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La Réalité historique
La discorde au sujet de la détention (légitime) du pouvoir en Islam commença avec la mort du Prophète (SAW). Celui-ci venait d’accorder la bannière d’une expédition militaire pour le Shâm, à son mawlâ’ Ussâmah b. Zayd dont le père y fut tué par les romains. Le jeune chef fut donc nommé à la tête d’une armée qui comportait d’éminents Muhâjirîne (Immigrés) et Ançars (Alliés de Médine), dont Abû Bakr, ‘Umar b. al-Khattâb, Abû ‘Ubaydah, Sa’d b. Abî Waqqâs, Sa’îd b. Zayd … Cette armée stationna alors au Jarf, une banlieue de Médine. D’aucuns se demandaient comment le commandement sur al- Muhâjirîne et al-Ançars fut assigné à un jeune homme (de vingt ans). Cette parole provoqua une grande colère chez le Prophète (SAW) qui, la tête bandée et le corps couvert d’une étoffe, dut s’adresser aux gens et dire: «Quelle est cette parole qui m’est parvenue de certains d’entre vous au sujet du commandement accordé à ‘Ussâmah? Comme vous avez auparavant critiqué l’assignation de son père à la tête de l’expédition, alors qu’il en était digne, vous faites de même pour le fils qui mérite, je vous l’assure, d’être nommé à ce poste».
Après, ceux qui étaient là parmi les effectifs de l’expédition susmentionnée, venaient dire au revoir au Prophète avant d’aller rejoindre le corps de l’armée. Tout en étant de plus en plus souffrant, le Prophète (SAW) ordonnait d’expédier le détachement d’Ussâmah. Le dimanche, la maladie du Prophète (SAW) devint plus forte. Lundi, quand Ussâmah ordonna néanmoins à l’armée de se préparer au voyage, l’information vint de Médine que le Messager d’Allah (SAW) était mourant. Ussâmah, ‘Umar et Abû ‘Ubaydah revinrent alors à Médine.(1)
L’ordre d’écrire le testament du Messager d’Allah (SAW)
Selon le récit d’Ibn ‘Abbâs: «Quand le Prophète (SAW) allait mourir et qu’il y avait dans la même pièce que lui des hommes dont ‘Umar b. al-Khattab, il (le Prophète) dit: «Qu’on m’apporte (un feuillet) pour vous écrire ce qui vous préservera de l’égarement». ‘Umar, alors, répliqua: «Le Prophète souffre beaucoup et vous avez le Livre d’Allah. Le Livre d’Allah nous suffit».
»Comme ceux qui étaient présents n’arrivaient pas à s’entendre et se partagèrent entre l’opinion de ‘Umar et l’ordre du Prophète, celui-ci, devant leur discussion de plus en plus hurlante et confuse, leur dit: «Sortez et laissez-moi car la discorde ne peut être de mise auprès de moi». (2)
Après cet incident, Ibn ‘Abbâs ne cessait de dire: «La calamité, toute la calamité, réside dans ce fait d’empêcher le Messager d’Allah, par leur discorde en sa présence, de leur remettre cet écrit». (3)
L’attitude du calife ‘Umar face à la mort du Prophète
Le Prophète (SAW) mourut un lundi à midi. Abû Bakr n’y était pas. Il était à Sinh. ‘Umar qui était là demanda l’autorisation de le voir. Il entra alors en compagnie d’Al-Mughîrah b. Shu’bah, découvrit le visage du Prophète (SAW) et s’écria: «Quel évanouissement le Messager d’Allah a subi!». Al- Mughîrah répliqua: «Je jure par Allah que Son Messager est mort». ‘Umar lui rétorqua: «Tu mens. Il n’est pas mort. Tu n’es qu’un homme soumis à une tentation! Le Messager d’Allah ne mourra qu’après l’extinction des hypocrites». (4)
‘Umar continuait à dire: «Des hommes parmi les hypocrites prétendent que le Messager d’Allah est mort. Or il n’en est rien. Il s’est simplement rendu auprès de Son Seigneur comme l’avait fait Mussa (Moïse) avant lui pendant quarante nuits. Je jure par Allah que Son Messager reviendra et coupera des mains et des pieds de ceux qui prétendent qu’il est mort». (5) «Avec mon épée, j’abattrai quiconque prétend que le Prophète est mort. Il est simplement monté au ciel». (6)
On lui récita alors ce verset: «Muhammad n’est qu’un Messager; des Messagers ont vécu avant lui. Retournerez-vous sur vos pas, s’il mourait ou s’il était tué?» (V. 144/III) (7)
Al-‘Abbâs b. Abdul-Muttalib (l’oncle du Prophète) dit alors: «Le Messager d’Allah est certes mort. J’ai vu sur son visage ce que j’ai toujours vu à leur agonie sur les visages des fils de ‘Abdel-Muttalib. A sa mort, le Prophète a-t-il testé devant quelqu’un parmi vous, dites, que l’on sache!» Ils répondent, non. Il conclut alors: «Soyez en témoins». (8)
Pourtant, ‘Umar continuait à parler, à écumer jusqu’à ce qu’Abû Bakr revînt de Sinh et lût: «Muhammad n’est qu’un Messager…», le verset précédent ‘Umar demanda alors : «Ce verset figure-t-il dans le Livre d’Allah?». Oui, répondit Abû Bakr. ‘Umar se tut alors. (9)
La “Saqîfah” et le serment d’allégeance prêté à Abû Bakr
A ce sujet, At-Tabarî(10) rapporte ceci: «Les Ançars se réunissent au préau de Banî Sâ’idah (la Saqîfah) alors que la famille du Prophète (SAW) s’occupait de sa dépouille mortelle. Ils dirent: «Après Muhammad (SAW), nous chargeons Sa’d b. ‘Ubâdah du pouvoir (politique)». On le leur amena malade …. Quand il prit la parole et après avoir loué Allah, il rappela la primauté d’al-Ançar dans le domaine religieux, leur mérite en Islam, la puissance qu’ils avaient donnée au Prophète et à ses Compagnons, et leur jihâd contre les ennemis, un jihâd qui a duré jusqu’à ce que les Arabes allassent droit. Le Prophète est resté, jusqu’à sa mort, satisfait d’eux. «Accaparez donc ce pouvoir …», ordonna-t-il.
Tous répondirent: «Tu as bien vu et bien dit; nous pensons comme toi et nous t’en investissons». Par après, les Ançars ont discuté et dit: «Si les immigrés Quraychites protestaient en disant: ce sont nous les Muhâjirîne, les premiers Compagnons du Prophète, sa tribu et ses alliés; pourquoi alors nous disputez-vous son pouvoir (après lui)? Nous rétorquerions alors, répondit une fraction d’entre eux, “un prince de nous et un prince de vous!”». Sa’d b. ‘Ubaydah répliqua alors: «Ce que vous venez de dire est le début de votre faiblesse». (11)
Abû Bakr et ‘Umar eurent écho de cette réunion et se hâtèrent d’y aller en compagnie d’Abî ‘Ubaydah b. al-Jarrâh, ‘Ussayd b. Hudayr, ‘Uwaym b. Sâ’idah et ‘Âçim b. Adiy des Banî ‘Ajlân. (12)
Une fois arrivé, Abû Bakr empêcha ‘Umar de parler, prit la parole et, après avoir loué Allah, rappela aux assistants la primauté d’al-Muhâjirîne sur tous les Arabes quant à la foi qu’ils avaient eue en le Prophète (SAW): «Ils (al-Muhâjirîne) sont les premiers à avoir adoré Allah sur terre, cru en Son Messager dont ils sont les alliés et le clan. Ce sont eux qui ont le plus droit à ce pouvoir; ne le leur disputera qu’un homme injuste». Abû Bakr ajouta aussi: «Après les premiers Muhâjirîne, personne n’a votre rang. Nous sommes donc les princes et vous les ministres». Al-Hubâb b. al-Mundhir se tint alors debout et dit: «Ô les Ançars, prenez vos affaires en mains et sachez que les gens sont chez vous, sous votre ombre. Personne ne pourra vous contrarier mais si vous vous opposiez votre position se gâterait et votre situation serait intenable. Si ces gens persistent… un prince sera de nous et un prince sera d’eux».
‘Umar répliqua: «Loin de là! Deux (épées) ne sauraient tenir en un seul étui … Par Allah, les Arabes n’accepteront pas de vous investir alors que leur Prophète vient d’un autre clan que le vôtre. Par contre, ils n’hésiteront pas à le faire au profit de ceux dont la prophétie émana. Sur nos adversaires nous avons l’argument manifeste et la probation évidente. Qui osera nous disputer le pouvoir de Muhammad et Sa place alors que nous sommes ses alliés et son clan, à moins qu’il s’agisse d’un homme parlant faux ou se précipitant dans le péché ou s’engouffrant dans une calamité». (13)
Al-Hubâb b. al-Mundhir reprit la parole et dit: « Ô les Ançars, gardez vos mains et n’écoutez pas ce que disent cet homme et ses compagnons, sinon votre part en cette affaire sera usurpée. S’ils refusent ce que vous leur proposez, chassez-les de ce pays et emparez-vous de ces questions car, par Allah, vous en êtes plus dignes qu’eux. C’était avec vos épées que tout rebelle à cette religion s’y était finalement soumis. Sachez que je suis un as en cette affaire! Si, par Allah, vous le voulez bien, on l’attisera de plus belle!»
‘Umar répliqua: «Allah te tuerait alors!»
Al-Hubâb répondit: «C’est toi qu’IL tuera!»
Abû Ubaydah prit la parole et dit: «Ô les Ançars! Vous étiez les premiers à soutenir et à aider; ne soyez pas alors les premiers à changer et à altérer!»
Bachîr b. Sa’d al-Khazrajî, Abûn-Nu’mân b. Bachîr se tint alors debout et dit: «Ô les Ançars! Certes, par Allah, nous avons eu le mérite de combattre les polythéistes, notre primauté en cette religion est évidente mais notre but était l’agrément d’Allah, l’obéissance à notre prophète et servir notre propre intérêt. Il ne convient pas donc d’en user pour avoir le dessus sur les gens ou avoir quelque profit de ce bas-monde. A nous ce qu’Allah nous accorde de biens. Muhammad (SAW) est originaire de Quraych; les siens sont donc les ayants droits. Je jure par Allah qu’il ne me verra jamais leur disputer ce droit. Craignez donc Allah et ne vous opposez pas à eux!»
Abû Bakr dit alors: «Voici ‘Umar, voici Abû ‘Ubaydah, prêtez allégeance à l’un de ces deux hommes!»
Ceux-ci dirent alors: «Par Allah, nous ne prendrons jamais le pas sur toi …»
A son tour, ‘Abdur-Rahman b. ‘Awf se tint debout et dit: «Ô les Ançars! Bien que vous soyez méritants, il n’y a pas parmi vous des hommes tels qu’Abû Bakr, ‘Umar et ‘Ali».
Al-Mundhir b. al-Arqam répliqua alors: «On ne nie pas le mérite de ceux que tu as cités puisque l’un d’eux aurait l’unanimité pour lui s’il venait à se proposer-il», fit allusion à ‘Ali b. Abî Tâlib. (14) Les Ançars ou certains parmi eux disent alors: «Nous ne prêtons allégeance qu’à ‘Ali».
Quand l’assemblée devint houleuse et que les voix s’élevaient, je craignis, raconta ‘Umar, la discorde et déclarai (à l’intention d’Abî Bakr): «Tends la main que je te prête serment d’allégeance!» A ce moment-là Bachîr b. Sa’d les devança et prêta allégeance à Abî Bakr. Al-Hubâb b. al-Mundhir interpella alors: «Ô! Bachîr b. Sa’d, tu as trahi, as-tu envié ton cousin au sujet du poste suprême?» L’autre répondit: «Non, par Allah mais je n’ai pas voulu disputer aux gens le droit qu’Allah leur a accordé».
Quand Al-Aws (l’une des deux tranches d’al- Ançars, l’autre étant al-Khazraj) réalisèrent ce que fit Bachîr b. Sa’d, les revendications de Quraych et l’ambition d’al-Khazraj à l’investiture de Sa’d b. ‘Ubâdah, ils se disent parmi-eux il y avait ‘Ussayd b. Hudayr l’un des chefs délégués – : «Par Allah! si al- Khazraj ont une fois le dessus sur vous, ils prendront pour toujours le pas sur vous et ils ne vous concéderont jamais rien! Allez donc prêter serment d’allégeance à Abû Bakr!».
Ils se levèrent alors et prêtèrent serment d’allégeance. Les gens vinrent ensuite, de toute part, pour faire de même. Le projet de Sa’d b. ‘Ubâdah et d’al-Khazraj avorta enfin et Sa’d faillit être piétiné. Des gens de son camp demandèrent: «Faites attention à Sa’d, ne le piétinez pas!»
‘Umar rétorqua: «tuez le, qu’Allah le tue!»
Ensuite ‘Umar se tint debout près de sa tête et lui dit: «J’allais te piétiner tout à l’heure jusqu’à te faire crever!».
Qays b. Sa’d, (le fils du prétendant malade) saisit alors la barbe de ‘Umar et lui dit: «Par Allah, si tu avais fait tomber un cheveu de sa tête, tu ne serais pas revenu chez toi avec une dent, dans ta bouche!»
Abû Bakr intervint en disant: «Vas-y doucement ô ‘Umar! Ici la douceur est la plus efficace!». (15)
Sa’d reprit à l’adresse de ‘Umar et lui dit: «Par Allah, si j’avais encore mes forces, si je pouvais me lever, tu entendrais à travers ses régions (de Médine) et ses rues le rugissement qui vous ferait entrer dans votre trou, toi et tes compagnons! Tu aurais alors rejoint les tiens, là où tu n’étais pas suivi mais subalterne; emmenez-moi d’ici …». (16)
Al-Jawharî (Abû Bakr) rapporte dans son livre As-Saqîfah, que ‘Umar s’était au moment de l’allégeance prêtée à Abû Bakr, retroussé et accourait devant Abî Bakr en répétant: «Les gens ont effectivement prêté serment d’allégeance à Abû Bakr …!» (17)
Ce dernier fut alors conduit à la Mosquée pour que l’allégeance y continuât. Al-‘Abbâs et ‘Ali qui n’avaient pas encore achevé le lavage rituel du Prophète (SAW) entendirent le Takbîr (la glorification d’Allah) dans la Mosquée. ‘Ali demanda: «Qu’est-ce que c’est?» Al-Abbâs répondit: «C’est du jamais vu! Ne t’avais-je pas dit …?» (18)
L’annonciateur
Al-Barâ’b b. ‘Âzib frappa à la porte de Banî Hâchim et leur annonça la nouvelle de l’allégeance prêtée à Abî Bakr. Certains d’entre eux dirent: «Les Musulmans n’auraient pas dû entreprendre quoi que ce soit en notre absence puisque nous sommes les plus dignes de Muhammad (SAW)». Al-‘Abbâs dit aussi: «Par le seigneur de la Ka’bah! Ils l’ont fait»
C’est que les Muhâjirîne et al-Ançars, dans leur majorité, ne doutaient pas que le pouvoir suprême après le Messager d’Allah, allât être dévolu à ‘Ali. (19)
At-Tabarî rapporte aussi à ce sujet que la tribu “Aslam” entra en grand nombre à Médine, au moment de la réunion d’As-Saqîfah, et prêta serment d’allégeance à Abû Bakr. Content, ‘Umar dit alors: «Quand j’ai vu “Aslam” surgir, j’ai cru, à coup sûr, en la victoire». (20)
Quand l’allégeance fut prêtée à Abû Bakr, les gens le conduisaient (tel un homme en cortège nuptial) à la Mosquée du Messager d’Allah (SAW). Abû Bakr monta alors sur la chaire du Prophète (SAW) et reçut l’allégeance des gens jusqu’au soir; c’est-à-dire que cela leur a fait oublier l’inhumation de la dépouille du Prophète (jusqu’au soir du mardi). (21)
L’allégeance générale
Le lendemain, Abû Bakr s’assit sur la chaire. ‘Umar prit alors la parole avant Abû Bakr, loua Allah, reconnut que ses paroles de la veille n’étaient ni du Coran ni du Prophète qui leur légua le Livre d’Allah, qui les guiderait s’ils s’y accrochaient et ajouta enfin qu’Allah les a réunis autour du meilleur d’entre eux, le Compagnon du Messager d’Allah «tous deux dans la grotte» (V. 40/IX): «Levez-vous donc, continua ‘Umar, et prêtez-lui serment d’allégeance!». Ce fut alors l’allégeance générale après celle (restreinte) de la Saqîfah (le préau). Comme le précisa Al-Bukhârî dans son Sahîh (Tom. 4, p. 165). L’initiative de ‘Umar qui incita Abû Bakr à monter sur la chaire du Prophète est rapportée par Anas b. Malik.
Ensuite Abû Bakr donna son discours. Après les louanges adressées à Allah, il dit: «On m’a chargé d’exercer le pouvoir sur vous sans être meilleur que vous. Si j’agis bien aidez-moi, sinon corrigez moi … Obéissez-moi tant que j’obéis à Allah et à Son Messager. Si je désobéis à Allah et à Son Messager je perdrai tout droit à votre obéissance. Levez-vous pour accomplir votre prière, qu’Allah vous accorde Sa Miséricorde». (22)
Après l’allégeance générale
Selon Ibn Sa’d, le Messager d’Allah mourut un lundi juste après midi mais les gens s’étaient occupés à autre chose que son inhumation(23) et ce, jusqu’à mardi soir. (24) Ces occupations étaient d’abord les discours de la Saqîfah puis la première allégeance prêtée à Abû Bakr et celle de la Mosquée, accompagnée de son discours et celui de ‘Umar. Après tout cela, les gens se sont intéressés aux opérations funèbres relatives à la dépouille du Prophète (SAW). Les gens sont entrés alors par groupes pour faire sur lui, sans imam, la prière rituelle (qui procède l’enterrement).
L’inhumation du Messager d’Allah (SAW) – ceux qui y étaient présents
Al-‘Abbâs, ‘Ali, Al-Fadl et Sâlih, son serviteur, qui s’étaient chargés de son lavage, le portèrent. Sur la quatrième personne, les récits divergent, était-ce Sâlih, Shaqrân ou Ussâmah b. Zayd? (25)
Selon une version rapportée dans Kanz al-‘Ummâl, Abû Bakr et ‘Umar n’assistèrent pas à l’enterrement du Prophète (SAW). (26)
Aïcha rapporte ceci: «On n’a appris l’inhumation du Messager qu’après avoir entendu la nuit le crissement des pelles. C’était la veille de mercredi». (27)
Selon Ibn Sa’d, seuls les proches du Prophète (SAW) s’étaient chargés de son inhumation. Banu Ghanm entendirent chez eux le crissement des pelles. (28)
Après l’inhumation du Messager (SAW)
Sa’d b. ‘Ubâdah et ses partisans avaient donc échoué. ‘Ali et son groupe sont devenus une minorité. Ils se chamaillaient avec le parti victorieux d’Abû Bakr. Les uns et les autres œuvraient pour s’attirer la sympathie des Ançars.
Az-Zubayr b. Bakkâr rapporte dans Al-Muwaffaqiyât qu’après l’investiture d’Abû Bakr, beaucoup d’ançarites regrettèrent de lui avoir prêté allégeance, s’en blâmaient, évoquèrent ‘Ali b. Abî Tâlib et l’acclamèrent. (29)
Al-Ya’qûbî rapporte que des Muhâjirîne et des Ançars refusèrent, toutefois, de prêter allégeance à Abû Bakr et penchaient pour ‘Ali b. Abî Tâlib. Parmi eux, il y eut Al-‘Abbâs b. ‘Abdel-Muttalib, Al-Fadl b. ‘Abbâs, Az-Zubayr b. al-‘Awwâm, Khâlid b. Sa’îd, Al-Miqdâd b. ‘Amru, Salmâm al-Fârissî, Abû Dhar al- Ghifârî, ‘Ammâr b. Yâssir, Al-Bara’ b. ‘Azib, ‘Ubay b. Ka’b …
Abû Bakr fit venir alors ‘Umar, Abu ‘Ubaydah b. al- Jarrah et Al-Mughîrah b. Shu’bah et les consulta: «Que faire?»
Al-Jawhari rapporte qu’Al-Mughîrah b. Shu’bah conseille à Abû Bakr d’aller voir Al-‘Abbâs b. Abdel-Muttalib, et de lui concéder une part du pouvoir, qu’il léguerait à sa postérité. «Ainsi, ajouta Al-Mughîrah, vous isolerez ‘Ali b. Abî Tâlib et votre argument sera très fort vis à vis de ‘Ali».
La nuit, Abû Bakr, ‘Umar, Abû ‘Ubaydah, Al- Mughîrah sont allés voir Al-‘Abbâs qui, après avoir compris leur proposition, les récusa.
Notes:
- Résumé de ce que rapporta Ibn Sa’d dans At-Tabaqât, éd. Beyrouth, 2/190-192. Voir aussi le même chapitre dans “Abdullah b. Saba'”.
- Al-Bukhârî, op. cit., “Livre de la science”, 1/22, 23
- Al-Bukhârî, op. cit., “Livre d’al-I’tiçâm”, des malades Muslim, (op.cit) “Livre de Testament”. Voir aussi notre Livre, Abdullah b. Saba’, 1/101
- Ahmed (Musnad), op.cit, ainsi que toutes ses sources dans ‘Abdullâh Ibn Saba’, 1/102-103.
- At-Tabarî, op. cit., Histoire …, 1/1818
- Abî-l-Fidâ’, Târîkh, éd. d’Europe, 1/164
- Ibn Sa’d, Tabaqât, 2/57; Ibn Kathîr, Histoire, 5/243; Kanzul, ‘Ummal, 4/53, h/1092; Al- Bâqilânî, At-Tawhîd, pp. 192-193
- Ibn Sa’d, Tabaqât, 2/57; Ibn Kathîr, Histoire, 5/243; As-Sirah Al-Halabiyyah, 3/390; Kanzul, ‘Ummal, 4/53, h/1092; Al- Bâqilânî, At-Tawhîd, pp. 192-193
- Ibn Sa’d, op. cit., 2/54; At-Tabarî, op. cit., 1/1817,1818; Ibn Kathîr, op. cit., 5/343; Ibn Mâjah op. cit., h/1627.
N.B: le verset cité par Abû Bakr devant ‘Umar était le même qu’Ibn Ummi Maktûm avait récité avant lui. Selon les historiens, seul ‘Umar avait semé le doute sur la mort du Prophète (SAW)
Ce récit est extrait de l’histoire d’At-Tabarî, “Les événements d’après la mort du prophète”. Les détails de ce récits figurent aussi dans notre livre, ‘Abdullah b. Saba’, tom. 1.
- At-Tabarî, Histoire, “Les événement de l’an 11 h.”, 2/456, récit à partir de ‘Abdullah b. Abder-Rahmân b. Abî ‘Amrah al-Ançârî; Ibn al-Athîr, Al Kâmil, 2/125; Ibn Qutaybah, Târikhul-Khulafâ’, 1/5; Al-Jawharî, Abû Bakr, “As-Saqîfah”, T: 2.
- Al-Tabarî dans sa mention des événements de l’an 11 h., 2/456, et édition d’Europe 1/1838, citant Abdullah Ibn ‘Andul-Rahmân Ibn ‘Amrah al-Ançârî; Ibn al-Athîr 2/125; Tarîkh al-Khulafâ’ d’Ibn Qutaybah, 1/5.
- Ibn Hichâm, Sîrah, 4/339
- Quand l’Imam ‘Ali (a. s.) apprit l’argumentation des Muhâjirînes, il dit: «ils ont fait valoir l’arbre mais ils ont perdu le fruit» (l’arbre était Quraych, le clan du Prophète (SAW) et le fruit sa propre famille, plus proche que le clan du Messager (SAW), (le traducteur). Voir aussi Ibn Abîl-Hadîd, An-Nahj, 1ère éd., 2/ 2
- Al-Ya’qûbî, Târikh (Histoire), 2/103; Az-Zubayr b. Bakkâr, Al- Muwaffaqiyât
- Cette attitude montre clairement en quoi consistait la politique suivie par les deux califes: une fermeté de l’un et une douceur de l’autre complémentaires.
- At-Tabarî, op. cit., 3/455, 459
- Al-Jawharî, Al-Saqîfah. Voir Ibn Abî-l-Hadîd 1/133.
- Ibn ‘Abd Rabbih, Al-‘Aqd al-Farîd, 4/258.
- Voir p.578 d’Al-Muwaffaqiyât et 1/164 d’Ar-Riyad An-Nadirah et 1/188 de Târikhul de Khamîs.
- At-Tabarî, op. cit., 2/458. Voir aussi Ibn al-Athîr, 2/224 et An- Nahj, 6/287. N. B.: ces auteurs n’ont pas précisé quand la tribu d’ “Aslam” fut venue à Médine. Il est probable que ce fut le mardi. Al-Mufîd (dans son livre Al-Jamal, p.43) précise que cette tribu était venue à Médine pour s’approvisionner.
- Al-Muwaffaqiyyât, p. 578; Al-Riyâdh al-Nadhirah, 1/164; Târîkh al-Khamîs, 1/188.
- Ibn Hishâm 4/340; Al-Tabarî 3/204 (et édition d’Europe 1/1829); ‘Uyûn al-Akhbâr d’Ibn Qutaybah 2/234; Al-Riyâdh al-Nadhirah, 1/167; Ibn Kathîr 5/248; Târîkh al-Khulafâ’ d’Al-Suyûtî, p. 47, etc.
- Ibn Sa’d, op. cit., At-Tabaqât, 2/78; Al-Muttaqî al-Hindî, Kanzul-‘Ummâl, 4/54-60
- Al-Muttaqî, op. cit., 3/140
- Ibn Hichâm, 4/344; At-Tabarî, 2/452, 455; Ibn Kathîr, 5/270; Ahmed, Al-Musnad, 6/62, pp. 242-274
- Kanz al-‘Ummâl, 3/140.
- Ibn Hichâm, 4/344; At-Tabarî, 2/452 et 455 (et édition d’Europe 1/1833 et 1837), Ibn Kathir 5/270; Ibn al-Athir dans Usud al-Ghâbah, 1/34.
3/30; Ibn Qutaybah, ‘Uyûnul- Akhbâr, 2/243; Ibn Kathîr, 5/248; As-Suyûtî, Târîkhul-Khulafâ’, p. 47; At-Muttaqî, Kanzul-‘Ummâl, 3/129, h/2253.
Az-Zubayr b. Bakkâr, op. cit., p. 583
- Al-Ya’qûbî, Târikhul …, 2/124, 125; Al-Jawharî, As-Saqîfah selon Ibn Abîl-Hadîd, 2/13 et 1/74
- Al-Muwaffaqiyyât, p. 583.