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Les méfaits de cette confusion
Je me contenterai d’indiquer les causes principales de cette confusion:
- I. L’erreur des commentaires wahhabites sur les concepts de Divinité et de Prophétie dans le Chiisme.
- II. L’erreur de leur commentaire sur la vérité de la religion et des règles religieuses dans le Chiisme.
III. L’erreur de leur commentaire sur les buts du Chiisme.
- IV. L’erreur de leur interprétation de certains termes et expressions spécialisées des chiites.
- V. L’erreur de leur commentaire sur les références chiites.
- VI. L’erreur de leur commentaire sur l’Imâmat dans le Chiisme.
VII. L’erreur de leur commentaire sur l’identité du Chiisme.
VIII. L’erreur de leur commentaire sur les origines du Chiisme.
Ces huit erreurs sont à l’origine d’une erreur encore plus grande dans l’interprétation des particularités du Chiisme et l’amalgame qui est fait entre Chiisme et idéologie extrémiste.
Pour que le lecteur se rende compte des conséquences funestes de ces erreurs, je l’invite à voir deux images
Le schéma numéro 1 montre les causes de l’erreur et de l’égarement des wahhabites, que j’ai figurées par des flèches. Voir p 123.
Le schéma numéro 2, montre le retour de ces flèches pour que le lecteur comprenne que de ces huit erreurs renvoient aux cinq facteurs précédents. Voir p 124
Avant d’étudier les raisons de cette confusion et de son développement chez les wahhabites, il faut prendre quelques points en considération:
- I. Cette confusion dans la pensée wahhabite n’est pas apparue soudainement, mais est le résultat de facteurs relativement nombreux qui, au fur et à mesure, ont contribué à la constitution de cette pensée. D’un point de vue scientifique, les problèmes historiques n’apparaissent pas subitement contrairement aux innovations qui résultent en général, elles, d’une inspiration.
- II. la connaissance de ces facteurs est difficile, il arrive que certains facteurs qui n’existaient pas à l’origine, apparaissent au fur et à mesure que se développe le phénomène.
III. On ne peut comprendre ces facteurs sans en étudier les origines historiques. C’est pourquoi je me suis référé à tous les textes wahhabites au sujet du Chiisme et après plusieurs années de recherches, j’ai réussi à avoir une vision d’ensemble et à en diagnostiquer les symptômes précis. Après cette recherche, j’ai compris que le problème résidait dans la façon de penser des wahhabites et l’apparition du Wahhabisme à l’époque des Ottomans.
Le gouvernement ottoman, entra dans un conflit de pouvoir avec le gouvernement chiite des Safavides et pour encourager le peuple à participer à la guerre contre les Iraniens chiites, il lança une propagande d’excommunication des chiites. Ce plan s’étendait jusqu’à la Péninsule de l’Inde et poussa Shâh Abdul Azîz-i Dihlavî à écrire le “Al-Tuhaft ul-Ithnâ Asharîyya”. Le gouvernement ottoman en répandit un résumé dans les pays sunnites pour envenimer les divergences entre chiites et sunnites. Ce livre a beaucoup influencé les wahhabites et est à l’origine de leur confusion entre le Chiisme et l’idéologie extrémiste.
L’influence de ce livre est très visible chez Muhibb ud-Dîn-i Khatîb, un des précurseurs de la pensée wahhabite et dont le “Al-Khutût ul-Arîza Fî Dîn il-Imamîyya “est un résumé du livre d’al-Tuhfa et une référence des wahhabites, dans leur présentation du Chiisme.
L’influence de l’auteur du livre “al-Tuhfa” est évidente dans les études wahhabites sur le Chiisme et dans les écrits d’Ihsân Ilâhî Zahîr. La situation politique à l’époque de la parution du “Al-Tuhfa” est bien connue, tous les historiens hindous ont rapporté que ce livre avait été rédigé à la fin du 12ième siècle, au moment où les gouvernements partisans du Chiisme et du Sunnisme connaissaient des divergences politiques dans la région d’Û’d de Lakanhû.
Il est évident que ce genre d’écrits, commandés en temps de querelles politiques, sert les buts politiques des rois et des gouvernements, et étaient toujours en leur honneur et dans le sens de leur politique.
Mahmûd Shukrî Alûsî a écrit un résumé du livre d’al-Tuhfa.
Il écrit dans l’introduction de ce livre: “J’offre ce livre au calife de Dieu sur terre, celui qui est le successeur du Prophète pour restaurer la religion, le meilleur pour le peuple, fait régner l’ordre selon un programme minutieux et une pensée profonde, suit la meilleure manière pour contrôler et protéger le peuple et soutient spécialement les savants et les bienfaiteurs de sa communauté…Et il est l’émir des croyants à qui tout le monde doit obéir, le roi des mers et des terres, le sultan, fils du sultan, le roi guerrier, Abdul Hamîd Khân, fils du grand guerrier Abdul Madjîd Khân. Que Dieu le protège, le fasse triompher pour honorer son nom, supprime ses ennemis et en brise l’échine.”(1)
Il ajoute: “Je lui offre ce livre en espérant qu’il y jettera un regard et qu’il l’acceptera de ma part. J’ai divisé ce livre en neuf chapitres. Le 1ier chapitre est une présentation de l’idéologie des sectes chiites et de leurs coutumes (2) …
Ce livre qui a été publié dans une situation politique très spéciale, a beaucoup influencé la pensée et les études des wahhabites qui en font encore aujourd’hui, leur livre de références scientifiques malgré l’opposition des grands religieux sunnites. Or ce livre est né de la politique et ce qui vient de la politique disparaît aussi avec elle.
Le gouvernement ottoman avait besoin de cacher les vérités du Chiisme, surtout après la chute de Bagdad, sous le gouvernement chiite d’Iran qui représentait un réel danger. Le gouvernement ottoman savait bien que les sunnites n’entreraient pas en guerre contre les chiites imâmites à moins qu’ils ne soient convaincus que les chiites font partie des groupes extrémistes athées et non des musulmans.
C’est ainsi que la confusion et l’amalgame entre le Chiisme et l’Extrémisme fit son entrée dans le contexte politique de cette époque. Les wahhabites l’ont développé et renforcé en s’inspirant de ces textes de propagande pour discréditer le Chiisme et en dénaturer les vérités. Ces textes n’avaient rien d’écrits scientifiques et analytiques, capables de présenter aux lecteurs une démarche rationnelle et documentée.
Après la chute du gouvernement ottoman, de nombreuses personnalités sunnites ont insisté sur la nécessité de revoir la manière de penser des sunnites des siècles précédents, sur le Chiisme.
Le grand religieux sunnite, Cheikh Mahmûd Shaltût, a émis un jugement où il déclarait que le Chiisme était une des quatre branches officielles et reconnues de l’islam et que tout le monde avait le droit de suivre son enseignement.
Voilà donc un bref aperçu sur la confusion historique entre le Chiisme et l’Extrémisme chez les wahhabites. Le lecteur pourra poursuivre cette discussion de façon plus développée, dans les pages suivantes.
- IV. Pour étudier cette question, il faut faire une recherche complète et donner une définition exacte de l’Extrémisme, du Chiisme imâmite et des rapports historiques entre le Chiisme, les extrémistes et le Wahhabisme.
En troisième lieu, il faudrait voir s’il existe une quelconque relation entre le Chiisme et l’Extrémisme, ou au contraire, une divergence profonde et historique.
Quatrièmement, il faudrait étudier les connaissances des wahhabites sur le Chiisme, voir s’ils sont assez informés et quelle est la position des wahhabites sur les autres musulmans, comment ils définissent l’Extrémisme, comment les chiites le définissent, quelle est la différence entre les positions des sunnites à l’égard du Chiisme et celles des wahhabites, sur quels critères se fonde la pensée wahhabite et quelles sont les influences de cette pensée sur leur comportement envers les Chiites.
On ne pourra connaître parfaitement ce problème de confusion qu’après en avoir étudié ses multiples dimensions. Il s’agit d’un problème qui menace sérieusement l’union des musulmans et il est indispensable de trouver la solution convenable pour le résoudre.
- V. Après une recherche développée sur les œuvres wahhabites qui étaient tombés dans l’erreur de la confusion entre le Chiisme et l’Extrémisme, je me suis rendu compte qu’il existait six sortes d’écrivains:
Un premier groupe d’écrivains étaient à la solde des rois en lutte contre le gouvernement chiite d’Iran, on ne peut évidemment pas parler d’objectivité, dans des livres qui ressemblent à ceux qui furent publiés par les services de renseignements travaillant au profit des colonialistes. Des livres qui vantaient la politique étrangère des gouvernements anti-chiites sans avoir aucune idée des vérités du Chiisme. Ces écrivains étaient au service de la cour et jouèrent un grand rôle dans le développement de la confusion idéologique du Chiisme et de l’extrémisme.
Le second groupe est celui de gens naïfs, trompées par le premier groupe, des gens qui faisaient confiance à ce genre d’écrivains et admettaient que le Chiisme imâmite faisait bel et bien partie des sectes égarées et non des écoles musulmanes officielles. Je faisais partie moi-même de ce groupe à l’époque où j’écrivais ” La relation entre le Chiisme et l’Extrémisme”.
Le troisième groupe est constitué de gens qui ne sont pas naïfs, mais ne sont pas assez intelligents pour éviter le piège et qui, sans comprendre, parlent d’Extrémisme pour des mouvements qui ne s’en réclament pas et attribuent aux chiites, sans aucun argument, des idées auxquelles les chiites sont totalement étrangers. Ils ne distinguent pas le polythéisme manifeste qui fait sortir de l’Islam, du polythéisme secret qui existe chez beaucoup de musulmans, mais ne les exclue pas pour autant de l’ensemble de la communauté, et ne différencient pas les divers degrés de l’athéisme qui font ou non, qu’une personne ne soit plus considérée comme musulmane. Ils excommunient tous les membres des écoles qui ne sont pas d’accord avec eux et mettent ainsi un grand nombre de musulmans au nombre des mécréants.
Le quatrième groupe est celui de ceux qui mélangent opinions religieuses et opinions politique, et condamnent toute pensée opposée aux leurs. Sans discuter, sans étudier les autres religions, avant d’écouter les paroles d’autrui et sans aucune connaissance, ils jugent et décrètent que tous les opposants sont des injustes et des impies. Ils considèrent tout avis opposé comme une émanation de l’Extrémisme et le rejettent en bloc.
Le cinquième groupe est celui de gens qui ne connaissent pas les problèmes que le Wahhabisme a créés au Chiisme et le défendent aveuglément, reniant même parfois des opinions admises à la fois chez les chiites et les sunnites. Cette défense fanatique du Wahhabisme leur fait perdre la raison et les entraîne dans des conflits plus émotifs que pertinents. Au lieu de répondre aux questions des chiites, ils les accusent et leur renvoient tout ce qu’ils ont lu dans les livres sur l’Extrémisme et ses sectes.
Ce groupe a beaucoup aidé à la généralisation de la confusion historique entre le Chiisme et l’extrémisme.
Les wahhabites se trouvent faces à une série de questions scientifiques de la part des chiites et même des sunnites, et à cause de leur incapacité à répondre et la conscience de la grave impuissance qui existe dans leur pensée, ils s’efforcent de défendre à tout prix le Wahhabisme, dans un projet dangereux qui ne fait que dénaturer les vérités et les particularités du Chiisme. Leur unique but est de renforcer leur front et ils font tout pour y arriver. Le discrédit du Chiisme fait partie de leur tactique défensive. Ils ne prêtent aucune attention aux vérités du Chiisme et se permettent de discréditer et de calomnier le Chiisme pour renforcer leurs positions.
Le sixième groupe est le plus dangereux, constitué par des écrivains anti-chiites qui se présentent comme des wahhabites alors qu’ils sont détestés à la fois par les wahhabites et les grands religieux sunnites qui les ont rejetés après avoir compris les mauvaises intentions de ces personnages qui ne recherchent que le pouvoir et la richesse. Ils se sont alors réfugiés et dissimulés dans les rangs wahhabites pour réaliser leurs plans funestes.
Abdullâh Alî Qasîmî Nâdjî faisait partie de ce groupe. Il a voyagé en Arabie saoudite et en Egypte où il s’est querellé avec les oulémas d’al-Azhar qui l’ont expulsé. Puis il a écrit un livre “La Révolution Wahhabite” qui a bien plu aux wahhabites et a obligé le monde sunnite à réagir. Il est aussi l’auteur d’un autre livre ” La lutte entre l’Islam et l’Idolâtrie” dans lequel il présente les chiites comme des idolâtres. Ce livre a beaucoup plu aussi aux wahhabites. Mais, l’écrivain est tombé peu à peu dans l’impiété, a renié les religions divines et s’est mis à attaquer les Prophètes. Après ces événements, les wahhabites l’ont également rejeté bien que l’image qu’il avait donnée du Chiisme, dans ses livres, ait réussi à impressionner les esprits et soit restée dans les mémoires.
- VI. L’un des facteurs très importants qui a contribué au développement de cette confusion historique était le caractère ambigu de certaines expressions au premier et deuxième siècle de l’hégire. A cette époque, on accusait le Chiisme de faire partie de sectes que le Chiisme imâmite lui-même, rejetait. Cette atmosphère donna aux ennemis du Chiisme l’occasion d’attaques au niveau culturel et l’occasion d’accuser les chiites de faire partie de certaines sectes extrémistes qui se réclamaient, elles aussi, du “Chiisme”.
Cette confusion entre les sectes qui se réclamaient du “Chiisme” et le Chiisme imâmite duodécimain qui correspond à une école précise, a causé beaucoup de malentendus et a fait que les accusations d’impiété faites à ces sectes par les chiites et les sunnites, soient par erreur, attribuées au Chiisme imâmite.
Il est évident que si l’on ne donne pas la définition exacte de certains mots et leurs limites sémantiques, certaines personnes profiteront de cette occasion pour tromper les gens et accuser le chiisme de toutes sortes de déviations.
VII. Un autre facteur qui les poussa à faire un rapprochement entre le Chiisme et l’Extrémisme fut la présence au premier siècle de l’hégire, de certains groupes extrémistes dans la ville de koufa, or d’après des témoignages historiques, ce groupe était très restreint et ils finirent par disparaître totalement après avoir été chassés par la communauté chiite de cette ville.
Généralement, quand le Chiisme duodécimain s’installait dans une région, les partisans des sectes extrémistes était obligés de quitter les lieux. Je m’expliquerai sur ce sujet par la suite.
VIII. Les Omeyyades et les Abbassides imposaient des tortures, menaçaient et éliminaient les membres de la Famille du Prophète qui jouissaient d’un grand prestige auprès des musulmans. Il n’est pas étonnant qu’aujourd’hui, les chiites soient encore victimes de l’oppression des héritiers de ces mêmes groupes et soient accusés d’impiété, pour justifier les crimes de ces tyrans. Comment les opprimés peuvent-ils se défendre contre ces groupes de dominants ?
Les origines et le développement de l’amalgame entre le Chiisme et l’Extrémisme
J’ai expliqué que la première raison de cette déviance idéologique était l’ignorance des wahhabites, des principes du Chiisme imâmite.
Cette ignorance des wahhabites a trois causes:
- I. L’ignorance des wahhabites du sens exact du mot “Extrémisme”.
- II. L’ignorance des wahhabites des principes du Chiisme duodécimain.
III. l’ignorance des wahhabites des positions du Chiisme sur les sectes extrémistes et leurs partisans.
je me contenterai de développer le premier point, les autres questions seront traitées en détail, dans mon autre livre ” L’avis du Chiisme imâmite sur les sectes extrémistes“.
Ignorance du sens du mot “Extrémisme”
L’Extrémisme est une attitude que toutes les écoles musulmanes ont rejetée. On ne trouve aucune école islamique qui reconnaisse l’extrémisme à cause des avertissements répétés du Coran et de l’exemple donné à la communauté par le Prophète, deux références qui ont prévenu la communauté musulmane du danger de l’égarement religieux qui découlait des positions extrémistes. L’histoire de l’Extrémisme a coïncidé avec celle de l’égarement. Aucune forme d’égarement n’est apparue sans l’apparition d’idéologies extrémistes et il est prouvé du point de vue historique, que l’égarement dans toutes les écoles, mêmes islamiques, a toujours été le résultat de tendances et de positions extrémistes.
Je ne pourrai citer tout ce qui a été dit, au sujet de l’Extrémisme et de ses dommages, dans le Coran et la Tradition prophétique, et je n’ai pas l’intention de m’étendre sur les sectes extrémistes et l’histoire de leur apparition, ni sur les influences de la sorcellerie, du judaïsme ou du christianisme. Je ne révélerai qu’un aspect caché, en relation étroite avec notre sujet, et sur lequel personne n’a encore fait de recherches, c’est-à-dire: L’étude du sens et de la définition de l’Extrémisme dans l’idéologie wahhabite.
Depuis le 18ième siècle de l’ère chrétienne, date de l’apparition du Wahhabisme, jusqu’à nos jours, les wahhabites ont donné une définition de l’Extrémisme très différente de celle des chiites et des sunnites, et qui englobe finalement toutes les autres écoles musulmanes.
Quand j’étudiais au centre d’enseignement et de formation wahhabite, en Arabie Saoudite, on nous donnait de l’Extrémisme une définition qui s’appliquait à la majorité des sunnites Même les Mâtorides et les Ash’arites n’échappaient pas à nos accusations ! Quant à la position des wahhabites sur le Chiisme, elle était très claire.
Cet enseignement avait une très mauvaise influence sur moi et les autres étudiants. La première conséquence était qu’après avoir accusé ces “sectes” d’égarement, nous ne pouvions plus nous permettre d’étudier leurs idées et leur pensée. Nous éprouvions de la méfiance envers leurs savants et n’avions aucune envie de dialoguer avec eux.
Le savant sunnite contemporain, Yûsif Qarzâvî, nous décrit ainsi cette situation regrettable qui découle de la rancune et de l’hostilité des wahhabites: “Ce sont les ennemis de l’Islam qui profitent de l’inversion des blasons islamiques, de la rupture des symboles et du discrédit des mérites qui sont devenus le souhait de certains musulmans. L’année dernière lors de mon voyage en Arabie Saoudite, j’ai malheureusement découvert une collection de livres publiés par certains partisans des salafites (les wahhabites fondamentalistes), dans lesquels ils blâmaient et accusaient les oulémas et les savants. Ils n’avaient négligé aucun savant contemporain ou des siècles précédents et les avaient tous condamnés, sans faire la moindre différence entre les morts et les vivants”.(3)
Le doyen sunnite contemporain, Muhammad Ghazzâlî, considère les idées wahhabites sur la religion comme anormales et bizarres et il estime qu’ils sont les ennemis les plus dangereux de l’Islam: “La croissance de l’Islam est menacée par certaines idéologies dont la plus dangereuse est une pensée religieuse d’apparence traditionaliste et fanatique, que détestent même certains wahhabites ” (4)
Il serait bon que les wahhabites tiennent compte de ces paroles et fassent une critique de leur présentation et de leur commentaire de l’Extrémisme. Il est impossible de réviser ses points de vue et de distinguer ses erreurs sans autocritique.
Je rappellerai que le mot “Extrémisme” a deux emplois, un dans le Fiqh et l’autre dans la science des Hadith. Celui qui entraîne l’apostasie et l’athéisme est le sens entendu dans le Fiqh. Le qualificatif attribué dans l’histoire et la science des hadiths, à certains narrateurs de hadiths, est très loin du sens qu’il revêt dans le Fiqh.
Shahristânî chiite ash’arite écrit: “Les extrémistes sont ceux qui exagèrent les attributs de leurs guides, les sortent des limites de la créature et les comparent à Dieu. Ils comparent parfois leurs guides à Dieu et quelquefois, Dieu à leurs guides, soit ils exagèrent soit ils minimisent. Ce doute vient de l’idée d’une incarnation de Dieu dans l’homme, de la croyance à la métempsycose et des enseignements du judaïsme et du christianisme.” (5)
Ce passage nous permet de comprendre que l’Extrémisme qui aboutit à l’apostasie, doit remplir l’une des deux conditions:
- I. Attribuer la divinité à l’homme et l’élever au niveau de Dieu.
- II. Dévaloriser Dieu et le rabaisser au niveau des créatures.
L’incarnation ravale Dieu au niveau humain et la divinisation élève le genre humain au niveau de Dieu.
Une simple recherche sur les sectes extrémistes nous permettra de comprendre ces deux principes importants de leur pensée.
Par contre l’Extrémisme dont il s’agit dans la science des hadiths et que l’on attribue à certains narrateurs, concerne les principes secondaires de l’Islam et non les principes élémentaires, et ne conduit pas à l’apostasie ni au polythéisme. C’est la confusion entre ces deux points qui a induit les wahhabites en erreur.
L’écrivain wahhabite contemporain, Abd ur-Rahmân Abdullâh Zar’î, dans son livre ” Ridjâl ush-Shî’a Fil-Mîzân” est tombé dans cette erreur et n’a pas pu discerner ces deux domaines différents.
L’étude des livres sunnites sur les chaînes de hadiths, nous montrera qu’ils emploient le mot “Extrémisme” pour des gens qui ont une opinion différente sur la question de la supériorité des Compagnons du Prophète, mais ne leur attribuent jamais le degré divin qui les ferait entrer dans les limites de l’apostasie.
Au fur et à mesure, les wahhabites ont pris des distances vis-à-vis du sens courant du mot “Extrémisme” dans la pensée sunnite, et en ont étendu les limites de telle sorte que cette déviance s’est appliquée également aux sunnites qui ont été aussi sévèrement accusé d’Extrémisme que les chiites.
Notes:
1 – Mukhtasar ul-Tuhaft ul-Ithnâ Asharîyya p.2-3.
2 – Mukhtasar ul-Tuhaft ul-Ithnâ Asharîyya p.2-3.
3 – Ash-Shaykh al-Ghazzâlî Kamâ Arafathu Rihlat Nisf Qarn Yûsif al-Gharzâvî p.263.
4 – Humûm Da îya Muhammad al-Ghazzâlî p.152.
5 – Al-Milal Wan-Nahl.