Naissance
L’Imam Jaâfar Al Sâdeq (psl) naquit le 17 Rabi’ premier de l’année 80 Hijra à Médine. Son père est l’Imam Al Bâqer (psl), sa mère est Ommou Farouah, fille d’Al Kâzem Ibn Mohamed Ibn Abou Bakr (le premier calife).
L’Imam Al Sâdeq (psl) dit à propos de sa mère : “Ma mère fut de celles qui avaient cru en Dieu et l’avaient craint comme il se doit, et avaient fait preuve de bienfaisance, et Dieu aime bien les bienfaisants.”
L’Imam Al Sâdeq (psl) vécut avec son grand-père l’Imam Al Sajâd (psl) 15 ans et avec son père l’Imam Al Bâqer (psl) 34 ans.
II avait été surnommé de plusieurs qualificatifs qui avaient dénoté tous des côtés différents de sa perfection, tels que : le pur, le digne, le patient, etc. Le plus célèbre de ces surnoms était Al Sâdeq qui signifie celui qui ne ment jamais.
L’ère de l’Imam (psl)
L’Imam Al Sâdeq (psl) assista aux quarante dernières années du pouvoir de Bèni Omeyyeh et aux vingt premières années de celui de Bèni El Âbbess : Il était témoin de l’une des plus ignobles duperies de l’histoire des musulmans, en l’occurrence, l’usurpation du pouvoir par les Abbassides au nom d’Ahlul Bayt (pse) !
Les racines de la révolution Abbasside : Après la mort de Mohammed Ibn Al Hanafieh, fils de l’Imam Ali (psl) ; son fils Abou Hachem décida de créer une organisation secrète pour préparer le terrain à une révolution générale contre les omeyyades et pour venger les sangs des martyrs de Achoura’.
L’ouvre d’Abou Hachem était totalement secrète et particulièrement efficace : Au bout de quelques années, il réussit à recruter des militants partout dans le califat et plus particulièrement dans la région de Khoracèn.
Tous les sympathisants d’Abou Hachem croyaient ouvrer pour l’avènement d’un pouvoir d’Ahlul Bayt (pse), et au bout de quelque temps, leur nombre s’accrut de telle sorte qu’ils pouvaient organiser des milices bien entraînées et fortement équipées.
Jusqu’à son décès, Abou Hachem n’avait pas eu de contacts spéciaux avec ses cousins les Abbassides (Bèni El Âbbess) ; mais la volonté de Dieu voulut que son décès soit à leur demeure à El Hamimeh ; et ne voyant personne de ses disciples près de lui, il laissa son testament à son cousin Ali Ibn Abdoullah Ibn El Âbbess.
Le plus grave dans cette affaire c’est que le testament d’Abou Hachem comprenait tout l’organigramme de l’organisation secrète et une recommandation à l’exécuteur testamentaire de continuer l’ouvre révolutionnaire jusqu’à l’établissement du pouvoir de Ahlul Bayt (pse) et ce en appelant les musulmans à obéir au “plus acceptable de la famille de Mohammed (pslp).”
Toute la légitimité de l’ouvre secrète d’Abou Hachem reposait bien sur ce concept :
“l’acceptable” de la famille du prophète (pslp). Et tout le monde pouvait imaginer cet “accable” comme il le souhaitait !
Les fils de Ali Ibn Abdoullah Ibn El Âbbess continuèrent le développement de l’œuvré d’Abou Hachem. Et lorsque les sympathisants de Khoracèn furent assez nombreux pour déclarer l’insurrection, le commandant général des milices de Khoracèn de la part de l’organisation secrète, Abou Mouslem El Khoracèni, commença une campagne d’épuration impitoyable contre toute trace du pouvoir omeyyade.
Abou Mouslem El Khoracèni était un homme particulièrement efficace, et son comportement dur ainsi que son scrupule lui avaient facilité des victoires éclatantes sur les Omeyyades.
Toute la révolution d’Abou Mouslem El Khoracèni fut sous la barrière de la vengeance des sangs d’Ahlul Bayt (pse) ! Et chaque fois qu’on lui demandait à qui il va livrer le pouvoir après son succès, il répondait toujours : à Al Reda de Ahlul Bayt, qui signifie l’homme “acceptable” parmi Ahlul Bayt !
La trahison des Abbassides : Quand l’armée des Khoracèniens arriva à l’Iraq et conquérait la Koufa, les populations musulmanes s’attendaient à voir apparaître l’Imam de Ahlul Bayt pour prendre la direction du nouvel état. Mais elles furent surprises de voir Abou El Âbbess, fils de Ali Ibn Abdoullah Ibn El Âbbess, faire un discours solennel dans lequel il se déclara être l’homme accepté par Ahlul Bayt !
Tout cela s’était passé à l’époque où l’Imam Al Sâdeq (psl) était la personnalité la plus connue et la plus aimée par les musulmans, et personne ne se doutait qu’il était l’unique homme vraiment acceptable parmi tous les Ahlul Bayt (pse).
La trahison des Abbassides était donc démasquée. Mais ils étaient si forts et si puissants et l’armée des Khoracèniens leur étaient si fidèles que personne n’avait osé s’opposer à leur pouvoir. Et surtout, parce qu’ils étaient encore en train de combattre les derniers bastions du pouvoir Omeyyade dont tous les musulmans espéraient l’anéantissement total !
La position de l’Imam Al Sâdeq (psi) : Devant l’imposture de ses cousins Abbassides, l’Imam Al Sâdeq (psl) choisit une politique d’opposition pacifique qui consiste à ne jamais légitimer l’usurpation d’une part, et à se consacrer à la grande mission culturelle que son père l’Imam Al Bâqer (psl) avait déjà inauguré : le développement de la Grande académie islamique pour faire face à toutes les attaques venant des autres cultures non islamiques, aux déviations et aux falsifications «dés hérétiques» des charlatans et des faux savants.
Le pouvoir Abbasside, à ses débuts, n’avait ni la force ni le temps de gêner l’ouvre de l’Imam Al Sâdeq (psl) qui eut ainsi une bonne occasion pour exécuter sa grande mission culturelle.
Témoignages sur sa morale
Zeyd, fils de l’Imam Al Sajâd (psl), était un grand révolutionnaire qui avait commandé une grande insurrection contre le despotisme en préférant rejoindre les rangs des martyrs de Ahlul Bayt (pse). Et bien qu’il ait choisi une ligne d’action différente de celle de l’Imam Al Sâdeq (psl), il nous laissa un précieux témoignage qui enlève tout doute en sa loyauté envers Ahlul Bayt (pse).
En effet, il dit : “Pour chaque temps, il existe un homme issu de Ahlul Bayt qui est l’argument de Dieu sur ses créatures ! Est-il que l’argument de notre temps est mon neveu Jaâfar Ibn Mohammed : quiconque le suit ne s’égare jamais et quiconque s’oppose à lui n’aboutit jamais à la bonne voie !”
Malek Ibn Anas, le fondateur de l’école malékite du fiqh (science des prescriptions légales islamiques) dit : “Par Dieu, je n’ai jamais vu de meilleur que Jaâfar Ibn Mohammed : son désintéressement des biens de la vie, sa piété, sa dévotion et sa pratique du culte sont inégalables ! Et lorsque j’allais chez lui, il m’accueillait bien et se consacrait à moi.”
Abou Hanifeh, le fondateur de l’école hanafite du fiqh avait eu aussi l’honneur d’être disciple de l’Imam pendant deux ans et il disait toujours : “Si ce n’étaient ces deux années, je me serais perdu !”
L’un des compagnons de l’Imam Al Sâdeq (psl) raconta qu’il avait accompagné l’Imam une fois de sa demeure vers le marché. L’Imam montait alors un âne et lorsqu’il arriva près du marché, il descendit à pieds puis s’agenouilla pour faire une très longue prosternation et ensuite se leva sur pieds.
Le compagnon demanda à l’Imam la cause de son geste et il répondit : “Lorsque je me suis rappelé la grâce de Dieu qui me comble, je Lui ai fait cette prosternation de reconnaissance et de remerciement.”
Un autre compagnon de l’Imam nous relate qu’il l’avait un jour vu dans son champ vêtu d’un drap rude et tenant une pelle à sa main.
L’homme ajouta : “Je lui ai alors dis : “Que je sois sacrifié pour vous ! Donnez-moi cette pelle pour que je fasse ce travail pour vous !”
Il me répondit alors : “J’aime bien que l’homme peine sous le soleil à la recherche de la provision de sa vie”.”
Un jour, l’Imam Al Sâdeq (psl) envoya son serviteur pour lui rapporter une chose mais il s’attarda beaucoup et l’Imam sortit à sa recherche.
L’Imam trouva son serviteur endormi au bord de la rue, il s’assit près de sa tête, prit un éventail et commença à ventiler l’air pour lui !
Lorsque le serviteur s’éveilla, l’Imam lui reprocha sa négligence tout doucement et juste en disant : “Tu dors à la fois la nuit et le jour ! La nuit est pour toi mais le jour est à nous !”
L’Imam loua un jour les services de quelques ouvriers, et dès qu’ils finirent leur travail, il s’adressa à son valet Moê’teb et lui dit : “Donne leur leurs rémunérations avant même que leur sueur ne sèche !”
La bienfaisance anonyme
L’Imam Al Sâdeq (psl), tout comme son père, son grand-père et ses arrières grand-père, tenait bien à garder vivace la généreuse coutume d’approvisionnement anonyme et nocturne des besogneux de la Médine.
A l’époque de l’Imam Al Sâdeq (psl), l’état économique général des musulmans avait connu un développement remarquable. Ainsi, le niveau de vie de tous les musulmans était relativement plus élevé que celui des générations passées.
L’Imam Al Sâdeq (psl) tenait bien à faire de son approvisionnement nocturne, non seulement un secours vital ou une aide primordiale, mais aussi une élévation considérable du niveau de vie de ces protégés besogneux pour qu’ils puissent jouir d’un bien être social proche de celui des couches moyennes.
Ainsi, chaque nuit, l’Imam Al Sâdeq (psl) remplissait une grande besace de pain et de viande et portait de grandes sommes d’argent pour distribuer tout cela entre les familles démunies de la Médine.
Bien entendu, l’Imam Al Sâdeq (psl) faisait tout cela en gardant absolument l’anonymat et ce n’était qu’après son martyre que ces familles sentirent sa présence et surent qui était leur bienfaiteur nocturne.
L’Imam (psl) et Sofièn Eththèouri
Sofièn était un savant musulman de grande renommée. Sa réputation revient sans doute à la fois au fait qu’il était un faqih déducteur des prescriptions légales, à son ascétisme et à son éloignement des jouissances de la vie.
Une fois, passant par la sainte mosquée de la Mecque, il vit l’Imam Al Sâdeq (psl) portant des vêtements de valeur et crut alors saisir une occasion unique pour l’en blâmer !
Sofièn s’approcha de l’Imam (psl) et lui dit : “Ô, fils du messager de Dieu ! Par Dieu, ceci n’est ni l’habillement du messager de Dieu, ni celui de Ali Ibn Abou Taleb ou quiconque de vos ancêtres !”
L’Imam dit alors : “Le messager de Dieu (pslp) vivait dans une époque de misère alors que nous sommes dans une époque de prospérité et les plus pieux sont plus dignes de jouir des grâces de Dieu !”
Dis : “Qui a interdit l’ornementation que Dieu fait sortir pour ses adorateurs et les bonnes provisions…” [Coran, S.6 : V.32]
Est-il que nous sommes les plus dignes de ceux qui reçoivent ce que Dieu a donné.”
Puis, l’Imam (psl) montra à Sofièn ce qu’il portait sous les vêtements de valeur : c’était un habit rude que seul un anachorète coupé du monde pouvait supporter !
Montrant ses vêtements extérieurs, l’Imam dit à Sofièn : “Ô Thèouri ! Je porte ceci pour les gens, mais l’autre c’est pour moi !”
Nous n’allons pas chercher à analyser cette petite histoire ni même à en chercher la morale comme cela se doit, nous avons laissé tout cela pour une étude plus profonde qui sera l’objet, par l’aide de Dieu, de vos prochaines lectures, mais disons ici tout simplement que l’Imam Al Sâdeq (psl) voulut donner une leçon à tous les musulmans tentés de chercher de plaire à la fois à Dieu et à Ses adorateurs, tombant ainsi dans l’ostentation interdite !
En effet, être désintéressé de la vie basse peut élever le musulman à des rangs bien privilégiés auprès de Dieu mais à une condition : qu’il ne cherche jamais à plaire aux gens en manifestant à eux ce désintéressement !
Ainsi, la meilleure aumône c’est l’aumône anonyme.
Le meilleur désintéressement des biens de la vie, c’est le désintéressement invisible et qui n’attire pas l’attention !
Mais Sofièn Eththèouri, loin comme il était de la ligne d’Ahlul Bayt, pouvait-il saisir cette vérité avant qu’elle ne lui soit révélée par l’Imam Al Sâdeq (psl) ? Non !
L’Imam (psl) et le commerce
Contre le monopole :
Remarquant que ses charges familiales étaient devenues relativement lourdes, l’Imam Al Sâdeq (psl) convoqua un jour son serviteur Mouçadef et lui donna mille dinars pour aller faire du commerce en Égypte.
Mouçadef acheta des vivres pour aller les vendre en Égypte et partit avec une grande caravane commerciale.
Sur la route de l’Égypte, une autre caravane égyptienne les rencontra, ils leur demandèrent quel était l’état du marché pour les vivres qu’ils emportaient et ils apprirent que l’Égypte connaissait alors une pénurie totale de ces biens !
Mouçadef se mit alors d’accord avec les autres commerçants de la caravane à imposer des prix exorbitants pour leurs marchandises. Et lorsqu’ils arrivèrent en Égypte, ils vendirent leurs marchandises avec un bénéfice de 100%, puis ils revinrent à la Médine.
Mouçadef entra chez l’Imam (psl) en portant dans ses mains deux bourses et lui dit : “Mon maître ! Voici votre capital et voici ses bénéfices !”
L’Imam s’exclama alors : “C’est un grand bénéfice ! Comment l’as-tu réalisé ?”
Mouçadef lui raconta le récit de son voyage et des prix exorbitants qu’il avait fixés par l’intermédiaire de sa coalition avec les autres commerçants.
L’Imam Al Sâdeq (psl) dit alors :
« Pureté à Dieu ! Vous vous coalisez contre des musulmans ! Et vous imposez un prix de monopole pour réaliser un bénéfice d’un dinar pour chaque dinar !? »
Puis il prit le sac du capital : “…c’est ça notre argent ! Et nous n’avons nullement envie de prendre son bénéfice !”
Puis il ajouta : “Ô Mouçadef ! La confrontation des sabres est beaucoup plus facile que la recherche du licite.”
Contre la spéculation : L’Imam Al Sâdeq (psl) était contre toute sorte d’enrichissement aux dépens des autres. Et depuis que l’homme avait connu le commerce, la spéculation et le monopole étaient les voies les plus faciles d’enrichissement illicite. Et l’Imam Al Sâdeq (psl) ne cachait jamais son hostilité à ces deux vices économiques.
Il dit que dans l’année de bonne récolte, il est permis de garder la marchandise seulement 40 jours : c’est la limite de la spéculation en temps de profusion et d’abondance, et il ajouta (psl) qu’en temps de crise et de pénurie, la spéculation ne doit en aucun cas dépasser trois jours et quiconque excéderait ces deux délai, serait maudit par Dieu.”
La Médine fut frappée une fois par une sécheresse qui entraîna une pénurie générale des vivres, l’Imam Al Sâdeq (psl) demanda alors à son serviteur Moê’teb : A combien estimait-il leur provision de blé ?
Moê’teb répondit qu’il y avait un stock qui suffirait pour des mois. L’Imam, alors, lui demanda de porter tout le stock au marché et de le vendre, pour en suite acheter les provisions jour pour jour !
Des leçons d’assistance sociale
L’Imam Al Sâdeq (psl) était toujours au service de sa communauté. En ce qui concerne l’assistance à des personnes en crise ou dans le besoin, il ne faisait pas de différence entre ses sympathisants et ceux qui ignorent son droit et son rang.
Dans ce qui suit, nous allons voir quelques échantillons de l’assistance sociale que l’Imam (psl) assurait aux musulmans en leur donnant de véritables leçons de prédication et de bienfaisance.
La meilleure aumône : Un pauvre vint un jour chez l’Imam Al Sâdeq (psl) sollicitant une aide. L’Imam demanda à son serviteur combien y avait-il dans le coffre ? Il répondit qu’il y avait 400 dirhams. L’Imam ordonna de les donner toutes à ce pauvre qui s’en alla tout content.
Quelques instants après, l’Imam envoya son serviteur à la recherche de cet homme. Celui-ci, inquiet, dit à l’Imam : “J’avais sollicité ton aide et tu m’as aidé ! Alors que veux-tu maintenant ?”
Totalement indifférent de l’impertinence de ce pauvre ignorant, l’Imam lui dit : “Le messager de Dieu (pslp) avait dit : “La meilleure aumône est celle qui assure la richesse.” Et nous, ne t’avons pas garanti cela, alors, prends cette bague, elle vaut dix mille dirhams. Si tu tombes une autrefois dans le besoin, tu peux la vendre contre cette valeur !”
Au secours des non sympathisants : Les musulmans pauvres et démunis, même lorsqu’ils ne connaissaient pas le rang de l’Imam (psl) bénéficiaient tous de sa bienfaisance et de son assistance.
Nous avons déjà parlé des tournées d’approvisionnement nocturnes que l’Imam Al Sâdeq (psl) faisait et nous voulons ici préciser un point qui nous a été révélé par l’un des sympathisants de l’Imam, Moâlla Ibn Khouneys, dont on peut résumer le témoignage comme suit : Par une nuit pluvieuse et sombre, Moâlla passa par l’une des ruelles de la Médine et vit l’Imam Al Sâdeq (psi) transportant des vivres et il voulut savoir vers qui il se dirigeait… En fin de compte, il apprit qu’il distribuait ces provisions à des mesquins et lorsqu’il demanda à l’Imam s’ils étaient de ses sympathisants, il répondit que non !
Histoire d’une mère chrétienne : Un jeune chrétien se convertit à l’Islam et vint auprès de l’Imam Al Sâdeq (psl) pour savoir comment devrait-il procéder avec ses parents chrétiens, et surtout avec sa mère aveugle.
L’Imam insista pour que le jeune converti suive le meilleur comportement possible avec sa mère. Et le jeune sortit de chez lui convaincu. Depuis ce jour, son comportement avec sa famille devint exemplaire et sa mère s’en étonna fortement.
Elle lui demanda un jour quelle avait été la raison de son revirement, il lui dit qu’il se comporte avec elle, maintenant qu’il a quitté sa religion, mieux que lorsqu’il le faisait quand il avait la même religion que sa famille !
Le jeune raconta à sa mère les recommandations de l’Imam Al Sâdeq (psl). La mère comprit que cette religion ne peut qu’être la religion de Dieu et la seule religion authentique ! Elle demanda à son fils de lui présenter les principes de l’Islam… Enfin, elle les accepta tous et se convertit à l’Islam.
Le bon exemple en temps de crise : Lors d’une année de famine, le blé se fit très rare à la Médine et la plupart de la population était obligée de le mélanger avec de l’orge pour fabriquer du pain.
Bien que l’Imam Al Sâdeq (psl), du fruit de son propre travail, puisse se procurer facilement du blé, il ordonna à son serviteur de mélanger le blé et l’orge et de préparer le même type de pain dont les déshérités de la Médine pouvaient se procurer.
Est-il que le bon exemple vaut mieux que des milliers de discours et d’exhortations. Et l’histoire nous a rapporté que les Imams de Ahlul Bayt étaient toujours le meilleur exemple pour tout ce qu’ils prônaient de comportement et de conduite islamique.
L’arme de l’invocation au service des opprimés : Bachchar Elmokari rendit visite à l’Imam Al Sâdeq (psl) et lorsqu’il entra chez lui, l’Imam lui présenta un plat de dattes duquel il était en train de manger.
Bachchar dit alors qu’il eut vu une scène dans la rue qui lui coupa tout appétit. L’Imam lui demanda des explications. II lui raconta qu’il avait vu un policier en train de frapper une femme en l’emmenant vers la prison, alors qu’elle criait : “Je demande aide et secours de Dieu et de Son messager.”
Bachchar ajouta ensuite que lorsqu’il avait demandé auprès des passants la cause de cette scène, ils lui avaient répondu que cette femme, en marchant sur la route, trébucha et involontairement, elle s’écria : “Ô Fatima Zahra’ ! Que Dieu maudisse tes prévaricateurs.”
Lorsque l’Imam Al Sâdeq (psl) entendit ces propos, il fondit en larmes et sortit aussitôt vers la mosquée où il pria pour la femme en invoquant Dieu pour qu’Il lui vînt en aide.
Ce n’était que quelques temps et la femme fut libérée. Et l’Imam lui envoya alors une bourse contenant sept dinars, ce qui représentait pour elle une fortune.
Son œuvre académique
Dans l’opuscule précédent de cette série, nous avons vu comment l’Imam Al Bâqer (psl) avait fondé une véritable académie islamique à la grande mosquée de la Médine.
Après le martyre de l’Imam Al Bâqer (psl), son fils et héritier de sa science l’Imam Al Sâdeq (psl) continua sa grande ouvre et c’est ainsi que cette grande académie islamique connut son âge d’or à la fin de l’ère omeyyade et au début de l’ère Abbasside.
Le changement politique et l’instabilité du pouvoir qui le précéda puis lui succéda, offrirent à l’Imam Al Sâdeq (psl) une occasion pour promouvoir librement son œuvre scientifique et académique.
Il put ainsi assurer la promotion de plus de quatre mille savants de grande renommée, et dans les différentes disciplines du savoir : le fiqh, la science des doctrines, la théologie spéciale, les sciences naturelles chimiques et autres, et même la médecine et l’anatomie.
Jabir Ibn Hayyan était l’un des plus célèbres disciples de l’Imam Al Sâdeq (psl) et il eut l’honneur d’avoir rédigé près de 500 opuscules dictés tous par son professeur. Tous les écrits d’Ibn Hayyan commençaient par : mon maître Jaâfar Al Sâdeq (psl) m’avait dit que…
Notons enfin que Jabir Ibn Hayyan, bien qu’il était devenu chimiste de renommée internationale, était un véritable encyclopédiste. Et ses œuvres sont «véritables témoignages sur la réussite de l’académie islamique que les Imams de Ahlul Bayt (pse) avaient créée et consolidée malgré les conditions dans lesquelles ils étaient astreints à vivre.
L’Imam (psl) contre l’hérésie
A l’époque de l’Imam Al Sâdeq (psl) les hérétiques qui étaient pour la plupart des athées se furent très nombreux et certains d’entre eux étaient particulièrement dangereux et ne cachaient point leurs idées.
Ce phénomène était tellement fort et le courant des hérétiques était si puissant que certains d’entre eux s’étaient mis d’accord, sous l’ombre de la Kaaba elle même, de rédiger un livre opposable au saint Coran, et se fixèrent un rendez-vous l’année d’après et dans le même lieu saint !
Les historiens nous racontent que leurs efforts s’étaient révélés vains et qu’ils n’avaient rien pu écrire le long de toute l’année.
Ils étaient pourtant quatre des plus connaisseurs des secrets de la littérature arabe et, alors qu’ils s’étaient rendus compte qu’ils étaient totalement impuissants de rédiger un seul verset comme le saint Coran, l’Imam Jaâfar Al Sâdeq (psl) passant par le lieu, s’adressa à eux par ce saint verset coranique : “Certes ! Est-il que les humains et les invisibles (jins) s’accordent pour apporter du semblable à ce Coran, ils n’y arriveront jamais même s’ils étaient parfaitement unis.”
Al Moufadhal Ibn Omar était l’un des sympathisants de l’Imam Al Sâdeq (psl). II lui rendit un jour visite se plaignant d’un hérétique appelé Abdoul Kèrim Ibn Abil âoujè’e, qui, disait-il, faisait des ravages parmi les musulmans.
L’Imam Al Sâdeq (psl) dicta à Al Moufadhal un livre dans lequel il démontra la nécessité logique de l’existence d’un seul Dieu Créateur en partant des observations empiriques que tout homme connaissant les sciences anatomiques et physiologiques de l’époque pourrait faire lui-même.
Ce livre existe jusqu’à nos jours et s’appelle “Tèouhid Al Moufadhal”. Ce qui attire l’attention dans ce livre c’est sa méthodologie.
En effet, pour la première fois, les musulmans se voient clairement et systématiquement appelés à la constatation et à l’observation scientifique empirique et à contempler les signes de Dieu en eux-mêmes !
C’est une véritable réhabilitation de la pensée islamique authentique qui repose sur l’exploitation de tout ce qui peut être intelligible : les règles de la logique et l’observation empirique.
Les musulmans avaient beaucoup besoin d’un tel geste dans une époque où les citeurs des hadiths se faisaient beaucoup plus nombreux que les penseurs et les savants logiciens !
L’école Jafarite
L’école d’Ahlul Bayt (pse) se propagea partout dans le monde islamique et à l’époque de l’Imam Al Sâdeq (psl), elle devint la principale école de pensée et de jurisprudence islamiques.
Les adeptes de Ahlul Bayt, communément appelés chiites (chiâh) furent, à cette époque, appelés : jafarite. Cette dénomination n’était pas sans fondement puisque la personnalité de l’Imam Al Sâdeq (psl) était si forte et si dominante dans tous les milieux scientifiques de l’époque que certains opposants ou du moins non sympathisants de la ligne d’Ahlul Bayt n’osaient plus manifester leur opposition à lui !
Et c’est ainsi que si les chiites, pour eux, restent toujours intolérables, le jafarite ne l’est quand même pas !
En réalité, tous les savants et les hommes de science et de la politique savaient bien qu’il n’y avait aucune différence entre Chiite et jafarite et que les révoltés et insurgés se proclamant de Chiisme et de Ahlul Bayt, et n’ayant aucun lien avec les Imams d’Ahlul Bayt n’étaient que des imposteurs. Mais jusqu’à nos jours, plusieurs musulmans préfèrent faire cette distinction et dans plusieurs pays, on accepte bien le jafarite comme étant un bon musulman alors qu’on regarde encore le Chiite avec de lourds préjugés que les ennemis de l’Islam ne cessent de propager et raviver.
L’école jafarite, n’est autre que celle de tous les Imams de Ahlul Bayt. C’est l’école de leur arrière grand-père, le messager de Dieu (pslp) : c’est l’Islam authentique et toutes les autres écoles sont d’autant moins légitimes qu’elles sont plus lointaines de cette ligne pure tracée par le prophète lui même dans la khotba de l’adieu lorsqu’il dit : “J’ai laissé parmi vous les deux poids : le livre de Dieu et ma progéniture, tant que vous y teniez, vous ne vous égarerez jamais !”
Nous avons vu dans les opuscules précédents comment les chefs des musulmans avaient préféré s’aventurer loin de la légitimité de Ahlul Bayt (pse) et nous avons vu comment cette déviation avait été fatale et avait coûté à la communauté musulmane d’être gouvernée par des despotes sanguinaires et injustes, et de subir une injustice sociale qui ne fait que s’approfondir au fil des années.
Si l’école jafarite n’avait pas pu se propager librement c’est qu’elle a été toujours combattue par tous les califes despotes et leurs gouverneurs ; alors que les autres écoles, moins importantes et parfois totalement inconnues devinrent des doctrines officielles du pouvoir et par là se virent propager parfois par la force ainsi que par la contrainte. Cela peut expliquer que, de nos jours, l’école jafarite ne représente même pas 20% de toute la communauté musulmane alors que le reste est divisé entre plus d’une dizaine d’autres écoles qui étaient toutes déclarées comme officielles par l’un ou l’autre des pouvoirs dans des étapes différentes de l’histoire de l’Islam.
Face à El Mansour
Après la mort du premier calife Abbasside Abou El Âbbess, son frère El Mansour prit le pouvoir qui était encore fragile.
Ce calife peut être considéré comme le véritable fondateur de la dynastie Abbasside, et il était si malin que certains le considéraient comme l’équivalent de Muawiya.
En réalité, l’analogie entre les deux personnes n’est pas fausse et lorsqu’il s’agit du machiavélisme, la balance penche du côté d’El Mansour !
En effet, ce tyran n’était même pas reconnaissant à ceux qui étaient les fondateurs de son pouvoir ! Il exécuta même son chef des armées Abou Mouslem El Khoracèni.
Cette phase du pouvoir Abbasside connut plusieurs révolutions des Âlaouis (descendants de l’Imam Ali (psl) dont les plus importantes étaient celles des deux petits fils de l’Imam Al Hassan (psl) : Mohammed et Ibrahim qui furent tous les deux massacrés comme l’Imam Hussein (psl).
L’Imam Al Sâdeq (psl) savait bien que seul un politicien professionnel, sans scrupule et ne connaissant aucune limite religieuse pouvait être accepté par les musulmans ! Et il n’avait pas besoin d’une nouvelle expérience pour démontrer à tous ses fidèles qu’il fallait suivre la voie de son père et de son grand-père : éviter les luttes de pouvoir sans aucunement légitimer un pouvoir injuste.
C’est ainsi donc que l’Imam Al Sâdeq (psl) préféra demeurer loin du centre du pouvoir Abbasside et évita même de rencontrer le calife El Mansour qui, vraisemblablement, s’en senti offensé. Il convoqua alors l’Imam et lui dit : “Pourquoi tu ne nous visites pas comme le font tous les gens.”
L’Imam alors répondit : “Dans cette vie basse, nous n’avons rien sur lequel nous puissions avoir peur de toi ! En outre, tu n’as rien de ce qui concerne la vie dernière et que nous puissions solliciter de toi ! Par ailleurs, tu n’es ni dans une grâce pour que nous t’en félicitions ni dans un malheur pour que nous te présentions nos condoléances !”
El Mansour dit alors malicieusement : “Tu nous accompagnes pour que tu nous conseilles !”
L’Imam répondit : “Quiconque aurait aimé cette vie basse ne t’aurait pas conseillé et quiconque aurait aimé la vie dernière ne t’aurait pas accompagné !”
El Mansour décida alors d’organiser une campagne de dénigrement contre l’Imam Al Sâdeq (psi) et ses ancêtres et il ordonna à son gouverneur de la Médine de saisir toute occasion favorable pour calomnier l’Imam et rabaisser le rang de son ancêtre le commandeur des croyants.
Une fois, le gouverneur de la Médine monta la tribune de la mosquée et fit un discours diffamatoire contre le commandeur des croyants (psl) et de sa progéniture purifiée.
Dès qu’il termina ses propos ignobles, l’Imam Al Sâdeq (psl) se mit debout et dit : “Est-il que ce que tu as dit du bien à propos de tes souverains revient plutôt à nous ! Alors que tout ce que tu as dit de mal s’accorde plutôt avec ton souverain.”
Puis il se retourna vers la masse des musulmans qui remplissaient la mosquée et dit : “Voulez-vous savoir qui, parmi les gens, aura la balance la plus légère et la faillite la plus claire le jour du jugement ? C’est celui qui rend sa vie dernière contre la vie basse de quelqu’un d’autre ! Et c’est bien ce pervers !”. Et il indiqua du doigt le gouverneur de la ville qui descendit de la tribune ne voyant même plus où il mettait ses pieds et s’en alla tout humilier.
La mouche d’El Mansour :
Lorsque l’Imam Al Sâdeq (psl) était assis devant El Mansour, une mouche vint se poser sur le nez de ce dernier. Il essaya de s’en débarrasser mais elle tint bon et ne voulut point le quitter !
Très gêné, le calife se retourna vers l’Imam et dit : “Pourquoi Dieu a t-Il créé les mouches ?”
L’Imam répondit tout de suite : “Pour avilir par elles le nez des tyrans !”
Le martyre de l’Imam (psl)
El Mansour ne pouvait plus se retenir devant la réputation et la renommée de l’Imam Al Sâdeq (psl) ! Mais il avait dû attendre de longues années, jusqu’à ce qu’il s’assure de la stabilité de son pouvoir pour qu’il prenne la décision d’agir selon la tradition Omeyyade : assassiner l’Imam du temps !
Il ordonna alors l’empoisonnement de l’Imam Al Sâdeq (psl) qui quitta ce bas monde le 25 Chaouèl 148 Hijra.
L’Imam Al Sâdeq (psl) fut enterré dans le cimetière du Baqi’ê en laissant la grande responsabilité de la direction spirituelle de la communauté musulmane à l’Imam Moussa El Kâzem (psl). Prière sur l’Imam Al Jaâfar Al Sâdeq et sur tous ses ancêtres d’Ahlul Bayt (pse).