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La circulation (l’échange) est l’un des fondements de la vie économique. Son importance n’est pas moindre que celle de la production ou de la distribution, bien qu’elle leur soit historiquement postérieure. En effet, l’existence historique de la production et de la distribution est toujours associée à l’existence sociale de l’homme. Là où il y a une société humaine, il est nécessaire qu’elle exerce, pour pouvoir poursuivre sa vie et assurer ses moyens d’existence, une forme de production, et qu’elle redistribue la richesse produite sur ses membres, sous n’importe quelle forme convenue. Donc, l’homme ne peut pas avoir une vie sociale sans production et distribution.
Quant à la circulation, il n’est pas nécessaire qu’elle existe dans la vie de la société dès le début, étant donné que les sociétés mènent souvent, au début de leur création, une sorte d’Economie primitive fermée, c’est-à-dire que chaque famille composant la société produit elle-même tout ce dont elle a besoin, sans recourir aux efforts des autres. Or, cette sorte d’Economie fermée ne laisse pas de place à l’échange tant que tout producteur satisfait par sa production tous ses besoins simples et se contente des articles qu’il produit. L’échange ne commence à avoir un rôle actif sur le plan économique que lorsque les besoins de l’homme se diversifient et se développent, et que les articles dont il a besoin dans sa vie se multiplient, de telle sorte que chaque individu n’est plus capable de produire seul toutes les sortes et formes d’articles dont il a besoin. Alors la société se voit obligée de répartir le travail entre ses membres, et chaque producteur -ou catégorie de producteurs- se spécialise dans la production d’un article particulier qu’il peut produire mieux qu’un autre (article), et il satisfait ses autres besoins par l’échange du surplus des articles qu’il a produits contre ceux que les autres produisent. De cette façon, l’échange naît, dans la vie économique, en tant que moyen de satisfaire les besoins des producteurs, au lieu que chaque producteur se charge lui-même de satisfaire tous ses besoins par sa production directe.
Ainsi donc, l’échange naît pour faciliter la vie et pour répondre à l’élargissement du champ des besoins et à la tendance de la production à la spécialisation et au développement.
Il en résulte que le rôle de l’échange dans la vie économique de la société est celui d’un intermédiaire entre la production et la consommation ou, en d’autres termes, entre les producteurs et les consommateurs. Le producteur trouve toujours par l’échange le consommateur qui a besoin de l’article qu’il produit, et ledit consommateur à son tour produit une autre sorte d’article, et trouve, à travers l’échange, le consommateur qui le lui achète.
Mais l’injustice de l’homme -selon l’expression coranique- qui a privé l’humanité des bénédictions et des bienfaits de la vie, et qui est intervenue dans le domaine de la distribution, au détriment de tel ou tel autre droit, a atteint l’échange aussi, jusqu’à ce qu’elle (l’injustice de l’homme) l’ait transformé et l’ait érigé en un instrument d’exploitation et de complication, au lieu d’être un instrument de satisfaction des besoins, et en un intermédiaire entre la production et l’épargne, et non pas entre la production et la consommation. Il est résulté de cette injustice dans l’échange des drames et toutes sortes d’exploitations, comparables aux situations injustes sur lesquelles a débouché la distribution dans les sociétés capitalistes et communistes.
Pour expliquer le point de vue islamique de l’échange, il est indispensable de connaître l’opinion de l’Islam sur la raison fondamentale pour laquelle l’échange est devenu un instrument injuste d’exploitation, et les résultats qui s’en sont suivis, d’étudier ensuite les solutions que l’Islam a présentées pour ce problème, et de savoir enfin comment il a trouvé à l’échange sa formule juste et ses lois adéquates à ses objectifs.
L’échange, et son évolution historique (du troc à la monnaie).
Avant toute chose, il faut remarquer que l’échange a deux formes :
L’une est l’échange fondé sur le troc ;
L’autre est l’échange fondé sur la monnaie.
L’échange fondé sur le troc consiste à échanger un article contre un autre. Cette forme d’échange est, historiquement, la plus ancienne des formes de l’échange. En effet, chaque producteur, dans les sociétés en voie de spécialisation et de division du travail, obtenait les articles qu’il ne produisait pas lui-même, contre le surplus de l’article dont la production était sa spécialité. Ainsi, celui qui produisait cent kilos de blé en conservait la moitié, par exemple, pour satisfaire ses besoins, et en échangeait l’autre moitié contre une quantité donnée de coton, par exemple, produit par autrui.
Mais cette forme d’échange (le troc) n’a pas pu faciliter la circulation dans la vie économique. Elle devenait de plus en plus difficile et compliquée à la longue et au fur et à mesure que la spécialisation se répandait et que les besoins se diversifiaient ; car le troc obligeait le producteur du blé à chercher le coton dont il avait besoin chez quelqu’un qui désirait se procurer du blé ; mais si le propriétaire du coton avait besoin de fruits et non de blé, et si le producteur du blé n’avait pas de fruits, il ne pouvait pas satisfaire son besoin de coton. Les difficultés sont nées ainsi de la rareté de la concordance entre le besoin de l’acheteur et celui du vendeur.
A cela il faut ajouter la difficulté de concordance entre les valeurs des articles offerts à l’échange. Celui qui possédait un cheval ne pouvait pas se permettre de l’échanger contre un poulet dont il aurait eu besoin, car la valeur de celui-ci était très inférieure à la valeur de celui-là. En tout état de cause, il n’était pas disposé à obtenir un seul poulet en échange d’un cheval tout entier, et celui-ci n’est pas divisible pour que l’on puisse en donner une partie pour l’obtention d’un poulet!
En outre, les opérations d’échange se heurtaient à un autre problème : la difficulté d’évaluer la valeur des choses offertes à l’échange ; car pour estimer la valeur d’une chose, il est indispensable de la comparer aux autres choses, afin que sa valeur soit connue par rapport à chacune de ces choses.
Pour toutes ces raisons, les sociétés fondées sur l’échange commencèrent à penser à modifier le troc de manière à le rendre apte à résoudre ces problèmes. De là est née l’idée de l’utilisation de la monnaie en tant qu’instrument d’échange remplaçant l’article lui-même. Et de cette façon, la seconde forme de l’échange a vu le jour, c’est-à-dire l’échange par la monnaie. Celle-ci est devenue ainsi le représentant de l’article que l’acheteur était obligé d’offrir au vendeur dans le troc. Au lieu que le propriétaire du blé, dans notre précédent exemple, soit contraint de fournir des fruits au producteur du coton contre le coton qu’il voulait lui acheter, il aura désormais la possibilité de vendre son blé contre de l’argent, puis d’acheter avec cet argent le coton qu’il désire. Le producteur du coton achètera à son tour le fruit qu’il demande contre l’argent qu’il aura obtenu.
Conséquences du passage du troc à la monnaie : thésaurisation et déséquilibre.
La représentation de l’article par l’argent dans les opérations d’échange a donc assuré la solution du problème né du troc et l’aplanissement de ses difficultés.
La difficulté de concordance entre le besoin de l’acheteur et celui du vendeur s’est effacé. L’acheteur n’était plus obligé de fournir au vendeur l’article dont il avait besoin, il lui suffisait de lui donner l’argent au moyen duquel il pourrait acheter cet article par la suite à ses producteurs.
La difficulté de concordance entre les valeurs des choses a été aplanie, parce que la valeur de tout article était désormais estimée en argent, lequel est divisible.
De même, il est devenu possible d’estimer facilement les valeurs des choses, car celles-ci étaient désormais évaluées toutes par rapport à un seul et même article, à savoir l’argent, en tant que critère général de la valeur.
Toutes ces facilités ont découlé de la représentation de l’article par l’argent dans tous les domaines de la circulation.
Tel est l’aspect brillant et lumineux de la représentation de l’article par l’argent, aspect qui nous explique comment cette représentation accomplit sa fonction sociale -pour laquelle elle a été créée- qui consiste à faciliter les opérations de la circulation.
Mais cette représentation ne s’est pas arrêtée à ce stade. A la longue, elle va jouer un rôle plus important dans la vie économique, jusqu’à ce qu’il s’en soit suivi des difficultés et des problèmes non moins graves que ceux qui avaient découlé du troc. Mais alors que les problèmes issus du troc étaient naturels, les nouveaux problèmes causés par la représentation de l’article par l’argent sont humains et traduisent toutes les sortes d’injustices et d’exploitations auxquelles a conduit la représentation de l’argent par l’argent dans les domaines de la circulation.
Pour bien comprendre cela, nous devons remarquer les développements qui se sont produits dans les opérations de l’échange comme suite au changement de leur forme, fondée d’abord sur le troc, remplacé ensuite par l’argent.
Dans l’échange fondé sur le troc, il n’y avait pas de ligne de démarcation entre le vendeur et l’acheteur, les deux co-contractants étant à la fois vendeur et acheteur, chacun fournissant à l’autre un article, et en recevant un autre. C’est pourquoi le troc satisfaisait directement les besoins des deux co-contractants en même temps ; chacun d’eux sortait de l’opération de la circulation avec l’article dont il avait besoin pour sa consommation ou sa production, tel que blé ou charrue. A la lumière de ce qui précède, nous savons que l’homme, à l’époque du troc, n’avait pas la possibilité de s’identifier à la personnalité du vendeur sans être en même temps acheteur. Il n’y avait pas de vente sans achat concomitant. Le vendeur fournissait -en tant que vendeur- d’une main son article à l’acheteur, pour recevoir de l’autre main un nouvel article -en tant qu’acheteur. La vente et l’achat étaient couplés dans une seule opération.
En revanche, dans les échanges fondés sur l’argent, la situation est très différente, car l’argent met un point de démarcation entre le vendeur et l’acheteur, le premier étant le propriétaire de l’article, le second celui qui offre de l’argent pour l’obtenir. Le vendeur qui offrait du blé pour obtenir du coton pouvait vendre ce blé et obtenir du coton dans un seul échange fondé sur le troc, alors qu’il est obligé ici (dans les échanges fondés sur l’argent) d’effectuer deux échanges pour obtenir ce qu’il cherche. Dans un premier échange, il joue le rôle de vendeur en vendant son blé contre une somme d’argent, et dans le second échange, il joue le rôle de l’acheteur en achetant du coton avec cet argent ; ce qui signifie la séparation de la vente et de l’achat, alors que ces deux opérations étaient couplées dans le troc. La séparation de la vente et de l’achat dans les opérations de l’échange fondé sur l’argent a permis de retarder l’achat par rapport à la vente. Le vendeur n’est plus obligé, pour vendre son blé, d’acheter à l’autre le coton qu’il produit. Il peut vendre son blé contre une somme d’argent, qu’il conserve, et reporter l’achat du coton à plus tard.
Cette occasion nouvelle que les vendeurs ont trouvée à leur service -l’occasion de retarder l’achat par rapport à la vente- a changé le caractère général des ventes et des échanges. Alors que la vente avait toujours pour objet, à l’ère du troc, l’achat de l’un des articles dont avait besoin le vendeur, à l’ère de la monnaie elle a un nouvel objectif. Le vendeur ne se débarrasse pas de son article pour en obtenir un autre, mais pour gagner plus d’argent, en sa qualité de représentant général de l’article ; l’argent qui lui donne la possibilité d’acheter n’importe quel autre article quand il le voudra… Ainsi, la vente pour l’achat s’est transformée en vente pour se procurer de l’argent. De là est né le phénomène de la thésaurisation des biens et de leur gel, incarné par cet argent. Car l’argent, et par argent nous entendons surtout l’argent en pièces métalliques et en billets de banque, se distingue de tous les autres articles, puisqu’il était inutile de thésauriser tout autre article, étant donné que :
- a) la valeur de la plupart des articles baisse à la longue ;
- b) la conservation de l’article et son maintien en bon état nécessiteraient de nombreuses dépenses ;
- c) le propriétaire de l’article thésaurisé pourrait ne pas trouver, au moment voulu, un autre article dont il aurait besoin ; donc sa thésaurisation ne garantit pas l’obtention de tout ce dont on a besoin à tout moment.
Tout au contraire, l’argent est susceptible d’être conservé et épargné, et son épargne ne demande pas de dépenses. De plus, en tant que représentant général des articles, il garantit au thésauriseur son pouvoir d’achat de tout article à tout moment.
De cette façon sont nées les motivations de la thésaurisation dans les sociétés où l’échange commençait à être fondé sur l’argent et notamment sur la monnaie en or et en argent.
Il s’en est suivi que l’échange a abandonné sa fonction saine d’intermédiaire entre la production et la consommation dans la vie économique, et qu’il est devenu un intermédiaire entre la production et l’épargne. Ainsi le vendeur produit, vend et échange sa production contre de l’argent qu’il épargne et ajoute à sa richesse thésaurisée ; et l’acheteur offre cet argent au vendeur pour obtenir l’article que celui-ci vend, sans pouvoir vendre à son tour son produit, le vendeur ayant thésaurisé et retiré de la circulation son argent.
Il en est résulté aussi un grand déséquilibre entre la quantité de l’offre et celle de la demande, car l’offre et la demande tendaient à l’équilibre à l’ère du troc, étant donné que le producteur produisait pour satisfaire ses besoins et échanger le surplus de sa production contre d’autres articles -dont il avait besoin dans la vie- différents de celui qu’il produisait lui-même. Le produit équivalait donc toujours à son besoin, c’est-à-dire que l’offre faisait face, toujours, à une demande équivalente. C’est pourquoi les prix du marché tendaient vers leur niveau naturel, qui traduisait la valeur réelle des articles, et leur importance effective dans la vie des consommateurs. Mais lorsque l’ère de l’argent a commencé, et que l’argent a dominé sur le commerce, et que la production et la vente ont pris une nouvelle orientation, au point que leur raison d’être est devenue la thésaurisation de l’argent et le développement de la possession, et non plus la satisfaction des besoins, il était naturel que l’équilibre entre l’offre et la demande bascule, et que les motivations de l’accaparement jouent leur rôle important dans l’accentuation de cette contradiction entre l’offre et la demande, à tel point que l’accapareur pouvait provoquer une fausse demande en achetant toutes les quantités disponibles de l’article sur le marché, non pas parce qu’il en aurait eu besoin, mais pour en faire monter le prix ; ou encore il offrait l’article à un prix inférieur à son coût pour obliger les autres vendeurs et acheteurs à se retirer de la concurrence et à se déclarer en faillite. De cette façon, les prix se trouvaient dans une situation anormale, le marché tombait sous l’emprise de l’accaparement, et des milliers de petits vendeurs et producteurs étaient pris entre les mains des grands accapareurs qui dominaient le marché.
Et puis, après tout cela, il ne reste que de voir les gens puissants dans le domaine économique profiter de ces occasions que leur fournit l’argent pour s’orienter de toutes leurs forces vers la thésaurisation et vers la vente en vue de l’épargne. Il se mettent à produire et à vendre pour attirer la monnaie en circulation vers leurs coffres-forts et l’absorber progressivement. Ils abolissent ainsi la fonction de l’échange en tant qu’intermédiaire entre la production et la consommation, et précipitent la majorité des gens vers la misère et la pauvreté. Il s’en suit que la consommation faiblit en raison de la baisse du niveau économique du public et de son incapacité à acheter. De même, le mouvement de la production s’interrompt, car l’absence du pouvoir d’achat ou son affaiblissement chez les consommateurs prive la production de ses bénéfices, et le marasme prévaut dans tous les secteurs de la vie économique.
L’usure : le point de vue de l’Islam sur tous les problèmes liés à l’échange.
Les problèmes de l’argent ne se sont pas arrêtés là. En effet, l’argent a débouché sur un autre problème qui pourrait être considéré comme plus grave que tous les problèmes que nous avons exposés. L’argent ne s’est pas limité à son rôle d’instrument d’épargne, mais il est devenu également un instrument d’accroissement des biens par l’intérêt que les prêteurs perçoivent de leurs débiteurs, ou que les banques paient aux capitalistes pour les biens qu’ils y ont déposés. De cette façon, la thésaurisation est devenue, à la place de la production, la cause de la croissance de la richesse dans le milieu capitaliste. Il en est résulté que beaucoup de capitaux se sont déplacés du domaine de la production vers les caisses d’épargne et les banques, et que les commerçants n’entreprenaient plus un projet de production ou de commerce qu’après s’être assurés que le bénéfice que ce projet leur ferait réaliser serait normalement supérieur à l’intérêt qu’ils pourraient toucher sur les biens qu’ils prêteraient ou qu’ils déposeraient dans les banques.
Les biens servant de base à l’intérêt usuraire commencèrent ainsi à affluer vers les banquiers depuis le début de l’époque capitaliste. Ceux-ci se sont mis en effet à attirer les quantités d’argent thésaurisé chez les particuliers en appâtant ces derniers par l’intérêt annuel que leurs clients touchent sur l’argent qu’ils ont déposé chez eux. Ces différentes quantités d’argent se sont donc accumulées dans les coffres des banquiers, au lieu d’être employées dans une production fructueuse, et leur accumulation a conduit à la création de banques et de grands établissements financiers qui ont tenu les rênes de la richesse dans le pays, et ont mis fin à tous les aspects de l’équilibre de la vie économique.
Cet exposé rapide des problèmes de la circulation ou de l’échange montre clairement que ces problèmes ont découlé, tous, de l’argent et de sa mauvaise utilisation dans le domaine de la circulation, puisqu’il a servi d’instrument de thésaurisation, et par conséquent, de croissance de la possession.
Ceci pourrait jeter un peu de lumière sur ce que le Saint Prophète (saw) a dit dans le hadith : «Les dinars jaunes et les dirhams blancs vous tueront comme ils ont tué ceux qui vous ont précédés».
En tout état de cause, l’Islam a traité ces problèmes issus de l’argent, et a pu rétablir l’échange dans sa situation naturelle et son rôle d’intermédiaire entre la production et la consommation.
La position islamique vis-à-vis des problèmes de l’échange peut se résumer dans les points principaux suivants :
L’Islam a interdit la thésaurisation des biens en imposant l’impôt de la “Zakât“ sur l’argent gelé, impôt qui se renouvelle chaque année, jusqu’à ce qu’il absorbe presque tout le bien thésaurisé, si sa thésaurisation se prolonge plusieurs années. C’est pourquoi le Coran considère la thésaurisation de l’or et de l’argent comme un crime punissable du Châtiment de l’Enfer. Parce que thésauriser signifie naturellement négliger de s’acquitter d’un impôt légalement obligatoire, et que l’acquittement de cet impôt empêche l’accumulation et la thésaurisation de l’argent ; il est donc normal que le Coran menace ceux qui thésaurisent l’or et l’argent, et leur promette l’Enfer: «… Annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l’or et l’argent sans rien dépenser sur le Chemin d’Allah, le jour où ces métaux seront portés à incandescence dans le Feu de la Géhenne et qu’ils serviront à marquer leurs fronts, leurs flancs et leurs dos : “Voici ce que vous thésaurisiez ; goûtez ce que vous thésaurisiez !”» (Sourate al-Tawbah, 9 : 34-35)
De cette façon, l’Islam s’est assuré que l’argent se maintient dans les domaines de la production, de l’échange et de la consommation, et l’a empêché de glisser vers les caisses de thésaurisation et d’épargne.
L’Islam a interdit catégoriquement et fermement l’usure, extirpant de cette façon l’intérêt et ses conséquences graves dans le domaine de la distribution, ainsi que l’atteinte qu’il porte à l’équilibre économique général, ôtant par là même à l’argent son rôle d’instrument à part entière de croissance de la possession, et le rétablissant dans son rôle naturel de représentant général des articles, et d’instrument servant à évaluer leur valeur et à faciliter leur circulation.
Beaucoup de ceux qui ont vécu l’expérience capitaliste et connu de près ses différentes formes et modalités pourraient penser que l’extirpation de l’intérêt équivaudrait à l’extirpation des banques et des établissements financiers, l’abolition des organes de la vie économique, et la paralysie de tous ses nerfs et veines alimentés par lesdites banques et établissements financiers. Mais cette pensée naît chez eux de leur ignorance de la réalité du rôle joué par les banques et les établissements financiers dans la vie économique, ainsi que de la réalité de la forme islamique de l’organisation économique, qui garantit le traitement de tous les problèmes découlant de l’éradication de l’intérêt. C’est ce que nous allons étudier dans un prochain chapitre.
L’Islam a accordé au Tuteur (le gouvernant légal) les pouvoirs qui lui donnent le droit d’exercer un contrôle total sur le déroulement de la circulation et la supervision des marchés, afin d’empêcher toute attitude de nature à ébranler la vie économique et à lui porter atteinte, ou bien à ouvrir la voie à un contrôle individuel illégal du marché et de la circulation.
Nous étudierons et expliquerons ces trois points d’une façon exhaustive dans les prochains chapitres du présent ouvrage, lorsque nous parlerons des détails de l’Economie islamique.