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I- Naissance et Enfance
Naissance
L’Imam Hussein fils de Ali (pse) naquit le 3 chaâbèn de la 4 ème année de la Hijra. Le prophète (pslp) en fut très ravi, et dès qu’il entendit la bonne nouvelle, il accourut vers la maison de sa fille pour l’en féliciter…
Le prophète (pslp) entreprit lui même d’exécuter les rites recommandés pour le nouveau né : appel à la prière à l’oreille droite, formule de l’établissement de prière à l’oreille gauche et quelques invocations… Ensuite il le nomma Hussein.
Le septième jour de la naissance de Hussein (psl), son père Ali (psl) fit le sacrifice rituel (aqiqeh) et en distribua la viande sur les mesquins et les pauvres.
Le prophète (pslp) aimait beaucoup son petit fils Hussein, et depuis le jour où il lui fut révélé le futur massacre de Hussein (psl), il ne pouvait plus supporter l’entendre crier où pleurer… et il rappelait toujours à tous ceux qui le voyaient avec son petit fils : “Hussein est de moi, et moi je suis de Hussein ! Est-il qu’il est un Imam et fils d’un Imam ! Et de sa descendance proviendront neuf Imams dont le dernier sera le Mahdi (Dfr) qui réapparaîtra au dernier des temps pour remplir la terre de justice et d’équité après qu’elle ait été remplie de prévarication et d’injustice.”
A l’époque de son père (psl)
Hussein (psl) passa 6 ans dans l’affection de son grand père et sous sa protection, il y apprit toute la morale du sceau des prophètes et lorsque son grand père fut décédé, il passa trente ans de sa noble vie dans l’ombre de son père l’Imam Ali (psl).
Au cours de cette période, Hussein (psl) patienta avec son père devant l’injustice des musulmans et participa pleinement au grand sacrifice qui préserva l’unité de la communauté musulmane.
Lorsque son père prit le pouvoir et fut nommé calife par les musulmans, il combattit avec lui dans toutes ses batailles.
Après le martyre du commandeur des croyants, il prêta serment de fidélité à son frère l’Imam Hassan (psl) et lui accorda son plein soutien dans sa résistance contre la rébellion de l’hypocrite Muawiya qui voulait détruire le système du gouvernement légal (califat) et instaurer à sa place la dictature de la dynastie de Bèni Omeyyeh…
Lorsque l’Imam Hassan (psl) fut obligé de conclure la paix avec ce rebelle et de lui céder le pouvoir temporairement, l’Imam Hussein (psl) demeura, comme il l’était toujours ; fidèle à l’Imam légal et lui obéissant dans toutes ses décisions jusqu’à son martyre.
L’Imam et le pouvoir de Muawiya
Nous avons déjà lu dans le numéro précédent de cette série que l’Imam Hassan (psl) fut assassiné sous l’ordre de Muawiya qui voulut par ce crime créer un vide spirituel et politique pour faciliter la nomination de son fils Yazid comme successeur.
L’Imam Hussein (psl) succéda à l’Imam Hassan dans le pouvoir spirituel légal (imè’meh) et d’après les conditions de la paix signées entre Muawiya et l’Imam Hassan (psl), c’est l’Imam Hussein qui doit succéder à Muawiya après sa mort, et le pouvoir politique repasserait ainsi aux mains de la légalité.
Muawiya et les Omeyyades n’entendaient pas les choses de cette oreille-là ! Et ils étaient loin d’accepter le fait d’abandonner un pouvoir qu’ils avaient conquis par la ruse, le meurtre et la corruption !…
D’ailleurs, la plupart des Omeyyades n’avaient adhéré à l’Islam que par l’hypocrisie, et on se rappelle certainement à quel moment leur grand père Abou Sofièn avait-il manifesté sa conversion à la religion de Dieu ! Et on n’a certainement pas oublié sa réaction lorsque le pouvoir atterrit dans les bras des Baní Omeyyeh par l’intermédiaire d’Ousmane le troisième calife !
Que peut-on alors s’attendre de Muawiya et des Omeyyades ! ? Rien de plus que ce que l’histoire nous rapporte : le massacre de tous les musulmans encore fidèles à la légalité, l’organisation d’une campagne de propagande pour dénigrer l’Imam Ali et sa famille (paix sur eux)… Et ce n’est pas encore tout !
En effet, le mécréant Muawiya était allé jusqu’à déformer les rites de culte des musulmans en instituant, après chaque prière, une formule de damnation et d’insulte contre Ali (psl) !… Et les ignares musulmans, habitant la Syrie et les contrées nouvellement islamisées acceptèrent tout cela sans discussion croyant que leurs prières ne seraient pas acceptées par Dieu sans prononcer cette formule !
Les rares musulmans qui résistèrent au pouvoir injuste de Muawiya et qui refusèrent de prononcer les propos injurieux contre le commandeur des croyants Ali (psl), avaient été exécutés par Muawiya !… Et même les compagnons fidèles du prophète (pslp) n’étaient pas épargnés, et l’histoire nous rapporte que l’un d’entre eux Hijr Ibn Âdi et sept de ses compagnons furent exécutés par Muawiya à Marj Âzhra’ aux environs de Damas, leur seul crime étant de refuser d’insulter l’Imam Ali (psl)…
Yazid, que Muawiya voulait nommer comme prince héritier, était un homme pervers qui ne connaissait aucune limite légale et commettait tous les interdits de l’Islam : il buvait jusqu’à l’ivresse, fréquentait les femmes interdites, et passait la majeure partie de son temps à la chasse et à jouer avec les singes !…
L’Imam Hussein (psl) avertit Muawiya de la gravité de son erreur et de ses répercussions sur toute la communauté musulmane. Mais le dictateur Omeyyade était totalement indifférent aux intérêts de l’Islam et des musulmans et décida ainsi d’exécuter son plan.
Ainsi, sous la menace des épées, tous les notables et les descendants des grandes familles ainsi que le petit nombre de compagnons du prophète qui étaient encore en vie, furent obligés de prêter serment à Muawiya pour soutenir son fils Yazid à sa succession.
II- Imam Husseini : Sauveur de l’Islam
Face à Yazid
Dès que Muawiya fut mort, son fils Yazid accéda au pouvoir à Damas avec le soutien de la famille de Bèni Omeyyeh. Mais partout dans le monde islamique cette succession douteuse était inacceptable, et c’était pour cela que Yazid voulut renforcer sa position en essayant de légitimer sa situation par l’acquisition du soutien ou du moins du silence de l’Imam Hussein (psl).
Aussitôt au pouvoir, Yazid envoya au gouverneur omeyyade de la Médine des ordres stricts selon lesquels il devrait obliger l’Imam Hussein à prêter serment de fidélité et d’obéissance (bey’âh) à Yazid, mais l’Imam refusa catégoriquement en condamnant ouvertement Yazid, le privant ainsi de toute couverture légale.
Entre temps, les habitants de la Koufa, accablés de l’oppression omeyyade, rêvaient du retour du pouvoir aux mains de la légalité… Et lorsqu’ils apprirent que l’Imam Hussein (psl) avait refusé le bey’âh de Yazid, ils commencèrent à lui envoyer des lettres du soutien l’appelant à les joindre à la Koufa pour rétablir le califat légal.
Les lettres qui parvinrent à l’Imam Hussein (psl) étaient plus de douze mille, et elles l’appelaient toutes à honorer la Koufa par sa présence, jurant de lui réserver une obéissance absolue et de ne reconnaître aucun Imam que lui ! L’Imam décida alors de leur envoyer son plus proche compagnon et cousin : Mouslem Ibn Âqil pour voir les choses de plus près.
Mouslem face à Ibn Ziyad
Lorsque Mouslem arriva à la Koufa, ses habitants lui firent un accueil spectaculaire… et ils s’empressèrent à lui prêter serment de fidélité et exprimer leur impatience de voir l’Imam légal : Hussein (psl).
Mouslem leur apprit qu’il fallait être à la hauteur de la responsabilité et qu’il fallait être prêt à défendre l’Imam Hussein et à se sacrifier pour lui…
Dix-huit mille hommes de la Koufa lui prêtèrent serment ferme. II envoya un rapport sur tout cela à l’Imam Hussein (psl) en l’invitant à venir.
Ceci durant, Yazid envoya à la Koufa le fils de son ancien gouverneur : Ôbeydoullah Ibn Ziyad qui était encore plus vilain et plus malin que son père, et il le chargea d’exterminer les sympathisants de l’Imam Hussein et de mater la révolte de la Koufa.
Pour exécuter les ordres de Yazid, Ôbeydoullah Ibn Ziyad n’eut pas besoin de plus de quelques agents et d’une grosse somme d’argent… Aussitôt infiltré dans la ville, il envoya ses espions parmi les habitants pour propager la fausse nouvelle selon laquelle une grande armée de Yazid était sur le point d’envahir la Koufa…
Parallèlement, il commença à corrompre les chefs des tribus de la ville… et en quelques jours, toute la ville changea de camp !
Mouslem vit ses compagnons se faire de plus en plus rares et comprenant qu’il ne fallait pas compter sur les Koufiens, il voulut en prévenir l’Imam Hussein avant qu’il ne vienne.
Les soldats d’Ibn Ziyad se lancèrent à la recherche de Mouslem qui les combattit alors farouchement avant d’être blessé et ramené chez le gouverneur qui donna l’ordre de l’exécuter. La fin tragique de Mouslem n’était en réalité que le commencement d’une grande tragédie à laquelle l’Imam Hussein s’était déjà préparé… et malgré les mauvaises nouvelles arrivant de la Koufa, l’Imam Hussein décida d’aller à son destin pour sauver l’Islam de la tentative la plus dangereuse de falsification qu’il ait jamais connue !
L’Imam sur la route de Karbala’
L’Imam Hussein (psl) était en route vers la Koufa quand les nouvelles de martyre de Mouslem et de ses compagnons lui parurent, il dit alors à tous ceux qui l’entouraient : “Quiconque vient avec nous va au martyre et quiconque nous abandonne n’aura point de conquête !…”
L’Imam savait bien où il allait et il avait tenu à le faire connaître à tous ceux qui le suivaient : il n’allait pas en conquérant, ni en fugitif, mais tout droit au martyre.
C’est ainsi que l’Imam Hussein (psl) décida de se sacrifier pour réveiller la communauté musulmane que les Omeyyades dorlotaient depuis vingt ans. Le sommeil de la communauté musulmane était si profond qu’il fallait verser le sang du petit-fils du prophète pour en sortir !
Oui, il fallait que Hussein, fils de Fatima Zahra et petit-fils de Mohammed sceau des prophètes fût tué par les hypocrites se réclamant de l’Islam pour que le vrai visage des Omeyyades fût démasqué… et ce n’était pas là toute la leçon !
Les objectifs de l’Imam al Hussein (psl)
Hussein (psl) expliqua lui-même quelques aspects de son action en disant à son frère Mohammed Ibn El Hanafieh : “Je ne suis point sorti en injuste ou en prévaricateur mais plutôt en quête de réforme dans la communauté de mon grand-père (pslp) ; je veux ordonner le convenu, interdire le blâmable et suivre la marche de mon grand-père et mon père Ali Ibn Abou Taleb (pse).”
C’était ainsi que l’Imam résuma sa mission : redonner à l’Islam son caractère social et politique tant étouffé par les soins des Omeyyades qui avaient voulu faire de l’Islam un ensemble de rites individuels et qui n’auraient aucun effet sur la vie sociale et politique, laissant ainsi la main des pervers au pouvoir tout à fait libre…
L’Islam était donc menacé par le même danger qui avait dévié les chrétiens de la religion de Jésus (psl) !… Le soulèvement de l’Imam Hussein (psl) mit fin à la grande falsification que Muawiya avait entreprise et que Yazid voulait achever.
Achoura’
L’armée de Yazid barra la route à la petite caravane de l’Imam Hussein à un lieu-dit Karbala’ près de l’un des affluents du fleuve Euphrate. Et aussitôt l’armée s’interposa entre la caravane de l’Imam Hussein et l’eau du fleuve pour en priver les femmes et les enfants sous une chaleur torride…
Le vendredi dix du mois de Muharram de l’année 61 Hijra, et au bout de trois jours de soif, l’Imam Hussein (psl) rassembla ses fidèles qui étaient au nombre de soixante-douze hommes et leur demanda de se préparer au martyre, puis il s’avança vers l’armée des hypocrites pour les exhorter de se repentir, leur rappelant qu’il était le petit-fils du prophète et que son sang leur était interdit… Il leur rappela aussi les paroles du prophète : “Hassan et Hussein sont les maîtres des jeunes du paradis.”
L’armée de Yazid n’était en fait constituée que par des Koufiens que Obeydoullah Ibn Ziyad avait réussi à corrompre… et la plupart de leurs chefs étaient de ceux qui avaient écrit des lettres à l’Imam Hussein l’invitant à venir à la Koufa !…
De ce fait, les paroles de l’Imam restèrent sans écho puisque ; devant lui, il n’y avait que des mécréants qui avaient vendu leurs âmes au diable !
La réponse de ces hypocrites à l’Imam était : “Faites le bey’âh à Yazid, comme nous l’avons faite nous-mêmes !”. .. Mais c’est justement contre cela que l’Imam Hussein s’est soulevé ! Et il leur répondit fermement que la vie ne vaut pas que l’homme s’avilit pour elle, et le bey’âh d’un pervers comme Yazid était un avilissement inacceptable pour n’importe quel homme libre, et l’Islam interdit ceci.
Omar Ibn Saê’d, commandant de l’armée de Yazid, lança l’ordre d’attaque et ce fut la grande bataille entre le petit groupe de compagnons de l’Imam et la grande armée de Yazid dont le nombre s’élevait à plusieurs milliers.
Après un combat héroïque, l’armée se retira avec des grandes pertes alors que les compagnons de l’Imam avaient perdu cinquante fidèles.
Les combats se poursuivirent sous la forme d’opération individuelle : l’un après l’autre, les compagnons et les proches de l’Imam s’avancèrent vers le champ de la bataille et attaquèrent l’armée adverse pour obtenir le martyre, et ils étaient tous impatients de rejoindre leurs frères aux paradis.
Si l’on peut résumer tout l’héroïsme et la noblesse des fidèles de l’Imam ce jour-là, l’histoire de Abbas, frère de l’Imam en pourrait certainement être le meilleur exposé ;
Ayant été chargé par l’Imam d’aller chercher un peu d’eau pour les enfants assoiffés, il combattit toute la garde qui s’interposait entre eux et l’eau du fleuve, et lorsqu’il atteignit la rive, il remplit sa gourde et eut la tentation de boire…
Mais, se rappelant que l’Imam ne pouvait pas faire autant, il s’abstint et accourut pour ramener l’eau au camp, mais il fut assassiné en route, sans qu’il puisse boire après une soif de trois jours !
Après le massacre de tous ses compagnons, l’Imam Hussein (psl) fit ses adieux aux femmes et aux enfants leur demandant de supporter le destin que Dieu Le Tout Haut leur réservait, leur rappelant la noblesse de leur cause.
Ensuite, il passa à la tente de son fils Ali Zeyn Al Âbidìn qui, étant malade et n’ayant pas participé au combat, fut l’unique homme survivant du massacre…
L’Imam lui demanda de conserver son calme quel que soit le déroulement des événements, et de préserver sa vie à tout prix pour pouvoir continuer l’œuvre de ses prédécesseurs, à savoir ; assurer la défense de la foi, l’enseignement des préceptes de l’Islam et la protection des musulmans contre l’invasion culturelle étrangère…
L’Imam Hussein (psl) avança vers l’armée des hypocrites et bien qu’il n’était pas connu pour des qualités guerrières extraordinaires, son combat fut miraculeux, et chaque fois qu’il attaquait un groupe il l’anéantissait ou le mettait en fuite…
L’armée des hypocrites opta alors pour le tir des flèches et le jet des pierres… Une flèche transperça la gorge de l’Imam et il trébucha de son cheval… Personne n’osa s’en approcher… Vraisemblablement, ils comprirent qu’ils avaient commis un sacrilège et qu’ils devraient s’attendre à la colère de Dieu. Seul, un ignoble mécréant rancunier du nom de Chimr qui était l’un des adjudants proches de Ôbeydoullah Ibn Ziyad, osa exécuter les ordres de son chef : décapiter l’Imam et porter sa tête au bout d’une lance.
La rancune des Omeyyades envers Ahlul-Bayt (pse) et envers l’Islam et tout ce qui le représentait était sans limites.
En effet, le commandant de l’armée de Yazid ne s’était pas contenté de ce massacre, mais il ordonna à dix cavaliers de piétiner le corps de l’Imam décapité… Après quoi, il ordonna de mettre le feu au camp des femmes et des enfants…
Zeyneb, sœur de l’Imam Hussein (pse) commença à rappeler et à calmer les femmes et les enfants terrorisés et dispersés dans toutes les directions. Avec un courage et une bravoure dont seule une petite-fille du prophète (pslp) peut se vanter, elle avança vers le corps disloqué de son frère Hussein, le prit dans ses bras, le leva vers le ciel et dit : “Mon Dieu, accepte ce sacrifice de notre part…”
Les enseignements de Karbala’
Il était clair que l’Imam Hussein (psl) par son soulèvement contre la dictature omeyyade, ne voulait pas prendre le pouvoir, et si telle était son intention, il aurait rebroussé chemin lorsque les nouvelles du meurtre de Mouslem et de la trahison des Koufiens lui furent parvenues.
L’Imam Hussein voulait tout simplement montrer aux musulmans la voie de la liberté : il ne faut jamais légitimer un pouvoir injuste, quitte à sacrifier sa vie !
Le mot Achoura’ est dérivé du mot arabe Âchr qui signifie dix ou dizaine. Ce sont les dix premiers jours du mois de Muharram au cours desquels cette épreuve eut lieu qu’on célèbre… et chaque année, les adeptes d’Ahlul-Bayt commémorent le martyre de Hussein (psl), le maître des martyrs et de ses fidèles compagnons qui s’étaient sacrifiés pour la survie de l’Islam pur.
Avant le massacre de Karbala’, le jour de Achoura’ n’avait aucune particularité, mais depuis lors, il devint le symbole de la résistance contre la tyrannie et l’emblème de tout homme libre qui préfère plutôt mourir que vivre aux dépens de ses principes.
Achoura’ est le jour de tous les hommes libres.
Achoura’ est la fête de tous les révolutionnaires en quête d’équité et de justice.
Achoura’ est le jour du sacrifice sublime pour l’amour de Dieu.
III- De la Morale du Maître des Martyre
Partout avec Dieu !
L’Imam Hussein (psl) était toujours et partout avec Dieu : et même les situations les plus critiques ne pouvaient pas le détourner de cette visée permanente.
Ainsi, l’établissement de la prière à son meilleur moment était pour lui prioritaire sur toutes les autres occupations, et l’exemple le plus frappant de l’importance que l’Imam Hussein (psl) prêtait au temps de la prière nous était donné au cœur même de la tragédie de Karbala’.
En effet, alors que les combats faisaient rage entre le petit groupe de compagnons de l’Imam et l’armée des hypocrites, il demanda à Ibn Saê’d d’arrêter les combats un petit moment pour faire la prière du midi. Ibn Saê’d fut gêné par cette demande et il ne pouvait pas la refuser puisqu’il risquait de perdre la face devant tous les musulmans du monde et il tenait beaucoup à préserver son apparence islamique… Il finit par accepter, mais seulement verbalement ! Puisque l’Imam et ses compagnons durent faire la prière sous une pluie de flèches et de pierres.
L’Imam Hussein (psl) nous a laissé une invocation célèbre qu’il est recommandé de lire le jour de Arafat (9 de Zhoulhijjeh) et dans laquelle on peut trouver des indices très clairs sur sa conception de la présence divine, de la réalité du repentir et de la relation qui doit exister entre l’adorateur et les créateurs.
Par ailleurs, s’indignant de ceux qui veulent démontrer l’existence de Dieu, et s’adressant au Seigneur, il dit : “Quand est-ce que Tu T’es absenté pour que l’on cherche à démontrer Ta présence ? Qu’il soit aveugle, un voile qui ne voit pas que Tu es sur lui Superviseur !”
L’Imam Hussein (psl) vivait la vie d’un ascète et voulait donner l’exemple à tous ses adeptes. Ainsi pour l’amour de Dieu il fit le pèlerinage plusieurs fois à pied bien qu’il pouvait certainement se procurer de la meilleure monture !
Mais il savait bien la valeur de la fatigue sur la voie de Dieu, et en attendant le jour de Karbala’ où il allait se sacrifier pour l’Islam en dégustant la saveur du martyre, l’Imam était impatient de peiner pour Dieu.
Ainsi, le pèlerinage à pied sur un chemin saharien de six cent Kilomètres était pour lui une consolation dans l’attente du grand jour de Achoura’.
L’Imam au service des misérables
L’Imam Hussein (psl) était l’ami des pauvres et des démunis ; il leur distribuait aide et aumône sous le couvert de la nuit et sans que personne d’eux ne puisse le connaître…
Ce n’était que lors de son enterrement que les gens découvrirent cette réalité lorsqu’ils virent les traces des fardeaux qu’il transportait chaque nuit sur ses épaules et son dos.
Ils demandèrent alors à son fils Zeyn Al Âbidìn leur origine… Ils connurent alors tous l’homme qui approvisionnait et secourait secrètement les besogneux de la Médine !
Un jour, l’Imam Hussein passa près de quelques mesquins en train de manger du pain sec, et avec la bonté des gens simples ils l’invitèrent à partager avec eux leur modeste repas. L’Imam accepta volontiers et s’assit, à même le sol, avec eux.
Le repas terminé, il les invita chez lui pour déjeuner en disant : “J’ai accepté votre invitation, alors acceptez la mienne !”
IV- Victoire du Sang sur le Sabre
La commémoration du jour de Achoura’
Les Omeyyades avaient essayé de faire du jour de Achoura’ une fête, puisque selon Yazid lui-même, c’était la vengeance que les Omeyyades cherchaient depuis le jour de Badr !…
Mais en réalité le jour de Achoura’ était un jour de malheur pour les Omeyyades eux-mêmes : depuis ce jour-là et jusqu’à la fin de leur règne, on a enregistré au moins une révolution chaque année et leur régime était le plus instable dans l’histoire des musulmans.
Yazid lui-même trouva la mort quelque peu après le massacre de Karbala’, et l’histoire nous rapporte comment il a été dévoré par les fauves et n’eut même pas la chance d’avoir des funérailles ni même une tombe.
Parallèlement, le mausolée de l’Imam Hussein à Karbala’ est jusqu’à nos jours l’un des lieux les plus sacrés du monde islamique. Les musulmans le visitent, venant des quatre coins du monde, alors que les Omeyyades et leurs successeurs prévaricateurs ont sombré tous dans l’oubli, et si jamais un musulman s’en rappelle ce n’est que pour les maudire !
Dès que les conditions politiques le permettaient, les musulmans s’empressaient à commémorer le jour de Achoura’.
Ainsi, en Égypte des Fatimides, en Iran du Sultan Deylémite et en Inde, les premiers rites des commémorations de Karbala’ et du jour de Achoura’ eurent lieu.
Petit à petit, ces rites se propageaient parmi les musulmans qui avaient la chance de connaître la réalité et la valeur d’Ahlul-Bayt (pse)…
La commémoration du jour de Achoura’ n’a pas seulement une valeur symbolique, mais c’est plutôt un rite qui nous rappelle une dimension essentielle de l’Islam : le sacrifice et l’immolation de soi pour l’amour de Dieu.
La victoire de l’Imam al Hussein (psl)
Il ne faut certainement pas penser que le massacre de Karbala’ était une victoire des Omeyyades sur Ahlul-Bayt ! Mais c’est plutôt l’inverse qui est vrai : l’Imam Hussein avait réalisé tous ses objectifs alors que Yazid n’en avait récolté que le scandale et la déstabilisation de son pouvoir et par la suite la malédiction de tous les croyants jusqu’au jour de la résurrection.
Le jour de Achoura’, l’Imam Hussein voulut nous démontrer une loi divine et sacrée : chaque fois que le combat entre le sang et le sabre éclate, c’est la victoire du sang sur le sabre qui est certaine !
Cette loi n’a pas cessé d’inspirer tous les révolutionnaires musulmans tout au long de l’histoire.
Nous pouvons voir dans toutes les insurrections et révolutions des masses opprimées contre les despotes de tout acabit des concrétisations plus ou moins parfaites de cette loi.
Ce n’est pas donc par hasard que ce soit le peuple iranien qui ait réussi la meilleure concrétisation de cette loi. En effet, c’est au nom de l’Imam Hussein que le sang des jeunes Iraniens a battu le sabre millénaire du Chah, leur dictateur.
C’est donc dans le cadre de la reconnaissance de la valeur d’Ahlul-Bayt (psex) que cette devise peut être parfaitement réalisable.
Et c’est seulement lorsqu’on prend état de la valeur et de la grandeur de l’Imam Hussein (psl) que l’on peut évaluer à sa juste valeur, toute catastrophe ou calamité qui pourrait nous atteindre.
Alors, au lieu de pleurnicher sur les petits maux de cette vie, il vaut mieux pleurer, voire fondre en larmes, en se rappelant la catastrophe de Achoura’ et le supplice que l’Imam Hussein avait dû subir pour nous faire parvenir l’Islam sain et sauf. Paix et prière sur Hussein et maudits soient ses ennemis jusqu’au jour du jugement.