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La vie de Dame Zaynab (Que le salut d’Allah soit sur elle) ne peut être abordée sans mention des événements de Karbala’ et du malheur qu’encoururent les descendants du Prophète (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance) pendant et après cette bataille qui affligea le cœur de tout croyant. En 61 A.H., l’Imam al-Husayn (Que la Paix soit sut lui), accompagné par les descendants du Prophète, dont Dame Zaynab, partit pour al-Kufah à la demande de ses habitants voulant se révolter contre Yazîd Ibn Mu`awiyah. À l’époque, ce dernier était un Calife connu pour son despotisme, son injustice et sa perversion.
Dame Zaynab (Que le salut d’Allah soit sur elle) ne cacha pas son inquiétude pour son frère qui risquait ainsi de se faire tuer, en comptant surtout sur des gens ayant autrefois manqué à leur promesse de soutenir son père. Bien que consciente du danger qui menaçait la vie de l’Imam al-Husayn (Que la Paix soit sut lui), elle choisit de l’accompagner et de le soutenir dans cette épreuve. Sur le chemin du convoi béni vers al-Kûfah, Dame Zaynab (Que le salut d’Allah soit sur elle) dit à son frère : «J’ai entendu ce soir un appel me disant :
Ô les yeux, préservez donc quelques efforts, sinon, qui pleurera les martyrs après?
Qui pleurera sur ces gens conduits par leur sort, vers la réalisation d’une promesse faite avec mesure?»
L’Imam al-Husayn répondit alors : «Ô sœur, toute chose prédestinée arrivera».
Le convoi étant arrivé à al-Kûfah, Abd Allah Ibn Ziyad, à l’époque gouverneur de Bassora et d’al-Kûfah, dépêcha sous la direction de Umar Ibn Saad une armée de quatre mille soldats afin de combattre l’Imam. Les gens d’al-Kufah ayant manqué à leur promesse, al-Husayn n’avait de son côté que 72 partisans, tous descendants du Prophète, en plus d’un groupe de personnes qui préféra le martyre dans le camp de l’Imam. Entendant arriver de loin l’armée d’Ibn Saad, Dame Zaynab alla chercher son frère et le trouva la tête sur les genoux. Elle s’approcha de lui et le réveilla, alors il leva les yeux vers elle et lui dit : «J’ai vu le Prophète (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance) en songe et il me dit : “Tu viendras chez nous”». Émue, Dame Zaynab cria : «Ô malheur à moi!» Alors il répondit : «Le malheur n’est guère à toi, ma sœur. Calme-toi, qu’Allah te fasse miséricorde».
L’Imam al-Husayn (Que la Paix soit sut lui), l’héritier du Messager miséricordieux, avait demandé à ses compagnons de retourner chez eux, sains et saufs, accompagnés des femmes et des enfants, et de le laisser faire face aux injustes, seul. Mais ses vaillants partisans jurèrent de ne point l’abandonner et de le défendre corps et ame aussi longtemps qu’ils seront de ce monde.
La veille de la bataille de Karbalaa, Dame Zaynab entendit son frère composer des vers tristes décrivant la médiocrité de l’ici-bas. Elle se tourna vers lui et dit : «Mon frère, ce sont les paroles de celui qui sait qu’il sera certainement tué!» Il répondit alors : «Oui ma sœur». Elle pleura disant : «Ô combien grande est ma perte, ô combien grande est ma tristesse. Si seulement la mort m’arrachait la vie! Ô mon Husayn, Ô mon seigneur, Ô celui qui me reste parmi ma famille, tu te présentes à tes assassins et perds tout espoir dans cet ici-bas. C’est seulement aujourd’hui que mourut mon grand-père le Messager d’Allah (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance). C’est aujourd’hui que mourut ma mère Fatimah et mon père Aliet mon frère al-Hasan». al-Husayn la regarda et essaya de la calmer en lui disant : «Ma sœur, que Satan ne vole pas ta clémence, garde donc la patience qu’Allah conseilla. Sache que tous les habitants de la terre mourront, que les habitants des cieux ne resteront pas et que toute chose périra à part la Face d’Allah Qui créa les créatures par Sa puissance, Qui les ressuscitera, leur rendra la vie et Qui est l’Unique. Mon grand-père est mieux que moi, mon père est mieux que moi, ma mère est mieux que moi, mon frère est mieux que moi. Nous sommes tous censés prendre le Messager d’Allah (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance) comme modèle». Puis il dit : «Si le soir on laissait le ganga tranquille, il dormirait». Dame Zaynab dit : «Malheur à moi Husayn, tu te laisses prendre par tes ennemis. Ceci est plus brisant pour mon cœur et plus dur pour moi».
Le combat commença ; les descendants du Prophète tombèrent en martyrs l’un après l’autre sous les yeux de Dame Zaynab. Voici Ali, le fils de l’Imam al-Husayn combattant bravement aux côtés de son père jusqu’à ce qu’il fut épuisé et cria : «Ô père la soif me tue et la lourdeur du fer m’épuise». Les larmes de l’Imam coulèrent et il répondit : «Patience, un peu de courage et bientôt sera la rencontre avec ton grand-père Muhammad (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance), alors il te donnera à boire de sa coupe la plus noble». Quelques instants et Dame Zaynab vit les soldats porter vers sa tente, le corps de son neveu. Aussitôt que ses yeux tombèrent sur cette scène, elle sortit de sa tente, se dirigea vers `Umar Ibn Sa`d et lui dit : «Ô Umar, tue-t-on Abû Abd Allah alors que tu restes spectateur?!» Les larmes aux yeux, `Umar ne supporta pas ses paroles et tourna son visage ailleurs. Voyant à la fin de la bataille al-Husayn assassiné et ses deux fils martyrisés, Dame Zaynab s’écria : «Ô Muhammad! Que le Seigneur du ciel t’accorde la paix, voici Husayn par terre, membres mutilés, et voici tes filles emprisonnées. À Allah est ma complainte, à Muhammad, à Alial-Murtada, à Fatimah al-Zahraa et à Hamzah maître des martyrs».
Voyant la tête de son frère portée sur les lances des hypocrites, Dame Zaynab dit : Ô croissant qui, aussitôt devenu parfaitement abouti, fut injustement éclipsé et périt…. Frère de mon cœur, je n’ai guère imaginé, Que telle sera ta destinée…
Elle s’adressa ensuite aux gens d’al-Kufah qui s’étaient rassemblés pour voir le convoi triste conduit vers `Abd Allah Ibn Ziyad, et dit : «Louange à Allah et paix et bénédictions sur mon père Muhammad et sur sa descendance pieuse et bienfaisante. Ô gens d’al-Kûfah, gens de la tromperie et de la duperie, pleurez-vous? Que vos larmes ne cessent de couler et que votre douleur ne cesse de vous peiner. Vous êtes comme celle qui défit brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée en prenant vos serments comme un moyen pour vous tromper les uns les autres. Malheur à vous, gens d’al-Kûfah, savez-vous quel proche parent du Prophète avez-vous attaqué et quel sang lui avez-vous effusé? Vous avez certes commis une chose abominable. Peu s’en faut que les cieux ne s’entrouvrent, que la terre ne se fende et que les montagnes ne s’écroulent. Que la clémence d’Allah ne vous enorgueillit car votre Seigneur est à l’affût».
À l’arrivée du convoi au palais de Abd Allah Ibn Ziyad, ce malheureux criminel dit avec réjouissance et fierté : «Louange à Allah qui vous a scandalisé, vous a tué et a démenti vos histoires.» Dame Zaynab prit alors la parole et répondit : «Louange à Allah qui nous a honoré par Son Messager (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance) et qui nous a parfaitement purifié des vices. Allah ne scandalise que le pervers et ne dément que le vicieux qui est autre que nous.» Ibn Ziyad lui demanda alors : «N’as-tu pas vu ce qu’Allah fit de ta famille et de ton frère?». Dame Zaynab dit : «Je n’ai vu que le bien. Ce sont des gens qu’Allah enregistra comme martyrs et les voici martyrisés. Allah vous rassemblera un jour et l’on verra à qui sera la victoire». Il s’exclama alors : «Quel courage! Ton père était un poète courageux». Dame Zaynab répondit : «Fils de Ziyad, de quel courage parles-tu? Le courage n’est aucunement mon souci. Cela m’étonne que l’assassinat de tes Imams te soulage alors que tu es bien conscient de leur vengeance dans l’au-delà».
Remarquant un jeune homme parmi les prisonniers, `Abd Allah Ibn Ziyad se renseigna sur son identité. Apprenant qu’il s’agissait de Zayn al-`Abidîn, le fils d’al-Husayn, Ibn Ziyad voulut le tuer, sauf que Dame Zaynab le défendit farouchement disant : «Tu as suffisamment effusé notre sang et tu t’en es abreuvé! Nous as-tu laissé que lui? Par Allah, je ne me séparerai guère de lui. Si tu veux le tuer, tue moi donc avec lui!» C’est ainsi que, grace à la bravoure de Dame Zaynab, Zayn al-`Abidîn fut le seul survivant de Karbala’ parmi la progéniture de l’Imam al-Husayn (Que la Paix soit sut lui).
Le convoi fut ensuite envoyé vers la Syrie où siégeait Yazîd Ibn Mu`awyah. Dans son palais, Dame Zaynab ne craignit pas non plus de lui adresser ces paroles : «Louange à Allah, Seigneur des mondes et paix et bénédictions sur son Messager et sa descendance pieuse. Penses-tu Yazîd qu’en nous infligeant une défaite et qu’en nous conduisant comme prisonniers, Allah nous aurait humilié et qu’Il t’aurait honoré? Patience! As-tu oublié la parole d’Allah (Exalté soit-Il): “Que les incroyants ne voient pas un avantage dans le sursis que nous leur donnons. Ce sursis ne sert qu’à accroître leur péché. À eux la honte du tourment…” Allah te suffira comme juge, Muhammad (Paix et bénédictions sur lui et sa descendance) comme adversaire et Gabriel comme opposant… Qu’Allah nous rétribue, et réforme notre Califat, Il est certes le Tout Miséricordieux». Yazîd ne put commenter ce que lui adressa Dame Zaynab et lui proposa de l’argent. Dame Zaynab répondit : «Ô combien dur est ton cœur Yazîd? Tu tues mon frère et tu me proposes de l’argent? Par Allah, cela ne sera jamais!»
Dame Zaynab fut ensuite envoyée à Médine. Aussitôt arrivée, elle se dirigea vers le tombeau de son grand-père. On rapporte l’avoir vue accrochée à la porte de la mosquée du Prophète, les larmes coulant sur les joues appelant : «Ô grand-père je t’annonce le martyr de mon frère al-Husayn». Elle se mit ensuite à raconter aux habitants de Médine les événements amers qui se déroulèrent à al-Kûfah. Ceci suscita l’inquiétude du gouverneur de Médine qui avertit Yazîd contre le danger de sa présence dans les terres saintes. On demanda alors à Dame Zaynab de choisir une autre contrée que celle de son grand-père pour s’y installer. Il y a divergence pour ce qui est du choix de la noble dame, certains narrateurs rapportent qu’elle a choisit cham et d’autres ont rapportés qu’elle a émigrée vers l’Égypte.