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De l’Imamat Recherches dans l’Ecole d’Ahlul-Bayt (a. s.)
La politique du califat quraishite et des Banî Umayyah
1)- À l’époque de Mu’âwiyah
Ibn Abîl Hadîd rapporte à partir d’Al-Jâhidz l’essentiel de la politique du califat quraïshite à l’époque de Mu’âwiyah:
«Mu’âwiyah ordonna aux gens, en Irak, en Syrie et ailleurs d’insulter publiquement ‘Ali (a. s.) et de s’innocenter à son égard.
»Ainsi il était obligatoire d’exécuter cet ordre du haut des chaires des Mosquées dans le monde islamique de telle manière que cela est devenu une tradition établie jusqu’à l’avènement de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz (r. d.) qui annula l’ordre susmentionné.
Mu’âwiyah lui-même avait l’habitude, comme le rapporta notre Sheikh Abû ‘Uthmân al- Jâhidz, de dire à la fin de son sermon de vendredi: «Ô Allah! Certes, Abû Turâb (‘Ali, a. s.) a profané Ta religion et écarté les gens de Ton chemin, maudis-le alors très fort et inflige-lui un châtiment douloureux!». Ce texte fut un mot d’ordre envoyé dans tous les horizons pour être divulgué dans les mosquées. Cela dura jusqu’au califat de ‘Umar b. al-Abdil-‘Azîz».(1)
Ibn Abîl Hadîd rapporte aussi à partir d’Al-Madâ’inî dans son livre Al-Ahdâth: «Après l’année de la collectivité (de l’union) Mu’âwiyah écrivit à ses gouverneurs une copie unique (de ce qui devrait être fait à ce sujet): «Nulle protection ne sera accordée à celui qui rapporte quelque chose relatant le mérite d’Abî Turâb (‘Ali, a. s.) ou de sa famille… Les plus éprouvés furent alors les habitants d’al-Kûfah». (2)
a)- L’enseignement de la haine et de la malédiction de ‘Ali (a. s.) aux habitants de la grande Syrie fut systématique depuis l’époque de Mu’âwiyah
Ath-Thaqafîy dans son livre Al-Ghârât rapporte que ‘Umar b. Thâbit montait à cheval et allait tour à tour dans tous les villages de la grande Syrie (Ash-Shâm) et, quand il eut rassemblé les habitants d’une bourgade, il leur dit: «Ô les gens! ‘Ali b. Abî Tâlib était un homme hypocrite. Pendant la nuit d’al-‘Aqabah, il voulut piquer la monture du Messager d’Allah (SAW) (afin de le dégringoler du haut d’une crête), maudissez-le alors! Les villageois le maudirent alors. Ensuite il (‘Umar b. Thâbit) fit de même dans les autres villages. C’était à l’époque de Mu’âwiyah. (3)
b)- Les raisons de la rancune que nourrissait Mu’âwiyah à l’égard de Banî Hâchim
Pour connaître ces raisons, il convient de lire le chapitre (avec Mu’âwiyah) dans notre livre intitulé: Hadîths de la mère des Croyants ‘Aïsha. Parmi ces raisons il y eut l’éducation maternelle. Mu’âwiyah hérita cette rancune de sa mère Hind qui, à la bataille d’Uhud avait mâché le foie de Hamzah, l’oncle du Prophète (SAW), et fait de ses membres un collier dans le but d’assouvir sa colère contre Banî Hâchim.
Mais cette rancune umayyade ne fut vraiment assouvie que par Yazîd b. Mu’âwiyah qui tua la famille du Messager à Karbalâ’, coupa les têtes des hommes et réduisit les femmes en captivité.
c)- La politique d’Ibnuz-Zubayr
Ibn Abî Hadîd expliqua cette politique en disant: «’Umar b. Shubbah, Ibnul-Kalbîy, Al-Wâqidîy et d’autres biographes rapportent qu’Ibnuz-Zubayr, à l’époque de son califat, s’abstenait pendant quarante vendredis de prier sur le Prophète (SAW) et dit: «C’est le fait que des hommes puissent s’en enorgueillir qui m’empêche de le faire!»
Dans une autre version (celle de Mohamed b. Habîb et d’Abî ‘Ubaydah Ma’mar b. Al-Muthannâ) il dit: «(je ne prie pas sur le Prophète) parce que de mauvais membres de sa famille secouent leurs têtes quand son nom est évoqué».
Sa’îd b. Jubayr rapporte aussi que ‘Abdullah b. Zubayr dit un jour à ‘Abdullah b. ‘Abbâs: «J’ai entendu dire que tu médis de moi!». «J’ai entendu le Messager d’Allah (SAW) dire : … est mauvais musulman, celui qui mange à satiété alors que son voisin a faim», répondit Ibn ‘Abbâs. L’autre dit alors: «Sachez ô les membres ce cette famille que je cache votre haine depuis quarante ans …»
Ibn Abîl-Hadîd rapporte qu’Ibnuz-Zubayr détestait ‘Ali (a.s) cherchait à le diminuer et le calomniait. (4)
d)- Après Ibnuz-Zubayr
La mort d’Ibnuz-Zubayr (tué par l’armée umayyade) laissa le champ libre aux califes marwanîy (un clan umayyade) qui, au sujet de ‘Ali (a. s.) poursuivirent la politique de Mu’âwiyah:
2) A l’époque de ‘Abdul-Malik et de son fils Al- Walîd
Ibn Abîl-Hadîd rapporte ce récit à partir d’Al-Jâhidz:
«’Abdul-Malik n’était pas l’homme à ignorer le mérite de ‘Ali (a. s.), lui qui était méritant, posé et intelligent. Il savait que maudire ‘Ali devant les gens, dans les sermons et du haut des chaires retomberait sur lui et le diminuerait car il appartenait comme ‘Ali à la tribu de ‘Abdi Manâf (englobant Banî Hâchim et Banî umayyad) mais (que faire?). Il voulait édifier la royauté, insister sur le bien-fondé des actes de ses prédécesseurs, inculquer aux gens que Banî Hâshim n’avaient aucun droit au califat, que leur maître (‘Ali (a. s.) par le nom duquel ils prétendaient et de qui ils étaient fiers, était en deçà de l’estimation; donc ceux qui s’apparentent à lui sont encore plus loin de “l’autorité suprême”. Son fils Al-Walîd qui ne parlait même pas correctement la langue arabe n’hésitait pas à insulter l’Imam ‘Ali (a. s.) en disant de lui par exemple: voleur fils de voleur! Les témoins de cette insulte s’étonnèrent à la fois de l’imputation du vol à l’Imam ‘Ali (a. s.) et de l’incorrection dans son langage. (5)
Exemples de ce que fit Al-Hajjâj dans la mise en application de la politique quraïshite.
Ibn Abîl-Hadîd en rapporte ce qui suit:
Connaissant l’habitude d’Al-Hajjâj (qu’Allah le maudisse) qui maudissait et ordonnait aux autres de maudire ‘Ali (a. s.). Un homme le croisa un jour et lui dit:
– Ô prince! Ma famille était méchante avec moi puisqu’elle m’a nommé ‘Ali; je t’en prie donne-moi un autre nom et de quoi pourvoir à ma subsistance car je suis pauvre!»
– Pour la délicatesse du moyen que tu as utilisé pour m’aborder, je te donne le nom de tel, et je te nomme à ce poste là … Vas-y alors!». (6)
Dans la biographie de ‘Attiyyah b. Sa’d Al’ûfî, Ibn Sa’d rapporte dans At-Tabaqât Al-Kubrâ que (le gouverneur) Al-Hajjâj écrivit à (son subalterne) Mohamed b. al-Qâsim Ath-Thaqafîy une lettre et lui enjoignit d’inviter ‘Atiyyah à maudire ‘Ali b. Abî Tâlib; s’il ne le fait pas inflige-lui quatre cents coups de fouet et rase sa tête et sa barbe! Quand il lui a lu la lettre d’Al-Hajjâj et qu’il a refusé d’obtempérer, il lui donna quatre cents coups de fouet et rasa sa tête et sa barbe. (7)
Comme Al-Hajjâj, son frère Mohamed b. Yûssuf allait dans le même sillage pendant qu’il était gouverneur du Yaman
Adh-Dhahabîy rapporte le récit de Hujr Al Madarîy qui dit:
«Un jour Ali b. Abî Tâlib me demanda:
– Que feras-tu quand on t’ordonnera de me maudire?
– Cela pourra-t-il arriver?
– Oui, répondit ‘Ali (a. s.)
– Comment ferai-je alors?, lui demandai-je.
– Maudis-moi (sous la contrainte) mais ne t’innocente pas de moi!
Par après, Mohamed b. Yûssuf, le frère d’Al-Hajjâj lui ordonna de maudire ‘Ali.
– Le prince m’ordonne de maudire ‘Ali, maudissez le (le prince)!
– Qu’Allah le maudisse!, dit-il en guise de réponse. (Hujr n’a pas maudit ‘Ali), mais ne s’en-est aperçu qu’un homme!
La politique quraïshite et umayyade s’est poursuivie ainsi jusqu’à l’époque du calife ‘Umar b. Abdil-‘Azîz.
3)- A l’époque de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz
Ce calife umayyade ordonna aux gens de cesser de maudire l’Imam ‘Ali (a.s). La raison de ce changement de politique est évoquée par les historiens dont Ibn Abîl Hadîd:
‘Umar b. Abdil-‘Azîz raconte lui-même et dit:
«Quand j’étais enfant j’étudiais le Coran chez l’un des fils de ‘Utbah b. Mas’ûd. Un jour, celui-ci passa près de moi alors que je jouais avec des enfants, que nous maudissons ‘Ali – j’ai vu qu’il n’a pas aimé ce que nous avons dit. Lorsqu’il fut entré à la mosquée, je laissai les enfants et je le joignis pour étudier auprès de lui, la partie de la journée. Quand il m’a vu, il s’est levé pour effectuer une prière. Mais sa prière devenait si longue que j’ai senti finalement qu’il m’évitait. A la fin de sa prière, il me regarda méchamment. Je lui demandai alors: «Qu’est ce qu’a le Sheikh?»
– Ô fils!, est-ce toi qui as maudit ‘Ali?, demanda-t-il.
– Oui, répondis-je
– Depuis quand sais-tu qu’Allah Qui avait agréé les guerriers musulmans de Badr les a ensuite maudits?, me demanda-t-il encore.
– Mais ‘Ali était-il un guerrier de Badr?, demandai-je.
– Malheur à toi! La bataille de Badr n’était-elle pas en totalité pour lui?
– Je ne recommencerai pas, dis-je
– Pour Allah, n’y reviendras-tu point?
– Oui, répondis-je.
Depuis, je n’ai pas maudit ‘Ali (a. s.). A Médine, j’assistais à la prière du vendredi présidée alors par mon père qui était le Gouverneur de la ville. Je m’asseyais sous la chaire de la mosquée où mon père donnait son sermon. Il le faisait très bien, parlait avec éloquence et facilité jusqu’à la phrase du sermon dans laquelle il devait maudire ‘Ali (a. s.). Là, il commença à bégayer, éprouva des difficultés à continuer. Cela m’étonnait beaucoup de lui. Un jour je lui ai demandé: – «Papa, tu es le plus éloquent des gens, pourquoi alors te voyais-je, le jour de ta cérémonie, le plus éloquent des orateurs jusqu’à ce que tu commences à maudire cet homme là?
– Aucun de tous ceux que tu vois sous notre chaire – syriens et autres – ne nous suivrait un instant s’ils savaient du mérite de cet homme (‘Ali) ce qu’en sait ton père, me répondit-il». En plus de ce que le maître d’école m’avait dit à mon bas âge, la parole de mon père est restée gravée dans mon cur à tel point que je me suis engagé devant Allah de changer cet état de chose si une partie du pouvoir m’incombait un jour. Quand Allah m’octroya l’accès au califat, j’ai annulé cette malédiction et je l’ai remplacée par le verset suivant. J’en fis un mot d’ordre transmis à tous les lieux de l’Islam et cela est devenu une sunnah (une tradition): «Certes, Allah ordonne l’équité, la bienfaisance et la libéralité envers les proches parents. IL interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. IL vous exhorte, peut-être, réfléchirez-vous». (V. 90/XVI)
Pourtant ‘Umar b. Abdil-‘Azîz échoua finalement dans l’entreprise de sa réforme pour deux raisons:
Les Musulmans à cette époque, s’étaient habitués à la malédiction de l’Imam ‘Ali (a. s.) à tel point qu’ils y voyaient une tradition qu’ils ne devraient pas délaisser. Les habitants de Harrân, comme le rapportent Al-Hamawî et Al-Mas’ûdî, refusèrent d’obéir à l’ordre de délaisser l’insulte à l’époque même de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz:
«Les habitants de Harrân – qu’ils soient maudits par Allah – quand fut annulée la malédiction d’Abî Turâb – ‘Ali (r. d.) – du haut des chaires les jours de vendredis, refusèrent d’en exécuter l’ordre et dirent: «Pas de prière sans la malédiction d’Abî Turâb». Ils restaient accrochés à cette “tradition” pendant une année jusqu’aux bouleversements que connut l’Orient (le Proche-Orient) et l’apparition des drapeaux noirs (les ‘Abbassides)». (8)
Après ‘Umar b. Abdil-‘Azîz les califes umayyades réinstallèrent cette mauvaise “tradition”?
Les Umayyades tuaient les hommes nommés ‘Ali
Ibn Hajar rapporte dans la biographie de ‘Ali b. Rabâh ce qui suit:
«Quand les Banî Umayyah entendaient dire qu’un nouveau-né s’est fait nommer ‘Ali, ils le turent. Quand Rabâh qui détestait ‘Ali (a. s.) le sut, il dit: «Le nom de mon fils est Ulay». Ibn Hajar ajoute ceci: «’Ali (‘Ulay) b. Rabâh dit: «Je ne pardonne pas à quiconque m’appelle ‘Ali, car mon nom est ‘Ulay». (9)
4)- A l’époque des Abbassides
A cette époque des séquelles de ce que firent les califes et les gouverneurs umayyades restaient encore manifestes dans la société musulmane. Prenons en trois exemples empruntés à trois classes sociales différentes.
a)- Des actes des savants
Ibn Hajar rapporte dans la biographie d’Abî ‘Uthmân Hurayz b. ‘Uthmân Al-Himçî(10):
«Hurayz avait l’habitude de diminuer ‘Ali (a. s.) et de le maudire. Ismâ’îl b. ‘Ayyâsh dit: «J’ai partagé la monture avec Hurayz b. ‘Uthmân de l’Egypte à Makkah (la Mecque) et il insultait ‘Ali et le maudissait. Il dit aussi: j’ai entendu Hurayz dire: ce récit que rapportent les gens, selon lequel le Prophète (SAW) a dit à ‘Ali: «Tu as pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ» est juste mais (pas dans ces termes) celui qui l’avait entendu (le rapporteur) s’est trompé. Je lui ai demandé: «Quelle est son erreur?»
Le récit est ainsi: «Tu as pour moi le même statut qu’avait Qârûn (Coré) pour Mûssâ», me répondit-il.
Al-Azdî raconte aussi que Hurayz b. ‘Uthmân rapporta que le Prophète (SAW) faillit tomber de sa monture parce que ‘Ali b. Abî Tâlib avait détaché dans ce but la sangle de sa mule.
On demanda à Yahyâ b. Sâlih pourquoi il ne rapportait pas de hadîth à partir de Hurayz – comment pourrais-je me faire dicter des hadîths par un homme avec qui j’avais fait la prière de l’aube pendant sept ans durant lesquels, il ne sortait de la mosquée qu’après avoir maudit ‘Ali soixante-dix fois.
b)- Les actes des dirigeants
Ibn Hajar rapporte dans la biographie de Nasr b. ‘Ali, le récit suivant: «Nasr b. ‘Ali rapporta (à ses étudiants, aux interlocuteurs) le hadîth de ‘Ali b. Abî Tâlib, selon lequel le Messager d’Allah (SAW) prit (un jour) la main de chacun de Hassan et Hussayn et dit: «Quiconque aime ces deux-ci, leur père et leur mère, sera, le jour de la Résurrection, au même rang que moi». Quand le calife abbasside Al-Mutawakkil l’a appris, il ordonna d’infliger à Nasr b. ‘Ali (le rapporteur du hadîth) mille coups de fouet. Heureusement, Ja’far b. ‘Abdil-Wâhid intercéda en sa faveur en répétant au calife: «Celui-là appartient à l’Ecole sunnite …». (11)
c)- Des actes du reste de la population
Adh-Dhahabî rapporte dans la biographie d’Ibn As-Saqqâ(12) le récit suivant: Ibn As-Saqqâ, érudit, imam, le traditionniste de Wâsit (contrée musulmane), Abû Mohamed, ‘Abdullah b. Mohamed b ‘Uthmân al- Wâsitî. Un jour, il dicta le hadith de l’oiseau(13)à son assistance. Alors les curs de ces gens ne le supportant pas, ils sautèrent sur lui, le chassèrent et lavèrent sa place après lui. Il s’en alla, garda la maison et ne donna plus de hadîth à un Wâsitî. C’est pour cela qu’on rencontre peu de ses hadîths parmi les Wâsitiyyîne.
Les épreuves d’Ahlul-Bayt (a. s.), à travers les siècles, et leur persécution par les dirigeants ne se limitaient pas aux exemples cités (les insulter, les maudire, masquer leurs mérites et leurs hadîths) mais comportaient toutes sortes de mauvais traitements y compris l’assassinat et l’extermination (les martyrs d’Ahlul-Bayt à Karbalâ par exemple). Cela s’est enchaîné aux deux époques umayyade et abbasside comme le rapporte Abul-Faraj dans son livre Maqâtilu-Tâlibiyyîne.
Dix sortes d’occultation et de falsification de la Sunnah du Messager (SAW) et des récits relatifs à la sîrah d’Ahlul-Bayt et des Compagnons.
Le comportement de l’Ecole des califes à l’égard de la Sunnah du Messager (SAW), qui s’oppose à son orientation
La négation du testament
Comme le surnom du Waçi (dépositaire institué par le Prophète SAW) qu’avait l’Imam ‘Ali (a. s) était très célèbre et que cette célébrité contrariait la politique de l’Ecole des califes, celle-ci réagit par la négation d’Al- Waçiyyah (le testament) et l’occultation des textes qui s’y rapportaient.
La mère des Croyants Aïsha commença par concrétiser cette réaction par une campagne de contre information très forte visant à la négation du testament puis cette campagne a été continuée sous d’autres formes, à travers les siècles. L’occultation des textes relatifs au testament fut l’entreprise la plus importante de l’Ecole des califes dans ce domaine. Le chercheur qui s’y penche et persévère dans l’exploration des documents découvrira sûrement quelque chose d’énorme et de grave. Ci-après dix sortes de cette occultation, allant de la moins importante à la plus importante.
|1|- La suppression d’une partie du hadith prophétique; Et son remplacement par un mot vague.
Citons à titre d’exemple ce que firent At-Tabarî et Ibn Kathîr du récit relatif à l’appel lancé par le Prophète (SAW) à Banî Hâshim. A propos du commentaire du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus proche), les deux exégètes supprimèrent une partie du hadîth prophétique: «mon dépositaire et mon calife parmi vous» et la remplacèrent par (comme ci, comme çà).
Le même sort fut réservé au récit relatif à la consultation par le Messager (SAW) de ses Compagnons au sujet de la bataille de Badr et à leur réponse.
Ibn Hishâm et At-Tabarî rapportèrent ceci:
«L’information parvient au Messager (SAW) que Quraïsh s’est mobilisée pour défendre sa caravane. Le Prophète (SAW) consulta alors les gens à ce sujet. Abû Bakr as-Siddîq se leva et parla bien. Ensuite ‘Umar b. al-Khattâb se leva et parla bien. Al-Miqdâd b. Amru, lui, dit: «Ô Messager d’Allah! Va à l’exécution de l’ordre d’Allah et nous sommes avec toi. Par Allah, nous ne te disons pas comme avaient dit les fils d’Israël à Mûssâ («Mets-toi en marche, toi et ton Seigneur; combattez tous deux; quant à nous, nous restons ici» V. 24/V) mais nous te disons: mets-toi en marche, toi et ton Seigneur; combattez et nous combattons sûrement avec vous!». Jusqu’alors le Messager d’Allah (SAW) apprécia son propos et invoqua Allah pour le récompenser en bien.
La réponse de Sa’d b. Mu’âdh al-Ancârîy fut celle-ci: «Mets-toi en marche ô Messager d’Allah en vue de réaliser ce que tu veux. Nous sommes avec toi. Par Celui Qui t’a envoyé avec la Vérité, si tu affrontes avec nous cette mer, nous y plongerons avec toi sans que l’un de nous ne s’en abstienne…»
Le Prophète (SAW) fut très content de la parole de Sa’d et cela l’encourage (à y aller).
Voyons! Quelle était, au juste, la réponse des deux Compagnons Abû Bakr et ‘Umar au Messager d’Allah (SAW)??
Il est clair que le contenu de leur réponse fut supprimé et remplacé par une expression vague: parla bien. Si cela était bien pourquoi le supprimer tandis que le propos d’al-Miqdâd le Muhâjirite et celui de Sa’d b. Mu’âdh l’ançarite furent rapportés? Consultons le recueil (Sahîh) de Muslim. Voici comment il rapporta le récit précédent (le début): «Le Messager d’Allah (SAW) consulta ses Compagnons lorsqu’il apprit l’arrivée d’Abî Sufiân. Quand Abû Bakr parla, le Prophète lui tourna le dos; ensuite parla ‘Umar et il lui tourna le dos …». (14) Pourquoi le Prophète (SAW) leur a-t-il tourné le dos s’ils avaient dit du bien? Quel était au juste le propos de chacun d’eux? Nous avons cherché et trouvé le contenu de la réponse chez Al- Wâqidîy et Al-Maqrîzîy:
«’Umar dit: Ô Messager d’Allah! il s’agit – par Allah – de Quraïsh et de sa puissance! Par Allah, elle n’a jamais succombé depuis qu’elle est devenue puissante! Elle n’a jamais cru depuis qu’elle s’est accrochée à sa mécréance. Par Allah! elle ne cédera jamais et elle te déclarera la guerre; prépare-toi donc à cela et amasse ton équipement…»
Nous avons vu que d’après le récit d’Ibn Hishâm d’At-Tabarî et de Muslim le Compagnon ‘Umar parla après Abû Bakr, que chacun d’eux (selon At-Tabarî et Ibn Hishâm) parla bien, que selon Muslim, le Prophète tourna le dos à l’un puis à l’autre. De là on déduit que leur parole (celle d’Abû Bakr et de ‘Umar) était identique. En faisant abstraction de la parole d’Abû Bakr et en se contentant d’évoquer celle de ‘Umar, Al- Wâqidî et Al-Maqrîzîy, nous mettons le doigt sur le fait que la parole de ces deux Compagnons était identique.
Comme leur propos contrarie certaines personnes, une partie en fut supprimée dans chacun des récits rapportés par At-Tabarî, Ibn Hishâm et Muslim.
C’est pour avoir réussi ce genre d’occultation, que ces livres sont devenus les références par excellence de l’Ecole des califes.
Le recueil d’Al-Bukhârî qui, à ce sujet, n’en souffla pas mot, est devenu le plus célèbre, le plus authentique et le plus sûr!
At-Tabarî et Ibn Kathîr remplacèrent, donc, dans le hadith prophétique, «mon dépositaire et mon calife» par «comme ci, comme çà», parce que le récit dans son intégralité était susceptible d’aviser la communauté du droit de l’Imam ‘Ali (a. s.) au pouvoir suprême. Or cela ne devait pas être diffusé!
Ce genre d’occultation est très répandu chez les savants de l’Ecole des califes.
|2|- La suppression de la totalité du récit relatif à la sîrah des Compagnons, avec, toutefois, une allusion à cette suppression.
Citons, à ce propos, l’exemple de la correspondance qui fut entretenue par Mohamed b. Abî Bakr et Mu’âwiyah. L’auteur de Çaffine, Nasr b. Muzâhim (mort en 212 h.) et celui de Murûj Adhahab, Al-Mas’ûdî (mort en 346 h.) donnèrent en détail le texte de la lettre envoyée par Mohamed b. Abî Bakr à Mu’âwiyah. Comme le texte comporte les mérites de l’Imam ‘Ali y compris celui d’être le dépositaire du Prophète et la réponse de Mu’âwiyah qui reconnut ces mérites en plus des détails en opposition avec l’auréole des califes, At-Tabarî supprima les deux lettres de son livre en citant la chaîne des rapporteurs de ces deux lettres, jusqu’à lui-même. Comme excuse, il affirme que les gens ne supporteraient pas d’entendre le contenu des deux lettres. Cela veut dire qu’il a caché la vérité (aux lecteurs et aux gens).
Après lui, Ibn al-Athîr fit de même et donna la même excuse.
Ensuite Ibn Kathîr fit allusion à la lettre de Mohamed b. Abî Bakr dans son encyclopédie de l’histoire(15) et se contenta de dire: «elle est dure» (les gens ne supporteraient pas d’entendre le contenu de ces deux lettres) signifie en fait qu’après avoir pris connaissance des deux lettres, la foi des gens en les califes sera ébranlée, voire perdue. Ce genre d’occultation (supprimer le récit tout en reconnaissant l’existence de son contenu) est rare chez les savants de l’Ecole des califes.
|3|- L’interprétation du sens du hadith prophétique.
Citons ici l’exemple d’Adh-Dhahabî(16) qui, à propos de la biographie d’An-Nasâ’î, rapporta ce qui suit:
On demanda à An-Nasâ’î de rapporter les mérites de Mu’âwiyah. An-Nasâ’î dit: «Que rapporterai-je? Ô Seigneur! Ne rassasie jamais son ventre!».
Adh-Dhahabî commente:
«Peut-être est-ce là un mérite, une vertu de Mu’âwiyah en raison du hadith selon lequel le Prophète (SAW) aurait dit (dit): «Ô Seigneur! Fais que la malédiction ou l’insulte que j’inflige à quelqu’un soit pour lui une purification et une miséricorde!».
Adh-Dhahabî (mort en 748 h.) se contenta de dire (peut-être, il est probable …) Mais, après lui, Ibn Kathîr (mort en 774 h.) dit carrément: «Mu’âwiyah tira bénéfice dans sa vie d’ici-bas et dans l’autre vie de cette invocation (faite par le Prophète contre lui: Ô Seigneur! Ne rassasie jamais son ventre!).
Ainsi les hadiths et les récits qui comportent une condamnation des dirigeants, des califes ou des gouverneurs sont interprétés de telle manière que cela se transforme en un éloge de leurs mérites.
Enfin examinons de plus près ces récits selon lesquels le Prophète (SAW) aurait – Qu’Allah nous en préserve – maudit des croyants.
Méditons ces récits imputés au Messager d’Allah (SAW). Il aurait dit: «Ô Seigneur! J’ai contracté auprès de Toi un pacte; Tu n’y manqueras pas, pour moi: je ne suis qu’un homme donc quel que soit le croyant que j’offense, que j’insulte, que je maudisse ou que je fouette, Tu feras que cela soit transformé pour lui en prière, purification et oblation susceptible de le rapprocher de Toi le Jour de la résurrection».
En écrivant cela, je sens comme si j’étais poignardé dans le cur à cause de l’énormité de ce qu’on a imputé au Messager d’Allah (SAW). Ces gens rapportent ce récit en opposition avec la parole d’Allah – gloire à Lui -: «En vérité, tu es d’une moralité éminente». (V. 4/LXVIII)
Ce récit aurait pu être cité aussi comme exemple de la huitième sorte de l’occultation (le remplacement des hadîths authentiques par des récits fabriqués).
|4|- La suppression d’une partie du propos d’un Compagnon sans y faire allusion.
Prenons comme exemple de ce genre d’occultation l’amputation du poème du Compagnon ançarite An-Nu’mân b. ‘Ajlân, dont nous avons déjà cité deux vers dans le cadre des traces de la Waçiyyah (le testament) dans la poésie arabe. Ce poème fut rapporté dans son intégralité par Az-Zubayr b. Bakkâr au cours des événements relatifs aux disputes et argumentations d’al-Muhâjirîne et d’al-Ançar à la Saqîfah. Pour répliquer à ‘Amru b. al-‘Açi qui parla, en cette occasion, contre al-Ançar, An-Nu’mân b. ‘Ajlân récita ce poème dans lequel, il rappelait l’attitude d’al-Ançar lors des batailles menées par le Messager d’Allah (SAW) contre Quraïsh, l’hospitalité dont ils avaient fait preuve à l’égard des Muhâjirîne quraïshites (par le partage notamment de leurs biens avec eux) et, enfin, les événements de la Saqîfah:
Et vous dites que l’investiture de Sa’d est illicite. Que celle de ‘Atîq b. ‘Uthmân (Abû Bakr) est licite!
Certes Abû Bakr en est digne …
Mais ‘Ali en est plus digne.
Notre tendance était pour ‘Ali!
Comprends-tu, ô ‘Amru qu’il en est digne à ton insu? Par la force d’Allah, il appela à la guidance,
Prohibe la turpitude, l’injustice et le blâmable
Dépositaire du Prophète élu et son cousin
Tueur des cavaliers de l’égarement et de la mécréance.
Et celui-ci – Abû Bakr – louange à Allah -, guide les yeux contre l’aveuglement et ouvre des oreilles alourdies par la fissure, confident du Messager d’Allah, seul, avec lui dans la grotte et son ancien ami As-Siddîq.
Dans son livre, Alistî’âb, Ibn ‘Abdil-Bar rapporta le poème précédent à l’exception des vers suivants:
Par la fore d’Allah, il appela à la guidance,
Prohibe la turpitude, l’injustice et le blâmable.
Dépositaire du Prophète élu et son cousin
Tueur des cavaliers de l’égarements et de la mécréance.
Ibn ‘Abdil-Bar supprima ces vers du fait qu’ils comportent l’éloge de ‘Ali (a. s.) le Dépositaire du Prophète (SAW) et son cousin mais il garda bien les vers qui vantent les mérites d’Abû Bakr.
Après lui vint Ibn al-Athîr qui, à propos de la biographie du même poète ançarite, rapporte (dans son livre ‘Usudul-Ghâbah) une partie du poème de ce Compagnon, récité à la Saqîfah. Mais, à son tour, il en supprima les vers relatifs à la polémique de ce jour-là et les vers faisant l’éloge de l’Imam ‘Ali (a. s.) et soulignant sa qualité de Waçi ou Dépositaire du Prophète.
Enfin vint Ibn Hajar et rapporta le poème sans en citer les vers relatifs à la question du califat.
Ainsi, au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’époque et de l’événement, les savants suppriment dans les récits rapportés les passages qui ne leur plaisent pas. Par conséquent, la compréhension de la réalité historique devient de plus en inaccessible.
|5|- La suppression de l’intégralité du hadîth prophétique sans y faire allusion.
Quand Ibn Hishâm s’était inspiré de la “Sîrah” prophétique d’Ibn Ishâq, rapportée par Al-Bakkâ’î, il dit dans la préface du livre: «… En laissant de côté une partie de ce que rapporta Ibn Ishâq dans ce domaine … des choses qu’il ne conviendra pas de citer dans notre propos afin qu’elles ne l’entachent paset des choses susceptibles de choquer les gens …».
Le récit de l’avertissement fait partie de ce qu’Ibn Hishâm a retranché de la Sîrah prophétique d’Ibn Ishâq: On a vu qu’après la révélation du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus proche), le Messager (SAW) invita Banî ‘Abdil-Muttalib, les appela à l’Islam et dit : «Qui parmi vous m’aidera à cet effet? Il serait alors mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi vous!». Quand tous les hommes s’en abstinrent et que ‘Ali b. Abî Tâlib répondit: «Moi, ô Messager d’Allah! Je serai ton assistant (ministre) en cette affaire», il le prit de la nuque et dit: «Certes voici mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi vous! Ecoutez-le donc et obéissez-lui!». A ce moment là, les hommes se levèrent en riant et dirent à Abî Tâlib: «Il t’a ordonné d’écouter ton fils et de lui obéir». (17)
Ibn Hishâm supprima ce récit de son livre ainsi que d’autres récits que la clique du califat n’aimait pas entendre. C’est pour cette raison que la “Sîrah prophétique” d’après Ibn Ishâq fut négligée à tel point qu’on n’en trouve presque pas de copie. (18) En revanche, la Sîrah d’Ibn Hishâm est devenue la plus célèbre et la plus sûre chez les gens.
Lorsque At-Tabarî s’est rendu compte de la valeur du récit précédent qu’il avait rapporté dans son Histoire, il se rattrapa dans son uvre exégétique et commenta ainsi le verset précité:
«Qui m’aidera en cela pourvu qu’il soit frère et comme ci comme çà …». Ensuite il dit: «certes voici mon frère et comme ci, comme çà! Ecoutez-le donc et obéissez-lui! …». (19)
Ibn Kathîr fit de même dans son livre Al-Bidâyah wan-Nihâyah et dans son commentaire du Coran.
Pire encore ce que fera après eux Mohamed Hussayn Haykal dans son livre Hayât-Muhammad. Dans la page 104 de la première édition de son livre, il rapporta le récit précédent dans ces termes: «Qui m’aidera en cela et il sera mon frère, mon Dépositaire et mon Calife parmi vous?». Dans la deuxième édition de 1354 h., page 139, il supprima le récit tout entier. (20)
Ce genre d’occultation (la suppression du récit sans y faire allusion est très répandue chez les savants de l’Ecole des califes).
|6|- L’interdiction d’écrire la sunnah du Messager (SAW).
C’était l’une des sortes d’occultation de la sunnah, les plus importantes dans l’Ecole des califes. Cette interdiction débuta à l’époque du Messager (SAW) quand Quraïsh eut interdit à ‘Abdillah b. ‘Amru b. al-‘Aç d’écrire le hadith du Messager (SAW) sous prétexte que celui-ci pourrait parler tantôt sous l’emprise de la colère, tantôt sous le coup du contentement. Quraïsh ici signifie al-Muhâjirîne parmi les Compagnons du Messager (SAW); c’est à dire ceux qui empêchèrent le Prophète d’écrire son testament à la dernière heure de sa vie. Lorsqu’ils eurent pris le pouvoir après sa mort, ils interdirent l’écriture du hadîth et cette interdiction resta de rigueur jusqu’à l’époque du calife umayyade ‘Umar b. Abdil-‘Azîz qui leva la prohibition et ordonna de compiler le hadith du Messager (SAW).
L’auteur d’Al-Aghânî rapporta selon sa propre chaîne, à partir d’Ibn Shihâb, le récit suivant: «Khâlid b. ‘Abdillah al-Qasrî me dit:
– Écris-moi les lignées arabes.
Je commençai alors par Mudar (ensemble de tribus arabes). J’y suis resté des jours durant. Une fois chez lui, il me demanda:
– Qu’as-tu fait?
– J’ai commencé par les lignées de Mudar mais je n’ai pas fini, répondis-je.
– Déchire le (le travail écrit). Qu’Allah le déchire avec leurs racines!, m’ordonna-t-il, et écris-moi la sîrah (biographie et vie du Prophète (SAW)).
– Oui, remarquai-je, mais quelques traits de la sîrah de ‘Ali b. Abî Tâlib interviendront au passage, les noterai-je aussi?.
– Non, répondit-il à moins que tu le voies au fond de la Géhenne!!». (21)
On le voit bien. Les autorités en place empêchèrent d’écrire le nom de l’Imam ‘Ali (a. s.) à moins que cela constitue une diminution pour lui; comment permettent-elles alors d’écrire la sunnah du Messager (SAW) qui stipule que le Messager le désigna comme successeur et dépositaire??
Les califes ont prohibé donc et à travers les siècles la diffusion de la sunnah du Messager (SAW) et condamné ceux qui s’opposaient à leur orientation à la liquidation au sens propre ou au sens figuré.
Notes:
- Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., com. du sermon 57, 1/356.
- Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, sermon n 208, 3/15-16
- Ath-Thaqafî, Al-Ghârât, p. 397.
- Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 1/358
- Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356
- Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356
- Ibn Sa’d, At-Tabaqât…, 6/212-213; At-Tabarî, Târikh, 2/2494; Ibn Hajar, Tahdhîb…, 7/224-226
- Al-Mas’ûdî, Murûj…, 3/245; Al Hamawî, Mu’jam …. (le terme Harrân (ville entre Muçul, la Syrie et la Turque; d’où apparut Ibn Taymiyyah (mort en fondateur de l’Ecole Salafite)
- Ibn Hajar, Tahdhîb At-Tahdhîb, “Biographie de ‘Ali b. Rabâh al-Lakhmî”.
- Ibn Hajar, idem., 2/237 (Hurayz entra à Bagdad à l’époque du Mahdî ‘Abbasside. Ibn Hajar dit: «Tradition de confiance, pondère, taxé de pro-Umayyade», ses Hadiths sont rapportés par Al-Bukhârî et d’autres.
- Ibn Hajar, idem., 10/430
- Adh-Dhahabî, Tadhkiratul-Huffâdz, pp. 965-966
- Selon ce récit un oiseau rôti ou grillé fut envoyé en cadeau au Messager (SAW) qui dit: «Ô Allah! Envoie pour qu’il mange avec moi le plus aimé de tes créatures par toi?». Ce fut ‘Ali b. Abî Tâlib qui vint et mangea avec le Prophète. (Voir Al-Mustadrak et Ibn ‘Asâkir, Târikh Dimashq, 2/105-155)
- Muslim, Sahîh, 3/1403
- Al-Bidâyah wa-l-Nihâyah, 7/314.
- Tad-kirat al-Huffâd, pp. 698-701.
- At-Tabarî, op. cit., 19/72-75
- Dernièrement une partie de la Sîrah prophétique d’Ibn Ishâq, fut publiée de Rabat au Maroc en 1396 h.
- Al-Tabarrî, Tafsîr, 1e éd. de Bûlaq, 1323-1330 de l’hégire, 19/72-75.
- Voir Al-Ghadîr d’Al-Amînî, éd. Téhéran en 1372 h., 2/288-289.
- Abûl-Faraj, Al-Aghânî, 19/59, 22/32