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Le sacrifice d’Ismâ‛îl (P) dans l’histoire d’Ibrâhîm (P)
L’histoire du sacrifice d’Ismâ‛îl (1) (as) est racontée dans les versets 100 et 101 de la sourate Al-Sâfât (Les rangés, sourate 37), Ibrâhîm (2) (as) dit : « ‘Mon Seigneur ! Accorde-moi un fils qui soit juste.’ ! Nous lui avons alors annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’un garçon, doux de caractère. »
Le songe d’Ibrâhîm (as) au sujet du sacrifice d’Ismâ‛îl (as)
Parmi les songes mentionnés dans le noble Coran se trouve celui de son Excellence l’Imâm(3) Ibrâhîm (as), dans lequel il se voit sacrifier son fils Ismâ‛îl (as) dans la voie de Dieu. Voici de quelle façon Dieu le Très-Haut rapporte ce fait dans le noble Coran : « Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père, celui-ci lui dit : ‘Ô mon fils ! Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais ; qu’en penses-tu ?’ Il dit : ‘Ô mon père ! Fais ce qui t’es ordonné. Tu me trouveras patient, si Dieu le veut !’ Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre, nous lui criâmes : ‘Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision que tu as réalisée ; c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien : voilà l’épreuve concluante.’ Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel. ! Nous avons perpétué son souvenir dans la postérité : ‘Paix sur Abraham !’ » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102 à 109).
Ainsi, quelques temps après, Ibrâhîm (as) relate à son fils le songe dans lequel la responsabilité lui est confiée de l’immoler (« Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père, celui-ci lui dit : ‘Ô mon fils ! Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais ; qu’en penses-tu ?’ »). Le fils accepte et encourage son père à accomplir ce que Dieu attend de lui (« Il dit : ‘Ô mon père ! Fais ce qui t’es ordonné. Tu me trouveras patient, si Dieu le veut !’ »). Tous deux s’apprêtent à mettre en œuvre cet étrange commandement (« Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre ») ; or, au moment d’immoler son fils, Dieu le Très-Haut appelle Ibrâhîm (as) et lui dit qu’il a d’ores et déjà accompli son devoir (« Nous lui criâmes : ‘Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision que tu as réalisée ; c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien… »). Là, un sacrifice solennel vient payer la rançon du fils d’Ibrâhîm (as) (« Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel. »). Bien que dans le songe il se voyait en train de sacrifier son fils, il n’a cependant pas vu le sacrifice accompli. Autrement dit, il annonce à son fils : « Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais », c’est pourquoi, Dieu dit à Ibrâhîm (as), après avoir étendu son fils à terre : « Tu as cru en cette vision que tu as réalisée. » Quant au sacrifice solennel, il s’agit apparemment de ce sacrifice entrepris chaque année lors de la cérémonie du pèlerinage, et qui rappelle le sacrifice d’Ibrâhîm (as). Dans le Bihâr al-Anwâr, il est rapporté du Khisâl de Shaykh Sadûq et du ‘Uyûn al-akhbâr al-Rezâ (as) : « Tout ce qui sera sacrifié (à Minâ) jusqu’au Jour de la Résurrection correspondra à la rançon de son Excellence Ismâ‛îl (as). »
Ibrâhîm (as) et Ismâ‛îl (as) dans le lieu sacrificiel de l’amour
Les examens ordinaires servent à éprouver les capacités des gens, tandis que les examens divins poursuivent d’autres buts. Dieu est parfaitement connaissant de la situation des serviteurs, dans le passé comme dans l’avenir, ainsi que de leurs mérites et capacités. C’est pourquoi son examen comporte un, voire plusieurs autres desseins, dont l’un consiste à faire atteindre la perfection aux serviteurs qui en sont capables, et qui le méritent. Ainsi, les capacités et les mérites latents chez ces serviteurs se trouvent mis en œuvre et parviennent au degré de la réalisation. La sincérité et le sens du sacrifice d’Ibrâhîm (as) existent en lui en puissance et sous forme de capacités ; cependant, lorsqu’il montre sa disposition à sacrifier son fils sur l’ordre de Dieu, ses capacités accèdent au degré de la réalisation. Pour cette raison, Dieu ordonne à Ibrâhîm (as) de sacrifier son fils dans Sa voie. Ibrâhîm (as) s’en remet à son fils et tous deux se déclarent prêts, ainsi, le père et le fils exposent leur sincérité envers le commandement divin. Dans les versets du Coran, il est question de ce dessein, dont parle également l’Emir des croyants (as) dans ses discours, lorsqu’il dit par exemple : « Bien que Dieu connaisse mieux les êtres humains qu’eux-mêmes, Il les place cependant dans le creuset de l’examen, afin de révéler les actions qui engendrent la récompense ou le châtiment. » Bien entendu, le dessein des examens divins ne se limite pas à éprouver des aptitudes et à changer des capacités en réalisations, car au-delà de ce cas, d’autres desseins entrent en jeu. Pourtant, le but visé par le commandement d’immoler Ismâ‛îl (as) tient de ce premier cas, et c’est pourquoi, lorsqu’Ibrâhîm (as) a montré sa résolution d’obéir et s’apprête à effectuer le sacrifice, on lui dit : « C’est assez, tu as crû en ton songe, et ce que Je voulais voir est d’ores et déjà fait. Par ce moyen, tu as prouvé ta sincérité envers Dieu. » Cela dit, selon un groupe d’exégètes, Ismâ‛îl (as) a treize ans lorsqu’Ibrâhîm (as) voit ce songe au dessein étrange, qui soumet cet immense prophète (as) à un nouvel examen. Dans ce songe, il voit que l’ordre lui est donné de la part de Dieu d’immoler lui-même son fils unique, et de l’égorger. Lorsqu’Ibrâhîm (as) se réveille, il est terrifié, car il sait que le songe des prophètes est véridique et hors d’atteinte des doutes sataniques. Alors qu’il se trouve dans cet état, le songe se reproduit deux nuits de suite, ce qui confirme la nécessité et l’imminence de ce commandement. Ibrâhîm (as) est plusieurs fois sorti glorieux du fourneau brûlant des examens divins. Cette fois encore, il doit se jeter à l’eau et se soumettre au commandement de Dieu. Il doit égorger le fils qu’il a attendu toute sa vie et qui est maintenant un jeune garçon épanoui ! Mais avant toute chose, il doit le préparer à cela, alors il se tourne vers lui et lui dit : « ‘Ô mon fils ! Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais ; qu’en penses-tu ?’ » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102). Ismâ‛îl (as) est lui-même empreint de l’abnégation de son père. Au cours de sa courte existence, il a appris la patience, la droiture et la foi dans son école, aussi il reçoit le commandement divin à bras ouverts et il l’agréé volontiers. Il dit clairement et catégoriquement : « Ô mon père ! Fais ce qui t’es ordonné. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102). Sois apaisé de mon point de vue, car « Tu me trouveras patient, si Dieu le veut ! » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102). Ainsi, le père comme le fils passent avec un franc succès la première étape de ce grand examen. Sur ces entrefaites, que s’est-il passé ? Le Coran ne l’explique pas et ne met l’accent que sur les points essentiels de cet événement. Certains auteurs nous apportent des détails : « Pour aider son père à accomplir cette mission, et réduire la souffrance et la tristesse de sa mère, cet enfant dévoué dit à son père, alors qu’il l’a amené au lieu du sacrifice, entre les montagnes sèches et brûlantes de la plaine de Minâ : ‘Mon père, resserre mes liens afin que je ne m’enfuie pas au moment où tu accompliras le commandement divin, car j’ai peur de me voir soustraire ma récompense ! Cher père, affûte le couteau et fais-le rapidement passer sur ma gorge pour que cela soit plus supportable pour moi (et pour toi) ! Mon père, avant cela, ôte ma tunique pour qu’elle ne soit pas souillée de mon sang, car j’ai peur que lorsque ma mère la verra, elle n’en perde la tête.’ Là, il ajoute : ‘Transmets mon salâm(4) à ma mère, et si tu n’y vois pas d’inconvénient, porte-lui ma tunique pour la consoler et apaiser ses souffrances, car elle y trouvera l’odeur de son fils et elle pourra la presser contre son cœur à chaque fois qu’elle le voudra, ce qui atténuera la brûlure de sa peine. » Le moment crucial survient, il faut mettre en œuvre le commandement divin. Ibrâhîm (as), voyant le degré de soumission de son fils, le prend dans ses bras et lui embrasse les joues. Tous les deux se mettent à pleurer, et ces sanglots expriment les sentiments et préfigurent l’ardeur de la Face divine. C’est dans cette mesure que le Coran dit, lors d’une formulation brève et pleine de signification : « Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre… » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 103). Là, de nouveau, le Coran se montre bref et autorise l’auditeur (ou le lecteur…) à poursuivre le récit, ainsi porté par le flot de ses sentiments. Certains auteurs affirment que « le front à terre » indique que c’est le fils qui propose à son père de poser son front contre la terre, afin que le regard du père ne croise pas celui de son fils et que les sentiments paternels que cela susciterait ne le retiennent pas de mettre en œuvre le commandement de Dieu ! Quoi qu’il en soit, Ibrâhîm (as) dispose son fils face contre terre, prend le couteau et le passe promptement et fortement sur la gorge de son fils, alors qu’il est submergé d’émotion, et sachant que seul l’amour de Dieu le fait aller de l’avant. Cependant, le couteau tranchant ne laisse pas la moindre trace sur la gorge de son fils ! Ibrâhîm (as) en reste perplexe. Une nouvelle fois, il met le couteau en mouvement et de nouveau rien ne se produit. En effet, Ibrâhîm, l’Ami de Dieu (as), dit : « Coupe ! » Mais le Dieu de l’Ami ordonne : « Ne coupe pas ! » Et le couteau n’obéit qu’à Dieu. Là, le Coran dans une formulation brève et pleine de signification, met fin à l’affaire, contre toute attente : « Nous lui criâmes : ‘Ô Abraham !’ » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 104). « Tu as cru en cette vision que tu as réalisée ; c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 105).
Nous avons donc : « Nous leur donnons la réussite pour succéder à l’examen », et aussi « Nous ne le laissons pas perdre son fils bien-aimé ». En effet, « celui qui est entièrement soumis à Notre commandement et porte le bien à son plus haut degré ne recevra rien moins qu’une récompense ».
Ensuite, Il ajoute : « Voilà l’épreuve concluante. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 106). Sacrifier son propre fils de sa main, un fils épanoui et méritant que son père a passé toute sa vie à espérer, ne constitue pas un acte ordinaire et facile. Comment peut-on avoir le cœur à sacrifier un tel fils ? Plus encore, comment peut-on accéder à de tels commandements en faisant montre de soumission et de satisfaction sans infléchir son honneur, accomplir tous les préliminaires, et ce jusqu’au dernier stade, de manière à ne rien négliger dans la préparation, qu’elle soit psychologique ou pratique ?
Ce qui est plus étonnant encore, c’est la soumission absolue de ce jeune homme face à ce commandement, qui accepte à bras ouvert d’être ainsi égorgé, avec une confiance totale dans la bonté du Créateur et une soumission à Sa volonté. Cependant, afin que le programme d’Ibrâhîm (as) ne demeure pas inachevé, et pour qu’il ait tout de même accompli un sacrifice auprès de Dieu, pour que le désir d’Ibrâhîm (as) soit exaucé, Dieu envoie un gros bélier à sacrifier à la place de son fils, et afin d’instituer une tradition pour ceux qui viendront, et qui feront de même, lors de la cérémonie du pèlerinage, dans la plaine de Minâ, comme le dit le Coran : « Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 107).
Penchons-nous à présent sur l’origine de cette grandeur : tient-elle au dévouement du fils d’Ibrâhîm (as) ? Ou au fait qu’Ibrâhîm (as) s’offre à Dieu, à la voie de Dieu ? Ou est-ce parce que ce sacrifice lui a été commandé par Dieu ? Les exégètes discutent beaucoup cette question, cependant, rien ne s’oppose à ce que tous ces aspects, ensemble comme pris un par un, concourent à la gloire de cette immolation. Quant à la façon dont ce bélier est donné à Ibrâhîm (as), la plupart avancent que c’est Jabra’îl qui l’apporte, tandis que certains prétendent qu’il a dévalé seul la pente de la montagne bordant la plaine de Minâ. Quoi qu’il en soit, cela a été ordonné par Dieu et correspond à Sa volonté. Non seulement ce fait loue la réussite d’Ibrâhîm (as) à ce grand examen, mais il en vivifie pour toujours le souvenir, car le Coran dit dans le verset suivant : « Nous avons perpétué son souvenir dans la postérité. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 108). Il devient un exemple pour tous et un modèle pour tous les amants, ceux qui ont sacrifié leur cœur à l’Aimé. Ce qu’il a fait est institué en tant que tradition de la cérémonie du pèlerinage, pour les siècles à venir, jusqu’à la fin des temps. Ibrâhîm (as) est le père des grands prophètes (as), le père de la communauté musulmane et du Prophète de l’islam (s). « Paix sur Abraham ! » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 109). « C’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien. Il était au nombre de Nos serviteurs croyants. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 110 et 111). Une récompense à la hauteur de ce monde, une récompense qui perdurera tant que durera le temps, une récompense illuminée par le salâm et la louange de Dieu l’Immense !
Le récit du sacrifice d’Ismâ‛îl dans les hadiths
Il a été rapporté de Sulaymân ibn Yazîd, qui le tient de ‘Alî ibn Mûsâ(5) (as) : « Mon père, qui le tenait de son père, qui le tenait de son Excellence Al-Bâqer, qui le tenait de son père, qui le tenait de ses pères (as), m’a énoncé ce hadith : ‘Celui que l’on sacrifie, c’est Ismâ‛îl (as).’ » On retrouve quelque chose d’analogue dans le Majma‛ al-Bayân, avec la même teneur, rapporté de son Excellence Al-Bâqer (as) et de son Excellence Al-Sâdeq (as). Il existe quantité d’autres hadiths rapportés par les Imâms de la Demeure prophétique (as) à ce sujet. Or, dans une partie d’entre eux, on trouve que c’est Is-hâq (as) qui doit être sacrifié, mais comme ces hadiths ne s’accordent pas aux versets du Coran, ils sont rejetés. Dans le livre Al-Faqîh, il est rapporté que l’on a interrogé l’Imâm al-Sâdeq (as) à propos de l’identité du sacrifié. Quelqu’un a demandé : « Qui était-ce ? » L’Imâm a répondu : « Il s’agissait d’Ismâ‛îl (as), parce que Dieu le Très-Haut, dans Son Livre saint, rapporte le récit de la naissance d’Is-hâq (as) après celui du sacrifice : ‘Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’Isaac, un prophète parmi les justes.’ (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 112). » L’ordre est explicite. Dans le Majma‛ al-Bayân, il est rapporté d’Ibn Is’hâq : « A chaque fois qu’Ibrâhîm (as) veut rendre visite à Ismâ‛îl (as) et à sa mère Hâjar (as), on lui amène Burâq(6). A l’aube, il enfourche Burâq en Syrie et parvient à Makka avant midi. L’après-midi, il se remet en route et se retrouve le soir auprès de sa famille. Ces allers et retours s’enchaînent jusqu’à ce qu’Ismâ‛îl (as) soit grand. Lorsque son père se voit sacrifier Ismâ‛îl (as) en songe, il lui dit : ‘Prends une corde et un poignard, nous allons ensemble dans la vallée pour y ramasser du bois.’ Ensuite, lorsqu’ils arrivent dans cette vallée déserte que l’on nomme vallée de Thabîr, Ibrâhîm (as) l’informe du commandement qu’il a reçu de Dieu le Très-Haut à son propos. Ismâ‛îl (as) dit : ‘Cher père, attache-moi les bras et les jambes à l’aide de cette corde pour m’empêcher de bouger, et plie ma tunique pour éviter que le sang ne jaillisse dessus et que ma mère le voit, affûte le poignard et tranche ma gorge prestement, afin que je sois vite tranquille, parce que la mort est difficile.’ Ibrâhîm (as) dit : ‘Mon fils, en vérité, ta soumission au commandement de Dieu m’aide grandement.’ » Ibn Is-hâq, poursuivant ainsi son récit, nous apprend qu’Ibrâhîm (as) se courbe et le poignard en main, s’apprête à trancher la gorge de son fils quand Jabra’îl retient son poignard et libère Ismâ‛îl (as) qu’il maintenait de l’autre main. Il met à sa place un bélier qu’il a emmené de la vallée de Thabîr, tandis que du côté gauche de la mosquée de Khayf(7), une voix s’exclame : « Ibrâhîm (as) ! Tu as confirmé le songe que tu as fait et accompli le commandement de Dieu. »
Dans le Majma‛ al-Bayân, le Tafsîr d’Al-‘Ayyâshî rapporte également, qui le rapporte lui-même de Yazîd ibn Mu‛âwiya al-‘Ajalî, ce dialogue : « J’ai demandé à l’Imâm al-Sâdeq (as) : ‘Combien d’années se sont écoulées entre ces deux nouvelles annoncées à Ibrahîm (as) : la nouvelle de la naissance prochaine d’Ismâ‛îl (as) et celle de la naissance à venir d’Is-hâq (as) ?’ (8) Il a répondu : ‘Cinq ans ce sont écoulés entre ces deux nouvelles. Le saint verset (« Nous lui avons alors annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’un garçon, doux de caractère. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 101)) se rapporte à la première nouvelle annonçant à Ibrâhîm (as) sa paternité prochaine, aussi, le garçon doux de caractère, c’est Ismâ‛îl (as).’ »
Certains détails de cet événement sont discutés :
- Sur la question de savoir s’il s’agit d’Is-hâq (as) ou d’Ismâ‛îl (as), il existe de nombreuses divergences. Lequel des deux fils d’Ibrâhîm (as) a-t-il emmené au lieu sacrificiel ? Lequel a hérité du surnom de dhabîh / ذبيح / sacrifié ? Entre les exégètes, la discussion est rude. Un groupe qualifie Is-hâq (as) de « sacrifié », tandis qu’un autre accorde cette qualification à Ismâ‛îl (as). Le premier avis est majoritaire chez les exégètes sunnites, tandis que le second est retenu par la majorité des exégètes shiites. Cependant, relativement aux écrits dans différents versets du Coran, c’est bien Ismâ‛îl (as) « le sacrifié ». Revenons sur cela :
Premièrement, nous trouvons : « Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’Isaac, un prophète parmi les justes. » (Sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 112). Cette formulation montre clairement que Dieu annonce la naissance d’Is-hâq (as) après l’événement du sacrifice. C’est suite au sacrifice consenti par Ibrâhîm (as) que cette annonce lui est envoyée. De ce fait, le sacrifice ne peut concerner Is-hâq (as). En sus, lorsque Dieu annonce la prophétie à quelqu’un, cela indique notamment qu’il va vivre, or, cela ne s’accorde pas à l’idée que ce prophète doive être sacrifié alors qu’il n’est encore qu’un enfant.
Deuxièmement, dans le verset 71 de la sourate Hûd (11), nous lisons : « Nous lui annonçâmes la bonne nouvelle d’Isaac, et de Jacob après Isaac. ». Ce verset montre qu’Ibrâhîm (as) était certain qu’Is-hâq (as) vivrait et qu’il aurait un fils, Ya‛qûb (as) en l’occurrence. Par conséquent, ce ne peut-être à lui que le sacrifice est demandé. Ceux qui considèrent Is-hâq (as) comme étant le sacrifié, ne tiennent en réalité pas compte de ces versets.
Troisièmement, il existe de nombreux hadiths dans les sources islamiques qui exposent très clairement qu’Ismâ‛îl (as) est le « sacrifié ». En voici quelques passages :
Dans un hadith authentique rapporté du noble Prophète de l’islam (s), il est écrit : « Je suis le descendant de deux sacrifiés. » Le premier des deux sacrifiés est son père ‘Abdallâh (as), pour qui Dieu ordonna par la suite que cent chameaux soient sacrifiés à sa place, à titre de rançon. C’est une histoire célèbre. Le second sacrifié est Ismâ‛îl (as), car il est patent que le Prophète de l’islam (s) descend d’Ismâ‛îl (as), et non d’Is-hâq (as). Dans cette invocation que ‘Alî (as) rapporte du noble prophète (s), il est dit : « Ô celui qui a pris une rançon à la place du sacrifice d’Ismâ‛îl (as). »
Dans un hadith rapporté de l’Imâm ‘Alî Ibn Mûsâ al-Rezâ (as), nous lisons : « S’Il avait trouvé un meilleur animal que le mouton, Il en aurait fait la rançon d’Ismâ‛îl (as). » Face à ce grand nombre de hadiths qui s’accordent aux faits présentés dans les versets du Coran, un hadith isolé tend à prouver que c’est Is-hâq (as) qui est « le sacrifié ». Ce hadith n’est pas à même de faire le poids face aux nombreux hadiths du premier groupe, et demeure sans accordance avec les versets du Coran. Au-delà de tout cela, il est évident que l’enfant qu’Ibrâhîm (as) emmène à Makka avec sa mère sur ordre de Dieu, pour l’y laisser, et avec l’aide duquel il construira par la suite la Ka‛ba avant d’accomplir en sa compagnie la circumambulation (tawâf / طواف) et le sa‛y / سعي(9)), est bien Ismâ‛îl. Cela montre également que « le sacrifié » est bien Ismâ‛îl, car le rite du sacrifice est considéré comme la complétion des rites précédents.
Dans l’Ancien Testament (de la Thora historique), il apparaît que c’est Is-hâq (as) qui est « le sacrifié ». De là, on peut penser qu’une partie des hadiths musulmans moins célèbres, présentant Is-hâq (as) en tant que « sacrifié », auraient subi l’influence des traditions hébraïques, qui sont probablement des falsifications ; les juifs provenant d’Is-hâq (as), ils auront préféré s’attribuer cette fierté et en priver les musulmans, dont le Prophète (s) descend d’Ismâ‛îl (as) (10), quand bien même cela nierait la réalité ! Quoi qu’il en soit, le plus fiable en ce qui nous concerne, sont les faits énoncés par les versets du Coran, or ceux-ci nous attestent bien qu’Ismâ‛îl (as) est « le sacrifié », bien que cela ne fasse pas de différence pour nous s’il s’agit d’Is-hâq (as), tous deux étant les fils d’Ibrâhîm (as), le grand prophète de Dieu. Il n’est question ici que d’éclairer la réalité d’un événement historique. De la même façon, l’avis réputé parmi les savants shiites a toujours été qu’Ismâ‛îl (as) est « le sacrifié ».
- Il est dit que la qualification de « ghulâm / غلام / garçon au doux caractère » qui apparaît dans la nouvelle apportée à Ibrâhîm (as) (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 101) se rapporte à la propre disposition de ce garçon à se sacrifier dans la voie de Dieu. Ainsi, cette expression qualifiant le fils de ghulâm(11) / غلام montre qu’il est doté de douceur et de disposition à être sacrifié dans la voie de Dieu.
- Concernant le verset « Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père » (12) (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102), selon certains, il s’agit de l’âge à partir duquel l’être humain est en mesure de s’efforcer d’assurer ses besoins quotidiens, ce qui se situe à la période de la puberté. A côté de cela, l’expression ma‛ah / معه indique qu’il a atteint l’âge où l’on commence à aider son père à subvenir aux besoins journaliers. Maintenant, sa‛y / سعي désigne pour certains l’adoration, l’action accomplie pour Dieu. Certains exégètes avancent qu’Ismâ‛îl (as) avait treize ans au moment de l’événement, et que le mot sa‛y / سعي désigne ici les sept allers et retours entre Safa et Marwa qui comptent dans les rites du pèlerinage, car c’est durant le sa‛y / سعي qu’Ibrâhîm (as) a évoqué son rêve pour Ismâ‛îl (as). On peut également retrouver ces faits dans un hadith rapporté par l’Imâm al-Sâdeq (as).
- En quoi le rêve d’Ibrâhîm (as) peut-il constituer un argument ?
Ce qu’il est nécessaire d’observer ici, c’est la façon dont Ibrâhîm (as) considère le rêve comme un argument et en fait un critère déterminant pour ses actes. Dans la réponse à cette question, il est parfois dit que les rêves des prophètes (as) ne sont jamais sataniques, et ne donnent pas lieu à la manifestation de la faculté imaginative car ils représentent au contraire, un aspect de leur prophétie et de leur révélation. Autrement dit, le contact entre les prophètes (as) et la source de leur révélation prend parfois la forme d’une inspiration du cœur. Il prend aussi parfois celle de la vision de l’Ange de la révélation (as) ou parfois celle de la perception d’ondulations sonores que Dieu produit. Et il prend parfois la forme du rêve. De ce fait, leurs rêves sont absolument exempts de toute forme d’erreur ou de confusion, et ce qu’ils voient dans leurs rêves correspond exactement à ce qu’ils voient à l’état de veille. On dit qu’Ibrâhîm (as) a reçu, à l’état de veille et au moyen de la révélation, la confirmation qu’il devait exécuter le sacrifice vu en rêve. On dit également que les différents indices concernant ce rêve, et parmi eux le fait qu’il se soit reproduit à l’identique durant trois nuits consécutives, lui ont donné la certitude qu’il s’agissait d’une mission divine et pas d’autre chose. Ceci étant, il est possible que toutes ces exégèses soient correctes. Elles ne se contredisent pas, et ne contredisent pas ce qu’énoncent les versets du Coran. L’expression « Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) indique qu’Ibrâhîm (as) a vu de manière répétée, (et selon certains, trois fois de suite, le huit, le neuf et le dix du mois de Dhu al-hijja), (13) le rêve dans lequel il sacrifie Ismâ‛îl (as). C’est précisément ce qui lui fait comprendre qu’il s’agit d’un ordre de mission. Selon un autre avis, Ibrâhîm (as) a entendu au cours de son sommeil une voix lui disant : « Dieu t’ordonne de sacrifier ton fils. » Certains avancent que Dieu lui a également révélé ce commandement à l’état de veille, sinon Ibrâhîm (as) n’aurait jamais pu considérer son rêve comme un ordre. De l’avis d’autres savants, cet ordre, en raison de sa difficulté, est d’abord communiqué à son Excellence (as) en rêve, afin qu’il puisse s’y préparer suffisamment, et ensuite confirmé à l’état de veille.
- Le fait d’évoquer cette mission avec Ismâ‛îl (as) figure une manifestation de la haute civilité divine dont Ibrâhîm (as) fait preuve à l’égard de son fils. Selon certains, le but aurait été de faciliter l’épreuve à Ismâ‛îl (as), et aussi de connaître son niveau de persévérance dans la voie de Dieu. Ainsi, Il aurait préparé par ce moyen Ibrâhîm (as) à pénétrer ce grand champ de bataille (14) en connaissance de cause. De plus, son fils a pu, par plaisir de la soumission et de la satisfaction face à ce que Dieu octroie, bénéficier à la fois d’une grande récompense dans l’autre monde, et de louanges dans celui-ci.
- La réponse satisfaite d’Ismâ‛îl (as), « Ô mon père ! Fais ce qui t’es ordonné » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) est emplie de civilité, de respect, et tranquillise le cœur du père. Cela revient à dire : « Voici mon avis, qui permet de montrer le respect que j’ai pour mon père. » Cela ne dit pas : « Fais-le si tu le veux. » Ni : « Egorge-moi ! » Au contraire, il veut que l’exécution de l’ordre divin soit accomplie avec la certitude que cet ordre vient effectivement de Dieu, et que son père n’a pas d’autre choix que de l’exécuter. Il donne cette réponse dans le but d’apaiser le cœur d’Ibrâhîm (as). De même, la phrase : « Tu me trouveras patient, si Dieu le veut ! » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) est pleine de la civilité divine d’Ismâ‛îl (as) à l’égard de Dieu et nie sa propre indépendance lorsqu’il se montre ferme face à cet événement. Par cette phrase, en plus d’apaiser le cœur de son père, il lui donne à comprendre qu’il s’abstiendra de gémir ou de faire quoi que ce soit d’autre qui puisse ajouter au trouble du père lorsqu’il verra son fils baigner dans son sang.
- Le verset « Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 103) s’achève sans qu’une suite ne soit donnée à cet « après ». Cette tournure rend la violence de la tragédie et l’amertume de l’événement manifestes, et celui qui entend (ou lit) le verset peut s’imaginer la suite du récit, emporté par le flot de ses sentiments.
- Ibrâhîm (as) est-il chargé d’égorger son fils ?
Parmi les questions importantes qui se posent aux exégètes dans le cadre de ce débat se trouve le fait de savoir si Ibrâhîm (as) est réellement chargé d’égorger son fils, ou s’il a seulement reçu l’ordre d’engager les préliminaires pour cet acte ? S’il est chargé de l’égorger, pourquoi ce décret divin est-il abrogé avant son exécution ? Nous savons que l’abrogation précédant l’exécution n’est pas permise et que cela a été établi par la science des « principes juridiques ».
Et s’il est seulement chargé d’en accomplir les préliminaires, cette gloire importante le concernant n’a peut-être pas lieu d’être. Certains prétendent que l’importance de cette question réside dans la supposition que fait Ibrâhîm (as), à savoir qu’après avoir accompli sa mission et réuni les préliminaires, il verra l’ordre du sacrifice. Son grand examen se trouverait précisément là. Mais cette hypothèse ne nous semble pas intéressante.
Selon ce que nous croyons, ces discussions résultent du fait qu’ils n’ont pas différencié les ordres donnant lieu à un examen de ceux qui ne donnent pas lieu à un examen. L’ordre qui est donné à Ibrâhîm (as) est en soi un examen. Nous savons qu’en ce qui concerne les ordres donnant lieu à un examen, la ferme volonté ne se nourrit pas de ce qu’il y a à faire, mais de l’objectif poursuivi. C’est cela qui permet de montrer la détermination de se soumettre à l’ordre donné pour celui qui est testé. Il en va ainsi lorsque le testé ignore le secret que cache l’affaire. L’abrogation n’est pas faite pour que l’on débatte de sa rectitude, sachant qu’elle se produit avant même l’acte concerné. Et si Dieu dit à Ibrâhîm (as), après cet événement : « Tu as cru en cette vision que tu as réalisée » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 105), c’est parce qu’il a accompli ce qui était en son pouvoir concernant le sacrifice de son fils bien-aimé, il a par tous les moyens établi la disposition de son esprit pour le faire et s’est acquitté de sa mission qui était l’objet de l’examen. Ainsi, le verset : « Nous lui criâmes : ‘Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision que tu as réalisée’ » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 105 ), annonce à Ibrâhîm (as) la fin de sa mission et l’informe que ce commandement était en réalité une mise à l’épreuve. Le fait de s’apprêter à l’exécuter jusqu’à commencer le sacrifice suffit à attester de sa disposition à se soumettre. Au sujet de ce verset, il y a débat à propos de l’abrogation et de la présence ou de l’absence de preuves issues de l’événement du sacrifice, en ce qui concerne le caractère licite de l’abrogation de décret avant l’acte concerné. Au cœur de ce débat, nous retrouvons la probabilité que la charge incombant à Ibrâhîm (as) ait été limitée aux préparatifs du sacrifice, et qu’elle n’ait pas concerné le sacrifice en soi. Certains avancent que la mission d’Ibrâhîm (as) est en réalité d’égorger le bélier qui dans son rêve a pris la forme de son fils. L’amour intense qu’Ibrâhîm (as) éprouve pour Dieu l’empêche d’interpréter son rêve, car son immense amour pour son Aimé fait qu’il est prêt à sacrifier pour Lui ce qu’il aime le plus au monde.
- Le sacrifice est évoqué dans le verset 106 de la sourate Al-Sâfât (37) : « Voilà l’épreuve concluante ». Ce verset exprime l’importance et la difficulté de cette épreuve. Selon les sources shiites et sunnites, Shaytân(15) s’est montré à Ibrâhîm (as) au cours de cette épreuve et s’est efforcé de le faire renoncer à l’exécution de l’ordre divin de différentes manières.
- Le sacrifice solennel qui compte pour rançon d’Ismâ‛îl (as) est un bélier que Jabra’îl (as) a apporté du ciel ; un bélier qui n’a pas été engendré, mais qui a résulté de l’ordre « kûn! / كن / sois ! ». Certains pensent qu’il s’agit d’un bélier sauvage des montagnes. On relate qu’aux premiers temps de l’islam, la tête desséchée de ce bélier sacrifié était suspendue à la gouttière de la Ka‛ba. Si ce sacrifice est qualifié de solennel, cela serait parce qu’il a été ordonné par Dieu le Glorifié, au titre de rançon pour le sacrifié, ou parce qu’il a été accepté par Dieu, ou parce que ce bélier aurait brouté l’herbe du paradis. Selon un hadith de l’Imâm al-Rezâ (as), Ibrâhîm (as) a fait à Minâ le vœu que Dieu prenne un bélier comme rançon pour Ismâ‛îl (as), et c’est pourquoi le Prophète (s) et les Imâms purs (as) sont issus des reins(16) d’Ismâ‛îl (as), car c’est à travers eux que ce vœu a été exaucé.
- Les doutes sataniques n’ont pas affecté le grand esprit d’Ibrâhîm (as)
L’épreuve d’Ibrâhîm (as) symbolise l’une des plus grandes épreuves de l’histoire, une épreuve dont le dessein est de purifier son cœur de toute affection, de tout amour envers autre que Dieu, et que l’amour de Dieu rayonnant emplisse tout son cœur. Selon certains hadiths, Shaytân fait des pieds et des mains pour empêcher Ibrâhîm (as) de sortir victorieux de ce champ de bataille. Une fois, il va voir Hâjar (as) et lui dit : « Sais-tu ce qu’Ibrâhîm (as) à l’intention de faire ? Il veut aujourd’hui même égorger son fils ! » Hâjar lui dit : « Va-t’en, ne dis pas de choses absurdes, il est bien trop bon pour tuer son propre fils. Se trouve-t-il un seul être humain dans ce monde qui soit capable d’égorger lui-même son propre fils ? » Shaytân poursuit sa tentation et argumente : « Il prétend que c’est Dieu qui le lui a ordonné. » Hâjar rétorque : « Si Dieu le lui a ordonné, il doit se soumettre, il n’a d’autre choix que la satisfaction et la soumission ! » Une autre fois, il va voir son fils et s’acharne à le tenter, sans pour autant y parvenir, car il trouve en Ismâ‛îl (as) l’étendard de la soumission et de la satisfaction. En dernier recours, il va voir le père et lui dit : « Ibrâhîm (as) ! Le rêve que tu as vu est un rêve satanique ! Ne te soumets pas à Shaytân ! » A la lumière de la foi et de la prophétie, Ibrâhîm (as) le reconnaît et lui crie : « Eloigne-toi ! Ô ennemi de Dieu. »
Dans un autre hadith, nous lisons : « Ibrâhîm (as) se rend tout d’abord au Mash‛ar al-harâm(17) afin d’y sacrifier son fils. Shaytân accourt après lui. Ibrâhîm (as) se rend à l’endroit de la première jamarat(18), et Shaytân le suit. Ibrâhîm (as) lui jette alors sept cailloux. Lorsqu’il parvient à l’endroit de la seconde jamarat, il voit de nouveau Shaytân et lui jette à nouveau sept cailloux. A la troisième jamarat, il lui jette encore une fois sept cailloux (ce qui le fait désespérer de lui pour toujours).
Ceci montre que les doutes sataniques, lors des grandes épreuves, ne viennent pas d’un seul côté, mais font irruption de différents côtés avec différents aspects selon l’époque. Les hommes de Dieu doivent pouvoir, comme Ibrâhîm (as), reconnaître les démons sous toutes leurs formes, leur fermer tous les accès, et les lapider. Quelle grande leçon !
Notes:
1-Ismaël (as). (Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran de Denise Masson).
2-Abraham (as).
3-Dans le Coran, Dieu dit à Ibrâhîm (as) qu’Il a fait de lui Son Imâm.
4-« Mon salut. » Le mot salut, en français, traduit très bien le mot salâm, car il recouvre comme lui tant la notion de sauvegarde, de prospérité, de félicité éternelle, que celle de santé et de paix, et peut en même temps être employé pour faire montre de civilité et témoigner du respect. Aussi, il est linguistiquement exact de traduire salâm par salut, et le faire de dire « salut » à un musulman francophone convient parfaitement du point de vue du sens ; ce que recouvre le mot salâm n’en étant pas absent. Il ne faut pas se fier à la connotation actuelle que ce mot a prise dans le français d’aujourd’hui, sachant que l’on salue désormais plutôt un familier. Cependant, ce mot servait justement à témoigner le plus grand respect aux plus hautes instances, et c’est bien un salut que l’on adressait au roi, ou à l’empereur… Cela dit, le statut juridique de la salutation d’un musulman dans une autre langue que l’arabe est une autre question. Il se trouvera toujours probablement des juristes zélés pour protester…
5-Le huitième Imâm des shiites duodécimains, l’Imâm al-Rezâ (as).
6-Le cheval ailé qui emmena le Prophète (s) de La Mecque à Jérusalem en une nuit.
7-L’auteur fait ici référence à la mosquée de Khayf, sise à Minâ, pour situer l’action. Bien entendu, cette mosquée n’existait pas à l’époque d’Ibrâhîm (as)…
8-La question est importante, parce que pour les juifs et les chrétiens, c’est Is-hâq (as) dont le sacrifice a été édicté par Dieu, or cela change un certain nombre de choses, car si Is-hâq (as) est un prophète important pour les trois grandes religions monothéistes, ayant notamment donné la lignée de Ya‛qûb / Jacob (as), les douze tribus, Mûsâ / Moïse (as), Dawûd / David (as), jusqu’à ‘Isâ / Jésus (as), en passant par sa mère, Ismâ‛îl (as) est pour sa part revendiqué pour être à l’origine du peuple arabe, et c’est lui qui ouvre la lignée qui mène à Mohammad (as), à ‘Alî (as) et à Fâtima (as)…
9-Le sa‛y / سعي / la quête, consiste à parcourir sept fois la distance qui sépare les deux hauteurs de Safa et de Marwa. C’est l’un des rites de base du pèlerinage.
10-Cet argument est néanmoins improbable, les traditions juives étant très antérieures aux traditions musulmanes.
11-Ce mot comporte également la notion de serviteur.
12-Dans le verset, c’est le mot sa‛y / سعي qui est utilisé, la notion concernée est donc celle de quête, d’effort.
13-Point important : dans le calendrier lunaire, le jour – soit la période de vingt-quatre heures à laquelle correspond une date – commence au crépuscule, aussi, lorsque l’on parle de la nuit de tel jour, on parle de la nuit qui précède le « jour » du jour en question. Jamais il n’est question de la nuit qui suit, car elle appartient déjà au jour suivant. Cette manière de délimiter les jours est très commode et évite les confusions que l’on rencontre régulièrement avec le calendrier grégorien moderne, qui fait s’achever et commencer les jours au milieu de la nuit, à une heure qui ne correspond pas non plus au minuit solaire, sauf en quelques lieux, mais là, le calcul est encore perturbé par les changements d’horaires…
14-Contre soi-même.
15-Satan, le diable.
16-Dans sa descendance.
17-Le sanctuaire sacré, où l’on ramasse les vingt et un petits cailloux que l’on jette sur les colonnes symbolisant Shaytân (les jamarat), en référence à cet événement de la vie d’Ibrâhîm (as).
18-La première colonne symbolisant les tentations de Shaytân face au sacrifice d’Ismâ‛îl (as). Les jamarat sont comme des « stations » de Shaytân, toutes proportions gardées bien entendu.