Les mœurs et les vertus de l’Imam Hasan Askari (p)
Bref aperçu de sa vie
Imam Al-Hassan Al Askari (p), fils de l’Imam Ali Al-Hadi, fils de l’Imam Mohammad Al-Jawad, fils de l’Imam Ali Ar-Redha, fils de l’Imam Musa Al-Kadhem, fils de l’Imam Ja’far Al Sadeq, fils de l’imam Mohammad al-Baqer fils de l’imam Ali Zayn al-‘Abideen (As-Sajjad), fils de l’Imam al-Hussein, fils de l’imam Ali Ibn Abu Taleb (que la paix soit sur eux). C’étaient les imams infaillibles des Ahl Al-Bayt (la paix soit sur eux) qu’Allah avait préservés de l’impureté et les avait purifiés d’une purification complète, et que le Prophète (les prières et la paix d’Allah soient sur lui et sa sainte famille) avaient l’arche de sauvetage et de sécurité pour les gens.
L’Imam al-Hasan al-‘Askarî (a) est né en 232 H. à Médine et a vécu seulement 28 ans[1]. Sur le jour de sa naissance, il y a des divergences. Il est dit qu’il est né le 10, ou le 8, ou le 4 du mois de Rabî’ ath-Thânî. La date de son martyre est le 8 Rabî’ al-Awwal de l’an 260 H. [2].. Sa mère était Dame Sawssan « La marocaine », ou Hadeethah et elle était une servante. Son épouse était Narjiss, fille de Josué, fils de Roman César, et elle était aussi une servante. Il n’avait que 28 ans et, comme son grand-père Imam al-Jawad (la paix soit sur lui), il avait l’âge des imams le plus court, car l’imam al-Jawad (la paix soit sur lui) était martyrisé et il n’avait que 25 ans.
Sa vie (paix soit sur lui) était riche de toutes les significations d’altruisme et de sagesse, et il (paix soit sur lui) était connu par sa plus grande crainte d’Allah le Tout-Puissant dans sa jeunesse alors qu’il pleurait de peur de Dieu quand il voit du bois de chauffage, ce qui n’est ni surprenant ni étrange de la part des gens de la maison de l’infaillibilité et de la pureté (paix soit sur eux).
Il (la paix soit sur lui) avait un statut élevé aux yeux de son père, l’Imam Ali Al-Hadi (la paix soit sur lui), car il était le premier à vivre avec lui et à connaître son statut juste, c’est pourquoi il a caché son fils de peuple et seuls les amis les plus proches pouvaient le voir, afin de le protéger pour la survie des descendants de l’Imamat.
Le onzième Imam, Imam Hassan Al-Askari (AS) accéda à l’imamat, après la mort de son noble père, sur Ordre divin. Pendant les sept années de son imamat, et à cause des restrictions qui lui étaient imposées par le califat, il vécut en secret, pratiquant la dissimulation (Taqiyah).
Il n’eut aucun contact social même avec le commun de la population shi’ite. Seule l’élite des chiites pouvait le fréquenter. Il passa la plus grande partie de sa vie en prison. Une répression extrême sévissait à cette époque, la population shi’ite étant devenue nombreuse et ayant par la même un certain pouvoir.
Chacun savait que les chiites croyaient en l’imamat et l’identité des Imams chiites était également connue. En conséquence, le califat garda les Imams sous une surveillance plus étroite que jamais. Il essaya par tous les moyens et par des plans secrets, de les éliminer. De plus, le califat apprit que l’élite des chiites croyait que le onzième Imam (as), selon des traditions transmises par lui-même et par ses prédécesseurs, aurait un fils qui serait le Mahdi promis.
La venue du Mahdi, a été prédite par des hadiths authentiques du Prophète (p) rapportés par des sources tant chiites que sunnites. Pour cette raison, le onzième Imam (as), plus que les autres Imams, fut tenu sous étroite surveillance par le califat. Le calife de ce temps avait décidé de mettre un terme définitif à l’imamat dans le chiisme.
L’Imam sous l’oppression
Malgré son éloignement des luttes du pouvoir, l’Imam Hassan Al-Askari (AS) avait été emprisonné sous l’ordre du calife qui avait ordonné de lui poster deux gardes de prison choisis parmi les plus inhumains de ses mercenaires.
La surprise des agents du calife fut totale lorsqu’ils remarquèrent un bouleversement total du comportement et de la morale de ces deux gardes qui furent influencés par le comportement de leur prisonnier, qui se repentit et devinrent des plus pieux !
Tout comme son père, l’Imam Hassan Al-Askari (AS) avait eu à affronter l’épreuve des fauves ! Et l’histoire nous raconte que le calife abbasside de l’époque ordonna de le jeter dans le bassin des fauves et que, devant l’étonnement général, ces bêtes féroces accueillirent l’Imam du temps et l’argument de Dieu sur terre sans manifester aucun signe d’agressivité, tels des chiens accueillant leur maître !
Devant un tel despotisme, l’Imam Hassan Al-Askari (AS) ne cacha pas son hostilité à la tyrannie et il exhorta tous ses fidèles à refuser l’injustice et l’arbitraire, et il recommandait toujours à ses adeptes de ne point se séparer de la justice, de la bienfaisance et de l’altruisme. Ainsi, les adeptes de l’Imam Hassan Al-Askari (AS) constituaient à son époque la conscience vivace de la communauté musulmane.
L’existence de l’Imam Hassan Al-Askari (AS) constituait une preuve vivante et permanente de la véracité du message islamique, et il suffit pour tout homme dont le cœur est sain de rencontrer l’Imam du temps pour connaître la vérité et intégrer le rang de la minorité salutaire !
L’histoire nous raconte l’exemple d’un évêque chrétien qui obtint son salut par la suite d’une rencontre heureuse avec l’Imam Hassan Al-Askari (AS).
On lui demanda pourquoi s’était-il converti à l‘Islam et il répondit que l’Imam al-Askari incarnait la personnalité et la morale de Jésus (as) ! Et cela est suffisant pour quiconque qui cherche la vérité.
Le martyre de l’Imam
Depuis l’âge de 5 ans lorsqu’il avait été convoqué avec son père à Samârrâ’, l’Imam Hassan Al-Askari (AS) vécut sous les plus sévères restrictions et dans les prisons les plus inhumaines jusqu’à ce que Dieu eut permis son escalade céleste le 8 Rabih-I de l’année 260 de l’Hégire après avoir été empoisonné sous l’ordre du calife abbasside.
L’Imam Hassan Al-Askari (AS) fut enterré à côté de son père à la ville de Samârrâ’ où son mausolée reste jusqu’à nos jours comme lieu de visite générale.
Avant de répondre à l’appel du paradis, l’Imam Hassan Al-Askari (AS) avait parfaitement accompli sa dernière mission: cacher en lieu sûr son fils al Mahdi que tous les adeptes d’Ahlul Bayt attendaient impatiemment.
En effet, malgré toutes les perquisitions du pouvoir abbasside, et malgré le contrôle strict de toutes les femmes de l’Imam afin de tuer tout nouveau-né masculin, l’Imam al-Askari laissa son héritier à l’âge de 5 ans pour prendre en charge la plus grande mission de l’histoire, de l’humanité: faire respecter la loi de Dieu et instaurer la société universelle d’équité.
Les califes abbassides considéraient les descendants de l’Imam Ali comme leurs rivaux pour le Califat. Comme les Saints Imams appartenaient à la Famille du Prophète et de l’Imam Ali et que leurs qualités marquantes conduisaient les Musulmans épris de vérité et de justice à considérer ces guides vertueux comme étant plus dignes que tous autres pour la direction de la Ummah, l’appareil califal était toujours sur ses gardes, craignant à tout moment une révolte ou un soulèvement contre le pouvoir en place.
Nous avons vu dans le cas des autres Imams, combien les califes les surveillaient de près. En ce qui concerne l’Imam Al-‘Askari la pression et la surveillance ont atteint leur comble car l’appareil califal avait entendu depuis longtemps que de nombreux hadiths attribués au Saint Prophète parlaient du neuvième descendant de l’Imam Al-Hussayn, soit le fils de l’Imam Al-Hassan Al-‘Askari, et que les vrais adeptes de l’Islam considéraient le douzième Imam comme étant en question, et celui qui se soulèverait contre l’oppression et l’injustice pour remplir le monde d’équité et de justice.
Dès que l’appareil califal s’est aperçu que c’était Al-Hassan Al-‘Askari qui est devenu le onzième Imam, après la mort du dixième Imam, il a redoublé de vigilance, au point que toute personne qui entrait chez l’Imam ou sortait de chez lui était tenue sous haute surveillance et suivie de très près. C’est pour cette raison que le douzième Imam s’est abstenu d’apparaître en public, même pendant son enfance et su vivant de son père. Seules les personnes qui avaient l’entière confiance de son père avaient l’habitude de le voir.
La plupart des amis très sûrs du onzième Imam et ses représentants avaient pour but de fermer la voie d’éventuels futurs faux représentants à l’Imamat d’une part, de ne laisser aucun doute sur l’existence du douzième Imam, le fils de l’Imam Al-‘Askari, d’autre part.
Parfois, la surveillance de l’Imam Al-Hassan Al-‘Askari devenait plus sévère, puisqu’on le gardait carrément en prison. Toutefois, les geôliers et leur entourage étaient si favorablement impressionnés par la pureté, la sincérité, la piété, l’honnêteté et la spiritualité de l’Imam qu’ils devenaient eux-mêmes pieux et vertueux.
L’Imam occupait une position si élevée aux yeux du public que même ses ennemis étaient obligés de le louanger.
A l’époque, Ahmed Ibn ‘Ubaidullah a été nommé par le calife, administrateur des Awqâf (biens de mainmorte) à Qom. Son père était ministre du calife. Un jour, alors qu’il était assis avec quelques amis et que les notables de Samârrâ’ étaient en pleine discussion, il a dit : “Parmi les Sayyid (titre de noblesse donné aux descendants du Prophète) Alawites (de Ali, les descendants de l’Imam Ali – Ali Ibn Abi Tâlib), je ne connais personne qui puisse égaler Al-Hassan Al-‘Askari. Il est sans égal en matière de savoir, de sagesse, de retenue, de majesté, de grandeur, de chasteté, de modestie, de noblesse, de sobriété, de piété, de dignité et de magnanimité. Tout le monde, y compris le calife, les dirigeants et les fils aînés de la nation, lui témoigne un respect extraordinaire.”
L’Imam Al-Naqi avait un frère qui s’appelait Ja’far le Menteur, parce qu’il avait prétendu faussement à l’Imamat. Comme l’Imam Al-Mahdi, le fils de l’Imam Al-Hassan Al-‘Askari, était caché au moment de la mort de ce dernier, et que la plupart des gens n’étaient pas au courant de son existence, Ja’far a profité de l’occasion pour se présenter comme le successeur de son frère, et s’est efforcé de défendre sa cause par différents moyens.
Un jour, il a vu le ministre du calife et lui a fait l’offre de lui payer vingt mille dinars en or par année qu’il consentait à le reconnaître formellement comme étant le successeur de son père et de son frère. Le ministre l’a renvoyé en lui disant : “Idiot ! Les califes ont dégainé leur sabre et brandi leur fouet pour écarter de ton père et de ton frère leurs partisans, mais ils n’ont pas réussi. Ils ont essayé de les amener à leur désobéir, mais sans succès. Maintenant, si les adeptes de ton père et de ton frère consentaient à te reconnaître comme Imam, tu n’aurais pas besoin d’en voir une confirmation d’une autre partie. Et si à leurs yeux tu n’es pas Imam, tu n’auras jamais ce titre, même si le calife t’y aidait.
Notre douzième Imam (as) dirigea la prière funéraire de son père. Tout de suite après la fin de la prière, il retourna dans la maison et ne fût pas découvert par ses poursuivants menés par le calife Motamid en personne. Le onzième Imam (as) fut enterré dans sa maison à Samârrâ’ près de son noble père .
Relations avec les chiites
L’Imam al-Hasan al-‘Askarî (a), durant ses années de sa vie à Samarra, à l’exception de quelques fois où on l’a mis en prison, fut comme tous les autres citadins ordinaires de cette ville. Les historiens pensent que si l’Imam avait été libre pour choisir son lieu de vie, il aurait choisi la Médine! Donc la ville de Samarra est considérée pour la plupart des chiites comme une terre d’exile pour lui qui était forcé par les califes abbassides à y vivre.
Sa présence dans cette ville, était toutefois surveillée et il était considéré comme un danger pour le gouvernement, du fait de son influence sur les musulmans. C’est pour cette raison qu’on avait demandé à l’Imam d’informer constamment le gouvernement abbasside de sa présence sur Samarra[3].
Il est rapporté également qu’il était contraint de se rendre au centre du gouvernement (dâr al-Khilâfa) tous les lundis et jeudis de chaque semaine. Certains ont interprété cette obligation comme un respect, d’autres plutôt comme un contrôle et une surveillance.
Du fait de ces surveillances intenses, il parait que l’Imam n’était pas libre dans ces relations avec les chiites et eux, ils ne pouvaient pas le voir facilement. Il est rapporté que ses adeptes et chiites se préparaient pour le voir sur son chemin où il se rendait auprès du calife, ou était contraint d’accompagner ce dernier[4].
Mais l’Imam était surtout en contact avec ses chiites par correspondance ; ses écrits existent dans diverses sources.
Toutes ces conditions avaient fait que certaines personnes jouer le rôle de l’intermédiaire entre l’Imam et ses adeptes, parmi lesquels il faut mentionner ‘Aqîd son servant très proche, celui qui l’a élevé dès la naissance et qui envoyait ses lettres ; également Abu al-Adyân qui, lui aussi, était à son service et transmettait ses lettres[5].
Mais plus importants encore que ces deux personnes, c’est Uthman b. Sa’îd qui était le Bâb, le représentant officiel de l’Imam et l’intermédiaire entre lui et ses adeptes.
Ce fut lui-même qui, après le martyre de l’Imam al-‘Askarî (a), et le commencement de la période de l’Occultation mineure a joué le rôle du premier Bâb (ou Nâ’ib, Wakil, Safîr) de l’Imam Caché (a).
Sa générosité
« Un jour j’attendais Abou Muhammad (p) (l’Imam Al-Askari). Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je le conjurai de soulager ma détresse. Je jurai que je n’avais plus un dirham, et que je n’avais pas eu de petit-déjeuner ni de dîner. L’Imam me dit que je faisais un serment de parjure au nom d’Allah et me reprocha à bon droit d’avoir caché cent dinars dans le sol. Il ajouta qu’il ne me dit pas cela pour trouver une raison de ne rien me donner. Puis il donna l’ordre à son serviteur de me verser cent dinars. »
Cette histoire nous prouve sa grande générosité car même en sachant que l’homme ment, l’imam lui donna l’argent
Une autre histoire raconte qu’un homme ayant entendu parler de la générosité de l’Imam, alla le voir. Il avait besoin de cinq cent dirhams. L’Imam lui donna les cinq cent dirhams dont il avait besoin, ainsi que trois cents autres dirhams en plus.
La vertu et la magnanimité
Cheikh Mofide a écrit : Après Abu al-Hassan Ali bin Muhammad (p), son fils Abu Muhammad Hassan bin Ali (p) accède à l’Imamat, car il collectionnait les vertus diverses. Par tout ce qu’il méritait d’être Imam et président de la société des croyants, comme la science, la vertu, la perfection, la sagesse, l’innocence, le courage, la générosité, les services abondants, il était supérieur à tout le monde. En plus, il était présenté par son père vénérable en tant qu’Imam.[6]
Hussein ibn Muhammad Ashâri, Muhammad bin Yahya et d’autres ont témoigné : Ahmad ibn Ubaïdallah Khaqân était responsable à Qom, de préserver les biens publics et de récolter les taxes ; il était l’ennemi d’Ahl al-Bayt.
Un jour, on parlait en sa présence des Alawites et leurs religions quand celui-ci a dit : Je n’ai rencontré à « Sar Man Raï » personne semblable à Hassan bin Ali bin Muhammad dans la grandeur de la conduite, la pudeur, la générosité, la gloire et la gravité parmi les hommes d’Ahl al-Bayt et Bani Hachem. Même les âgés, les grands, les chefs de l’armée et les ministres le préféraient à eux-mêmes.
Ahmad ibn Ubaïdallah a raconté : Un jour, mon père avait organisé une réunion et j’étais debout. Soudain, les gardes sont entrés pour dire : Abu Muhammad bin al-Ridha est à la porte de la maison. Mon père dit à la voix haute : Faites entrer. Je me suis étonné par la témérité des gardes d’avoir osé appeler un homme avec ses titres en présence de mon père car seuls le calife et son successeur avaient le droit d’être appelés par leur titre. Entra alors un jeune homme peu âgé et beau avec une certaine gravité et gloire. L’ayant vu, mon père se leva et s’approcha de lui de quelques pas pour l’accueillir. Je ne me suis pas rappelé qu’il fasse une chose pareille pour une autre personne. Il l’enlaça et embrassa son visage. Puis le fit assoir et assis lui-même en face de lui, se mit à lui parler. Pendant leur conversation, je l’ai entendu dire à plusieurs reprises : Que ma vie soit un sacrifice pour toi !
J’étais parfaitement surpris par la conduite de mon père. A ce moment, le gardien vint pour dire à mon père : Muwaffaq (Ahmad bin Mutawakil Abbasside) le calife demande l’autorisation d’y entrer. C’était coutumier chez mon père que quand Muwafaq allait entrer chez mon père, les gardiens et les chefs de guerre faisaient deux queues parallèles pour qu’il entre et qu’il sorte. Mon père dit alors aux gardiens d’emmener Abu Muhammad par derrière la queue pour que Muwafaq ne puisse le voir.
Muwafaq entra. Mon père fit les salutations avec lui et il sortit. J’ai demandé aux gardiens de mon père : Qui était cet homme que vous avez reçu ainsi et que mon père a tellement respecté ? Ils ont dit : C’est un Alawite qui s’appelle Hassan bin Ali et surnommé Ibn al-Ridha.
Ceci augmenta ma surprise. Puis mon père fit sa prière nocturne et se résigna pour accomplir ses devoirs administratifs. Je me suis approché de lui. Il me demanda : Ahmad ! As-tu besoin de quelque chose ? J’ai dit : Oui mon père ! Si vous me le permettez. Qui était cet homme venu au matin chez vous et pourquoi l’avez-vous tant vénéré ? Mon père me dit en qualité de réponse : Cet homme est Imam des apostats, Hassan ibn Ali, surnommé Ibn al-Ridha. Après un silence, il dit : Mon fils ! Si le califat est sorti des mains de Bani Abbas, il sera le seul digne d’être calife parmi les hommes de Bani Hachem car il est sans pareil dans la vertu, la chasteté, la bonne conduite et la maîtrise de ses émotions, les services et la bonne morale. Si tu avais connu son père, tu le trouverais un homme généreux et vertueux.
Ahmad dit : Furieux par le comportement de mon père, j’ai décidé de mener une enquête sur Ibn al-Ridha. J’ai parlé à ce propos avec Bani Hachem, les chefs de guerre, les notaires, les juges, les juristes et d’autres. Tout le monde le vénérait et le préférait aux autres. Ainsi, j’ai appris sa gloire et sa grandeur.[7]
Muhammad bin Ismaïl Alawi a dit : Abu Muhammad (p) fut emprisonné avec Ali bin Utamish qui était l’ennemi d’Ahl al-Bayt et la famille d’Abu Talib ; lui disant : Fais ceci et cela avec Abu Muhammad (p). Au bout de quelques jours, il fut devenu un partisan fervent d’Imam le vénérant et glorifiant son nom.[8]
Muhammad bin Ismaïl bin Ibrahim bin Moussa bin Jafar a raconté qu’un groupe des gens de Bani Abbas étaient allés chez Salih bin Wassif, le gardien de la prison où Abu Muhammad (p) était détenu pour lui dire : Sois dur avec Abu Muhammad dans sa détention. Il répond : Qu’est-ce que je dois faire ? J’ai choisi deux malfaiteurs pour sa cellule mais au bout de quelques jours, ils sont devenus des gens de haut rang, pratiquant la prière et les services religieux.
Il appela les deux gardiens et leur dit : Pourquoi n’êtes-vous pas durs envers cet homme ? Ils dirent : Qu’est-ce que nous pouvons dire à propos d’un homme qui jeûne tous les jours et qui passe toutes les nuits dans la prière ? Qui ne parle à personne et ne s’occupe que des devoir de sa foi ? Quand il nous regarde, nous tremblons dans un état d’esprit où nous sommes hors de nous. Ayant entendu ces choses, ils retournèrent désespérés.[9]
Abu Hachem Jafari a dit : J’ai écrit une lettre à Son Eminence Abu Muhammad (p) où je me suis plaint de la situation difficile de la prison. Il m’écrivit en réponse : Aujourd’hui, tu feras la prière du midi dans ta propre maison. Par hasard, je suis libéré le même jour et j’ai fait ma prière dans ma maison. J’avais aussi des difficultés matérielles dont je voulais parler dans ma lettre pour Son Eminence, mais ayant honte, je n’arrivais pas à le faire. Arrivé chez moi, j’ai reçu une somme de cent dinars envoyée par Son Eminence qui dans une lettre, il m’avait écrit : Si tu as un besoin, demande-le à moi et n’aies pas honte pour que Dieu enlève ton besoin.[10]
Cette parole d’Abu Muhammad (p) adressée un jour à sa mère a été transmise par Muhammad bin Abi Dhaâfran : Il m’arrivera à l’an 260, des difficultés très dures et je crains qu’un désastre soit à l’affût. Troublée par ces nouvelles malheureuses, j’ai pleuré. Mais il dit : Il n’y a aucune issue. Ceci arrivera. Ne sois point impatiente et ne pleure pas.
Au mois de Safar de l’an 260 de l’hégire, Um Muhammad (p) est atteinte d’une certaine trouble. Elle sortait de temps en temps de la Médine à la recherche des nouvelles. Enfin, elle apprit que Mutamîd le calife avait emprisonné Imam et son frère Jafar. A travers Ali bin Jarir le gardien de la prison, Mutamîd prenait les nouvelles sur l’état de Son Eminence et la réponse d’Ali fut toujours la même : Il s’occupe en permanence des services ; jeûnant pendant les jours et faisant la prière durant les nuits. Un jour, il demanda au gardien sur Son Eminence et reçut la même chose. Puis il dit : Vas le libérer tout de suite et lui saluant de ma part, dis-le de retourner à sa maison.
Le gardien poursuit : Quand je suis arrivé à la porte de la prison, j’ai constaté qu’un âne était là-bas pour servir du moyen de transport. Je suis entré dans la prison. Son Eminence portait ses chaussures et son vêtement et il était prêt à partir.
Dès qu’il m’a vu, il se leva. Je lui annonçai sur sa libération.
Il sortit de la prison et monta à l’âne sans partir. J’ai demandé : Pourquoi vous ne partez pas ? Il dit : Je ne pars pas avant que mon frère Jafar ne soit libéré. Vas dire à Mutamîd : Moi et Jafar, nous sommes sortis d’une même maison et si nous ne retournons pas ensemble, il y aura des problèmes. Le gardien de la prison transmit le message de Son Eminence à Mutamîd et celui-ci répondit : Je libère Jafar aussi pour vous ; quoique je l’aie emprisonné pour avoir commis un crime vous atteignant et son âme. Il libéra Jafar aussi et ils sont de retour vers la maison.[11]
Il a été transmis que Bahlul, avait rencontré Imam Hassan Askari (p) dans son enfance, pleurant. Bahlul croyait qu’il pleurait car il n’avait pas de jouet. Il s’approcha de lui et dit : Ne pleure pas ! Je t’achèterai des jouets. Son Eminence répondit ! O Abruti ! Nous n’avons pas été créés pour jouer. Bahlul dit : Pourquoi donc sommes-nous créés ? Il dit : Pour le savoir et le service. Bahlul demande encore : Pourquoi ? Et Imam lui récita ce verset coranique : Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous ? Les Croyants 23 : 115. Puis Bahlul lui demanda une oraison. Son Eminence récita des poèmes en retour et s’évanouit. Après qu’il ait repris ses sens, Bahlul lui dit : Mais tu n’es qu’un enfant sans aucun devoir, de quoi as-tu peur ? Il dit : J’ai vu ma mère qui alluma les grands morceaux de bois avec des petits morceaux et j’ai eu peur d’être le petit morceau du feu d’enfer.[12]
Muhammad bin Ali bin Ibrahim bin Moussa bin Jafar a raconté : La vie fut dure pour nous et mon père me dit : Allons vers cet homme (Abu Muhammad S.L.) car j’ai entendu parler de sa générosité. J’ai demandé à mon père : Tu le connais ? Il dit : Je ne le connais pas et je ne l’ai jamais vu.
Nous sommes mis en route, en compagnie de mon père, vers Son Eminence. Chemin faisant, mon père me dit : J’ai besoin de cinquante drachmes : Deux cents drachmes pour les vêtements, deux cents pour payer ma dette et cent drachmes pour les frais de la vie. Je me suis dit : Si seulement il me prête trois cents drachmes : Cent drachmes pour acheter un âne, cent drachmes pour les frais de la vie et cent drachmes pour les vêtements. Et ensuite, je pars pour Jabal.
Muhammad poursuit : Dès que nous sommes arrivés, un servant sortit et annonça : Qu’Ali bin Ibrahim et son fils Muhammad entrent.
Nous sommes entrés chez Son Eminence et nous l’avons salué et il dit à mon père : O Ali ! Pourquoi n’es-tu pas venu chez nous plus tôt ? Mon père répondit : J’avais honte de me présenter chez vous dans un pareil état.
Au moment de sortir, le serviteur de Son Eminence rendit un sachet à mon père, disant : Voici cinq cents drachmes dedans : Deux cents pour les vêtements, deux cents pour payer la dette, cent pour les frais de la vie. Puis il me donna un sachet pour dire : Il y a trois cents drachmes dans ceci : cent drachmes pour acheter un âne et deux cents pour les frais de la vie. Ne vas pas à Jabal mais vas à Souraâ.
Muhammad changea d’avis et au lieu d’aller à Jabal, il partit pour Souraâ où il se maria. Après un temps, une somme de mille dinars lui fut envoyée de la part d’Imam Hassan Askari (p).[13]
La science d’Imam
Comme ses ancêtres vénérables, Imam Hassan Askari (p) maîtrisait tous les savoirs de la religion et de la jurisprudence islamique. Il avait toutes les ressources des savoirs religieux et de l’Imamat à sa disposition et il était accordé de l’innocence par la Divinité. Il considérait son devoir de diffuser les sciences de la religion et les conserver, sans vouloir se débarrasser de cette responsabilité.
Bien sûr, les Imams n’ont pas vécu dans des situations identiques. Afin d’accomplir les tâches de l’Imamat, y compris celle de la diffusion des savoirs, chacun d’eux a agi selon ses conditions. Malheureusement, les savoirs nous arrivant d’Imam Hassan Askari (p) ne sont pas aussi abondants que ceux de ses ancêtres et en particulier, d’Imam Muhammad Baqir et Imam Sadiq (p).
Pour expliquer ce fait, nous pouvons donner deux raisons principales :
- A) Il vécut sa vie à « Sar Man Raï » dans une région habitée par les militaires et des agents secrets des califes contemporains le surveillaient. En effet, ses rencontres et ses transmissions d’idées étaient grandement limitées et par conséquent, ses hadiths ne sont pas du nombre de ses ancêtres.
Pourtant, il existe des hadiths divers couvrant un vaste champ de questions concernant le monothéisme, la résurrection, l’Imamat, la morale, les oraisons, les écoles différentes de la jurisprudence, contenus dans les livres d’hadith.
- B) Il est probable qu’un grand nombre d’hadiths de Son Eminence et d’autres Imams ont été perdus dans le temps et qui ne sont pas accessibles. Pendant une période assez courte de six ans seulement, Son Eminence put élever d’abondants de disciples et de conteurs d’hadiths dont les noms ont été enregistrés dans les registres concernant.[14]
Les oeuvres de l’Imam Al-Askari (Psl)
Voici certaines parmi les œuvres de l’Imam al-Askari (Psl) que nous devons connaître pour enrichir, grâce à lui, notre science et notre conscience. A l’occasion, on vous a toujours dit de ne pas vous réduire, dans votre rapport aux Imams appartenant aux Gens de la Maison (P), à vous attacher à l’aspect dramatique de leur vie, et de rechercher la science qu’ils ont enseignée, la guidance qu’ils nous ont prodiguée et la voie à suivre qu’ils nous ont fixée.
N’est-ce pas qu’ils disaient : « Faite vivre notre cause ! Que Dieu fasse vivre celui qui fait vivre notre cause ! » ?
Nous devons connaître leurs sciences, suivre leur voie et les présenter au monde afin qu’il connaisse qui étaient les Gens de la Maison (P). Il en est ainsi car beaucoup de ceux qui se revendiquent comme des partisans des Gens de la Maison (P) ne les connaissent pas vraiment quant à leur science, à leur spiritualité, à leur action et à leur voie.
Lettre envoyée par l’Imam (Psl) à Isaac Ibn Ismâ’îl an-Naysâbûrî:
« Que Dieu te voile de Son voile et qu’Il soit ton soutien dans toutes tes affaires ! J’ai compris ta lettre. Nous sommes, grâce à Dieu et à Ses bienfaits, des gens compatissants envers nos partisans. Cela nous réjouit de voir que Dieu les comble de Ses bénédictions et de Ses grâces. Chaque don qu’ils obtiennent de la part de Dieu nous fait plaisir. Louange à Dieu et que Ses noms soient sanctifiés pour Ses bienfaits. Je dis ‘Louange à Dieu de la manière avec laquelle on puisse Le louer jusqu’à la fin du temps, pour la miséricorde qu’Il t’a procurée, en te sauvant de la perte et en facilitant ton passage sur la Pente. Par Dieu ! Elle est une pente difficile à franchir, ardue à traverser et grande comme épreuve !
Sache avec certitude, ô Ishâq, que celui qui, aveugle quitte cette vie, sera dans l’autre monde dans une plus grande cécité et dans un plus grand égarement. C’est ce que Dieu dit dans Son Livre Clair lorsque, par la bouche de l’injuste, Il dit :
« Mon Seigneur ! Pourquoi m’as-tu amené ici, aveugle, alors que je voyais clair auparavant ? Dieu dira : « De même que tu as oublié Nos Signes, après qu’ils te sont parvenus, tu seras oublié aujourd’hui » (Coran XX, 125-126).
Y a-t-il de signe plus grand que l’Argument que Dieu envoie à Ses créatures, que Son Intendant sur Sa terre, que Son Témoin auprès de Ses serviteurs, qui vient après ses pères, les prophètes, parmi les premiers, et après ses pères les tuteurs, parmi les derniers, que la paix de Dieu et Ses bénédictions soient sur eux tous !
Mais où laissez-vous vous égarer ? Où, comme les bestiaux laissez-vous vous conduire ? De la vérité vous vous détournez. A la fausseté vous croyez et la grâce de Dieu vous rejetez. Seriez-vous parmi ceux qui croient à une partie du Livre et qui dénient une autre partie ? Quel est le châtiment de celui qui, parmi vous et parmi les autres, le fait, si ce n’est la honte dans ce monde-ci et les supplices perpétuels dans l’Autre monde éternel ?
En vous imposant les obligations, Dieu, il n’y a pas de Dieu en dehors de Lui, de par Sa grâce et Sa miséricorde, ne l’a pas fait parce qu’Il a besoin de vous, mais parce qu’Il voulait être compatissant avec vous, afin de distinguer ce qui est bon en vous de ce qui est mauvais. Pour mettre à l’examen ce qu’il y a dans vos poitrines, pour vérifier ce qu’il y a dans vos cœurs. C’est afin que vous concurrenciez pour obtenir la miséricorde de Dieu, afin de vous destiner à des emplacements selon vos rangs dans Son Paradis. C’est pour cela qu’Il vous a imposé le pèlerinage majeur, le pèlerinage mineur, la prière, l’aumône, le jeûne et la reconnaissance de l’Autorité ».
Nous remarquons, d’après cette lettre, que l’Imam al-Hassan al-Askari (Psl) poursuivait la situation de ses partisans les Chiites dans leurs affaires positives et négatives. Il leur vouait affection et tendresse et leur demandait de s’engager entièrement à suivre la direction. Il leur recommandait d’emprunter la voie de Dieu en s’appliquant à s’acquitter de leurs obligations afin d’obtenir Son agrément en se rapprochant de Lui et en Lui obéissant. Il s’agit de la communication, au niveau des sentiments et à travers l’instruction, entre l’Imamat et ceux qui suivent son droit chemin.
L’invocation:
D’après Abû Hâshim al-Ja’farî, l’un des partisans de l’Imam al-Askari (Psl) lui a écrit lui demandant de lui apprendre une invocation. L’Imam (Psl) lui a envoyé cette invocation :
« Ô Celui qui entend plus que tous ceux qui entendent,
ô Celui qui voit plus que tous ceux qui voient,
ô Celui qui est le plus grand que tous ceux qui regardent,
ô Celui qui, en comptant, est le plus rapide que tous ceux qui comptent,
ô Celui qui est le plus miséricordieux que tous les miséricordieux,
ô Celui qui est le plus sage de tous les sages…
Que Tes bénédictions soient sur Muhammad et la Famille de Muhammad
et que tu prolonges ma vie, que tu me combles de Ta miséricorde,
que tu me classes parmi ceux qui assistent Ta religion et que tu n’assignes cette tâche à quelqu’un d’autre ! ».
Et Abû Hâshim poursuit : « Je me suis alors dis dans mon for intérieur : ‘Seigneur ! Fais que je sois de Ton parti et de Ton groupe !’». Et voilà que ‘Alî, Abû Muhammad al-Askari (Psl) me regarde en disant : « Tu es de Son parti et de Son groupe puisque tu crois en Dieu, tu te fies à Son Messager, tu reconnais ses amis et tu les suis ».
Deux remarques :
La première est que cette invocation offre à l’homme l’ouverture à Dieu à travers Ses attributs qu’aucun de Ses créatures ne peut prétendre s’y approcher, ce qui veut dire qu’Il est le seul capable de répondre à sa sollicitation. Viennent ensuite les questions vitales en liaison avec l’élargissement des subsistances, le prolongement de la vie, la miséricorde et le choix du serviteur pour assister la religion de Dieu. Cela prouve l’importance de cette question dans la vie de l’homme musulman qui doit assumer complètement ses responsabilités en déployant ses efforts pour assister la religion dans tous les domaines de la culture, de la politique, de la société et de la sécurité. L’homme musulman ne doit pas être neutre sur le terrain du conflit entre l’Islam et ses ennemis. Il doit s’engager à défendre la religion dans tous ses combats.
La seconde est que ce geste en ce qui concerne l’invocation a incité cet homme à vouloir rejoindre le parti de Dieu et Son groupe et à demander à Dieu de l’aider à être parmi eux afin qu’il suive la ligne de ceux qui appellent à Dieu, qui luttent pour Dieu et qui agissent pour la cause de Dieu. Le faisant, il prouve qu’il suit la règle de la foi en Dieu et en Son Messager et qu’il reconnaît ses partisans qui forment la bonne et loyale direction qui tient à préserver l’Islam et les Musulmans et à les diriger sur la bonne voie.
Notes:
- Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 1, p 503
- Mas’ûdî, Murûj adh-Dhahab, vol.4, p. 110
- Cheikh at-Tûsî, al-Ghayba, p 19
- Cheikh al-Mufîd, al-Irshâd, p 387
- Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Din, p 475
- Al-Irshad, V2,, P317.
- Idem, P318.
- Idem, P319.
- Idem, P313.
- Idem, P321.
- Nour al-Abthar, P183 et Al-Thawa’ïq al-Muharraqah, V1, 207.
- Idem, P329.
- Idem, P334.
- Idem, P330.