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Des Illustrations des Agissements Outrageants de ‘Othman
Sa’îd B. al-‘Âç, le Gouverneur de Kûfa, étant en colère contre Hichâm B. ‘Otbah, un neveu de Sa’d B. Abî Waqqâç, brûla la maison de Hichâm à Kûfa et la réduisit en cendres. Sa’d B. Abî Waqqâç, un des premiers Compagnons du Prophète, l’ex-Gouverneur de Kûfa et actuellement un citoyen notable de Médine, vint voir ‘Othmân et lui demanda de punir en représailles Sa’îd et d’indemniser la victime. Il attendit quelque temps, mais constatant que le Calife ne faisait rien pour satisfaire à sa demande, Sa’d, soutenu par ‘Âyechah, brûla la maison de Sa’îd à Médine, et le Calife ne put entreprendre aucune mesure contre lui.(1)
«’Abdul-Rahmân B. ‘Awf, qui n’avait pas oublié sa part de responsabilité dans l’élection de ‘Othmân, était lui-même mécontent des agissements de ce dernier, et on lui attribue la première dénonciation de l’irrespect de la Loi affiché par le Calife. Un beau chameau faisant partie de la Zakât d’une tribu bédouine fut offert comme une rareté par le Calife à l’un de ses proches parents. ‘Abdul-Rahmân, scandalisé par le détournement des biens religieux destinés aux pauvres, mit la main sur l’animal, l’égorgea et en distribua la viande entre les gens. La révérence personnelle attachée jadis au successeur du Prophète de Dieu laissa la place désormais au manque d’égards et à l’irrespect».
«Même dans les rues, ‘Othmân était accueilli par des cris lui réclamant de déposer Ibn ‘Âmir et ‘Abdullâh Ibn Abî Sarh, l’impie, et de s’écarter de Marwân, son principal conseiller et confident».
«’Amr (B. al-‘Âç), qui était devenu un mécontent notoire depuis sa déposition, est présenté comme parlant à ‘Othmân, et bien en face, outrageusement et ‘Othmân est présenté comme lui rendant la monnaie de sa pièce en le traitant de pou dans ses vêtements».
La Liste des Charges contre ‘Othmân
Il ne serait pas déplacé de citer ici, du long chapitre des charges contre ‘Othmân, une liste des reproches plus marquants du grand public. (2)
1- D’avoir fait revivre certaines coutumes que le Prophète avait pris soin d’abolir.
2- D’avoir violé les enseignements et les pratiques du Prophète en accomplissant les prières de Mina à ‘Arafât.
3- D’avoir agi en violation des précédents d’Abû Bakr et de ‘Omar en s’asseyant sur la marche supérieure de la chaire place que seul le Prophète avait l’habitude d’occuper.
4- Le fait d’avoir réhabilité et fait revenir al-Hakam et Marwân qui avaient été bannis par le Prophète. (“Abul-Fidâ'”)
5- D’avoir commis le sacrilège de brûler les manuscrits sacrés du Coran.
6- D’avoir offert à ses proches des cadeaux faramineux, soutirés des biens religieux destinés aux pauvres.
7- D’avoir démis de leurs fonctions de vénérables Compagnons du Prophète pour mettre à leur place ses propres proches impies.
8- D’avoir maltraité ‘Ammâr B. Yâcir, un vénérable Compagnon du Prophète.
9- D’avoir maltraité et banni le pieux Abû Thar, le Compagnon favori du Prophète, dans un endroit désert où il mourut dans le besoin, son allocation ayant été supprimée.
10- D’avoir maltraité ‘Abdullâh B. Mas’ûd et d’avoir coupé son allocation.
11- D’avoir banni de Kûfa, Mâlik al-Achtar et Ka’b.
12- D’avoir banni ‘Obaydah B. Samit pour avoir déchiré l’outre à vin apportée à Mu’âwiyeh. (“Târîkh al-Khamîs”; “Al-Imâmah wal Siyâsah”)
13- D’avoir accordé à ses proches l’utilisation exclusive de l’eau de pluie rassemblée dans des réservoirs pour l’usage commun. (Ibid.)
14- D’avoir réservé les terres pastorales pour l’usage exclusif de ses propres bêtes. (Ibid.)
15- D’avoir restreint l’exclusivité des Mers à ses propres vaisseaux de commerce. (Ibid.)
16- D’avoir dénigré ‘Abdul-Rahmân B. ‘Awf comme un hypocrite. Les gens disaient que si celui-ci était un hypocrite, son choix de ‘Othmân comme Calife avait donc été illégal, ou bien s’il était dénigré par malveillance par ‘Othmân, dans ce cas-là, ce demier ne méritait pas le Califat. (Ibid.)
Des Voix Menaçantes d’Avertissement
Lorsque Mâlik al-Achtar avait été banni avec les autres notables de Kûfa, Ka’b B. ‘Abdah, un homme célèbre pour sa piété, écrivit de Kûfa à ‘Othmân une lettre de protestation contre le bannissement et le mit en garde contre les dangers imminents que représentait la tyrannie de Sa’îd.
En recevant le message ‘Othmân se mit en colère et demanda qu’on emprisonnât ou frappât impitoyablement le messager, mais sur intervention de ‘Alî, il lui permit finalement de retoumer sans être puni. Cependant ‘Othmân écrivit à Sa’îd pour faire fouetter Ka’b et le punir. Sur ce point Talha et al-Zubayr firent des remontrances à ‘Othmân et l’avertirent que sa mauvaise administration aboutirait à une explosion pareille à un volcan de feu qui l’engloutirait. Rendu sensible à cet avertissement, il écrivit de nouveau à Sa’îd pour lui demander de faire revenir Ka’b de l’exil. (3)
Entre-temps, des messages affluèrent de toutes les provinces vers Médine pour demander aux notables de la ville les moyens de se débarrasser de l’oppression et de la cruauté auxquelles les gouverneurs despotiques les avaient soumis. Mû par ces appels au secours, ‘Alî se rendit chez ‘Othmân et dit:
«Les gens se plaignent de tes gouverneurs et sont venus réclamer une réforme, et ils te tiennent pour responsable des agissements de tes gouverneurs. Ils te reprochent de ne pas écouter leurs griefs réitérés. Prends donc garde à la trahison, sinon elle tempêtera comme les vagues furieuses de la mer. Crains Dieu et rends-leur justice, afin qu’ils retournent satisfaits».
‘Othmân répondit: «J’ai fait de mon mieux. Concernant les gouverneurs, ne concèdes-tu pas que mes gouverneurs ne sont autres que Moghîrah B. Cho’bah qui avait été nommé par ‘Omar comme gouverneur de Basrah et déposé par la suite pour avoir été accusé d’adultère, avant d’être nommé à nouveau par le même ‘Omar gouverneur de Kûfa? Et Mu’âwiyeh aussi a été choisi par ‘Omar! Je n’ai fait que le nommer Commandant principal de la Syrie».
«Oui, répondit ‘Alî, mais ‘Omar avait le contrôle total de ses fonctionnaires. Ils obéissaient à ses ordres, et lorsqu’ils commettaient une faute, il les punissait, alors que tu les traites avec mollesse et que tu ne les sanctionnes pas en raison de tes liens de parenté avec eux. N’admets-tu pas que les serviteurs de ‘Omar ne le craignaient pas autant que le craignait Mu’âwiyeh?» ‘Othmân acquiesça.
‘Alî continua: «Mais maintenant, il fait ce qui lui plaît en ton nom, et toi tu sais tout cela, sans lui demander des comptes». Ayant fait cette mise en garde au Calife, ‘Alî repartit. (4)
Selon les termes de Sir W. Muir: «Etant donné que le message qu’avait apporté ‘Alî provenait du peuple, ‘Othmân se dirigea immédiatement vers la chaire où il appela la foule rassemblée là, à la prière à la mosquée. S’adressant aux gens, il leur reprocha de donner libre cours à leurs langues et de suivre des dirigeants méchants dont l’objectif était de noircir sa réputation, d’exagérer ses fautes et de taire ses vertus: “Vous me blâmez, s’écria-t-il, pour des choses que vous supportiez gentiment de ‘Omar. Il vous piétinait, il vous battait avec son fouet et il abusait de vous. Et malgré cela vous acceptiez tout de lui avec patience: aussi bien ce que vous aimiez que ce que vous détestiez. J’ai été gentil avec vous, je vous ai tourné le dos, j’ai retenu ma langue de vous injurier et ma main de vous frapper. Et vous voilà qui vous soulevez contre moi”. Puis après s’être appesanti sur la prospérité intérieure et extérieure de son règne, il conclut ainsi: “Abstenez-vous donc, je vous adjure, d’abuser de moi et de mes gouverneurs pour éviter d’allumer les flammes de la sédition et de la révolte à travers l’empire”. Cet appel, dit-on, fut gâché par son cousin Marwân qui s’écria alors: “Si vous vous opposez au Calife, nous ferons appel à l’épée”. “Silence!”, cria ‘Othmân à son visage. Marwân se tut et ‘Othmân descendit de la chaire. La harangue n’eut pas un long effet. Le mécontentement s’étendit et les rassemblements contre le Calife se multiplièrent». (“Annals of the Early Caliphate” de W. Muir)
Conférence des Gouverneurs à Médine en 34 H. (655 ap. J. -C.)
Il était de coutume que les gouverneurs des différentes provinces se rendent à la Cour Califale à Médine à leur retour du Pèlerinage de la Mecque. La saison du Pèlerinage de la onzième année du Califat de ‘Othmân s’étant approchée ‘Othmân promulgua un édit demandant aux citoyens qui avaient une raison ou une autre de se plaindre de leurs gouverneurs de se présenter à cette occasion afin qu’ils puissent s’exprimer en présence des gouverneurs mis en cause et que justice leur fût rendue. Après le Pèlerinage, les gouverneurs furent présents à la Cour du Calife, mais les plaignants n’osèrent pas demander justice en présence de leurs gouverneurs respectifs contre lesquels ils avaient des griefs. Le Calife discuta cependant de la situation avec les gouverneurs et leur demanda leur avis sur le meilleur moyen d’endiguer le mécontentement croissant. L’un de ces gouverneurs (Sa’îd) suggéra que l’on passât par l’épée les meneurs; un autre (‘Abdullâh) proposa que ces derniers soient réduits au silence grâce à des cadeaux généreux; un troisième (Ibn ‘Âmir) conseilla que l’on envoie quelques-uns des chefs des émeutiers dans des forces expéditionnaires afin de les détourner ainsi de leurs activités actuelles. La conférence fit long feu et n’aboutit à aucun accord. Rien ne fut fait pour mettre fin aux crises menaçantes, et le Calife donna aux gouverneurs l’autorisation de repartir en leur disant seulement qu’ils devaient user de tous les moyens pour contrôler la situation.
Les Prédictions de Ka’b al-Ahbar
Pendant son séjour à Médine, Mu’âwiyeh rencontra Ka’b al-Ahbar, un Juif converti et un célèbre diseur de bonne aventure. (5) Il lui demanda de prédire l’issue du mécontentement actuel. Ka’b lui dit: «La fin de ‘Othmân est proche. C’est le mulet gris qui gagnera dans la longue course après beaucoup d’effusion de sang», c’est-à-dire Mu’âwiyeh lui-même, lequel depuis ce moment-là fixa résolument un il sur le Califat. (6)
Les Délégations demandent la Réforme et ‘Othmân fait Preuve d’Inconstance
A leur retour à leurs sièges, les gouverneurs se montrèrent encore plus arrogants et plus cruels. Les opprimés quant à eux, se réunissant en secret, décidèrent d’envoyer leurs représentants une fois de plus à ‘Othmân pour le prévenir, et se donnèrent un nouveau rendez-vous ici même au cas où leurs efforts en vue de faire entendre raison à ‘Othmân n’aboutiraient pas – pour se diriger vers Médine et demander à ‘Othmân, sous la menace de leurs forces combinées, d’abdiquer le Califat. Les délégations arrivèrent à Médine au mois de Rabî’ I, 35 H. et présentèrent une longue liste de griefs, demandant la réparation des préjudices subis et, à défaut, l’abdication du Calife. Ils furent toutefois calmés par l’intercession de ‘Alî et la promesse de réparations et des dons généreux de la Trésorerie.
Lorsqu’ils furent partis, Marwân, le mauvais génie de ‘Othmân, reprocha à ce dernier d’avoir fait preuve de faiblesse par son arrangement et lui conseilla d’annoncer du haut de sa chaire que les délégations étant guidées par de faux motifs, ne pouvaient espérer obtenir grand chose et les délégué ne purent faire mieux que retourner chez eux désappointés. Othmân suivant aveuglément les conseils de son secrétaire, prononça le lendemain un sermon du haut de la chaire, rejetant les revendications des délégations.
‘Amr Ibn ‘Âç qui était présent dans l’assemblée protesta contre le discours en disant que les délégations n’étaient pas retournées de leur propre initiative, mais qu’on les avait fait partir avec le plus grand soin possible pour éviter une crise. Des murmures s’élevèrent contre le discours indélicat du Calife et ‘Othmân lui demanda de présenter des excuses pour sa mauvaise conduite. Mécontent, ‘Othmân échangea insolemment des mots durs avec ‘Amr.
Mais, sur-le-champ, des voix s’élevèrent de tous les coins de la mosquée pour demander à ‘Othmân de faire acte de contrition pour sa faute. Le Calife alarmé par l’attitude irrespectueuse de l’assemblée (laquelle, au lieu de s’adresser à lui par son titre “Amîr al-Mu’minîne” comme d’habitude, l’appela par son nom seul: ‘Othmân), manifesta la repentante exigée; et descendant de la chaire, déconfit, il regagna sa maison.
En apprenant le contenu du discours de ‘Othmân, ‘Alî l’admonesta pour la futilité de sa conduite et lui conseilla de corriger la mauvaise image qu’il avait donnée de lui-même aux gens en exprimant son sincère regret pour ce qui s’était passé. ‘Othmân s’exécuta, et pour prouver sa sincérité, il invita les gens qui désiraient parler librement avec lui à venir dans son palais.
Lorsque quelques hommes influents allèrent voir Othmân dans son palais, Marwân, là encore, fit des reproches au Calife, insinuant que le fils d’Abû Tâlib (‘Alî) l’avait intelligemment induit en erreur et qu’en lui faisant avouer ses fautes, il atteignait son objectif de prouver les accusations portées contre le Calife. Il persuada facilement l’inconstant Calife de lui donner la permission de mettre les visiteurs à la porte, et Marwân parla à ces derniers sur un ton tellement brutal qu’il les rendit rapidement furieux.
Ils allèrent tous voir directement ‘Alî pour lui raconter ce qui s’était passé. S’étant assuré des faits, ‘Alî fut très indigné et déclara qu’il n’aurait plus rien à voir avec les affaires de ‘Othmân.
Nâ’ilah (Naelah), la femme de ‘Othmân, qui avait entendu la parole de Marwân et ressenti la profonde colère des visiteurs, prévint son mari contre la tempête qu’il était en train de provoquer contre lui-même, et obtint de lui une fois encore de manifester de l’amitié envers ‘Alî qui seul, dit-elle, pourrait vraiment être l’intermédiaire auprès de ses opposants. Plusieurs petites délégations attendirent de la même façon la réforme promise par ‘Othmân, mais celui-ci, sous l’influence renouvelée de Marwân, ne tint pas ses promesses.
Selon Major Price: «Le sénile Calife était souvent conseillé par ‘Alî, mais l’influence maligne de son secrétaire Marwân intervenait perpétuellement pour l’empêcher de tirer avantage des bons conseils qu’il avait reçus. En fait, Marwân avait un grand ascendant sur ‘Othmân et était l’esprit insinuateur et actif de son gouvernement et le mauvais génie de ‘Othmân. II peut être justement considéré comme la principale cause de la ruine de ‘Othmân». (7)
Des Délégations Menaçantes d’Egypte, de Kûfa et de Basrah
Les délégations dont il était question plus haut retournèrent à leurs bases, mais les délégués égyptiens(8) furent arrêtés dès leur arrivée par le Gouverneur qui en tua les dirigeants et emprisonna les autres. Enragés par cette injustice, six à sept cents Egyptiens, dont des notables tels que ‘Abdul-Rahmân B. Adis, ‘Amr B. Homaq, Kinânah B. Bochar, Sodan B. Ahmar sortirent de Fostat et se mirent en marche sous le commandement d’al-Ghâfiqî B. Harb. Muhammad, le fils d’Abû Bakr, était lui aussi avec eux. De même, quelque deux à trois cents hommes, incluant beaucoup de personnalités influentes, tels que Ziyâd B. Sohan, Ziyâd Ibn Naçr, Yazîd B. Qays, partirent de Kûfa sous le commandement de Mâlik al-Achtar. Basrah aussi envoya un contingent dirigé par Hurquç B. Zubayr et comptant autant d’hommes que ceux de Kûfa.
Sous prétexte du Pèlerinage de la Mecque, ils entreprirent leur voyage deux mois avant le Pèlerinage annuel et campèrent comme une armée dans des camps séparés, à une lieue de Médine, au mois de Chawwâl, 35 H. Les Egyptiens dressèrent leurs tentes à Thi-Marwa, les Kûfites à Al-A’was et les hommes de Basrah àThi-Khachab, endroits qui se trouvaient dans le proche voisinage de la ville.
Désespérés d’obtenir de ‘Othmân toutes mesures de réparation et de réforme, ils prirent la résolution d’obliger le Calife, qui avait l’habitude de trahir ses promesses, à abdiquer et d’élire un autre à sa place. Ils envoyèrent un message au Calife lui demandant de choisir entre déposer leurs gouverneurs respectifs et de démissionner lui-même. Alarmé par cette attitude menaçante de la foule, ‘Othmân envoya Moghîrah B. Cho’bah et ‘Amr B. al-‘Âç pour les persuader que toute suite à donner à leurs plaintes serait décidée conformément au Coran et à la Sunnah. Mais les contestataires repoussèrent les deux messagers en les traitant avec des mots vulgaires et grossiers. Consterné par ce résultat, et poussé par sa femme Naelah, ‘Othmân fit appel une fois encore à ‘Alî et le pria d’aller pacifier la foule rebelle.
‘Alî consentit, à condition que ‘Othmân fasse l’expiation de ses erreurs du haut de la chaire. Harassé et épouvanté, le Calife monta sur sa chaire et admit d’une voix brisée par les sanglots et les larmes, ses erreurs et implora le pardon de Dieu tout en exprimant sa repentance et son regret. Toute l’assistance fut émue et attendrie.
Le repentir public de ‘Othmân et l’intervention de ‘Alî, qui était révéré en raison de sa position de plus proche parent du Prophète et de ses qualités personnelles, produisirent l’effet escompté sur les insurgés.
La Nomination de Mohammad Ibn Abî Bakr pour Remplacer Ibn Abî Sarh en Egypte
Les Egyptiens insistèrent toutefois et dirent qu’ils n’accepteraient rien de moins que la déposition de ‘Abdullâh Ibn Abî Sarh, le Gouverneur d’Egypte, et son remplacement par un homme de leur choix. ‘Othmân céda et ils demandèrent que ‘Alî fût le garant de l’exécution de l’engagement de ‘Othmân. «Ils désignèrent à l’unanimité, Mohammad, le frère de ‘Âyechah, qui avait été en fait utilisé comme boutefeu pour allumer cette insurrection par sa sur intrigante, dans le but de porter Talhah au Califat». (“Successors of Mohammad” de W. Irving)
Un document fut rédigé, signé et scellé par le Calife, attesté par ‘Alî, Talhah, Zubayr et ‘Abdullâh Ibn ‘Omar, et remis aux mains des Egyptiens.
L’Interception de la Lettre Perfide
Cette action du Calife satisfit manifestement les insurgés qui levèrent leur campement et prirent le chemin du retour. Mohammad B. Abî Bakr se dirigea avec les Egyptiens vers l’Egypte pour y prendre ses nouvelles fonctions.
Au troisième jour de leur voyage de retour, Mohammad et sa suite virent un esclave noir monté sur un dromadaire rapide passer à la hâte à une courte distance d’eux. Il fut arrêté et emmené devant Mohammad. Interrogé sur sa destination et sa mission, il dit qu’il était l’esclave de ‘Othmân et qu’il avait une commission importante à faire au gouverneur d’Egypte. On lui dit alors qu’il était maintenant devant le Gouverneur à qui il devrait faire la commission. Il répondit que son message était destiné à ‘Abdullâh Ibn Abî Sarh. Il nia être en possession d’aucune lettre, mais en procédant à une fouille de sa personne et de ses bagages, on découvrit la lettre en déchirant son outre d’eau. La lettre fut ouverte tout de suite devant tous ceux qui étaient rassemblés là. Elle contenait des instructions du Calife à ‘Abdullâh B. Abî Sarh, ordonnant à ce dernier de faire disparaître secrètement Mohammad B. Abî Bakr avec plusieurs dirigeants de son parti aussitôt qu’ils arriveraient en Egypte, de détruire l’ordre de nomination de Mohammad, et d’emprisonner tous ceux qui avaient envoyé des plaintes à Médine.
Il est plus facile d’imaginer que de décrire ce que Mohammad B. Abî Bakr et les Egyptiens qui se trouvaient avec lui ressentirent à l’ouverture de ladite lettre. Leur indignation n’avait pas de limites et aucun mauvais langage ne semblait suffire à qualifier l’attitude perfide du Calife. Aussi décidèrent-ils de se venger eux-mêmes de l’auteur de cette perfidie. Ils firent ainsi demi-tour vers Médine et dépêchèrent des messagers rapides aux délégations de Basrah et de Kûfa qui étaient elles aussi sur leur chemin de retour, afin de les informer du complot du Calife et de leur demander de revenir immédiatement à Médine pour les aider à déposer ‘Othmân. Ils hâtèrent eux-mêmes le pas en direction de Médine sans cesser de maudire le Calife, tout au long de leur trajet, pour son lâche plan attenter à leur vie, et de se féliciter de leur chance d’échapper au danger imminent qui les attendait.
Des Sentiments de Colère contre ‘Othmân
Les nouvelles du retour des Egyptiens à Médine et de l’interception de la lettre du Calife suscitèrent des sentiments de colère chez toute la population qui ne se retenait plus de dire du mal du Calife. A l’exception des proches parents de ‘Othmân tout le corps des Mohâjirines et tous les citoyens de Médine criaient d’une seule voix leur indignation à l’égard du Calife et leur sympathie envers les malheureux Egyptiens.
On entendit même ‘Âyechah, la Mère des Croyants, dire: «Tuez le Na’thal. (9) Que Dieu le tue».
Les Egyptiens trouvèrent dans cette incitation au meurtre du Calife, exprimée par la Mère des Croyants une justification de leur furie meurtrière contre ‘Othmân. Bref, le Calife était universellement condamné et détesté. Entre-temps, les hommes de Basrah et de Kûfa, alarmés par les mauvaises nouvelles, retournèrent à Médine pour soutenir les Egyptiens qui reçurent aussi l’assistance d’une faction de mécontents de Médine. Ainsi, dix mille contestataires se réunirent contre le Calife pour le forcer à abdiquer.
Les Dénégations de ‘Othmân à propos de la Lettre Perfide
‘Alî revint chez le Calife pour lui expliquer les circonstances dans lesquelles les insurgés étaient revenus à Médine. ‘Othmân nia avoir connaissance de la lettre et accepta de recevoir une délégation des dirigeants des rebelles. Les délégués présentèrent la lettre mais ‘Othmân jura solennellement qu’il n’en savait rien. Les délégués demandèrent au Calife qui en était alors l’auteur, et le Calife répéta qu’il n’en savait rien.
«Mais, dirent-ils, elle était pourtant portée par ton propre esclave, monté sur ton propre chameau, sur ton propre ordre, avec ton propre sceau, et malgré tout cela tu continues à affirmer n’en avoir pas connaissance!»
‘Othmân répéta encore que malgré tout, il n’en savait rien. «Cela doit donc être une manigance de Marwân, dirent-ils alors», et ils le prièrent de le convoquer pour lui demander des explications à ce sujet. Mais ‘Othmân ne voulut pas appeler son Secrétaire, qui était à la fois son cousin et son gendre. Courroucés par les dénégations de ‘Othmân et son refus d’appeler Marwân qui se trouvait cependant en ce moment dans la même maison, ils insistèrent que même si la lettre était l’uvre de Marwân, et que ‘Othmân dise la vérité ou non, dans les deux cas, il était soit un fripon soit un imbécile indigne du Sceptre qu’il détenait, et devait par conséquent abdiquer.
‘Othmân répondit qu’il n’ôterait pas les vêtements dont le Seigneur l’avait revêtu, et leur offrit de donner satisfaction à tout ce qu’ils lui demanderaient de raisonnable, et leur exprima sa repentance de ce qui était arrivé. Les délégués répondirent qu’ils ne pouvaient avoir aucune confiance en lui étant donné qu’il leur avait promis souvent réparation, mais sans jamais tenir ses promesses. Le ton de l’altercation monta. ‘Alî se leva alors et partit chez lui. Tout de suite après son départ, les délégués quittèrent les lieux pour rejoindre leurs troupes. ‘Alî quitta Médine, dégoûté des affaires de ‘Othmân.
La Part de ‘Âyechah dans l’Incitation au mauvais Traitement Réservé à ‘Othmân
Âyechah participa avec zèle à l’excitation du mécontentement et incita les insurgés à considérer ‘Othmân comme apostat. (10) Elle l’accusa d’avoir détourné l’argent public au bénéfice de ses proches parents et d’avoir disposé du Trésor public comme s’il était le sien. Elle le maudit comme étant privé des Bénédictions de Dieu pour avoir laissé les gens à la merci de ses proches parents païens auxquels il avait confié le commandement des populations pour régner sur elles comme maîtres absolus. Elle dit que si elle n’avait pas été Musulmane, elle aurait voulu le voir égorgé comme un chameau. En entendant ces propos, ‘Othmân, voulant lui rendre la monnaie de sa pièce, récita le verset 10 de la Sourate al-Tahrîm (qui fait allusion à la trahison de ‘Âyechah et Hafçah): «Dieu a proposé en exemple aux incrédules la femme de Noé et la femme de Loth. Elles vivaient toutes deux sous l’autorité de deux hommes justes d’entre Nos serviteurs; elles les trahirent mais cela ne leur servit en rien contre Dieu. On leur dit: “Entrez toutes deux dans le Feu avec ceux qui y pénètrent”». Elle ameuta les mécontents contre ‘Othmân en disant que les chemises qui enveloppaient le corps du Prophète n’avaient pas encore changé de couleur que déjà ses articles de foi avaient été faussés et traités comme lettres mortes par ‘Othmân.
Etant donné que la saison du Hajj approchait, et que ‘Âyechah voulait partir en Pèlerinage, elle paracheva sa participation dans le meurtre du Calife en ameutant les insurgés et en leur disant continuellement: «Tuez ce vieux magicien! Que Dieu le tue!»
Lorsqu’elle prit la route vers la Mecque, Marwân lui dit qu’elle se dégageait des conspirateurs après leur avoir commandé de supprimer le Calife. Elle rétorqua qu’elle aurait aimé le voir pendu par le cou, enfermé dans un sac et traîné jusqu’à la Mer Rouge.
Simon Ockley écrit dans “History of the Saracens”: «’Âyechah, la veuve de Mohammad, était l’ennemi mortel de ‘Othmân. Toutefois, il aurait certainement mieux valu à une personne qui prétendait être la femme d’un prophète inspiré de passer les jours de son veuvage dans la dévotion et les bonnes actions plutôt que dans la méchanceté et en infraction avec l’état. Mais elle était si engagée aux côtés de Talhah et du fils d’al-Zubayr, qu’elle voulait faire accéder au Califat, qu’aucune considération de vertu ou de décence ne pouvait la retenir de faire tout ce qui était en son pouvoir pour comploter en vue de la mort de ‘Othmân».
L’Attitude Violente contre ‘Othmân
Le palais de ‘Othmân fut encerclé par les insurgés, mais pendant plusieurs semaines le Calife put sortir pour conduire les prières habituelles dans la Mosquée. Les insurgés eux aussi assistaient avec les autres fidèles aux prières. Mais un jour, ils jetèrent de la poussière sur le visage de ‘Othmân. Le vendredi suivant, une fois la prière terminée, ‘Othmân monta sur la chaire, appela tout d’abord les priants à un meilleur sens civique, et se tournant ensuite vers les insurgés, il dit à leur adresse(11): «Le Prophète a maudit les gens qui se rebellent contre le Calife (le Successeur) et le lieutenant du Prophète, et le peuple de Médine condamne cette attitude illégale».
Il leur conseilla de se repentir de leurs mauvaises actions et de les expier en faisant le bien. Ce sermon souleva tout de suite un tumulte et les gens jetèrent des pierres en direction du Calife, dont l’une atteignit ‘Othmân et le fit tomber de sa chaire par terre, il perdit connaissance, mais sans être grièvement atteint, puisqu’il put résider pendant quelques jours encore aux prières.
A une autre occasion, alors que le Calife s’adressait à l’assemblée des priants à la Mosquée sur le même ton en s’appuyant sur le bâton du Prophète (une relique sacrée passée du Prophète à ses successeurs), un Arabe prit le bâton et le brisa sur la tête de ‘Othmân.
Le Blocus du Palais de ‘Othmân
L’attitude violente de la bande d’émeutiers obligea ‘Othmân à s’enfermer dans son palais, et un blocus s’ensuivit. L’entrée du palais, où une garde d’hommes armés avait été postée par ‘Othmân, restait toutefois en sûreté. Etant donné que la saison du Hajj (Pèlerinage) était toute proche, les amis de ‘Othmân lui conseillèrent de partir en Pèlerinage à la Mecque afin que la piété de cet acte, l’inviolabilité sacrée de l’habit de pèlerin, et l’immunité des mois de trêve fussent une source de protection pour lui, mais il rejeta le conseil, et montant sur le toit de son palais, il appela ‘Abdullâh, le fils de ‘Abbâs, qui faisait partie de la garde de la porte, et lui ordonna de conduire les rites de Pèlerinage à la Mecque. Ce dernier s’exécuta et se dirigea vers la Mecque.
Dès que ‘Othmân fut convaincu que les rebelles étaient prêts à aller jusqu’au bout comme ils l’avaient déjà montré, il envoya des messages d’appel au secours à Mu’âwiyeh en Syrie, ‘Abdullâh B. ‘Âmir à Basrah et ‘Abdullâh B. Abî Sarh en Egypte, et il expédia une lettre à Ibn ‘Abbâs pour qu’il en fasse la lecture aux pèlerins et qu’il se dépêche à son secours.
La Collusion de Talhah avec les Insurgés
Talhah pressait les Insurgés de renforcer le blocus du palais afin que les privations dues au siège se fassent sentir plus durement aux assiégés. (12) ‘Othmân, qui écoutait parfois de l’intérieur du palais ce qui se disait parmi les assiégeants à l’extérieur, entendit cette demande de Talhah. Il fut étonné de voir Talhah vraiment de collusion avec les insurgés, et il le maudit pour ses buts ambitieux.
Les insurgés renforcèrent donc vigoureusement le blocus et toutes les approches du palais furent interdites, ne laissant ouverts aucune sortie et aucun accès. L’approvisionnement du palais en eau fut coupé et la pénurie pesait de plus en plus lourd sur les assiégés. Lorsque ‘Othmân constata qu’il était réduit à ce point aux abois, il fit appel à ‘Alî et lui demanda de venir à son secours.
Selon certains historiens, ‘Alî réprimanda les insurgés pour avoir coupé l’approvisionnement en eau, et envoya ses fils, al-Hassan et al-Hussayn avec quelques outres pleines d’eau au palais de ‘Othmân. Les insurgés, respectueux de la mémoire du Prophète qui avait caressé ces deux enfants (devenus maintenant de jeunes hommes) dans son giron de longues années, les laissèrent entrer sans les toucher, et l’eau parvint ainsi à ‘Othmân et à tous ceux qui étaient enfermés avec lui.
Craignant, au vu de la férocité avec laquelle son palais était mis sous pression, que sa fin ne fût très proche, ‘Othmân, du toit en terrasse de son palais, fit les salutations usuelles préparatoires à une ouverture de dialogue avec les insurgés en contrebas, mais personne ne répondit à la salutation. Il demanda alors si Talhah se trouvait parmi eux. Ayant reçu une réponse affirmative de Talhah lui-même, le Calife lui reprocha de n’avoir pas répondu à sa salutation, ce à quoi, Talhah rétorqua qu’il avait répondu, mais que sa voix n’était pas parvenue jusqu’à ses oreilles. Puis ‘Othmân demanda si al-Zubayr et Sa’d Ibn Abî Waqqâç étaient aussi parmi eux. Tous deux firent entendre leur voix.
Le Calife s’adressa alors à eux dans les termes suivants que nous résume Sir W. Muir: «Mes compatriotes. J’ai prié Dieu qu’IL remette le Califat à qui le mériterait». Ensuite il parla de sa vie passée et dit comment le Seigneur avait fait de lui le successeur de Son Prophète, et le Commandeur des Croyants. Et d’ajouter: «Maintenant vous vous êtes soulevés pour assassiner l’élu du Seigneur. Attention, vous les hommes! (en s’adressant aux assiégeants). Oter la vie à quelqu’un n’est légal que sous trois conditions: qu’il soit apostat, meurtrier ou adultère. Prendre ma vie sans ces conditions, c’est poser l’épée sur vos propres nuques. La sédition et l’effusion de sang ne vous quitteront jamais». Les insurgés l’avaient écouté jusqu’au bout, et à la fin ils crièrent qu’il y avait une quatrième raison qui justifiait l’exécution de quelqu’un, à savoir l’étouffement de la vérité par l’iniquité, et du droit par la violence, et que, en raison de son impiété et de sa tyrannie, il devait abdiquer ou mourir. Sur le moment ‘Othmân resta silencieux. Puis, se levant calmement, il ordonna aux gens de retourner chez eux, et il repartit vers sa môme demeure avec un faible espoir de soulagement.
»Selon certaines traditions, ‘Othmân décida ‘Alî à lui obtenir une trêve de trois jours sous prétexte de vouloir faire parvenir aux gouverneurs des ordres de réforme de l’administration, alors qu’il consacra traîtreusement ce délai à renforcer ses positions défensives et, le délai expiré, il présenta comme excuse à l’absence de réformes le trop bref délai. (“Annals of the Early Caliphate” de W. Muir, pp. 335 – 336)
L’Assassinat de ‘Othmân
Le siège avait duré quarante jours. Après le premier soulèvement, ‘Othmân avait continué à présider aux prières pendant plus de trois semaines, et par la suite, il s’était enfermé dans son palais en raison de l’attitude violente des insurgés et du renforcement de l’encerclement. Les nouvelles parvenues aux insurgés, et faisant état de la demande de secours envoyée par le Calife aux provinces, doublées de l’incident ci-dessus relaté, poussèrent les rebelles à précipiter les choses afin de terminer leurs opérations. Selon Major Price: «Pendant le siège, l’un des Compagnons du Prophète s’avança et demanda que ‘Othmân apparaisse sur la terrasse, car il avait quelque chose à son avantage qu’il voulait lui communiquer».
Le Calife consentit et la conférence fut ouverte. Alors, l’un des assiégés sortit subitement son arc et tira à partir de l’un des remparts du palais, tuant le conseiller officieux sur-le-champ. Les assiégeants se mirent à vociférer et exigèrent que le meurtrier leur fût livré, mais ‘Othmân refusa fermement, déclarant que ceux dont le seul crime était le loyalisme et la dévotion ne devaient jamais subir une punition. Mais l’issue de l’épreuve de force fut considérablement hâtée par cet acte de trahison gratuit. Les assaillants mirent donc le feu aux entrées du palais et firent irruption avec férocité à travers les portes en passant par les toits à terrasse.
D’un autre côté, Marwân et Sa’îd Ibn al-‘Âç, à la tête de cinq cents soldats, s’étaient préparés à faire l’accueil qui convenait aux rebelles. Le vieux Calife s’efforça de dissuader ses partisans de toute résistance inutile. Entre-temps, les insurgés avaient frayé leur chemin à l’intérieur du palais, et une courte et sanglante épreuve de force s’engagea dans les cours.
Marwân, qui était debout et bien en évidence à la tête de ses hommes, reçut un coup de cimeterre qui lui fit perdre conscience, alors que Sa’îd fut obligé, peu après, par une blessure de quitter cette scène de sang et d’outrage. Le combat faisait néanmoins rage avec la même férocité jusqu’à ce que Mohammad, le fils d’Abû Bakr, pénétrant dans l’appartement où ‘Othmân était assis, les yeux fixés intentionnellement sur les pages sacrées du Coran. Il saisit son souverain par la barbe, mais ‘Othmân ayant évoqué la mémoire de son père, il se retira sans lui faire plus de mal.
Kinânah, le fils de Bochr, entra par la suite dans la chambre et s’apprêtait à le frapper, mais plusieurs autres y firent irruption avec des épées nues et firent couler le premier sang du monarque sans défense. Nâ’ilah, la femme de ‘Othmân, se jeta sur son mari et s’efforça de parer les coups de cimeterre, mais dans ces efforts de tendresse elle perdit les doigts de la main et le malheureux Calife expira bientôt sous les coups incessants.
Trois jours s’écoulèrent avant que les meurtriers n’autorisent l’inhumation de son corps. C’est grâce à l’intercession de ‘Alî que cette autorisation fut obtenue finalement. Et ayant placé son corps sur l’une des portes du palais qu’ils arrachèrent et utilisèrent en guise de civière, ils enfouirent ses restes mutilés dans un recoin, entre la fosse commune de Médine et celle des Juifs, trois hommes des Ançâr ayant insisté pour que son corps ne soit pas laissé parmi ceux des vrais croyants. Toutefois, plus tard, Mu’âwiyeh transférera le tombeau dans le cimetière musulman.
‘Othmân fut assassiné à l’âge de quatre-vingt-deux ans, le 18 Thilhajh, 35 H., après avoir régné pendant onze ans, onze mois et quatorze jours.
Salmân al-Fârecî
A la fin du règne de Othmân, au cours de l’année 35 H., Salmân al-Fârecî, qui était reconnu comme un membre de la famille du Prophète, mourut à l’âge de deux cent cinquante ou (selon certaines sources) de trois cent cinquante ans.
Notes:
- “Madârij al-Nubuwwah”; “Rawdhat al-Ahbâb, cité par Zakir Hussayn dans “History of l’Islam”.
- “Habîb al-Sayyâr”; “Kifâyat al-Tâlib”.
- ‘Alî lbn Abî Tâlib, le neveu de ‘Abbâs, réprimanda sévèrement et dans des termes mordants son oncle, lequel rétorqua: «Vous attaquez nos mauvaises actions, mais vous ne donnez pas de crédit à nos bonnes actions: Nous libérons les captifs, nous ornons la Ka’bah, nous rendons régulièrement visite au Saint Edifice et nous entretenons les pèlerins en leur fournissant eau et nourriture». Ceci donna lieu à la révélation des passages suivants du Coran: «Placerez-vous celui qui donne à boire aux pèlerins et qui est chargé du service de la Mosquée Sacrée au même rang que celui qui croit en Dieu et au Jour Dernier et qui lutte dans le chemin de Dieu? Ils ne sont pas égaux devant Dieu: Dieu ne dirige pas les gens malfaisants» (Sourate al-Tawbah, 9: 19). Voir “Al-Baydhâwî”.
- “Habîb al-Sayyâr”.
- “Ibn Hichâm”.
- “Târîkh al-Khamîs”.
- “Rawdhat al-Ahbâb”.
- “Habîb al-Sayyâr (ou al-Siyâr)”.
- “Ibn al-Athîr”; “Ibn Hichâm”; “Al-Tabarî”.
- “Ibn al-Athîr: “Ibn Hichâm”; “Al-Tabarî”.
- “Ibn al-Athîr”; “Tarîkh al-Khamîs”.
- “Al-Tabarî”; “Târîkh al-Khamîs”; “Al-Tafsîr al-Kabîr”; “Minhâj al-Nubuwwah”.