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Il y a un concomitance réciproque entre la prophétie et le phénomène du miracle. Ce dernier pourrait être, d’une part, considéré comme la démonstration le plus manifeste pour désarmer les mécréants dont la conduite est perpétuellement dominé par l’illogisme, et d’autre part, pour démontrer la relation existant entre le prophète et le monde suprasensible. Bien que toute Mission divine soit fondée sur un principe originalement unique dotée de multiples aspects en conformité avec les conditions et l’exigence temporelles, tous prophètes poursuivant les mêmes objectifs et enseignant un credo sensiblement semblable, la nature et la modalité de leurs miracles furent toujours adaptées à la circonstance socio-culturelle de la communauté dans laquelle ils vivaient, et cela suivant le degré d’évolution intellectuelle humaine et la particularité temporelle.
Il semble que l’une des raisons de la diversité du miracle est celle-ci: pendant le cycle des prophètes précédents, la tendance intellectuelle humaine s’orientait sous l’influence des pratiques de sorcellerie. Ainsi la portée de la pensée humaine fut limitée dans un champ de perceptualisations primitives, vidées de tout contenu réel. Les sorciers, ayant envahi l’horizon spirituel, le reléguèrent asphyxiant le peuple en lui imposant la rigidité d’esprit. Cela éloignait, par conséquence. la créature du Créateur.
Faire annihiler ce phénomène était nécessairement une des tâches de toute Mission, prophétique. C’était, pourquoi Les prophètes chargés d’une Mission, armés d’une puissance supranaturelle incomparable, tentèrent d’attaquer vigoureusement l’origine de ces déviations. Ils purent ainsi avec le renfort de leur compétence divine et miraculeuse briser la force diabolique qui provoquait l’éloignement des créatures du Créateur, désensorcelant également le talisman de maléfice qui emprisonnait l’esprit humaine. Ce fut le périgée de la domination de sorcellerie et l’apogée de la gloire humaine. Une fois atteint cet objectif, les prophètes présentaient les principes réalistes de la Loi divine pour guider l’homme sur le chemin où la perfection et la plénitude de sa faculté se réalisent, là où toute dimension de la vie humaine tend à se réunifier à la divinité.
Le Prophète de l’Islam ne fut point exclu de cette règle universelle. Il dut accomplir sa Mission prophétique dans une société où le point culminant de la sagesse fut exclusivement incarnée et fixée sur l’axe de l’éloquence et du don de la parole. La poésie atteignit alors son apogée. Les poètes étaient réputés pour leurs poésies lyrique, épique et d’autres innovations littéraires. Cette enthousiasme factice, ne faisait d’ailleurs pas partie des problèmes vitaux de la vie, les empêcha de découvrir d’autres champs de la connaissance plus réelle et plus utile, et de prêter attention à la cause sublime de l’Etre.
Dans une telle circonstance, Dieu arma son Prophète du Saint Coran qui rassemblait, du point de vue de l’éloquence, aux chefs d’œuvres littéraires, mais était muni d’un contenu profond extraordinairement singulier, La douceur des expressions littérales et l’attraction divine des versets véhéments remplissaient d’extase le cœur du monde. Les rhétoriciens arabes comme ceux qui connaissaient la figure rhétorique surent que l’éloquence des versets coraniques. fut au-delà de la compétence humaine. Il était impossible d’entendre un verset et de saisir le contenu du message divin sans être profondément influencé. C’est pourquoi ils adhérèrent à l’Islam dès les premiers versets révélés.
Le choix du Coran comme un miracle peut-être justifié dans la mesure où celui-ci ne s’adresse pas seulement aux arabes d’autrefois dont nous venons d’esquisser brièvement la caractéristique, mais aussi à l’ensemble de la communauté humaine tout au long de l’histoire. La nature des miracles des prophètes précédents fut bien différente, caractérisée et adaptée pour un espace temporel limité. Cela signifie, d’ailleurs, que leurs lois sacrées ne furent que temporaires. Mais comme la prophétie de Mohammad fut universelle, et complémentaire de toutes Missions prophétiques, elle ne se contentait jamais du miracle provisoire. Au contraire, elle devrait s’appuyer sur un miracle éternel, valable toujours comme une preuve de son éternité, Pour signifier un Ultimatum à une génération précise aussi bien qu’à celle de l’avenir, une prophétie, dont l’essence est permanente, doit présenter à l’humanité le miracle constant, ayant la capacité d’avancer avec le temps, car on ne peut pas s’appuyer sur un miracle éphémère dont l’effet ne se fait pas sentir de génération en génération.
C’est ainsi que le Coran se réclame d’éternité et comme la dernière manifestation de la Révélation divine.
Le Prophète de l’Islam, dès sa Mission, et sans aucune arrière-pensée, présenta l’Islam à l’ensemble de l’humanité comme une religion universelle, au-delà de toute frontière géographique-raciale. Il mit en relief la véracité du Coran comme un témoignage d’authenticité de la dernière Mission divine et la fin du cycle prophétique. Il ne faut donc pas envisager le Saint Coran comme l’arme d’une idéologie éphémère permettant de passer par un stade inférieur pour atteindre un stade supérieur, selon une évolution déterminée. En effet, il comporte l’ensemble des idéologies dynamiques destinées à l’homme dont le but consiste à l’élaboration soigneuse des systèmes opérationnels parfaits qui engloberaient tous les aspects moraux, sociaux, économiques, et politiques de la vie humaine.
Le style du texte coranique se situe sur un plan qui lui est exclusivement propre, aborde ainsi les différents thèmes enrichis par l’analyse minutieuse des événements historiques et ceux concernant le cycle prophétique de Mohammad, des mythes symbolisés contenant les perspectives constitue l’objectif, la voie et l’élévation de l’homme.
Le mystère de la transformation spirituelle et le mouvement socio-historique dont la force motrice fut l’idéologie islamique ne peut être appréhendée sans mettre en lumière la philosophie de la révélation épisodique et graduelle du Coran. Il faut noter qu’à l’époque, les arabes jâhilites, arriérés, à l’esprit obtus, envisagèrent cette particularité comme un défaut, alors que celle-ci, toujours en conformité aux circonstances, joua un rôle prépondérant dans la victoire de l’appel prophétique.
De même que remédier une maladie chronique exige un long traitement progressif, lutter contre les éléments qui ont perpétuellement déraciné des hommes de leur nature primordiale, et qui les ont empêché d’atteindre une étape proche de la perfection humanitaire nécessiterait l’existence et l’application d’une doctrine originale, d’un système intégral pluridimensionnels à la lumière desquels les hommes peuvent se libérer de l’emprise de tous vices qui les éloignent de soi-même, ce qui n’est pas le cas pour une idéologie dénuée de cette force créatrice dont, la portée est restreinte au temps et à l’espace déterminés.
Et c’est l’Islam pourvu de sa particularité, qui a constamment pu répondre aux besoins essentiels de toute société même si leurs caractéristiques sont fort diverses.
L’attitude des musulmans à l’égard du miracle du Coran est plutôt de l’ordre de la Conviction religieuse, mais les prises de position des savants et des chercheurs sur ce point sont manifestement dues du fait qu’ils ont constaté que le Coran porte en lui-même les germes d’une doctrine élaborée contenant une richesse éblouissante, scientifique et éducative et une force directrice, et donc la preuve d’un miracle divin continuel. Le Saint Coran est la référence suprême dans le domaine des recherches et de la Quête spirituelle. Il peut être également, dans toute tranche spatio-temporelle, le pivot sur lequel reposera la base d’une société pour que toutes valeurs et grandeurs humaines, sous toutes leurs dimensions, s’épanouissent et que s’ouvrira la voie menant à une société idéale, à une théocratie suprême.
Il y a quatorze siècles que le Saint Coran fut révélé. L’homme, durant cette période, a connu bien de péripéties, passant des étapes de développement et d’évolution. Il s’est informé des secrets de la genèse à une échelle grandiose. Pourtant à l’épreuve de tout progrès humain, le Coran a démontré sa dignité ainsi que son authenticité ultra-scientifique. A l’époque de la Révélation, où la pensée et l’activité intellectuelle n’étaient pas si avancée que maintenant, cet aspect miraculeux du Coran constitue une des preuves établissant la véracité de la Mission prophétique de Mohammad. De même à présent que les expériences scientifiques et la connaissance objective octroient à l’homme la possibilité de franchir les frontières jadis inconnues, les savants ont remarqué dans le Coran, les merveilles révélant ses dimensions miraculeuses. Cette mise en valeur scientifiquement connue et digne d’estime et singulièrement expressive dans la mesure où elle met en évidence que conforme, ment à chaque âge, le Coran nous offre ses apports nouveaux et que nous pouvons toujours découvrir de nouveaux horizons.
Aller vers la Foi à travers la science et la réflexion comme nous y invite constamment le Coran, est le miracle de la mission divine du Prophète. Se borner intégralement sur le miracle perceptuel ne serait pas cohérent avec la nature de la mission divine qui doit être le Sceau du cercle prophétique. Il n’est pas non plus compatible avec la complémentarité de la raison et avec la volonté libératrice que l’Islam vise comme un de ses objectifs essentiels. Ainsi le Dieu-Loué et exalté soit-Il, a préparé l’ensemble de l’humanité et au long des millénaires pour que celui-ci se conduise, enfin, vers le but final.
Les recherches coraniques seront mises en valeur si l’esprit est débarrassé des images préconçues ou préfabriquées. Car une persévérance aveugle et les préjugés séculaires sur la base de ses propres conceptions ne produisent que la stagnation et la rigidité de l’esprit et ceci est l’écueil que tout chercheur équitable et conscient doit esquiver.
On doit admettre cette réalité fondamentale que le Coran est supérieur dans la mesure où il ne peut être considéré comme l’œuvre d’un groupe de savants, de même qu’il n’est pas le fruit d’un effort ou d’une déduction d’une seule personne; d’autant plus qu’il s’agissait d’un homme illettré que n’avait jamais été le disciple de quiconque et qui avait été élevé dans un milieu décadent et ignorant: celui de la péninsule arabe qui n’avait a cette époque aucune relation avec la science et la philosophie.
Lorsqu’on contemple le système et les dispositifs préconisés par le Saint Coran en vue de la perfection humaine et de sa béatitude et en les comparant aux idées précédentes, on constate alors qu’il ne provient pas de celles-ci et qu’il ne leur ressemble point. Il s’agit, au contraire, d’un phénomène tout à fait nouveau, jouissant d’une originalité sans précédent. Dans sa finalité figure le changement des communautés humaines et le renouvellement de leurs organisations sur la base de la justice ainsi que l’égalité et l’émancipation des déshérités et des opprimés.
Le Saint Coran évoque l’histoire des nations de jadis et de leurs prophètes et décrit en détail les événements et les circonstances de leur vie. On ressent alors la réalité, avec une splendeur sans pareil, à travers les histoires et les événements que traite le Coran.
Accréditer l’hypothèse selon laquelle les histoires citées dans le Coran seraient la copie conforme de l’Ancien Testament et de l’Evangile est une analyse qui doit être catégoriquement rejetée en raison du rôle positif du Coran dans les démonstrations de l’histoire prophétique. En effet, il corrige et rectifie les légendes concernant la vie des prophètes. Il enlève d’ailleurs les fards sacrilèges qui ont maquillé le vrai visage des prophètes et qui ne sont pas compatibles avec la nature originale de l’Unité divine. De plus, ces légendes sont contraires à la raison et à la vision religieuse divine. En effet le rôle de la transcription est négatif car toujours caractérisé par l’imitation et la citation.
Un savant français, le Dr. M. Bucaille en a bien fait remarque 19. « Dans les pays occidentaux, juifs, chrétiens et athées s’entendent unanimement pour avancer- sans d’ailleurs la moindre des preuves- que Mohammad a écrit ou fait écrire le Coran en imitant la Bible. On avance que des récits coraniques d’histoire religieuse reprennent les récits bibliques. Cette prise de position est aussi légère que celle qui amènerait à dire que Jésus aurait trompé lui aussi ses contemporains pour s’être inspiré de l’Ancien Testament au cours de sa prédication: tout l’Evangile de Matthieu est, on l’a vu, fondée sur cette continuité avec l’Ancien Testament.
Quel exégète aurait l’idée d’enlever à Jésus son caractère d’envoyé de Dieu pour ce motif? C’est bien ainsi, pourtant, qu’en Occident le plus souvent on juge Mohammad: il ne fait que copier la Bible, jugement sommaire que ne tient aucun compte du fait que, sur un même événement, Coran et Bible peuvent donner des versions différente ». Le savant continu ainsi sur le sujet de la création: l’accusation n’a pas le moindre fondement.
Comme un homme aurait-il pu. il y a près de quatorze siècles, corriger à ce point le récit qui avait cours en éliminant des erreurs du point de vue scientifique et en énonçant de son propre chef des données dont la science démontrera finalement l’exactitude à notre époque. Une telle hypothèse est insoutenable… Indiscutable est l’existence de ressemblances entre les récits bibliques et les récits coraniques à propos d’autres sujets en particulier ceux qui concernent l’histoire religieuse. Il est d’ailleurs très curieux de remarquer à ce point de Vue que si l’on ne fait pas grief à Jésus d’avoir repris l’évocation de faits du même ordre et des enseignements bibliques, on ne se sent nullement gêné, dans nos pays occidentaux, pour reprocher à Mohammad de les reprendre dans sa prédiction, en suggérant qu’il est un imposteur puisqu’il les présente comme une Révélation. Mais où est donc cette preuve de la reproduction par Mohammad dans le Coran de ce que des rabbins lui auraient appris ou dicté?
Elle n’a pas plus de support que l’affirmation selon laquelle un moine chrétien lui aurait donné une solide formation religieuse. Qu’on relise ce que R. Blachère dit de cette « fable » dans son livre.
C’est à travers ces constatations que le chercheur objectif, en quête de la Vérité, n’attribue au Coran aucune source d’inspiration autre que celle de la Révélation divine. Le livre qui est à la fois, comme tel, la raison convaincante de la mission prophétique et la manifestation du miracle du Prophète. Et c’est pour cela que le Coran se caractérise en tant qu’un miracle profond éclairant éternellement la Voie qui désigne le Prophète de l’Islam.
Etant un Miracle, le Coran conserve tout au long des siècles la valeur divine de ses enseignements, de son credo et de ses Lois. Et par là, il concrétise le credo dans la matrice des mots et des phrases miraculeux. Dieu l’a voulu ainsi pour sauvegarder sa religion contre les intrigues des ennemis rancuniers et pour neutraliser leurs complots. Ces complots ont avorté grâce aux formes intangibles du credo. La main des ennemis qui essaient de falsifier les textes et de violer la substance du credo en vue de le modifier et de le changer sera coupée, et ils finiront par perdre tout espoir. Les Enseignements et les Lois de Dieu continuent au cours des temps sans qu’ils soient touchés par la main du changement.
Il y a un autre aspect parmi les aspects du miracle du Coran, et qui est, à son tour fascinant et attirant. Là il s’agit de la révolution mondiale et de la Civilisation grandiose qu’a créée l’Islam dans la vie humaine. Dans l’étude de l’Islam se trouve une observation qui mérite une analyse profonde; c’est le fait qu’il n’a été aidé par aucun facteur extérieur dans la formation d’une nation et d’une société mondiale. Et cela parmi un peuple belliqueux, bien qu’éparpillé, divisé et privé de la science et de la réflexion libre, ne songeant même pas à l’unification de ses tribus. Il pose les bases d’une civilisation à dimensions étendues. Ensuite, il a créé les facteurs pour changer le monde et ses lois en appelant à l’action afin de tendre vers la liberté de pensée, l’esprit scientifique et le respect de la science. Tout cela est issu de l’essence de la culture coranique et du système islamique. La création de tout cela ne revient à aucun gouvernement ni à aucune force extérieure à cette société qui a créé ses mains et qui a été pénétrée profondément par son âme.
Et même ceux qui ont occupé les terres musulmanes, qui ont attaqué les musulmans avec leurs forces armées et qui ont vaincu militairement, ont brusquement perdu la capacité de résister à la force morale de l’Islam et sont venus pour se convertir à la religion de la nation vaincue militairement.
L’histoire ne montre pas d’exemple d’attaquant victorieux qui embrasse la religion de la nation vaincue.
Et pourtant cela s’est produit dans le cas de la religion islamique.
* LARI, Moussaoui, La Dernière Mission Divine, Édité près: Foundation of Islamic C.P.W. 21, Entezam St, Qum, Iran, Reproduit avec la permission par l’équipe de projet de L’Ahlul Bayt Digital Islamic Library.