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Naissance et Famille : le «Fils du Prophète (A)(1) »
L’Imam Abou Mohammad AL-HASSAN Ibn (fils de) ‘Alî Ibn Abî Tâlib est le premier fils de:
– L’Imam ‘Alî, cousin du Prophète et son plus fidèle compagnon et soutien, et
– de Fâtimah al-Zahrâ’, la “Meilleure Fille” du Prophète et la “Maîtresse des Femmes des Mondes” selon les propres termes du Messager de Dieu (A).
Il est donc le fruit d’un couple béni dont l’union s’est réalisée sur ordre de Dieu et dont les descendants ont reçu par anticipation les bénédictions exceptionnelles du Messager de Dieu (A).
En effet, alors que les Compagnons se succédaient chez le Prophète pour lui demander la main de sa fille Fâtimah al-Zahrâ’, en raison de la position sublime qu’elle occupait selon le critère du Message, son père récusait systématiquement toute demande en mariage la concernant.
Lorsque l’Imam ‘Alî apprit comment le Messager de Dieu opposait son refus à tous les prétendants, il décida de la demander en mariage pour lui-même. Avant d’aller voir le Prophète pour lui faire part de son désir, l’Archange Gabriel l’avait précédé chez ce dernier pour lui annoncer l’ordre de Dieu de marier Fâtimah à ‘Alî.
Cet Ordre divin avait été révélé au Prophète selon al-Tabari dans ces termes: «… Ô Muhammad! Dieu, Le Très-Haut, lit sur toi le salut et t’annonce: “J’ai marié ta fille Fâtimah à ‘Alî Ibn Abî Tâlib dans le monde sublime, marie-la lui donc sur la terre”».(2)
Quand l’Imam ‘Alî frappa à la porte d’Om Salma chez laquelle se trouvait le Prophète, celui-ci lui donna la permission d’entrer et le fit s’asseoir à côté de lui et lui dit:
«Je vois que tu viens pour me demander quelque chose. Dis-moi ton besoin et exprime ce que tu désires. Tout ce que tu me demandes sera exaucé…»
Lorsque le Prophète apprit que ‘Alî était venu lui demander la main de sa fille, une expression de joie se dessina sur son visage et il entra chez Fâtimah pour la mettre au courant. C’était là une façon de fixer un usage islamique selon lequel le mariage devrait reposer sur le consentement des deux conjoints pour fonder une famille unie par la cohésion, l’amour et l’entente.
Le Prophète dit à sa fille:
«’Alî Ibn Abî Tâlib est quelqu’un dont tu connais les liens de parenté (avec moi), ses bons antécédents et sa ferveur islamique. Il m’a parlé de toi. Qu’en penses-tu?»
Une expression de timidité s’empara de son visage. Un silence s’installa. Le Prophète (A) regardait les traits de son visage et y lut un consentement manifeste. Il sortit de chez elle en répétant du fond du cœur: «Allâhu Akbar… Son silence est le signe de son consentement».
Revenant chez ‘Alî, il lui dit: «Possèdes-tu quelque chose pour le mariage?». Là encore, il voulait laisser à la Ummah un jugement jurisprudentiel selon lequel l’homme doit offrir un cadeau de mariage à sa femme. L’Imam ‘Alî ne possédait qu’une épée, un chameau et une cuirasse. Il le fit savoir au Prophète, lequel lui dit:
«Quant à ton épée, elle t’est indispensable; par elle tu mènes le Djihâd et tu combats les ennemis de Dieu. Pour ce qui concerne ton chameau, il te sert à apporter l’eau à tes dattiers et à ta famille, et à porter tes bagages pendant tes voyages».
Le Prophète lui interdit donc de se séparer de son épée et de son chameau, lui suggérant de se contenter de revendre sa cuirasse que le Messager lui avait offerte, pour se protéger contre les coups des ennemis.
L’Imam ‘Alî offrit au Prophète l’argent qu’il avait pu obtenir de la vente de sa cuirasse pour qu’on achète ce qu’il fallait pour le mariage. Le Prophète répartit la somme entre Bilâl, Salmân et Om Salmâ et les chargea de faire les achats nécessaires.
Le Messager de Dieu désirait faire part aux Musulmans des fiançailles de l’Imam ‘Alî et de Fâtimah al-Zahrâ’. Il invita quelques-uns de ses proches à assister aux cérémonies du mariage et il leur fit ce prône:
«Louanges à Dieu, loué pour Son Bienfait, obéi pour Son Pouvoir (…). Dieu m’a ordonné de marier Fâtimah, Fille de Khadijah à ‘Alî, Fils d’Abî Tâlib. Témoignez donc que je l’aurai marié contre un cadeau de mariage de 400 atomes (mithqâl) d’argent, s’il y consent».
Puis, il ordonna qu’on apportât un plateau de dattes et invita l’assistance à en manger.
Ce faisant, ‘Alî entra chez le Prophète, lequel lui sourit et dit:
«Dieu m’a ordonné de marier Fâtimah à toi contre quatre cents atomes d’argent, si tu y consens».
‘Alî répondit: «J’y consens».
Le Prophète dit alors:
«Que Dieu vous unisse, (…) qu’IL vous bénisse et qu’IL vous fasse engendrer une descendance nombreuse et bonne». (3)
Lorsque, un mois plus tard le Prophète apprit que l’Imam ‘Alî désirait consommer le mariage et commencer la vie conjugale, il lui demanda d’organiser un festin à l’intention des croyants, festin à la préparation duquel les femmes du Prophète veillèrent elles-mêmes. Puis le Messager de Dieu ordonna à Om Salmâ et aux autres femmes de conduire l’épousée dans un cortège nuptial jusqu’à la maison de l’Imam ‘Alî. Une constellation de croyants conduits par le Prophète se forma pour manifester sa joie au cri d’ “Allahu Akbar”. Les femmes du Prophète chantèrent des hymnes et exultèrent cette occasion.
Après la cérémonie des noces, le Prophète vint auprès de l’Imam ‘Alî pour lui adresser ses félicitations:
«Que Dieu te bénisse par la fille du Messager de Dieu».
Puis, il prit un récipient d’eau qu’il bénit de quelques Paroles de Dieu et demanda à ‘Alî et à Fâtimah d’en boire. Il arrosa ensuite leur visage et leur tête de quelques gouttes de cette eau, et s’adressant à Dieu, il pria à leur intention:
«Mon Dieu, ce sont les deux êtres que j’aime le plus parmi la création. Bénis donc par moi leur descendance et fais-les escorter par un gardien de Ta part. Je les place ainsi que leur progéniture sous Ta Protection contre Satan le réprouvé». (4)
Ce mariage voulu par Dieu et béni avec tant d’attention et de joie par le Prophète, donnera lieu bientôt à une première naissance à laquelle le Messager de Dieu ne manqua pas de jubiler.
En effet, le premier descendant de la Maison du Prophète naquit au milieu du mois béni de Ramadân en l’an 3 de l’Hégire à Médine.
Lorsque Fâtimah al-Zahrâ’ proposa à l’Imam ‘Alî de donner un nom au nouveau-né, il lui dit qu’il ne pouvait pas se permettre de devancer le Messager de Dieu dans cette tâche. (5)
C’est que l’Imam ‘Alî savait d’ores et déjà que le Prophète considérait ce premier enfant de sa fille comme son propre fils et combien cette naissance lui tenait à cœur.
La bonne nouvelle parvint au Prophète. Exultant de joie, il se rendit chez sa fille pour exprimer sa réjouissance et féliciter le couple bienheureux. Om Salmâ – ou Asmâ’ Bint ‘Umays selon certaines sources – apporta l’enfant et le présenta au Prophète, lequel le prit dans ses mains, l’embrassa et l’étreignit. Puis il récita l’azan(6)dans son oreille droite, l’iqâmah(7) dans son oreille gauche, afin que la voix du Vrai soit la première chose qui parvienne à son ouïe.
Puis, s’adressant à l’Imam ‘Alî, il lui demanda:
– Quel prénom as-tu donné à “mon” fils?
– Je n’aurais pas osé t’y précéder, répondit l’Imam ‘Alî.
– Pas plus que moi-même je n’oserais y précéder mon Seigneur! (8)
Ce dialogue entre le Prophète et son héritier présomptif n’était pas encore tout à fait terminé que la révélation divine parvint au Messager de Dieu l’informant que le Créateur avait nommé le nouveau-né “Hassan”(9). Il est à noter que le nom “al-Hassan” était inconnu dans la jahiliyyeh (le pré-islam) et signifie le “Bienveillant” (voir Fadhlullâh, op. cit.. 14, citant “Asad al-Ghâbah”).
Le septième jour de la naissance d’al-Hassan le Prophète revint chez Fâtimah al-Zahrâ’ pour parachever les rites. Il égorgea un mouton dont il donna un quartier à la sagefemme – en plus d’un dîner – en témoignage d’estime pour ses efforts. Ensuite il rasa la tête du nouveau-né et offrit en aumône une quantité d’argent équivalent au poids des cheveux coupés. Puis, il enduisit la tête de l’enfant d’un parfum (Khalouq) à dominante de safran (annonçant à cette occasion l’interdiction de la coutume jahilite consistant à enduire la tête de l’enfant de sang). II ordonna enfin, que l’on procède à la circoncision du nouveau-né.
L’ensemble des rites que le Messager pratiqua à l’occasion de la naissance de son petit-fils seront désormais des Traditions que les Musulmans suivront.
Notes:
1- Abréviation de la formule de révérence: “Aallâllâhu ‘alayhi wa Alihi wa sallam” (Dieu prie sur Muhammad et sa Famille, et les salue) que les Musulmans prononcent chaque fois qu’ils évoquent le nom du Prophète.
2-Muhib al-Dîn al-Tabarî, “Thakhâ’ir al-‘Oqbâ fî Manâqib Thawil Qorbâ”, p. 32, éd. 1387 H. (1967).
3- Muhib al-Tabarî, “Thakhâ’ir al-‘Oqbâ fî Manâqib Thawil Qorbâ”, op. cit., p. 30.
4- “Achya’ min Hayât al-Imâm al-Hassan Ibn ‘Alî”, Dâr al-Tawhîd, p. 13, citant al-Tabarî, op. cit.
5- Mohammad Jawâd Fadhlullâh, “Aulh al-Imam al-Hassan: (Ses causes et ses conséquences)”, Dâr al-Ghadîr, Beyrouth, 1ère éd., 1392 H., (1973), p. 14.
6- Récitations annonçant et précédant la Prière.
7- Récitations annonçant et précédant la Prière.
8-“Thakhâ’ir al-‘Oqbâ” de M. al-Tabarî, p. 120, op. cit. (cité par: “Achi’ah min Hayât al-Imam al-Hassan Ibn ‘Alî”, Dâr al-Tawhid, Kowait, l’ère éd, 1400 H (1980), p. 14.
9- Voir:
– “Ahl-Elbayt – L’Imam al- Hassan”, Tawfîq Abu ‘Alam, p. 264, éd. 1970;
– “Al-Majâlis al-Saniyyah”, tom II, Sayyed Muhsin al-Amin al-‘Amilî.