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De l’Imamat Recherches dans l’Ecole d’Ahlul-Bayt (a. s.)
|7|- La dépréciation des récits, des narrateurs de la sunnah du Messager (SAW) et des livres qui critiquent l’Autorité en place et – parfois – le meurtre des opposants.
Le chercheur ne peut pas recenser les actes par lesquels les savants (de l’Ecole des califes) déprécient le narrateur ou le livre qui diminue le sultan ou le gouverneur. Parfois la foule, portée contre les opposants, tue le savant qui marche en sens inverse du courant comme cela fut arrivé à An-Nasâ’î, l’auteur de l’un des recueils de hadîths les plus authentiques (chez l’Ecole des califes).
Le compagnon Abû Dhar (r. d.) fut aussi, bien avant An-Nasâ’î, éprouvé et offensé. Plusieurs savants furent tués pour s’être opposés aux choix politiques en vigueur. L’érudit Al-Amînî dressa la biographie de certains d’entre eux dans son livre Shuhadâ’ul-Fadîlah (Les Martyrs de la Vertu).
|8|- La mise à feu des livres et des bibliothèques.
Ce genre d’occultation des hadiths prophétiques commença à l’époque du calife ‘Umar b. al-Khattâb. Ibn Sa’d rapporte dans At-Tabaqât que les hadiths devenaient, à l’époque de ‘Umar, de plus en plus nombreux. Alors le calife pria les gens de les lui apporter. Une fois entre ses mains, il les brûla.
Az-Zubayr b. Bakkâr(1) rapporte aussi que Sulaymân b. ‘Abdil-Malik, quand il était seulement prince héritier, passa en pèlerin par Médine et ordonna à Abân b. ‘Uthmân de lui écrire (composer) la biographie (la sîrah) du Prophète (SAW) et ses expéditions militaires. Abân lui dit alors: «Je l’ai déjà; je l’ai eue de quelqu’un de confiance et authentifiée». L’ordre fut donné à dix scribes de la recopier sur un parchemin. Quand le prince l’eut parcourue et trouvé l’allégeance d’al-Ançar aux deux ‘Aqabah, leurs mérites à la bataille de Badr, il dit:
«Je ne croyais pas que ces gens avaient tout ce mérite; ou bien les membres de ma famille – c’est à dire les califes umayyades – les ont brimés ou bien ils ne sont pas aussi valeureux que cela». Adâm dit alors: «Ô prince! Leur attitude à l’égard du martyr tué injustement – ‘Uthmân, le calife – ne nous empêchera pas de dire la vérité: ils sont tels que le raconte notre livre. Je n’en ferai une copie qu’après avoir averti le prince des Croyants – son père ‘Abdil Malik – peut-être s’y opposera-t-il. Finalement, il brûla le livre. Quand son père fut informé de ce qui s’est passé, il dit: «Que veux-tu d’un livre où nous n’avons aucun mérite? Veux-tu apprendre aux Syriens les choses que nous voulons qu’ils n’apprennent jamais?, demanda ‘Abdil Malik. Sulaymân répondit: «C’est pour cela que j’ai ordonné de brûler la copie et attendu de connaître le point de vue du prince des croyants».
Le calife apprécia son opinion.
Ainsi les califes des Musulmans et leurs princes héritiers ordonnèrent de brûler les livres de la sunnah du Messager (SAW) pour que les Musulmans n’apprennent pas ce qui pourrait s’opposer aux intérêts de l’Autorité en place. En outre, des bibliothèques entières comportant des livres de hadiths furent brûlées.
La bibliothèque d’Al-Karkh, édifiée à Bagdad par le ministre des Buwayhî et partisan de l’Ecole d’Ahlul-Bayt (a. s) fut brûlée par les Saljuqides (partisans de l’Ecole des califes) après leur conquête du pouvoir.
La bibliothèque du Sheikh At-Tûsî, à Al-Karkh, fut brûlée aussi.
En Egypte, après la conquête du pouvoir par Salâhud-Dine, les bibliothèques des califes fatimides furent brûlées. Voyons! Qui peut savoir combien de hadîths sont allés en pure perte à cause de ces incendies volontaires?
Combien y avait-il de hadîths authentiques relatant les droits d’Ahlul-Bayt (a. s.), le testament du Prophète (et les autres trésors de la sunnah)?
|9|- La suppression d’une partie du récit relatif à la sîrah des Compagnons et sa falsification.
Citons l’exemple du sermon de l’Imam Al-Hussayn (a. s.) rapporté par At-Tabarî et Ibn al-Athîr dans leurs traités respectifs de l’histoire:
«Savez-vous qui je suis? Pensez-y ensuite, revenez à vous-mêmes en vous blâmant et demandez-vous s’il vous est permis de me tuer et de profaner ma dignité. Ne suis-je pas le petit-fils de votre Prophète (SAW) et le fils de son dépositaire (Waçi) qui fut son cousin, le premier à avoir embrassé l’Islam, à avoir cru en Allah et en Son Messager? … Hamzah, le maître des martyrs n’est-il pas l’oncle de mon père? Ja’far, le martyr ailé n’est-il pas mon oncle?».
Dans son Histoire, Ibn Kathîr falsifia le récit et rapporta le récit comme suit:
«Revenez à vous-mêmes et jugez-vous vous-mêmes! Vous convient-il de combattre un homme comme moi alors que je suis le petit-fils de votre Prophète? Il n’y a pas sur terre un autre petit-fils du Prophète que moi, ‘Ali est mon père, Ja’far, celui qui a deux ailes est mon oncle et Hamzah le maître des martyrs est l’oncle de mon père». (2)
On le voit; Ibn Kathîr supprima l’évocation du testament et en amputa le sermon de l’Imam Al- Hussayn parce que la mention d’al-Waçiyyah attirerait l’attention de la communauté au droit de l’Imam ‘Ali et des petits-fils du Messager (SAW) à la succession et au pouvoir. Or la diffusion de ce statut inquiète – l’autorité en place. Alors Ibn Kathîr falsifia le sermon (pour y parer).
|10|- La fabrication des récits inventés pour remplacer les hadîths authentiques.
Prenons un exemple: At-Tabarî rapporte à propos des événements de l’année 30 de l’hégire le récit concernant Abû Bakr (r. d.): «En cette année, Mu’âwiyah bannit Abû Dhar de la Syrie à Médine. On en a cité plusieurs motivations que je n’aime pas citer. Ceux qui trouvent une excuse à Mu’âwiyah évoquèrent une anecdote que m’a envoyée Assarîy qui rapporte que Sayf raconta à Shu’ayb …».
Ibn al-Athîr emboîta le pas à At-Tabarî et dit à propos de l’année 30 de l’hégire: «En cette année, Abû Dhar fut expulsé par Mu’âwiyah de la Syrie à Médine. Parmi les conditions et les causes de cet exil auquel fut assujetti Abû Dhar, on a cité les insultes, la menace de meurtre proférée par Mu’âwiyah contre lui, le bannissement de la Syrie à Médine sur une monture sans selle, sans bât et l’expulsion de Médine dans de très mauvaises conditions qu’il ne convient pas de transmettre …».
Qui était donc ce Sayf qui rapporta l’anecdote qui comportait les excuses trouvées à Mu’âwiyah dans sa persécution d’Abû Dhar?
C’est Sayf b. ‘Umar At-Tamîmîy (mort en 170 h.). Il a rapporté des récits relatifs à l’époque du Messager (SAW), à la Saqîfah, à l’allégeance prêtée à Abu Bakr, à la guerre menée contre les apostats, aux conquêtes islamiques, à la Guerre du Chameau …
Les traditionnistes et critiques des narrateurs disent de lui:
– Faible; son hadîth délaissé; il est nul; grand menteur; inventeur de hadîths; accusé d’hérésie. (3)
Dans ses récits, il a inventé plus de 150 compagnons du Prophète (SAW). Nous avons publié des études détaillées sur soixante treize d’entre eux dans le 1e et 2e tomes de notre livre (cent cinquante Compagnons inventés).
Ses récits fabriqués ont été diffusés dans plus de 70 (soixante-dix) recueils et références concernant des domaines divers comme le hadith, l’histoire, la littérature et d’autres sources d’études islamiques dans l’Ecole des califes. L’auteur qui puisa le plus des écrits de Sayf fut At-Tabarî dans son “histoire”.
Les autres textes prophétiques se rapportant au droit d’Ahlul-Bayt
Il était nécessaire de présenter au lecteur les sections de recherche précédentes qui montrent combien la tradition prophétique avait souffert des différentes sortes d’occultation du fait qu’elle contrariait à travers les siècles la politique des califes. Allah – gloire à Lui – nous a guidés à trouver le peu qui en reste dans les livres, qui échappa à la vigilance de la “censure”. En plus des textes significatifs précédents dans le domaine de la succession du Prophète (SAW) et de la dévolution du pouvoir politique, en voici d’autres qui indiquent clairement le droit des Imams d’Ahlul-Bayt (a. s.) au gouvernement islamique.
La désignation du dépositaire par des termes différents
Dans la section consacrée à la terminologie, nous avons vu que la désignation du Waçi peut se faire par le substantif d’Al-Waçiyyah ou par les termes de la même famille comme le verbe Awçâ-Yûçi ou encore par des termes différents qui portent le même sens que celui par lequel l’instituant dit à l’institué: «je te demande de faire ceci ou cela» ou sous forme d’information donnée à d’autres personnes que l’institué. Par exemple: j’ai institué un tel ou j’ai mandaté un tel, de faire ceci ou cela après moi comme l’avait fait le Messager d’Allah (SAW) pour la désignation de son dépositaire sous des formes différentes.
Le Ministre (l’assistant) du Prophète (SAW)
a) Dans le Saint Coran avec l’éclairage de la sunnah.
Les versets 29-35 de la sourate Tâhâ parlent du rang du Prophète Hârûn (a. s.) à côté de son frère le prophète Mûssâ (a. s.). Or, le Messager d’Allah (SAW) dit à l’Imam ‘Ali (a. s. ): «N’es-tu pas content d’avoir pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ, sauf qu’il n’y aura pas de prophète après moi».
A propos de ce statut, Allah – gloire à Lui – dit:
«Donne-moi un assistant de ma famille; Mon frère Aaron; Accrois ainsi ma force; Associe-le à ma tâche, afin que nous Te glorifiions sans cesse et que, sans cesse nous t’invoquions. Oui, Tu nous vois parfaitement». (Vs. 29-35/XX)
Allah exauça Mûssâ (a. s.) et dit dans le Sait Coran :
«Certes, Nous avons donné l’Ecriture à Mûssâ et Nous avons placé à côté de lui son frère Aaron (Hârûn) comme assistant». (V. 35/XXV)
b)- Quand le Messager (SAW) fit-il de ‘Ali son assistant
Ce fut le jour où il invita Banî ‘Abdil-Muttalib et leur proposa ceci: «Qui parmi vous m’assistera en cette affaire …». Seul l’Imam ‘Ali répondit positivement à sa demande. Le Messager d’Allah (SAW) le prit alors pour wazîr (assistant, auxiliaire, ministre) dans son entreprise (céleste). Dans son Tafsîr (exégèse), As-Suyûtî rapporte qu’après la révélation des versets précédents concernant Hârûn et Mûssâ, le Messager d’Allah (SAW) invoqua Allah et dit:
«Ô Seigneur! Accrois ma force par mon frère ‘Ali» et Allah l’exauça.
Ibn ‘Umar rapporte que le Messager d’Allah (SAW) dit à l’Imam ‘Ali: «Tu es mon frère et mon wazîr (assistant, ministre), tu rembourses ma dette et tu remplis ma promesse …». (4)
Ainsi, en disant à ‘Ali «tu as pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ sauf qu’il n’y aura pas de prophète après moi», le Messager d’Allah (SAW) attribua à l’Imam ‘Ali (a. s.) tout ce qu’avait Hârûn auprès de Mûssâ à l’exception de la prophétie. Or la première qualité dans le statut de Hârûn (a. s.) fut l’assistance, le ministère, le “vicariat”…
Le Calife, l’Adjoint du Prophète (SAW)
Quand le Messager sortit à la tête de l’expédition pour Tabûk et désigna ‘Ali pour le remplacer à Médine, celui-ci lui dit:
«Me laisses-tu avec les enfants et les femmes?».
Le Prophète lui dit alors: «N’es-tu pas content que tu aies pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ sauf qu’il n’y a pas de prophète après moi? Alors qu’Allah dit à propos de Hârûn, Moïse dit à son frère Aaron:
«Remplace-moi auprès de mon peuple, fais ce qui est bien et ne suis pas le chemin des Pervers ». (V. 142/VII)
Dans l’une des deux versions du récit précédent, rapportées par Ahmed b. Hanbal dans son Musnad, (5) le Messager (SAW) dit «… et mon Calife».
Ce fut ce que nous pouvions citer à propos des termes: waçi, wazîr, khalifah respectivement dépositaire- assistant- calife.
Ci-après d’autres textes qui échappèrent à l’occultation systématique de l’Ecole des califes.
Waliyyul-Muslimîne, le Souverain allié, le Tutélaire des Musulmans après le Messager (SAW).
Cette qualité fut donnée par le Messager (SAW) à l’Imam ‘Ali dans divers lieux et sous plusieurs formes.
i)- Le récit de la plainte
Buraydah rapporte que le Messager d’Allah (SAW) envoya deux expéditions au Yaman à la tête de l’une ‘Ali b. Abî Tâlib (a. s.) et à la tête de l’autre Khalid b. al-Walîd et leur donna cette instruction: «Si vous vous rencontrez, ‘Ali sera à la tête (des expéditions), sinon chacun conduira la sienne». Nous avons rencontré, ensemble, Banî Zayd, des Yamanistes. Après le combat et la victoire remportée par les Musulmans sur les polythéistes, ‘Ali (a. s.) prit une captive pour lui-même. Alors, raconta Buraydah, Khalid b. al-Walîd écrivit une lettre et me la fit porter au Messager d’Allah (SAW) pour l’en informer. Quand je suis arrivé auprès de lui et qu’il a lu la lettre, je vis la colère sur son visage. Alors je dis: «Ô Messager d’Allah! Je cherche refuge auprès de toi, tu m’as envoyé avec un homme et tu m’as ordonné de lui obéir. Alors j’ai exécuté ce qu’il avait ordonné». Sur ce, le Messager d’Allah (SAW) me dit: «Ne médis pas d’Ali, il est de moi et je suis de lui et il est votre Walî (tutélaire) après moi». Il l’a dit deux fois. (6)
Dans une autre version, Buraydah ajouta:
«Par notre compagnie! Tends la main pour que je te renouvelle mon serment d’allégeance! Je ne l’ai quitté qu’après lui avoir prêté serment d’allégeance sur l’Islam». (7)
‘Imrân b. Huçayn rapporta au sujet de cet incident le récit suivant:
«Quatre des Compagnons du Messager d’Allah (SAW) se sont mis d’accord, lors de cette expédition pour porter plainte contre ‘Ali dès qu’ils se trouveraient auprès du Messager (SAW).
Une fois arrivés, l’un d’eux se leva et dit: «N’as-tu pas vu ô Messager d’Allah ce qu’avait fait ‘Ali b. Abî Tâlib?». Mais le Messager lui tourna le dos. Le 2è, le 3è et le 4è firent comme le premier et, à chaque fois, le Messager tournait le dos au plaignant. Ensuite, la colère bien manifeste sur le visage, le Messager (SAW) les envisagea et dit: «Que voulez-vous de ‘Ali (trois fois). Certes ‘Ali est de moi et moi de lui (2 fois) et il est le Walî (le tutélaire) de tout croyant, après moi». (8)
Une deuxième plainte.
Wahb b. Hamzah rapporta ceci:
«J’ai tenu compagnie à ‘Ali (r. d.) de Médine à Makkah. J’ai vu de sa part quelque chose que je n’ai- pas aimé et lui ai dit: «Je porterai plainte contre toi lorsque nous serons revenus, auprès du Messager d’Allah (SAW)». Quand je l’ai rencontré je lui ai dit: «J’ai vu ceci et cela de ‘Ali». Il me rétorqua alors: «Ne dis pas cela car il est après moi le plus digne de vous (commander)». (9)
La période de la plainte
Les historiens et les biographes parlent de deux expéditions pour le Yaman, présidées par ‘Ali. Nous croyons qu’elles sont trois. En tout cas la dernière fut en l’an 10 de l’hégire, à l’issue de laquelle, l’Imam ‘Ali (a. s.) rejoignit le Messager d’Allah (SAW) au pèlerinage d’Adieu avant le Jour de la Tarwiyah (le 8e jour du mois Dhul-Hijjah).
En ce qui concerne la plainte évoquée dans le contexte de l’expédition envoyée au Yaman, si elle a été portée par deux fois au Messager d’Allah (SAW), la première a eu donc lieu à Médine avant l’an 10 et la deuxième à Makkah après l’arrivée des compagnons de l’Imam auprès du Prophète (SAW) avant le Jour de la Tarwiyah, avant le commencement proprement dit des jours du pèlerinage.
Donc ceux parmi les savants qui ont avancé que l’événement d’Al-Ghadîr avait eu lieu à cause de la plainte précitée, n’ont fait que conjecturer parce que l’événement d’Al-Ghadîr eut lieu après le pèlerinage à Juhfah et en présence des masses musulmanes alors que l’audience relative à la plainte était limitée aux plaignants et se déroula séance tenante, juste après la formulation des griefs. Quant à la deuxième plainte, le texte du hadîth précise bien qu’elle eut lieu à leur retour à Médine.
- ii) D’autres traditions dont le contexte ne fut pas déterminé.
Ibn ‘Abbâs rapporte que le Prophète (SAW) dit à ‘Ali «tu es après moi le Tutélaire de tout croyant». (10)
‘Ali lui-même rapporte que le Prophète (SAW) lui dit: «Certes, tu es le Tutélaire des Croyants après moi». (11)
La cérémonie de l’institution de l’Imam ‘Ali (s.a) Successeur du Messager(SAW) et Tutélaire de l’Islam et des Musulmans
Ce fut une grande cérémonie organisée par le Messager (SAW) en vue de désigner son successeur héritier et le tutélaire de l’Islam et des Musulmans. Al-Hâkim al-Haskânî rapporte à ce sujet le récit suivant:
Ibn ‘Abbâs et Jâbir dirent: «Allah ordonna à Muhammad (SAW) de présenter ‘Ali aux gens pour les informer de son institution (comme successeur)». Le Messager (SAW) craignit alors qu’on parlât de favoritisme à l’égard de son cousin et qu’on critiquât la décision. Mais Allah lui révéla ce verset:
«Ô Messager! Fais connaître ce qui t’a été révélé par Ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n’auras pas fait connaître Son message. Allah te protège contre les hommes …». (V. 67/V)
Alors, le Messager d’Allah (SAW) déclara l’institution de ‘Ali le jour de “Ghadîr Khum”.
Ziyâd b. al-Mundhir racontait:
«J’étais chez Abî Ja’far Mohamed b. ‘Ali (a. s.) alors qu’il enseignait aux gens des hadîths. Soudain un homme de Baçorah nommé ‘Uthmân al-A’shâ, un disciple de Hassan al-Baçrî, se leva et dit: «Ô fils du Messager d’Allah! (Qu’Allah me sacrifie pour toi). Al-Hassan (Al-Baçrî) nous informe que ce verset (susmentionné) fut révélé à propos d’un homme mais ne précise pas de qui il s’agit». Abû Ja’far (a. s.) lui dit: «S’il avait voulu le nommer, il l’aurait fait mais il a peur. (Sache alors que) Jabrâ’îl descendit voir le Prophète (SAW) … et lui dit: «Allah t’ordonne d’indiquer à Ta Communauté leur Tutélaire (Walî) comme tu leur as enseigné leur prière, leur aumône, leur jeûne et leur pèlerinage, pour que l’argument (décisif) soit établi contre eux».
Le Messager d’Allah (SAW) dit alors: «Ô Seigneur! (Tu sais que) mon peuple est encore proche de la Jâhiliyyah (l’obscurantisme antéislamique). Ils (les gens du peuple) sont remplis de rivalité et de vanité. Il n’est parmi eux personne qui ne soit proche parent d’un impie tué par leur Walî (‘Ali). Alors j’ai peur … qu’ils me traitent d’imposteur. Allah – gloire à Lui – révéla alors le verset (précité, V. 67/V)». Quand Allah lui garantit Sa protection et le menaça (de considérer sa mission comme non accomplie parfaitement dans le cas où il ne transmettrait pas l’ordre de la Wilâyah) le Prophète (SAW) prit la main de ‘Ali …». (12)
Al-Hâkim al-Haskânî rapporte aussi ce récit à partir d’Ibn ‘Abbâs:
«Lors de l’Ascension (Al-Mi’râj) du Messager (SAW), Allah que son Nom soit exalté lui dit: «Je n’ai envoyé de prophète que Je n’aie pas assisté d’un auxiliaire et tu es le Messager d’Allah et ‘Ali ton assistant».
Ibn ‘Abbâs ajouta: «Quand le Messager (SAW) fut descendu, il n’aimait pas tellement en informer les gens du fait qu’ils étaient encore proches de la Jâhiliyyah … Le Prophète (SAW) supportait alors (le fardeau de la mission jusqu’au 18è jour du moi Dhul-Hijjah quand le verset 67/V fut révélé. Alors il dit: «Ô les gens! Allah m’a chargé de vous faire parvenir un message lourd à porter car je craignais que vous me traitiez d’imposteur jusqu’à ce que Allah me reprochât (cette crainte) et me menaçât par le Verset révélé …». (13)
D’après Al-Haskânî et Ibn ‘Asâkir, le verset précédent voulait dire, selon le Compagnon Abû Hurayrah, qu’il était nécessaire de faire connaître aux gens ce qui fut révélé au sujet de ‘Ali.
D’autres récits similaires furent rapportés par Al- Haskânî, Al-Wâhidî, As-Suyûtî à partir de ‘Abdillah b. Abî Awfâ, Abû Sa’îd al-Khudrî et Ibn Mas’ûdî.
Notes:
- Abûl-Faraj, Al-Aghânî, 19/59, 22/32
- At-Tabarî, Târikh, 2/329 (édition d’Europe); Ibn Athîr, Al-Kâmil, 4/52. (Éd. d’Europe) et 4/25 (1e édition d’Egypte).
- Ces qualificatifs furent notés par des savants comme b. Ma’îne (mort en 233 h.), Abû Dâûd (mort en 275 h.); An-Nasâ’î (m. 303 h.), Ibn Abî Hâtim Ar-Râzî (m. 327 h.), Ibn Hibbân (m. 354 h. ), Al-Hâkim (m. 405 h.). Voir aussi la biographie de Sayf dans notre livre ‘Abdullah b. Saba’, tom. 1
- Al-Haythamî, Majma’uz-Zawâ’id, 9/121; Al- Muttaqî, Kanz, 6/155, citant At-Tabarânî
- Ahmed, Al-Musnad, 1/111
- Ahmed, Al-Musnad, 5/356; An-Nasâ’î, Khaçâ’içu, p. 24 avec une variation; Al-Hâkim, Al- Mustadrak, 3/110; Al-Haythamî, Majma’uz-Zawâ’id…, 9/127; Al-Muttaqî, Kanz, 12/207; Al- Manâwî, Kunûzul-Haqâ’iq, p.186
- Ahmed, Al-Musnad, 5/350, 358, 361; Al- Haythamî, Majma’, 9/128; At-Tabarânî, Al-Awçat: «Quiconque me prend pour Walî doit faire de même pour ‘Ali.
- Al-Tamadi, Sunan, 13/165, chap. “Les Mérites de Ali Ibn Abî Tâlib”; Musnad d’Ahmed, 4/437; Musnad d’Al-Tayâlisî 3/111, h. 829; Mustadrak d’Al-Hâkim, 3/110; Khaçâ’iç al-Nasâ’î, pp. 16 et 19; Huliyat d’Abî Na’îm, 6/294, Al-Riyâd, Al-Nadirah 2/171; Kanz d’Al-‘Ummâl, 12/207 et 15/125.
- Ibn al-Athîr, Usudul-Ghâbah, 5/94; Al- Haythamî, Majma’, 9/109
- At-Tayâlisî, Al-Musnad, 11/360, h/ 2752; et M. Tabarî, Ar- Riyâd, N. 2/203
- Al-Khatîb, Târîkh Bagdad, 4/239; Al-Muttaqî, Kanz, 15/114, 12/221.
- Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid, op. cit., 1/191; Al-Wâhidî, Asbâbun-Nuzûl; Abû Nu’aym, Nuzulul-qu’ân
- Al-Haskânî, Shawâhid al-Tanzîl, 1/192-193, et à la page 189, il y a seulement la révélation du verset.