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Aucune époque ne s’est préoccupée autant que l’a fait la nôtre, du danger de l’écroulement de la structure de la famille et de ses conséquences, et aucune autre époque n’a souffert sur le plan pratique autant que notre époque de ce danger et de ses conséquences négatives.
L’augmentation du nombre des divorces dans la vie moderne
Jadis on ne prêtait pas beaucoup d’attention au problème du divorce, à ses causes et à ses mauvaises conséquences, ni on ne prenait de mesures en vue de le prévenir. Toutefois les cas de divorce étaient de très loin moins nombreux que ceux d’aujourd’hui. Il ne fait pas de doute que la différence entre le passé et le présent est due au fait que maintenant les causes du divorce ont augmenté. La vie sociale a pris une telle tournure qu’aujourd’hui il y a beaucoup plus de motifs de séparation et de dislocation des liens familiaux, et c’est ce qui a rendu vains les efforts des sociologues et des spécialistes de ce domaine, en vue d’endiguer ce fléau. Malheureusement, il y a fort à parier que l’avenir sera pire que le présent sur ce plan.
Le magazine américain “Newsweek” écrit dans un article intéressant intitulé “Le Divorce en Amérique” qu’il est plus facile de divorcer que de prendre un taxi aux Etats-Unis. “Newsweek” ajoute que deux proverbes relatifs au divorce sont répandus, parmi les Américains, plus que tout autre proverbe. L’un dit : «Même la pire des réconciliations entre un homme et sa femme vaut mieux que le divorce». Il vit depuis 400 ans. L’autre, qui traduit une vue diamétralement opposée et qui a gagné du terrain au cours de la seconde moitié du 20e siècle, dit : «Le second amour est plus plaisant que le premier».
L’article montre que «le second proverbe a trouvé plus d’illustration aux Etats-Unis, où le mirage du divorce attire non seulement les nouveaux-mariés, mais aussi leurs mères et les vieux couples. Et c’est à tel point que la moyenne annuelle de divorces n’est jamais descendue au-dessous de 400000, dont 40 % concernent des couples mariés depuis plus de 10 ans, et 13 % depuis plus de 20 ans. L’âge moyen des 2 millions de femmes divorcées aux Etats-Unis est de 45 ans. 62 % d’entre elles étaient mères d’enfants âgés de moins de 18 ans. Ces femmes forment en fait une génération spéciale.
«Bien que la femme américaine se sente tout à fait libre après le divorce, il n’empêche que la femme divorcée, qu’elle soit jeune ou d’âge moyen, est loin de retrouver une vie heureuse. Il est facile de se rendre compte que ces femmes divorcées restent malheureuses, car on constate qu’un nombre croissant d’entre elles fréquentent les cabinets des psychiatres ou sombrent dans l’alcoolisme. Une femme divorcée sur quatre est alcoolique. Le taux moyen de suicide parmi elles est trois fois supérieur à celui de femmes qui conservent leurs maris. Bref, dès qu’une femme sort victorieuse de son procès de divorce, elle ne tarde pas à réaliser que sa vie après le divorce est loin d’être rose. Le monde peut difficilement avoir une bonne opinion de la femme qui dissout son mariage, lequel est la forme la plus solide des relations humaines. La société peut respecter une telle femme et même l’envier, mais personne ne songerait à en faire la partenaire en qui il pourrait chercher le bonheur.»
Dans cet article de Newsweek, la question qui a été soulevée est de savoir si la croissance des cas de divorce est due plutôt à l’incompatibilité de tempéraments entre le mari et la femme, ou bien à d’autres facteurs. L’auteur de l’article dit que «même si l’incompatibilité de tempérament est admise comme étant la cause de séparation entre les couples nouvellement mariés, comment peut-on expliquer le cas de ceux qui ont été mariés depuis bien longtemps ? Si l’on tient compte des avantages que les lois américaines procurent à la femme divorcée, la réponse à cette interrogation est que la cause du divorce dans les mariages de vieux de dix ans et vingt ans n’est pas l’incompatibilité de caractère entre les deux époux, mais le refus de supporter les anciens désaccords et le désir d’avoir plus de plaisirs et de nouvelles jouissances. A l’ère de la contraception, de la révolution sexuelle et de la hausse de la côte de la femme, une idée a fait son chemin parmi les femmes, selon laquelle le plaisir doit passer avant la sauvegarde de la famille. Ainsi, on voit souvent, dans un couple qui a vécu ensemble pendant de longues années, mis au monde des enfants, partagé le bonheur et le malheur, la femme décider subitement d’obtenir le divorce, sans qu’aucun facteur soudain soit intervenu dans la condition morale ou matérielle de sa vie conjugale. La raison de cette décision subite réside dans le fait que, jusqu’à la veille, elle était disposée à supporter la vie monotone, alors que maintenant, elle ne veut plus l’accepter. La femme américaine d’aujourd’hui est plus désireuse de plaisir que celle d’hier, et beaucoup moins encline à supporter le manque que sa grand-mère.»
La croissance des cas de divorce n’est pas limitée aux Etats-Unis. Partout où le mode de vie occidental moderne prévaut plus ou moins, le nombre des divorces va croissant. Même en Orient, le divorce est nettement plus courant dans les grandes villes modernisées que dans les petits villages du pays profond.
L’environnement américain est propice au divorce
Nous avons déjà dit, citant Newsweek, que la femme américaine fait passer le désir du plaisir avant la stabilité de la vie conjugale. Voyons maintenant pourquoi elle adopte une telle attitude ? Il est certain que cette attitude n’est ni naturelle ni instinctive. Il y a quelque raison sociale derrière elle. C’est le milieu ambiant américain qui a inculqué cette mentalité à la femme américaine. Certains esprits occidentalisants s’efforcent, avec application, de pousser la femme orientale à suivre la voie que les femmes américaines ont empruntée. S’ils réussissent, le sort de la femme orientale et de la famille orientale ne sera pas différent de celui de la femme et de la famille américaines.
Un quotidien français éminent écrit que «dans plus de 200 restaurants et cabarets de la Californie, les serveuses travaillent la poitrine nue. Le maillot de bain sans soutien- gorge a été reconnu comme la tenue vestimentaire de travail à San Fransisco et Los Angeles. Des dizaines de salles de cinéma à New York projettent des films pornographiques, en exposant sur leurs devantures des affiches de femmes nues. Certains de ces films ont pour titres : “L’échange d’épouses”, “Des filles immorales”, “Le vêtement qui ne cache rien”. Dans les vitrines des librairies, il est rare de voir un livre dont la couverture ne montre pas la photo d’une femme nue. Même les livres traditionnels ne font pas exception. Des titres tels que : “Le comportement sexuel d’un homme en Occident”, “Le comportement sexuel des jeunes au-dessous de 20 ans”, “Les nouvelles méthodes de faire l’amour, d’après les plus récentes informations” sont très courants.»
L’auteur de l’article du quotidien français s’exclame : «Où va l’Amérique !»
Dans un tel environnement, si la femme américaine a perdu son équilibre, et qu’elle préfère le plaisir à la fidélité à son mari et à sa famille, elle n’est pas à blâmer. C’est l’atmosphère sociale qui a secoué la racine même du système familial sacré.
Il est surprenant que les avant-gardes de notre époque fassent tout pour augmenter les causes du divorce et de la désintégration de la vie familiale d’une part, et se lamentent sur la hausse du taux de divorces d’autre part. Ils font comme si l’on disait à quelqu’un de ramoner une cheminée, en lui demandant de ne pas salir ses vêtements.
Cinq théories
Maintenant essayons de voir si le divorce est, en principe, une bonne chose ou une mauvaise chose.
La question de savoir s’il est bien de laisser la porte du divorce grande ouverte, même avec le risque de la désintégration de la vie familiale ? Si c’est bien, il n’y a pas de mal à ce que le taux de divorces soit en hausse. Et si c’est déconseillé, doit-on alors fermer complètement la porte du divorce pour que l’union conjugale reste éternelle ? Une troisième alternative est que le divorce ne devrait pas être aboli légalement, car dans certaines circonstances il est inévitable, mais que la société devrait, en même temps, prendre toutes les mesures possibles pour éliminer les facteurs du désaccord et de la séparation entre les deux époux, et sauver ainsi les enfants du danger d’une vie sans foyer. Evidemment, la loi ne peut rien contre le divorce, si la société elle-même encourage les causes qui conduisent au divorce.
Si le divorce n’est pas totalement aboli, sous quelle forme devrait-il être autorisé ? Qui devrait exercer le droit de divorce ? Le mari, la femme, ou tous les deux ? Dans le troisième cas l’homme et la femme auront-ils la même procédure pour obtenir le divorce, ou bien chacun de deux sexes devrait-il avoir une procédure séparée ?
En tout état de cause, il y a cinq théories relatives à la question du divorce :
1 – Le divorce est libre, et sans aucune restriction morale ou légale. Il y a ceux qui regardent le mariage seulement du point de vue de la recherche du plaisir, qui n’y voient aucun caractère sacré, et qui ne prennent pas en considération la valeur sociale du foyer conjugal et de la famille. Ils pensent que le plus vite les liens du mariage sont noués, renouvelés, et changés, le plus grand sera le plaisir offert à l’homme et à la femme. Les gens qui disent que “le second amour est plus plaisant”, soutiennent cette théorie. Celle-ci a ignoré la valeur sociale de foyer familial et oublie le bonheur, l’entente, et la fidélité qu’on ne peut obtenir que par la continuation de la relation conjugale et la fusion de deux âmes en une seule. Ainsi, cette théorie est la théorie la plus puérile et la plus immature dans ce domaine.
2 – Le mariage est un pacte sacré. C’est une union de deux cœurs et de deux âmes, qui doit rester saine et sauve. Le mot divorce doit être banni du dictionnaire de la société. La femme et l’homme qui se marient doivent savoir qu’à part la mort rien ne peut les séparer.
C’est cette théorie qui a été préconisée pendant des siècles par l’Eglise Catholique, et qui l’est encore.
Les partisans de cette théorie sont en nombre décroissant dans le monde. Seules l’Italie et l’Espagne catholique y adhèrent encore. Nous avons souvent entendu que, même en Italie, les hommes et les femmes élèvent la voix contre cette loi, et que des efforts y sont déployés en vue de reconnaître officiellement le divorce. Beaucoup de gens ne veulent plus continuer à souffrir le martyre de l’échec de leur mariage.
Il y a quelques années, le Daily Express a publié un article sous le titre : “Le Mariage en Italie est synonyme de servitude pour la femme”. L’article dit que : «A présent, à cause de l’inexistence du divorce, beaucoup de gens en Italie sont acculés à des relations sexuelles illégales. Plus de cinq millions Italiens croient que leur vie n’a été que péché.»
Un quotidien italien a écrit : «La prohibition du divorce a créé un grand problème aux Italiens. Beaucoup d’entre eux ont renoncé à leur nationalité italienne pour cette même raison. Lorsqu’une agence italienne organisa un sondage d’opinion, 97 % des femmes sondées ont répondu par la négative à la question de savoir si le divorce est contraire ou non aux principes religieux.»
Quant à l’Eglise, elle persiste dans son opinion et s’efforce de démontrer le caractère sacré du mariage et la nécessité de sa consolidation.
Il ne fait pas de doute que le mariage est un lien sacré et qu’il doit être durable et éternel. Mais il ne peut durer que si les deux époux coopèrent l’un avec l’autre. Il y a des situations dans lesquelles une compréhension ou une entente mutuelle entre une femme et son mari n’est pas possible. Dans de telles circonstances, les forces de la loi ne peuvent être employées pour les amener à s’attacher l’un à l’autre au nom du lien conjugal. La théorie de l’Eglise a été un échec total. Il n’est pas improbable que l’Eglise elle-même soit contrainte rapidement de réviser ses vues. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire que nous nous attardions davantage sur l’opinion de l’Eglise et sur la critique de cette opinion.
3 – Le mariage est dissoluble par l’homme et non par la femme. Dans le monde antique, beaucoup de gens soutenaient une telle vue, mais maintenant nous ne pensons pas qu’elle ait encore des partisans.
4 – Le mariage est une institution sacrée, et le système familial est respectable, mais la possibilité de divorcer sous certaines conditions doit être offerte aux deux époux, et la procédure de la dissolution du mariage doit être la même pour les deux.
Les tenants de “la similarité des droits familiaux”, improprement appelée “l’égalité des droits pour l’homme et la femme” appuient cette théorie. Selon eux, les mêmes conditions, les mêmes limites, et les mêmes restrictions qui existent pour la femme doivent exister également pour l’homme, et les mêmes voies qui ont été ouvertes à l’homme pour qu’il sorte de l’impasse du mariage doivent être ouvertes également devant la femme ; autrement il y aurait injustice et discrimination.
5 – Il ne fait pas de doute que le mariage est une institution sacrée, que le système familial est respectable, que le divorce est détestable, et que c’est un devoir essentiel pour la société d’éliminer les causes du divorce. Mais, en même temps, il ne faut pas que la loi ferme la porte du divorce devant les mariages non réussis. Les moyens de se sortir des entraves du mariage doivent être ouverts à l’homme et à la femme, à condition que la procédure que l’homme doit suivre pour sortir de l’embourbement de son mariage lui soit spécifique, à lui, et que celle que la femme doit suivre lui soit spécifique, à elle. Le divorce est l’un des domaines où les droits de la femme et ceux de l’homme sont dissemblables.
C’est cette théorie qui représente le point de vue islamique, et que les pays musulmans appliquent, imparfaitement (et non complètement).
A notre époque, le divorce est devenu un problème mondial, car tout le monde se plaint et se complaint à son propos. Ceux dont la loi interdit totalement le divorce se plaignent de l’inexistence d’un moyen d’échapper des mariages ratés et mal assortis. D’autre part, ceux qui ont ouvert la porte du divorce devant aussi bien l’homme que la femme, se plaignent de la hausse du taux des divorces, et de l’instabilité de la vie familiale et de ses effets nuisibles. Ceux qui ont accordé le droit du divorce aux hommes seulement se disent aussi insatisfaits pour deux raisons :
Premièrement, certains hommes, divorcent d’une façon inattendue, après de longues années de vie conjugale commune, et divorcent de leurs femmes qui ont passé la meilleure partie de leur jeunesse avec eux, tout simplement parce qu’ils se sentent subitement désireux d’avoir une nouvelle femme.
Deuxièmement, certains hommes, d’esprit mesquin, refusent de divorcer d’une femme avec laquelle il n’y a pas d’espoir de vivre en harmonie et bonne entente.
Il arrive souvent que, pour une raison quelconque, les différends entre un mari et sa femme atteignent un tel stade qu’il n’y a plus aucune possibilité de réconciliation, et qu’ils vivent pratiquement séparés l’un de l’autre. Dans de telles circonstances, la seule solution qui reste est de couper légalement les relations qui ont été déjà rompues pratiquement, et de permettre ainsi à chacun d’eux de chercher un nouveau partenaire. Malheureusement, certains hommes, par malveillance, et voulant harrasser leurs femmes et les empêcher de jouir d’une nouvelle vie conjugale, refusent de divorcer d’avec elles. Ils laissent leurs femmes “comme en suspens” selon les termes du Coran.
Ces hommes sont à mille lieues des enseignements de l’Islam, bien qu’ils utilisent l’autorité de la loi islamique pour justifier leur attitude inconvenable. Leur conduite donne l’impression, à ceux qui ne connaissent pas en profondeur l’esprit des enseignements islamiques, que c’est comme cela que l’Islam conçoit le divorce. C’est ce qui a permis aux détracteurs de l’Islam de se demander avec sarcasme si l’Islam a vraiment autorisé les hommes à harasser leurs femmes à leur guise, tantôt en divorçant d’avec elles, tantôt en refusant le divorce, tout en ayant la conscience tranquille d’exercer leur droit légitime et légal.
Ils disent qu’un tel comportement constitue un exemple flagrant d’injustice et de cruauté. Ils se demandent, s’il est vrai, comme les Musulmans l’affirment, que les lois islamiques ont été fondées sur la justice et la droiture, quelles mesures l’Islam a-t-il prises pour prévenir une telle injustice.
A propos de la cruauté et de l’injustice de tels actes, il n’y a aucun doute. Nous mentionnerons plus loin tout ce que l’Islam a entrepris pour les empêcher. Mais ce qui importe, c’est de savoir quel est le moyen le plus approprié pour prévenir cette injustice et cette cruauté. Les actes d’injustice sont-ils dus à des défauts dans la loi du divorce, ou bien faut-il chercher leurs causes ailleurs ? Peut-on les éliminer en modifiant la loi, ou d’autres mesures sont-elles nécessaires à cet égard ?
L’Islam a ses propres vues sur les solutions des problèmes sociaux. D’aucuns pensent que ces problèmes peuvent être résolus soit par la promulgation d’une nouvelle loi, soit par la modification des lois existantes. Mais l’Islam réalise qu’une loi a ses limites propres. Elle ne peut être efficace que dans le cadre des relations sèches et contractuelles entre les gens. Mais quand il s’agit des relations sentimentales, la loi n’y peut rien à elle toute seule. D’autres mesures sont nécessaires pour résoudre le problème.
Comme nous allons le voir, l’Islam a utilisé pleinement la force de la loi, là où elle pourrait être efficace. Et elle n’a pas échoué à cet égard.