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Quand les musulmans avaient renoncé – pour différentes raisons – à leur rôle de «nation intermédiaire», de «témoins» sur la scène historique, l’esprit qui donnait efficacité à leur mouvement a disparu en eux, et s’est éteint aussi la flamme qui les poussait sur la voie de la recherche de la perfection de soi. Cette extinction et cette disparition ont touché l’ensemble des aspects de la vie islamique, lui ont donné un caractère d’inertie et l’ont dépourvue de sa vitalité et de son efficacité.
Devant ce spectacle dramatique qu’offrait la situation des musulmans, des réformistes ont apparu dans le monde musulman qui a tenté de sauver les musulmans de leur léthargie, et de faire revivre l’esprit d’initiative et de mouvement dans leur société.
Mais la plupart de ces réformistes n’ont pas été à même de concrétiser leurs objectifs, et la cause de leur échec réside dans leur faible appréhension des situations prévalant dans le monde musulman, en d’autres termes, leur échec est dû au fait que les bases de leur message et de leur lutte ne s’enracinaient pas dans l’authenticité islamique.
Certains d’entre eux ont voulu réformer leur société avec des conceptions et des structures de pensées empruntées à l’Est ou à l’Ouest. fis se sont alors engagés dans la démocratie, le nationalisme, le socialisme, le libéralisme, le communisme dans l’espoir d’y trouver le remède à l’état de leur société; ignorant que ces vues orientales et occidentales ne sont nullement compatibles avec le substrat intellectuel et culturel de notre communauté; et oubliant que notre drame est d’abord représenté, en premier lieu, par l’invasion colonialiste du monde musulman, et que ces conceptions importées tendent à consacrer cette invasion, à l’enraciner davantage, et à aggraver notre mal.
D’autres, parmi ces réformistes, soutenaient que la transformation de la société n’est possible que par la seule voie de la prédication et de l’orientation morale, s’imaginant pouvoir, par là, faire face aux moyens d’information infidèles et déviationnistes, et rendre à la Oumma sa dignité bafouée, et son existence aliénée. Ceux-là insistent sur le non recours à la violence, et refusent la confrontation avec les forces sataniques dominatrices. L’attitude de ces réformistes témoigne de leur ignorance de la réalité de la Oumma musulmane, et des plans diaboliques des «grands» de ce monde, tout comme elle témoigne d’autre part, d’une effondrement interne face aux forces tyranniques qui exercent leur hégémonie sur les potentialités musulmanes.
Face à ceux-ci et ceux-là, un groupe réformiste a vu le jour qui a compris l’Islam, et a saisi la réalité dans laquelle il vit, et a amorcé la transformation authentique et consciente de la société. Ce troisième groupe parmi les réformistes ne s’est pas laissé influencer par les suggestions de la réalité établie, et n’a pas eu une attitude craintive à l’égard des forces titanesques hégémoniques. Il a entrepris de mettre en branle l’Oumma sur une voie «islamique» «authentique». Il entama la mobilisation des énergies pour relever les défis qui se dressaient devant les musulmans.
L’Imam al-Khomeiny (que Dieu le garde) est à la tête de ce noble groupe grâce à l’authenticité islamique des principes qu’il défend, et grâce à la conscience aigue qu’il a des intrigues des colonialistes et de leurs plans visant à éliminer de la terre toute présence islamique.
Les caractéristiques propres qu’il a conférées à son orientation réformiste ont concouru à faire de lui le guide qualifié pour la direction (l’imamat) générale des musulmans dans le monde d’aujourd’hui.
1)- Son esprit révolutionnaire qui ne flatte jamais l’infidélité et l’athéisme, et n’accepte nulle trêve et nulle compromission avec eux.
Ces forces de l’athéisme et de l’infidélité ainsi que leurs agents ont essayé d’amener l’Imam à accepter un pacte, et de lui proposer des solutions modérées, et des solutions «progressives», mais il refusa de faire pas même une concession fut-elle d’une pouce, quant à ses positions islamiques résolues.
2)- Son appui sur le large base des masses populaires, son refus de tout esprit de division, et son refus de s’appuyer sur un groupe ou un parti particulier. Mais il a compté dès le début de la révolution, et même dans la phase qui a suivi la victoire, sur l’Oumma avec toutes ses catégories et ses groupes.
Par conséquent, l’objectif de l’Imam a toujours reposé sur le mouvement de l’Oumma, sur la présence active de celle-ci sur la scène de la lutte (du djihad).
3)- Non négligence d’un aspect de l’Islam par rapport à un autre. Dans ses propos, il prend toujours en considération l’esprit d’équilibre de l’Islam, et appelle les hommes à lutter en même temps sur le front spirituel et celui de la lutte. li s’adresse aux masses pour les inviter à être présentes aux prières du Vendredi et aux autres prières collectives, ainsi que sur le champ de la confrontation avec l’athéisme international. Il demande à l’Oumma de prendre en charge la responsabilité de sa propre transformation, en même temps que celle de tous les musulmans en tout lieu qu’ils se trouvent. Il insiste auprès des jeunes croyants retranchés dans les fronts du djihad de la reconstruction et des batailles de l’honneur pour qu’ils démolissent les idoles de leur subjectivité – et en même temps, qu’ils détruisent les idoles de l’impiété et de la corruption dans leur société.
4)- Son choix des centres et foyers islamiques comme point de départ du mouvement islamique. L’Imam n’a pas mis en mouvement l’Oumma à travers les colloques, les congrès, les cercles, et les sièges des partis, mais il l’a mise en mouvement par le moyen des institutions dont les fondements ont été posés par l’Islam. Cela équivaut à l’achèvement de l’authenticité sous la direction de l’Imam de la communauté musulmane. Il l’a mobilisée à travers le réseau des mosquées au point que certains ont appliqué à la révolution islamique de l’Iran l’appellation de «révolution des mosquées», en raison du rôle grandiose qu’ont joué les mosquées dans l’orientation, l’organisation et la coordination des masses musulmanes révolutionnaires de l’Iran. L’Imam continue d’insister et de mettre l’accent sur le rôle de barricades des mosquées pour les musulmans, incite les masses à prendre part aux prières du Vendredi et aux prières collectives, et réaffirme la nécessité pour ces centres et regroupements islamiques d’accomplir leur mission édificatrice dans la création d’une Oumma islamique, engagée, active consciente et inébranlable.
C’est dans ce contexte que nous pouvons appréhender l’importance des appels et des orientations qu’adresse l’Imam al-Khomeiny au sujet du Hajj et des pèlerins. Ce sont des appels et des orientations qui procèdent d’une compréhension consciente et active de l’Islam, ou si l’on veut, qui se fondent sur une vue juste (Fiqhi) et consciente des problèmes des musulmans et de l’Islam.
Attention constante portée sur la nécessité de mise à profit de la période du Hajj
Les préoccupations de l’Imam al-Khomeiny au sujet du pèlerinage à la Mecque (Hajj) n’ont d’égales que ces préoccupations concernant l’amélioration de la situation des musulmans, et la transformation de leur état actuel d’inertie, de soumission, d’humiliation et d’avilissement. L’Imam a constamment réaffirmé la nécessité de mettre à profit ces occasions qui s’offrent aux musulmans de redonner vie à l’Islam, et de reconstituer une Oumma islamique efficace sur la scène historique.
Au début de son exil à Najaf (Irak), l’Imam déclare:
«Dans les pays non¬ musulmans, on dépense des millions puisés dans les richesses nationales et les budgets, pour que puissent se tenir de pareilles rassemblements. Quand elles se tiennent, elles sont en général, publicitaires, formelles, souffrant de l’absence de sincérité, de la bonne intention, de la fraternité qui prédominent chez les hommes dans les rassemblements islamiques; et ne conduisent pas par conséquent aux résultats fructueux auxquels donnent lieu nos rassemblements.
L’Islam a posé des mobiles et des stimulants métaphysiques qui font du voyage au Hajj un des vœux les plus chers de la vie, et conduisent l’homme à prendre part spontanément à la prière collective, celles du vendredi et celles de l’Aid, dans la joie et la gaieté. Nous n’avons qu’à considérer ces rassemblements comme des occasions précieuses au service de notre foi et de nos principes, et pour que nous y proclamions nos croyances, nos prescriptions coraniques, et nos institutions devant chacun et devant le plus grand nombre d’hommes.
Il nous appartient de faire fructifier la saison du Hajj et d’en tirer le meilleur fruit pour l’appel à l’unité et l’appel à rendre à la loi islamique sa souveraineté parmi tous les hommes. Nous devons débattre de nos problèmes et les résoudre par l’Islam. Nous devons lutter pour la libération de la Palestine et des autres terres de l’Islam.
Les premiers musulmans avaient coutume de tirer le meilleur parti de leurs prières collectives, de celles du vendredi et de leurs fêtes sacrées, et de leur pèlerinage».
(Extrait d’une conférence de l’Imam à Najaf-al-Achraf en 1389 Hégire)
Réaffirmation de l’aspect politico¬-social du Hajj
L’Imam al-Khomeiny – Sur la base de sa compréhension consciente et juste de l’Islam – n’a pas de vision parcellaire des prescriptions islamiques (Ahkâm), mais considère ces dernières Comme un tout unique et indissociable. Les prescriptions rituelles et politiques, économiques, sociales, pédagogiques reposent sur un seul fondement, et sont en relation étroite de façon à constituer la base de l’existence des musulmans et de leur mouvement qui aspirent à la gloire.
L’Imam dit: «De nombreuses prescriptions d’adoration donnent lieu à des considérations sociales et politiques.
Les rites et actes d’adoration de l’Islam vont souvent de pair avec sa politique et ses recommandations sociales.
La prière du vendredi, par exemple, et le regroupement de Hajj, conduisent, outre leur impact moral et affectif, à des résultats et des impacts politiques.
L’Islam a conçu ses rassemblements et appelé les hommes à y prendre part. n a rendu obligatoires certains d’entre eux pour que se généralisent et se répandent les connaissances religieuses, et les sentiments fraternels, •et que se créent les liens de l’amitié et de la connaissance mutuelle entre les hommes, que se clarifient les idées, qu’elles croissent et que les problèmes politiques et sociaux ainsi que leur solution y soient traités» .
(Extrait d’une conférence de l’Imam dans son exil à Najaf en 1389 Hégire).
L’Imam dit aussi: «L’Islam est une religion, dont l’adoration est la politique et dont la politique est adoration. En ce moment, où se rassemblent des musulmans de diverses contrées autour de la Kaa’ba des Espoirs pour le pèlerinage à la Maison de Dieu, l’acquittement de leurs obligations divines, et la tenue de ce grand congrès islamique, en ces jours bénis, il est un devoir pour les musulmans qui sont les porteurs des messages de Dieu Très-Haut de saisir le contenu politique et social du pèlerinage, en plus de son contenu rituel».
(Extrait du message de l’Imam aux pèlerins, en 1399 Hégire).
Le rôle des hommes de plumes et des orateurs dans le Hajj
Les hommes de plume et les orateurs doivent partager les souffrances de la Oumma islamique, et prendre leur responsabilité, dans la prise de conscience par les masses de leurs problèmes, et inciter ces dernières à s’engager sur la voie de leur gloire et de leur dignité.
La responsabilité de l’engagement intellectuel contraint les écrivains et les orateurs, à sortir de leur tour d’ivoire, et à cesser leurs flagorneries à l’égard des centres du pouvoir et à s’intégrer à la grande communauté islamique.
Le pèlerinage est la meilleure occasion pour ces derniers d’entrer en contact avec les musulmans de tous les pays, à s’imprégner de près de problèmes auxquels font face les musulmans, et à s’acquitter de la responsabilité de l’éveil des consciences qui s’impose à l’échelle la plus grande.
L’Imam al-Khomeiny – en invitant les écrivains, les penseurs, et les intellectuels à adhérer à cette ligne populaire engagée, – ne veut pas dire, bien évidemment, que ceux-ci doivent se réunir sous des galeries de marbre, dans des palais somptueux dans les territoires sacrés, mais demande à tous les écrivains et penseurs de vivre à l’écart des influences des centres du pouvoir, et des centres où se louent et se monnaient les plumes et les consciences, à s’intégrer aux milieux populaires, et à y provoquer la nécessaire prise de conscience, pour que le pèlerinage devienne un lieu de rayonnement intellectuel, et un centre de prise de conscience générales pour tous les pays musulmans.
L’Imam dit: «il est du devoir des Ulémas ( savants musulmans) de participer à ce rassemblement d’hommes de différentes contrées, à y échanger leurs vues, et à susciter la prise de conscience parmi les musulmans réunis dans le lieu de descente de la Révélation, pour que cette prise de conscience se diffuse ensuite à tous les pays musulmans».
(Extrait du message de l’Imam aux pèlerins de l’an 1390, Hégire).
L’Imam dit: «il incombe aux musulmans engagés qui se rassemblent une fois par an sur le territoire des lieux saints, et accomplissent leurs obligations islamiques dans ce regroupement général et ce rassemblement divin, sans distinction aucune, revêtus d’une même tenue et sans considération de leurs compte, leurs différences de race, de langue, de pays ou de contrées, dans la plus simple apparence matérielle, et avec un élan vers la spiritualité, … il leur incombe de ne pas perdre de vue les aspects politiques et sociaux de cette cérémonie religieuse.
Il incombe aux éminents Uléma, et aux orateurs d’attirer l’attention des musulmans sur leurs problèmes politiques et leurs graves responsabilités. Ces devoirs, si les musulmans les accomplissaient et se préoccupaient d’eux, ils reprendraient la puissance que Dieu a voulu pour les croyants, ils atteindraient leurs titres de gloire islamiques et divins qui sont un droit des musulmans, et conquerraient leur indépendance authentique, leur liberté réelle sous l’égide du cher Islam, sous le flambeau de l’unicité; et la bannière de «il n ‘y a de dieu qu’Allah», et auraient pu couper les mains des «grands» et de leurs agents dans les pays musulmans, et rétabli la gloire de l’Islam et sa grandeur» .
(Extrait du message de l’Imam aux pèlerins, an 1401 Hégire).
La Kaa’ba, point de départ du réveil et du mouvement
Le mouvement est une des propriétés d’un corps vivant. La cessation du mouvement dans un corps vivant signifie sa paralysie, c’est-à-dire que ce corps est exposé à la destruction.
Le Hajj est un mouvement continu, un «mouvement vers Dieu», c’est-à-dire vers la perfection individuelle et sociale. L’une des conditions du mouvement est l’élimination des obstacles qui se dressent, une tension de toutes les énergies pour atteindre tous les objectifs.
L’Imam al-Khomeiny enseigne cette vue authentique envers le Hajj, et pense que la Kaa’ba doit être le point de départ du mouvement de la Oumma vers l’élimination de ses aspects négatifs, et l’élimination de ceux qui l’oppriment et l’humilient, et de ceux qui freinent sa résurrection» .
L’Imam al-Khomeiny dit: «O musulmans! Vous savez que les grandes puissances de l’Est et de l’Ouest pillent aujourd’hui toutes nos richesses matérielles et morales, pour qu’elles nous laissent dans un état de pauvreté et de dépendance dans tous les domaines, y compris le politique, l’économique, l’intellectuel. Revenez à vous¬ mêmes, et recouvrer votre personnalité islamique! Ne vous soumettez pas à l’injustice, et dénoncez – de toutes vos forces – les complots des envahisseurs internationaux à la tête desquels se trouve l’Amérique!
La première qibla (Jérusalem) des musulmans, est aujourd’hui sous l’emprise d’Israël, cette tumeur cancéreuse qui s’est installée dans le cœur du monde musulman! Nos chers frères en Palestine et au Liban, sont aujourd’hui soumis à l’extermination et au meurtre par la main d’Israël. Israël, s’efforce, par tous les moyens diaboliques à sa disposition, de créer la division parmi nous. Tout musulman a le devoir de se préparer à l’affrontement avec Israël. Les pays africains musulmans gémissent aujourd’hui sous le poids de l’Amérique, des autres étrangers et des agents.
L’Afrique musulmane élève aujour¬d’hui sa voix et appelle les musulmans à son secours. Et le pèlerinage a été prescrit pour que soit donnée réponse aux opprimés et qu’un secours leur soit apporté» .
(Extrait du message de l’Imam aux pèlerins, an 1399 Hégire).
Il dit aussi: «Le verset coranique: “Dieu fit de la Kaa’ba une maison sacrée destinée à être une station pour les hommes” (Coran V, 97) explique le secret du Hajj, ainsi que sa raison d’être. Le pèlerinage a pour but le réveil des musulmans et leur soulèvement dans la voie des intérêts des hommes et des masses opprimées du monde».
(Appel de l’Imam aux pèlerins, an 1401 H.)