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La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ Sadrâ
Nous pouvons d’ores et déjà confirmer la vérité de cet enseignement selon lequel « ne jamais contrevenir au Bien » en toute chose a un effet miraculeux.
L’hygiène de vie des Imâms, leur observance stricte des règles concernant la nourriture et leur moralité excellente qui n’est pas altérée même par les péchés mineurs, sont une indication de ce qui est à l’origine de la puissance de leur énergie spirituelle (hemmat).
Ils sont loin de l’erreur, ce sont donc des esprits qui ne connaissent pas l’inquiétude, la peur ou la fatigue qui use les organes physiques. Leur corps conserve plus longtemps sa vigueur et sa fraîcheur, comme l’enseignent d’ailleurs les médecines traditionnelles qui rattachent la santé du corps à celle de l’esprit.
Les hommes ordinaires qui se plient à ces règles sous la direction d’un maître parviennent aussi à des stations où ils sont les témoins du miracle de l’esprit en raison de son influence remarquable sur le corps et ne doutent par conséquent plus qu’il puisse y avoir des êtres humains infaillibles.
Il existe plusieurs traditions qui mettent en évidence l’idée que la capacité de l’esprit, du cœur et du corps des Imâms (as) est différente des mêmes organes chez les gens ordinaires(1). De même leur conception dans le sein de leur mère n’est pas tout à fait ordinaire. (2)
Explication philosophique des qualités des Imâms (as) (suite)
- L’Imâm est constamment l’objet du soutien divin et de l’inspiration du monde invisible :
Ce soutien et cette inspiration divine résultent de l’élévation du degré de l’être des Imâms. Car l’Imâm, à l’instar du prophète, bénéficie d’un degré de l’être spécial. Ce degré est immatériel et miraculeux par rapport aux degrés atteints par les autres humains. Pour cette raison et comme nous l’avons vu, les effets de ce degré sublime sont aussi miraculeux, et l’un d’entre eux consiste dans le fait que la science de l’Imâm est extraordinaire.
Nous allons maintenant relever quelques points importants en rapport avec ce qui précède. Ces points ont aussi été évoqués largement dans les hadiths et les traditions :
- L’Imâmat est l’ésotérique de la prophétie, et les deux ont en partage de boire à la même source. Comme l’Imâm Rezâ (as) l’a souligné, la seule différence entre un prophète et un Imâm consiste dans le fait que le prophète voit l’ange (de la révélation) et entend sa parole, alors que l’Imâm entend l’ange mais ne le voit pas. (3)
- Etant donné que du point de vue des perfections existentielles, l’Imâm ne jouit pas de la position de prophète et que l’Imâmat est dans la jonction étroite et ininterrompue avec la prophétie, l’Imâm est donc l’héritier légitime des sciences et des Livres révélés aux prophètes. L’Imâm Rezâ (as) a décrit les Imâms comme les élus de Dieu et les héritiers du Livre de Dieu (le Coran). (4)L’Imâm connaît tous les Livres célestes dans quelque langue qu’ils soient écrits ou révélés, (5)comme l’a déclaré l’Imâm Mûsa ibn Jaafar (as). (6)
- Nous disposons de nombreuses attestations de cet héritage à travers les différents hadiths et traditions tels que :
- Les Imâms sont ceux que le Coran décrit comme « ceux qui détiennent une science bien assise» ou encore « ceux qui sont bien enracinés dans la science » (7) (Sourate Âl ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 7) ; ils possèdent la capacité d’interprétation des versets du Coran. En outre, les fondations sur lesquelles reposent les nombreuses profondeurs de sens ésotérique (batn) du Coran correspondent aux mêmes différences de degré d’être parmi les humains. Chaque homme ou femme obtient une connaissance des réalités coraniques en proportion de son degré de perfection et de « séparation » (8)au sens philosophique (tajarrod). Ils sont les trésors de la science divine et les interprètes de la révélation(9); les Imâms Sâdeq (10)et Bâqer (as) (11)ont dit : « Personne, hormis les Imâms, ne possède pleinement l’ensemble des sciences coraniques ». (12)
- Les Imâms sont les Associés du Noble Prophète (s) (13).
- Les emblèmes et les preuves miraculeuses des anciens prophètes sont détenus par les Imâms. Comme les Tablettes de la Loi et le bâton de Moïse, le sceau de Salomon, la chemise de Joseph, les armes du Prophète de l’islam (s), ses lettres cachetées, le Feuillet (Sahîfa) et l’Englobante (Jâmi’a) et autres insignes de l’héritage et de la puissance des prophètes (as). (14)
- L’affectation de l’Esprit Saint du service du Prophète au service de l’Imâm, comme l’a expliqué l’Imâm Sâdeq (as) : « L’Esprit qui descendait sur le Prophète de l’islam n’est pas retourné au ciel : il est resté avec les Imâms. » (15). Rappelons aussi que l’Imâm ‘Alî (as) a dit que cet Esprit (al-Rûh) n’était pas un ange parmi d’autres. (16)
- Comme la science de l’Imâm est innée, à savoir une inspiration et une science provenant directement de Dieu (ladunni), elle possède les caractéristiques suivantes :
- L’Imâm est l’homme le plus savant de son temps, parce que sa science est un effet de son être, et que son être est doté du plus haut degré d’être de son temps. (17)
- La science des Imâms est une science ininterrompue, constante, qui s’enrichit et se renouvelle à chaque instant à la source infinie de l’inspiration divine. L’Imâm Musâ Ibn Jaafar (as) a dit : « La science de l’Imâm possède trois directions : le passé, le futur et le présent. » Il a ajouté que la troisième sorte de science, celle du présent, était la résultante de l’inspiration projetée sur le cœur de l’Imâm, la transmission au moyen de l’audition. Cette troisième sorte de science est la plus élevée qui soit. Mais il rappelle qu’aucun prophète, après le Noble Prophète de l’islam (s), ne viendra plus et qu’il ne faut pas considérer l’Imâm comme un prophète. (18)
- Quand ils rencontrent des hommes sages et dignes de confiance, des hommes ayant accédé à un degré d’être proche du leur, les Imâms (as) les informent de toute chose. (20)Parce que le Pur ne se confie qu’au Pur.
- La science des Imâms est la seule qui soit exempte d’erreur et de contradiction.
C- L’Imâm est l’observateur de tous les évènements du monde et de tous les comportements humains.
D’après la doctrine (21)de l’unité de l’être (wahdat al-wujûd) et de sa réalité modulée selon différents degrés, comme on l’a vu, l’Imâm jouit du plus haut degré d’intensité de l’être. Pour cette raison, il se trouve au sommet de la hiérarchie ontologique. Il en résulte :
- Une souveraineté universelle de l’Imâm sur le monde des possibles.
- Une maîtrise et un contrôle du cours des évènements, et principalement des comportements humains face à ces évènements. Ceci est conforme à ce que disent les traditions, à savoir que toutes les actions des hommes sont présentées au Prophète (s) et aux Imâms (as).
Explication et élucidation philosophique des qualités des Imâms (as)
- L’Imâm est impeccable et possède le plus haut degré de la vertu et de la foi :
Les Imâms bénéficient largement de leur degré d’être extrêmement intense, et en particulier, ils sont préservés de l’erreur et du péché. Car l’erreur et le péché sont causés par l’ignorance et l’imperfection, or l’Imâm est tenu à l’écart de toute confusion et de tout péché. Comment un homme qui n’est pas un ignorant et ne souffre d’aucun défaut et d’aucune faiblesse, pourrait-il tomber dans l’erreur et le doute ? D’autre part, le facteur le plus important de l’aberration chez l’homme réside dans la passion, la colère, la luxure ; or nous avons vu que les degrés supérieurs ne sont pas sous l’emprise des degrés inférieurs et échappent totalement à leur influence. Il s’ensuit que l’Imâm qui est au sommet de la pyramide de l’être ne sera jamais tenté d’accorder le moindre intérêt à la renommée, aux biens, aux richesses et aux ornements de ce monde. C’est exactement pour cette raison que le Noble Prophète de l’islam (s) ne prêtait aucune attention au monde. Parce que ces hommes saints sont à la recherche d’un Bien-aimé que ni la terre ni le ciel ne peuvent contenir. En comparaison avec la Présence divine, ce monde-ci et le monde de l’Au-delà n’ont même pas la valeur d’un grain d’orge.
De ce qui précède, nous tirons les conclusions suivantes :
- L’Imâm est préservé de l’erreur et du péché. (22)
- La direction préservée des errements et de la déviation est un privilège exclusif de l’Imâm. En présence d’un Imâm, suivre un autre homme non préservé de l’erreur et lui obéir est contraire non seulement à la Loi mais aussi au bon sens. C’est la raison pour laquelle l’Imâm Rezâ (as) a affirmé que les Imâms étaient les étoiles et les signes de la bonne guidance, (23)conformément au verset coranique(24): « Et des repères, tels qu’ils se guident au moyen des étoiles », (Sourate Al-Nahl (Les abeilles) ; 16 : 16). Le Prophète (s) a dit : « Mes compagnons sont comme des étoiles », quelqu’un lui posa la question : « Qui sont tes compagnons ô Envoyé de Dieu ? » Il répondit : Ce sont les Douze Imâms après moi, lequel d’entre eux que vous suivrez, vous serez guidés… » (25). Seuls les Imâms sont la source de vérité, les autres prétendants non qualifiés pour cette fonction sont source de vanité. (26)Les Gens du Rappel (ahl al-Zikr) sont les plus aptes à répondre aux questions de ceux qui ne savent pas. (27)Les khalifes divins sont la porte de la connaissance de Dieu. (28)
- L’obéissance au guide impeccable est obligatoire du point de vue de la raison et de la Loi, comme l’ont confirmé l’Imâm Mûsâ ibn Ja’far et l’Imâm Rezâ (as) (29), et la nécessité de se soumettre à l’évidence. (30)
- Avec la possibilité qu’il existe un guide infaillible, la raison et la Loi divine commandent de chercher à le connaître, en tant que devoir religieux. (31)
- A défaut de connaître l’Imâm et de se soumettre à lui, les actions de l’homme seront sans valeur et ne seront pas agréées, suite au vice que constitue la négligence d’un principe de base. (32)
- La fermeté et la droiture dans l’alliance aux Imâms (velâyat) est un devoir et une nécessité. Jamais les hommes ne pourront se dispenser de l’Imâm. (33)
- L’Imâm en tant que source de charismes et de miracles :
Dans notre exposé au sujet des qualités des Imâms, l’acquisition de l’efficience divine, à savoir la manifestation de la puissance de faire venir à l’être (34)des essences anéanties, la puissance de néantisation des essences existantes, ainsi que la libre gouvernance (tasarrof) du monde de l’être et de la matière de l’univers, ne concerne pas les degrés inférieurs de l’être comme les choses inertes, les végétaux et les animaux, mais est réservée aux êtres qui sont au-dessus de la matière, à savoir les êtres séparés, immatériels. L’homme aussi, en tant que « résumé de l’univers », quand il parvient, dans son ascension, au degré de l’immatérialité (tajarrod), est en réalité parvenu à la station créatrice du « Sois ! » (Kon). Il acquiert la capacité et la condition requise pour pouvoir agir au nom de Dieu.
Comme l’Imâm se trouve dans la station la plus élevée de l’être, il est normal que la capacité créatrice partielle soit aussi de son attribution. Et comme sa science se trouve au niveau du miracle, sa puissance aussi se trouve au niveau du miracle. Et c’est cela la philosophie du miracle et des charismes, par la science et par les actes, dans le monde sensible et le monde suprasensible, de l’Imâm.
Il en découle :
- En tant qu’un homme parfait, l’Imâm est investi de la fonction de représentant de Dieu sur terre, il est aussi l’épiphanie du Nom total Allah, qui rassemble tous les noms et qualités de beauté et de majesté de Dieu. Les hadiths et autres traditions évoquent cette réalité en disant que les Imâms ont le plus grand bénéfice du « Nom Suprême » (Ism a‘zam), ou que les Imâms portent les insignes et les armes des prophètes, symboles de la puissance et de la science divine.
- La manifestation des divers miracles et charismes de la part de l’Imâm est parfaitement compatible et conforme à la raison et à la logique. Ainsi, sur ordre du septième Imâm, Mûsâ ibn Ja’far (as) un arbre s’est mis en mouvement. Une canne dans la main de l’Imâm Muhammad Taqî (as) a prononcé des paroles. De même, on a rapporté que l’Imâm Rezâ (as) avait accompli des miracles, comme celui de la main blanche (miracle de Moïse), la guérison de malades, ainsi que l’exercice de pouvoirs surnaturels sur la matière, des réponses à des questions réputées insolubles ou la révélation d’informations concernant l’invisible.
A ce propos et pour compléter les informations du lecteur, nous allons évoquer trois points en relation avec le sujet :
Premier point : le lien reliant la science à la puissance
Comme cela a été expliqué dans l’analyse philosophique des qualités des Imâms, la science et la puissance extraordinaires procèdent toutes les deux d’une seule source qui est justement la supériorité du degré de l’étant.
Mais ce qui est remarquable et ce sur quoi ont insisté les hadiths et les traditions, c’est le fait que la science possède une antériorité ontologique sur la puissance. Ce qui signifie que la science et la conscience sont la base de la puissance et de la capacité. Le Coran dit que « Dieu embrasse toute chose de par Sa science » (35). La science passe ainsi avant toute autre qualité excepté la bonté divine (Rahma) qui est aussi décrite comme embrassant (36)toute chose sans exception. Dans le Coran, il est ordonné au Prophète (s) de prier ainsi : « Ô mon Seigneur, accrois mes connaissances ! » (37). Il ne demande pas un surcroît de puissance ou de richesse, mais de science, parce que la science est en réalité ce qui rapproche de l’être, selon le principe que l’on devient ce que l’on connaît. Dans les traditions de l’Imâm Mûsa ibn Ja’far (as), il est fait cas de ce que le Prophète de l’islam (s) était plus savant que les prophètes antérieurs à lui et que les Imâms étaient les héritiers de sciences qui leur ont conféré un pouvoir d’accomplir des actes dont les prophètes antérieurs ne disposaient pas. Il a ajouté : « Nous avons hérité d’un livre qui contient l’énoncé et l’explication claire de toute chose, et qui nous donne puissance sur toute chose, comme en fait allusion aussi le Coran Glorieux ». En effet, il est fait mention dans le Livre Saint, de « quelqu’un qui avait une connaissance du Livre » et qui par ce moyen a accompli le prodige de transférer en moins d’un clin d’œil le trône de la Reine de Saba, de son palais à celui de Salomon. (38)
A notre point de vue, et en s’appuyant sur les principes de la philosophie islamique, ce point subtil peut être analysé et expliqué de la sorte : comme cela a été établi dans la discussion au sujet des qualités de Dieu, exalté soit-Il, la science divine est une science active et non réactive, dans ce sens qu’au contraire de notre science qui se fonde sur l’observation des choses du monde, la science divine n’est pas un reflet ou une représentation des choses du monde. Sa science est le principe et l’origine des phénomènes du monde. La science divine possède une antériorité logique et ontologique sur le monde. C’est par rapport à la science divine que le monde se configure : ce n’est pas le monde qui est à l’origine de la science divine. Il serait d’ailleurs absurde de poser l’inverse : cela impliquerait que la connaissance de Dieu s’accroîtrait à chaque information fournie par un nouvel évènement dans le monde. Et cela serait contraire à la perfection divine qui nécessite la connaissance avant la chose, durant la chose et après la chose. Dieu n’a rien à apprendre : Il connaît tout.
Le monde reflète la science divine. Sa transformation continue reflète la science infinie de Dieu. Dieu agit par bonté. (39)
Par conséquent, compte tenu du degré d’être, l’Imâm est dans sa vie terrestre, l’être le plus proche de Dieu, comparé aux autres êtres qui lui sont contemporains. C’est pourquoi son existence et ses effets sont dotés d’une dimension divine, et c’est pourquoi aussi sa science « ressemble » à la science divine, c’est-à-dire qu’elle est active.
Cela en vertu d’une tradition divine selon laquelle : « Allah, a dit: « Celui qui montre de l’hostilité à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme Il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur se rapprochera de Moi par les actes surérogatoires, jusqu’à ce que Je l’aime ; et, lorsque Je l’aimerai, Je serais son ouïe avec laquelle il entendra, sa vue avec laquelle il verra, sa main avec laquelle il saisira et son pied avec lequel il marchera. » (40)
L’imitation de Dieu, c’est-à-dire le fait de se conformer aux ordres de Dieu, nous rapproche de Lui, et nous fait obtenir des qualités divines, que l’on appelle takhalluq billâh, c’est-à-dire l’acquisition des caractères divins. A plus forte raison, chez l’Imâm dont l’être est le plus proche qui soit de l’être divin. La science de l’Imâm devient active, à l’image de celle de Dieu, et de même sa puissance et sa volonté. C’est cela le fondement de la correspondance étroite qui existe entre la puissance et la science du Livre, selon les traditions et les hadiths.
Deuxième point : la science et les pouvoirs miraculeux des Imâms ainsi que leur état de victime (des tourments, injustices, haines et jalousies) des hommes.
Il reste à se demander pourquoi les Imâms pourvus d’autant de science et de pouvoirs surhumains, connaissant même le moment exact où surviendra leur mort, pourquoi donc commettent-ils parfois des actes qui les conduisent à l’échec et parfois même à la mort ?
En réponse à cette question, il faut rappeler ce que nous avons dit, à savoir que la science de l’Imâm est la science la plus parfaite après celle de Dieu, et que la science de Dieu est le fondement du décret et du destin des hommes. Il s’ensuit que la science des Imâms est une science du décret divin et de la destinée, et toute leur vie est un mouvement en direction de ce décret et de ce destin et est conforme à eux. Cela afin que la responsabilité légale (des hommes envers les Imâms et des Imâms envers les hommes) soit accomplie, que les hommes soient éprouvés dans leur foi et exposés à la tentation. Autrement, l’Imâm pourrait renverser tout pouvoir injuste, de quelque nature qu’il soit, et l’anéantir (41) .
Troisième point : Exception dans la science et la puissance de l’Imâm
Il arrive de rencontrer dans la littérature religieuse des hadiths ou des informations faisant état de cas où l’Imâm n’était pas au courant d’une chose ou l’ignorait, qu’il n’avait pas puissance sur une chose, qu’il dise lui-même qu’il ne savait pas ou ne pouvait pas, comme dans la tradition numéro 659. Ces cas trouvent leur explication sur la base des principes suivants :
- Le mouvement et le cours des évènements vont dans le sens de la réalisation du décret et de la prédestination.
- Il arrive aussi que les Imâms (as) veuillent se montrer sous leur jour d’êtres humains et de se conformer à l’existence ordinaire de tout le monde, comme l’explication que donne Qaysarî (42)sur cette base, pour les cas où les prières du Noble Prophète (s) et des Imâms (as) n’ont pas été exaucées.
- Respect de la règle de l’arcane (taqiyya(43) qui se fonde sur le respect des niveaux d’intelligence des interlocuteurs et de l’auditoire.
Explication et élucidation philosophique des qualités des Imâms (as)
- L’Imâm est unique en son temps, le seul de son vivant
Puisque l’Imâm est au sommet de la hiérarchie du monde de l’être, qu’il est investi de l’intensité la plus forte de l’être de son temps terrestre et qu’il est le premier chaînon sans intermédiaire de l’effusion sacrosainte de Dieu, il jouit naturellement de toutes les perfections qui sont inhérentes à ce rang. Entre autres qualités parfaites, celle de l’unicité, qui signifie que l’Imâm de chaque époque est unique, il n’y a que lui et il est impossible qu’il y en ait deux en fonction en même temps.
Il en résulte :
- Pour chaque époque ou cycle, il n’y aura jamais plus d’un Imâm. Les traditions remontant à l’Imâm Rezâ (as) confirment ce point. (44)
- Chaque nouvel Imâm est investi des qualités et perfections de la science, dans les derniers instants de la vie de son Imâm prédécesseur. (45)
- Comme l’a mis en évidence l’Imâm Rezâ (as), un Imâm se doit de désigner l’Imâm qui lui succèdera et de le faire connaître, afin que le transfert du dépôt sacré soit effectué. (46)
- Chaque Imâm est informé miraculeusement de la mort de l’Imâm précédent, même quand il ne vit pas (ou ne se trouve pas) aux côtés de son prédécesseur. De même, en éprouvant un sentiment et un état nouveau de son être (47), il ressent par inspiration divine que c’est lui qui est élu pour porter cette charge de l’Imâmat.
- L’existence ne sera jamais dépourvue d’Imâm
Le sujet portant sur le fait que la terre ne sera jamais dépourvue de la présence d’un « Hojjat », d’une Preuve de Dieu(48), – que la présence de la Preuve divine est nécessaire et que l’existence ne peut se poursuivre sans elle –, repose sur l’idée que l’existence de l’Imâm est une nécessité de l’effusion divine dans le monde de l’être, ce qui implique que tant que le monde de l’être subsistera, l’existence de l’Imâm sera nécessaire et indispensable.
D’autre part, en raison du besoin des hommes d’une guidance céleste, l’Imâm est le flambeau éclairant de la guidance, le garant et le protecteur de la révélation divine, ainsi que la référence légale de l’herméneutique coranique, c’est-à-dire qu’il est l’autorité la plus compétente pour faire l’exégèse du texte coranique. Et de ce point de vue, tant qu’il y aura des hommes, il y aura un Imâm. C’est pour cela que dans les traditions chiites, il est dit que le dernier homme à mourir sera l’Imâm, et que s’il ne restait plus que deux hommes sur la terre, l’un deux serait l’Imâm. L’Imâm Rezâ (as) a dit : « Sans la présence de la Preuve de Dieu, la terre s’écroulerait », parce que le monde de l’existence, privé du soutien de l’Effusion continue et du secours divin, ne connaîtrait pas d’autre destinée que le néant.
Outre cela, la nécessité de la présence de l’Imâm peut aussi se démontrer par les arguments suivants :
- La réalité de la révélation divine est un ensemble de significations générales et vastes que les esprits ordinaires n’ont pas la capacité de comprendre. Comme le Coran est un Livre qui existera toujours et que l’interlocuteur réel de Dieu est le Noble Prophète (s) qui sert de Cœur et d’Esprit, de lieu d’inhésion et de réception de la révélation ; après lui, seuls les Imâms sont à même d’hériter la fonction de référents et d’interprètes du Coran. (49)Comme cela a d’ailleurs été confirmé par une tradition de l’Imâm Sâdeq (50) (as).
- L’effusion et l’inspiration divines sont continues. Il est donc nécessaire qu’à chaque époque, il existe un être ayant qualité pour recevoir cette effusion et cette inspiration et qui soit digne que l’Esprit et les anges s’adressent à lui. Rappelons que les Imâms se sont appuyés sur la continuité de la Nuit du Destin (51) (laylat al-qadr) après le Noble Prophète (s) pour justifier et démontrer la continuité et la permanence de la fonction de l’Imâmat. (52)
- Avec l’Imâm, Dieu établit Sa Preuve (Hojjat) devant la création. Comme l’Imâm Mûsâ Ibn Ja’far et l’Imâm Rezâ (as) l’ont affirmé. (53)
- Les Imâms sont les témoins de Dieu à charge et à décharge vis-à-vis des créatures en tant que modèles et exemples ; et aussi pour la surveillance et l’examen des actes et témoignages au jour de la Résurrection(54).
- Obéir à l’Imâm : source de bonheur ; s’opposer à lui : source d’infortune
Avec les qualités que nous avons exposées et qui sont requises de l’Imâm, il est évident que se rallier à l’Imâm, lui obéir, reconnaître son rang et témoigner de sa légitimité ne peut que garantir le bonheur dans ce monde et dans l’autre. Par contre, s’opposer à lui, lui désobéir ne peut être que source de malheur et d’égarement. Les Imâms sont les piliers du monde de l’être, et les seuls moyens pour assurer le salut de l’humanité. (55) Pour cette raison, ceux qui prétendent faussement à l’Imâmat, au califat divin et qui nient cette dignité divine accordée à la Famille du Prophète (s), ou qui soutiennent ces dénégateurs de la vérité divine, sont tous voués au châtiment divin(56)
Selon une tradition du Prophète (s) : « Mourir sans avoir connu l’Imâm, c’est mourir dans l’ignorance (jâhiliya) et la perdition ». (57)
- Connaître l’Imâm et se rallier à lui nécessitent une aptitude et une capacité spéciales
Les traditions rapportent que : « La parole de la Famille de Mohammad, (Salla Allah ‘alayhi wa âlihi wa sallam) (58) est une parole difficile et rare que seul un prophète envoyé, un ange rapproché ou un croyant dont le cœur a été éprouvé, peuvent croire pleinement et supporter. » (59)
Cela s’explique par le principe que la connaissance de la station de l’Imâm requiert impérieusement un degré d’être élevé et parfait, ou proche de la perfection, correspondant à cette noble station. Il n’est donc pas donné à tout le monde de se mettre à l’ombre du seuil de ces Êtres Beaux et Lumineux. La capacité limitée des hommes ordinaires ne leur permet pas d’embrasser du regard ce soleil flamboyant, et cette mer sans rivage de l’Imâmat.
C’est pourquoi nos Imâms impeccables (as) font remonter le lien de la reconnaissance de la walâya(60), tout comme la reconnaissance de l’unité divine, au moment initial où les êtres étaient des poussières dans les mains de Dieu : dans Sa Main droite, les partisans des Imâms, et dans la gauche, leurs ennemis. De même, ils considèrent les chiites et les partisans de la walâya (alliance et vassalité avec les Imâms) comme faisant partie intégrante de l’Imâmat, c’est-à-dire qu’ils ont été créés de la même origine et de la même matière qu’eux. Ce qui est pur l’est depuis les origines. Pour connaître les Imâms, il faut une pureté intérieure, une capacité en rapport et une aptitude spéciale, car ces Purs sont l’âme du monde ; l’âme de l’âme. Même si en apparence, ce sont des hommes comme les autres hommes.
Notes:
1- (Idem, 105 à 108)
2-(Idem, 996 – 1004)
3- Idem, de l’Imâm Rezâ (as) 705 ; de l’Imâm Bâqer (as) 699 ; et de l’Imâm Sâdeq (as) 697 et 700. Voir aussi les traditions 1020 à 1024, 1031 à 1035, et au sujet de ce que les sciences des Imâms font partie des mystères divins, Abû al-Hasan (as), 650.
4-Idem, de l’Imâm Rezâ (as) 559 ; et à ce sujet, les traditions des autres Imâms, 552 à 556 et 589 à 592.
5- Idem, 600 ; et aussi de l’Imâm al-Sâdiq (as), traditions 601, et 653 à 655
6-Mûsa fils de Jaafar (as) est le septième Imâm des chiites duodécimains. Il est le père de l’Imâm Rezâ.
7-L’expression coranique désignant « ceux qui sont bien enracinés dans la science » est la suivante : (râsikhûn fi al-‘ilm)
8-Idem, Imâm Sâdiq (as), 449 à 451. Au sujet du rapport existant entre les profondeurs de sens du Coran et les degrés de l’être, voir Asfâr, volume 7, page 36 et suivantes.
9- Idem, 500 à 505
10- Ja’far al-Sâdiq (as) est le sixième Imâm des chiites. Il est connu pour celui qui a définitivement assis le chiisme, au point que l’école duodécimaine est parfois appelée école ja’farite (al-mazhab al-ja’farî)
11- L’Imâm Muhammad al-Bâqir (as), mort en 733, est le cinquième Imâm du chiisme. Son surnom al-Bâqir fait référence à sa science religieuse immense.
12- Idem, 402 à 407
13- Idem, 678 à 680
14- Idem, les Imâms Bâqir et Sâdiq (as), 611 à 636
15- Idem, 709 à 715
16- Idem, tradition numéro 716
17- Idem, 672 à 677 ; les Imâms sont la source des sciences : 1036 et 1037
18- Idem, 681.
19- Idem, Imâm Sâdeq (as), 661 à 663, et 672 à 675.
20- Idem, les Imâms Bâqir et Sâdiq (as), 684 et 685.
21- Doctrine la plus conforme à l’enseignement philosophique de l’islam, dont les prémisses ont été posées par Ibn ‘Arabî (mort en 1240) et son école, pour être exprimée de façon rationnelle dans le cadre d’un système philosophique précis par Mollâ Sadrâ Shîrâzî.
22- Idem, 518, et 716 à 719
23- Idem, 496 à 499
24- Wa ‘alâmât wa bi- al najmi hum yahtadûn…
25- Voir Ma’âni al-Akhbâr (Les sens des traditions), d’Ibn Bâbuyeh, surnommé Shaykh al-Sadûq, un des trois grands compilateurs de traditions chiites, p. 157.
26- Idem, 1038 à 1043
27- Idem, L’Imâm Reza (as) 545
28- Idem, 506 à 508. Voir aussi L’Imâm Reza (as), tradition numéro 1572
29- Idem, 481 et 483
30- 1009 à 1016
31- Idem, 1017 à 1019 et 1181 à 1183.
32- Idem, 460 à 468 et 965 et 966.
33- Idem, 580 et 581.
34- Il s’agit ici de thèmes évoqués dans le Coran, comme par exemple le pouvoir que Dieu a donné à Sayyidînâ ‘Isa ibn Maryam (as) (Jésus, fils de la Sainte Marie), de ressusciter les morts « avec la permission de Dieu », ou à Sayyidînâ Ibrâhîm (as), (Abraham) de redonner vie aux quatre oiseaux, ou encore au ministre du Roi Soleymân (as), (Salomon) de faire venir miraculeusement le trône de la Reine Belqîs (Belkis), de la lointaine Saba à la cour de Salomon. Il est question de pouvoirs accordés par Dieu à Ses Amis qui sont des serviteurs humains parfaits. Dans la littérature du soufisme, il existe aussi beaucoup de cas similaires.
35- Voir par exemple Sourate Al-An’âm (Les bestiaux) ; 6, verset 80 et Sourate TâHâ ; 20, verset 98.
36- Sourate Al-Ghâfir (Le pardonneur) ; 40, verset 7 et Sourate Al-A’râf ; 7, verset 156
37- Sourate TâHâ : 20, verset 114.
38- voir le Coran, la Sourate Al-Naml (Les fourmis) ; 27, verset 40
39- Voir Kitâb al-Shifâ d’Ibn Sînâ, Ilâhiyât : section 7 ; Kitâb al-Najât , Ilâhiyât, discours numéro 2, section 18 ; Kitâb al-Ishârât w-al-Tanbîhât, septième chapitre, namat 7, section 13 et 14 et 22 ; Al-Asfâr de Mollâ Sadrâ, nouvelle édition, vol. 6, pp. 176 et suivantes, et vol. 7, p. 57.
40- Hadith transmis par Boukhârî. Tradition figurant dans Al-Usûl min al-Kâfî de Kulaynî, au vol. 2, page 353, tradition numéro 8. Une tradition similaire a été recueillie par Boukhârî, compilateur sunnite de traditions selon ses propres critères.
41- Idem, l’Imâm Sâdiq (as), 675
42- Il s’agit de Sharaf al-Dîn Dâwûd Qaysarî (ou Kayserî), mort en 1350, le plus célèbre commentateur du Fusûs al-Hikam d’Ibn ‘Arabî.
43- La « taqiyya » ne consiste en rien d’autre que dans le respect de la règle prophétique selon laquelle il faut parler aux gens selon leur capacité de compréhension. Ne rien dire qui soit de nature à soulever les passions des ignorants ou des faibles. La tradition prophétique recommande en revanche de ne jamais cacher la vérité à ceux qui sont dignes de la connaître.
44- Al-Usûl min al-Kâfî, tradition numéro 923.
45- Idem, Imâm Sâdiq (as), 717 à 719.
46- Traditions 723 et 724
47 Idem, l’Imâm ‘Alî al-Naqî (as), 984.
48- Rappelons que l’expression Hujjat Allâh, « Preuve de Dieu », désigne d’abord les prophètes et les Imâms.
49- Ce qui n’empêche pas bien entendu que des savants puissent écrire des commentaires du Coran, comme cela a été fait et se poursuivra sûrement. Il est ici question de la capacité de l’Imâm de donner une interprétation mettant fin au débat des non qualifiés, C’est la raison pour laquelle il n’existe pas de commentaire canonique du Coran, que l’on pourrait imposer à l’ensemble des croyants. Le texte divin génère en permanence des sens nouveaux, et seuls les Imâms peuvent apporter des sens ayant force de Loi.
50- Idem, 498.
51- Voir la Sourate Al-Qadr (Le destin) ; 97, tous les versets.
52- Idem, 637 à 645.
53- Idem, successivement 438, puis 439 et 440.
54- Idem, 491 à 495.
55- Idem, 515 à 517.
56- Idem, l’Imâm Sâdiq (as), 693
57- Bihâr al-Anwâr (Les Océans des Lumières) de Allamâh Majlisî, vol. 23, p. 41.
58- « Que les prières et les Salutations de Dieu soient sur lui » : c’est la formule complète de la salutation rituelle prononcée après la mention du nom du Prophète. Pour chacun des Douze Imâms, la formule complète est « ‘Alayhi- al-salâm » « Que la Paix soit sur lui ». Pour Fatimâ al-Zahrâ, la fille de l’Envoyé de Dieu, la formule est mise au féminin, on dit : « ‘Alayhâ al-salâm ».
59- Al-Usûl min al-Kâfî, Idem, 1044 à 1048.
60- Dans la langue arabe, la forme wilâya se réfère à une autorité et le nom agent wâlî, qui en dérive, signifie gouverneur, protecteur ou préfet. La forme walâya se réfère à une proximité, d’amitié, de parenté. Dans ce cas, le nom agent est walî et sert à désigner le saint, awliyâ au pluriel. Le degré de walâya et la fonction de wilâya sont en fait reconnus à l’Imâm, car la relation d’alliance qui existe entre les Imâms (as) et leurs partisans est double : à la fois une allégeance spirituelle et une allégeance à une autorité temporelle. Cette allégeance affirme la reconnaissance de la fonction d’Imâm et proclame le désaveu (bara’ât) de ceux qui ne reconnaissent pas les droits des Imâms.
Références :
Qabasât (Les Braises), revue de recherche trimestrielle du cercle de la philosophie, de la religion et de la culture, troisième année, Nos. 10 et 11, pp. 134-147 ; Sadr al-Dîn Muhammad al-Shîrâzî, Al-Asfâr al-Arba’a (Les Quatre Voyages), (1571-1640) plus connu sous le surnom de Mollâ Sadrâ, philosophe iranien de l’époque safavide, nouvelle édition, 9 volumes ; Al-Kulaynî, Abû Ja’far Muhammad ibn Ya’qûb Ibn Ishâq (mort en 941), Al-Usûl min al-Kâfî, chapitre : Kitâb al-Hujja (Le Livre de la Preuve) ; Mohammad Lâhijî, Sharh-e Dîwân-e Maybodî, édition lithographiée, en marge du Sharh Nahj al-Balâghah, p. 217 ; Muhammad Hussein Tabâtabâ’î, Nihâyat al-Hikma (Le sommet de la sagesse), première étape, section 3, 1999. Ouvrage en trois volumes ; Molla Hâdî Sabzevârî, Ta’lîqât) (Gloses) pour le commentaire du Fusûs al-Hikam par Seyed Haydar Amolî, (mort en 1385), publié en marge du Sharh-e manzûmeh du même ; Ma’sûm ‘Alî-Shâh, Tarâyeq-ol-Haqâyeq, volume 2 (en persan, de l’auteur iranien du XIXe siècle), Ce dernier ne cite pas toujours ses sources et ne mentionne pas toujours l’auteur des vers qu’il insère dans son œuvre ; Gilis, Charles-André, Le Livre des Chatons des Sagesses (Traduction française du Fusûs al-Hikam d’Ibn ‘Arabî) en deux tomes, Al-Bouraq, Beyrouth et Paris, 1997. Le passage cité figure dans le tome premier, p. 193 ; Shihâb al-Dîn Yahyâ al-Sohravardî, Hikmat al-Ishrâq (La philosophie illuminative), in Œuvres Complètes, Vol. 2, p. 242. Ce livre est traduit en français par Le Livre de la sagesse orientale ; Ibn Sînâ, (Avicenne) Kitâb al-Shifâ (Le livre de la guérison), ouvrage philosophique d’Avicenne. Contient une partie Physique et une partie Métaphysique, (Elâhiyât), l’ensemble précédé d’un exposé de la Logique (mantiq) ; Ibn Sînâ (Avicenne), Kitâb al-Najât (Le livre du sauvetage) ; Ibn Sînâ (Avicenne), Kitâb al-Ishârât w-al-Tanbîhât (Le livre des directives et des remarques) ; Al-Ghazzâlî, Abu Hâmid, mort en 1111, Al-Munqadh mîn al-Zalâl, édition du Caire. Ce livre est traduit en français par « Erreur et délivrance », par Farid Jabre, Beyrouth, 1959 ; Jalâl al-Dîn Rûmî, Fîhi mâ fîhi (Le Livre du Dedans), œuvre en prose, traduit du persan par Eva de Vitray Meyerovitch, Editions Sindbad, Bibliothèque Persane, Paris, 1976 ; Mathnawî, « Be Tas’hîh-e Nicholson », vol. 3, vers 3901 à 3907 ; Ibn Bâbuyeh, Ma’ânî al-Akhbâr (Les sens des traditions). L’auteur surnommé Shaykh al-Sadûq, est un des trois grands compilateurs de traditions chiites ; Sharaf al-Dîn Dâwûd Qaysarî (ou Kayserî), auteur du plus célèbre commentaire du Fusûs al-Hikam d’Ibn ‘Arabî.