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Le Huitième Imam, Ali al-Reda (P)
Son titre : Al-Ridâ (consentement, assentiment).
Son Kunya : Abû Al-Hassan, comme son père.
Le Huitième Imam est Ali al-Reda, fils de Moussa. Sa mère est la Dame Najma.
L’Imam est né le 11 Thul Qi’da de l’an 148 A.H. à Médine.
Son grand-père et notre 6è Imam, H° Jaafar As Sadiq (as), venait de quitter ce monde éphémère, quinze jours plus tôt, soit plus précisément le 25 Shawwal, martyrisé par Mansour, le cruel Calife Abbasside illégal de l’époque, qui lui donna du poison.
Sa mère fut une servante d’Oumme Hamida, elle-même l’épouse du sixième Imam (as) et la mère du septième Imam (as). Elle était aussi native de la même région que celle de sa maîtresse qui était d’origine Berbère, de l’Afrique Septentrionale, de l’Algérie, de l’Andalousie ou, plutôt, elle venait de la Nubie. Elle s’appelait Takktoum ou Touktam ou encore Bibi Souttana, mais on la nommait ” la Blonde de la Nubie. “Elle portait plusieurs noms : Oummoul Baneen, Najmakhatoune, Soumana khatoune, ou encore, Khizranekhatoune et Soukkankhatoune.
H° Oumme Hamida demanda, un jour, à son fils, H° Moussa Al Kazhim (as), d’aller acheter une fille chez le commerçant d’esclaves de la ville de Madinah. Lorsque ce dernier lui présenta ses clientes, l’Imam (as) les lui refusa toutes et lui pria d’en amener une autre de son choix à laquelle il prêtait beaucoup d’attention.
” Lors de mon voyage en Afrique du Nord, déclara le marchand, j’ai trouvé une fille en provenance de Marrakech pour laquelle, une Dame Chrétienne très pieuse m’avait donné des instructions particulières. Bibi Souttana, me dit-elle, est une esclave très spéciale, elle se mariera avec la meilleure créature de la terre et donnera naissance à un fils qui écartera le vrai du faux et répandra le vrai Islam d’Est en Ouest. Mais elle est malade et fatiguée.”
H° Mousa Al Kazhim (as) rentra après cet entretien et lui envoya son serviteur le lendemain avec une somme d’argent. Celui-ci hésita un instant puis, se dirigea chez le vendeur qui lui remit la fille contre le montant qu’il trouva conforme à ses vœux.
H° Oumme Hamida vit, une nuit, le Saint Prophète (saw) dans le rêve qui lui annonçait la bonne nouvelle d’offrir H° Oummoul Baneen Najma à son fils H° Moussa Al Kazhim (as).
Le huitième Imam (as) s’appelait ALI, comme le premier et le quatrième Imams, mais était connu par son nom honorifique ou le surnom de AR RIZA qui signifie l’Agréé ou le Satisfait. Allah lui attribua ce nom glorieux car Allah était content de lui, ainsi que Son Prophète et les Imams. Ses amis, ses parents et même les ennemis éprouvaient de lui la satisfaction et le plaisir, en raison de ses hautes qualités morales.
Il porte divers titres et surnoms tels que Aboul Hassan, Al Sâbir (le patient), Al Zaki (le pur), Al Fadhil (le vertueux), Al Wafî (celui qui tient ses engagements), et Ghariboul Ghourbhâ, un étranger parmi les étrangers, loin de sa ville natale.
Il prit les fonctions de l’Imamat, comme huitième Successeur du Saint Prophète (saw), à l’âge de trente cinq ans, après le martyr du septième Imam (as). Il gouverna durant vingt ans : il passa dix ans à Madinah pendant le califat de Haroun, cinq ans pendant la période de Al Amîne et les cinq autres pendant celle de Al Mamoun dont les trois dernières années à Khôrassan en Iran.
Que vaut un sang noble quand l’âme est vile ? Mouhammad Al Amîne était noyé dans la débauche et fut en guerre contre son frère Mamoun Al Rachid pendant toute la durée de son règne. H° Ali Ibn Moussa Ar RIZA (as) exploita cette période paisible à la propagation de l’Islam en général, de la voie Shiite en particulier. Al Amîne ne prêta aucune attention à l’Imam (as).
L’avènement des Abbassides :
Abou Jaafar ou Abdoullah ben Mouhammad ben Ali ben Abdoullah ben Abbas, connu sous le nom de Al Mansour (le vainqueur), est le deuxième calife Abbasside qui succéda à son frère Abou Al Abbas Saffah , à la fin de l’année 136 A.H. Ce dernier conquit le califat au début de l’année 132 A.H., soit seize ans avant la venue de l’Imam Ali RIZA (as) dans ce monde. Il mit fin au pouvoir barbare et cruel des Omeyyades qui avait duré presque quatre vingt dix ans et mourut, à l’âge de trente trois ans, après quatre ans et huit mois de règne sans cœur.
Son action fut dirigée principalement contre la famille des Omeyyades et ses sympathisants et il fit répandre tellement de sang qu’il reçut le nom de ” Saffah” (Le Sanguinaire).On raconte qu’un jour, Abou Al Abbas invita quatre vingt personnes appartenant à cette dynastie de Damas, les fit assassiner dans son palais et prit joyeusement son repas devant ses victimes tandis qu’ils gisaient sur le sol et rendaient leur dernier soupir.
” Je n’ai jamais eu autant de plaisir à table que ce jour-là, ” déclara-t-il par la suite.
Proclamé Calife dans la Mosquée de Kûfa à l’âge de vingt neuf ans, probablement le vendredi 12 Rabioul Awal (le jour anniversaire de la naissance du Saint Prophète – saw – chez les Musulmans, suivant une autre Tradition), il transféra la capitale de l’Empire arabe de Damas (en Syrie) en Mésopotamie ou l’Iraq actuel et dota la ville de Kûfa de ce magnifique titre.
En cumulant les fonctions religieuses et royales, les Abbassides adoptèrent la couleur noire qui devint la couleur du ” bien ” contre le blanc, la couleur des Omeyyades, celle qui reflétait le ” mal. ” Ce dualisme convenait assez bien aux Perses d’autant que le blanc était leur couleur du deuil.
Les Omeyyades descendaient de Omayya, l’ancêtre de Mouawyah bin Abou Soufyan et de son fils Yazid, les ennemis acharnés du Saint Prophète (saw) et de sa Sainte Postérité (as). Les Abbassides sont, par contre, les descendants de H° Abbasse, l’oncle paternel de H° Mohammad (saw), l’Envoyé d’Allah et l’ancêtre de nos onze Imams Infaillibles qui sont issus de l’union de H° Ali (as), le premier Imam, cousin et gendre du Messager d’Allah et de H° Fatima (as), son unique fille bien-aimée et la Reine des femmes de l’Univers.
En 158 A.H. donc, Abou Abdoullah Mouhammad ” Al Mahdi ” (le bien guidé ), le fils de Mansour, hérita de son père qui fut un cruel despote de son temps et qui fit ses quatre volontés en massacrant sans pitié les Bani Fatima, les Sadates ou les descendants du Saint Prophète de l’Islam. Mansour se procurait un plaisir en faisant souffrir ses victimes et se servait de différentes méthodes pour les exterminer : il les enfermait dans une prison et les laissait mourir de faim ; il leur enlevait la vue en leur frappant d’un fouet aux yeux ; il les faisait écraser sous leurs habitations ; il les claustrait entre des briques d’un mur de construction ; il mélangeait leur sang à la terre qui servait à bâtir les maisons, etc.… Il ne put s’empêcher de proclamer un jour que :
” J’ai déjà massacré un millier d’individus de la postérité de la fille de Mouhammad (saw) mais, je n’ai pu encore toucher à leur Chef. ” Ainsi, il mit fin à la vie du sixième Imam (as).
Il créa “un musée de têtes” où il fit pendre les têtes de tous les Sayyids de la descendance de H° Fatéma Zahra (as) et des Shiites qui furent assassinés par ses ordres et dont leur identité fut mentionnée au bas de celles-ci.
Il fit placer les corps de ces innocents martyrs à l’intérieur de la construction des colonnes de ses Palais dans la ville de Bagdad.
Mansour était d’un caractère hideux et d’une avarice sordide. C’est pourquoi, il fut célèbre par cette appellation de ” Mansour Dawaniqui. ”
Il est la première personne ou le premier calife qui fit détruire la sainte tombe de l’Imam Houssein (as) à Kerbela.
L’âge n’a aucune importance pour la vie d’un Imam. ” Saghirôna va Kabhirôna Savaoune ” a formulé l’Envoyé de Dieu : nos petits comme nos grands se ressemblent. L’Imam Ali Riza (as) grandissait, donc, dans cette atmosphère qui sentait l’odeur du sang des Martyrs, des Alawites, descendants de l’Imam Ali (as). Il avait à peine dix ans lorsque Mansour quitta cette vallée de larmes, à l’âge de soixante huit ans, après un règne de plus de deux décennies.
Même enduit de miel, l’arbre amer ne donne que des fruits amers. Al Mahdi fut proclamé calife alors que son père Al Mansour était encore sur son lit de mort. Mais, son successeur devait être son cousin et l’oncle de Mahdi, du nom de Issâ qui avait été évincé par Al Mansour au profit de son fils. Il arrangea cela de telle manière qu’il le proclamât l’héritier présomptif de Al Mahdi, sachant bien que Issâ, étant déjà âgé, mourrait avant Mahdi qui était encore jeune. Il reçut, en contrepartie de ce désistement, de grosses sommes d’argent pour lui, ses enfants, ses femmes et sa famille.
Trois ans après son avènement, Mahdi songeait à faire proclamer comme héritier présomptif du trône un de ses fils, à la place de son oncle Issâ, son successeur désigné. Il commença par lui proposer d’importantes sommes d’argent afin qu’il renonce à son droit de succession. Après diverses manœuvres, Al Mahdi obtint ce qu’il désirait : Issâ reniait à son droit d’héritier. Son fils, Mousa Al Hadî fut nommé comme dauphin et, après lui, son second fils, Haroun Al Rachid.
En 146 A.H. correspondant à l’an 762 du calendrier chrétien, Mansour fonda sur les bords du fleuve Tigre ” Madinat Al Salaam ” (la ville de la paix) ou Baghdad, la Cité des Mille et Une Nuits, comme Capitale de la nouvelle dynastie arabe des Abbassides. Cent mille ouvriers furent engagés pour construire la nouvelle ville sur les ruines de Ctésiphon, capitale de l’ancien empire perse. Elle devint le nombril du monde, une place forte contre toute visée étrangère et un symbole témoignant la puissance de la dynastie abbasside.
L’origine du mot Baghdad est incertaine. Elle dérive, selon certains commentateurs, de la langue perse qui signifie ” Don de Dieu ” : Bâgh = Dieu et Dâd = don, à l’opposé du village perse qui s’y trouvait. Elle s’appelait aussi ” la Ville Ronde ” à cause du mur qui l’entourait.
Mahdi, fanatique de la musique et de la poésie érotique, n’était pas moins sanguinaire que son père et continua les actions horribles de ce dernier. C’est pendant le règne de Mahdi que notre septième Imam, H° Mousa Al Kazhim (as), fut, pendant un an, enfermé dans la prison de Bagdad, dans des conditions affreuses.
Il disait à ses adhérents qu’il était le ” Mahdi ” de la famille du Saint Prophète d’Allah et que son frère Ibrâhim était le ” Hâdi. ” On raconte qu’aucun calife abbasside n’était plus éloquent que lui dans ses sermons. Il aimait la musique et faisait très souvent venir des musiciens dans son palais où ils étaient accueillis avec un honneur particulier. Il fit tuer plus de soixante dix mille Shiites à Khôrassan.
Mansour avait fait mettre en taule un nommé Yâkoub, originaire de Khôrassan, de la province de l’Iran, parce qu’il était Shiite (Shia). Lorsque Mahdi accéda au Califat à la mort de son père, il fit examiner la situation des prisonniers et, ayant appris qu’un homme, issu d’une famille d’écrivains et savant distingué, figurait parmi ces derniers, il le fit relâcher et lui offrit le poste de substitut et auxiliaire du juge de Baghdad.
Yâkoub, par son bon comportement et ses belles actions, devint de plus en plus intime avec Mahdi qui l’éleva à un rang éminent. Il passait la moitié de la nuit chez le calife et causait avec lui des sujets de science et d’affaires politiques. Le fils de Mansour lui confia la charge d’intendant du palais et il reçut le nom de Yâkoub Al Amîne. Aucune lettre officielle n’était valable sans sa signature et le vizir lui-même recevait le message du calife par son intermédiaire.
Cette situation ne dura que quelques années. Lorsque Mahdi sut que Yâkoub était un Shiite, partisan de l’Imam Ali (as), il lui fit passer un test en lui offrant un descendant de l’Imam Hassan (as) pour être tué de ses propres mains. Peut-on blâmer un homme d’aimer sa mère ou sa grand-mère ô Le fidèle des Ahloul Bayt le mit en liberté. Ce dernier fut arrêté et présenté devant Yâkoub qui, à son tour, fut enfermé dans un puits que l’on creusa dans la prison où il resta durant le règne de Mahdi et celui de Hâdi, son fils. Il fut délivré seulement par le calife Haroun Al Rachid qui lui était reconnaissant pour toujours avoir fait valoir ses mérites auprès de son père. Il lui offrit le poste de vizir, mais Yâkoub le refusa et passa le reste de ses jours à la Mecque au service d’Allah.
Cette anecdote n’est pas citée, tout simplement, pour rendre encore plus sombre ce tableau historique qui dessine la couleur du temps, mais elle révèle l’animosité profonde envers les Banî Hashîm qui couvait dans les cœurs des califes abbassides.
Des récits diffèrent quant à la mort de Mahdi : il a perdu la vie à l’âge de quarante trois ans, soit dans un accident de cheval au cours de la chasse qui était sa passion, soit empoisonné, par erreur, par une esclave jalouse d’une rivale que le calife lui aurait préférée et qu’elle voulait éliminer.
En 169 A.H., Moussa ben Mouhammad ” Al Hadî ” (le guide), le fils de Mahdi, monta au trône et tua avec férocité tous ceux qui appartenaient à l’illustre lignée de l’Imam Ali Amiroul Moaménine, le Commandeur des Croyants (as).
Houssen Ibn Ali, un homme brave et honnête, de la postérité de notre deuxième Imam, Hazrat Hassan Ibn Ali (as), à la tête d’une troupe constituée surtout des Alawites, fit face à l’armée de Hadi aux alentours de la Mecque. Lui et ses nombreux compagnons tombèrent sur le champ d’honneur. Ils furent décapités et leurs corps abandonnés à même le sol pour devenir la proie des animaux. Leurs têtes, montées sur la pointe des lances, furent transportées à Bagdad et présentées devant le Calife, en compagnie des prisonniers de l’armée Alawite. Il fit massacrer sauvagement ces survivants. Le printemps de la vie de Hazrat Ali Ibn Moussa Ar Riza (as) sombra dans la tristesse. Al Hâdi ne gouverna que quinze mois, mais fit graver son nom parmi les tyrans de l’Histoire.
Al Khayzouran était une esclave probablement originaire de Yémen à la Cour des califes abbassides. Elle prit un ascendant politique sur son époux Al Mahdi et intrigua pour que ses deux fils soient placés en position de successeurs de leur père, alors que ce droit revenait à leur oncle Issâ qui avait été, déjà, écarté, auparavant, par Mansour, au profit de Al Mahdi.
Hâdi vivait en discorde avec sa mère Khayzouran. Celle-ci avait eu tant de pouvoir sur Mahdi qu’aucune de ses demandes n’avait jamais été refusée par lui. Chaque matin, les généraux, ministres et officiers allaient présenter leurs hommages d’abord à elle, à Mahdi ensuite. Son autorité était plus étendue que celle du calife.
Elle continuait à exercer son influence après l’avènement de Hâdi qui en était mécontent. Ce dernier refusait, désormais, de lui accorder ses doléances, de même, elle fut négligée par les courtisans.
Le mauvais caractère corrompt l’action comme le vinaigre corrompt le miel. Hâdi envoya, un jour, à sa mère, à qui il devait la vie, un plat de riz dont il avait mangé la moitié et qu’il le trouva excellent. L’autre moitié était empoisonnée. Elle repoussa ce repas et le donna à un chien qui mourut aussitôt.
Ce quatrième calife abbasside perdit la vie, suite à un abcès au ventre ; il ne pouvait ni manger, ni boire, ou aurait été étouffé, étant ivre, par ses jeunes esclaves, à qui Khayzouran, sa mère, avait payé une forte somme d’argent.
” C’est ce que je désirais ! ” prononça Al Khayzouran à la disparition de son fils Al Hâdi qui succomba à l’âge de vingt six ans.
Al Hâdi était un ivrogne, passionné, comme son père, des chants, de la musique et de la poésie érotique. Les artistes ne s’empêchaient de dire que si Hâdi avait vécu davantage, nous aurions pu construire des maisons avec des briques en or.
L’homme est à l’image de ses actes, la cruche ne verse que ce qu’elle contient. Lorsque le frère de ce dernier, Haroun Al Rachid, fut, à son tour, nommé calife, il dut s’opposer à Jaafar, le fils de Hâdi, que celui-ci avait voulu nommer comme héritier. Haroun força Jaafar à effectuer une déclaration publique, par laquelle il reconnaissait que le pouvoir appartenait à son oncle.