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Les Sources de la Législation islamique (la Shari’ah) dans les deux Ecoles
L’ouverture des affluents israélites
En empêchant de rapporter les hadiths prophétiques, l’Ecole des califes se trouva acculée à ouvrir la porte des récits israélites en permettant à des conteurs tels Tamîm Ad-Darî le Chrétien et Ka’b al- Ahbâr le Juif, qui s’étaient convertis apparemment à l’Islam, de diffuser leurs récits judéo-chrétiens parmi les Musulmans. A l’époque de ‘Umar, celui-ci attribua au premier le droit de parler pendant une heure aux Musulmans, avant la prière du vendredi dans la Mosquée du Prophète. ‘Uthmân, lui, accorda deux heures de prêche dans deux jours différents à Tamîm Ad-Darî.
Quant à Ka’b al-Ahbâr, les califes ‘Umar, ‘Uthmân et Mu’âwiyah se faisaient renseigner auprès de lui au sujet de la création, de l’eschatologie, de l’interprétation du Coran.
Des Compagnons tels Anas b. Mâlik, Abû Hurayrah, ‘Abdullah b. ‘Umar b. al-Khattâb, ‘Abdullah b. Az-Zubayr et Mu’âwiyah rapportèrent, à leur tour, les hadîths de ces deux prêcheurs.
D’autres savants et disciples d’obédience judéo-chrétienne (que les deux premiers) avait le champ libre d’enseigner les musulmans jusqu’à l’époque abbasside – à l’exception de la période pendant laquelle l’Imam ‘Ali (a. s.) était au pouvoir. Il les a chassés des mosquées où, sous le nom d’Al-Qaççâçîne (les conteurs), ils inculquaient aux Musulmans ce qu’ils voulaient.
Ces conteurs ont beaucoup influencé la pensée islamique de l’Ecole des califes. La culture hébraïque a pénétré et coloré une partie de l’Islam, de ses propres couleurs. D’où ces croyances très répandues au sein de l’Ecole des califes qu’Allah est un corps, que les prophètes commettent des péchés etc …
Ces éléments intrus ont vu leur pouvoir accru surtout à l’époque umayyade en particulier durant le règne de Mu’âwiyah. Celui-ci avait des confidents chrétiens tels Serjûn son secrétaire “général” Ibn Athâl son médecin et Al-Akhtal son poète. Dans la cour umayyade, ceux-ci et leurs pairs ne remplissaient pas leurs fonctions en dehors de leurs idées et coutumes judéo-chrétiennes d’autant plus que la capitale umayyade, Damas, était auparavant une capitale byzantine c’est à dire de civilisation chrétienne.
Pour ce qui est de Mu’âwiyah, avant de se trouver dans ce contexte culturel, il fut élevé dans un milieu obscurantiste (iâhilite) et tribal. Il a vu et vécu les guerres que menaient les tribus arabes contre l’Islam qui en est sorti victorieux. Mu’âwiyah qui avait déjà un certain âge lorsqu’il a quitté Makkah conquise par l’Islam, pour Médine, ne passa que peu de temps dans la société islamique, en tout cas pas assez pour acquérir des habitudes islamiques et une culture spirituelle à même de lui permettre d’agir en Musulman convaincu sur la société syrienne aux racines bizantines très anciennes. C’était plutôt lui qui fut influencé par la nouvelle société.
Ceux parmi les Compagnons versés dans la spiritualité islamique, qui s’opposaient à Mu’âwiyah, tels Abû Dhar, Abû-Dardâ’ et les liseurs de Kûfah furent systématiquement écartés du chemin de Mu’âwiyah et de sa nouvelle société.
Depuis cette époque, les facteurs socioculturels marquèrent l’Ecole des califes du sceau de la culture judéo-chrétienne. Aucune étude objective de ces facteurs n’a été faite jusqu’à nos jours pour en mesurer l’impact sur cette Ecole. En plus de ses visées tribales et de son engagement Jâhilite qui le poussait à vivifier les us et coutumes des tribus arabes, Mu’âwiyah avait des buts personnels qu’il cherchait à atteindre. D’abord assurer l’héritage du trône umayyade à sa descendance et, pour ce faire, mater l’opposition des conservateurs qui le combattaient par l’Islam et la sunnah du Messager (SAW). Mu’âwiyah devait donc faire quelque chose pour traiter tous ses problèmes et parvenir à ses fins. Il eut recours alors à certains Compagnons dont l’attachement à la religion était suffisamment mince pour répondre positivement à la demande de Mu’âwiyah. Celui-ci utilisa ainsi les services de ‘Amru b. al-‘As, de Samurah b. Jundub, d’Abû Hurayrah, qui lui fabriquaient des hadîths sur mesure, qu’ils imputaient ensuite au Messager d’Allah (SAW). On commença d’abord après avoir institué l’insulte et le dénigrement de ‘Ali (a. s.) par propager des hadîths relatant les mérites de ‘Uthmân. Ceux qui s’en étaient chargés reçurent de Mu’âwiyah, argent, cadeaux et fiefs. Les gens rivalisaient donc de talent et d’ingéniosité pour rapporter une vertu ou un mérite relatif à ‘Uthmân. Cela suffisait pour être comblé de faveurs et de richesses.
Ensuite Mu’âwiyah envoya à ses gouverneurs un nouvel ordre “impérial”: «Les hadîths qui vantent les mérites de ‘Uthmân sont devenus effectivement nombreux et diffus. A l’arrivée de ma lettre, invitez les gens à rapporter des hadîths vantant les mérites des Compagnons et des trois premiers califes et qu’on cherche ensuite tout récit qu’un musulman rapporte en faveur de ‘Ali pour apporter son opposé qui cite la même faveur attribuée à des Compagnons. Sachez que j’aime mieux cela; que ce sera très fort pour réfuter les arguments d’Abî Turâb (‘Ali) et de sa Shi’ah et plus cuisant que le simple fait de rapporter les mérites de ‘Uthmân».
Des récits furent alors inventés et propagés partout sur les chaires des mosquées dans les écoles coraniques pour enfants et adolescents qui, sous la direction de leurs enseignants, apprenaient par cur ces pseudo-Hadîths au même titre que le Coran. On les inculquait aussi aux jeunes filles, aux femmes et aux esclaves. Cela a duré un bon bout de temps.
Devant ces hadiths inventés, devant cette infamie répandue, les juristes, les juges et les gouverneurs s’en accommodaient. Quant aux liseurs (du Coran) et aux dévots miséreux qui affichaient la piété et l’ascétisme, ils fabriquaient à leur tour les hadîths susceptibles de les favoriser auprès des autorités en place et de leur rapporter ainsi argent, femmes et maisons. Quand les véritables hommes religieux et pieux qui condamnaient sincèrement le mensonge et la calomnie ont trouvé ces faux hadîths, ils les ont acceptés et rapportés, croyant qu’ils comportaient la vérité. Si ces hommes s’étaient doutés qu’ils étaient en présence du faux, ils ne l’auraient ni rapporté ni pris comme article de foi.(1)
Ibn Abîl-Hadîd cita les noms des Compagnons et des Tâbi’îne que Mu’âwiyah avait désignés à la narration des récits. Nous en avons parlé dans notre livre «Les hadîths de la mère des Croyants Aïsha». (2)
Ces faux hadîths furent donc appelés sunnah du Prophète et malheur à celui qui y émit des doutes ou qui osa les refuser. (3)
6)- A l’époque de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz
Quand il eut pris le pouvoir, le calife umayyade(4) leva l’interdiction d’écrire la sunnah du Messager (SAW) et donna cet ordre aux habitants de Médine: «Cherchez les hadîths du Messager d’Allah (SAW) et notez-les car j’ai bien peur que la science soit effacée et que les hommes de science s’en aillent».
Ainsi, à la fin du premier siècle de l’hégire, Ibn Shihâb Az-Zuhrî fut, sur ordre du calife, le premier à avoir compilé le hadîth(5)
Mais l’entreprise de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz mort emprisonné (en 101 h.) ne fut pas achevée: tout ce qu’on a compilé fut perdu.
Ibn Hajar rapporte ceci à l’occasion de la biographie d’Abî Bakr b.M.b. ‘Amru b. Hazm (mort en 117 h.): «’Umar b. Abdil-‘Azîz lui ordonna de noter et de compiler la science (religieuse)». Par après son fils dit après la mort de son père: «ces livres sont perdus». (6)
Les autres compilations eurent le même sort
Il faudra attendre l’époque d’Abî Ja’far al-Mançur (abbasside) pour voir l’encouragement à la composition des recueils. Adh-Dhabî, en parlant des événements de l’an 143 h., dit:
«A cette époque, les savants de l’Islam commencèrent la compilation du hadîth, du fiqh et de l’exégèse. Ibn Jurayj composa ses livres à Makkah; Sa’îd b. ‘Urûbah, Hammâd b. Salamah à Baçurah, Al Awzâ’î en Syrie, Mâlik (al-Muwatta’) à Médine, Ibn Ishâq (al-Maghâzî), Ma’mar au Yaman, Abû Hanîfah et consorts le fiqh à Kûfah et Sufiân Ath-Thawrî son livre Al-Jâmi’. Ensuite Hushaym composa ses livres, de même Al-Layth en Egypte, Ibn Lahya’ah, Ibn al- Mubârak, Abû Yussuf et Ibn Wahb écrivirent des livres. La compilation se propage et les livres traitant de la langue arabe et de l’histoire apparaissent. Avant cette époque, les savants rapportaient de mémoire ce qu’ils avaient appris ou à, partir de feuillets disparates». (7)
L’encyclopédie du fiqh islamique (publié par le Conseil supérieur des affaires islamiques au Caire en 1386 h. 1/47) dit aussi: quand Al-Mançur était en pèlerinage en l’an 143 h., il encouragea Malik à composer son livre Al-Muwatta’ et les autres savants à faire des livres.
Cela ne contredit pas, dit l’auteur, notre affirmation antérieure selon laquelle il y avait bien avant cette époque, des compilations de hadîths comme celle de ‘Abdullah b. ‘Amru b. al-‘As et celle du Tâbi’î Az-Zuhrî. En effet, ce n’est qu’à l’époque abbasside qu’on sut qu’il y avait ce genre de compilations.
Avec la Sunnah du Prophète (SAW) furent composés aussi des livres comportant les avis religieux et les interprétations des califes parfois en opposition avec la Sunnah.
S’y étaient infiltrés aussi les récits israélites (voir nos recherches dans Le rôle des Imams dans la vivification de la sunnah).
Malgré l’essor de l’écriture et de la composition des livres, la politique de l’occultation de la sunnah prophétique continuait, pendant toutes ces époques, à être de rigueur.
Après la propagation des récits forgés à l’époque de Mu’âwiyah en vue de soutenir la politique des califes, il était normal de rencontrer des hadîths contradictoires.
Pourquoi deux hadîths contradictoires ont-ils pu être rapportés?
Citons des hadîths forgés à l’époque de Mu’âwiyah et considérés depuis comme des traditions prophétiques: «N’écrivez rien à partir de moi: à part le Coran effacez ce que vous avez écrit». (8)
D’autres récits vont dans le même sens: ils ont demandé au Prophète (SAW) la permission d’écrire à partir de lui mais il ne l’autorisa point. (9)
Abû Hurayrah raconte:
«Nous étions assis, en train d’écrire ce que nous avons entendu du Prophète (SAW). Soudain il sortit et nous demanda:
– Qu’est ce vous écrivez?
– Ce que nous entendons de toi, répondîmes-nous.
– Un livre à côté du Livre d’Allah?, nous demanda-t-il?
– Quoi?
– Ecrivez le Livre d’Allah; seul le Livre d’Allah. Pas de livre à côté du Livre d’Allah!, ordonna-t-il.
Nous avons alors ramassé ce que nous avions écrit puis nous l’avons brûlé». (10)
Que resterait-il alors des lois islamiques si nous brûlions les traditions prophétiques ou les jetons dans la mer? Non. Le Prophète (SAW) n’a sûrement pas proféré de tels hadîths. Voici ce qu’il a dit à Minan lors du pèlerinage d’Adieu:
«Qu’Allah rende prospère tout serviteur qui, après avoir entendu et compris mes propos, les a transmis à quelqu’un qui ne les a pas entendus car il se peut qu’on porte du fiqh à quelqu’un qui en saura davantage que soi-même». Dans une autre version, le Prophète (SAW) dit: «Que la personne présente (ici) transmette (cela) à celle qui est absente. Car il se peut qu’on transmette une science à quelqu’un qui en aura une meilleure conception». (11)
Le Prophète (SAW) dit aussi:
– Qu’Allah fasse grâce à mes Califes (deux fois)
– Qui sont tes Califes, Ô Messager d’Allah?, lui demanda-t-on.
– Ce sont ceux qui après moi rapportèrent mon hadîth et ma sunnah. (12)
Dans le recueil d’Al Bukhârî (chap.: “L’écriture du savoir”), un homme du Yaman a entendu des propos du Messager d’Allah et demanda qu’on les lui note. «Ecrivez-lui (le hadîth)», ordonna le Prophète. (13)
De même un homme d’al-Ançar avait l’habitude de s’asseoir près du Prophète. Mais il avait beau entendre des hadîths et les apprécier, il n’en retenait rien. Quand il s’en est plaint au Prophète (SAW), celui-ci lui dit: «Aide-toi de ta main droite», en lui montrant qu’il s’agissait d’écrire. (14)
‘Amru b. Shu’ayb rapporte ce récit à partir de son père citant son grand-père:
– Ô Messager d’Allah! Puis-je écrire tout ce que j’entends de toi?
– Oui, répondit-il.
– En cas d’agrément comme en cas de colère?, redemandai-je.
– Oui, affirma-t-il. Car en tout état de cause je ne dis que vrai. (15)
Le récit rapporté par ‘Abdullah b. Amru b. al-‘As est similaire (voir note 8). Selon un autre récit du ‘Amru b. Shu’ayb précédent: «Ô Messager d’Allah! Nous entendons des hadîths mais nous ne parvenons pas à tout apprendre; pouvons-nous les écrire?» «Oui, répondit-il, écrivez-les». (16)
Le Messager (SAW) a donc bel et bien, ordonné d’écrire ses hadîths de les compiler et de les diffuser comme l’affirment les récits précédents. Pourquoi donc a-t-on rapporté des hadîths qui affirment le contraire?
La réponse est que Quraïsh (les Muhâjirîne parmi les Compagnons) empêchait l’écriture du hadîth du vivant même du Prophète. C’était elle aussi qui empêcha l’écriture du testament du Prophète juste avant sa mort. Le deuxième calife consacre cette prohibition, brûla des hadîths écrits, empêcha de diffuser la sunnah et emprisonna à Médine les Compagnons qui s’y sont opposés. Le troisième calife emboîta le pas à son prédécesseur. Il était normal que certains compagnons se soumettaient aux volontés du pouvoir. D’autres n’hésitaient pas à s’y opposer et à diffuser coûte que coûte les hadîths du Messager. Abû Dhar subit à cause de cette orientation des épreuves dures et douloureuses. Nous montrerons plus tard que l’Imam ‘Ali (a. s.) encouragerait cette prise de position avant son investiture populaire comme 4e calife. Une fois au pouvoir, il était normal qu’il uvrait pour la diffusion du hadîth mais après sa mort et la prise du pouvoir par Mu’âwiyah, celui-ci trouva, au début, des difficultés à empêcher l’écriture du hadith prophétique. Pour y parvenir, il fallait trouver des assistants et des rapporteurs de récits prohibitifs. D’où cette contradiction flagrante entre les hadîths selon lesquels le Messager (SAW) dit: «Ecrivez mon hadîth» et ceux qui disent: «N’écrivez pas mon hadîth». C’est pour cela que nous disons: chaque fois qu’on se trouve devant des hadîths contradictoires, il convient de rejeter ce qui était conforme aux orientations du pouvoir régnant (à travers les époques).
Rappelons aussi que la prohibition de l’écriture des hadîths avait pour but d’empêcher la diffusion des mérites de l’Imam ‘Ali (a. s.) parmi les Musulmans, surtout à l’époque de Mu’âwiyah qui ordonna de maudire l’Imam dans les sermons du vendredi sur les chaires musulmanes.
Mu’âwiyah avait aussi besoin de changer la conception islamique générale relativement aux qualités exceptionnelles que devait avoir l’Imam des Musulmans. Pour ceux-ci, le premier dirigeant islamique, le Prophète (SAW) était le modèle de la perfection humaine et infaillible. Cette conception ne plaisait pas à Mu’âwiyah parce qu’elle empêchait les gens vertueux de le suivre et d’accepter son fils Yazîd, un ivrogne et un pervers avéré, comme héritier du califat. Il fallait donc, pour lui, que l’idéal des Musulmans – Le Messager d’Allah (SAW) – se métamorphosât aux yeux des gens. D’où l’apparition, à cette époque, de hadîths montrant le Prophète (SAW) à un niveau aussi bas que celui de Yazîd et de Mu’âwiyah. Ces pseudo-hadîths furent rapportés par certaines mères des croyants et certains compagnons.
Comme les récits israélites allaient dans le même sens (le dénigrement des prophètes anciens (a. s.)), Mu’âwiyah encourageait leur diffusion parmi les Musulmans. La sunnah véritable n’étant rapporté à cette époque que de mémoire et la prohibition de l’écrire et de la diffuser étant de vigueur, les récits hébraïques s’entre mêlaient aux hadîths du Messager (SAW) au sein de l’Ecole des califes. Par après cette pensée islamique modelée à l’époque de Mu’âwiyah allait devenir l’Islam officiel. Tout ce qui s’y opposait était refusé et banni. Quand le petit-fils du Messager d’Allah (SAW), Al- Hussayn et Ahlul-Bayt (a. s) avec lui eurent mis fin, par leur martyre, à la déviation et à l’auréole fabriquée que s’était donnée le califat, le pouvoir politique se distingua alors de la véritable représentation dans la Communauté islamique.
C’était donc l’attitude de l’Ecole des califes à l’égard des hadîths prophétiques. Reste à étudier l’attitude opposée, celle de l’Ecole d’Ahlu-Bayt (a. s). Mais, avant de le faire, complétons la recherche dans ce chapitre par l’évocation de la principale conséquence de la prohibition par l’Ecole des califes d’écrire et de diffuser la sunnah du Prophète (SAW): le recours à l’élaboration personnelle des lois et à la mise en application des opinions des jurisconsultes. Parfois ceux-ci se permettaient de légiférer en opposition à la sunna du Messager (SAW). (L’Ecole d’Ahlul-Bayt (a. s) avait bien sûr une autre position bien différente).
Notes:
- Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 3/15-16; Ahmed Amîn, Fajrul-Islam, p. 275
- Murtadâ al-‘Askarî, Les hadîths de la mère des croyants Aïsha, 1/358
- Al-Khatîb, Târîkh Bagdad, 14/7
- Abû Hafs ‘Umar b. Abîl-‘Azîz, investi en l’an 99 h. et mort en 101 h. Il leva l’insulte et la malédiction infligée au nom de ‘Ali, rendit Fadak aux héritiers d’Az-Zahrâ’ (a. s.) et donna l’ordre d’écrire le hadîth avec d’autres uvres louables. Voir, As-Suyûtî, Târîkh al-Khulafâ’, “Biographie de ‘Umar”; Ibn Hajar, Taqrîb-At-Tahdhîb, “Biographie de ‘Umar”; Ad-Dârimî , Sunan “Introduction”, p. 126; Ibn Sa’d, At-Tabaqât, 7/447; Abder-Razzâq, Al Muçannaf, 9/337; Abû Nu’aym, Akhbar Asbahân, 1/312; As-Suyûtî, Tadrib Ar-Râwî, p. 90
- Ibn Hajar, Fath al-Bârî, 1/218
- Ibn Hajar, Tahdhîb At-Tahdhîb, 12/39
- As-Suyûtî, Târikh al-Khulafâ’, 12/39; Adh-Dhahabî, Târikh al-Islam, 6/6
- Muslim, Sahîh, 4/97; Ad-Dârimî, Sunan, 1/119, à l’Introduction; Ahmed b. Hanbal, Al-Musnad, 3/12, 39, 56
- Sunan al-Durâmî, “Al-Muqaddamah” (l’Introduction) 1/119.
- Ahmed, Musnad, 3/12-13.
- Ibn Mâjah, Al-Muqaddamah, 18, h/23, 231, 236 et Kitâb al-Manâsik, Bâb, al-Kntbah Yawm al-Nahr; Abû Dâwûd, Sunan, “Kitâb al-‘Ilm”, Bâb, “Fadhl Nashr al-‘Ilm”, h/ 3360, Bâb, 10; Al-Tarmadhi, Kitâb al-‘Ilm, Bâb 7; Al-Darâmî, 1/74-76, Al-Muqaddamah, Bâb, 24; Ahmad, Musnad, 3/225, 4/80, 5/173
- Aç-Çaduq, Man lâ Yahduruhul-Faqîh, 4/420; Al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, 2/145, h/ 7; Ar-Râmahramzî, Al-Muhaddith al-Fâçil, p. 163; Al- Qâsimî, Qawâ’id At-Tahdîth, p. 48; Ibn Abdil-Bar, Jâmi’u Bayânil’Ilm, 2/55 …
- Al-Bukhârî, Sahîh, 1/22.
- At-Tirmidhî, Sunan, 10/135
- Ahmed, Al-Musnad, 2/207-215
- Ahmed, Al-Musnad, 2/215