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Lettre de Muslem bin Aqil à l’Imam Hussein (P)
Le 12 ou le 13 de Dhul-Qaida (27 jours avant le martyre de Muslim bin Aqeel (p) coïncide avec le moment où Muslim bin Aqeel (p) a écrit une lettre à l’Imam Hussain (p) en 60 AH. nous vous présenterons en détail dans cet article
Résumé de la biographie de Muslim bin Aqeel (p)
Muslim bin Aqil b. Abi Talib, le cousin de l’Imam al-Hussein (Paix sur lui) est né en 20 Hijri, soit dix ans après la mort du Prophète (Paix et salut sur lui et sa sainte famille). Par conséquent, il n’a pas vécu l’époque du Messager de Dieu (Paix et salut sur lui et sa sainte famille).
Muslim bin Aqeel était contemporain de trois Imams (Imam Ali, Imam Hassan et Imam Hussein Paix sur eux) Le père de Muslim fut ‘Aqîl le fils d’Abu Talib qui était un généalogiste des Quraychs[1] et un éloquent orateur.[2] Il était le frère de l’Imam Ali (p).
Selon certains rapports, sa mère était l’un des femmes Nabatéens et de la famille de Farzandâ et selon d’autre, elle fut une esclave, que ‘Aqïl avait achetée de la Syrie, et s’appelait ‘Alîyya[3] ou selon un autre rapport, Halîyya.[4]
Muslim ressembla beaucoup au Prophète (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) et parmi les fils de ‘Aqîl b. Abî Talib (p), il était le plus puissant et le plus courageux.[5]
Muslim b. ‘Aqîl b. Abî Talib, le cousin de l’Imam al-Husayn (p), fut l’un de ses compagnons et son messager à Koufa pendant son soulèvement de Achoura contre Yazid Ier ibn Muawiya. Il était originaire d’Âl Abî Talib. Muslim a participé à quelques conquêtes musulmanes et à la bataille de Siffin.
Femme et enfants
Muslim b. ‘Aqîl a épousé Ruqayya, la fille de l’Imam Ali (a), donc il était le gendre de Commandeur des croyants (a). Abd Allah qui a été tué le jour de Achoura, Ali et Muhammad furent les enfants de Ruqayya.
Dans l’événement de Karbala, il y a quelques fois qu’il est mentionné les enfants de Muslim. Comme exemple, quand l’Imam al-Husayn (a) a entendu la nouvelle du martyre de Muslim sur le sentier entre La Mecque et Koufa, Ali al-Akbar (a) a suggéré de revenir et a rappelé la déloyauté des gens de Koufa. Mais, les enfants de Muslim ont incité l’Imam (a) à continuer le chemin.
Les sources historiques sont en désaccord sur le nombre d’enfants de Muslim. Les noms de certains de ses enfants sont mentionnés parmi les martyrs de Karbala. Parmi eux, le martyre de ‘Abd Allah b. Muslim et de Muhammad b. Muslim à Karbala a été enregistré dans les sources anciennes.
D’autre part, il y a des rapports plus faibles enregistrés dans les sources récentes, qui font allusion aux autres noms d’enfants de Muslim, à savoir ‘Awn, Muslim, ‘Abd Allah, Ja’far et Ahmad parmi les martyrs de Karbala. Certaines sources historiques mentionnent d’autres enfants de Muslim, qui ont été appelés Ibrahim, ‘Abd al-Azïz, Ali, Muslim[6] et une fille appelée Hamïda ou Umm Hamïda.[7]
Certaines sources mentionnent les deux enfants de Muslim, qui après le martyre de l’Imam al-Husayn (a) ont été capturés et emprisonnés à Koufa, par l’ordre de ‘Ubayd Allah b. Zîyâd. Ils furent tombés en martyres après avoir échappé la prison.[8]
L’Imam al-Husayn (a) a reçu de nombreuses lettres du peuple de Koufa l’invitant à leur ville. Donc, il a envoyé Muslim à Koufa comme son représentant pour voir si c’était le bon moment pour sa présence et si les gens le vraiment soutiendraient.
Après la nomination de ‘Ubayd Allah b. Zîyâd comme le gouverneur de Koufa, à cause de la peur des gens de lui, ils ont soudainement laissés Muslim seul. Ainsi, il a été arrêté et tomba en martyre au jour de ‘Arafa (le 9 Dhu al-Hijja), l’an 60 H(le 13 septembre 680 C).
L’histoire de Muslim qui laissé seul et de son martyre à Koufa est le thème d’une lamentation bien connue récitée par les chiites, au jour de ‘Arafa et parfois au Muharram.
Événements de la vie
À propos de la vie du muslim b. ‘Aqîl jusqu’à ce que l’Imam al-Husayn (a) le présenta comme son représentant à Koufa, il y a très peu d’information.
Participer aux conquêtes dans Afrique du nord : Selon certaines sources historiques, l’un des événements pendant la vie de Muslim fut sa présence dans les conquêtes de l’Afrique du Nord en l’an 21 H. Muslim b. ‘Aqîl et certains de ses frères, dont Ja’far et Ali, participèrent à la conquête de la ville d’al-Bahnasa (en Égypte).[9]
Présence à la bataille de Siffin : Muslim également participa à la guerre de Siffin.[10]
Muslmin a accompagné l’Imam al-Husayn (a) quand il a quitté Médine vers La Mecque.
Les causes de la révolte de l’Imam al-Hussein (Paix et salut sur lui)
Il n’y a aucun doute qu’on ne peut pas séparer les évènements historiques les uns des autres et les étudier par la suite. Souvent un évènement historique est petit, mais avec de grandes racines bien déployées dans le passé.[11]
Un grand évènement comme la tragédie de Karbala ne fera pas l’exception par rapport à cette règle. On ne peut le limiter dans le temps où il s’est déroulé c’est-à-dire en l’an 61 après l’hégire et l’analyser seulement dans ce cadre. [12]
Car on peut aussi croire que la communauté islamique a assassinée le fils du Prophète, le dernier des Saints, la prunelle des yeux de Fatima. Qu’elle n’a pas eu pitié des enfants, des vieux, des jeunes, des femmes et des hommes de cette famille. Un groupe a été effroyablement massacré et un autre a été capturé dans le mépris total du moindre de leurs droits. [13]
Raison pour laquelle il faut reculer plus en arrière pour bien comprendre les origines de la tragédie du mois de Muharram de l’an 61 de l’hégire, ainsi que ses causes, car les évènements se sont conjugués depuis des années et chacun a joué un rôle vers l’apparition de la grande tragédie.
La sanglante tragédie de Karbala : la haine de Bani Omeyya vis-à-vis de Bani Hâchim. [14]
La sempiternelle haine de la famille Omeyyade vis-à-vis de la famille Hâchim fait partie des causes lointaines de la grande tragédie. Les faits historiques montrent que bien que le Prophète soit lui-même de la tribu Qouraych, les pires ennemis de l’Islam sont sortis de cette tribu. Les deux clans à savoir les familles qui ont eu les plus sanglantes confrontations appartiennent à cette grande tribu. Le plus grand objet de conflit entre ces deux grands clans provient de la grandeur et l’honneur de Bani Hâchim d’un côté, et l’endurance de l’humiliation et la mauvaise réputation de la famille Omeyyade de l’autre côté. [15]
Mais avec l’apparition de l’Islam, la haine et la rancune d’hier des Omeyyades ont explosé. [16]
La requête des omeyyades à l’Imam lui demandant qu’il approuve la nomination de Yazid au poste du califat
L’opposition de l’imam Hossein contre la désignation de Yazid comme prince héritier
Quant à son refus absolu du pouvoir de Yazid, il l’a expliqué clairement à Ibn al-Walid, comme nous l’avons vu plus haut: «Yazid est un libertin qui ne cache pas son libertin alcoolique et un assassin de l’âme interdite… Quelqu’un comme moi ne saurait prêter serment d’allégeance à qui comme lui … »
Le Gardien du Message ne peut aucunement confier celui-ci à son transgresseur. Rien de plus légitime.
Et c’est dans une autre lettre, adressée, celle-ci, aux habitants de Kûfa qu’il souligne les conditions requises en Islam pour un prétendant à la direction politique des Musulmans, l’Imamat[17]:
«Par ma religion, l’Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l’équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s’en tient scrupuleusement aux Prescriptions de Dieu…» [18]
Or Yazid était un débauché qui affichait sa débauche. [19] L’essentiel de ses préoccupations étaient: les jeux, les divertissements, les femmes, les boissons alcoolisées, les courses de chevaux, la chasse etc… Comment dès lors, al-Hussayn, ce petit-fils du Prophète, ce gardien du Message, ce membre des Ahl-ul-Bayt dont «Dieu a effacé la souillure» [20] pouvait-il consentir et contribuer à la désignation de quelqu’un comme Yazid pour la direction de la Umma, direction à laquelle ne doit accéder qu’un homme d’une intégrité exemplaire et possédant une connaissance profonde et parfaite des lois et des statuts de la Chari’â?
L’ordonnance du bien et l’interdiction du mal
Dans une lettre adressée à son frère Muhammad Ibn al-Hanafiyyah ainsi que dans d’autres occasions, al-Hussayn évoque les raisons de son départ de Médine, de son refus du pouvoir de Yazid, et de sa révolution contre lui. Il y explique le sens de son mouvement et les fondements de sa confrontation avec le nouveau régime Omeyyade. Ci-après l’essentiel de cette lettre:
«Je ne me suis pas soulevé de gaieté de cœur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle, ni par subversion ni injustement. Je me suis soulevé pour réformer la Umma de mon grand-père, le Messager de Dieu, pour commander le bien et interdire le mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père … »
Rappelant aux Musulmans leur devoir de s’opposer à Yazid, l’Imam al-Hussayn dit:
«Ô gens! Le Messager de Dieu a dit: Celui qui voit un Sultan injuste qui rend légal ce que Dieu a interdit, qui transgresse le pacte qu’il a conclu devant Dieu, qui dévie la Sunna du Messager de Dieu, qui agresse les Musulmans et commet des péchés contre eux, sans qu’il s’oppose à lui (à ce sultan) ni par une parole ni par une action, Dieu lui réservera obligatoirement le même traitement qu’IL réserve à ce sultan».
L’Imam al-Hussayn rappelant les qualités requises pour le dirigeant Musulman:
«J’en jure par ma religion: L’Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit, l’équité qui a pour religion la Religion Vraie, qui s’en tient scrupuleusement aux prescriptions de Dieu…»
L’invitation des Kufites à l’Imam al-Hussein (Psl) de venir à Kufa et d’installer un gouvernement islamique
Les habitants de Koufa, et ceux d’autres villes d’Iraq, avaient envoyé lettres et délégations à l’Imam al-Hussein:
La grande partie des lettres sous différentes formes venait de Kufa. Ils invitaient l’Imam (paix et salut sur lui) de venir prendre le règne du gouvernement. Les historiens estiment au nombre de presque 12 000 à 18 000 les lettre adressées à l’Imam Hussein (paix et salut sur lui).
Au début du mois de Shawwal, Imam Husseini (Paix et salut sur lui) dépêcha son cousin Muslim Ibn Aqeel, le grand guerrier comme son représentant à Kufa
Représentant de l’Imam al-Husayn (a) à Koufa
Mais lorsque l’Imam Husseini (Paix et salut sur) a reçu de nombreuses lettres d’invitation de Koufa, envoya Muslim à Koufa pour vérifier s’ils étaient honnêtes dans leurs lettres et aussi si c’était le bon moment pour sa présence-là.[21] Il avait avec lui une lettre dans laquelle il était écrit :
«Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. (…) J’ai reçu vos lettres et vos messagers (…). J’ai pris note de tout ce que vous avez écrit et exprimé dans ces lettres. (…) Je vous envoie mon frère et cousin, mon homme de confiance, quelqu’un de ma famille: Muslim Ibn ‘Aqil. S’il m’écrivait qu’il y avait un consensus unanime de la population sur ce que vous avez écrit dans vos lettres… je viendrais auprès de vous bientôt; si Dieu le veut…» [22] L’Imam Hossein (a.s.) ajouta aussi:
فَلَعَمْرِيْ مَا الْاِمَامُ إِلَّا الْحَاكِمُ بِالْكِتَابِ الْقَائِمُ بِالْقِسْطِ الدَّائِنُ بِدِيْنِ الْحَقِّ الْحَابِسُ نَفْسَهٗ عَلٰى ذألك لِلّٰهِ والسَّلَامُ.
“ Je jure par sa vie, l’Imam n’est rien d’autre que celui qui juge conformément au Coran, qui fait régner la justice et pratique la religion vrai et vous tous avis à. Wassalaam ”[23]
Avec ces mots, Imam (a.s.) l’Imam rappelle clairement sa ligne gouvernementale au peuple.
D’un autre côté, Yazid (l.a.) avançait les phrases qui exprimaient directement son mépris par rapport à l’Islam :
لَعِبَت هَاشِمُ بِالْمُلْكِ فَلاَ خَبَرٌ جَاءَ ولاَ وَحْىٌ نَزَلَ
“(Bani) Hashim a joué avec la royauté, en effet, aucune nouvelle n’est venu et il n’y a pas eu de révélation”.[24]
Début du voyage et problèmes sur le chemin
Muslim b. ‘Aqîl a quitté La Mecque lors de 15 Ramadan l’an 60 H.[25] Il s’est d’abord rendu à Médine, où il a déployé deux guides, puis s’est rendu à Koufa. Le voyage à Médine était apparemment destiné à cacher son intention d’aller à Koufa.
Cependant, ils étaient perdus dans le désert, pas d’eau et de nourriture. Les deux guides sont décédés, mais Muslim a survécu et a pu se rendre à une oasis, où il a envoyé un messager à l’Imam al-Husayn (a) en lui racontant leur histoire, lui a demandé d’annuler sa mission, car il a tiré mauvais augure de cet événement. Mais, l’Imam (a) a ordonné de continuer le chemin.[26]
À Koufa
Quand Muslim est arrivé à Koufa, il s’est installé chez al-Mukhtar Ibn Abi Ubayd al-Thaqafi et d’après d’autres récits, chez Muslim b. ‘Awsaja. Les chiites venaient à la place de son établissement et Muslim leur lisaent la lettre de l’Imam al-Husayn (a).[27]
Allégeance des gens de koufa avec muslim
Après le séjour de Muslim à Koufa, il a commencé à prêter allégeance à l’Imam al-Husayn (P). Les délégations commencèrent à affluer vers lui, lui exprimant leur joie et leur satisfaction de son arrivée et de celle attendue d’al-Hussayn, et renouvelant leur allégeance et leur soutien à ce dernier. Les gens pleuraient de joie lorsque Muslim Ibn ‘Aqil leur lisait le message d’al-Hussayn et l’annonce de sa venue prochaine.
Les conditions de l’allégeance comprenaient :
l’appel au Livre de Dieu et à la Sunna du Prophète (s) (tradition) ; le djihad avec des personnes injustes ; la défense des opprimés ; l’aide aux pauvres ; l’assistance aux Ahl al-Bayt (a) ; la division équitable du trésor public (Bayt al-Mâl) ; la paix avec ceux qui les Ahl al-Bayt (a) sont en paix avec eux et le combat avec ceux qui les Ahl al-Bayt (a) commbattent avec eux ; écouter les paroles et les pratiques des Ahl al-Bayt (a) ; et ne les désobéissent jamais.[28]
L’avènement de Muslim à Kûfa continua à susciter un climat d’effervescence populaire et un courant d’opposition affichée, de plus en plus agité et de plus en plus menaçant pour le pouvoir central et ses représentants dans cette ville.
Le gouverneur de Kûfa, al-Nu’mân tenta de pallier pacifiquement à la situation, mais en vain. Cette attitude pacifique face à une volonté populaire résolument hostile aux Omayyades ne plut pas aux agents et partisans du pouvoir, car ils craignaient sérieusement de perdre les privilèges économiques, politiques et sociaux dont ils jouissaient au détriment des masses populaires.
Les partisans de Yazid 1e, y compris ‘Umar b. Sa‘d b. Abî Waqqâs et Muhammad b. al-Ash‘ath al-Kindî, ont écrit une lettre à Yazid sur l’évolution de la situation et leur conseilla de destituer al-Nu’mân le gouverneur de Kûfa qu’ils accusèrent de faiblesse et de manque de fermeté, et de le remplacer par un élément rompu aux méthodes de la terreur et de la répression pour pouvoir rétablir le prestige du Pouvoir.
Ainsi, Yazid a nommé ‘Ubayd Allah b. Zîyâd, qui était le gouverneur de Bassora à la même époque, devint également le gouverneur de Koufa.
Avant le retournement de la situation à Kûfa, et alors que l’enthousiasme et l’ardeur populaires des Kufites pour la cause d’al-Hussayn et sa venue dans cette ville, étaient à leur zénith, Muslim Ibn ‘Aqil avait écrit à son cousin l’Imam al-Husayn (P) selon laquelle, il confirma le grand nombre de ceux qui avaient juré allégeance et avait invité l’Imam (a) à se rendre à Koufa.[29] Cette lettre a été citée dans différentes sources. Ainsi, sur des comptes différents, ses lettres font référence à 12 000,[30] 18 000[31] ou, selon certaines versions, à tous les habitants de Koufa.[32]
Entrée de ‘Ubayd Allah b. Zîyâd à Koufa
‘Ubayd Allah b. Zîyâd et son père, Zîyâd b. Abîh, étaient connus pour la violence.[33] La famille était généralement déployée par les anciens califes afin de réprimer les émeutes. Par exemple, ‘Ubayd Allah avait réprimé violemment les émeutes des Kharidjites à Bassora. Quand ‘Ubayd Allah est arrivé à Koufa, la position de la ville s’est retournée contre Muslim b. ‘Aqîl tout à coup et beaucoup de gens de Koufa qui avaient l’intention de participer à un soulèvement contre le gouvernement de Yazid 1e ont été dispersés pour rester hors de danger.
Dans ce climat explosif et d’incertitude, les autorités faisaient circuler des rumeurs qui allèrent bon train: «Une armée colossale eut été sur le point d’arriver de Damas pour soutenir le pouvoir, exterminer les opposants et anéantir Muslim Ibn ‘Aqil et ses partisans!» La peur et le découragement ne tardèrent pas à entamer sérieusement la volonté des opposants et à s’emparer de l’opinion publique.
Muslim Ibn ‘Aqil qui observait la situation de très près, décida de lancer une offensive contre le Palais pour s’en emparer et en finir avec le gouverneur de ‘Obeidullah Ibn Ziyâd. Il rassembla ses hommes et encercla à son tour le Palais.
‘Obeîdullah Ibn Ziyâd et ses partisans qui étaient inférieurs en nombre aux assaillants, se cloîtrèrent dans le Palais. Le Gouverneur assiégé envoya quelques-uns de ses agents pour s’infiltrer dans les rangs des nouveaux assaillants et de la foule, dans l’intention d’y créer un climat de peur, de doute et de suspicion, et de gagner du temps. Ils réactivèrent la rumeur de l’arrivée imminente de l’armée de Damas et feignirent de se soucier de préserver la paix et la sécurité de la ville et d’éviter l’effusion de sang. Leur stratagème ne tarda pas à s’avérer astucieux. Les hommes de Muslim commencèrent à se disperser et à se démobiliser. A la tombée de la nuit, lorsque celui-ci se dirigea vers la mosquée il n’y avait guère plus de 10 hommes sur les 4 mille combattants qui l’avaient suivi au départ de sa marche sur le Palais. [34] Lorsqu’il termina sa prière du crépuscule il fut surpris de ne voir personne derrière lui pour le guider ou l’héberger dans ce pays étrange et étranger. [35]
Cette situation dramatique et poignante ne terrifia pas cet étranger qui se trouva subitement esseulé, abandonné par ses partisans, suivis par les espions du Pouvoir et traqué par ses agents. Il sortit de la mosquée avec un seul souci majeur: trouver le moyen de prévenir al-Hussayn pour lui éviter de tomber dans les pièges de la trahison. Il traversa les rues désertes de cette ville plongée dans la peur. Il marchait sans savoir où aller. Son chemin le conduisit près d’une porte où il vit une femme nommée Taw’ah.
Arrestation et martyre de Muslim
Enfin, debout près de la maison d’une vieille femme qui s’appelait Taw’a, il lui a demandé de l’eau. Quand la femme l’a reconnu, elle lui a demandé de rester chez elle pour la nuit. Le fils de la femme, découvrant la présence de Muslim là-bas, il a informé le lendemain les autorités. Ibn Zîyâd a donné 70 soldats à Muhammad b. al-Ash‘ath et lui a demandé d’arrêter Muslim et de l’amener au palais.[36]
Après un combat entre Muslim et les soldats, Muhammad b. al-Ash‘ath lui a dit que s’il se rend, personne ne le nuira. Ainsi, Muslim s’est rendu et a été emmené au palais.[37] Mais, Ibn Zîyâd a refusé de confirmer la promesse de Muhammad b. al-Ash‘ath, et après une dispute entre Muslim et lui, il a ordonné à Bukayr b. Hamrân[38] qui a été blessé par Muslim, de le prendre au toit du palais et de le décapiter[39] et son corps fut jeté du palais.[40]
Selon des rapports historiques, Muslim serait inquiet pour l’Imam al-Husayn (a). Ainsi, il a demandé de ‘Umar b. Sa‘d, qui venait de Quraych, entend et fait respecter son testament. Son premier testament était d’envoyer quelqu’un chez l’Imam (a) pour le dissuader de venir à Koufa. La deuxième volonté était que son corps soit enveloppé puis enterré, et le troisième était que ses dettes soient payées en vendant son épée et les autres objets à sa disposition.[41]
Après le martyre de Muslim, Ibn Zîyâd a également ordonné l’assassiner de Hânî b. ‘Urwa. Puis il envoya leurs têtes à Yazid ibn Muawiya à Cham.[42]
Notes:
- bn ‘Abd al-Birr, al-Istî’âb fî Ma’rift al-Ash’âb, vol 3, p 1079
- Ibn ‘Abd al-Birr, al-Istidhkâr, vol 8, p 249
- Abu al-Faraj Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 52
- Al-Baladhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 3, p 224
- Ibn Habbân, ath-Thiqât, vol 5, p 391
- Ibn Qutayba, al-Ma’arif, p.204; Baladhari, Ansab al-ashraf, vol.II p.70-71.
- Ibn Makula, Ikmal al-kamal, vol. VI, p. 235.
- Cheikh as-Sadûq, al-Amâlî, p 143-148
- Al-Wâqidî, Futûh ash-Shâm, vol 2
- Ibn Sharâshûb, al-Manâqib
- Achoura ; ses racines, ses motivations, ses événements et ses conséquences.
- Ibid
- Ibid
- Ibid، page: 94
- Ibid، page: 95
- Ibid، page: 100
- De: “imam”= celui qui guide, qui se met devant.
- A-Cheikh al-Mufid, op. cit. p. 204
- Voir al-Mawdoudi, op. cit. p. 11
- Voir le verset coranique déjà cité, et dans lequel, il est dit: «Ô vous, les gens de la Maison! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure». (Coran, XXXIII, 33)
- Ibn Qutayba, al-Akhbâr at-Tiwâl, p 230
- Al-Cheikh al-Mufid, op., cit., p. 204
- Kitabul Irshad, p. 305
- A’yaan-us-Shiah by Sayyed Mohsin Amin (r.a.), Vol. 4, p. 150
- Al-Mas’ûdî, Murawwij adh-Dhahab, vol 3, p 64; 1363 HS
- At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 5, p 354-355, 1387 HS ; Ibn A’tham, al-Futûh, vol 5, p 53, 1411 H
- Ibn Qutayba, al-Akhbâr at-Tiwâl, p 231
- Al-Muqarram, Abd ar-Razzâq, ash-Shahîd Muslim b. ‘Aqîl, p 104
- Ad-Daynawarî, al-Akhbâr at-Tiwâl, p 243, 1330 H ; at-Tabarî, Tîrîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 5, p 395, 1387 H
- Ad-Daynawarî, al-Akhbâr at-Tiwâl, p 243, 1330 H
- Ibn Sa’d, at-TAbaqât al-Kubrâ, at-Tabaqat al-Khâmisa, vol 1, p 65
- at-Tabarî, Tîrîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 5, p 395, 1387 H
- Ibn Qutayba ad-Daynawarî, al-Akhbâr at-Tiwâl, p 269-270, 1330 H ; At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 7, p 185-187, 1387 H ; Ibn Abd al-Birr, al-Istî’âb, vol 2, p 525, 1992 C
- Ibn Tâwûs, “Maqtal al-Hussayn”, p.22, et Ibn Kathir, op. cit., p. 135.
- Cet événement eut lieu, le mardi 8 Dil Hijia de l’an 60 hégirien
- Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 2, p 81, 1974 C ; at-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 5, p 350, 1387 H
- at-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 5, p 350, et 374, 1387 H
- Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 2, p 83, 1974 C ; Ibn Ahtîr, al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 4, p 35, 1385 H
- Cheikh al-Mufîd, al-Irshâd, p 53-63
- Al-Mas’ûdî, Murawwij adh-Dhahab, vol 3, p 65, 1363 H
- Ja’farîyân, Ta’ammulî Dar Nahzat ‘Âshûrâ’, p 168, 1381 HS
- Ibn A’tham, al-Futûh, vol 5, p 62