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On peut s’appuyer sur l’existence de l’âme et son indépendance à l’égard du corps comme une preuve indiscutable de la résurrection, et d’un univers après la mort.
Les savants qui se sont penchés sur les aspects obscurs de l’âme ont émis plusieurs hypothèses. Mais au fur et à mesure que prennent de l’ampleur les débats philosophiques, que les sciences se répandent et que s’accroît la culture, des signes plus évidents de l’existence de l’âme en tant qu’entité indépendante voient le jour, bien que nous n’ayons pas réalisé le succès total au sujet de la connaissance de la nature de l’âme, et que nous n’ayons pas écarté les voiles sur tous les secrets complexes de cet élément éternel.
Pour cette raison, le Coran considère la nature de l’âme comme une vérité insaisissable que l’homme ne connaîtra jamais avec précision. Quand on interrogea le Prophète – que la paix de Dieu soit sur lui et sur ses descendants – au sujet de l’âme, le Coran répondit:
«Et ils t’interrogent sur l’Esprit – Dis: «L’Esprit est de l’affaire de mon Seigneur.» Et on ne vous a apporté que peu de science.»(1)
14 siècles sont passés depuis cette réponse coranique au cours desquels le domaine du savoir humain s’est étendu par rapport à ce qu’il était au temps du Prophète de l’Islam, et rien de fondamental n’est venu compléter cette réponse. De nos jours encore le secret de l’âme ici échappe à l’entendement humain, et nul n’a pu jusque le percer, ni l’expliquer. Nous demeurons donc à cet égard, comme le Coran l’a clairement énoncé, enveloppés dans un voile de mystère et de confusion et il semble peu probable qu’on parvienne un jour à le lever.
Le philosophe français Henri Bergson écrit à ce sujet:
«Posons comme postulat, comme le fit Platon, une définition de l’âme, et disons qu’elle ne se désintègre pas car elle est simple, ni ne se corrompt car elle est indissociable; et qu’elle est éternelle de par sa nature. Puis après, nous aborderons, par la voie de déduction, l’idée de la descente des âmes dans le temps, puis l’idée du retour à l’éternité. Mais que direz – vous à un homme qui nie l’existence de l’âme ainsi définie? Et comment résoudrez – vous réellement les questions relatives à l’âme, son principe réel, son devenir réel, ou plutôt comment pourrez – vous vous les poser en termes réels? Tout ce que vous aurez fait sera de réfléchir en théorie sur un concept intellectuel peut – être vide, ou d’expliquer incidemment le sens d’un mot attribué par la société à une partie du réel, découpée pour les commodités du discours?
La décision demeurera profonde tant que la définition sera fortuite (accidentelle).
Après deux mille ans de réflexion basée sur lui, le concept platonique n’a guère fait progresser d’un seul pas, notre connaissance sur l’âme.» (2)
Le docteur Chaucer, chercheur anglais écrit:
«Certains ont affirmé que l’ensemble des actes mécaniques du cerveau constituent le «moi» ou «l’essence».
D’autres encore ont prétendu que l’on devrait lui ajouter une étincelle mystérieuse qui sort du corps au moment de la mort.
Vous savez que les philosophes ont longtemps réfléchi sur l’âme, sa nature, sa place dans le corps, et si elle est périssable ou éternelle. Mais cette question n’a toujours pas reçu une solution définitive, et continue d’être l’objet de réflexion des savants.
Beaucoup de penseurs, des temps récents, ont décidé d’étudier la question sous un autre angle, et se sont fixés pour règle d’écarter le problème complexe et obscure de l’âme et d’étudier seulement la mentalité et la psychologie, c’est –à- dire un ensemble de sentiments, de croyances et d’idées.» (3)
Si l’homme prêtait vraiment attention à son échec dans le domaine de la connaissance de l’âme, comment pourrait – il se retenir de reconnaître qu’il existe une force mystérieuse qui nous incite à nous incliner devant le Créateur et à Le glorifier?
Personne, même parmi les matérialistes dont les opinions divergent radicalement avec celles des adeptes des religions, n’a pu aller jusqu’à nier cette vérité. Ils reconnaissent comme acceptables les sciences comme la psychologie, et la médecine psychosomatique; mais la différence essentielle réside en ce que les savants religieux et les métaphysiciens croient en l’existence d’une autre chose qui concerne la vie humaine, qui est distincte au corps matériel, et qui fait partie des réalités pures et immatérielles, dotée d’une nature spécifique, et qui est la source de la méditation et de la réflexion.
Cela ne veut pas dite que le corps et l’âme soient distincte dans la réalité, l’un étant complètement indépendant de l’autre. Ils forment deux réalités liées, ayant en même temps deux natures différentes.
Quant à la pensée philosophique matérialiste, elle tourne autour de l’idée qu’il n’existe pas d’essence indépendante de la matière appelée Ame.
Ils persistent dans cette idée en arguant de ce que toute l’activité du cerveau et de ses systèmes obéissent aux lois de la matière, et ne consiste qu’en effet physique, et des actions et réactions chimiques des cellules cérébrales et nerveuses.
Notre système nerveux transmet nos perceptions à l’organe central qui est le cerveau, et ces perceptions constituent une unité dont on ne peut dissocier les parties les unes des autres; les phénomènes spirituels ne sont rien d’autre que ces activités physico – chimiques. Et lorsque les cellules de cerveau se disloquent et se dispersent, que les réactions entre les différents organes du corps s’annulent, et que les cellules cessent de se mouvoir et de se reproduire, il ne reste alors rien de la réalité de l’homme qu’un corps matériel. On ne peut donc pas admettre une forme de subsistance spirituelle, et l’existence d’une chose d’essence différente, indépendante et non – naturelle, et cela parce que la modalité d’apparition des êtres et de leur subsistance est conditionnée par les liens matériels dans le temps et dans l’espace.
Et c’est là que diverge la conception divine de la conception matérialiste, et que chacune prend sa propre orientation.
Si nous admettions la thèse matérialiste, l’homme ne consisterait qu’en un appareil composé d’instruments et de différents moyens, et qui perd la vie et la faculté de penser lorsque se disloque l’influence réciproque entre les parties de sa matière corporelle.
Cette thèse ne peut pas expliquer la nature de l’esprit humain, ni celle de l’homme lui – même.
Il est vrai que le corps obéit aux lois de la physiologie, mais cela ne veut pas dire que l’homme est entièrement régi par des lois matérielles. Il est également vrai qu’il existe un lien entre les phénomènes spirituels et les cellules cérébrales, en ce sens que l’esprit n’est capable, dans cet univers, d’aucune activité, autrement que par l’intermédiaire d’un ensemble de moyens et de causes.
Les cellules du cerveau et les neurones et les réactions chimiques du cerveau, tout cela constitue des moyens pour l’esprit, et ce dernier exerce son activité par l’intermédiaire de ces moyens.
On peut s’interroger dès lors si l’esprit et ses activités – comme la volonté, la décision, la compréhension constituent – ils des réalités indépendantes de la matière, ou bien sont – ils des réalités matérielles pures dépendantes des lois matérielles en toute circonstance et dans toutes les conditions?
Lorsque nous parlons avec une personne éloignée de nous au moyen d’un appareil téléphonique, l’auditeur principal est – ce nous ou bien le combiné?
Il en va de même au sujet du cerveau. Les cellules cérébrales constituent les outils de travail de l’esprit et ne créent pas l’esprit. Et tous les arguments avancés par les matérialistes pour démontrer leur thèses, établissent seulement qu’il existe une relation entre les perceptions de l’homme et les cellules de son cerveau, et non que ce dernier accomplit l’acte de perception, et aucun penseur adepte de la religion ne prétend que la pensée est éloignée de toute influence des cellules cérébrales.
Les savants matérialistes ont beau s’appuyer sur les sciences expérimentales et les travaux de laboratoires pour démontrer le lien entre la perception et l’intellect d’une part, et les réactions chimique cérébrales d’autre part, cela ne prouve rien d’autre sinon que les nerfs et le cerveau ont un rôle décisif et déterminant dans la réalisation de la perception et des situations psychologiques.
On ne peut en aucun cas conclure de ces expériences que la réalité de l’esprit et de l’âme ne consiste en rien d’autre qu’en ces moyens et en ces réactions chimiques et physiques. Enfin, démontrer cette relation ne suffit pas pour éclaircir les propriétés de la perception et de la conscience.
Pour donner un exemple, comparons l’esprit à l’énergie électrique employée pour faire fonctionner un appareil donné. A chaque rupture de courant électrique l’appareil connaîtra une phase de mort apparente, bien que l’ensemble de ses pièces soient en bon état.
Par conséquent, la relation de l’âme et du corps cesse avec la mort de l’homme, mais cette rupture ne signifie pas dépérissement et anéantissement de l’âme et de l’esprit. C’est un état comparable à celui que connaissent un appareil téléphonique, un récepteur radiophonique ou de télévision quand ils sont en panne. Nous ne percevons aucune voix, et nous ne voyons aucune image sur l’écran, parce que le moyen de liaison a cessé de fonctionner, alors que l’image et le son existent partout, sans que pour notre part nous les percevons. Nous n’en avons conscience que lorsqu’ils nous sont transmis par ces appareils.
Donc, de même que dans le cas d’une panne du combiné téléphonique, du récepteur radiophonique ou de la télévision, le son et l’image continuent d’être émis, et ont une existence indépendante du fonctionnement de ces appareils, de même l’âme humaine jouit de son autonomie tout en étant liée au corps, et ne disparaît pas avec le dépérissement du corps.
Nous savons que le fonctionnement des différents organes du corps – qui se ressemblent plus ou moins – est fondamentalement différent du fonctionnement du cerveau. Par exemple, le fonctionnement des reins et de tous les organes consiste en activité physique et chimique et est lié avec le système interne.
Alors que les phénomènes spirituels sont liés au monde extérieur, et distincts de notre existence. Il est évident que le monde extérieur ne se présente pas à la profondeur de notre existence; il nous faut cerner les entités extérieures par la connaissance et le savoir, et les cellules du cerveau sont incapables d’accomplir une telle mission.
Ces cellules ont beau subir l’influence du milieu extérieur, comme toutes les parties du corps, elles ne peuvent accéder à une connaissance de ce milieu. S’il en était ainsi, nous nous servirons de notre système digestif ou de notre poumon pour appréhender les choses extérieures. Par conséquent, les particularités de nos perceptions nous démontrent la domination d’une autre réalité sur notre existence.
Lorsque nous discernons entre le vrai et le faux, que nous percevons la beauté et la distinguons de la laideur, nous traitons en réalité de chose s extérieures que nous soumettons à des critères. Il existe donc une force qui discerne le vrai du faux, le juste et l’erreur, et c’est cette force qui peut nous expliquer la réalité obscure de l’âme, car le jugement et le discernement échappent au cadre du système nerveux, et procèdent de la pensée et de l’activité intellectuelle, et l’on ne peut les expliquer par les sens et l’expérimentation.
Cette lumière invisible qui emplit notre intimité et nous confère la capacité de discerner entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le beau et le laid, n’est autre que cette réalité absolue, cette âme éternelle qui est l’axe de tous les événements temporels, et qui demeure fixe et indissociable.
Il existe une autre réalité pour démontrer l’indépendance de l’âme: c’est l’unité de la personnalité que l’on retrouve tout au long de la vie de l’individu.
Sans doute, la connaissance qu’a l’homme de son existence n’est pas la même qu’il a des objets extérieurs.
Car la connaissance de ces derniers se fait par l’intermédiaire des représentations mentales de ces objets. Par conséquent, notre connaissance des objets extérieurs relève de la «science acquise» (‘ilm hossouli), alors que la connaissance de l’homme de sa propre existence ne se fait pas par la représentation mentale.
C’est un savoir présent en lui en tout temps et inséparable de lui. C’est pourquoi on l’appelle: «science présentielle » (‘ilm hodhouri).
C’est une science permanente, ne connaissant ni altération ni dépérissement. Il jouit de la continuité et de l’invariabilité dans la conscience, les sens et l’observation. Cette science est considérée comme représentant le savoir le plus évident de tout être humain.
Cette réalité qui échappe aux deux règles de changement et dépérissement propres à la réalité objective (extérieure), qui dirige et domine le corps terrestre eu n’obéit à aucune contrainte biologique, et que nous appelons le «moi», est une seule et même chose depuis les premières étapes de la vie jusqu’à ses derniers instants; et c’est par elle que l’homme accède à l’éternité.
Au point de vue des rangs existentiels, elle se situe toujours sur un niveau qui ne se confond jamais avec celui de la matière. Tout homme garde et préserve l’unité de sa personnalité tout au long des étapes successives de sa vie.
Voyons à présent si cette réalité particulière est cet ensemble de cellules cérébrales ou quelque chose d’autre.
Nous savons que l’ensemble des cellules du cerveau se renouvellent complètement tous les 7 ans environ, grâce à l’alimentation que le corps reçoit de l’extérieur.
Certaines cellules se transforment en énergie, et de nouvelles cellules naissent pour remplacer celles qui sont mortes.. Et tout être vivant est ainsi reconstitué plusieurs fois dans sa vie, en raison des changements et transformations que subissent les cellules et les organes de son corps.
Si notre existence se réduisait seulement à ces parcelles de matières, et que n’existait aucune force invisible dominant cette communauté cellulaire et l’ordre régissant le corps, notre essence devrait nécessairement présenter des caractéristiques matérielles. Et aucun être humain n’aurait eu la conscience d’être toujours la même personne qu’il fut dix ans auparavant, car le système nerveux et le cerveau ainsi que tout le corps auraient, pendant cette période de temps, renouvelé toutes leurs cellules. Or, chacun de nous a conscience d’être doté d’une réalité permanente invariable tout au long de sa vie, et qui est ce qu’on appelle la personnalité.
Tout homme peut méditer sur son intérieur, (bâtin), et concevoir l’existence en lui d’une âme pure, différente qualitativement de son existence physique. Chacun de nous perçoit en lui – même une sorte d’autonomie, de continuité, de présence constante; et ce sont là des faits incompatibles avec l’existence matérielle en constante transformation.
Une chose qui exerce sa souveraineté sur le corps, et qui ne lui ressemble pas en ce qu’elle échappe à l’anéantissement, ne peut pas être considérée comme un produit de la matière ni soumise à ses lois. De telles hypothèses sont incapables d’expliquer la réalité humaine.
Chris Morisson dit:
«Il est admis que l’existence et la formation de cet univers ne sont pas accidentelles, car le système de l’univers fonctionne selon des lois déterminées.
L’émergence de l’homme doué de la raison et de la faculté de penser, parmi le règne animal, est une question encore plus importante et plus confuse qu’on ne le pense.
Son apparition n’est pas due à des évolutions matérielles, mais nécessairement à l’intervention du Créateur. Ainsi, l’homme devient un instrument mécanique fonctionnant sous le contrôle d’une autre main.
Nous nous demandons alors:
«Qui contrôle cette machine? Quelle est la main qui la fait mouvoir?»
La science n’a pas pu encore connaître ce gérant, mais il est indiscutable pour les savants que ce Régisseur n’est pas un être matériel.
Tout notre progrès se résume, jusqu’à présent dans l’idée que Dieu a insufflé dans notre existence une lueur de Sa science. L’homme traverse en ce moment l’âge de l’adolescence dans la création. Il a commencé à concevoir l’existence de l’âme. Il utilisera graduellement cette faveur céleste pour connaître la dimension de l’éternité et de l’immortalité en soi.» (4)
Si les manifestations de l’âme faisaient partie des particularités du corps, et résultaient des activités du cerveau ou du fonctionnement du système nerveux, comment nous expliquerions – nous la permanence et la subsistance de la personnalité?
L’explication avancée par certains matérialistes basée sur la relativité du moi, et sur l’idée que l’essence tout en étant la même subit des transformations et des changements, cette explication est poétique, illusoire, et ne présente rien de scientifique, et ne rend pas compte de l’unité de la personnalité.
Cette explication erronée procède d’une mauvaise compréhension et signifie que je ne suis pas l’homme d’il y a quelques instants, je suis quelqu’un qui a pris sa place, mais je m’imagine aussi que je suis le même homme.
Outre cela, les représentations constituent des actes qui émanent de moi, et ce n’est pas le moi qui est un ensemble de représentations différentes se succédant les unes aux autres et se trouvant dans le cerveau.
Nous percevons deux réalités dans notre existence.
L’une est la structure apparente du corps, et qui fait l’objet des sciences expérimentales. L’autre consiste en choses non – sensorielles qui ne sont pas des reflets et des réactions du corps, comme la réflexion, la compréhension, le désir, l’amour, la colère, la conscience, et qui ne se prêtent pas aux sciences expérimentales et ne peuvent être mesurées en termes matériels.
Il s’agit de réalités différentes, supérieures au corps et le dominant, comme lorsqu’un homme se montre prêt à mourir pour échapper à une vie d’opprobre. Il rompt les contraintes biologiques de son corps, se refuse à manger, ou décide même de faire une grève de la faim jusqu’à la mort.
Nous faisons face à un sujet réel expérimental. Avec quelle logique matérielle pourrions- nous analyser cette volonté d’airain qui va jusqu’à sacrifier le corps pour des idéaux et des aspirations mentales?
Prétendre que l’homme n’est rien qu’un ensemble de fonctions biologiques matérielles exige de donner au préalable des explications sérieuses et logiques à ces questions. Si le moi se résumait au corps, comment pourrait – il en même temps commander et exécuter les ordres?
Tous ces commandements de la volonté, la maîtrise des différents instincts et des éléments du corps, sont une preuve manifeste de l’existence d’un élément supérieur distinct de la matière, duquel procède la volonté humaine, et cette prééminence d’une forme de l’existence sur l’autre nous conduit à une réalité supra temporelle.
Dieu dit dans le Saint Coran:
«… Et par l’âme et comme Il l’a ordonnée, en sorte qu’Il lui a inspiré son libertinage de même que sa piété.» (5)
Du point de vue coranique, l’homme est doté, à titre particulier, d’une essence caractérisée par la compréhension et le mouvement. Compréhension parce qu’elle est capable d’intuition, et mouvement parce que cette essence est la source d’un ensemble d’actes qui servent de fondements à la piété ou à la corruption.
Quelle est donc cette essence caractérisée par la conscience et la force? Tous les organes du corps ne jouissent pas de ces caractéristiques.
Il est donc nécessaire que le corps ait pour corollaire une essence autonome et authentique dotée de ces propriétés que nous avons mentionnées.
La matière présente une réaction qui peut servir de révélateur des agents stimulants; et cette réaction est la même dans les mêmes conditions. L’eau gèle dans le froid; les minéraux se dilatent sous l’effet de la chaleur; ce sont là des réactions naturelles invariables. Mais l’homme a la capacité de réagir de façon totalement différente, et même contradictoire, devant un même agent. Cela nous montre que l’âme, et la volonté qui émanent de lui, sont des choses immatérielles échappant aux propriétés de la matière.
L’opération de perception montre que celle – ci comprend deux choses: le moyen, l’organe de perception, comme l’oeil par exemple, et la puissance de perception.
Il existe une loi physique qui dit que tout être ne pouvant pas percevoir le mouvement du système dans lequel il se trouve, doit observer ce système de l’extérieur, et constater le mouvement des choses et le passage du temps.
L’homme ne peut pas observer par exemple le mouvement de la terre tout en étant sur elle; il doit se situer à l’extérieur de son système.
Par conséquent, si nos facultés perceptives ne se situaient pas hors du mouvement permanent du temps, nous n’aurions pas pu percevoir son passage. Donc la perception du temps est une preuve manifeste de l’extériorité de nos facultés perceptives.
Si nous supposions que notre perception varie d’instant en instant, et se mouvait avec le temps, nous ne pourrions guère saisir le mouvement temporel, car notre perception serait émiettée, chaque partie devenant indépendante de l’autre.
Donc pour percevoir le temps, il est nécessaire que nos facultés perceptives se situent hors du mouvement du temps, et le dominent. Ainsi, est prouvée l’existence d’une faculté perceptive, comme réalité indéniable, indépendante du temps.
Donc, une partie de la réalité humaine vieillit et meurt avec le temps, une autre partie demeure hors de l’atteinte des vagues du temps, ne disparaît pas, et ne connaît point d’extinction L’Imam Ali, l’Emir des Croyants, dit:
«Ô hommes! Nous avons certes été créés, tous, pour la permanence et non pour l’extinction. Vous serez donc transférés de cette demeure – ci. Faites donc un bon viatique pour ce lieu ou l’on vous conduit et ou vous serez pour l’éternité.» (6)
Parmi les propriétés de la matière, il existe un rapport particulier entre le contenant et le contenu. Par conséquent, l’être le plus grand ne peut pas s’intégrer entièrement dans l’être le plus petit.
Par exemple, si, nous nous trouvant sur des hauteurs élevées, nous contemplions de larges vallées, des plaines immenses, ayant une végétation luxuriante, des oiseaux, des rocs énormes entassés les uns sur les autres, et que toutes ces choses étaient représentées en détail dans notre esprit, à la manière d’une grande page d’un livre ouvert devant notre âme et notre regard intérieur, ces différentes images, si étendues dans la réalité, trouveraient – elles place dans notre cerveau et dans ses cellules infimes, avec toutes leurs particularités?
Cette matière limitée peut – elle contenir en elle toutes ces choses énormes sans que rien n’y manque?
Il est certain que la raison répond négativement à cette question. Car nous savons tous qu’un être physiquement plus grand ne peut entrer dans un volume inférieur au sien. N’est – il pas nécessaire que le conte nant soit plus grand que le contenu ou au moins égal à lui?
Nous pouvons aisément nous représenter mentale ment une grande ville, avec ses bâtiments, ses avenues, ses jardins, ses autobus et ses habitants. Sur la base de la loi de l’incompatibilité du grand avec le petit, il semble comme évident que les images mentales sont très grandes, et ne sauraient être contenues par les cellules microscopiques du cerveau. Car il est indiscutable que la correspondance n’est possible que si le contenu est inférieur au contenant ou s’il y a égalité entre eux, alors que notre faculté perceptive présente des propriétés et des caractéristiques déterminées qui ne peuvert s’appliquer aux propriétés de la matière. Elle ne peut par conséquent pas être relative seulement à un ensemble de relations physiques qui l’accompagnent et avec lesquelles elle fonctionne.
Nous ne pouvons donc admettre ce fait qu’en cas de réalisations des images mentales; nous connaissons une autre sorte d’existence – outre un ensemble préalable de réactions physico – chimiques – ayant des caractéristiques particulières se situant hors des propriétés du corps matériel. Cette nouvelle sorte d’existence a entre autres propriétés, celle de pouvoir contenir des domaines immenses et de conserver en elle des images perceptives indélébiles
Les matérialistes disent: L’apparition de ces images dans le cerveau est comparable à la représentation d’un livre volumineux par un microfilm qui montre les choses dans des dimensions réduites, mais qui peut les restituer au besoin dans leurs vraies dimensions.
Mais où se trouve le lieu de ces grandes images dans le cerveau et le système nerveux?
Ou bien nous nions l’existence de ces grandes images dans le cerveau, ou bien nous leur trouvons un lieu adéquat. Or personne ne peut nier l’existence de ces représentations, et si l’âme était matérielle, et que la perception n’était que l’activité cérébrale – spinale, les grandes images n’auraient pas pu s’adapter et s’ajuster aux petites cellules, car elles demanderaient plus d’espace. Alors que dans le cas du microfilm, il n’existe dans la réalité que le livre et les films très petits.
Il faut admettre l’intervention d’un élément invisible qu’est l’âme, et qui est une réalité pure, capable de créer des grandes images, après une série d’opérations cérébral – spinales, qui n’en constituent que des préalables et des préparatifs. Ainsi, le problème est résolu, et nous évite les explications insuffisantes et étroites.
D’autre part, la distinction et la dissociation entre les phénomènes mentaux et les phénomènes physiques est nécessaire. Ces deux sortes de phénomènes ne présentent pas les mêmes caractéristiques et la même nature. La matière est toujours accompagnée d’un ensemble de propriétés générales, comme l’acceptation de représentations différentes, alors que les phénomènes mentaux ne le sont pas. Par conséquent, cette dualité et l’absence de ressemblance nous conduisent aussi à reconnaître l’indépendance de l’âme et son autonomie.
Les êtres matériels exigent un développement graduel dans le temps et dans l’espace. Tout être subissant des transformations et des changements graduels a besoin de l’espace; et le mouvement engendre par lui même son temps. Outre cela, le déterminisme nécessaire des êtres matériels est la mort dans le temps, et leur entrée dans l’obscurité du néant.
De même, parmi les phénomènes matériels, il ne s’en trouve aucun qui ne puisse se prêter au fractionnement, soit au moyen d’instruments appropriés, soit mentalement en raison de leur infimité. Mais, en revanche, les phénomènes psychiques échappent à cette règle.
Nous nous représentons un grand immeuble sans que nous ayons pour cela besoin de temps.
Toutes sortes de visages, de formes, de couleurs, de noms, de nombres, de numéros, de mots, de titres s’accumulent dans la mémoire, sans qu’elles se mélangent, ou qu’elles s’effacent les unes les autres.
L’esprit perçoit toutes sortes de paysages et d’images et tout incident petit ou grand, l’enregistre et le conserve. Même si nous oublions des choses, celles – ci n’en demeurent pas inscrites à jamais dans le registre de l’âme, et ressurgissent, en certaines occasions et sous l’effet de certains facteurs, à la surface de la mémoire.
Où sont déposées dans le cerveau toutes ces choses avant de surgir brusquement à la vitesse de l’éclair dans notre esprit? Où se trouvent ces images mentales qui constituent un secret stupéfiant?
L’explication matérialiste à ce sujet est – elle réaliste?
Les idées peuvent – elles naître des accidents matériels; et des lignes tracées sur les cellules du cerveau? Les cellules et les circonvolutions cérébrales peuvent – elles enregistrer les évènements et faits puis les restituer à l’esprit en toute fidélité et en détail?
Cette explication n’irait – elle pas à l’encontre de la réalité?
Si le cerveau était le centre réel de la pensée, les idées et notions qu’il contient devraient disparaître et mourir lorsque meurent les cellules qui les portent.
Nous changeons de cellules cérébrales plusieurs fois dans la vie, et l’image de nos amis et de nos frères demeure inchangée et fixe dans notre mémoire depuis notre jeune âge.
Si notre cerveau changeait entièrement son contenu, y compris nos connaissances précédentes, pour le remplacer par de nouvelles cellules, il serait impossible de se référer au savoir passé. Toutes nos perceptions ultérieures ressembleraient à celles qui les ont précédées, mais pas elles – mêmes. Alors que nous savons que notre référence aux sujets anciens vise à rénover des notions, et non à renouveler la science, et si nos concepts étaient matériels, il aurait été impossible de se rappeler les connaissances précédemment acquises.
Le philosophe Henri Bergson dit:
«Mais nous rappelons seulement que l’observation des faits, normaux ou morbides, par les sens et la conscience, nous démontre l’insuffisance des explications physiologiques de la mémoire, et qu’il est impossible d’attribuer au crâne la préservation des souvenirs.
Nous pouvons suivre les épanchements successifs de la mémoire, depuis les cas où elle se referme et ne libère que les informations dont la nécessité est impérieuse pour l’accomplissement de l’acte entrepris jusqu’au degré où elle secoue tout le passé qui ne s’oblitère jamais totalement.
Nous avons dit à titre de comparaison que ce faisant, nous montons du sommet du cône jusqu’à sa base. Le cône n’entre au contact de la matière qu’à son sommet Mais dès que nous traversons le sommet, nous entrons dans un domaine nouveau. Quel est ce nouveau domaine? Appelez- le esprit, ou si vous préférez, appelez- l’âme, sauf qu’il faut convenir sur le sens qu’on donnera au terme.
Sous ce terme, nous entendons un ensemble d’expériences, non une définition conventionnelle. De cette étude expérimentale, nous aboutirons à la possibilité ou à l’éventualité de la survivance de l’âme après le corps, car nous aurions désormais constaté de façon tangible dans cette vie quelque chose révélateur de l’indépendance de l’âme à l’égard du corps.
Cette éternité de l’âme ne constitue qu’un aspect de son autonomie. Oui, notre connaissance des conditions de la subsistance après la mort, en particulier de sa durée serait très insuffisante: s’agit – il d’une subsistance à terme, ou d’une permanence éternelle?
Mais nous nous serions, pour le moins, guidés vers un point pouvant faire l’objet de l’expérience, et il sera possible de montrer la réalité de façon irréfutable. Et il sera possible que notre connaissance prenne la voie du progrès. C’est ce que nous avons appelé l’expérience du monde inférieur. Et si nous passons à présent au monde supérieur, nous rencontrerons un autre type d’expérience, l’intuition mystique, qui est associée à l’essence divine. Ces deux expériences se rencontrent – elles? Cette subsistance après la mort, – qui semble assurée à toutes les âmes, du fait même qu’une partie de leurs activités sont indépendantes désormais du corps -, cette subsistance est – elle semblable à celle acquise par les âmes supérieures dès ce monde inférieur?
Rien ne nous sera plus utile, pour en connaître davantage que deux choses qui sont l’élargissement et l’approfondissement de ces deux expériences.» (7)
On ne remarque pas un lien entre les dégâts et l’atrophie qui atteignent le cerveau d’une part et l’oubli des évènements d’autre part. Alors que la moindre défaillance d’un souvenir déterminé entraîne une défaillance de la cellule liée à ce souvenir.
Si certaines cellules cérébrales venaient à se perdre, l’homme souffrira d’un handicap dans la faculté de parole, mais ses souvenirs seront préservés et ne seront pas altérés.
Mais dans le cas de traumatismes crâniens graves, quand le cerveau connaît une inflammation chronique, ou bien la destruction de quelque partie, l’équilibre se rompt entre le cerveau et les souvenirs, car l’oubli se produit toujours selon une règle précise et particulière Le malade oublie d’abord les noms de ses amis et de son entourage, puis enfin oublie les mots se rapportant à des actes.
Ici, nous ne remarquons aucun lien entre la perte subie par le cerveau, et l’oubli des souvenirs, au point de vue de l’ordre, de la quantité, et de l’étalement dans le temps. Alors que selon la thèse des matérialistes, il devrait nécessairement exister un lien direct entre le dommage subi par la mémoire, et le dommage matériel qui a atteint le crâne.
Ces réalités nous prouvent que le crâne n’est que l’instrument permettant d’enregistrer les souvenirs et les notions, et dans l’opération de remémoration, le cerveau ne joue qu’un rôle intermédiaire de transformation des objets mentaux en phonèmes, en paroles. Sa mission se résume dans l’instauration d’un lien entre l’âme et l’univers matériel.
Nous avons donc besoin, en matière d’objets mentaux, d’un phénomène supérieur à la cellule cérébrale, en l’occurrence l’âme pure indépendante de la matière, et aux lois de laquelle seront soumis tous les souvenirs, les notions et les représentations.
Le Professeur Guy ton écrit dans son ouvrage intitulé La Physiologie, considéré comme une référence à ce sujet:
«Le problème le plus difficile dans l’étude de la conscience, de la pensée, de la mémoire et de l’apprentissage réside en ce que nous ignorons le mécanisme nerveux d’une idée quelconque.»
Les lois et les concepts ne sont pas divisibles, et les cellules cérébrales ne leur servent pas de refuge. Ces perceptions et évidences sont liées à une entité immatérielle.
Par exemple, quand nous disons: «cet oiseau est vert», il n’y a pas de doute que l’oiseau est susceptible de différenciation, et que la couleur verte peut aussi être différenciée, mais le concept de la couleur de cet oiseau ci n’accepte nullement l’indétermination.
Si nous considérons la pensée comme un produit de la matière, l’indétermination générale qui s’ensuivrait devrait nécessairement trouver sa conceptualisation; et celle – ci n’est possible que par l’esprit. Or, la pluralité, l’indétermination du genre ne se prête pas à une conceptualisation.
Par conséquent lorsqu’un des actes de l’esprit – qui est la pensée-, perd toute trace matérielle, qui est indétermination et pluralisme, nous en concluons qu’il est caractérisé par l’immatérialité; et il est nécessaire alors que la source de la pensée, – qui est l’âme – possède également cette qualité d’immatérialité. Nous avons ainsi pu montrer l’immatérialité de l’âme à travers l’immatérialité de la pensée.
De ce qui précède, il s’avère que les arguments illusoires et froids auxquels ont recours les matérialistes pour réfuter la métaphysique, outre qu’ils reposent sur des hypothèses non – fondées, comme celles de réduire les phénomènes vitaux comme la réflexion, la conscience et la perception à des phénomènes matériels, peuvent être combattus avec des preuves logiques solides.
De pareilles théories ne peuvent pas lever le voile qui recouvre les secrets de la réalité, car les sciences expérimentales ont proclamé leur impuissance à connaître la nature et le mode opératoire de ces phénomènes.
Si le système philosophique matérialiste se montre incapable d’apporter des réponses à ces questions, il tombera en désuétude, comme une monnaie n’ayant plus cours légal. Enfin, quand la philosophie aura atteint sa maturité, que la pensée atteindra son plein développement, et que l’homme se dégagera des perspectives étroites qui le condamnent à l’unidimensionnalité, la philosophie matérialiste sera jetée dans la poubelle de l’histoire, comme d’autres conceptions périmées.
Notes:
1- Coran, Sourate 17, verset 85.
2- Bergson (Henri), Les deux sources de la morale et de la religion, retraduit du persan.
3- Rochd-e-Zendégui, page: 134. (Ouvrage en persan).
4- Râz-é-Âfarinech-é-ensâne. (Le mystère de la création de l’homme), ouvrage en persan. Page: 180.
5- Coran, Sourate 91, versets 7 et 8.
6- Bihâr al Anwar, tome 10 de l’ancienne édition, 2eme partie, p. 182.
7- Les deux sources de la morale et de la religion (ouvrage en persan, page: 289 – 290).