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Cheikh Mofid : Un porte-étendard du rapprochement
Écrit par Ahmad Mortaazi
Cheikh Mofid enseignait à la mosquée Baratha à Bagdad, où il faisait ses sermons et participait aux débats et discussions scientifiques et religieux.
Il était l’un de ceux qui encourageaient les adeptes de différentes écoles et confessions islamiques à abandonner le débat à propos de leurs divergences de vue et de leurs différends secondaires, afin de s’unir en s’appuyant sur leurs principes communs.
Cheikh Mofid est né le 11 Zi-qa’dah de l’an 336 de l’Hégire, dans une région appelée Sowiqa ben Basri, dans le district d’Akbari, au nord de Bagdad. Sa naissance a annoncé, en réalité, l’apparition du grand savant qui allait développer les sciences islamiques, notamment les sciences religieuses chiites de façon remarquable et durable pour donner un nouvel essor à la culture chiite. Son œuvre a grandement contribué à élucider les falsifications et la méconnaissance concernant les croyances de base de l’école chiite, par le biais de son œuvre scientifique, mais aussi par les débats et les arguments solides et documentés qu’il avançait pour présenter le vrai visage de l’école chiite, et pour encourager de nouveau les chiites à se réunir et à renforcer leur solidarité entre eux. La raison et les pensées de Cheikh Mofid étaient comme un grand fleuve qui allait couler à Bagdad, auprès du Tigre, pour que ses efforts scientifiques et religieux inlassables et sa vie fructueuse laissent une influence bénéfique considérable dans l’histoire de l’Islam et des musulmans. Dans le même temps, Cheikh Mofid a déployé ses efforts pour la création de cercles et d’associations scientifiques ainsi que des écoles pour développer la culture islamique, de sorte qu’il est devenu le grand maître des futurs oulémas musulmans, qui ont poursuivi plus tard sa voie. Cheikh Mofid, de son vrai nom Abou Abdallah Mohammad ibn Mohammad ibn Nâman Baqdadi est né dans une famille chiite. Son père et sa mère qui adoraient l’Ahlulbeit (les descendants infaillibles du vénéré Prophète de l’Islam), lui ont donné sa première éducation chiite.
Cheikh Mofid vivait au IVe siècle de l’hégire, c’est-à-dire à une période brillante et resplendissante de l’histoire de l’Islam, marquée surtout par les profondes évolutions et les grands événements politiques et scientifiques. En réalité, c’est à cette époque-là que les grands philosophes musulmans comme Abou Nasr Farabi, Meskouyeh et Avicenne développaient la philosophie musulmane. A cette même époque, les grands savants, les physiciens, les mathématiciens et les astronomes musulmans comme Abou Reyhan Biruni, Zahrawi, ou Ibn Meysam développaient les sciences, tandis que les grands historiens musulmans, comme Abol Faraj Esfahani, vivaient à cette même période de l’histoire de la civilisation islamique, quand 300 ans avaient été écoulés depuis l’avènement de l’Islam et de ses lumineuses lois de la Charia.
A cette période historique, les grandes œuvres des philosophes grecs classiques et des sages indiens avaient été traduites en langue arabe. Dans le même temps, de nombreux livres avaient été rédigés par les savants musulmans eux-mêmes dans les domaines aussi variés que les hadiths, l’exégèse coranique, l’histoire de l’Islam, le califat islamique, l’histoire de la vie du Prophète de l’Islam et ses traditions, l’histoire de la politique, l’histoire des conquêtes islamiques, les sciences, les techniques, la physique, etc.
Pendant cette même période historique, les savants des hadiths, les exégètes du noble Coran, et les oulémas des différentes écoles religieuses et jurisprudentielles islamiques exprimaient en toute liberté leurs avis et leurs opinions, ce qui avait fait de cette période, l’ère de la classification et de l’apparition de différents groupes de fidèles, adeptes d’une telle ou telle école jurisprudentielle islamique. Cependant, bien que durant ce siècle, les sciences étaient en pleine expansion et se développaient partout, le monde de l’Islam qui s’étendait sur une immense contrée, marquée par la diversité et la variété géographique et politique, souffrait de l’absence de l’unité et de la convergence notamment dans le domaine de la pensée et des idéologies. Cette dispersion et ce chaos intellectuels et idéologiques avaient une raison principale : le chaos politique et la dispersion des centres du pouvoir politique et administratif, de l’empire central et des pouvoirs politiques locaux.
Cela affaiblissait non seulement le rendement spirituel des forces intellectuelles dans le monde de l’Islam, mais aussi les croyances religieuses des gens, rendait le terrain favorable à l’apparition et au développement des pensées hétérogènes, stérilisait l’idée et la pensée de l’unité islamique, provoquait le fanatisme sectaire, et faisait croître une irrégularité intellectuelle au nom de la liberté d’expression et de conscience, ce qui encourageait naturellement le développement de la dispersion, de l’inimitié et du conflit au sein de la communauté islamique, et ce d’autant plus que le terrain était devenu malheureusement favorable à la propagation des dérives parmi certains savants et intellectuels musulmans dans le domaine de l’exégèse coranique, les hadiths, l’histoire et les doctrines religieuses. En fin de compte, l’épopée grandiose vers l’universalisme intellectuel, scientifique et spirituel était affectée par ce chaos politique qui régnait au sein du système administratif du grand empire musulman et ses vassaux locaux et régionaux.
Malgré tous ces problèmes, le grand sultan éclairé et savant de la dynastie chiite des Bouyides, Azed-odoleh, a installé son siège royal à Bagdad, capitale de l’empire califien. Le puissant roi bouyide a joué un rôle considérable dans l’encouragement des savants et des oulémas musulmans à développer leurs débats et leurs recherches. Il a également fait construire de nouveaux écoles et établissements d’enseignement scientifique à Bagdad, qui était à l’époque la grande capitale du monde de l’Islam. C’est pendant cette période-là que le siège principal de la science chiite a été transféré de la ville de Qom vers Bagdad et son école théologique chiite.
Dans un tel contexte, Cheikh Mofid est intervenu en tant que gardien épique du juste et porte-étendard du principe islamique de l’unité et de la solidarité. Pour créer un climat d’entente, Cheikh Mofid n’a même pas hésité à risquer sa vie, et il a tout fait pour guider les gens vers la voie du juste et la lumière éternelle de la vérité. Quant aux autres savants et aux oulémas qui, sciemment ou inconsciemment, attisaient le feu de la discorde et de l’agitation au sein de la communauté islamique, et qui mettaient en danger le camp du juste et de la résistance, directement ou par l’intermédiaire de leurs élèves et disciples ; Cheikh Mofid essayait de les battre lors des réunions de débats et de discussions par le biais de ses arguments solides et logiques. Il s’efforçait ainsi de neutraliser les ambiguïtés intellectuelles et idéologiques, en condamnant les dérives. Cheikh Mofid avait ouvert aussi la voie de la piété, de la modération et de la spiritualité, pour orienter les jeunes générations vers le droit chemin de la victoire et du salut. En ce qui concerne les vertus morales de Cheikh Mofid ; l’un des grands savants chiites, Mirza Sharafeddine Ameli a dit : « Si la vertu de l’infaillibilité avait été admise pour des personnes autres que les prophètes et leurs successeurs, Cheikh Mofid aurait été le premier à être gratifié par l’infaillibilité. »
En réalité, c’est la raison pour laquelle, les historiens disent que l’un des avantages les plus importants du mouvement intellectuel et scientifique au IVe siècle de l’hégire résidait dans le fait que pendant cette période, la vérité de la religion chiite a été révélée pour la première fois.
Pendant son enfance, Cheikh Mofid est allé à Bagdad avec son père savant et pieux. A l’époque, Bagdad était le plus grand centre scientifique du monde de l’Islam. Pendant son séjour à Bagdad, Cheikh Mofid a assisté aux cours de 59 grands savants et oulémas de Bagdad (certains documents indiquent même qu’il aurait assisté aux cours de 71 grands savants de son temps) [« Les articles et les essais », volume IX, p. 10], parmi lesquels Cheikh Sadouq et Abolqassem Jaafar ibn Mohammad ibn Qoloyeh Qomi. Ce dernier était le maître en jurisprudence, et c’est pourquoi dans la plupart de ses écrits, Cheikh Mofid s’est référé à lui.
Cheikh Mofid participait aussi aux cours d’Abou Abdallah Dja’al, grand scolastique et jurisconsulte mutazilite de son époque. Il a également assisté pendant un certain temps aux cours d’Abou Yasser, célèbre scolastique. Ce dernier a appris après quelque temps qu’il était parfois incapable de répondre aux questions jurisprudentielles que Cheikh Mofid lui posait, c’est pourquoi il a fini par présenter Cheikh Mofid à Ali ibn Issa Romani, un scolastique éminent de l’époque, et celui-ci a accepté que Cheikh Mofid participe à ses cours. Finalement, Cheikh Mofid a assisté aux cours de tous les grands maîtres de son époque, et il a obtenu finalement l’autorisation de tous ses maîtres pour pouvoir enseigner et citer les propos savants religieux chiites et sunnites.
Comme nous l’avons déjà indiqué, pendant cette période historique, la dynastie chiite des Bouyides régnait à Bagdad. Les gouverneurs bouyides encourageaient les savants chiites, et cela avait créé une situation favorable à ce que les oulémas chiites puissent développer et propager leurs croyances et leurs pensées. A l’instar d’autres savants chiites, Cheikh Mofid a profité de cette liberté et il s’est mis à enseigner à la mosquée Baratha de Bagdad, où il faisait ses sermons et participait aux débats et aux discussions scientifiques et religieux. Il était l’un de ceux qui encourageaient les adeptes de différentes écoles et confessions islamiques à abandonner le débat à propos de leurs divergences de vue et de leurs différends secondaires, afin de s’unir en s’appuyant sur leurs principes communs.
Il est à noter que parmi les oulémas imâmites, Cheikh Mofid n’est pas simplement considéré comme un grand scolastique ou un jurisconsulte éminent, car en réalité, il a été le fondateur et le pionnier d’un mouvement religieux et scientifique grandissant tant dans le domaine de la scolastique que de la jurisprudence. En réalité, ce mouvement se poursuit jusqu’aujourd’hui dans les écoles scientifiques et religieuses chiites qui sont encore fortement marquées par les enseignements de Cheikh Mofid.
Il est à noter que Cheikh Mofid vivait dans une société où une génération de savants et d’oulémas avait été atteinte par des dérives intellectuelles et morales. Dans ce contexte, chacun prétendait de son côté qu’il oeuvrait pour corriger les gens et guider la société vers le bien et la vérité. Certains de ces savants faisaient la propagande pour la sagesse indienne ou pour la philosophie grecque, tandis que les autres propageaient les croyances erronées et corrompues de différentes sectes soufies … Ils portaient donc atteinte à l’Islam authentique en faisant l’amalgame avec l’ignorance et les dérives ténébreuses, en créant des innovations dangereuses au lieu de transmettre aux gens les vraies traditions de l’Islam pur.
C’est la raison pour laquelle, Cheikh Mofid, ce penseur éminent, pieux et inlassable s’est mis à fonder une révolution culturelle importante, et il est devenu le pionnier de l’éveil des musulmans. Il a ainsi réussi à jouer un rôle décisif dans l’établissement d’une identité indépendante pour l’école de l’Ahlulbeit, et dans la fondation d’un cadre logique et bien défini pour la jurisprudence chiite. Il a réussi aussi à créer une adaptation logique et rationnelle entre la raison, la jurisprudence et la scolastique. En écrivant ses livres et ses essais, et en enseignant les sciences religieuses chiites à ses élèves et ses disciples, et en participant aux débats scientifiques pour condamner les idées erronées de ses adversaires, Cheikh Mofid a réussi à transmettre les sciences et les connaissances justes de la religion au grand public, afin de sauver les gens des innovations dangereuses et des dérives. Il guidait les gens vers l’axe de la vérité, c’est-à-dire l’imâmat et la Velayat. Son action était un honneur et une fierté pour les chiites, et elle était à l’origine de la conversion des adeptes de nombreuses sectes au chiisme. Il est également à noter que parmi ses élèves, il y avait de nombreuses personnes appartenant aux autres écoles ou sectes religieuses.
C’est la raison pour laquelle Ibn Kassir a écrit que les savants et les adeptes de différentes écoles et sectes assistaient aux cours de Cheikh Mofid. La vie et l’œuvre de Cheikh Mofid étaient bénéfiques à plusieurs égards : il était un soleil éclairant le firmament de la science, et il n’est pas un hasard, si le vénéré Imam du temps _que Dieu hâte sa parousie_ l’avait surnommé « Mofid » ce qui signifie « bénéfique ». En réalité, les enseignements de Cheikh Mofid, sa science et ses connaissances inépuisables, et son esprit solide et croyant étaient vraiment bénéfiques, de sorte qu’après 10 siècles, et malgré tous les immenses progrès de la science et de la culture, rien n’a pu porter atteinte à sa dignité et son prestige.
- Les limites de la connaissance rationnelle :
La grande œuvre de Cheikh Mofid était de prouver que la raison humaine était incapable de comprendre tous les thèmes et tous les sujets étudiés dans la scolastique. En effet, il a prouvé que c’est grâce à la révélation que l’homme pourra se mettre sur le chemin de la connaissance de la vérité. Cependant, il ne faut pas croire que l’œuvre de Cheikh Mofid consistait à priver la raison humaine d’intervenir dans le domaine propre à elle pour comprendre la vérité, c’est-à-dire le domaine de l’argumentation rationnelle sur l’existence de Dieu le Très-haut, l’unicité du Seigneur et la prophétie du messager de Dieu. Mais dans tous les cas, il y a des limites pour la raison humaine, limites que Dieu a fixé pour elle afin d’empêcher l’égarement de l’être humain.
Il est à noter ici que les débats religieux et idéologique auxquels participait Cheikh Mofid pour défendre le chiisme et ses croyances ne se limitaient pas uniquement aux débats oraux. En effet, il est également auteur de livres et d’essais pour répondre aux avis de ses adversaires et pour éclaircir les ambiguïtés idéologiques et doctrinales.
Le grand avantage de Cheikh Mofid réside dans les confirmations qu’il a reçues de la part du vénéré Imam du temps _que Dieu hâte sa parousie_. Les oulémas et les historiens ont enregistré trois confirmations de la part du vénéré Imam du temps pour Cheikh Mofid. Dans la première, le vénéré Imam du temps _que Dieu hâte sa parousie_ a surnommé cheikh Mofid de « Cheikh Sadid », de « Mola al-Rachid » et de « serviteur dévoué ». Dans la deuxième, il a été surnommé « frère sincère » et « ami de l’Ahlulbeit ». Et enfin dans la troisième, il a été surnommé « Mofid » (bénéfique) …
Après avoir fait ses études à Bagdad, Cheikh Mofid s’est mis à enseigner les sciences religieuses et il a formé des élèves et des disciples qui sont devenus plus tard de grands savants et oulémas du monde de l’Islam. Parmi ses disciples les plus célèbres, nous pouvons citer les noms de Nadjashi, Abol Fath Karachi, Cheikh Toussi, Salar Deylami, Seyed Morteza et son frère Seyed Razi. A propos de ces deux frères, Ibn Abi al-Hadid, le célèbre savant mutazilite a relaté dans son commentaire à « La Voie de l’Eloquence » qu’une nuit, Cheikh Mofid avait vu dans son rêve qu’il se trouvait dans la mosquée Karkh de Bagdad, et il a vu entrer dans la mosquée la vénérée Fatima Zahra _bénie soit-elle_, avec ses deux fils Hassan et Hossein. Alors elle dit à Cheikh Mofid : « O Cheikh, apprends la science de la jurisprudence à mes deux fils. » Lorsque Cheikh Mofid s’est éveillé il se demandait ce que ce rêve pouvait bien signifier. Le matin, quand il s’est rendu à la mosquée, il a rencontré Fatima, mère de Seyed Morteza et de Seyed Razi, lui demandant d’enseigner la jurisprudence à ses deux fils. Ainsi, le rêve de Cheikh Mofid s’est réalisé.
- La personnalité scientifique :
La force rationnelle et logique de ce grand penseur et génie chiite se révèle dans quatre domaines différents :
1- L’analyse, la classification et l’élaboration des sciences et des connaissances islamiques ;
2- Le rejet des avis et des opinions des scolastiques adversaires, et l’affrontement logique et scientifique, ainsi que la critique rationnelle et pratique des savants de son propre camp ;
3- L’accent mis sur l’importance de la question du leadership et de la philosophie politique en Islam ;
4- La rédaction habile de livres et d’essais sur différentes questions et sujets scientifiques et logiques.
De nombreux livres et essais de Cheikh Mofid portent sur le rejet et la critique d’autres écoles et sectes religieuses. Plusieurs autres portent sur la présentation des croyances propres aux chiites et sur les principes de la jurisprudence chiite. Cheikh Mofid était auteur de plus de 200 livres, essais et articles. Ici nous ne présentons que quelques livres célèbres de Cheikh Mofid, dont certains ont été réunis par ses élèves et disciples :
- Parmi les œuvres de Cheikh Mofid sur la jurisprudence et les hadiths, nous pouvons citer les suivantes :
1- « Al-Moqanah » ( المقنعة ), c’est une œuvre complète de la jurisprudence. Le commentaire de Cheikh Toussi sur cet ouvrage, intitulé « Les principes » ( الاحکام ) compte parmi les quatre plus grandes références de la jurisprudence chiite.
2- « Al-Alam » ( الاعلام ), c’est un commentaire des principes jurisprudentiels confirmés et acceptés par tous les chiites.
3- « Al-Massael al-Saqiyeh » ( المسائل الصاغية ), qui comprend dix essais sur la jurisprudence pour réfuter les accusations proférées contre le chiisme.
4- « Les principes de la jurisprudence » ( اصول الفقه ).
5- « Les dictés de Cheikh Mofid » ( امالی الشيخ المفيد ). Il s’agit de l’œuvre la plus importante de Cheikh Mofid dans le domaine des hadiths qui comprend 387 hadiths du vénéré Prophète de l’Islam et des imams infaillibles, réunis en 200 chapitres. Ce livre réunit, en fait, les leçons de hadiths de Cheikh Mofid, qu’il dictait à ses élèves et disciples. C’est la raison pour laquelle, ce livre est parfois appelé « Les cours » [« La connaissance des hadiths » ( دراية الحديث ), Shanechi, p. 60].
Dans ses œuvres en scolastique et en jurisprudence, Cheikh Mofid reste toujours un auteur précis et minutieux, et relate les hadiths avec précision et habilité. En général, dans le domaine de la jurisprudence et des hadiths, Cheikh Mofid s’appuyait sur ses vastes et profondes connaissances en matière des principes de l’Islam et de la religion chiite, pour se référer avec habilité aux versets coraniques et aux récits et hadiths des imams infaillibles.
En réalité, ses recours aux hadiths s’effectuaient selon une approche érudite et savante, d’une manière mûrement réfléchie, sans se limiter au niveau de son propre maître Cheikh Sadouq ou des autres savants des hadiths dont il critiquait lui-même la méthode, en estimant qu’ils n’accordaient pas assez d’attention au contenu des hadiths et ne faisaient pas une analyse rationnelle des hadiths. Par conséquent, Cheikh Mofid a inventé de nouveaux principes et de nouvelles méthodes pour identifier la véracité des hadiths, en estimant que dans ce domaine, il faut souvent avoir recours aux connaissances des experts en matière des hadiths.
- Parmi les œuvres de Cheikh Mofid dans le domaine de la scolastique, nous pouvons citer les suivantes :
6- « L’Orientation » ( الارشاد ), c’est une œuvre sur l’histoire des imams.
7- « Al-Afsah » ( الافصاح ) qui porte sur la question de l’imâmat et la philosophie du leadership politique en Islam.
8- « Al-Nakt al-Eteqadiyah » ( النکت الاعتقاديه ) sur les principes de la religion.
9- « Le commentaire des opinions de Cheikh Sadouq » (شرح عقائد الصدوق ).
10- « La critique des articles et des essais » ( اوائل المقالات ), portant sur les avis et les opinions des scolastiques et des oulémas de différentes écoles islamiques.
11- « Afsal al-Mokhtarah » ( الفصل المختاره ) qui réunit les débats et les discussions de Cheikh Mofid.
Cheikh Mofid était un expert unique et inégalé dans le domaine de la science scolastique et dans le domaine des débats scientifiques et logiques. En réalité, ses contemporains le considéraient comme le plus grand maître de la scolastique chiite et le chef de file de tous les autres scolastiques chiites de son temps. Pendant sa vie, il avait participé à de très célèbres débats contre certains grands savants et oulémas sunnites, notamment contre le juge Abou Bakr Baqlani (chef de file des oulémas acharites) ou contre Tabarani (chef de file des Zaydites). Il avait eu également de célèbres débats contre Ibn Lolo (leader des Ismaïliens), Ibn Kalab Qattan (l’un des leaders de la secte des Hachvites). Un jour, lors d’un célèbre débat contre le juge Abdol Jabbar, l’un des célèbres oulémas des mutazilites à Bagdad, ce dernier s’est senti incapable de répondre aux questions que lui avait posées Cheikh Mofid. Alors, il s’est levé et il a cédé sa place à Cheikh Mofid, en lui disant : » En vérité, tu es le bénéfique » ( انت مفيد حقا).