Le terrorisme du point de vue de l’Islam
Introduction:
Au nom de l’Islam, le terrorisme takfiri a mis certains pays musulmans à feu et à sang. Diviser les Musulmans reste l’un de ses principaux objectifs.
Les deux poids deux mesures de l’Occident dans sa lutte contre le terrorisme, et les approches sélectives envers ce fléau néfaste, qui est le Takfir, a déstabilisé les frontières géographiques des Musulman et a favorisé le terrain à l’infiltration des terroristes soutenus par certains pays arabes et occidentaux.
L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme. Dans le Coran, Dieu a dit:
« لاٰ يَنْهٰاكُمُ اَللّٰهُ عَنِ اَلَّذِينَ لَمْ يُقٰاتِلُوكُمْ فِي اَلدِّينِ وَ لَمْ يُخْرِجُوكُمْ مِنْ دِيٰارِكُمْ أَنْ تَبَرُّوهُمْ وَ تُقْسِطُوا إِلَيْهِمْ إِنَّ اَللّٰهَ يُحِبُّ اَلْمُقْسِطِينَ »
Dieu ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. (Coran, 60:8)
Le Coran nous enseigne, à nous musulmans et plus globalement à toute l’humanité, que la persévérance dans le chemin de la vérité est primordiale :
« فَاسْتَقِمْ كَمٰا أُمِرْتَ وَ مَنْ تٰابَ مَعَكَ وَ لاٰ تَطْغَوْا إِنَّهُ بِمٰا تَعْمَلُونَ بَصِيرٌ »
« Tiens-toi droit comme tu as été ordonné » (Sourate 11, verset 112) et concernant les relations humaines, le Coran nous exhorte à ne pas commettre d’injustice et à ne pas la subir :
« لا تَظْلِمُونَ وَ لا تُظْلَمُونَ »
« Ne commettez pas d’injustice et ne soyez pas injustement traités » (Sourate 2, verset 279).
Dans le présent article, nous étudierons le terrorisme du point de vue de l’Islam, pour savoir si l’Islam admet ou rejet les opérations terroristes, en étudiant également les fondements de la vision juridique des enseignements de la religion musulmane dans ce domaine.
Détaille:
Il y a de nombreuses allégations occidentales qui prétendent que l’islam s’est répandu par l’épée ou qu’il encourage la violence au détriment de la paix et du dialogue tout simplement parce que voyant certaines personnes qui prétendent agir au nom de la religion islamique prôner la violence et interdire le dialogue avec des gens qui ne sont pas d’accord avec eux sur les mêmes opinions. Voilà pourquoi, il serait faux de se faire une idée de l’islam en se basant sur les actes de telles personnes qui sont, en fait, des ennemis de cette religion. La meilleure façon de comprendre l’islam est de se référer à sa source divine.
L’islam, qui est une religion de miséricorde, ne permet pas le terrorisme. Dans le Coran, Dieu a dit:
لاٰ يَنْهٰاكُمُ اَللّٰهُ عَنِ اَلَّذِينَ لَمْ يُقٰاتِلُوكُمْ فِي اَلدِّينِ وَ لَمْ يُخْرِجُوكُمْ مِنْ دِيٰارِكُمْ أَنْ تَبَرُّوهُمْ وَ تُقْسِطُوا إِلَيْهِمْ إِنَّ اَللّٰهَ يُحِبُّ اَلْمُقْسِطِينَ
« Allah ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui, en religion, ne vous ont point combattus et ne vous ont pas expulsés de vos habitats. Allah aime ceux qui sont équitables« . Sourate 60 Al-Mumtahana Verset 8
Le prophète Mohammed (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) interdisait aux soldats de tuer des femmes et des enfants, [1] et il leur conseillait: {… Ne trahissez pas, ne soyez pas excessifs, ne tuez pas un nouveau-né.} [2] Et il a aussi dit: {Quiconque a tué une personne qui avait fait un pacte (de non-agression) avec les musulmans ne sentira pas l’odeur du Paradis, même si son parfum peut être senti à une distance équivalant à quarante ans.} [3]
Le prophète Mohammed (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) a aussi interdit de punir les gens par le feu. [4]
Une fois, il a classé le meurtre comme deuxième péché majeur[5]
, et il a même averti les gens que: {Les premiers cas à être jugés entre les gens au Jour du Jugement seront les cas d’effusions de sang. [6]} [7]
Les musulmans sont même encouragés à être bons envers les animaux et il leur est interdit de leur faire du mal. Une fois, le prophète Mohammed (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) a raconté: {Une femme a été punie pour avoir emprisonné un chat jusqu’à ce qu’il meure. À cause de cela, elle a été condamnée à l’Enfer. Elle l’avait emprisonné sans lui donner à manger ni à boire, et sans le libérer pour qu’il puisse manger les insectes de la terre.} [8]
Il a aussi raconté qu’un homme ayant donné à boire à un chien assoiffé, Dieu lui pardonna ses péchés pour cette action. On demanda au prophète(Paix et salut sur lui et sa sainte famille) : « Ô messager de Dieu, sommes-nous récompensés pour le bien que nous faisons aux animaux? » Il répondit: {Pour toute créature vivante, il y a une récompense à qui leur fait du bien.} [9]
Par ailleurs, lorsque les musulmans tuent un animal pour se nourrir, ils doivent le faire de la façon qui cause le moins de frayeur et de douleur possible. Le prophète Mohammed (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) a dit: {Lorsque vous égorgez un animal, faites-le de la meilleure façon. Vous devez bien aiguiser votre couteau afin de faire souffrir l’animal le moins possible.} [10]
À la lumière de ces textes et d’autres textes islamiques, le fait de provoquer la terreur dans les cœurs de civils sans défense, la destruction massive d’édifices et de propriétés, le bombardement et la mutilation d’hommes, de femmes et d’enfants innocents sont tous des actes interdits et détestables aux yeux de l’islam et des musulmans. Les musulmans pratiquent une religion basée sur la paix, la miséricorde et le pardon, et la vaste majorité d’entre eux n’ont rien à voir avec les violents événements que certains associent aux musulmans. Si un musulman commettait un acte de terrorisme, il serait coupable d’avoir violé les lois de l’islam.
La définition du terrorisme :
Bien que le terrorisme soit l’un des concepts généraux les plus fréquemment utilisés dans les médias et les instances spécialisées dans le monde entier, nous constatons malheureusement que jusqu’à présent une définition globale et acceptable pour tous n’est pas encore présentée pour ce phénomène en raison de la variété et la complexité de la notion du terrorisme. Cependant, de nombreuses questions se posent depuis longtemps en ce qui concerne le concept du terrorisme, et il n’est pas souvent facile d’apporter des réponses convaincantes à toutes ces questions, dont les suivantes : La définition du terrorisme doit-elle être générale et globale ou conjoncturelle et détaillée ? Cette définition doit-elle répondre à la fois à toutes ces deux exigences ? La définition admise pour le terrorisme doit comprendre des groupes et des individus qui pratiquent des méthodes terroristes ou doit-elle englober également les activités liées au terrorisme d’Etat ? Les activités et les opérations menées par des groupes et des organisations de libération doivent-elles être considérées comme activités terroristes ? Bref, les intentions criminelles font-elles partie de la définition globale et universelle du phénomène qu’est le terrorisme ?
Dans le présent article, nous nous efforçons d’évoquer des définitions que les sources et les références différentes présentent pour élucider la signification du terrorisme, étant donné que chacune de ces définitions expliquent un aspect différent de ce phénomène :
1- Le supplément du Dictionnaire de l’Académie française définit le terrorisme comme « système ou régime du terreur ». [11]
2- dans l’Encyclopédie Britannica, le terrorisme a été défini comme « l’usage es Etats, des populations ou des individus afin d’accéder à des objectifs politiques. » [12] systématique de l’intimidation et de la violence d’une manière imprévisible à l’encontre d
3- La définition que l’Organisation des Nations Unies présente du terrorisme a été présentée dans le texte de la résolution 1948 de cette organisation : dans ce document, l’Assemblée générale des Nations Unies décrit le terrorisme comme l’ensemble des activités et des opérations criminelles et violentes commises par des groupes organisés pour semer la peur et la terreur afin d’obtenir certains objectifs politiques[13]
4- Sharif Basyouni ont présenté une définition globale du terrorisme :
« Le terrorisme est un comportement contraignant d’un individu ou d’un groupe qui, ayant recours aux stratégies imprégnées de violence et de terreur, pour prendre pour cible un facteur ou un élément international ou une politique et une décision qui jouissent d’un soutien international. L’objectif des opérations terroristes est donc d’arriver à des résultats hégémoniques par la force et la terreur. Un tel comportement comprend souvent un élément international dans les cas suivants :
- a) Les auteurs et les victimes du terrorisme peuvent être indifféremment des citoyens des Etats différents ;
- b) Tout ou une partie du comportement et de l’opération terroristes peut survenir dans plusieurs pays.
Les cibles recherchées des terroristes peuvent jouir d’un soutien international :
1) les populations civiles innocentes ;
2) les diplomates ayant des lettres de créances officielles ou les employés des organisations internationales qui sont en train de poursuivre leurs activités dans les limites définies par leur mandat ;
3) les avions civils internationaux ;
4) les services postaux et d’autres moyens de communication internationale ;
5) les effectifs des forces armées alors qu’ils ne sont pas engagés dans des opérations de guerre.
Par ailleurs, les résultats hégémoniques sont des objectifs portant sur la modification ou le maintien des structures données ou des stratégies politiques, sociales ou économiques d’un Etat ou d’une région donnée, par le biais des stratégies contraignantes. » [14]
5- Le terrorisme est une expression qui est souvent utilisée dans une connotation négative pour décrire souvent des démarches et des activités des groupes non gouvernementaux autoproclamés ayant des buts et des intentions politiques qui visent délibérément la vie des individus et des populations. Cependant, si ces activités violentes se réalisent pour obtenir un idéal considéré comme acceptable, il arrive parfois que des termes plus adoucis et moins hostiles que le terrorisme soient utilisés pour les décrire. [15]
6- Le terrorisme signifie aussi « l’usage de la violence d’une manière systématique et organisée pour obtenir des objectifs politiques donnés » [16]
Compte tenu des définitions évoquées ci-dessus, nous pouvons dégager les paramètres des activités et des opérations terroristes de manière suivante :
1- Un acte terroriste sème la terreur et la panique pour suggérer un sentiment de l’insécurité ;
2- Il est imprévisible et inattendu ;
3- Il poursuit des objectifs et des buts politiques donnés ;
4- Il vise délibérément les individus innocents et des populations civiles ;
5- Il a souvent un élément international.
Histoire du mot
Le mot « terrorisme » est attesté pour la première fois en novembre 1794, il désigne alors la « doctrine des partisans de la Terreur » [17], [18], de ceux qui, quelque temps auparavant, avaient exercé le pouvoir en menant une lutte intense et violente contre les contre-révolutionnaires. Il s’agit alors d’un mode d’exercice du pouvoir, non d’un moyen d’action contre lui. Le mot a évolué au cours du XIXe siècle pour désigner non plus une action de l’État mais une action contre lui. Son emploi est attesté dans un sens antigouvernemental en 1866 pour l’Irlande, en 1883 pour la Russie (mouvement nihiliste), en Inde britannique (Jugantar (en)), dans les Balkans et l’Empire ottoman (l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, ORIM, qui pratique des prises d’otages d’Européens, et les comitadjilik bulgares, qui fournirent la matière d’un livre, Les comitadjis ou, Le terrorisme dans les Balkans à Albert Londres) [19].
Selon François-Bernard Huyghe, l’attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, la machine infernale du boulevard du Temple en 1835, les complots de carbonari « restent encore dans la tradition du tyrannicide »; « le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes » [20]. Celui-là, sous sa forme moderne, se répand au Moyen-Orient, avec l’assassinat du shah Nasir al-Dîn en 1896, dont la responsabilité morale est souvent attribuée, à tort ou à raison, à Djemâl ad-Dîn al-Afghâni.
Le philosophe Philippe-Joseph Salazar fait remonter le concept de terrorisme au jus terrendi, « notion qu’on trouve chez le juriste romain Pomponius et dans les Digestes de l’empereur romain d’Orient Justinien. Le jus terrendi est le droit d’inspirer au criminel une « terreur salutaire », afin de le maintenir dans le respect de la loi. La menace de l’exécution en relève, par exemple. Mais les Romains en envisagent aussi une autre acception : selon eux, l’usage de la terreur permet de chasser du territoire tous ceux qui voudraient en enfreindre les lois. En somme, le jus terrendi a une dimension éthique la terreur comme effet dissuasif mais aussi étatique quand il s’agit d’imposer sa souveraineté » [21].
L’usage du terme « terrorisme » sert un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l’emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort. Mais à l’inverse les adeptes du terrorisme peuvent avoir un sentiment différent, par exemple en supposant que leur cause pourrait éventuellement être d’un intérêt supérieur à la violence commise. Ce terme désigne aujourd’hui les actions violentes destinées à répandre la terreur et ainsi faire pression sur un État ou sur une population (exemples: Daesh et Boko Haram). Ces actions violentes visent souvent les populations civiles, afin de détruire, tuer et mutiler, ou soumettre. Elles ont pour but de promouvoir des messages à caractère idéologique, politique ou religieux par la peur et la publicité médiatique [22].
Droit colonial
Selon Joseph McQuade, l’accusation de terrorisme a été inventée par les gouverneurs au fil de l’histoire coloniale, afin de dépolitiser et de réprimer les actes de résistance autochtone en les soumettant aux institutions du droit colonial [23]. Selon Joseph Crawford, cette caractérisation du rebelle anticolonialiste comme un terroriste s’enracine dans des figures imaginaires cristallisées au sein du genre du roman gothique. Ce courant littéraire britannique a initié le genre de l’horreur en littérature, en réinterprétant les idées médiévales sur les monstres et les démons pour les réinventer comme des tares « naturelles » présentes chez des gens marqués biologiquement par la criminalité et le mal absolu. Ce serait en partie à partir de cette figure nouvelle de l’homme-monstre que la rhétorique de l’anti-terrorisme se serait épanouie [24].
Le terrorisme dans la vision islamique :
Après avoir essayé de présenter les différentes définitions qui ont été données pour le terrorisme et l’histoire du mot terrorisme , il conviendrait ici d’étudier la signification et la définition que le terrorisme pourrait avoir d’après la jurisprudence et le système juridique de l’Islam.
Il est évident que dans leur perception actuelle, la terreur et le terrorisme sont des concepts relativement nouveaux, car ces concepts n’existaient pas autrefois dans ce sens moderne. Par conséquent, l’Islam n’a pas abordé directement le phénomène du terrorisme dans ses enseignements. Cependant, il faut admettre qu’il existe dans la jurisprudence islamique des notions et des thèmes qui peuvent avoir des relations quoique plus ou moins indirectes avec la notion du terrorisme.
Les traités internationaux :
Les traités, les conventions et les accords multilatéraux ont été depuis longtemps les fondements juridiques du comportement que la communauté internationale souhaite adopter par rapport au phénomène du terrorisme.
Pour définir un traité, nous pouvons dire : « le traité est un accord écrit, conclu entre les individus ou les sujets qui se soumettent au droit international (les Etats et les organisations internationales), à condition que cet accord soit élaboré au respect des dispositions prévues dans le droit international et que ces dispositions gèrent le contenu dudit accord, pour qu’il aboutisse à garantir des résultats juridiques donnés. » [25]
La vision de l’Islam sur les traités internationaux :
En Islam, l’accent a été particulièrement mis sur l’importance des traités en tant que fondements de la coexistence au niveau international. Il suffirait d’évoquer les versets du noble Coran qui indique la vision de l’Islam à ce sujet :
- « Excepté ceux qui se rendent chez un peuple entre lequel et vous il y a une alliance. » [sourate 4, verset 90]
إِلَّا ٱلَّذِينَ يَصِلُونَ إِلَىٰ قَوۡمِۭ بَيۡنَكُمۡ وَبَيۡنَهُم مِّيثَٰقٌ
2- « Sauf pour ceux avec qui vous avez conclu un pacte près de la Sainte Mosquée. Donc, tant qu’ils cherchent à être droits envers vous, cherchez à être droits envers eux. » [sourate 9, verset 7]
الا الذين عاهدتم عند المسجد الحرام فما استقامو لكم فاستقيموا لهم
3- Alors accomplissez vis-à-vis de ceux-là leur pacte jusqu’au terme. Dieu vraiment aime les pieux. » [sourate 9, verset 4]
فاتمو اليهم عهدهم الي مدتهم انّ الله يحب المتقين
Dans la vie et les traditions du vénéré Prophète de l’Islam (Paix et salut sur lui et sa sainte famille), nous pouvons trouver de nombreux exemples de traités et de contrats conclus entre les musulmans d’une part et les tribus et les autres Etats, de l’autre. Cela nous indique très clairement que l’Islam accordait explicitement une grande légitimité aux accords et aux traités internationaux. Avant même son avènement prophétique, le vénéré Prophète de l’Islam (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) insistait toujours sur la nécessité de l’élaboration des relations justes et équitables entre les différentes tribus, sur la base des traités et d’accords acceptés par tous. Le vénéré Messager de Dieu (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) avait dit : « A l’époque de l’ignorance, j’ai été à la maison d’Abdallah ibn Jadaan, un témoin parmi les représentants de différentes tribus arabes de la conclusion d’un accord pour soutenir les opprimés. Je m’y étais tellement engagé que je n’aurais jamais accepté de le rompre contre les chameaux les plus valeureux. Si on m’invitait à un tel pacte en Islam, je l’accepterais tout de suite. »
لقد شهدت دار عبدالله بن جدعان حلفاً ما احب ان لي حمرالنعم و لو ادعي به في الاسلام لاجبت
Le pacte conclu entre le vénéré Prophète de l’Islam (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) et les habitants de Yathrib (qui deviendrait plus tard Médine) avait en réalité préparé le terrain à la fondation du premier Etat islamique dans cette ville. En outre, à l’époque de l’Hégire (immigration du Prophète et des Musulmans de la Mecque à Yathrib), la conclusion de l’accord de Médine avait assuré l’alliance entre les tribus des Khazraj et des Aws, ainsi que des juifs de la ville. En effet, la conclusion de ce traité avait permis aux Musulmans de consolider leurs positions face aux alliances des ennemis de l’Islam qui se réunissaient pour les attaquer.
Le vénéré Prophète de l’Islam (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) a conclu de nombreux traités avec les tribus et les Etats voisins. En décidant de conclure l’accord de paix de Hudaibiya, le vénéré Messager de Dieu a réussi à instaurer la paix et le calme dans la région du Hedjaz, ce qui a considérablement augmenté la force des Musulmans dans cette région. Les accords et les traités que le vénéré Prophète de l’Islam (Paix et salut sur lui et sa sainte famille) avait conclus avec les tribus et les chefs des Etats voisins, ont été tous rédigés sous forme écrite pour que les documents de ces accords soient disponibles aux différentes parties de chaque traité.
La charte du vénéré Imam Ali (as) :
Nous pouvons étudier avec précision la logique de l’islam dans le domaine des traités et des pactes, et la valeur juridique que l’Islam accordait aux accords et aux pactes et à la nécessité de la loyauté envers les engagements, dans la célèbre charte du vénéré Imam Ali (as).
Dans une partie de la lettre que le vénéré Imam Ali (as) avait adressé à Malik al-Achtar (gouverneur de l’Egypte), il est dit :
« Si tu conclus un pacte ou prends un engagement avec ton ennemi, respecte ta parole et remplis tes responsabilités, et pour ce faire, mets en gage ta propre personne. Car de toutes les obligations divines faisant l’unanimité des gens, malgré la divergence de leurs souhaits et la disparité de leurs opinions, il n’est rien qui soit aussi important que le respect de la parole donné. Respecte donc ta parole donnée et ne trahis jamais ton engagement, encore moins ton ennemi. Car n’enfreint les ordres de Dieu que le misérable ignorant. Dieu a fait du pacte conclu en son nom une sécurité qu’il a étendue à tous les hommes par sa miséricorde, une citadelle dont l’inviolabilité leur donne protection et refuge. I1 ne doit y avoir ni tromperie, ni trahison. »
Les lois de la guerre selon l’Islam :
Il est naturel que les groupes terroristes évitent, pour des raisons médiatiques et politiques, de qualifier leurs activités de « terroristes ». Ils préfèrent alors présenter leurs actes terroristes comme la manifestation d’une guerre juste et défensive, ce qui serait probablement plus acceptable pour l’opinion publique qu’une opération violente visant les civils non armés.
Si une organisation terroriste détourne un avion ou pose des bombes dans un marché très fréquenté, cet incident pourrait être présenté par les responsables des victimes comme un acte terroriste, tandis que les auteurs de cet acte préféreraient de le présenter comme un acte ayant des bonnes causes justifiables. En d’autres termes, selon les terroristes, leurs activités violentes font partie d’une guerre juste, tandis que les cibles civiles sont considérées comme des représentants de l’ennemi sur un front de guerre.
Pour pouvoir mieux étudier ces nuances, admettons pour le moment que les terroristes pourraient avoir raison : par conséquent le terrorisme est un acte de guerre et les cibles civils sont désormais considérées comme les soldats ennemis. Même si les opérations terroristes avaient constitué des attaques militaires normales, et que les victimes civiles avaient été vraiment des combattants d’une armée ennemie, l’Islam aurait condamné vivement de tels actes. En effet, le système juridique de l’Islam établit des restrictions très nettes en ce qui concerne l’usage de la force militaire par un Etat. Autrement dit, la charia islamique ne préconise jamais l’usage de la force et la transgression des droits des gens.
Les conflits violents qui sont qualifiés selon les normes actuelles d’actes de guerre, n’ont aucune place dans la culture de l’Islam. Par contre, ce que l’Islam reconnaît est le Djihad ou la guerre sainte, qui a une signification toute particulière, le faisant distinguer très clairement de la guerre ordinaire.
En réalité, en Islam la légitimité n’est accordée qu’au conflit qui se conforme exactement aux critères et à la signification de ce que l’Islam définit comme « Djihad ». Le terme « Djihad » signifie en arabe « effort ». Mais dans la jurisprudence islamique, ce terme prend deux significations, l’une générale et l’autre particulière. Dans sa signification générale, le Djihad est tout effort accompli sur le chemin de Dieu. Il s’agit par exemple d’un effort psychologique pour lutter contre les désirs charnels, par le cœur ou par la langue. Dans cette signification générale, la notion du Djihad est dépourvue de tout aspect militaire.
En revanche, dans sa signification particulière, le Djihad veut dire la guerre sainte pour la religion et pour la justice et un conflit armé pour défendre les valeurs, les idéaux et les libertés des Musulmans. En Islam, le Jihad est considéré comme une source qui donne la vie. A ce propos dans le noble coran, nous lisons : « O, les croyants ! Cherchez à répondre à Dieu et au messager lorsqu’il vous appelle à ce qui donne la vie, et sachez que, oui, Dieu s’interpose entre l’homme et son cœur et que vers Lui, vous serez rassemblés ». Le verset 24 de la sainte sourate
Les buts du Jihâd
L’Islam, par son vaste programme révolutionnaire, vise à établir l’unité de la société humaine sur la base de la justice et de l’amour mutuel. Il veut restaurer la liberté humaine, et humaniser le monde. C’est pourquoi il combat toutes les formes du polythéisme, de l’injustice, et de la tyrannie. La Ummah se considère comme ayant la responsabilité, non seulement de mener individuellement et collectivement une vie fondée sur la justice et l’Unicité d’Allah, mais aussi, de faire, dans la mesure du possible, tout ce qu’elle peut pour propager la droiture, instruire l’ignorant, combattre pour la cause des opprimés et des dépossédés, mettre fin à la corruption, et restaurer la liberté.
Les Musulmans ont le devoir fondamental d’enlever tous les obstacles qui se dressent sur le chemin du développement, et de ne pas y rester indifférents. Les Musulmans doivent, non seulement défendre la sphère existante de leur influence religieuse, mais aussi essayer de l’étendre.
Il est aussi du devoir des Musulmans de résister à l’agression ennemie par tous les moyens possibles, de prévenir l’injustice et la corruption, et de coopérer avec les autres à cet égard.
Les objectifs de la guerre selon l’Islam :
Bien que selon l’Islam les principaux objectifs de la guerre ne soient pas différents des buts sublimes de la religion musulmane, mais nous pouvons les représenter de manière suivante : le développement et la propagation de la charia islamique dans une vision universaliste pour établir la paix mondiale, la lutte contre la mécréance, les pillages, les oppressions et les ignorances dans le monde entier.
A ce propos, le maître Ahmad Rachid a écrit : « l’objectif réel et le but final du Djihad est la paix, c’est-à-dire l’établissement d’une paix durable et définitive pour l’humanité toute entière sous la domination des lois de Dieu et du monothéisme. » [26]
Par conséquent, dans le Djihad ou la guerre sainte musulmane, contrairement aux guerres et aux conflits ordinaires, les intérêts personnels ou matériels ne comptent pas du tout. En d’autres termes, l’objectif du Djihad et de la guerre sainte n’est pas le massacre, la conquête, l’imposition des pensées et des croyances ou enfin l’intervention militaires dans les affaires intérieures des autres pays. Ceci étant dit, nous pouvons dire avec fermeté que la terreur et le terrorisme sont rejetés complètement par l’Islam, qui les considère comme étant contraires aux enseignements et aux objectifs sublimes de la religion musulmane.
Nous concluons donc que les buts du jihâd sont les suivants :
- Répandre la croyance en Allah et l’adhésion à Ses Commandements:
«Combattez pour la Cause d’Allah avec la détermination due ». (Sourate al-Hajj, 22: 78)
- Aider les faibles et les gens démunis:
«Pourquoi ne combattez-vous pas pour ta cause d’Allah, des gens sans secours, des femmes et des enfants?» (Sourate al-Nisâ’, 4: 75)
- Mettre fin à la persécution:
«Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de persécution». (Sourate al-Anfâl, 8: 39)
L’agression est une mauvaise chose, quel que soit l’agresseur
Un combattant sur le chemin d’Allah doit toujours prendre garde que, dans son zèle et son ardeur, il n’excède pas les limites de la justice. Les Musulmans ne doivent en aucun cas violer les droits humains fondamentaux.
«Combattez dans le chemin d’Allah ceux qui luttent contre vous, mais ne commettez pas d’agression, car Allah n’aime pas les agresseurs». (Sourate al-Baqarah, 2: 120)
«(Attaquez-les) le mois sacré (s’ils vous attaquent) au mois sacré; les choses sacrées (aussi) sont sous ta loi du talion. Quiconque vous attaque, attaquez-le comme il vous a attaqués. Craignez Allah et sachez qu’Allah est avec ceux qui le craignent. Dépensez vos biens dans le chemin d’Allah et ne vous exposez pas, de vos propres mains, à la perdition. Accomplissez des œuvres bonnes; car Allah aime ceux qui font le bien ». (Sourate al-Baqarah, 2: 194-195)
Un système divin ne peut pas avoir un double critère. Lorsqu’il considère l’agression venant des autres comme un mal et une chose maléfique, il ne peut pas le considérer en même temps comme sacrée et divine pour ses propres adeptes.
Notes:
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith 1744, et Sahih Al-Boukhari, hadith 3015.
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith1731, et Al-Tirmizi, hadith 1408.
- Rapporté dans Sahih Al-Boukhari, hadith 3166, et Ibn Majah, hadith 2686.
- Rapporté dans Abou-Dawood, hadith 2675.
- Rapporté dans Sahih Al-Boukhari, hadith 6871, et Sahih Mouslim, hadith 88.
- Cela signifie tuer et blesser.
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith 1678, et Sahih Al-Boukhari, hadith 6533.
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith 2422, et Sahih Al-Boukhari, hadith 2365.
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith 2244, et Sahih Al-Boukhari, hadith 2466.
- Rapporté dans Sahih Mouslim, hadith 1955, et Al-Tirmizi, hadith 1409.
- Tayib, 2001, p. 55.
- Tayib, 2001, p. 56.
- Andrew Bossa, 1998, p. 120.
- Derderian et les autres, 2005, p. 373.
- Mc Lyne, 2002, p. 808
- Evans & Nounam, 2002, p. 804.
- Ziyaï Bigdeli, 1995, p. 97
- Paul Cadroy cité par le Trésor de la langue française (rechercher terrorisme)
- Henry Laurens et Agnès Favier,», Esprit (1940-), no 314 (5), 2005, p. 141–149 (ISSN 0014-0759, , consulté le 21 août 2019)
- Fac-similé du livre à la BNF. F.B. Huyghe, « Message et terreur, acteurs et vecteurs » [archive], note 4 pour les premières attestations du sens moderne de « terrorisme », page 2 pour la citation.
- « Philippe-Joseph Salazar : “Le communiqué du Califat a une dimension cachée” », Philosophie Magazine, no 95, 3 décembre 2015, p. 50-51
- (en) Maximiliano E. Korstanje, Terrorism, Tourism and the End of Hospitality in the ‘West’, Palgrave Macmillan, 2018
- Joseph McQuade, A genealogy of terrorism: colonial law and the origins of an idea, Cambridge University Press, 2021
- (en) Joseph Crawford, Gothic Fiction and the Invention of Terrorism: The Politics and Aesthetics of Fear in the Age of the Reign of Terror, Bloomsbury Publishing, 12 septembre 2013
- Ziyaï Bigdeli, 1995, p. 97.
- Ahmad Rachid, 1974, p. 126