La bataille d’Achoura
Umar bin Saad s’avança le premier pour lancer une flèche en disant : C’est la preuve pour le gouverneur que j’ai tiré le premier. Les flèches commencèrent à pleuvoir sur l’armée de Hussain qui résista. Les différents assauts se succédèrent avec des morts de part et d’autres. La première vague confronta le flanc droit de l’armée de l’Imam Hussain avec le flanc gauche de l’armée de Yazid. La douzaine d’hommes commandés par Zuhayr ibn Qayn se battirent de manière héroïque ce qui mit la pagaille dans le flanc de l’armée syrienne qui se heurta avec son flanc central. En voyant cette débâcle, l’armée syrienne rompit une des règles d’engagements que les deux camps avait pris, à savoir, ne pas utiliser de lances, mais privilégier le combat individuel. On peut sourire de la couardise de l’armée syrienne qui reculait devant une dizaine d’hommes du camp de Hussain.
Amr ibn al-Hajjaj, un des chefs de l’armée de Yazid attaqua le flanc droit de Hussain, mais ce dernier tient bon, car ils utilisèrent leurs lances pour effrayer les chevaux de leurs ennemis. Amr ibn al-Hajjaj haranguait les siens en disant : Combattez, combattez deux qui ont abandonnés leurs siens et qui ont quittés la religion. A cela, l’Imam Hussain répondit : Malheur sur toi, est-ce que tu exhorte tes semblables à me combattre et tu m’accuse d’avoir abandonné la religion. Lorsque nos âmes quitteront nos corps, nous verrons qui entrera en enfer ! Afin de protéger les femmes et les enfants, l’armée de Hussain se concentra sur le corps à corps. Des hommes d’honneurs tels que Muslim ibn Awsaja, Burayr ibn Khudhayr, Habib ibn Muzahir furent tués pendant le combat. Evidemment, la supériorité numérique joua en faveur de l’armée de Yazid et les compagnons de Hussain venait un par un pour lui dire adieu avant d’aller au combat. Après que les compagnons furent tous tués, ce fut au tour des membres de la famille de Hussain qui demandèrent la permission d’aller se battre.
Il y avait les fils de l’Imam Ali, ceux de l’Imam Hasan, ceux de Zenabe, la soeur de Hussain. Pendant la commémoration de Karbala, on a l’habitude de se souvenir de chacun des 72 morts, mais ce serait trop long, mais on peut en décrire certains d’entre eux grâce à leur faits qui sont entrés dans l’histoire. On a d’abord le muezzin (celui qui lance l’appel à la prière). Quand l’heure de la prière arriva, ce muezzin se plaça pour protéger Hussain des flèches. Il servit de bouclier et son corps fut criblé de projectiles. On peut aussi citer Junn qui était un esclave qui n’eut d’abord pas la permission d’aller au combat, mais que Hussain finit par lui accorder. Après la bataille, on vit que le corps de Junn dégageait un parfum de musc et que sa peau resplendissait prouvant que la couleur de peau, d’origine sociale n’ont aucune importance pour ceux qui ont la foi.
La mort d’Abdullah bin Hasan
Mais le massacre de Karbala est resté dans les mémoires grâce à des évènements qui dépassent l’imagination. Pendant la bataille, Abdullah bin Hasan demanda la permission d’aller se battre, mais Hussain refusa, car il était l’un des seuls signes qui lui rappelait son cher frère. Alors Abdullah se rappela que son père l’Imam Hasan lui avait donné un papier qu’il ne devait ouvrir que lorsqu’il serait confronté à de grandes difficultés. il ouvrit le papier et lut que son père lui disait de se sacrifier pour l’imam Hussain. Fier et heureux, il courut vers l’Imam Hussain qui lui dit que son frère lui avait dit de le marier avec sa fille Sakina. En pleine bataille, affamé et assoiffé depuis 3 jours, Hussain organisa un mariage. Dès que la cérémonie fut terminée, Abdullah parti au combat. Dès que les adversaires le virent, ils s’écrièrent : Un marié est là, un marié est là, tuez, tuez le marié ! Abdullah fut tué alors qu’il n’était marié que depuis quelques minutes.
La mort d’Abbas Alamdar
Puis, vient le tour d’Abbas Alamdar. Il était l’un des plus forts guerriers du camp de Hussain. il était si grand que lorsqu’il montait à cheval, ses pieds touchait le sol. Sakina, la fille de Hussain, est venu le voir avec un petit seau : Comment Sakina peut être assoiffé alors qu’il y a quelqu’un comme vous, Ô Abbas Alamdar ! Jusqu’à maintenant, l’imam Hussain ne donnait pas la permission à Abbas Alamdar d’aller se battre, car il était le porte-drapeau de l’armée. Mais la demande de Sakina lui donna un prétexte et il dit qu’il ne supportait plus de voir la soif des femmes et des enfants. Hussain lui donna la permission et Abbas Alamdar se fraya un chemin dans l’armée de Yazid pour arriver jusqu’au fleuve Euphrate. Dans un geste immortel et de sacrifice ultime, il ne but pas une seule goutte d’eau alors qu’il était assoiffé depuis 3 jours.
Il avait le seau d’eau sur son bras gauche et il revenait vers les tentes de l’Imam Hussain. Umar bin Saad ordonna de le stopper à tout prix et que si l’eau arrivait jusqu’au camp de Hussain, ils ne pourraient plus les vaincre même jusqu’à la fin des temps. Une énorme embuscade encercla Abbas Alamdar et un ennemi lui coupa le bras gauche d’un coup d’épée. Abbas Alamdar déplaça le seau sur son bras droit, mais un autre ennemi coupa également ce bras. Et il prit le seau avec ses dents pensant uniquement à porter l’eau jusqu’au campement. Mais un ennemi tira un flèche qui transperça le seau et la force d’Abbas Alamdar l’abandonna quand il vit que l’eau était perdue. Abbas s’écroula et appela Hussain. Ce dernier arriva en courant en écartant les ennemis. Abbas Alamdar demanda à ce qu’on ne le transporta pas jusqu’au camp, car il ne supporterait pas de voir Bibi Sakina et le fait qu’il avait échoué à apporter l’eau. Après la mort d’Abbas Alamdar, l’Imam Hussain s’écria : La mort d’Abbas a brisé mon dos (signifiant qu’Abbas était son principal support).
La mort d’Ali Akbar
Ali Akbar demande la permission d’aller se battre, mais Hussain refusa, car Ali Akbar ressemblait beaucoup au Prophète. Après plusieurs tentatives, l’Imam Hussain, noyé dans ses larmes, accorda sa permission. Ali Akbar tua des dizaines d’ennemis, revient une fois vers le camp et repartit vers la bataille. Un ennemi lui transperça la poitrine avec sa lance et quand il la retira, un bout de foie resta accroché à cette lance. Il appela Hussain à l’aida qui arriva et qui lui demanda : Que vois-tu, mon cher Ali Akbar. Ce dernier répondit qu’il voyait le Prophète, l’Imam Ali, Maulatena Fatema et l’imam Hassan. Après la mort d’Ali Akbar, il ne restait plus un seul homme vivant dans le camp de Hussain sauf un enfant de 6 mois.
La mort d’Ali-Asgar
Zenabe est venu vers l’Imam Hussain avec un enfant de 6 mois dans les bras. Ali Asgar, le fils de Hussain, n’avait pas bu une seule goutte d’eau depuis trois jours. Zenabe demande à Hussain d’emmener l’enfant devant les ennemis qui prendrait pitié de l’enfant et lui donnerait un peu d’eau. L’Imam Hussain s’avança vers les ennemis en tenant l’enfant des deux bras et dit : Si un seul d’entre vous donne une seule goutte d’eau à cet enfant, je lui garantis qu’il ira au Paradis. Un des ennemis s’écria que ce n’était qu’un prétexte et que Hussain voulait l’eau pour lui et un autre ennemi appelé Hurmala tira une flèche qui transperça la gorge de l’enfant de part en part. Hussain recueilli le sang dans ses mains et le lança vers le ciel et pas une seule goutte ne tomba vers le sol prouvant ainsi la valeur de l’enfant. L’imam Hussain pensa qu’il ne pouvait pas laisser Ali-Asgar avec les autres corps et il creusa une tombe avec son épée et enterra l’enfant.
La mort de l’Imam Hussain
Finalement, l’Imam Hussain fut le seul qui resta à part l’imam Ali Zainul Abideen qui était malade. Hussain le désigna comme le prochain Imam et il partit pour la bataille. L’imam Hussain se fraya un chemin en tuant des dizaines d’ennemis et atteignit l’Euphrate. Il tenta de faire boire son cheval qui était aussi assoiffé depuis 3 jours, mais le cheval refusa. Pour convaincre le cheval de boire, l’Imam Hussein prit l’eau dans ses mains ce qui créa la panique parmi les ennemis qui crièrent : Ô Hussain, vous buvez de l’eau, mais vos tentes sont en train d’être incendiées. Hussain jeta l’eau et se précipita vers les tentes, vit que tout était normal et retourna sur le champs de bataille. Des ennemis l’encerclèrent en lui tirant des lances, des flèches, des masses et autres projectiles. Mais rien ne semblait arrêter Hussain lorsque l’archange Gabriel apparut avec une armée d’anges et dit : Si vous voulez, Imam Hussain, nous pouvons tuer ces ennemis dans l’instant.
L’Imam Hussain demanda quel était le dessein de Dieu et Gabriel répondit que Dieu voulait qu’il se sacrifie pour sauver l’Islam. A cet instant, Hussain rangea son épée Al Zoulfikar, mais les ennemis continuaient d’attaquer. L’imam Hussain voulait descendre de cheval, mais il n’en avait plus la force, alors son cheval Zuljanah plia ses deux jambes de devant et l’Imam Hussain descendit et alla s’adosser contre un dattier. Plusieurs ennemis tentèrent de le tuer, mais ils retournèrent aussitôt dans leur camp. Quand Shimr leur demanda pourquoi ils ne tuaient pas Hussain, ils répondaient qu’ils voyaient le prophète quand il le regardaient, d’autres disaient qu’il voyaient l’Imam Ali. Alors Shimr, furieux, s’avança vers l’Imam Hussain et lui donna un coup de pied à la poitrine. Shimr s’assit sur sa poitrine et commença à lui trancher la gorge avec une lame mal aiguisée. Après 12 coups, Hussain répondit : Shimr, tu ne pourras pas me tuer, car il me reste une dernière chose à faire. Shimr fut obligé de se relever, Hussain se prosterna et pria pour tous les croyants jusqu’à la fin des temps et Shimr le décapita alors qu’il est toujours prosterné.
Après la mort de l’Imam Hussain, les troupes de Yazid pillèrent les tentes, arrachèrent les voiles des femmes et les malmenèrent. Ils les firent prisonniers et on leur fit marcher de Karbala jusqu’à Kufa puis de Kufa jusqu’à Damas où se trouvait Yazid.
Les conséquences de la mort de l’Imam Hussain
Il y eut de nombreuses conséquences à la mort de l’Imam Hussain, mais la principale est qu’elle souleva l’indignation dans le monde entier. Yazid, ceux qui ont participés à la bataille et la dynastie des Omeyyades furent maudits à jamais, car aucun cause ne pouvait justifier un tel massacre. Mais Yazid était puissant et il tenta d’étouffer le massacre de Karbala et il a fallu des années pour qu’on comprenne tout ce qui était arrivé à l’Imam Hussain et ses compagnons. Cependant, de nombreux détracteurs, principalement des partisans de cette dynastie maudite, réfutent le massacre de Karbala avec des arguments ridicules. L’une des principales est que si Hussain était vraiment l’Imam Hussain, il savait ce qui allait se passer à Karbala, alors pourquoi a-t-il emmené les femmes et les enfants. Et on peut leur répondre que c’était pour montrer ce dont était capable Yazid et son armée.
La légitimité sacrée de Hussain est prouvée par le fait que l’armée de Yazid n’a pas réussi à tuer Ali Zainul Abideen qui était le prochain Imam et les détracteurs disent que c’est parce qu’il était malade et qu’il a été gracié… Gracié ? Gracié ? Comment des hommes qui n’ont pas hésiter à lancer une flèche dans la gorge d’un enfant de 6 mois pouvaient-ils connaitre quoi que ce soit de la grâce ? Quel crime avait commis cet enfant ? Est-ce qu’il avait une épée ou une lance ? Quels crimes ont commis les femmes et les enfants qui ont étés malmenés après la mort de Hussain. Et si vous avez lu la chronologie du massacre de Karbala dans cet article ou ailleurs, est-ce que vous avez remarqué une chose fondamentale ?
A aucun moment avant ou pendant les évènements de Karbala, Hussain n’a déclaré ouvertement la guerre à Yazid. Certes, il a déclaré son opposition, mais tout le monde peut le faire. Si on n’est pas d’accord avec une décision, alors on peut dire qu’on est contre. Mais l’imam Hussain n’a pas déclaré la guerre comme le prétendent les Omeyyades. Par ailleurs, les lois de la guerre stipulent que lorsqu’un ennemi se rend, on doit le faire prisonnier. Dans la chronologie de l’Achoura, on lit que Hussain a rangé son épée prouvant qu’il ne veut plus se battre et que la logique veut qu’on le fasse prisonnier. Mais ses ennemis ont refusés d’entendre raison, mais peut-on demander de la raison de la part de fous meurtriers ?
De nos jours, les villes de Karbala, de Damas, et de Najaf font partie des principaux lieux saints de l’Islam chiite. Najaf grâce au mausolée de l’Imam Ali. On a également le Caire qui abrite la tête de l’Imam Hussain. Ce massacre s’est déroulé en 680 et cela fait donc presque 1332 ans que le corps et la tête de l’Imam Hussain sont séparés. Pendant l’ère de Saddam Hussain, il était difficile de faire le pèlerinage à cause des risques, mais les choses s’arrange progressivement. C’est pourquoi, je préfère parler du massacre de Karbala plutôt que de bataille, car une bataille implique des armées de forces similaires tandis qu’ici, on avait au minimum 20 000 hommes d’un coté et 72 de l’autre.
Il y a environ 1,3 milliards de musulmans dans le monde et 90 % sont des sunnites signifiant qu’ils ne connaissent pas ou ne croient pas au massacre de Karbala. Ce type d’évènement est inconnu de leur idéologie, pourtant, le sacrifice de l’Imam Hussain et de ses compagnons revient dans l’actualité depuis ces quelques dernières années. A tort ou à raison, ce sacrifice est devenu un symbole et une inspiration dans la lutte contre l’oppression et la tyrannie et de nombreux pays pendant le printemps arabe s’en sont inspirés.
Même ceux qui ne sont pas musulmans ont loués le sacrifice de l’Imam Hussain.
- Mahatma Gandhi a déclaré : J’ai appris de Hussain comment gagner alors qu’on est opprimé.
- Le grand poète Rabindranath Tagore dira : Pour préserver la justice et la vérité, et au lieu d’utiliser une armée et des armes, la victoire peut être obtenue en sacrifiant des vies exactement comme l’Imam Hussain a fait.
- L’écrivain britannique Charles Dickens a écrit : Si Hussain a combattu uniquement pour le pouvoir… alors je ne peux pas comprendre pourquoi sa femme, sa sœur et ses enfants l’ont accompagnés. C’est impossible à envisager sauf s’il s’est sacrifié uniquement pour l’Islam.
J’ai écrit cet article parce que je suis outré par la littérature francophone sur l’Imam Hussain et Karbala. L’article de Wikipedia en français est une insulte tellement il y a de lacunes et d’incohérences. L’article en anglais de Wikipedia est assez complet, mais les sites musulmans francophones en général occultent complètement le sujet ce qui est une hérésie. Car on doit se rappeler, il n’y avait que deux camps à Karbala. Soit on est avec l’un, soit on est avec l’autre…