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15 Rajab: Fin du boycott contre les musulmans
Quinze Rajab: Fin de l’embargo érigé par les païens Mecquois contre le Prophète (paix et salut soient sur et sa famille) et ses compagnons, 10 après La révélation.
Shi‘b Abî Tâlib; la Vallée d’Abi Talib est une vallée entre le mont Abû Qubays et le mont Khandama à La Mecque. Sept ans après al-Bi‘tha, les polythéistes de La Mecque déclarèrent un boycott économique et social contre le Prophète Muhammad (s), Banu Hachim et les musulmans. Ils recoururent donc à la Vallée Abî Tâlib pendant trois ans sous blocus.
Dans une lettre à Muawiya, l’Imam Ali (a) fait allusion à l’hostilité des quraychites et au siège de trois ans de Shi‘b Abî Tâlib.
Cette région appartenait à Abd al-Muttalib (le grand-père du Prophète (s)). La maison de Sayyida Khadidja (a) où elle vivait avec le Prophète Muhammad (s) et leurs enfants sont nés, y était située.
La vallée est à l’est de Ka‘ba, après l’endroit où le Sa‘y est exécuté. En raison de la proximité de la Kaaba, elle était considérée comme la meilleure région de La Mecque. Comme le Prophète Muhammad (s) naquit dans cette région, elle fut aussi appelée Shi‘b al-Mawlid (en arabe :; la vallée de naissance). Sayyida Fatima (a) naquit également dans cette région.
Aujourd’hui, il ne reste qu’une petite partie de cette région, appelée Sûq al-Layl, et les autres parties furent ajoutées à al-Masjid al-Harâm dans différentes extensions de la Mosquée.
Noms
Le mot « Shi‘b » signifie en arabe : l’espace entre deux montagnes,[1] une vallée ou une route dans la montagne[2] et la région située entre deux montagnes rapprochées.[3]
Cette région appartenait à Banû Hachim et dans différentes époques, elle avait divers noms comme Shi‘b Banî Hachim, Shi‘b Abî Tâlib, Shi‘b Ali b. Abî Tâlib et Shi‘b Abî Yûsuf.[4]
Localisation géographique
Le quartier de Shi‘b Abî Tâlib ou la région de Shi‘b Abî Tâlib est situé près de la Mosquée Sacrée et derrière les montagnes Safâ et Marwa. C’était entre le mont Abû Qubays et le mont Khandama.[5]
Lorsque l’homme sort d’al-Masjid al-Harâm par l’une des trois portes de Bâb al-‘Abbâs, de Bâb Ali ou de Bâb as-Salâm et passe al-Mas‘â (l’endroit où Sa‘y est exécuté), il arrive à un espace ouvert qui se trouve au-dessous du mont Abû Qubays. Cet espace ouvert est l’emplacement exact de Shi‘b Abî Tâlib.
Aujourd’hui, il n’en reste qu’une petite partie qui s’appelle Sûq al-Layl. Il se situe au-dessus de la montagne et comprend les maisons qui se construisirent en face d’al-Mas‘â.
La plupart des maisons et des lieux historiques de Shi‘b Abî Tâlib fut actuellement ajoutée à la Mosquée sacrée et devinrent une station de repos pour les pèlerins.[6]
Certains considère par erreur que le cimetière d’al-Hujûn où Abu Talib (a) est enterré, est Shi‘b Abî Tâlib, alors que ce cimetière était, depuis le début, le cimetière de La Mecque qui était situé à l’extérieur de la ville.[7]
A la fin de 6e année de l’hégire, les chefs de Quraych étaient en colère du progrès et du développement incroyable de l’islam et ne savaient pas quelle voie suivre pour arrêter le Prophète (p). Ils savaient déjà que s’ils le tuaient, la guerre civile éclaterait. Aussi le sang coulerait sûrement abondamment dans les vallées de Makkah.
Tenant compte de cette perspective épouvantable, ils ont recouru à contrecœur à une mauvaise voie différente qui n’impliquerait pas de meurtre.
Les païens de La Mecque ont tenu une réunion dans un endroit appelé la vallée d’Al-Muhassab. Ils ont également formé une confédération hostile à la fois aux Bani Hashim et aux Bani Al-Muttalib.
L’Interdiction et la Mise au Ban
Poussés par Abû Sufiyân, les chefs des différentes familles décidèrent de former une ligue pour couper tous contacts avec Mohammad, ses adeptes et les Hâchimites qui avaient refusé de se séparer de Mohammad. Ils prirent l’engagement solennel de n’avoir aucune sorte de relation commerciale avec eux – ne rien leur acheter et ne rien leur vendre – et de ne contracter aucune alliance matrimoniale avec eux. La septième année de la Mission (environ 616 ap. J. -C.) cette Convention fut rédigée, signée et scellée. Et pour lui conférer une valeur solennelle, elle fut conservée dans la Ka’bah.
Abû Tâlib amena alors Mohammad à son logement connu sous la dénomination de Chi’b Abî Tâlib. Les Hâchimites soumis eux aussi au boycottage à cause de Mohammad, se retirèrent au même endroit. L’un d’entre eux seulement, Abû Lahab, s’en sépara et fit cause commune avec les Mecquois.
Désormais les Hâchimites, mis au ban de la société, furent entièrement éloignés du reste des habitants de leur ville. Ils devinrent des gens excommuniés, condamnés à souffrir toutes les privations. Même la forteresse de Chi’b Abî Tâlib était occasionnellement assiégée par les Quraych afin de renforcer le blocus et de prévenir toute possibilité d’approvisionnement. Les Hâchimites se virent ainsi acculés à la famine pour cause de manque de provisions qu’ils ne pouvaient acquérir qu’à des prix exorbitants chez des commerçants étrangers pendant les jours de Trêve, c’est-à-dire aux mois de Rajab et de Thilhaj de chaque année.
Ils étaient constamment surveillés par les Quraych et n’osaient pas sortir dehors. Abû Tâlib craignait même des assassinats nocturnes. Aussi était-il toujours sur ses gardes et changeait-il souvent la chambre à coucher de Mohammad par mesure de précaution contre une attaque surprise. Cet état des choses dura environ trois ans. II commença vers la fin de la septième année de la mission et se termina la dixième année, où Mohammad atteignit l’âge de cinquante ans.
Il est à noter ici que pendant ces années-là le Prophète ne négligea pas sa Mission. Il s’appliquait à l’amélioration des mentalités de ses proches en prêchant le Monothéisme afin de rendre plus effective leur soumission à sa Foi, et chaque fois qu’il lui arrivait de sortir pendant les jours de Trêve, il se mêlait aux pèlerins, effectuait ses prêches parmi eux, exposait ses doctrines et annonçait ses révélations dans des occasions propices.
Le teneur du traité était :
L’interdiction du commerce avec Banû Hachim, Muhammad et ses partisans.
L’interdiction d’avoir des relations et des interactions sociales avec les musulmans.
L’interdiction de se marier avec eux ; nous ne leur donnons pas nos filles en mariage et nous ne les épousons pas
Si les musulmans livrent Muhammad pour qu’il soit tué, nous annulerons le traité.
Le texte de ce traité fut signé par tous les membres éminents de Quraych à l’exception d’al-Mut‘im b. ‘Adîyy[8] et ses principes fut efficacement exécuté.[9]
Après le traité des polythéistes de La Mecque, Abû Talib invita Banû Hachim et leur ordonna de soutenir le Prophète Muhammad (s). Il leur dit de déménager à Shi‘b Abî Tâlib et de s’y installer. Aussi pour protéger la vallée, il mit des gardes autour de la vallée.
Quiconque entrait à La Mecque ne fut pas autorisé à effectuer des transactions avec Banû Hachim. Ceux qui violèrent la règle, leurs biens furent confisqués.[10]
Peandant la saison du hadj, les musulmans étaient autorisés à quitter temporairement Shi‘b afin d’acheter quelque chose ou d’inviter d’autres personnes à l’islam.[11] L’Envoyé de Dieu (s) invita les gens au temps du hadj dans la première année du boycott et cela gênait les polythéistes. Ils dirent à Abû Talib de remettre son neveu (le Prophète Muhammad (s)) pour le tuer. Abû Talib réagit fortement et les déçut.[12]
Abû Talib avait peur que les quraychites assassinent l’Envoyé de Dieu (s) nuitamment. Il changeait donc chaque nuit le lieu de couchage du Prophète (s). Il dormait lui-même à côté du Prophète (s) et disait à un de ses enfants de dormir de l’autre côté du Messager d’Allah (s).
Situation difficile de Banû Hachim
Le boycott et l’encerclement de la vallée d’Abî Tâlib dura trois ans et les enfants de Banû Hachim souffraient des difficultés.[13] Les polythéistes de La Mecque voyaient la souffrance et les gémissements des enfants mais ils ne s’émurent jamais de leur malheur..
Les espions de Quraych surveillaient les musulmans tout le temps afin que personne ne puisse leur donner à manger. Cependant parfois Hakîm b. Hizâm[14] le neveu de Sayyida Khadidja (a), Abu al-‘As b. Rabî‘[15] et Hicham b. ‘Umar apportaient pendant la nuit un peu de blé et de dattes à Banû Hachim.
Ils les mirent sur un chameau puis relâchèrent le chameau près de la vallée. Cette aide qu’ils fournissent leur pose parfois un dilemme.[16]
Le noble Prophète (s) avec sa femme Khadidja, son oncle Abû Talib et ses compagnons vécurent dans des situations plus difficiles pendant trois ans. Ils passaient la vie avec les biens de Khadija (a). Malgré la teneur du traité, quelquefois certains des proches parents de Banû Hachim donnaient secrètement de la nourriture aux musulmans.
L’endurance du Prophète (s) et de ses partisans irrita les dirigeants Qurayshites. La plupart d’entre eux avaient une fille, un fils, des petits-enfants ou des proches parents à Shi‘b et ils cherchaient une excuse pour mettre fin au traité et libérer leurs proches musulmans.
Fin du boycott
Dans la 10e année après al-Bi‘tha, une nuit Abû Jahl arrêta Hakîm b. Hizâm qui voulait envoyer le blé à Sayyida Khadidja (a). Certains intervinrent et blâmèrent Abû Jahl pour la sévérité de ses actions.
Peu à peu, des groupes de Quraych se sentirent coupables et commencèrent à soutenir Banû Hachim. Ils disaient pourquoi Banû Makhzûm (l’un des branches de Quraych et la tribu d’Abû Jahl) profite d’une vie facile alors que Banû Hachim vivent dans cette situation difficile ?
Finalement, ils dirent que le traité doit être annulé et certains d’entre eux décidèrent de le déchirer. Ibn Hishâm de Ibn Ishâq rapporte que lorsqu’ils allèrent voir le traité à la Ka‘ba, ils remarquèrent qu’il était miraculeusement mangé par les termites, à l’exception de la phrase « Bismik Allâhumma » (à Ton Nom, ô Allah).[17]
Selon un autre rapport, Dieu informa Son Messager que le traité était mangé par les termites, sauf le terme de « Bismik Allâhumma ». Le Prophète (s) également informa Abû Talib de la nouvelle.[18] Abû Talib alla à l’association de Quraych et leur dit : ” Mon neveu dit : le traité que vous avez écrit est mangé par les termites et il ne reste que le nom d’Allah. Mettez fin au boycott s’il dit la vérité et s’il ment, je vous le remettrai. “
Lorsque les chefs de Quraych allèrent voir le traité, ils furent choqués de voir qu’il était mangé par les termites, à l’exception de la phrase « Bismik Allâhumma ». Par conséquent, l’encerclement prit fin et Banû Hachim purent quitter la vallée.[19]
Temps
Selon Ibn Sa‘d, l’encerclement de Shi‘b Abî Tâlib commença dans le mois de Muharram de la 7e année après al-Bi‘tha[20] et prit fin après trois ans dans la 10e année après Bi‘tha.[21]
Lettre de l’Imam Ali (a) à Muawiya concernant l’encerclement de Shi‘b
D’après Nasr b. Muzâhim, le Commandeur des croyants (a) écrit dans une lettre à Muawiya sur les oppressions de Quraych dans Shi‘b Abî Tâlib contre le Prophète Muhammad (s) et les musulmans :
« Nos proches (la tribu Quraych) ont décidé de tuer notre Prophète (s) et de mettre fin à notre lignée ; ils ont décidé de nous opprimer ; ils ont bloqué notre accès à l’eau et à la nourriture ; ils ont effrayé les musulmans, ont mis des espions pour nous surveiller et nous ont obligé à se réfugier dans une vallée accidentée.
Ils ne se sont contentés pas de cela et ont lancé des attaques et des batailles contre nous et ont écrit un traité de ne pas manger et de ne pas boire avec nous ; ils ont interdit toute relation conjugale et tout commerce avec nous ; ils nous ont mis en danger afin d’arrêter le Prophète Muhammad (s), de le tuer et de mutiler son corps. À l’exception de la période du hadj, nous risquions d’être attaqués.
Cependant, Dieu a voulu que nous protégions le Prophète (s) sans le relâcher. Les croyants le protégeaient souhaitant les récompenses divines et les mécréants le soutenaient pour protéger leurs proches et leur clan. »[22]
Notes:
1-Ibn Manzûr, Lisân al-‘Arab, vol 1, p 449
2-Majma‘ al-Bahrayn, Tarîhî, vol 2, p 90
3-Ja‘farîyyân, Âthâr Islâmî Makki wa Madîni, p 149
4-Yâqût al-Hamawî, Mu‘jam al-Buldân, vol 5, p 77 ; Qâ’idân, Târîkh wa Âthâr Islâmî Makki wa Madîni, p 114 ; Ja‘farîyyân, Âthâr Islâmî Makki wa Madîni, p 149
5-Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 352
6-Qâ’idân, Târîkh wa Âthâr Islâmî Makki wa Madîni, p 151
7-Qâ’idân, Târîkh wa Âthâr Islâmî Makki wa Madîni, p 115
8-Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, vol 2, p 72
9-Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 163 ; Shahîdî, Târîkh Tahlîlî Islâm, p 53 ; Az-zahabî, Târîkh al-Islâm, vol 2, p 710
10-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, vol 2, p 71 – 72
11-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, vol 2, p 72
12-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, vol 2, p 72 – 73
13-Qâ’idân, Târîkh wa thâr Islâmî Makki wa Madîni, p 114
14-Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 354
15-Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 73
16-Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 354
17-Shahîdî, Târîkh Tahlîlî Islâm, p 53
18-Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 234
19-Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 73 – 74 ; Shahîdî, Târîkh Tahlîlî Islâm, p 53
20-Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 163
21-Qâ’idân, Târîkh wa thâr Islâmî Makki wa Madîni, p 114
22-Allâma ash-Shûshtarî, Bahj as-Sabâgha fî Sharh Nahj al-Balâgha, vol 2, p 355