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Deuxième discussion
Miracle et longévité
Nous avons vu que la longévité est possible du point de vue spéculatif. Maintenant, si nous imaginons que cela ne soit pas possible du point de vue spéculatif et que la loi de la vieillesse et de la sénilité soient infaillibles, de sorte à ce que l’humanité ne puisse jamais la faire fléchir ; qu’arrive-t-il dans ce cas?
Il faut alors dire que dans ce cas, la longévité d’individus comme Nûh et le Mahdî, la Paix soit sur eux deux, qui sont restés vivant durant des siècles, en contradiction avec les lois naturelles que la science moderne a établi, est alors de l’ordre du miracle.
Le miracle, lors d’une interruption spéciale «court-circuite» les lois naturelles afin de protéger la vie d’une personne à l’existence de laquelle est liée la Révélation céleste.
Le miracle de la longévité, du point de vue d’un musulman qui tire sa croyance du Noble Coran et de la Sunna, n’est pas limité à un individu et n’est pas incroyable. Par exemple, la loi de la nature fait que le corps qui a la plus grande température affecte le corps qui a une température moindre, jusqu’à arriver au point où les deux corps soient identiques de ce point de vue. La certitude de cette loi est plus importante que celle de la loi du vieillissement, alors que nous savons que cette loi a été «court-circuitée» afin de sauvegarder la vie du Prophète Ibrahim, la Paix soit sur lui, car c’était le seul moyen de le sauver ; lorsqu’il est tombé dans le feu il a été révélé :
«يا نار كوني برداً وسلاماً»
«Ô feu ! Sois pour Ibrahim fraîcheur et paix»
Et Ibrahim sortit du feu sain et sauf de tout préjudice.
C’est ainsi que d’autres lois naturelles ont été «court-circuitées» pour un nombre de prophètes et d’arguments de Dieu sur la terre ; la mer s’est ouverte pour Musa, la Paix soit sur lui ; les romains ont crû avoir fait prisonnier ‘Issa, la Paix soit sur lui, alors qu’ils faisaient erreur ; le Prophète de l’Islam, Dieu le bénisse lui et les siens, alors qu’un groupe de nombreux qorayshites faisait le siège de sa maison et lui tenaient une embuscade depuis des heures, sortit de sa maison et passa au milieu d’eux tandis que Dieu le déroba à leurs regards.
Lors de tous ces exemples, les lois de la nature ont été «court-circuitées» pour la sécurité et la protection d’une personnalité ; car la sagesse divine exigeait qu’il reste en vie. La loi de la vieillesse peut elle aussi être comptée en tant que l’un de ces exemples.
L’on peut peut-être tirer une conclusion générale de ce qui s’est passé jusqu’ici, et cette conclusion est la suivante : à chaque fois que la protection de la vie d’un argument de Dieu sur la terre nécessite le «court-circuitage» des lois naturelles, à chaque fois que la poursuite de la vie de cette personnalité est obligatoire afin de mettre en œuvre un plan important, à ce moment, la grâce divine devient la cause d’une interruption des lois naturelles. Mais lorsqu’une personnalité a accompli son devoir en Dieu, il meurt conformément aux lois naturelles ou tombe martyr.
Ici nous nous trouvons également en face d’une question : comment est-il possible qu’une loi soit «court-circuitée»? Comment se peut-il que l’articulation infaillible et obligatoire reliant des phénomènes soit rompue? N’y a-t-il pas là une contradiction avec la science? Une science qui a découvert les lois naturelles et sur la base de l’analyse et de l’induction logique en a fait connaître les articulations essentielles…
Il faut dire en réponse que la science elle-même en prenant du recul vis-à-vis de la réflexion sur le caractère essentiel des lois naturelles a répondu à cette question.
En voici l’explication : la science, sur la base de l’observation et de l’analyse découvre les lois naturelles ; si un phénomène naturel vient toujours à la suite d’un phénomène qui le précède, nous déduisons de cette articulation une loi générale qui dit qu’à chaque fois que l’on observe le premier phénomène, le deuxième phénomène vient à sa suite. Mais la science ne dit pas qu’il faut qu’il y ait entre ces deux phénomènes une articulation substantielle infaillible qui prenne son origine dans leur essence ; car l’infaillibilité et l’exigence constituent un état invisible que les outils scientifiques de laboratoire ne peuvent établir. C’est pourquoi la logique de la science moderne insiste sur le fait que les lois naturelles – de la manière dont la science les définit – ne parle pas de lien infaillible mais au contraire, parle de synchronisme continuel entre deux phénomènes. Ensuite, si un miracle se produit et sépare l’un de l’autre ces deux phénomènes naturels, de la même façon, une telle chose ne rompt pas à jamais un lien essentiel et infaillible.
La vérité est que le miracle au sens religieux est un mot qui est devenu compréhensible à la lumière de la science moderne, dépassant le point de vue de la science traditionnelle ; car le point de vue des anciens consistait en ce que tout phénomène, s’il est synchrone avec un autre phénomène ; le lien entre ces deux est incassable et on en concluait qu’il est impossible de les séparer l’un de l’autre. Or, selon la logique de la science d’aujourd’hui, ce lien est expliqué en tant que loi de simultanéité ou loi des «suites répétées». Cela sans que ce lien, cette articulation invisibles et infaillibles entre ces deux soient considérés comme une nécessité.
Avec ce regard, le miracle devient un état exceptionnel au sein de cette loi de simultanéité, sans que cela n’entre en collision avec une nécessité ou que cela n’aboutisse à une impossibilité.
Et nous, vis-à-vis de ce que nous avons accepté en tant que principe d’induction logique, nous sommes d’accord avec le point de vue de la science moderne et nous disons : l’induction ne présente pas de preuve à propos du lien essentiel entre deux phénomènes mais au contraire, cela ne fait qu’exprimer l’existence d’une définition commune de la simultanéité permanente et du synchronisme continuel entre deux phénomènes. De la même façon que l’on conçoit cette définition commune sur le principe d’un lien essentiel, l’on imagine à partir du principe de sagesse qu’il a été causé que l’ordre fondateur du monde a fixé des liens continuels entre les phénomènes choisis. Il est possible que cette même sagesse, à l’occasion, appelle l’exception qui dans ce cas donne une part au miracle.
Troisième discussion :
Pourquoi cette insistance sur la guidance de cette personnalité consacrée dont le résultat est la suspension des lois naturelles?
Ici, nous souscrivons au schéma de la deuxième question qui dit : quelle est la raison de cette insistance provenant de Dieu Le Très Élevé envers cette personnalité consacrée, entraînant le fait que les lois naturelles soient «court-circuitées» afin d’allonger la durée de sa vie? Pourquoi la guidance future n’est-elle pas confiée à quelqu’un dont la naissance est à venir, afin que ce soit lui qui produise les événements importants du Jour Promis, et ensuite, après être venu sur le terrain, tienne la promesse de son plan? Exprimé d’une autre façon : quel est l’intérêt de cette longue occultation?
La plupart de ceux qui posent ces questions ne veulent pas entendre une réponse par obédience. Assurément, nous croyons que les douze Imâms, la Paix soit sur eux, constituent un ensemble unique dont le remplacement d’aucun d’entre ses constituants n’est possible en aucun cas, mais ces individus veulent considérer ce point de vue dans son ensemble, sur la base de réalités perceptibles qui justifient d’elles-mêmes cette grande révolution et la faisabilité de ses résultats.
Sur cette base, fermons momentanément les yeux sur nos croyances vis-à-vis des Imâms Infaillibles, la Paix soit sur eux, et débattons à propos de cette question : est-ce que nous pouvons, à propos du remaniement prit en compte, par le biais de l’analyse des traditions collectives et de l’expérience vécue, tirer cette conclusion que l’un des facteurs de la victoire et de la réussite du Guide Attendu est cette longévité? Notre réponse est positive, pour plusieurs raisons, parmi lesquelles :
La mise en œuvre d’un changement fondamental demande que la guidance le régissant soit entre les mains d’un homme exceptionnel du point de vue spirituel ; avec une connaissance parfaite des capacités et des supériorités de sa propre école de pensée, accompagnée d’une connaissance profonde de la faiblesse des systèmes que l’on doit détruire et de la civilisation nouvelle que l’on va construire sur leurs ruines.
Quelle que soit la proportion dont l’âme et le cœur du guide du nouvel ordre mondial sont connaissant de la trivialité et de la futilité de la civilisation face à laquelle il se dresse pour la combattre, quelle que soit la proportion de ce qu’il sait du fait que cette civilisation n’est qu’un petit point sur la longue ligne de la civilisation humaine, c’est dans cette proportion qu’il trouve un surcroît de force du point de vue moral en vue de la confrontation et de la fermeté, et c’est dans cette proportion qu’il livre bataille jusqu’à obtenir la victoire.
Il est clair que la mesure nécessaire à la conscience de cette âme doit être proportionnelle à la taille du changement prit en compte ainsi qu’à la civilisation qu’il faut renverser. Ces engagements, plus ils concernent des systèmes plus grands et des civilisations plus vieilles, demandent une conscience plus approfondie. Et comme lors du Jour Promis il est prescrit que le monde sera rempli d’injustice et d’iniquité, avec toutes les fausses brillances, les splendeurs omnicolores sans dessus dessous, il est naturel qu’il faut aller à la suite d’une personnalité dont la conscience englobe le monde dans son entier. La naissance d’une civilisation ne se fera pas sans vouloir construire le changement et la justice sur les ruines de la précédente, or celui qui a grandi à l’ombre d’une veille civilisation qui a fait que le monde entier ait été sous l’influence de la domination de ses valeurs, se sentira petit face à cette civilisation… La preuve en est également que cet individu, dès lors qu’il ouvre ses yeux sur le monde et du moment où il est éduqué jusqu’à ce qu’il devienne adulte, voit constamment la souveraineté de cette civilisation et quel que soit l’endroit sur lequel il pose son regard, il ne voit rien d’autre que ses splendeurs omnicolores.
A l’inverse, celui qui a vécu avec l’histoire, et était présent avant que cette civilisation ne prenne forme, a contemplé de ses propres yeux, l’une après l’autre, toutes les grandes civilisations et ce qu’elles ont répandu, et non pas qu’il ait seulement étudié l’histoire. Il a vu la civilisation qui doit manifester le dernier volet de l’histoire de la vie humaine, avant le Jour Promis. En vérité, un tel individu a vu cette civilisation avant son apparition et avant qu’elle ne germe, puis il a été témoin de sa genèse, de son apparition et de son développement, jusqu’à ce qu’elle atteigne le stade de la croissance, et enfin, le moment de son plein épanouissement ainsi que celui où elle étend graduellement sa domination sur le monde.
En réalité, la personnalité qui regarde l’ensemble de ces stades avec la perspicacité et la parfaite connaissance acquise de ce géant effroyable – dans l’intention de le renverser – depuis cet angle historique qu’il a contemplé de ses yeux, et non sur le simple fait de se référer aux livres d’histoire ou en tant que prédestination inévitable qu’il faut accepter, n’aura indubitablement pas ce même point de vue que celui de Rousseau à propos duquel les auteurs disent : ne serait-ce que la pensée qu’un jour la France soit sans roi le mettait en butte à la peur et le terrifiait. Alors qu’il était lui-même un des plus grands historien du monde de la pensée et de la philosophie et de ceux qui appelaient à un changement dans la politique de celui qui gouverne. Cela provenait de cette raison que Rousseau était tombé sous l’influence de la culture royale et respira durant sa vie au sein de l’atmosphère royale.
Or, le personnage qui fut présent durant toute l’histoire, possédant lui-même la dignité et la puissance de l’histoire, sait parfaitement que ce qui à présent possède la souveraineté provient de l’effet et de la force de l’histoire, que cette souveraineté est venue à l’existence par des desseins particuliers et qu’avec le passage du temps et de nouveaux desseins, elle va disparaître et que rien n’en subsistera. Exactement comme dans le passé proche ou dans le passé lointain, lorsqu’elle n’existait pas. A ce moment, la vie d’une civilisation, qu’elle que soit sa durée, ne représente pas plus que quelques jours au sein de la vie de l’histoire.
Permettez-moi de poser une question : avez-vous lu la sourate «Kahf» et la destinée de jeunes gens qui ont crû en leur Dieu, de telle sorte que Dieu augmenta leur guidance? Des jeunes gens qui avaient été confrontés à un système idolâtre et despotique étranglant la voix de l’Unicité et ne laissant pas de dommages s’immiscer dans la ligne unifiée de l’associationnisme. Des jeunes gens qui se sont mis à étouffer, ont fait face au désespoir et toutes les portes se sont fermées sur eux ; lorsqu’ils virent cela ils se cachèrent dans une caverne et ont demandé à Dieu une solution à leur problème. Il était très éprouvant pour ces jeunes gens que l’erreur soit souveraine, que la vérité soit condamnée et que les oppresseurs anéantissent tous ceux dont le cœur battait pour elle.
Savez-vous ce que Dieu a fait avec eux? Dieu les a endormis dans cette caverne durant trois cent neuf ans, puis Il les tira du sommeil et les ramena à la vie alors que ce système tyrannique était tombé, avait été versé aux poubelles de l’histoire et n’avait plus aucun pouvoir.
Pourquoi Dieu a-t-Il fait cela? Afin que ces honorables jeunes gens voient de leurs yeux la dispersion du pouvoir sans valeur, ce même pouvoir dont l’influence et l’existence se montrait à eux de façon imposante et importante. Maintenant, ils contemplaient de leurs propres yeux l’anéantissement de ces pervers afin que la puissance et la force des tyrans de l’histoire leur apparaisse petites et méprisables.
Si les compagnons de la caverne, du fait de cet événement rare qui consista à ajouter trois cents ans à leurs vies, purent tout voir clairement et acquérir une meilleure mentalité, alors pour cet Imâm Attendu, que Dieu hâte sa noble Délivrance, c’est un événement analogue qui se produisit, lui donnant la possibilité de voir les actions de ces hommes belliqueux, du début jusqu’à maintenant.
Du reste, une expérience provenant de l’accompagnement des civilisations et une présence personnelle au sein des mouvements et des changements de l’histoire auront un effet excellent sur la préparation intellectuelle et sur l’efficacité du Guide du Jour Promis, que Dieu hâte sa noble Délivrance. Cela causera le fait qu’il connaîtra tous les comportements adoptés par les autres, avec tous leurs points forts et leurs points faibles, ce qui est juste et ce qui est erroné. Il débutera la rectification de la société avec une parfaite connaissance des facteurs, des causes et des raisons des difficultés de l’histoire.
Assurément, cette grande révolution dont la mise en œuvre repose sur les épaules de l’Imâm Attendu, que Dieu hâte sa noble Délivrance, est basée et fondée sur l’Islam, et il est naturel que la guidance qui y est associée doive être absolument proche des sources et de l’origine première de l’Islam. La personnalité de l’Imâm s’est formée de manière complète et singulière, elle doit être éloignée des influences de la civilisation qu’il veut combattre.
L’Imâm est celui qui est né au sein de cette civilisation, y a été éduqué et sa pensée s’est formée dans son cadre ; il ne peut certainement pas être éloigné des dépôts et des formes de pensée de cette civilisation, quoiqu’il soit lui-même celui qui va guider le cours du changement de cette civilisation.
Ainsi, afin d’être sauf vis-à-vis des effets indésirables des directives de cette civilisation, il est nécessaire que sa personnalité se soit formée de façon parfaite lors de cette phase de la civilisation antérieure qui est plus proche du point de vue moral en général et du principe original de cette civilisation qu’il doit réaliser par sa guidance lors du Jour Promis.
Quatrième discussion
Comment les vertus du Guide Attendu ont-elles atteint leur perfection?
Ici, nous en arrivons à la troisième question qui dit : comment les vertus de ce Guide Attendu ont-elles atteint leur perfection (et comment est-il devenu apte à la guidance), alors que son père, l’Imâm al-‘Askarî, la Paix soit sur lui, ne l’a pas accompagné plus de cinq ans et alors que nous savons que l’âge de cinq ans est l’âge de la petite enfance et que cela ne peut suffire à la formation d’un guide ; quels sont donc les fondements qui ont prit part dans sa perfection?
La réponse est celle-ci : l’Imâm, la Paix soit sur lui, après le décès de son père, devint son successeur dans l’Imâmat et la guidance, en ce sens qu’il hérita de l’ensemble des spécificités intellectuelles et morales d’un Imâm, à ce stade de l’enfance.
L’Imâmat précoce est un événement qui a eu lui aussi des précédents ; plusieurs parmi les pères de cet Imâm furent précoces, tels que Mohammad ibn Ali al-Djawâd, la Paix soit sur lui pour qui cela survint à huit ans, et l’Imâm Ali ibn Mohammad al-Hâdî, la Paix soit sur lui, qui atteignit l’Imâmat à l’âge de neuf ans.
Or ce phénomène connaît son apogée dans le cas du Mahdî, que Dieu hâte sa noble Délivrance lorsque nous voyons qu’il atteignit à l’Imâmat à l’âge de cinq ans. La preuve en est que nous appelons ce phénomène une vérité historique lorsque ce fait est lié à certains des pères de l’Imâm, la Paix soit sur eux, en tant que vérité visible et palpable ; les musulmans l’ont perçu, ils ont vécu avec cela, rien n’est mieux que la survenue d’une vérité parmi une communauté pour qu’elle soit prouvée.
L’explication de cette question nécessite l’exposition de plusieurs points :
- L’Imâmat n’est pas une dignité royale qui revient au fils avec l’héritage du père, et qui serait soutenu par le régime en place, comme ce fut le cas avec les califats fatimide et abbasside ; mais au contraire, l’Imâm, par la voie de la pénétration de la pensée et de l’impression spirituelle s’exerçant sur l’esprit des gens, obtient leur protection étendue, d’une telle manière que les gens considèrent que la guidance de l’Islam ne sied à personne d’autre qu’à l’Imâm, la Paix soit sur lui.
- Cet esprit des gens, à l’époque des premiers temps de l’Islam avait été formé, mais à l’époque de l’Imâm Bâqir et de l’Imâm Sâdiq, la Paix soit sur eux, cela s’épanouit et se répandit plus encore. L’école que ces deux Imâms, la Paix soit sur eux, constituèrent en leurs seuils mirent en œuvre un large rayonnement intellectuel dans le monde islamique. Des centaines de juristes, de théologiens, de commentateurs et autres savants des sciences relatives à l’Islam ainsi que des sciences humaines étaient à l’œuvre dans cette école d’une telle manière que l’un des rapporteurs de cette époque, Hasan ibn ‘Ali al-Wach-cha’ dit : «Un jour, je suis entré dans la mosquée de Kûfa et je vis neuf cents étudiants qui étaient réunis là et tous rapportent les paroles de l’Imâm Sâdiq, la Paix soit sur lui.»
- Du point de vue de cette école et selon l’esprit des gens qui y étaient liés, la clause de compétence pour l’Imâmat était très dure ; car ils croyaient que celui qui possède la capacité de l’Imâmat doit être plus savant que les savants de son époque et plus sage, sinon il n’est pas l’Imâm.
- Dans la voie de cette croyance, la plupart des gens ont donné leur vie en guise de rançon et ont fait de nombreux sacrifices. Les califes de l’époque considéraient cette école comme étant leur ennemie – au moins du point de vue de la pensée – et au cours de l’histoire, ils souscrivirent à la persécution, à la torture, à l’emprisonnement, au supplice et au meurtre de ses partisans ; des centaines d’entre eux firent face à la mort dans de sombres cachots. Ces contextes et ces exemples montrent que la croyance ferme coûtait très cher, alors qu’ils n’avaient pas d’autre motivation que la croyance solide et la pure intention.
- Les Imâms, à la guidance desquels se soumettaient ces partis populaires, jamais ne se coupèrent des gens et ne se cachaient pas, comme les rois dans leurs citadelles, et même, ils vivaient à côté des gens, parmi les gens ; sauf lorsqu’ils étaient emprisonnés ou bannis par ceux qui gouvernaient.
Cette vérité, nous la tirons du contact qu’un grand nombre de rapporteurs et de transmetteurs avait avec eux, des correspondances qu’ils avaient avec leurs contemporains, des visites et des voyages qu’ils effectuaient et enfin des représentants qu’ils avaient envoyés aux quatre coins de la terre d’Islam. Les suivants et les partisans (les chiites) venaient se mettre en leur présence, allaient à «Makka» (La Mecque) afin d’accomplir les cérémonies du Pèlerinage et/ou se hâtaient vers «Madina» la lumineuse (Médine) afin de rendre visite à leur Imâm.
Tout cela forme le récit des contacts continuels entre l’Imâm et ses partisans de toute condition et des quatre coins du monde d’alors.
- Le système califal regardait les Imâms, la Paix soit sur eux et leur guidance spirituelle et intellectuelle en tant qu’un grand danger et sur cette base employaient tous leurs efforts afin d’affaiblir cette guidance. Aucune persécution n’était de trop. Afin de protéger leur existence ils faisaient montre de cruauté et de barbarie, dans tous les sens de ces termes. Arrestation, captivité et exil des Imâms, la Paix soit sur eux, étaient permanents. Par ces actions, ils imprimaient un effet indésirable sur la mentalité des musulmans, en particulier les amis des Imâms, la Paix soit sur eux, dont les esprits étaient très tourmentés.
Maintenant, si nous prenons en compte ces six points historiques importants autant que réels, cela donne cette conclusion que l’Imâmat en bas âge n’était pas une illusion mais au contraire était bien réel, car l’Imâm en bas âge qui vient à découvert, se présente lui-même en tant que Guide moral et spirituel des musulmans et soumet à sa guidance et à sa wilaya le peuple dans son sens large, dispose incontestablement et amplement de sagesse, de connaissance, d’expérience du monde et surpasse largement son époque dans la jurisprudence, le commentaire des textes, la théologie et les autres sciences, sinon il ne serait pas possible qu’il jouisse jamais de la protection des gens. En faisant attention au fait que les Imâms, la Paix soit sur eux, étaient dans une situation qui permettait aux gens d’être confrontés à eux, et chacun pouvait être informé de leur vie privée et de leur degré de science et de culture.
Est-il réalisable qu’un enfant soit prétendant à l’Imâmat, qu’avec ce titre il prenne en main l’étendard de l’Islam, qu’il soit exposé à la vue et aux oreilles des gens du peuple, qu’ils aient foi en lui et dans la voie de cette foi souscrivent à la difficulté et sacrifient leur vie et leur sécurité, sans qu’ils se donnent la peine de vérifier la compétence de cet enfant vis-à-vis de l’Imâmat, sans qu’ils soumettent leur l’étonnement et l’importance de cette question à la réflexion et à la délibération?
Imaginons que les gens n’ont rien fait pour découvrir la vérité ; est-il possible que les jours, les mois, et même les années passent et qu’en dépit des confrontations habituelles et continuelles ayant lieu entre l’Imâm, la Paix soit sur lui, et les gens, la vérité ne soit pas découverte? Est-il croyable que l’Imâm, la Paix soit sur lui, soit un enfant du point de vue de la sagesse et de la réflexion et que lors de ce contact continu, la vérité demeure cachée?
Où si nous imaginons que pour les partisans de l’Imâmat, il n’y avait pas de possibilité de découvrir la vérité, pourquoi le pouvoir de l’époque est-il resté silencieux? S’il le pouvait, pourquoi n’a-t-il pas fait de révélations? Cela était indéniablement très facile pour le pouvoir de discréditer l’Imâm en bas âge, la Paix soit sur lui, qui du point de vue de la réflexion et de la culture n’est qu’un enfant. Le pouvoir pouvait facilement révéler la vérité à ses partisans ainsi qu’aux autres et établir son insuffisance vis-à-vis de la guidance.
S’il est difficile de discréditer un individu de quarante ou cinquante ans du fait de son insuffisance tandis qu’il est connaissant de la culture et des mœurs de son époque ; il n’est en aucun cas difficile d’afficher l’insuffisance d’un enfant ordinaire, quelles que soient son intelligence et sa perspicacité. Il en va de même pour un Imâmat dont les partisans connaissent le caractère officiel ainsi que les dures conditions dont ils savent la nécessité. Une telle action dont le détails des méthodes grossières aboutissait à l’anéantissement de la plupart des gens, était encore plus facile pour le pouvoir.
La seule justification du silence des pouvoirs contemporains et de l’absence d’emploi de cette lame tranchante est qu’ils savaient que l’Imâmat en bas âge était un phénomène réel et non contrefait.
La vérité est que les pouvoirs s’efforçaient d’employer le discrédit, or ils s’aperçurent rapidement qu’ils ne le pouvaient pas. L’histoire nous parle de ces efforts et de ces échecs. Mais il n’a jamais été dit que l’Imâm en bas âge, la Paix soit sur lui, ait été ébranlé, en ait souffert ou que les gens aient abandonné leur confiance en lui.
Cette réalité correspond à ce que nous disons, à savoir que l’Imâmat en bas âge était un événement réel qui survint dans la vie des Imâms chiites, la Paix soit sur eux, et jamais ne constitua une simple théorie, sèche et creuse. Ce phénomène trouve son origine dans la succession céleste, une succession qui prend son origine sur les rives de la Révélation divine. Il suffit de donner l’exemple de Yahyâ, la Paix soit sur lui ; Dieu dit à son sujet :
«يا يحيى خذ الكتاب بقوّةٍ وآتيناه الحكم صبيًّا»
«Ô Yahyâ ! Tiens le Livre avec force ! Nous lui avons donné la Sagesse alors qu’il n’était qu’un petit enfant.»
Lorsqu’il a été établi que l’Imâmat et la Prophétie donnés à un enfant ont été des événements réels, il ne reste pas de place pour l’objection au sujet du Mahdî, que Dieu hâte sa noble Délivrance, et de sa succession à son père.