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Selon les hadiths établis à la fois par les corpus sunnites et shiites (dans les chapitres sur les tentations, séditions et autres), le Prophète prédit les séditions et les tribulations qui devaient menacer la société islamique après sa mort, les formes de corruption qui allaient pénétrer l’Islam, et comment des gouverneurs mondains allaient sacrifier cette pure religion à leurs intérêts personnels impurs.
Comment concevoir que le Prophète, qui n’omit pas de prédire le détail des évènements et des épreuves qui devaient survenir des années, voir des milliers d’années après lui, eût pu négliger les questions concernant sa succession immédiate? Ou bien qu’il eût pu négliger et considérer comme sans importance un devoir d’une part si simple et clair, et d’autre part revêtant une signification aussi importante’.’ Se serait-il occupé des actes les plus naturels et communs tels que manger, boire et dormir, aurait-il donné des centaines de corrunandements à leur sujet, pour ensuite demeurer muet sur la question capitale de sa succession?
Même en acceptant l’hypothèse – que le shiisme rejette – selon laquelle la nomination d’un chef de la société islamique a été laissée par la shari’ah au peuple lui-même, il aurait quand même fallu que le Prophète s’expliquât à ce sujet. II aurait dû avoir laissé les instructions nécessaires à la communauté afin que celle-ci soit consciente du problème dont dépendent l’existence et la croissance de la société islamique ainsi que l’observance des rites religieux. Or, il n’y a pas trace d’une telle explication prophétique ou d’une telle instruction religieuse.
Si une telle chose avait existé, ceux qui succédèrent au Prophète et tinrent les rênes du pouvoir entre leurs mains, ne s’y seraient pas opposés. En fait, le premier calife transféra le califat au second par legs. Le seconde calife choisit le troisième grâce à un conseil de six hommes dont le futur calife faisait lui-même partie et dont l’ordre de procédure avait été déterminé et ordonné par lui-même. Mu’awiyah fonja l’Imam Hassan à faire la paix et, de cette manière, continua d’être calife. A la suite de cet événement, le califat fut converti en une monarchie héréditaire.
Progressivement plusieurs observances religieuses des premières années de l’Islam
(Telles que la guerre sainte, la commanderie du bien et l’interdiction du mal, l’application des peines légales pour l’actes inhumains) perdirent de leur importance et disparurent même de la vie politique de la communauté, annulant dans ce domaine les efforts du Prophète de l’Islam.
Le shiisme a étudié la nature primordiale de l’homme et la tradition de sagesse qui a toujours survécu parmi les hommes. II a saisi le but principal de l’Islam qui consiste à revivifier la nature primordiale de l’homme, et a étudié certaines choses telles que les méthodes utilisées par le Prophète pour diriger la communauté. II a aussi étudié les troubles qui frappèrent l’Islam et les musulmans après la mort du Prophète et qui menèrent à la division et à la séparation, ainsi que la vie éphémère des gouvernements islamiques des premiers siècles, qui furent caractérisés par la négligence et le manque de principes religieux stricts.
En conclusion de ces études, le shiisme affirme qu’il y a assez de textes traditionnels laissés par le Prophète pour indiquer la procédure de désignation de l’Imam ou successeur du Prophète. Cette conclusion est appuyée par des versets coraniques et des hadiths que le shiisme considère comme authentiques, tels que le verset sur la waiâyat et les hadiths de Ghadir, Safînah, Thaqalayn, Haqq,
Manzilah, Dawat-i-achirah-i-aqrabfn et d’autres. Mais bien sûr, ces hadiths, dont beaucoup sont acceptés par le sunnisme, n’ont pas été compris de la même manière par le shiisme et par le sunnisme. Sinon la question même de la succession n’aurait pas été soulevée. Alors que ces hadiths apparaissaient aux shiites comme une claire indication des intentions du Prophète concernant la question de la succession. Ils ont été interprétés par les sunnites d’une toute autre manière, laissant la question ouverte et sans réponse.
Pour prouver le califat d’Ali Ibn Abi Tâlib, les shiites ont eu recours à des versets Coraniques, parmi lesquels, le suivant: «Non, vous n’avez d’autre ami que Dieu et son Messager et les croyants qui établissent l’office et acquittent l’impôt cependant qu’ils s’inclinent» (Coran V, 55).
Les commentateurs shiites et sunnites s’accordent à dire que ce verset fut révélé au sujet d’Ali Ibn Abi Tâlib, et plusieurs hadiths shiites et sunnites confirment cette opinion.
Abu Dharr Ghiffâri a dit: «Un jour, nous faisions les prières de midi avec le Prophète; une indigente demanda de l’aide, mais personne ne lui fit l’aumône. Le malheureux leva les mains au ciel en disant: 0 mon Dieu! Sois témoin que dans la mosquée du
Prophète personne ne me donne quelque chose. Ali Ibn Abi Tâlib était en prière, à genoux. II pointa son doigt vers la femme, qui prit sa bague et partit. Le Prophète, qui observait la scène, leva les yeux vers le ciel et dit:«O mon Dieu! Mon frère Moise t’a dit: Elargis ma poitrine, aplanis mes difficultés et rends ma langue éloquente afin qu’ils comprennent mes paroles et fais de mon frère Aron mon aide et mon ministre
(Coran XXVIII, 35) ô mon Dieu! Je suis aussi ton Prophète élargis ma poitrine, facilite ma tâche et fais d’Ali mon ministre et mon aide». Abu Dharr dit: «Le Prophète n’avait pas fini de parler que le verset cité ci-dessus fut révélé».
Un autre verset que les shiites considèrent comme preuve du califat d’Ali est le suivant: «Les incrédules désespèrent aujourd’hui de vous éloigner de votre religion. Ne les craignez pas! Craignez-Moi! Aujourd’hui, J’ai rendu votre religion parfaite; J’ai parachevé Ma grâce sur vous; J’agrée l’Islam comme étant votre religion» (Coran V, 3).
Le sens évident de ce verset est qu’avant ce jour les infidèles nourrissaient l’espoir qu’un jour viendrait où l’Islam s’éteindrait. Mais Dieu, par cet événement, leur fit perdre à jamais l’espoir de voir l’Islam détruit. Cet événement fut la cause de la force et de la perfection de l’Islam; de toute évidence ce ne pouvait être une occasion mineure telle que la promulgation d’un commandement de la religion. II s’agissait plutôt, d’une question d’une importance telle que la continuité de l’Islam en dépendait.
Ce verset semble se rattacher à un autre qui vient vers la fin de la même sourate:
«0 Prophète! Fais connaître ce qui t’a été révélé par ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n’auras pas fait connaître Son message. Dieu te protégera contre les hommes»
(Coran V, 67).
Ce verset indique que Dieu a ordonné au Prophète une mission d’une importance telle que, si elle devait ne pas être accomplie, les fondements de l’Islam et de la prophétie seraient mis en danger. Le sujet était si important que le Prophète craignit une opposition et l’intervention d’adversaires. Attendant des circonstances favorables, il temporisa jusqu’à ce que vint un ordre définitif et urgent de Dieu lui inspirant l’exécution immédiate de ce commandement sans qu’il ait à craindre personne. Cela ne concernait pas non plus un commandement religieux particulier, au sens ordinaire du mot, car un commandement religieux non prêché, n’aurait pas causé la destruction de l’Islam. De plus, jamais le Prophète n’avait craint quelqu’un lorsqu’il prêchait les commandements et les lois religieuses.
Ces indications ajoutent du poids aux traditions shiites qui affirment que ces versets furent révélés à Ghadir Khumm et concernent l’investiture d’Ali Ibn Abi Tâlib, à la succession.
De plus, plusieurs commentateurs shiites et sunnites ont confirmé ce point.
Abu Said Khidri dit: «Le Prophète, à Ghadfr Khumm, invita les gens à s’approcher d’Ali. II prit le bras de ce dernier et le leva si haut que le blanc de l’aisselle du Prophète de Dieu pouvait être vu. Alors ce verset fut révélé: «Ce jour, J’ai parachevé votre religion et complété ma faveur pour vous, Je vous ai choisi l’Islam pour religion». Puis le Prophète dit: Allahu Akbar, cette religion est devenue parfaite, la bonté de Dieu a été parachevée, Sa satisfaction atteinte et la walayat d’Ali réalisée. Alors il ajouta: Ceux pour qui je suis l’autorité et le guide, Ali également est leur guide et leur autorité. Oh! Dieu sois ami des amis d’Ali et ennemi de ses ennemis. Quiconque l’aide, aide-le et quiconque le quitte, quitte-le».
En résumé, nous pouvons dire que les ennemis de l’Islam qui firent tout ce qui leur était possible pour le détruire, n’eurent plus, à un moment donné, qu’un seul espoir, Ils pensèrent que le protecteur de l’Islam étant le Prophète, après sa mort, l’Islam resterait sans guide ni chef et finirait ainsi par périr. Mais, à Ghadir Khumm, leurs désirs furent réduits à néant et le Prophète présenta Ali au peuple comme le guide et le chef de l’Islam. Après Ali ce devoir, lourd et nécessaire, de guide et de chef fut confié à sa famille.
Nous citons ici quelques uns des hadiths se rapportant à Ghadir Khumm, à l’investiture d’Ali et à la valeur de la Famille du Prophète. Le hadith de Ghadir: Le Prophète de l’Islam, lors de son retour du pèlerinage d’adieu, s’arrêta à Ghdir Khumm, réunit les musulmans et, après leur avoir adressé un sermon, choisit Ali comme chef et guide des musulmans.
Barâ dit:«J’étais en compagnie du Prophète lors du pèlerinage d’adieu. Quand nous arrivâmes à Ghadir Khumm, il ordonna que la place fût nettoyée. Ensuite il prit Ali par la main et le plaça à sa droite. Puis il s’exclama: Suis-je l’autorité à laquelle vous obéissez? Ils répondirent:
Nous obéissons à tes directives. Alors il dit: De quiconque je suis le maitre (mawla) et l’autorité à laquelle il obéit, Ali sera son maître. Oh Dieu! Sois ami des amis d’Ali et ennemi des ennemis d’Ali. Alors Omar Ibn el Khattâb déclara à Ali: Puisse cette situation t’être agréable, car maintenant tu es mon maître et le maître de tous les croyants».