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Le récit révélateur de la conversion spontanée d’un jeune savant chinois :
Réflexion 3 : Mes premiers pas, mes premières difficultés
Depuis ma conversion du 11 novembre 1995, j’ai essayé de faire mes prières quotidiennes et de pratiquer l’islam en général du mieux que j’ai pu, ou en un mot d’être un musulman tout ce qu’il y a d’ordinaire…
Pourtant quelques jours après cette date déterminante de ma vie, une question me préoccupait et me dérangeait à chaque instant: comment est-ce que j’allais annoncer cette nouvelle à ma famille? Avec elle, comme avec mes amis ou avec les gens en général, je n’ai pas l’habitude de mentir ou de tricher. J’essaie toujours d’être sincère et franc sans un brin d’hypocrisie dans mes relations humaines comme je le fais avec Dieu. En aucune façon, je ne pouvais garder ce lourd fardeau sur moi. D’abord ai-je commis un crime? Ai-je fait du mal à quelqu’un? Ai-je spolié les droits de quelqu’un? Qu’ai-je fait à part prendre ma vie en main? Qu’ai-je fait, pour ne pas avoir le droit de dire à ma famille que je me suis converti à l’islam? Pourquoi n’aurais-je pas cette liberté? Ne s’agit-il pas de ma vie?
Malgré toutes ces questions pertinentes, je savais que cette révélation allait être difficile, vu tous les murs de préjugés qui m’attendaient. Après ma conversion, j’ai rendu visite deux fois à ma famille sans réussir à lui dire, à lui avouer… A chaque fois le courage m’a manqué… Et je me disais que j’allais le faire la fois suivante. Je repoussais ainsi l’échéance pour arriver aux vacances de Noël. Où là, j’ai décidé de le dire en me répétant sans cesse qu’il fallait les affronter, sinon je risquais de reporter encore cette date fatidique. J’avais mauvaise conscience de ne pas leur avoir avoué auparavant. Pour m’aider j’avais demandé à un ami tunisien de m’accompagner et de passer quelques jours à la maison pour que j’accomplisse cette tâche bien ardue. Je m’étais préparé psychologiquement.
Traditionnellement, toute notre grande famille se réunissait chaque année pendant les vacances de Noël pour se retrouver et pour aussi fêter le nouvel an ensemble. Comme à ses habitudes ma mère, avec sa générosité débordante, nous a préparé un gargantuesque repas chinois digne de l’occasion! Il y avait de la bonne soupe pékinoise, des rouleaux de printemps, du poulet, du canard laqué… et même du porc rôti au repas! Nous avions tous commencé à manger, à déguster; et les discussions comme les plaisanteries allaient de bon train. Cependant pour ma part, ce festin n’avait pas la même saveur, le même délice que les autres fois. Je ne pouvais l’apprécier, car je ne cessais de penser à la révélation que j’allais devoir faire… J’étais entouré de tout ce vacarme, mais mon esprit était ailleurs. A chaque bouchée de nourriture, j’étais pensif et dès que je me disais qu’il fallait le dire à ce moment-là, une parole ou une action d’un membre de la famille m’interrompit. Arrivé au beau milieu du dîner, avec la gorge nouée, profitant d’un temps de silence où chacun était concentré sur son assiette, je leur ai enfin révélé ceci: «Voilà, je voudrais vous dire quelque chose. Quelque chose d’important pour moi. Puisque vous êtes tous présents aujourd’hui, je voudrais vous dire que je me suis converti à l’islam il y a à peu près deux mois …».
Un grand silence s’est abattu sur notre domicile. Pas un bruit, pas une mouche n’a pris son envol… Le calme avant la tempête ?! La plupart de la famille s’est arrêtée net de manger. Les rires se sont transformés en renfrognements, les sourires en sévérités. Des questions me sont tombées sur la tête comme une grande averse. Les premières réactions étaient: «Es-tu devenu fou?! Qu’est-ce qui t’as pris?! Pourquoi as-tu fait ça?! Pourquoi es-tu entré dans la religion des Arabes?!».
Certains m’ont lancé des regards sévères qui m’ont jugé et d’autres ont montré de l’étonnement, de l’incompréhension, mais tous ont été choqués par cette annonce. Certains ont simplement fait ce commentaire, comme pour se rassurer: «Cela lui passera, c’est juste une crise de personnalité …!». Mais je vais vous raconter dans les lignes à venir, leurs autres réflexions et allégations plus comiques les unes que les autres.
Face à cette tempête de réactions, j’ai essayé de garder mon calme, mon sang-froid pour ne pas perdre mon objectif, à savoir leur faire comprendre et accepter ma conversion d’une façon douce… J’ai été face à un tribunal dont il fallait répondre à l’interrogatoire! J’ai tenté constamment de calmer l’ardeur de certaines de mes sœurs, l’inquiétude de ma mère… Pour cela, je répétais sans cesse: «Si vous voulez vraiment me comprendre et connaître cette religion, alors donnez-moi du temps… car j’en ai besoin pour vous prouver que j’ai bien réfléchi avant de prendre cette décision et que j’ai eu raison d’avoir fait cela». Certaines de mes sœurs m’ont carrément demandé de leur montrer Dieu pour leur prouver Son existence! Arrivé en fin de soirée, je me sentais fatigué et lassé par toutes ces questions qui n’en finissaient pas. Alors j’ai pris congé d’eux pour pouvoir faire mes prières et me reposer chez la grande sœur. Ce que je fis. Il faut avouer que toute la journée je m’étais préparé, j’avais cherché les mots pour leur dire cette vérité. Une fois cette révélation faite, je me sentais soulagé d’avoir enfin accompli mon devoir et tout ce que je voulais, c’était d’aller dormir tranquillement…
Le jour suivant, au petit matin, une de mes sœurs me réveilla brusquement et me demanda d’aller rejoindre toute la famille qui m’attendait chez les parents, pour à nouveau s’entretenir avec moi. Comme je devais prendre du temps pour me réveiller, pour faire ma toilette et ma prière, finalement c’était une partie de ma famille qui est venue à moi. Mes sœurs et ma mère étaient présentes. Je leur ai demandé ce qui se passait et le pourquoi de ce réveil si matinal. Elles m’ont répondu qu’aucune d’entre elles n’avait trouvé le sommeil après ma mystérieuse confession de la veille!!
Contrairement à moi qui ai dormi comme un bébé, elles m’ont avoué avoir passé une nuit blanche en discussions pour résoudre mon problème. Elles en ont conclu que, soit j’étais devenu fou, soit des gens étaient en train de me manipuler, soit une femme m’avait ensorcelé!!!! Et bien, je dois dire que je ne m’attendais pas à toutes ces conclusions si remarquablement trouvées après une si longue nuit de réflexion! Pour répondre à leur première allégation, je leur ai dit que mes paroles sont cohérentes et que généralement, un fou déraisonne et que ce qu’il dit n’a ni queue ni tête. Ce n’était pas mon cas… Concernant leur deuxième allégation, malgré mes arguments, aucune d’entre elles n’a voulu me croire, répondant que la personne manipulée n’est jamais consciente. Elles m’ont dit qu’elles avaient confiance en moi mais pas en eux, ceux qui étaient en train de contrôler mon esprit!! Surtout que j’habitais à cette époque, loin de toute la famille. Aussi leur suggérais-je de venir me rendre visite et voir ma vie à Rennes. Et pour leur dernière trouvaille, ma mère me demanda de l’accompagner à Paris pour voir un bonze bouddhiste pour qu’il m’enlève cette terrible sorcellerie féminine!!! Je ne pouvais m’empêcher de rire intérieurement. Comme j’avais vu de l’angoisse dans ses yeux, pour la tranquilliser, je lui ai dit que si cela pouvait la rassurer alors je le ferais. Certaines d’entre elles ont commencé à pleurer et m’ont fait comprendre qu’elles n’espéraient plus me revoir, vu que désormais j’allais partir tuer des gens, faire le jihad islamique!!
A ce moment précis, j’avais compris que ma tendre mère et mes sœurs qui ont versé des larmes pour moi m’aimaient et qu’elles avaient peur de me perdre à tout jamais, moi le fils et le frère unique… C’était de l’amour et de l’affection qui se manifestaient dans leurs réactions. J’avais saisi cela. J’essayais par tous les moyens de rassurer ma mère et certaines de mes affectueuses sœurs, mais en vain. Les préjugés étaient si tenaces, tellement tenaces que même aujourd’hui, après huit années de conversion, je sais que certaines de mes sœurs veulent encore que je retourne sur mes pas!! Incroyable, mais tenaces ces préjugés!! Je savais pertinemment qu’il me faudrait énormément de temps, de persévérance pour persuader tout ce petit monde que j’ai pris la meilleure décision de ma vie. Oui, beaucoup de temps… D’ailleurs même aujourd’hui, je me demande si j’ai bien réussi?! Incroyables, mais irréductibles ces préjugés! J’espère du fond du cœur qu’avec le temps, elles vont finir par comprendre le sens profond de ma conviction, et elles vont enfin se rendre compte que je suis loin d’être un fou ou un superficiel…! Je l’espère…
Vu sa plus forte personnalité par rapport à mes sœurs ou à ma mère, mon père eut une réaction plus rude. Il essayait de me déstabiliser et de me faire croire que cette religion appartenait aux Arabes et que j’avais fait un très mauvais choix. Bien que je lui aie démontré le contraire, il n’avait rien voulu entendre. De plus, il me disait que j’allais lui imposer ma religion au détriment de la sienne, et que certainement un jour, je lui demanderais d’enlever son autel de prière. Je lui ai solennellement promis que jamais une telle chose ne se produira. Jusqu’à présent, j’ai tenu mon engagement. J’ai su à cet instant que le convaincre serait impossible, alors je lui ai fait comprendre que je ne demandais que du respect pour ma religion, rien de plus. Pas besoin qu’il approuve, mais juste du respect… et c’est ce qu’il fit tant bien que mal.
Après ces deux semaines de vacances tumultueuses, je suis retourné seul à Rennes. Dans cette université, je préparais un diplôme d’ingénieur en télécommunication, un domaine qui ne me passionnait pas du tout. Rempli d’informatique, de programmation, d’automatisme… rien que des cours qui me déplaisaient. Je n’avais pas trop le choix vu que j’avais fait très peu de demandes d’orientation après ma maîtrise de physique. Alors il fallait finir les deux années qui me restaient, avec des matières dont j’avais horreur! Malgré tout, c’est bien dans cette ville que j’ai commencé à prier, à jeûner, à apprendre mon islam et à connaître la notion de fraternité…
Pour mon premier Ramadan, j’ai bien tenu le coup pour une personne comme moi qui aimait bien la gastronomie! Je me souviens que cette année-là, il y avait énormément de neige dans toute la France! Mais encore, j’avais même jeûné quelques jours avant Ramadan pour m’exercer un peu! Grâce à Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux, j’avais réussi à passer ce test (al-hamdullillah!). D’ailleurs maintenant je me souviens d’un événement. Par ce mois inédit pour moi, beaucoup de généreux frères m’avaient invité à partager leur repas. Cela était très agréable et très chaleureux. Cependant une fois, j’ai été convié par un frère qui me fit entrer dans le salon avec une table qui commençait à se garnir de bons plats. Avec lui, il y avait un autre convive et sa petite fille de 5-6 ans. Pendant ce mois béni pour les musulmans, nous discutions de l’islam, mais toutes les quelques minutes, j’entendais quelqu’un frapper à la porte. Au début, j’ai cru que c’était d’autres invités qui venaient nous rejoindre, mais ce n’était pas le cas. C’était son épouse, à l’abri des regards, qui frappait à la porte de la cuisine pour lui demander d’aller chercher les plats! J’étais perturbé par cette façon de procéder. Alors, j’ai osé demander à mes hôtes si cette attitude était purement islamique. Ils m’ont confirmé avec des hadiths (les paroles et les faits du Prophète) à l’appui, sans hésitation que c’était oui!
A ce moment précis, j’étais vraiment troublé! Mettez-vous à ma place, moi qui ai vécu dans cette société occidentale durant toutes ces années, venant à peine de me convertir et je découvre une attitude que je n’avais jamais rencontrée auparavant!! Il était dans ce cas, tout à fait légitime que cela me choque! Ce sujet embarrassant m’a préoccupé pendant des semaines, des mois et des années. Je ne comprenais pas cette affirmation qui me semblait contradictoire? Me suis-je trompé? Vu que je ne cerne pas tous les aspects de l’islam, qui est un domaine aussi vaste que l’univers, ce paradoxe ne serait-il pas seulement apparent? Quelle image auront les autres de nous? De notre religion? Je me questionnais à ce propos. Comment comprendre cette pratique?
Est-ce vraiment islamique? Est-ce simplement traditionnel? Pourquoi cet événement m’a-t-il tellement préoccupé? Je pense que c’est par souci de comprendre ma religion et d’essayer continuellement d’acquérir du savoir que j’ai toutes ces réflexions. Mais aussi de comprendre comment les autres nous perçoivent, pour que nous puissions nous améliorer tous les jours. Comment les autres pourront-ils nous juger à travers cette attitude? Peut-être que ces gens-là ne veulent-ils pas vraiment nous connaître? Quoique nous fassions, peut-être qu’ils seront toujours contre nous pour de multiples raisons? Les intolérants et les intégristes ne sont pas forcément là où on le croit, mais plutôt du côté de ceux qui pointent habituellement le doigt vers les autres! Le menteur dit toujours que ce sont les autres qui mentent sauf lui. Le voleur dit toujours que ce sont les autres qui volent sauf lui et ainsi de suite… Toujours est-il, qu’il est laborieux pour ma part de répondre à toutes ces questions. J’espère qu’un jour, Le Très-Haut éclairera mon esprit, incha’Allah. En attendant, du fait que je vis dans une société qui n’a aucun rapport avec l’islam, il faut que je m’adapte et que je m’intègre sans concéder ma conviction. De même pour ma future épouse, j’aimerais qu’elle utilise son droit à exercer sa profession. Mais est-ce le cas pour une femme voilée en Occident, ici sur la terre de la liberté? A-t-elle vraiment ce droit de travailler pleinement dans cette société?
J’ai pu constater de visu et en discutant longuement avec des sœurs voilées quelles misères elles vivent en essayant de trouver du travail et de finir correctement leurs études. Ces sœurs martyrisée m’ont également décrit leurs peines face aux remarques et aux réactions désobligeantes des personnes hautement placées… juste à cause de ce bout de tissu sur leur tête? Là-dessus j’essaierai de développer ma vision dans les réflexions suivantes. Comme je l’ai dit, pour l’instant, la souplesse sans concession de mes principes est la solution la plus appropriée et la plus sage que j’aie trouvée pour pouvoir m’épanouir en Occident, sinon je pourrais facilement m’y étouffer…
Face à ces interrogations, durant cette année d’études j’essayais de suivre des cours qui m’intéressaient de moins en moins. Je luttais contre moi-même pour ne pas abandonner l’affaire et pour finir les deux années qui me restaient, mais en vain. C’était comme se forcer à avaler quelque chose que l’on n’aimait pas du tout. Avec douleur, j’ai évité cet échec jusqu’au bout…
Cependant, ce que je redoutais le plus c’était la réaction de ma famille, surtout de certaines de mes sœurs qui pouvaient me dire que «tout cela était à cause de l’islam, cette religion qui m’a fait perdre la tête! A tel point que je ne savais plus étudier!». C’était exactement ce qu’elles m’ont reproché, lorsqu’elles ont su que j’avais abandonné l’école en question. Elles ne m’ont pas raté… Comme si l’échec retentissant que j’avais subi ne suffisait pas, il fallait que certaines en rajoutent. Heureusement, qu’une autre partie des sœurs m’ont exprimé leur compréhension, leur sympathie.
Après ce fiasco dans mes études, en attendant de savoir ce que je voulais faire de ma vie, j’étais parti travailler quelques mois pour gagner de l’argent, chez l’un des plus puissants exploitants de l’esclavage moderne, Mc Donald’s. En fin de juillet, une idée a surgi. Je voulais revenir en arrière pour faire une licence de chimie, pour passer plus tard le concours de Capès, qui m’aurait permis d’enseigner dans le secondaire en tant que professeur de physique-chimie. Cette idée paraissait peu pertinente à ma famille et à mon entourage. Certains de mes amis se sont moqués de moi. Mais je me disais au fond: «rira bien, qui rira le dernier …». Ma mère n’était pas du tout d’accord avec ce projet. Elle tenait absolument à ce que j’aille trouver un travail, que je me marie et fasse autre chose que d’étudier (ce qui est le souci de toute mère affectueuse). Ce que disaient aussi la plupart de mes sœurs. Mais je ne voulais pas abdiquer car je sentais que j’étais capable de m’accrocher encore. C’est alors que j’ai convaincu mes parents de me donner cette dernière chance en m’aidant un peu financièrement jusqu’à la maîtrise, où j’ai trouvé un travail en tant que livreur de pizzas le soir après les cours. Cette année-là, je n’avais jamais mangé autant de pizzas de toute ma vie!! Quel festin pizzarien!! Et j’ai promis à mes parents que si je devais échouer encore, alors cette fois-ci je m’arrêterais pour de bon. Ayant réfléchi, ils me concédèrent cette chance.
C’est ainsi que je repartis sur les bancs de l’école. Reprendre la chimie que j’avais abandonnée depuis trois ans! Il fallait revoir les bases que je n’avais pas pratiquées depuis. C’était un vrai défi! Pour prouver d’abord à moi-même que j’en étais capable, puis à ma famille et enfin à mon entourage à qui je devais l’adage «rira bien, qui rira le dernier …». D’ailleurs aujourd’hui parmi tous ces gens qui se sont moqués de moi, il n’y en a pas eu un seul qui a fait quelque chose de sa vie, dans tous les sens du terme. Bref, ne perdons pas notre temps… laissons les ramassis entre eux.
Ma licence de chimie s’est tellement bien déroulée que j’en étais surpris par les notes obtenues. Mes amis libanais m’ont convaincu de poursuivre mon troisième cycle universitaire au lieu de passer le Capés et de ne pas m’arrêter ainsi en si bon chemin, surtout avec ces excellentes notes. Ils me disaient que cela serait dommage de gaspiller une intelligence en s’arrêtant si tôt, car l’islam a besoin de gens instruits et hauts placés dans la société pour défendre sa cause. Ils avaient bien raison. Si j’en suis là, c’est tout de même grâce à eux. Je ne peux l’oublier, je leur suis redevable bien qu’avec leur grande magnanimité, ils ne m’aient jamais rien réclamé en retour. Je leur suis reconnaissant. Je donne toujours à César ce qui lui appartient, autrement cela s’appelle de l’ingratitude ou du vol… Grâce à leurs argumentations, j’ai fini par espérer décrocher mon doctorat. Ils m’ont soutenu tout au long de mes difficultés, ce que n’avait pas fait une partie de mes sœurs. Au contraire, elles envenimaient mes relations avec les parents.
A ce propos, je me souviens être intervenu lors d’une dispute entre mes parents. Je l’ai regretté amèrement et me suis promis à l’avenir de ne plus me mêler de leurs affaires, car trop de souffrances y sont passées dans cette histoire. En effet, comme toute dispute, parfois cela dégénère et chacun peut faire et dire des choses qu’il regrette plus tard. Mais cela n’était pas si grave. C’était plutôt la réaction de certaines sœurs qui n’était pas sans conséquences. Au lieu de comprendre que je m’étais interposé pour que cette dispute cesse, elles en ont déduit, depuis ma conversion à l’islam, que j’étais devenu un sauvage, un individu qui n’avait même plus de respect pour les parents!!!! Malgré ma conviction que l’interprétation était fausse, la sentence a tout de même brisé mon cœur. Mes propres sœurs qui me traitaient de sauvage et d’irrespect, moi!! Elles m’ont sous-estimé, dévalué… Cela m’a fait trop mal, c’était trop douloureux de l’entendre. Comme si elles n’en avaient pas assez fait, toujours ce même groupe a coupé le contact avec moi. Plus de nouvelles, plus d’existence d’une partie de mes sœurs durant les six années suivantes. Pourquoi avaient-elles agi ainsi avec moi? Est-ce le fait que je me sois converti à l’islam? Est-ce par sadisme, par méchanceté? Est-ce par bas calcul matérialiste? Est-ce par manque d’amour pour moi?
En tout cas, la cicatrice est profonde. Même jusqu’à présent, j’ai du mal à leur pardonner. Si je décide un jour de ne plus leur tenir rigueur de cette cruauté gratuite, je le ferai pour l’amour de ma religion et de mon Seigneur. Personne ne pourra me reprocher de ne pas les excuser dans l’immédiat, car j’ai besoin de temps pour panser cette plaie qui a été ouverte durant de longues années. Une telle cassure ne peut être recollée du jour au lendemain… Cela est impossible… Seul le temps pourra m’aider… Suite à cet échec à l’université de Rennes, j’avais tellement besoin de leur encouragement, de leur soutien moral qui ne me parvenait jamais. Au contraire, je n’entendais que des critiques et des reproches continuels. Ce groupe m’a lâchement abandonné… En tout cas, Allah m’a guidé vers une autre famille qui a su me donner cette affection, ce support moral et ce confort psychologique qui m’ont permis de réussir. Comme je l’avais déjà mentionné, mes amis libanais m’ont tant apporté. Pour toujours quelque part dans mon esprit, ils resteront gravés, constellés. Je souhaite de tout cœur qu’ils réussissent dans leurs vies, truffées d’obstacles et de rudes épreuves. En écrivant ces quelques mots, je sens mes larmes qui se répandent… Je ne peux les contenir… Je prie Allah de leur ouvrir Son aile de Miséricorde, comme ils l’ont fait avec moi. J’espère qu’ils n’oublieront pas… le petit chinois naïf que j’étais, qui a grandi et mûri à leur côté… Je l’espère…
Allah, mon Sauveur, n’a pas cessé de me protéger et de m’orienter. Il est mon secours, mon espoir et le vrai sens de ma vie… al-hamdullillah Rabbi-il-âlamin!