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L’Allameh Sharafeddin Ameli, grand partisan de l’unité islamique
Résumé :
A une époque du combat contre le colonialisme où la division et les divergences déchiraient les populations musulmanes, Sharafeddin Ameli a contribué de façon très précieuse aux efforts visant à établir et à renforcer l’unité des adeptes des confessions islamiques, notamment en ce qui concernait l’unité entre Sunnites et Chiites.
Le présent article s’attarde d’abord sur la vie et la biographie de Sharafeddin Ameli, avant de se concentrer sur ses activités dans le domaine de l’unité islamique. Dans la dernière partie de cet article, les œuvres de Sharafeddin Ameli seront mises à l’épreuve d’une brève analyse, notamment ses deux célèbres ouvrages, c’est-à-dire al-Moradjéat et al-Fossoul al-Mohemah qui sont devenus pendant longtemps des références importantes pour les partisans de l’unité inter-islamique.
« C’est la politique qui a séparé, dès le premier jour, les Sunnites et les Chiites. Aujourd’hui, c’est encore la politique et les grands intérêts politiques communs de l’Islam qui doivent les réunir de nouveau. »
L’Allameh Seyed Abdelhossein Sharafeddin est né en 1290 de l’Hégire à Kazémeïn (Irak). Son père et sa mère étaient tous les deux des « sadat », à savoir des familles descendantes des Imams chiites. Son père était Seyed Youssef Sharafeddin, et sa mère, Zahra, était fille de l’Ayatollah Seyed Hadi Sadr. Le père de Sharafeddin Ameli était un descendant du septième imam des Chiites, le vénéré Imam Moussa Ibn Djaafar _que la paix soit sur lui. Sharafeddin est resté en Irak jusqu’à l’âge de huit ans. Ensuite, sa famille a quitté l’Irak, après la fin des études de son père, pour regagner le pays natal de son père, à Djamab Amel (Liban).
Le jeune Sharafeddin a fait ses études primaires à Djabal Amel. Dans le même temps, il apprenait la langue arabe, la grammaire, la logique, les sciences religieuses et la jurisprudence islamique auprès de son père. Lorsqu’il avait dix-sept ans, il est rentré en Irak pour s’installer dans la ville sainte de Nadjaf. Pendant plusieurs années, il a poursuivi ses études à la grande école théologique de la ville sainte de Nadjaf. Il a consacré toute son énergie à ses études avancées dans différents domaines des sciences islamiques ; la jurisprudence, les principes, la philosophie, l’exégèse du texte saint et le hadith. Le jeune Sharafeddin a eu la chance d’assister aux cours des grands oulémas de son époque dont le Cheikh Hossein Karbalaï, le Cheikh Mohammad Taha Nadjaf, Akhund Molla Mohammad Kazem Khorasani, Seyed Mohammad Kazem Yazdi, Seyed Ismaïl Sadr, le Cheikh al-Sharia Esfahani, et Seyed Hassan Sadr. Le jeune Sharafeddin Ameli ne s’est pas contenté d’étudier uniquement dans la grande école théologique de Nadjaf, c’est la raison pour laquelle il s’est rendu également à Karbala, à Kazémeïn et à Samarra afin d’assister aux cours des grands oulémas de ces villes.
Après quinze ans d’études à la grande école théologique de Nadjaf et aux écoles d’autres villes d’Irak, Sharafeddin Ameli est arrivé enfin au niveau d’Idjtihad. C’est à partir de cette étape qu’il a commencé à écrire ses propres ouvrages consacrés à la jurisprudence islamique. A l’âge de trente-trois ans, Sharafeddin Ameli a quitté Nadjaf pour rentrer à Djabal Amel. Là, il a été accueilli comme un jeune religieux qui avait obtenu le niveau d’Idjtihad. Mais Sharafeddin était l’un de ces vrais oulémas pour qui l’apprentissage des sciences religieuses ne termine jamais. Il était, en fait, l’un de ces grands savants qui croyaient, d’ailleurs à juste titre, que la science est infinie et qu’il faut toujours et à tout âge rechercher les sources de la connaissance et de la science. Grâce à ses connaissances de jeune religieux, Sharafeddin Ameli a décidé d’étudier les différents aspects de la sagesse de l’imamat et de la philosophie politique de l’Islam. Il s’est consacré surtout à identifier les bases et les fondements des divergences de vue entre l’Islam sunnite et l’Islam chiite. A ce propos, le Cheikh Aqa Bozorg Tehrani a écrit :
« Sharafeddin a lu tous les hadiths attribués au Prophète et à ses compagnons, ainsi que tous les hadiths des imams et de l’Ahlulbeyt. Il a vérifié toutes les références sunnites et chiites des hadiths, et cela avec une précision et un esprit de recherche exemplaires. C’est là que Sharafeddin a réussi, en fait, à élucider certaines vérités et résoudre certains problèmes, alors que les oulémas et les chercheurs avant lui, n’avaient même pas réussi à connaître ces vérités. »
Sharafeddin Ameli a consacré également beaucoup de temps à étudier l’histoire de l’Islam. Il a réuni un grand nombre de documents et de références autour de l’Islam afin de pouvoir vérifier avec précision la crédibilité des sources et de ne pas tomber dans le piège habituel des documents non valables et des illusions historiques.
Outre sa connaissance dans la science des hadiths, Sharafeddin Ameli était également un grand spécialiste du Kalam et de la logique. L’examen des œuvres de Sharafeddin montre qu’il était parfaitement capable de présenter les meilleurs arguments rationnels pour résoudre les problèmes idéologiques et théologiques.
Sharafeddin était un grand orateur et il avait aussi de très bonnes connaissances littéraires et poétiques. Les oraisons et les discours de Sharafeddin étaient devenus l’exemple de l’éloquence pour beaucoup de ses contemporains. Il avait le grand talent de formuler les pensées dans les plus belles phrases et sentences. Son discours éloquent était riche en techniques littéraires et en figures de rhétorique. Il est dit que lors d’une réunion en Egypte, lorsque Sharafeddin était en train de prononcer son discours, il jouait en même temps avec la bague qu’il portait à son doigt. La célèbre écrivaine égyptienne Maï Ziyadeh qui était présente à cette réunion avait dit : « Je pense que Sharafeddin maîtrise les mots et les paroles plus que la bague qu’il porte à sa main. »
Dans sa prose, Sharafeddin Ameli avait un style personne et original, facilement reconnaissable pour les spécialistes. Dans le même temps, il avait un grand talent poétique et ses poèmes sont pleins de sentiments profonds et sincères. Il a composé la plupart de ses poèmes pendant sa jeunesse.
Après être rentré au Liban, Sharafeddin Ameli s’est battu sur deux fronts différents. D’une part, il luttait contre le féodalisme intérieur, et de l’autre il se battait contre le colonialisme étranger. En réalité, Sharafeddin était l’un des oulémas les plus progressistes de son temps et était un pionnier du combat contre le colonialisme. A l’époque de l’occupation des territoires syrien et libanais par les colonialistes français, Sharafeddin Ameli s’est dressé contre le colonialisme. Il avait émis une fatwa sur l’obligation du Djihad contre les occupants étrangers, c’est pourquoi il avait été condamné à la peine capitale.
Sharafeddin Ameli a voyagé deux fois en Egypte : une fois avant et une fois après sa condamnation à la mort par les occupants français. Ces derniers considéraient sa présence au Liban comme une menace pour leurs intérêts politiques et leurs objectifs colonialistes. Sharafeddin s’est réfugié alors en Egypte pour être à l’abri de l’animosité des Français. En Egypte, il a appelé les élites et les foules à l’unité face à la domination des étrangers. C’est là qu’il a prononcé sa célèbre phrase : « C’est la politique qui a séparé, dès le premier jour, les Sunnites et les Chiites. Aujourd’hui, c’est toujours la politique et les grands intérêts politiques de l’Islam qui doivent les réunir de nouveau. »
Le célèbre écrivain égyptien, Rashid Réza a publié les propos de Sharafeddin Ameli dans son magazine « Al-Manar ».
De retour de son premier voyage en Egypte, lorsque Seyed Sharafeddin s’est installé de nouveau au Liban, il a repris avec toutes ses forces, la lutte contre les colonialistes français. Les Français ont chargé l’un de leurs agents de se rendre chez Sharafeddin et de l’arrêter et de saisir les documents et les pétitions qu’il avait réunis contre le colonialisme français. Cet agent n’a pas réussi à réaliser ce complot. Alors, les Français ont imaginé un autre complot contre lui. Cette fois-ci, ils ont incendié la maison de Seyed Sharafeddin Ameli. Au cours de cet incendie criminel, la bibliothèque de Sharafeddin où il avait réuni ses écrits non publiés, a été complètement détruite.
Vers la fin de l’an 1338 de l’Hégire, Sharafeddin Ameli a quitté de nouveau l’Egypte et s’est rendu en Palestine pour être plus proche de sa patrie, le Liban. Pendant cette période, il poursuivait ses activités politiques et sociales aussi bien en Palestine qu’en Syrie. Il s’occupait surtout des conditions de vie des exilés libanais qui vivaient en Palestine ou en Syrie. A cette époque-là, la Palestine était sous l’occupation des forces de la Grande Bretagne. Un cousin de Seyed Sharafeddin Ameli était poursuivi par les Britanniques. C’est pourquoi les Français l’avaient bien accueilli au Liban, pour porter atteinte aux intérêts de leurs adversaires britanniques. Le cousin de Sharafeddin a demandé aux Français d’annuler le verdict de la peine de mort et de permettre à Sharafeddin Ameli de rentrer de nouveau au Liban. C’est ainsi que Seyed Sharafeddin Ameli a eu la chance de retrouver sa patrie.
En l’an 1340 de l’Hégire, Sharafeddin s’est préparé pour le voyage de Hadj afin de faire le pèlerinage à la Mecque. Il a embarqué à Beyrouth avec plusieurs amis pour se rendre en Arabie Saoudite et faire le pèlerinage du Hadj. Lorsqu’il est arrivé en Arabie, il a été officiellement accueilli par les autorités et le représentant spécial du roi Malek Hossein d’Arabie. Selon les témoins, les cérémonies du Hadj de l’an 1340 de l’Hégire étaient différentes des années précédentes, en raison de la présence de Seyed Sharafeddin Ameli. Il a participé, au côté du roi Malek Hossein aux cérémonies de dépoussiérage de Kaaba à la Mecque. Le roi lui a demandé de faire l’imam de la prière collective à la mosquée al-Haram à la Mecque. C’était la première fois, dans l’histoire de la Mecque, que la prière collective de cette mosquée avait pour imam un religieux chiite. Tous les participants sunnites ou chiites se sont mis derrière lui pour faire la prière. En réalité, l’un des plus grands idéaux de Seyed Sharafeddin Ameli était de voir les Musulmans sunnites et chiites participer ensemble, fraternellement et dans les mêmes rangs, à la prière collective, notamment à la mosquée al-Haram à la Mecque, selon la tradition de l’Ahlulbeyt.
L’un des efforts importants de l’Allameh Sharafeddin Ameli pour renforcer l’unité entre les Sunnites et les Chiites était l’organisation des cérémonies de fêtes à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du vénéré Prophète de l’Islam, le 12 Rabi ul-Awwal. Après la célébration de la fête à la mosquée et chez lui, Seyed Sharafeddin s’est rendu aux cérémonies organisées par les Sunnites pour y participer également.
L’un des œuvres les plus importantes de Sharafeddin au Liban, dans le cadre de son combat contre le colonialisme français, consistait en la création des écoles islamiques dans le pays. Il s’agissait des écoles non lucratives et gratuites qui se chargeaient de l’enseignement religieux des filles et des garçons. L’objectif de cette démarche était de présenter une troisième voie aux familles musulmanes par rapport aux écoles des missionnaires évangélistes et aux écoles publiques qui présentaient des cours modernes à l’occidentale.
L’Allameh Seyed Abdelhossein Sharafeddin était un grand réformateur musulman et il dirigeait non seulement les Chiites mais l’ensemble des Musulmans libanais sur les plans théologiques et politiques. Dans une telle situation, il ne pouvait évidemment pas rester indifférent à ce qui se passait dans les autres pays musulmans et il soutenait toujours les mouvements de libération et les mouvements révolutionnaires dans les pays islamiques. A titre d’exemple, il était l’un des grands partisans de la nationalisation du canal de Suez en 1956, et il soutenait le mouvement arabe pendant la même période.
L’industrie pétrolière iranienne avait été nationalisée en 1951. L’Allameh Sharafeddin connaissait parfaitement les objectifs et les intentions de ce mouvement en Iran. Il avait essayé également d’informer les Libanais par rapport à ce qui se produisait en Iran. Il est à noter que l’Ayatollah Kachani avait voyagé au Liban en 1952. Pendant ce voyage, il a rencontré l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli. Plus tard, l’Ayatollah Kachani a dit qu’il était très étonné de voir que les Libanais connaissaient très bien le mouvement de la nationalisation du pétrole en Iran grâce aux efforts de l’Allameh Sharafeddin.
Le martyr Navvab Safavi, leader du parti des « Dévoués de l’Islam » a voyagé dans plusieurs pays arabes en 1953. Avant de se rendre à la conférence internationale de Qods, Navvab Safavi s’est rendu auprès de l’Allameh Sharafeddin et il s’est entretenu avec lui des questions politiques et sociales des pays islamiques.
L’Allameh Seyed Abdelhossein Sharafeddin Ameli s’est éteint en 1377 de l’Hégire au Liban. Ses dépouilles ont été transférées dans la ville sainte de Nadjaf où elles ont été inhumées auprès du mausolée du vénéré Imam Ali.
Il convient ici de parler aussi des pensées et des œuvres de l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli. Comme nous venons de le dire, il a sacrifié toute sa vie à l’unité des Musulmans et à rapprocher surtout les Sunnites et les Chiites. Il a lutté longtemps contre les puissances colonialistes et il a écrit également des livres et des articles à ce sujet.
« Al-Fousoul al-Mohemah » est l’un des premiers livres de Sharafeddin Ameli et il compte, en réalité, comme la charte de l’unité des Musulmans à l’époque contemporaine. Dans cet ouvrage, l’Allameh Sharafeddin a donné des informations et des commentaires qui peuvent éveiller grandement l’esprit des musulmans sunnites et chiites à propos de l’importance de l’unité islamique. Il pense que la vulgarisation de ces informations peut renforcer les liens entre les Chiites et les Sunnites et améliorer considérablement leurs relations amicales et fraternelles. Dans l’introduction de ce livre, l’Allameh Sharafeddin Ameli a écrit : « C’est uniquement l’unité islamique qui peut rendre le terrain propice au progrès et au développement des communautés musulmanes. Grâce à l’unité, les Musulmans pourront mettre fin à la domination des étrangers et construire ainsi un avenir prometteur pour les générations futures. » L’Allameh Sharafeddin a écrit « Al-Foussoul al-Mohemah » en 1327 de l’Hégire.
L’Allameh Sharafeddin Ameli est également l’auteur de « Al-Moradjéat ». Ce livre est le fruit de son premier voyage en Egypte. Il avait très bien compris que pour impressionner les oulémas égyptiens, il fallait surtout se tourner vers l’Université Al-Azhar qui était le plus grand centre théologique des Musulmans sunnites. Il est allé donc visiter les grands oulémas de l’Université Al-Azhar notamment le Cheikh Salim Nochri. Ce dernier est devenu très vite l’un des admirateurs des pensées et des points de vue de l’Allameh Sharafeddin Ameli. Les correspondances théologiques et doctrinaires entre les deux hommes ont été intégrées plus tard dans le livre de Sharafeddin sous forme de 112 lettres échangées entre Sharafeddin et le Cheikh Salim Bochri. Il est intéressant de savoir que ces lettres ont été signées « S » par le Cheikh Salim, initial de son nom et indiquant le point de vue sunnite, tandis que les lettres de Sharafeddin ont été signées par « Sh » initiale également de son nom et représentant les points de vue chiites.
Les deux grands religieux ont échangé, dans leurs lettres, des choses très intéressantes notamment sur les vérités de la religion et la nécessité de l’unité islamique. Ce livre de l’Allameh Sharafeddin Ameli a été traduit également en anglais et en ourdou, et il a été publié dans beaucoup de pays musulmans. Dans l’introduction de ce livre, Sharafeddin a écrit :
« L’idée de la rédaction de ce livre m’était venu bien avant les correspondances avec le Cheikh Salim. Je pensais déjà à la rédaction de ce livre, quand j’étais très jeune. C’était comme un éclair qui avait illuminé mon cœur et qui réchauffait mon corps. Je cherchais toujours une voie directe et efficace pour mettre un terme définitif aux divisions et aux discordes au sein de l’Oumma islamique. Il faut éradiquer le fanatisme, lutter contre le mal et contre les animosités. Il faut mettre fin à l’ignorance pour ouvrir des horizons nouveaux devant les Musulmans. Il faut appeler les adeptes et les oulémas de toutes les confessions islamiques au respect total de la religion et de la charia. Il faut dire aux Musulmans qu’ils doivent se réunir autour du drapeau de l’Islam et devenir des frères sincères et dévoués les uns pour les autres. Je me chagrinais toujours de voir la division et la discorde régner parmi les Musulmans sunnites et chiites et de voir qu’ils se querellaient sur des questions secondaires, jusqu’à ce que je me suis rendu en Egypte en 1329 de l’Hégire. Je souhaitais pouvoir trouver une solution pour ce grand problème, en coopération avec les oulémas égyptiens. Je m’efforçais d’œuvrer pour l’unité et la solidarité parmi les Musulmans de toutes confessions. C’était comme si une révélation m’avait appris que je trouverais quelqu’un qui pourrait m’aider beaucoup à réaliser cet objectif. »
Le célèbre chercheur égyptien, le Dr Hamed Hanafi Davoud, professeur à l’Université Aïn Shams du Caire, a écrit une introduction très savante sur Al-Moradjéat de l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli. Dans son introduction il écrit :
« L’importance de cet ouvrage nous sera révélée davantage si nous prenons en compte la situation générale prévalant à l’époque de sa rédaction. Ce livre a été rédigé pendant la première moitié du XIVe siècle de l’hégire et son public était à la fois sunnite et chiite. C’était une époque périlleuse de la domination colonialiste des grandes puissances sur une grande partie du monde arabe et musulman. Les colonialistes avaient déployé évidemment tous les moyens pour semer la discorde parmi les populations musulmanes, afin d’assurer leurs propres objectifs dans les pays islamiques. Ils cherchaient de tirer profit des querelles et des rivalités religieuses et confessionnelles pour démembrer les pays islamiques. »
Parmi d’autres ouvrages de l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli, nous pouvons citer « Al-nas va al-Idjtihad ». Dans ce livre, l’auteur insiste sur la nécessité de respecter, dans l’émission des fatwas, le Livre, c’est-à-dire le noble Coran et les traditions du vénéré Prophète de l’islam. Il a donné l’exemple de plusieurs fatwas émis par les compagnons les plus proches du Prophète, qui étaient en contradiction avec le Coran ou les traditions du vénéré Prophète.
L’objectif de Seyed Sharafeddin Ameli dans ce livre est de rappeler que le Coran et les hadiths sont les véritables sources de la compréhension de l’Islam. Cette question s’avère très importante du point de vue théologique mais aussi en ce qui concerne la philosophie de l’imamat et de la politique islamique. Selon l’auteur, les meilleurs arguments présentés dans la philosophie politique de l’Islam, surtout pour présenter le principe de l’imamat, sont en fait des versets du noble Coran ou les hadiths du vénéré Prophète de l’Islam.
Dans cet ouvrage, Seyed Sharafeddin insiste sur le fait que les Musulmans, qu’ils soient sunnites ou chiites, sont tous adeptes de la même religion et du même prophète. Pour résoudre leurs différends, ils doivent alors se référer au Livre saint et aux hadiths.
Parmi d’autres ouvrages importants de Seyed Sharafeddin, nous pouvons mentionner les suivants :
– « Des mots sur les vertus de Zahra » ; c’est un essai sur les vertus de la vénéré Fatemeh Zahra _ bénie soit-elle.
– « Une introduction sur le deuil de la famille du prophète » ; C’est l’introduction d’un ouvrage du même nom en quatre volumes, mais le texte principal ne nous est pas parvenu, et il n’en reste que cette introduction qui porte sur l’épopée de l’Ashura et les effets du soulèvement de l’Imam Hossein sur la philosophie politique et sociale de l’Islam.
– « La philosophie de la vélayat » ; c’est un essai philosophique sur l’interprétation coranique de la notion de « vélayat ».
– « Réponses aux questions de Jar’Allah » ; il s’agit des réponses données par Seyed Sharafeddin aux vingt questions posées par Moussa Jar’Allah aux oulémas chiites. Dans l’introduction de cet ouvrage, l’auteur appelle tous les Musulmans à l’unité et à la solidarité, et montre que Moussa Jar’Allah et certains autres auteurs sunnites ne connaissaient pas très bien les livres et les références des oulémas chiites.