement ce serait une injustice et une violation de droits de la part d’Allah, et un traitement injuste réservé à Sa créature, or Allah est éloigné d’une telle injustice.
2- La Justice entre les êtres humains, c’est-à-dire que chacun doit respecter les droits individuels et sociaux des autres et agir conformément aux Lois Sacrées de l’Islam. Cela s’appelle la Justice sociale. Dans les Traditions du Prophète (S), les droits sociaux sont énumérés comme suit :
– “Chaque Croyant a trente obligations envers son Frère dans la Foi, obligations qu’il n’aura pas respectées tant qu’il ne s’en sera pas acquitté effectivement, à moins qu’il n’en soit dispensé par son frère dans la Foi. Ces obligations sont :
– pardonner à son Frère dans la Foi ses erreurs
– être clément et bon avec lui lorsqu’il se trouve dans un territoire étranger
– garder pour lui ses secrets
– lui tendre la main lorsqu’il est sur le point de tomber
– accepter ses excuses décourager toute médisance à son égard
– continuer à lui donner de bons conseils
– préserver soigneusement son amitié
– se charger honnêtement du dépôt qu’il lui a confié
– lui rendre visite lorsqu’il tombe malade
– être à ses côtés au moment de son agonie
– accepter son invitation et ses cadeaux
– lui rendre de la même façon les faveurs qu’il lui aurait accordées
– le remercier pour les services rendus
– être reconnaissant de son aide
– protéger son honneur et sa propriété
– l’aider à faire face à ses besoins
– faire un effort en vue de résoudre ses problèmes
– lui dire “Qu’Allah te bénisse” lorsqu’il éternue
– le guider vers ce qu’il a perdu
– répondre à ses félicitations sans essayer de les mal interpréter
– accepter ses dons
– confirmer ce qu’il affirme sous serment
– être bon et amical avec lui, et non antipathique ni hostile
– l’aider, qu’il soit victime d’une injustice (l’aider à recouvrer ses droits) ou injuste (en le poussant à réparer son injustice)
– s’abstenir de se sentir las de lui ou d’en avoir assez de lui
– ne pas l’abandonner lorsqu’il se trouve en plein ennui
– il doit aimer pour lui ce qu’il aime pour lui-même, et détester pour lui ce qu’il déteste pour lui-même.”
3- La Justice entre les vivants et les morts : c’est une sorte de Justice qui commande que les vivants se souviennent des morts avec bonté, acquittent leurs dettes (non payées), se conforment à leurs volontés, prient pour eux, fassent l’aumône pour eux, implorent Allah de leur pardonner, fassent la charité à leur mémoire.
- H) L’auto-développement
La conclusion qu’on peut tirer de ce chapitre est que la Justice signifie la maîtrise totale par l’intellect de tous les autres pouvoirs et facultés de l’âme humaine, afin que ceux-ci acheminent l’homme vers son but ultime, à savoir la Perfection humaine en vue de plaire à Allah. En d’autres termes, lorsque l’intellect gouverne le corps et que la Justice y prévaut, elle prévaut également dans le domaine qui se trouve sous sa juridiction (c’est-à-dire tout le corps). Exactement comme lorsque le gouvernant d’une société est juste, la Justice se répandra dans toute cette société, et lorsqu’il est injuste, l’injustice prévaudra dans tout le pays. C’est ce qui est indiqué dans le hadith suivant :
– “Chaque fois que le gouvernant est juste, il partage la récompense et le mérite de toutes les bonnes actions accomplies par ses sujets, et chaque fois qu’il est injuste, il sera considéré comme complice dans tous les péchés et mauvaises actions commis par eux.”
L’autre conclusion qu’on peut tirer est que l’on ne saurait réformer quelqu’un d’autre tant qu’on ne se sera pas réformé soi-même. Cela veut dire que si un individu est incapable de faire valoir la Justice en lui-même, comment pourrait-il la mettre en application chez ses parents, les membres de sa famille, ses concitoyens et enfin dans toute la société ? L’auto-développement prime donc nécessairement tout, et cet auto-développement ne peut se réaliser qu’à travers la Science de l’Ethique.