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De Sainte Marie à Maryam Moqaddas : la Vierge dans la tradition islamique et la Maison de Marie à Éphèse
Amélie Neuve-Eglise
Fidèle servante du Dieu dans le christianisme comme dans l’islam, la Mère de Jésus/Mère de Dieu est une figure centrale de ces deux traditions qui se retrouvent en certains lieux faisant partie d’une topographie spirituelle semblant être « en suspens » par rapport aux différents doctrinaux qu’il ne s’agit pas ici d’amoindrir, et où l’amour et la dévotion pour la « mère » par excellence rassemble le temps d’une prière.
L’islam et le christianisme reconnaissent tous deux la virginité de Marie [1] malgré certaines variantes, les catholiques et les orthodoxes ayant ainsi adopté le dogme de la virginité perpétuelle de Marie. [2] Cependant, la différence fondamentale porte sur la nature de son enfant : fils de Dieu pour les uns, grand prophète n’en demeurant pas moins un homme pour les autres. Un autre point de divergence important a également été relevé par certains commentateurs : consentant librement à porter le « Verbe » dans la tradition chrétienne (« Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi comme tu l’as dit« , Luc, 1:38), Marie se soumet à un décret divin irrévocable dans l’Islam. Cette différence concernant le choix et le libre-arbitre de Marie reflète les principes fondateurs de chacune des traditions : de par son acceptation libre de porter le futur rédempteur des péchés du monde, Marie rachète la faute d’Eve et permet l’accomplissement du salut de l’humanité. Cette volonté n’aurait pas de sens en islam, où la notion de péché originel n’est pas reconnue et où le caractère le plus éminent de la foi se révèle dans la soumission et l’obéissance absolue à la volonté de Dieu en toutes circonstances.
Maryam dans l’islam et le Coran
La Vierge Marie occupe une place centrale dans l’islam tout d’abord en tant que mère de Jésus, prophète reconnu par l’islam, de par le miracle de sa maternité et enfin du fait de sa foi à toute épreuve. Elle fait à ce titre partie des quatre femmes considérées comme « parfaites » par la tradition islamique, aux côtés de Fatima, fille du prophète Mahomet, Khadija, sa première femme, et Âsiya, femme de pharaon et « mère adoptive » de Moïse. [3] Dans la tradition, elle est également destinée à être la première à entrer au paradis. « Maryam » est également la seule femme du Coran à être mentionnée par son nom et saluée par les anges en tant qu’ « élue par la volonté divine ». Elle est aussi mentionnée dans de nombreux récits de la tradition musulmane, qui insistent notamment sur la nature pure et exempte de tout péché de « Marie et son fils » (Maryam wa ibnuhâ).
Marie (Maryam) est évoquée près de 34 fois dans le Coran, principalement dans la sourate « La famille de ’Imrân » (Al-’Imrân) et « Maryam » ; elle est également mentionnée dans les sourates « Les Croyants » (Al-Mu’minun) [4], « L’interdiction » (Al-Tahrim) [5], ou « Le Fer » (Al-Hadid) [6].
La troisième sourate du Coran relate tout d’abord la nativité de Marie. Sa mère, « la femme de ’Imrân » (ce dernier est, dans le Coran, le père de Moïse ; le peuple d’Israël étant ainsi désigné par l’expression « enfants de ’Imrân ») décide de consacrer à Dieu l’enfant qu’elle porte en son sein, après une longue période de stérilité. Etonnée d’avoir mis au monde une fille, qui ne pourrait donc pas servir au temple, la mère s’exclame : « Je l’ai nommée Marie, et je la place, ainsi que sa descendance, sous Ta protection contre le Diable, le banni« . [7] Sœur de Moïse et Aaron et mère du Christ, Marie s’insère donc dans la lignée des grands prophètes bibliques. Elle est ensuite confiée à Zacharie, père de Jean-Baptiste, qui, dans leur lieu de retraite, constate qu’elle est l’objet d’une protection et de faveurs divines diverses, les anges pourvoyant notamment à sa subsistance. [8] Cette sourate insiste également sur son « ’élection » divine et son rang exceptionnel : « O Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité ; Il t’a purifiée ; Il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’univers« . [9]
C’est cependant dans la sourate 19, qui porte son nom, que l’on trouve le récit le plus détaillé la concernant. Il y est d’abord évoqué que Marie quitte les siens pour se réfugier « en un lieu vers l’Orient« , plaçant ainsi « un voile entre elle et les siens« . [10] L’Esprit, qui n’est autre que l’ange Gabriel, lui apparaît alors sous la forme d’un homme parfait pour lui annoncer qu’il va lui être fait don d’un « fils pur« . Face à son étonnement, l’ange lui répond : « Ton Seigneur a dit : « Cela m’est facile ». Nous ferons de lui [Jésus] un signe pour les hommes ; une miséricorde venue de nous. Le décret est irrévocable« . [11] Elle se retire alors dans un endroit éloigné. Seule – contrairement au Nouveau Testament où elle est accompagnée de Joseph-, dépourvue de toute subsistance, les douleurs de l’enfantement l’amènent à se réfugier près du tronc d’un palmier. En entendant le désespoir de sa mère, le Christ nouveau-né la console en l’invitant à boire à une source que Dieu a fait jaillir à ses pieds, ainsi qu’à secouer le tronc du palmier pour se rassasier de ses dattes. Il l’enjoint également à effectuer un jeûne de la parole et à ainsi garder le silence face aux hommes qui la calomnieraient en découvrant sa maternité. [12] Revenant chez les siens, et face aux multiples accusations dont elle est l’objet, elle désigne alors le nouveau-né qui déclare miraculeusement : « Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le Livre et m’a désigné Prophète« . [13] Le Coran se pose donc en fervent défenseur de la virginité et du haut rang spirituel de Marie. Ce premier dialogue intime entre la mère et l’enfant et le miracle du nouveau né doué de parole est évoqué à plusieurs reprises dans le Coran [14] et a été l’objet de nombreux commentaires, étant dans la plupart des cas perçu comme un signe de la grandeur de ce prophète transcendant toutes les lois naturelles.
Marie est également considérée, avec Jésus, comme un seule et même « signe » (âya) envoyé par Dieu à l’ensemble de l’humanité. [15] Le mot « âya » revêt plusieurs significations dont « miracle », « merveilles créées par Dieu » ou encore « signe » devant inviter tout croyant à réfléchir sur le sens ultime de la Création. L’emploi de ce terme est ici inhabituel, était donné qu’il n’est généralement jamais utilisé pour qualifier des êtres humains. Marie n’en constitue pas moins le « signe » et l’exemple par excellence pour avoir à la fois avoir été exempte de tout pêché – sa virginité corporelle n’étant que le reflet de celle de son âme-, s’être soumise au décret divin, et avoir fait confiance à Dieu en toutes circonstances. Elle symbolise le dévouement le plus absolu. Le sens même du récit de la vie de Marie/Maryam dans le Coran pourrait d’ailleurs être résumé par le mot « âya » : elle n’est pas évoquée dans un but narratif ou biographique mais en tant que « signe » de la volonté de Dieu faisant partie intégrante de l’histoire des manifestations divines qui fournissent autant de prétextes à la réflexion et à l’affermissement de la foi. En outre, le Coran invite à plusieurs reprises à se « souvenir » d’elle et la lie indéfectiblement à son fils, « Jésus, fils de Marie » (’Issâ ibnu Maryam), soulignant par là même le seul lien de parenté terrestre du Christ [16] et sa conception miraculeuse. Marie incarne donc dans l’islam la croyante monothéiste parfaite, indéfectiblement liée à son fils qui n’est jamais évoqué sans référence à sa mère. De par son humilité, sa piété et sa confiance absolue, elle y incarne un modèle de foi pour tous les croyants.
Mystique islamique et figure mariale
La figure de la vierge est très présente dans l’ensemble de la littérature mystique de l’islam, où elle y incarne souvent la dimension féminine du Logos. En outre, la notion de virginité de Marie constitue l’un des motifs ayant fait l’objet de nombreux commentaires en ce qu’elle fait allusion, au-delà de sa dimension physique et extérieure, à une exigence personnelle et intime : celle de la purification de l’âme, prélude à tout cheminement spirituel. Elle symbolise également l’âme silencieuse s’abstenant de toute parole même pour prendre sa propre défense, soulignant ainsi que le détachement par rapport au monde et la « mort à soi-même » constitue un préalable nécessaire à tout engagement dans une voie spirituelle. [17] Marie/Maryam incarne ensuite la maternité, la « naissance » qui doit, au terme de ce détachement, s’effectuer dans l’âme, et qui est celle de la dimension spirituelle de l’être et du Verbe divin ne pouvant s’accomplir que dans une âme pure et transparente.
Elle est également parfois décrite comme une « nouvelle Eve » ouvrant la voie, en s’abandonnant totalement à la volonté divine, à un retour à l’origine du monde et au Créateur. Le « lieu vers l’Orient » que l’ange Gabriel choisit pour lui révéler sa destinée a également constitué le sujet de nombreux traités mystiques, cette direction symbolisant, pour certains théosophes dont le plus célèbre demeure Shahâb al-Dîn Sohrawardi, le lieu du lever du soleil, berceau de la lumière et aube d’une nouvelle naissance.
La symbolique du palmier qui, saisit par les mains de la Vierge souffrante et endurant les douleurs de l’enfantement, se couvre soudain de dattes fraiches, fait également partie des thèmes évoqués. Il rappelle le motif de la douleur comme prélude à toute nouvelle naissance – qu’elle soit corporelle ou spirituelle, qui est notamment évoquée par Rûmi dans Fihi ma fih (Le livre du dedans) [18] : « C’est la douleur qui guide l’homme dans toutes choses. Tant que la douleur, la passion et le désir d’une chose ne surgissent pas dans son cœur, jamais il ne tendra vers elle, et il ne lui sera jamais possible de réaliser ses désirs. […] Tant que Marie n’a pas ressenti les douleurs de l’enfantement, elle ne s’est pas dirigée vers l’arbre du bonheur. « Les douleurs de l’enfantement la firent se diriger vers le tronc du dattier [19] ». « Cette douleur la poussa vers l’arbre, et cet arbre qui était desséché produisit des fruits. » [20] « Le corps est pareil à Marie, et chacun possède en lui un Jésus. Si nous éprouvons en nous cette douleur, notre Jésus naîtra ; mais si nous ne sentons jamais aucune douleur, Jésus, par le chemin secret qu’il avait pris, s’en retourne à son origine, nous laissant privés de ses bienfaits. » [21]
Le palmier est également lié à toute une symbolique du désert qui, par opposition au temple représentant l’aspect formaliste et « médiateur » de la religion, est le lieu de la rencontre directe et dépouillée de tout artifice avec le divin. La nudité du lieu évoque aussi la relation originelle entre Dieu et l’homme, où, avant toute « temporalisation » du divin et du religieux, un pacte primordial (mithâq) a été scellé unissant pour toujours ce dernier à son Créateur. Marie est donc le « signe » du rappel des origines de l’homme et par là même, de son destin spirituel. Le désert est également le lieu de l’épreuve et de l’errance, théâtre par excellence du désespoir et de la solitude, où est éprouvée la foi des prophètes. La source jaillissant à ses pieds souligne enfin que toute connaissance réelle implique une humilité et un dépouillement de l’égo, dont les désirs colorent le miroir de l’âme de mille teintes, l’empêchant ainsi de refléter et de saisir la vérité.
Le jeûne de la parole qui lui est ordonné après la naissance de Jésus va dans le même sens, et permet au Verbe de témoigner lui-même du miracle de sa naissance. La Vierge est donc, dans la mystique islamique, la voie de la sagesse par excellence ainsi qu’une invitation à réaliser la naissance du Verbe divin à l’intérieur de l’âme du mystique ; naissance qui ne pourra avoir lieu que dans un cœur pur et humble. Dans de nombreux traités mystiques et poèmes, le cœur du contemplatif et du soufi véritable est souvent comparé à Marie, en tant que lieu de naissance d’un enfant spirituel appelé, comme Jésus, à transcender la mort : « Lorsque la parole de Dieu pénètre dans le cœur de quelqu’un et que l’inspiration divine emplit son cœur et son âme, sa nature est telle qu’alors est produit en lui un enfant spirituel ayant le souffle de Jésus qui ressuscite les morts. L’appel de Dieu, qu’il soit voilé ou non, octroie ce qu’il a octroyé à Maryam » (Rûmi). Symbole de la pureté du corps et de l’âme, choisie pour elle-même et pour donner naissance à un prophète, elle incarne à la fois la dimension intérieure et extérieure de la religion. Pour Frithjof Schuon [22], la Vierge « personnifie l’Essence informelle de tous les Messages », et incarne une Sagesse originelle et universelle. Elle peut donc, à ce titre, être considérée comme la Mère de l’ensemble des prophètes.
La Maison de la Vierge à Éphèse
Marie/Maryam est l’objet de dévotions particulières de la part des fidèles musulmans et constitue même l’objet d’un pèlerinage dans un sanctuaire situé près de l’ancienne ville d’Éphèse, à quelques kilomètres de Selçuk, sur le mont Coressos, où se retrouvent chaque année plusieurs dizaines de milliers de pèlerins chrétiens et de musulmans depuis plus d’un siècle. Selon la tradition chrétienne, avant sa crucifixion, Jésus aurait confié Marie à Saint Jean l’Evangéliste, qui, afin de fuir les persécutions d’Hérode Agrippa durant les années ayant suivies la mort du Christ, aurait amené la Vierge à Éphèse où elle demeura jusqu’à la fin de sa vie, dans une humble maison. Progressivement tombé dans l’oubli au cours des siècles suivants, ce lieu, baptisé depuis « la Maison de Marie » (« Meryem Ana Evi », en turc), a été découvert grâce aux visions de la mystique allemande Anne Katharina Emmerick (1774-1824) [23] et fut par la suite officiellement reconnu par le Vatican. Des cérémonies y sont régulièrement organisées, la plus importante demeurant celle du 15 août, date à laquelle les catholiques fêtent son assomption. Cette maison est également située à proximité de la caverne des Sept Dormants et du tombeau de Marie-Madeleine.
La ville de Fâtima, au Portugal, abrite également un autre sanctuaire marial rassemblant fidèles chrétiens et musulmans. Marie est aussi vénérée au sanctuaire de Notre Dame de Velankani, en Inde, où elle serait apparue à la fin du XVIe siècle. Elle y est d’ailleurs priée et respectée par certains hindous et bouddhistes, pour qui elle incarne l’archétype de la mère aimante et dévouée.
Lourdes accueille également chaque année plusieurs centaines de pèlerins musulmans. L’histoire de l’origine de cette ville, où la Vierge est apparue à la sainte catholique Bernadette Soubirous en 1858, est également marquée par la rencontre des traditions chrétienne et islamique. Ainsi, à la fin VIIIe siècle, Charlemagne, cherchant à éradiquer les ultimes occupants sarrasins du sud de la France, aurait découvert près des Pyrénées l’existence d’un château fort occupé par un prince sarrasin appelé Mirat.
Refusant de se rendre malgré les nombreuses injonctions accompagnées d’invitations à se convertir au catholicisme – décision qui lui aurait permis de devenir un fidèle chevalier de Charlemagne et de garder une partie de ses possessions-, le prince refuse catégoriquement d’abandonner son domaine et de renier sa foi, préférant la mort à l’apostasie. En dernière instance, l’évêque du Puy se rend auprès de lui en l’invitant, à défaut de prêter serment d’allégeance à Charlemagne, à devenir le chevalier de « la plus noble dame qui exista », Sainte Marie du Puy. Le prince accepta et alla jusqu’à recevoir le baptême, à condition que son domaine relève uniquement du patronage de la Sainte Vierge pour lui et les générations futures. Il prit alors le nom de « Lorda » qui, selon certaines versions, signifiait « rose » en arabe, et qui devint par la suite la ville de Lourdes où « la vierge aux roses » apparut à Bernadette. [24]
Figure de l’échange et de la rencontre, Marie/Maryam a été à la source de l’émergence d’une « spiritualité mariale » qui, sous les formes variées qu’elle a pu revêtir, demeure commune aux traditions chrétienne et musulmane, où elle incarne l’archétype de la croyante exemplaire et de la vertu. En France, ce n’est donc sans doute pas un hasard si les deux études principales concernant la figure de la Vierge Marie dans l’islam ont été réalisées par un musulman converti au christianisme – le père Jean-Mohammad Abdel Jalîl, et par un chrétien converti à l’islam, Charles-André Gilis.
Notes
[1] Le verset 20 de la sourate 19 évoque la virginité de Marie : « Elle dit : « Comment aurais-je un fils, alors qu’aucun homme ne m’a touchée, et que je ne suis pas une femme de mauvaise vie ? »
[2] L’Eglise catholique a par la suite, au XIXe siècle, au travers de la notion d’immaculée conception, érigé au statut de dogme la nature exempte du péché originel de Marie. Ce dogme fut décrété en 1854 par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus. L’assomption fait également partie du dogme catholique.
[3] Le prophète Mohammad aurait lui-même déclaré que « la dame (Sayyida) des femmes du monde est Maryam, puis Fatima, puis Khadija et enfin Asiya ».
[4] « Et Nous fîmes du fils de Marie, ainsi que de sa mère, un prodige ; et Nous donnâmes à tous deux asile sur une colline bien stable et dotée d’une source », 23:50.
[5] « De même, Marie, la fille de ’Imrân qui avait préservé sa virginité ; Nous y insufflâmes alors de Notre Esprit. Elle avait déclaré véridiques les paroles de son Seigneur ainsi que Ses Livres : elle fut parmi les dévoués », 66:12.
[6] « Ensuite, sur leurs traces, Nous avons fait suivre Nos [autres] messagers, et Nous les avons fait suivre de Jésus fils de Marie et lui avons apporté l’évangile, et mis dans les cœurs de ceux qui le suivirent douceur et mansuétude […] », 57:27.
[7] Coran, 3:36
[8] « Il la confia à Zacharie. Chaque fois que Zacharie allait la voir, dans le Temple, il trouvait auprès d’elle la nourriture nécessaire, et il lui demandait : « O Marie ! D’où cela te vient-il ? ». Elle répondait : « Cela vient de Dieu : Dieu donne, sans compter, sa subsistance à qui Il veut », Coran 3:37.
[9] Coran, 3:42
[10] Coran, 19:17.
[11] L’annonciation est également évoquée dans la troisième sourate du Coran : « Les anges dirent : « 0 Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui. Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Dès le berceau, il parlera aux hommes, tout comme plus tard, adulte : il sera au nombre des justes ». Elle dit : « Mon Seigneur ! Comment aurais-je un fils ? Nul homme ne m’a jamais touchée ». Il dit : « Dieu crée ainsi ce qu’Il veut : lorsqu’Il a décrété une chose, Il lui dit : « Sois ! »… et elle est aussitôt », 3:45-47.
[12] « Ne t’attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir à tes pieds une source. Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange, bois et que ton œil se réjouisse ! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis : « J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai donc à personne aujourd’hui » », Coran 19:22-26.
[13] Coran, 19:30.
[14] Notamment dans la sourate « La famille de ’Imrân » : « Il parlera aux gens, dans le berceau et en son âge mûr et il sera du nombre des gens de bien », 3:46 et la sourate « La table servie » (Al-Mâ’idah) : « Et quand Allah dira : « Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr […] », 5:110.
[15] Cette notion de « signe » est évoquée dans les sourates « Les Croyants » (Al-Mu’minun) et « Les Prophètes » (Al-Anbiyâ’) : « Nous avons fait du fils de Marie et de sa mère un Signe. Nous leur avons donné asile sur une colline tranquille et arrosée », 23 : 50 ; « Et celle qui était restée vierge… Nous avons fait d’elle et de son fils un Signe pour les mondes », Coran 21:91.
[16] C’est également ce lien de parenté unique qui semble être l’explication du fait que Jésus et Marie sont décrits comme étant un seul et même signe (âya).
[17] La notion de détachement ne comporte pas nécessairement une portée physique, mais évoque davantage un détachement de l’esprit et de l’âme par rapport aux choses matérielles de l’existence terrestre ainsi que l’anéantissement des désirs personnels égoïstes.
[18] Cet ouvrage de Rûmi, écrit en persan, a été traduit en français par Eva de Vitray-Meyerovitch : Mawlânâ Djalâl al-Dîn Rûmi, Le livre du dedans, Albin Michel, Spiritualités Vivantes, 1997.
[19] Coran, 19:23.
[20] Mawlânâ Djalâl al-Dîn Rûmi, Le livre du dedans, Traduction : Eva de Vitray-Meyerovitch, Albin Michel, Spiritualités Vivantes, 1997.
[21] Ibid.
[22] Frithjof Schuon (1907-1998) est l’une des grandes figures intellectuelles et spirituelles du siècle dernier. Il fut fortement marqué par la figure de Marie qui détermina par ailleurs le nom de sa « voie » mystique baptisée « tarîqah Maryammiyyah ».
[23] Cette mystique fut béatifiée par le pape Jean-Paul II en 2004. Au cours d’une longue maladie, Anna Katharina Emmerick a revécu la passion du Christ tous les vendredis, recevant notamment les stigmates. Elle a également eu de nombreuses visions. Les paroles qu’elle prononça durant ces expériences mystiques ont été retranscrites par le poète allemand Clemens Brentano.
[24] La vierge lui serait ainsi apparue vêtue de blanc, avec une ceinture bleue ainsi qu’une rose jaune sur chacun de ses pieds.