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Quelques points sur différents aspects du contenu du Coran
Mojdeh Pour Hosseyni
Traduction et adaptation :
Zahrâ Moussâkhâni
Le Coran a été révélé de deux façons : une première fois le 23e jour du mois de Ramadan – durant la nuit du Destin, comme l’évoque la sourate Al-Qadr (Le destin) -, où il a été révélé en une seule fois dans le cœur du Prophète, puis une seconde fois de façon progressive durant 23 ans. Le terme inzâl désigne la révélation (“descente”) immédiate et en une seule fois, tandis que tanzil fait référence à la révélation progressive. Si le Coran contient de nombreux points théoriques et concernant les croyances, dont le plus important est la question de l’unicité divine, il ne sépare aucunement la religion du quotidien et propose des conseils de vie mariant le spirituel au matériel. Nous présentons ici quelques aspects moins connus du contenu du Coran au travers une série de thématiques concernant sa forme, ses conseils pratiques, sa psychologie…
Le recours au récit
-Il existe près de 208 récits dans le Coran, dont certains sont la continuation d’autres, tandis que d’autres constituent des histoires indépendantes. Le recours à des récits pour véhiculer des messages profonds de la bouche des différents prophètes, des peuples et tyrans du passé, etc. est l’une des caractéristiques essentielles du Coran.
-Parmi les 114 sourates composant le Coran, 63 d’entre elles contiennent des récits et histoires vraies ; ce qui signifie que plus de la moitié des sourates coraniques ont utilisé l’art de la narration pour véhiculer un message particulier.
-Le nombre le plus important de récits se trouve dans la sourate Al-A’râf, puis dans la sourate Al-Baqara (La vache), et enfin dans la sourate Al-e ’Imrân (La famille de ’Imrân). La majorité des récits coraniques est au sujet de Moïse, du peuple d’Israël et de Pharaon (ou par extension, “des Pharaons”, c’est-à-dire les tyrans et oppresseurs de l’histoire). Figurent ensuite les récits au sujet d’Abraham, de Jésus et de Marie.
-Aucune histoire coranique n’est imaginaire et ne met en scène des personnes qui n’ont pas réellement existées : au contraire, tous les récits sont véridiques et sont la narration d’un événement réel.
-Certains récits du Coran commencent par une adresse au lecteur sous la forme d’une interrogation du type “avez-vous entendu cette histoire… ?”. “Le récit de Moïse t’est-il parvenu ?“
(Tâ-hâ ; 20:9). Le recours à un tel procédé permet d’attirer son attention et de l’inciter à écouter ou lire l’histoire.
-Certains récits coraniques commencent par présenter un résumé et l’objectif principal de l’histoire avant de débuter sa narration afin de préparer le lecteur à mieux percevoir son message. La méthode inverse est également utilisée : l’histoire principale est narrée, à la suite de quoi un résumé en est présenté afin d’enraciner son message dans l’esprit du lecteur.
-L’une des caractéristiques des récits du Coran est qu’ils se situent au-delà des barrières temporelles. De même, il existe parfois un récit au cœur du récit, et des croisements de récits ayant eu lieu à des époques différentes.
-Les femmes ont un statut et un rôle importants dans un grand nombre de récits coraniques : il y est question de Marie, Asiya (la femme de Pharaon), la femme de Loth, la femme de Noé, Zoleykhâ… Néanmoins, seule Marie est citée par son prénom. L’utilisation d’expressions comme “la femme de…” vise à souligner qu’il n’est pas seulement question d’un personnage historique particulier, mais d’un archétype que l’on doit, selon les cas, prendre pour modèle ou rejeter.
Quelques points sur les relations humaines et usages sociaux préconisés par le Coran
-Si une personne veut en conseiller une autre, le Coran invite à s’adresser à elle de façon douce et avenante, même si cette personne est Pharaon, ou tout autre dirigeant incrédule et tyrannique : “Allez vers Pharaon : il s’est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou [Me] craindra-t-il ?” (Tâ-Hâ ; 20-43-44) ; “Avertis les gens qui te sont les plus proches. Et abaisse ton aile [sois bienveillant] pour les croyants qui te suivent.” (Al-Shu’arâ (Les poètes) ; 26:214-215).
-A chaque instant, Dieu est témoin des paroles et actes de l’homme, et de chaque détail de Sa création : “O mon enfant, fût-ce le poids d’un grain de moutarde, au fond d’un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Dieu le fera venir. Dieu est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur.” (Luqmân ; 31:16) ; “En vérité ton Seigneur étend Ses dons largement à qu’Il veut ou les accorde avec parcimonie. Il est, sur Ses serviteurs, Parfaitement Connaisseur et Clairvoyant.” (Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17:30).
-Le croyant se doit d’avoir un sentiment de responsabilité vis-à-vis des personnes qui l’entourent : il doit essayer de les empêcher de commettre des mauvaises actions et les encourager à bien agir. Cela permet ainsi de renforcer le corps dont les êtres humains sont autant de membres différents : “ش mon enfant, accomplis la prière (salât), commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise !” (Luqmân ; 31:17)
-Il doit également accorder une grande attention à la façon dont il se comporte en société, en respectant les principes de respect mutuel et en manifestant une humilité constante : “Ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Dieu n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix.” (Luqmân ; 31:18-19).
-Le Coran s’oppose au fait d’obéir et de suivre aveuglément la majorité car elle n’est pas toujours dans le vrai. Il faut donc avant tout suivre la voie de Dieu, même si on est seul contre tous. “Si tu Obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier de Dieu : ils ne suivent que la conjecture et ne font que fabriquer des mensonges.” (Al-An’âm (Les bestiaux) ; 6:116) ; “Ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance.” (Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17:36).
-De même, si l’être humain doit respecter ses parents et les personnes plus âgées que lui, il ne doit pas obéir et croire aveuglément en leurs paroles et conseils, mais toujours les jauger à l’aune de son intellect : “Quand on leur dit : “Suivez ce que Dieu a fait descendre”, ils disent : “Non, mais nous suivrons les coutumes de nos ancêtres.” – Quoi ! et si leurs ancêtres n’avaient rien raisonné et s’ils n’avaient pas été dans la bonne direction ?” (Al-Baqara (La vache) ; 2:170) ; “Ils dirent : “Seigneur, nous avons obéi à nos chefs et à nos grands. C’est donc eux qui nous ont égarés du Sentier.” (Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33:67).
-Le fait de conserver et restituer les dépôts confiés et d’être digne de confiance est l’une des valeurs les plus importantes évoquées par le Coran. Moïse a ainsi trouvé refuge chez Shu’ayb grâce à cette qualité : “L’une d’elles dit : “ش mon père, engage-le [à ton service] moyennant salaire, car le meilleur à engager c’est celui qui est fort et digne de confiance“.” (Al-Qasas (Le récit) ; 28:26), tandis que Joseph a été choisi comme trésorier d’Egypte pour la même raison : “Après s’être entretenu avec lui, le roi lui dit : “ہ partir de maintenant, je t’accorde un poste d’autorité et t’investis de ma confiance !” – “Confie-moi, dit Joseph, l’intendance des dépôts du pays, j’en serai le gardien vigilant”.” (Yûsuf (Joseph) ; 12:54-55). Le Prophète Mohammad lui-même a été choisi par Dieu alors qu’il était connu et surnommé le “digne de confiance” (al-Amin).
-Le Coran insiste sur le fait que si une personne veut qu’on l’écoute, elle doit commencer par s’occuper de sa propre éducation. En outre, la douceur est centrale : un cœur sec et rude ne peut être à la source du perfectionnement et de l’éducation des autres. L’homme doit donc s’efforcer d’être bon et compassant afin de pouvoir exercer une influence positive sur son entourage : c’est la méthode employée par le Prophète lui-même pour inviter les gens à la nouvelle religion : “C’est par quelque miséricorde de la part de Dieu que tu [Mohammad] as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage.” (Al-e ’Imrân (La famille de ’Imrân) ; 3:159).
-Le Coran invite à faire de ses ennemis ses amis en repoussant le mal par le bien : “La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse [le mal] par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux.” (Fussilat (Les versets détaillés) ; 41:34).
Le Coran et la santé
-Le Coran insiste sur la mesure dans les différents aspects de la vie terrestre, notamment concernant la nourriture : “Mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il [Dieu] n’aime pas ceux qui commettent des excès.“(Al-A’râf ; 7:31).
-Le Coran peut effacer les douleurs et malheurs : il suffit de le lire et de le mettre en application. Il invite ainsi les croyants à s’associer à son esprit afin que son corps et son âme soient en équilibre : “Nous faisons descendre du Coran, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants.” (Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17:82).
-Seul Dieu guérit les maladies, les autres choses utilisées ne sont que des médiateurs : “Quand je suis malade, c’est Lui qui me guérit.” (Al-Shu’arâ (Les poètes) ; 26:80).
-Une nourriture saine et licite constitue la base de la bonne santé : “Mangez donc de ce que Dieu vous a attribué de licite et de bon. Et soyez reconnaissants pour les bienfaits de Dieu, si c’est Lui que vous adorez.” (Al-Nahl (Les abeilles) ; 16:114) ; “ش gens ! De ce qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur.” (Al-Baqara (La vache) ; 2:168).
-D’après le Coran, les croyants sont ceux qui méritent le plus de bénéficier des grâces et bénédictions de Dieu, dont font partie les aliments sains : “Dis : “Qui a interdit la parure de Dieu, qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ?” Dis : “Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection”.” (Al-A’râf ; 7:32) ; “ش les croyants, ne déclarez pas illicites les bonnes choses que Dieu vous a rendues licites. Et ne transgressez pas. Dieu, (en vérité,) n’aime pas les transgresseurs. Et mangez de ce que Dieu vous a attribué de licite et de bon.” (Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5:87-88).
-La question de la nourriture est si importante que le Coran recommande directement à l’homme de faire attention à ce qu’il mange : “Que l’homme considère donc sa nourriture.” (’Abasa (Il s’est renfrogné) ; 80:24).
-Le sommeil est considéré comme une source de santé et de paix de l’âme ; il est une grâce et fait partie des signes divins : “Et parmi Ses signes, votre sommeil la nuit et le jour, et aussi votre quête de Sa grâce. Il y a en cela des preuves pour des gens qui entendent.” (Al-Rûm (Les Romains) ; 30:23) ; “C’est Lui qui vous fit de la nuit un vêtement, du sommeil un repos.” Al-Furqân (Le discernement) ; 25:47).
-Selon le Coran, la pire maladie est celle du cœur. Ceux dont les cœurs sont malades ne comprennent pas, ne voient pas et n’entendent pas – c’est cet état d’insouciance et d’ignorance qui est le pire mal pouvant atteindre l’homme car il gangrène son âme et le condamne dans l’Au-delà : “Quant à ceux dont les cœurs sont malades, elle ajoute une souillure à leur souillure, et ils meurent dans la mécréance.” (Al-Tawba (Le repentir) ; 9:125) ; “Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants.” (Al-A’râf ; 7:179).
Types d’hommes et psychologie selon le Coran
-Du point de vue du Coran, il existe trois archétypes principaux d’être humain : le croyant, l’incrédule, l’hypocrite (Al-Baqara (La vache) ; 2:2-20).
-Les croyants sont eux-mêmes de trois types : “Nous fîmes héritiers du Livre ceux qui de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres avec la permission de Dieu devancent [tous les autres] par les bonnes actions ; telle est la grâce infinie.” (Al-Fâtir (Le Créateur) ; 32).
-La principale caractéristique de l’incroyant est que son cœur et sa pensée ont été scellés. Un voile épais lui couvre la vue de sorte qu’il est incapable de comprendre la vérité : “Certes les mécréants ne croient pas, cela leur est égal, que tu les avertisses ou non : ils ne croiront jamais. Dieu a scellé leur cœur et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue.” (Al-Baqara (La vache) ; 2:6-7).
-La dualité entre son apparence et son for intérieur caractérise l’hypocrite. Il est donc par ce fait en proie au doute, à l’incertitude et à l’indécision. (Voir Al-Munâfiqûn (Les hypocrites) ; sourate 63).
-Le Coran évoque l’existence de deux types de crainte : une bonne et une mauvaise. La première est la crainte ressentie vis-à-vis de Dieu et de sa justice, qui provoque une amélioration du comportement ; la seconde est toute angoisse personnelle qui domine l’âme et contre laquelle il faut lutter.
-Il existe également deux types de colère selon le Coran : une colère modérée et équilibrée, et une colère néfaste et incontrôlée. Le premier type peut être utilisé dans certains cas et pour un objectif bien précis, alors qu’il faut absolument éviter le second type. Dans ce sens, le Coran conseille de prendre patience, de repousser le mal par le bien, et de pardonner en se rappelant la justice de Dieu et la promesse du Paradis : “Concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin [paradis] large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux, qui dépensent dans l’aisance et dans l’adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui – car Dieu aime les bienfaisants.” (Al-e ’Imrân (La famille de ’Imrân) ; 3:133-134) ; “Celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires.” (Al-Shourâ (La consultation) ; 42:43) ; “La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse [le mal] par ce qui est meilleur.” (Fussilat (Les versets détaillés) ; 41:34).
-Le Coran est considéré comme un remède aux maladies du cœur évoquées précédemment : “ش gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guérison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une miséricorde pour les croyants.” (Yunûs (Jonas) ; 10:57). La foi produit à son tour un sentiment de sécurité et de tranquillité : “Ceux qui ont cru et n’ont point troublé la pureté de leur foi par quelque iniquité, ceux-là ont la sécurité ; et ce sont eux les bien-guidés.” (Al-An’âm (Les bestiaux) ; 6:82) ; “Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation de Dieu”. N’est-ce point par l’évocation de Dieu que se tranquillisent les cœurs ?” (Al-Ra’d (Le tonnerre) ; 13:28).