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Le Seigneur Tout-Puissant envoya aux hommes un messager pour les inviter à l’unicité divine et au monothéisme; I1 délégua ce missionnaire dans la péninsule arabe qui était, sans exagération, un foyer de misère, de tyrannie, de corruption, de cruauté et de malheur. Cet envoyé appelait les hommes à faire le bien, à consolider les rapports sociaux, à observer la justice, à se soulever promptement contre les oppresseurs et pour la vérité, à instaurer le bonheur humain sur des principes de foi, de vertu, de coopération et de dévouement. Au début, le Prophète, conscient de l’arriération de son milieu, ne divulgua sa mission qu’à ceux qui étaient prêts à entendre la bonne parole; aussi, il n’eut au début qu’un nombre restreint d’adeptes dont les premiers furent – d’après les récits rapportés – son cousin paternel ‘Ali, premier homme initié à l’Islam, et sa femme la noble Khadija, première initiée à l’Islam. Après un certain temps, il reçut l’ordre d’inviter ses proches à se convertir à la foi divine; suivant le commandement de Dieu, il invita chez lui ses parents et proches (soit environ une quarantaine de personnes) et leur annonça la mission dont le Seigneur l’avait chargée. Bientôt, sur ordre divin, il étendit son appel et invita le peuple à suivre la foi musulmane; ainsi, il porta le flambeau de la direction divine hors de sa maison afin d’éclairer tout l’univers. La réaction des Arabes, surtout ceux qui habitaient La Mecque, fut hostile: les infidèles, les impies rejetèrent violemment cette invitation pleine de bonne volonté. On accusa Mohammad de sorcellerie; on le traita de rabbin, de fou, de poète; on se moquait de lui, méprisant sa personne et son message; quand il appelait les gens à suivre sa nouvelle doctrine ou lorsqu’i1 priait, ses adversaires semaient le trouble et le désordre; ils allaient même jusqu’à lui lancer des ordures, des ronces, des broussailles, des pierres, quand ils ne le frappaient pas. Parfois, on tentait de le corrompre en lui promettant monts et merveilles, croyant ainsi le faire dévier de son objectif sacré. Mais, toutes ces tentatives restèrent vaines, le Prophète demeurant inébranlable, bien qu’attristé par l’ignorance et l’entêtement de sa nation. D’ailleurs, dans plusieurs versets coraniques révélés le Seigneur cherche à le consoler, l’encourageant à faire preuve de patience; dans d’autres, Dieu lui ordonne de ne point tenir compte des propos et des avances des gens.
Ceux qui suivirent le Prophète furent l’objet de multiples attaques et tortures; certains même périrent sous la main de l’infidèle. Parfois, la pression devenait si intolérable que les partisans demandaient à leur guide de les autoriser à lancer un soulèvement violent afin d’en finir plus vite, vues les souffrances endurées; mais, le Prophète leur disait: “Je n’ai pas encore reçu d’ordre du Seigneur Tout-Puissant; il nous faut patienter”. Certains ne purent supporter tant de maux et pliant bagages ils quittèrent leur patrie. Bientôt, la situation devint si critique pour les Musulmans que le Prophète autorisa à ses partisans de s’exiler en Ethiopie pour se mettre à l’abri des persécutions de leurs compatriotes. Un premier groupe, avec Dja’afar Ibn Abou Tâlib (frère de l’Emir des croyants et un des compagnons préférés du Prophète) à sa tête, prit le chemin de l’Ethiopie. Quand les infidèles de La Mecque apprirent l’exil des Musulmans, ils déléguèrent deux représentants chargés de présents auprès du roi d’Ethiopie pour demander au souverain l’extradition des exilés; mais, Dja’far Ibn Abou Tâlib parvint à convaincre le roi, les prêtres chrétiens et les autorités du pays: dans un discours éloquent, il leur parla de la personnalité lumineuse du Prophète, des préceptes de l’Islam et leur récita des versets de la sourate Marie; les propos de Dja’far émurent si profondément l’assistance que les larmes coulèrent de leurs yeux. Le roi d’Ethiopie refusa d’extrader les réfugiés; il rendit aux délégués de La Mecque leurs cadeaux et donna l’ordre de faciliter l’installation des Musulmans exilés. Après cet échec, les infidèles de la Mecque conclurent le pacte de rompre les relations, à tous les niveaux avec les Bani-Hâchem, parents ou partisans de Mohammad; après avoir fait signer ce pacte aux habitants, les ennemis du Prophète le déposèrent dans la Kaaba. Bani-Hâchem, qui accompagnait Mohammad, se trouva obligé de partir avec les siens de La Mecque pour se réfugier en signe de protestation dans une vallée, connue sous le nom de défilé d’Abi Tâlib. Là, ils vécurent dans les conditions difficiles, n’osant sortir du défilé, supportant la chaleur torride et les lamentations de leurs femmes et enfants. Trois ans après, les infidèles renoncèrent à leur pacte, d’autant plus que ce texte avait disparu de la Kaaba et que les tribus de la région reprochaient leur attitude vis-à-vis de Bani-Hâchem et des siens; ces derniers purent donc mettre un terme à leur asile dans la vallée.
Cependant, c’est à cette époque que deux grands malheurs vont toucher le Prophète et sa communauté: Abou Tâlib, le seul protecteur de Mohammad, et Khadija, sa douce épouse, meurent (620). Avec la disparition de ses deux puissants soutiens, l’existence du Prophète va redevenir difficile; il n’ose se montrer en public, de peur d’être attaqué par ses ennemis qui le guettent.
Le voyage à Tâ’éf
L’année où le noble Prophète et Bani-Hâchem sortirent du défilé d’Abou Tâlib était la treizième année du commencement de la mission (bé’çat).C’est le moment que choisit le noble Prophète pour faire un petit voyage à Tâ’éf – ville située à environ cent kilomètres de La Mecque – et inviter les habitants à se convertir à l’Islam; mais, les ignares et les gredins de la ville se ruèrent sur le messager de Dieu, l’injurièrent et le lapidèrent, l’obligeant à fuir. De retour à la Mecque, Mohammad préféra se cacher de la population hostile; d’ailleurs, les dignitaires de la Mecque, trouvant les conditions favorables, avaient décidé, au cours d’une réunion secrète à l’Assemblée de se débarrasser du Prophète: ils avaient convenu de choisir un homme dans chacune des tribus arabes pour l’assassiner; en effet, en faisant participer toutes les tribus au meurtre de Mohammad, même le clan de Bani-Hâchem ne pouvait recourir à la loi du talion contre les meurtriers car l’un de ses membres appartenait au groupe des assassins. Le projet fut appliqué et près de quarante volontaires choisis parmi les diverses tribus arabes encerclèrent, en pleine nuit, la demeure du Prophète; ils devaient à l’aube attaquer la maison et massacrer Mohammad. Pourtant la volonté de Dieu fut autre et le projet échoua piteusement; le Seigneur révéla au Prophète le complot qui se fomentait contre lui et lui ordonna de quitter La Mecque en pleine nuit pour s’exiler à Médine. Le Prophète mit au courant ‘Ali et lui commanda de dormir à sa place ; après avoir fait ses dernières recommandations, Mohammad sortit de sa demeure et se perdit dans la nuit; en cours de route, il rencontra Abou Bakr qu’il emmènera avec lui à Médine.
Notons que certains notables de Médine, avant l’exil de Mohammad, l’avaient rencontré à La Mecque; ayant bien accueilli son message céleste, ils lui avaient promis de le soutenir fermement s’il venait un jour à Médine.
L’exil du Prophète à Médine
Fuyant ses assassins, le Prophète bien-aimé se rend donc en pleine nuit dans une grotte de la montagne Garé-ssor avoisinant La Mecque; après s’être caché trois jours dans la grotte, il poursuit son voyage jusqu’à Médine où la population l’accueille chaleureusement. Pendant ce temps, les assaillants qui encerclaient la maison du Prophète donnent finalement l’assaut et se retrouvant face à ‘Ali qui somnolait à la place du Prophète; surpris et désemparés, on les informe que Mohammad est sorti de La Mecque; les quarante agresseurs se ruent hors de la ville mais, toutes leurs recherches demeurent vaines.
Le Prophète s’installe à Médine où les habitants se convertissent à l’Islam et assurent la protection de leur guide. Médine devient une ville islamique et prend le nom de ville du Prophète (médina-al-raçoul) au lieu de Yathrib, désignation traditionnelle. Dans la première ville de l’Islam, près du tiers des habitants étaient des hypocrites, des faux fuyants, qui faisaient semblant de croire à la religion musulmane, de peur du reste de la population arabe.
Le soleil de l’Islam commença à briller dans le ciel clair de Médine; l’état de guerre qui s’était établi depuis des années entre les deux grandes tribus des Aws et Khazaradj prit fin. Avec le retour de la paix, les croyants de Médine se rassemblèrent autour du foyer de la prophétie. Peu à peu, les tribus et clans de la région se convertirent à l’Islam et, les commandements divins révélés se réalisaient successivement. Chaque jour, une des racines de la corruption et du mal était anéantie, laissant sa place à la vertu et au bien. Les partisans du Prophète qui étaient demeurés à La Mecque vinrent bientôt rejoindre leurs coreligionnaires car, ils ne pouvaient plus supporter les pressions et exactions des infidèles Mecquois. Les gens de Médine les accueillirent chaleureusement. Ces exilés de la Mecque venus se réfugier à Médine furent appelés les “mohâdjerin” (émigrés) et les Musulmans de Médine les “ansar” (auxiliaires).
I1 y avait alors de nombreuses tribus juives à Médine, et aux environs, à Fadak, à Kheybar; leurs savants et docteurs annonçaient continuellement aux arabes de Médine la nouvelle du commencement de la mission (bé’çat) effectué par le Prophète de l’Islam. Cependant, quand, après l’exil de Mohammad, elles furent appelées à rejoindre les rangs des Musulmans, ces tribus refusèrent de se convertir. Finalement, un pacte de non-agression fut scellé entre l’Islam et les Juifs. L’expansion rapide de l’Islam avait accentué l’hostilité des infidèles de La Mecque. Ces derniers cherchaient un prétexte pour disperser la communauté des Musulmans. De leur côté, les partisans de Mohammad, notamment les émigrés de La Mecque, attendaient impatiemment un ordre divin pour en finir avec ces mécréants et sauver les femmes, vieillards et enfants qu’ils avaient dû laisser à la Mecque.
La “bataille de Badr”, en l’an 2 de l’hégire, est la première guerre opposant les Musulmans de Médine aux infidèles de La Mecque; au cours de ce combat qui s’engage dans la plaine de Badr – située entre les deux villes -, les Musulmans mal équipés et en nombre inférieur – trois fois moins que les Mecquois – affrontent mille infidèles armés jusqu’aux dents. Grâce à la Providence, la victoire revient aux Musulmans qui défont complètement les infidèles; ces derniers ont d’énormes pertes tant en hommes – morts, blessés ou prisonniers – qu’en matériel de guerre. Après cette terrible défaite, les rescapés fuient vers La Mecque. On raconte que les infidèles laissèrent sur le champ de bataille près de soixante dix cadavres – dont la moitié d’entre eux avait été tuée par le sabre d’Ali – et plus de soixante-dix prisonniers.
La “bataille d’Ohod”, en l’an 3 de l’hégire, oppose encore les Mecquois dirigés par Abou Sofian aux croyants de Médine; au cours de ce combat qui se déroule dans la plaine d’Ohod – située près de Médine – trois mille Mecquois affrontent sept cents Musulmans. Au début, les forces du Prophète ont l’avantage mais, une série d’erreurs provoque leur encerclement puis leur défaite. Les pertes musulmanes sont lourdes: l’oncle du Prophète, Hamza, meurt en martyr avec près de soixante-dix hommes, la plupart des “ansârs” ; Mohammad est blessé au front et a une dent brisée; d’ailleurs, c’est l’agresseur du Prophète qui, ayant frappé l’épaule de ce dernier, a crié: “J’ai tué Mohammad” et a semé ainsi la panique parmi les Musulmans. Seuls ‘Ali et quelques autres dirigent courageusement cette résistance acharnée, qui continue jusqu’à la tombée du jour, entraînant le regroupement des Musulmans qui avaient fui à l’annonce de la mort de leur chef. Mais, l’armée d’Abou Sofian préfère se contenter de cette victoire partielle; elle délaisse le champ de bataille et le dernier carré des forces musulmanes, pour aller clamer son triomphe aux gens de La Mecque; en cours de route, certains, regrettant de n’avoir pas poursuivi leur avantage jusqu’au bout – c’est -à- dire, de n’avoir ni capturé les femmes et les enfants des Musulmans, ni pillé leurs biens -, proposent de retourner vers Médine; toutefois, on leur apprend que les troupes musulmanes sont à leur poursuite et ils préfèrent rentrer précipitamment chez eux; d’ailleurs, la nouvelle était bien fondée car, le Prophète avait, sur ordre de Dieu, chargé ‘Ali de poursuivre les infidèles.
Bien que les Musulmans subirent de lourdes pertes dans cette bataille, les effets de cette défaite leur furent bénéfiques; en effet, ils tirèrent la leçon de cette guerre qu’ils avaient perdue parce qu’ils n’avaient pas suivi les ordres du Prophète.
Les deux armées s étaient promises, à la fin de la bataille, de se retrouver l’année suivante au même endroit, à la même époque. Le Prophète et ses hommes se présentèrent au moment convenu mais, les forces des infidèles évitèrent l’affrontement.
Après la guerre de Badr, les Musulmans s’organisèrent d’une meilleure façon et l’Islam se propagea dans toute la péninsule arabique; sauf la région de La Mecque et de Tâ’éf qui restèrent imperméables à la nouvelle religion.
La “bataille du Khandakh (fossé)” est la troisième guerre qui oppose les infidèles de La Mecque aux partisans du Prophète; dans ce dur combat, les infidèles avaient engagé toutes leurs forces pour anéantir les Musulmans. Cette bataille du “fossé” ou “guerre des factions” est entrée dans l’histoire de 1’Islam.
Après la bataille d’Ohod, Abou Sofian et les dirigeants de La Mecque avaient cru avoir porté un coup décisif à l’Islam. Pour parfaire leur victoire, ils excitaient les tribus arabes contre Mohammad et attisaient l’hostilité des Juifs. Ces derniers, qui avaient conclu, avec les Musulmans un pacte de non agression, finirent par violer leurs promesses en soutenant les infidèles. C’est pourquoi, en l’an 5 de l’hégire, une puissante armée, composée de la tribu de Qoreysh, des clans arabes et juifs, attaqua la ville de Médine. Le Prophète qui avait été informé de l’attaque ennemie demanda l’avis de ses compagnons.
Après avoir délibéré, on suivit la proposition d’un des compagnons, Salmân le Persan; on fit creuser autour de la ville un fossé défensif, une tranchée fortifiée. Lorsque les troupes d’Abou Sofian parvinrent aux portes de Médine elles ne purent franchir le fossé; elles entreprirent de faire le siège de la ville mais, le vent, le froid, la fatigue et la discorde entre les clans arabes et juifs obligèrent bientôt les assiégeants à abandonner la partie. C’est au cours de cette guerre que le plus prestigieux chevalier arabe ‘Amr Ibn Abdwoud est tué par le noble et puissant ‘Ali. Les guerres qui suivent la bataille du fossé opposeront les Musulmans aux Juifs; ceux-ci n’ayant pas respecté le pacte de non-agression, s’étant ralliés perfidement aux infidèles de La Mecque, le Prophète infligea, sur ordre de Dieu, une sévère punition aux Juifs de Médine. Dans les divers affrontements les Musulmans sortiront victorieux, notamment à Kheybar où, pourtant, les Juifs possédaient des fortifications solides, des soldats aguerris, des équipements militaires. Lors de la prise de château de Kheybar, le vaillant ‘Ali joua un rôle déterminant: après avoir tué le célèbre champion juif Marhab et dispersé les soldats ennemis, ‘Ali défonce la porte de la forteresse envahie par les guerriers de l’islam et fait flotter le drapeau de la foi musulmane sur les donjons de la plate-forme. Avec ces guerres qui se terminent en l’an 5 de l’hégire, les Juifs du Hedjaz eurent leurs comptes réglés.
L’appel de l’Islam aux princes et rois
Le Prophète de l’islam s’installa à Médine où la plupart des Musulmans maltraités de La Mecque vinrent le rejoindre, accueillis avec chaleur par les “ansârs” de la ville. C’est à Médine que Mohammad fit construire la mosquée d’A1-nabi (du prophète); d’autres mosquées s’édifièrent peu à peu et divers émissaires allèrent prêcher la bonne parole aux alentours; des traités furent conclus avec les clans arabes ou juifs vivant à Médine où dans la région.
En l’an 6 de l’hégire, le Prophète envoya des lettres aux rois et sultans de pays tels que le Shah d’Iran, le César de Rome, le Khédive d’Egypte et le Négus d’Abyssinie.
Après quelque temps, les infidèles de La Mecque ayant à nouveau rompu les clauses du traité, le Prophète décida de conquérir La Mecque, En l’an 8 de l’hégire, il lance dix mille de ses guerriers sur la ville qui est conquise sans effusion de sang; les idoles de la Kaaba sont brisées et tous les habitants de La Mecque se convertissent à l’Islam; les dirigeants de la ville qui, pendant vingt ans, s’étaient si violemment opposés à Mohammad et à ses adeptes furent appelés et pardonnés par le Prophète.
Après la conquête de La Mecque, le Prophète commença à nettoyer les environs des derniers Arabes idolâtres. L’une de ces opérations de nettoyage devint la “bataille de Honayn”, un des combats les plus importants du Prophète; dans la vallée de Honayn – située à une journée au sud de La Mecque -, douze mille combattants musulmans affrontèrent des milliers de cavaliers de la tribu Hawâzen; la bataille fut terrible et dès le début, les Hawâzen prirent un tel avantage que, mis à part ‘Ali qui tenait l’étendard de l’Islam aux cotés de Mohammad et quelques braves, les troupes musulmans battaient en retraite.
Heureusement, quelques heures après, d’abord les “ansâr” puis, les autres Musulmans, reprenaient leurs postes et chargeaient l’ennemi victorieusement. Au cours de cette guerre, tous les cinq mille prisonniers capturés par les forces de l’Islam furent libérés sur ordre de Mohammad. Le Prophète remboursa en argent ceux qui n’avaient pas apprécié la libération de leurs prisonniers.
L’expédition de Tabouk fut entreprise en l’an 9 de l’hégire; Mohammad envoie ses troupes aux frontières du Hedjaz et Shâm à Tabouk, car le bruit court que les Romains y ont concentré des forces; un premier affrontement a lieu à Mouteh, où des chefs renommés tels Dja’afar Ibn Abi Tâlib, Zayd Ibn Hârith, Abdullah Ibn Rawâh tombent en martyr sous les flèches des soldats de César. Lorsque les 30.000 hommes du Prophète atteignent Tabouk, l’ennemi a déserté l’endroit; les forces musulmanes y restent trois jours et après avoir nettoyé la région, regagnent Médine.
Au cours des dix années de séjour à Médine, le Prophète prit part – outre les batailles précitées – à quelque quatre-vingt batailles, dont une vingtaine, de façon personnelle. Quand il était sur le champ de bataille, Mohammad ne se comportait pas comme la plupart des chefs de guerre; c’est-à-dire, il ne donnait pas des ordres de massacre à partir d’un abri; il affrontait l’ennemi aux côtés de ses hommes. Toutefois, jamais il ne se réjouit de la mort de quelqu’un. Avec la prise de La Mecque, l’Islam dominait totalement la péninsule arabique; la ville où se trouvait la Kaaba fut conquise en l’an 8 de l’hégire par les troupes islamiques. Après La Mecque, Tâ’ef tomba rapidement aux mains des Musulmans.
C’est en l’an 10 de l’hégire que le Prophète effectuant le pèlerinage de l’adieu – c’est-à-dire, son dernier pèlerinage – se rendit à La Mecque. Après y avoir célébré les cérémonies relatives et donné ses dernières instructions aux gens, il rentra à Médine. Au cours du retour, il fit arrêter sa caravane près de l’étang de Khom (ghadir Khom); là, devant près de 120.000 pèlerins venus des divers points de la péninsule, le Prophète leva la main d’Ali et le présenta comme son successeur.
Cette intervention de Mohammad résolut la question du gouvernement de la société islamique; c’est-à-dire elle désigna celui qui devait être chargé du gouvernorat des Musulmans, du maintien du Livre, de la tradition, des lois et de l’orientation religieuse: “O Prophète! Fais connaître ce qui t’a été révélé par ton Seigneur. Si tu ne le fait pas, tu n’auras pas fait connaître son message”(Coran, 5:67).
Quelque temps après son dernier pèlerinage à la Mecque, le Prophète décédait.
L’installation du Prophète à Médine et l’expansion musulmane
L’appel lancé à Médine par le Prophète fut entendu; de tous les coins, de toutes les tribus on accourut pour se convertir à l’Islam. En dix ans – durée du séjour de Mohammad à Médine – la nouvelle religion s’empara entièrement de la péninsule arabique. Au cours de cette dizaine d’années, le Prophète ne se préoccupa que de sa mission; sans le moindre répit, il instruisait les hommes leur enseignant les règles, les normes musulmanes, les commandements divins révélés; il répondait à leurs questions, débattant même avec les savants et doctes des autres religions, notamment avec les rabbins juifs. Il dirigeait les affaires de la communauté faisant tourner la roue de leur vie quotidienne. Malgré toutes ses occupations, Mohammad consacrait une part importante de son temps à la prière et au culte de Dieu: il jeûnait souvent au cours de l’année, notamment pendant les mois de rajab, de sha’bân, de ramadan, ainsi que de nombreuses autres journées. Parfois, le Prophète jeûnait pendant plusieurs jours et nuits successifs, s’occupant de travaux domestiques, gagnant sa vie à la sueur de son front.
Le Seigneur Tout-Puissant a résumé les événements et le cours de ces dix années: “Ceux-ci veulent éteindre, de leurs bouches, la lumière de Dieu; mais Dieu parachèvera sa lumière, en dépit des incrédules. C’est Lui qui a envoyé Son Prophète avec la Direction, la Religion vraie, pour la placer au-dessus de toute autre religion, en dépit des polythéistes (Coran, 71:8-9).
Evoquant ce qui distingue la communauté musulmane des autres communautés, le Seigneur déclare: “Ils commandent le bien et interdisent le mal” (Coran, 3:110).
Un aperçu sur la personnalité morale et spirituelle du Prophète
D’après les sources historiques les plus sûres, le Prophète vénéré a grandi dans un milieu des plus défavorables où régnaient la corruption, le vice et l’ignorance. C’est dans une telle atmosphère qu’il passa son enfance et sa jeunesse, sans bénéficier de la moindre éducation ou formation scientifique.
Bien que Mohammad n’adorât aucune idole et ne commit aucun acte inhumain, il vivait comme les autres dans ce milieu misérable. Ce contexte qui était loin de prédisposer à une haute destinée allait pourtant faire d’un pauvre orphelin analphabète un prophète de renom, fait des plus incroyables…
Une nuit, alors qu’il était en pleine dévotion et prière, sa personnalité subit une mutation profonde: d’obscure elle devint illuminée, comme divine; les idées et croyances millénaires de la société humaine devinrent pour lui des superstitions du passé; les lois et doctrines en cours lui apparurent, à juste titre, injustes et tyranniques Unissant le passé à l’avenir, il perçut parfaitement la voie du bonheur des hommes; sa vision et sa perception se modifièrent entièrement, de sorte qu’il ne vit et n’entendit que la vérité divine, qu’il ne parlât que d’elle. Ainsi, bientôt, dans un milieu voué au commerce et au profit, retentit un discours céleste plein de sagesse; ce discours, proféré par Mohammad, se lançait à l’assaut des anciennes croyances et voulait renverser l’ordre traditionnel basé sur l’erreur et l’oppression. Sans se soucier de la puissance des forces et coalitions adverses, l’Envoyé s’insurgeait pour réformer le monde des hommes, pour restaurer la vérité divine.
Le Prophète diffusa son message, divulgua les vérités de l’existence à partir de l’existence du Seigneur unique de l’univers. I1 expliqua ce qui caractérise la morale supérieure de l’homme, explicitant les particularités morales humaines. I1 montra qu’il avait une conviction totale en ce qu’il prêchait puisqu’il conjuguait l’agir au dire. I1 apporta aux hommes des principes, des règles – toute une série de rites culturels – qui révélaient, de la plus belle façon, la soumission de l’homme devant l’immense grandeur de Dieu l’Unique. Il proposa des lois juridiques et pénales bien articulées et fondées sur l’unicité divine et le respect de la morale humaine.
L’ensemble des lois que le noble Prophète a établi – aussi bien pour le culte que pour les transactions – englobe un vaste domaine: il touche toutes les activités privées et sociales de l’homme; il aborde les divers problèmes et besoins auxquels se voient confrontés l’individu actuel; il évolue avec le temps.
Pour le Prophète, ces lois religieuses sont universelles et éternelles; il considère que l’Islam peut satisfaire tous les besoins matériels et spirituels de la société humaine et c’est pour assurer leur bonheur que les hommes le choisissent; il déclare lui-même: “La religion que je vous ai apporté garantit votre bonheur ici-bas et dans l’au-delà”.
D’ailleurs, le Prophète n’a pas avancé ce propos gratuitement, mais après avoir bien examiné la Création du monde humain et prévu son avenir en liaison avec ses prescriptions; autrement dit, après avoir d’une part, reconnu l’accord parfait entre ses lois et la constitution physique et mentale de l’homme, et d’autre part, après avoir tenu compte globalement des changement à venir et des bienfaits dont bénéficiera la société musulmane, Mohammad a jugé que ses lois et prescriptions religieuses étaient éternelles.
Dans les prévisions que nous a laissées le Prophète – comme le prouvent des documents indiscutables – la situation du monde musulman après sa mort s’y trouve évoquée.
Toutes ces actions accomplies par l’envoyé de Dieu se sont étalées sur vingt trois ans, dont treize passés à supporter les exactions et tortures des infidèles de La Mecque, et dix à guerroyer, à combattre tantôt l’ennemi extérieur, tantôt l’ennemi intérieur – “hypocrites”, saboteurs -, quand il ne s’agissait de gérer la vie des Musulmans, de réformer leurs opinions, leurs croyances, leur morale, leurs activités, de résoudre leurs multiples problèmes.
Le Prophète a parcouru tout ce long chemin grâce à une volonté inflexible fondée sur la vérité et visant à la restauration de la justice sur terre. Sa conception, pleine de lucidité et de bon sens, ne reconnaissait que la vérité, rejetait totalement l’erreur et l’injustice, sans faire le moindre cas – comme les démagogues – des intérêts ou des passions des gens. Ainsi Mohammad accepta, de tout cœur et pour toujours, ce qu’il crut relever de la vérité; il rejeta à jamais ce qu’il jugea faux ou empreint d’erreur.
Une personnalité spirituelle extraordinaire
Si l’on réfléchit objectivement et en toute honnêteté sur les propos du chapitre précédent, il ne fait aucun doute que l’apparition d’une telle personnalité, dans de telles conditions, relève de l’inhabituel, du prodigieux et ne peut pas avoir une cause autre que divine. C’est pourquoi, dans le Coran, le Seigneur Tout-Puissant insiste, à diverses reprises, sur l’état initial du Prophète ; cet illettré, cet orphelin, ce pauvre devient, par la grâce du ciel, une personnalité hors du commun: “Ne t’a-t-il pas trouvé orphelin et il t’a procuré un refuge. Il t’a trouvé errant et il t’a guidé.11 t’a trouvé pauvre et il t’a enrichi” (Coran, 92:6-8).
“N’avons-nous pas exalté ta renommée” (Coran, 94:4).
“‘Tu ne récitais aucun Livre avant celui-ci; tu n’en traçais aucun de ta main…” (Coran, 29:48).
“Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que nous avons révélé à notre serviteur, apportez-nous une Sourate semblable à ceci; appelez vos témoins autres que Dieu, Si vous êtes véridiques” (Coran, 2:23).