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L’amour et l’amitié selon l’Imâm al-Sâdiq (P)
En plus d’être la source de l’agrément divin et du salut dans l’au-delà, l’amitié, la charité et l’indulgence envers nos congénères nous procurent également en retour l’amitié des gens envers nous, ainsi que la richesse dans ce monde. Une société dont les membres vivent dans l’amitié, la bonté et la bienveillance mutuelle, est une société agréable et belle où il fait bon vivre, une source sûre de bonheur. Toute société humaine privée de ces qualités est une société sèche et sans âme, même si elle dispose d’un système de lois complet bien respecté par tous. Ses habitants vivent dans la frustration et l’anxiété parce que les lois ne prennent pas en compte l’amitié dans les cœurs, ni l’amour pour le prochain ou la philanthropie. Ces qualités s’obtiennent par l’éducation et la foi et ne peuvent pas être imposées par les lois.
Comme nous le savons, les sociétés qui sont régies par des lois sèches et dures ou indifférentes au sens moral, en particulier les sociétés matérialistes fondées sur le pouvoir de l’argent, ne sont motivées que par les idées de progrès industriel et technique et la recherche de la sécurité matérielle. Elles n’ont pas le moindre souci pour des valeurs telles que la bonté, les sentiments humains. Dans ces sociétés, les gens sont soumis aux pressions psychiques de l’angoisse, et chacun ne vit que pour soi, replié dans sa solitude. Ils envoient leurs personnes âgées dans des maisons de retraite que l’on a qualifiées de mouroirs, des lieux où ne règne aucun sentiment humain réel, mais seulement le strict règlement imposé par le personnel qui accomplit une mission rémunérée. Les parents mis au rebut, les enfants n’entretiennent entre eux aucune relation véritablement humaine. Ils se rencontrent parfois, chacun accompagné de son avocat pour discuter de l’héritage. Ils vivent comme des étrangers les uns vis-à-vis des autres.
Une société où les habitants entretiennent naturellement des relations d’amitié empreintes d’humanité, des relations d’entraide et d’altruisme vit dans une ambiance plus ouverte et propice au bonheur qui ne se mesure pas que par les montants des comptes en banque.
Il est vrai que le bonheur et la joie, l’innocence, la solidarité et le contentement sont des valeurs qui se retrouvent plus ou moins intensément à l’origine de toute société, et que c’est durant la période d’accumulation des richesses et de la puissance qu’elles finissent par céder la place à l’égoïsme et à l’individualisme. Cela est dans la nature humaine. Le Coran dit : « Prenez-garde ! Vraiment l’homme devient rebelle, dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse (1) ). » (Sourate Al-‘Alaq (L’adhérence) ; 96 : 6-7).
Mais la persistance de ces valeurs est remarquable dans la société musulmane, en période de puissance aussi bien qu’en phase de décadence. Lors de leur première grandeur, il y eut un temps où les musulmans étaient si riches qu’ils trouvaient difficilement des personnes à aider, tant ils voulaient obéir au commandement divin d’apporter de l’aide aux pauvres.
En contraste avec les autres religions, l’islam met l’accent sur le bien envers autrui comme principe premier de l’obéissance envers Dieu. Le meilleur des hommes est celui qui est meilleur envers tous les hommes. Il a incorporé dans son enseignement cette donnée de la conscience historique humaine, afin qu’elle accompagne les musulmans à tous les moments, hauts ou bas, de leur devenir.
« Ainsi faisons-Nous alterner les jours [bons ou mauvais] parmi les gens.. » (Sourate Âl ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; 3 : 140).
Dieu ne favorise pas un peuple sur un autre. Quand un peuple fait preuve de certaines capacités et aspire à la grandeur, Dieu lui donne sa chance. Quand un peuple est épuisé, sans ressources, Dieu le met en « jachère » et l’écarte de la scène historique pour un certain temps pour se ressourcer. Les liens sociaux se distendent et les molécules familiales, tribales et sociales, se rompent. Il reste des individus, des électrons libres qui aspireront à recréer d’autres liens en retrouvant peu à peu les vertus de la solidarité, de l’altruisme, de l’action collective.
L’islam nous enseigne ces choses. A nous de bénéficier de ce trésor de sagesse. Religion universelle par excellence, l’islam n’établit de discrimination entre les humains que par le degré de la foi. La couleur de la peau, le statut social, l’appartenance au peuple arabe n’offrent aucun privilège spécial et ne constituent pas non plus des vices rédhibitoires pour entrer dans l’islam. La porte est largement ouverte à quiconque souhaite sincèrement faire partie de la « Oumma (2) » de l’Envoyé de Dieu (s). Une fois devenu(e) musulman(e), les devoirs et les droits ne sont en rien inférieurs à ceux des coreligionnaires. La conversion est un acte dont Dieu seul est le véritable témoin.
Ce sont sans doute, d’abord ces valeurs de solidarité, d’amitié sincère et de dévouement les uns pour les autres qui expliquent que l’islam attire tant de millions de conversions annuellement dans tous les pays du monde, riches ou pauvres.
C’est que l’islam correspond bien mieux à la nature humaine. Il est d’ailleurs la religion de la nature foncière des hommes, dîn al-fitra, la religion dans laquelle, d’après un hadith, naît tout être humain avant de se voir inculquer par ses parents une autre forme de croyance.
Tout est prétexte dans le Coran pour développer chez les croyants les sentiments humains et les actes de bienfaisance. La morale coranique est tournée vers le service d’autrui. Il n’y a pas de monachisme en islam. C’est une morale des actes, une contemplation par les actes. Par exemple, au partage de l’héritage, il est recommandé de faire un don aux personnes présentes.
« Quand les proches assisteront au partage, et les orphelins et les indigents, prélevez de quoi leur en attribuer, non sans tenir langage honnête. » (Sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 8).
L’islam a mis un terme à l’esclavage rien que par le jeu des compensations des péchés. L’affranchissement d’un esclave pour obtenir le pardon d’un péché était devenu une coutume musulmane, exclusivement d’ailleurs. L’esclavage était en ce temps-là une pratique universelle qui résultait de la guerre : plutôt que de les exterminer, on gardait (ou on vendait) les prisonniers (qui pouvaient être des blancs ou des noirs) comme esclaves, parce que c’était une main-d’œuvre à bon marché. Les musulmans y ont mis un terme par la seule foi de chacun d’eux.
En donnant l’aumône, on ne doit pas seulement faire le geste de donner, qui est en soi généreux, mais on devra aussi veiller à le faire sans ostentation. En plus, on devra dire une parole de bien (qawlan ma’rûfan) de façon que la personne qui reçoit l’aumône ou l’aide ne soit pas gênée, donc un sourire ou une plaisanterie seraient là aussi les bienvenus. C’est à un congénère que l’on s’adresse, pas à un animal. Il se peut que cet être humain que nous sommes venus aider soit en train de nous donner l’occasion unique de mériter le pardon de nos péchés, le paradis et l’agrément divin.
C’est ainsi que l’islam a construit une société fondée non pas sur la loi des hommes, mais sur l’adhésion des cœurs à une loi non votée par des parlementaires, une Loi émanant d’un Dieu miséricordieux, fondée sur l’amour, l’amitié envers les créatures. Cette loi leur est devenue une seconde nature, leur vraie nature et elle survit aux lois humaines, elle survit aux péripéties de l’histoire, aux décadences et aux défaites.
L’adhésion à l’islam transforme l’homme bien plus profondément que son adhésion à aucune autre religion. Parce que justement c’est une adhésion sincère à un enseignement sincère.
La personnalité du Prophète (s) joue un rôle central dans cette formation du musulman. Cette personnalité nous est connue par le témoignage de ses biographes qui relatent ses actions, Sîra, et par ses traditions, hadiths, qui rapportent ses paroles.
L’idéal pour un musulman est de calquer son comportement sur l’exemple prophétique. Le Coran dit : « Vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle. » (Sourate Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 21)
Le croyant imite le Prophète afin de se rapprocher de lui. Quand il se rapproche de lui et comprend son rang, il devient un homme qui vit “avec” l’Envoyé.
Le Coran dit :
« Mohammad est le Messager de Dieu, et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants, et miséricordieux entre eux. » (Al-Fath (La victoire éclatante) ; 48 : 29)
On ne choisit pas ses amis sur la base de la race, de la langue, des liens de sang. Ce sont des facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte dans certains cas, mais ce ne sont pas des critères fiables aux yeux de Dieu et des croyants. Nous avons des devoirs envers nos parents même quand ils ne partagent pas notre croyance. Nous avons des devoirs envers notre patrie même quand elle combat pour une cause que nous n’approuvons pas. Nous avons le droit compréhensible de soutenir ceux qui œuvrent à la défense de notre langue maternelle, même quand parmi eux se trouvent des personnes qui ne partagent pas notre foi. Il s’agit de l’intérêt général.
Mais nous n’avons pas à nous faire ennemis des personnes innocentes qui ne nous agressent pas et qui cherchent la paix.
« S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes » (Al-Baqara (La vache) ; 2 : 193). Et : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et dans la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Dieu… » (Sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 2)
Les valeurs d’humanisme, de philanthropie, d’affection, d’amitié et d’amour doivent être mises en avant dans toutes les circonstances.
Même avec les ennemis, il ne faut jamais refuser l’offre de paix : « Et s’ils inclinent à la paix, incline-toi vers celle-ci [toi aussi] et place ta confiance en Dieu, car c’est Lui l’Audient, le Connaissant. ». (Sourate Al-Anfâl (Les butins) ; 8 : 61).
Le Coran appelle tous les croyants à entrer dans la paix, le salut.
« Vous qui croyez, entrez en masse dans la paix… » (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 208)
Quand on devient un musulman, on devient encore plus attentif au bien des gens. Le Prophète (s) a dit : « La priorité fixée par l’intelligence, après la religion, consiste à montrer de l’amour pour les gens, et à pratiquer le bien à l’égard de tout le monde, honnête ou dépravé, bon ou méchant. »
L’Imâm Sâdiq (as) a dit : « Le musulman est frère du musulman, il ne le lèse en rien, ne le trompe pas, ne l’effraie pas. Et il est du devoir du musulman de veiller à garder les liens, à coopérer avec les nécessiteux, à entretenir l’affection mutuelle entre eux afin de devenir comme Dieu le leur a ordonné : « Compatissants entre eux… » (3)
Toujours à propos de la compassion, de la solidarité envers les frères en religion, l’Imâm Ja’far al-Sâdiq (as) a ajouté : « Rapprochez-vous de Dieu en agissant avec compassion et bonté envers vos frères. » (4)
Trouver la sérénité au milieu de ses frères en religion
Contrairement aux sociétés matérialistes où les habitants vivent comme des étrangers les uns vis-à-vis des autres et souffrent d’un manque affectif, l’idéal de la société musulmane est fondé sur la solidarité et le partage. Le Prophète (s) a évoqué, dans un hadith, un principe psychosociologique qui est le besoin des hommes dans la tendresse et l’amitié, en affirmant qu’un croyant trouve son calme et sa sérénité grâce à l’affection et aux bons sentiments que lui témoignent ses frères. Ce besoin d’éprouver la bonté est, pour les hommes, aussi nécessaire à leur équilibre psychique que l’eau fraîche pour l’assoiffé. « Le croyant se rassérène auprès du croyant comme se rassérène le cœur d’un homme assoiffé, avec l’eau fraîche ».
Sudayr, un des compagnons de l’Imâm Sâdiq (as), lui demanda: « Ô fils (5)de l’Envoyé de Dieu, quand je rencontre un homme croyant que je n’ai jamais vu auparavant et qui ne m’a jamais vu auparavant, je suis pris d’un amour puissant pour lui, et quand je lui parle, je vois qu’il éprouve autant d’amour pour moi que moi pour lui. Nous nous aimons sincèrement du fond du cœur ». L’Imâm (as) dit : « O Sudayr, quand les cœurs des êtres bons se rencontrent, leur amour se met à bouillonner subitement, sans le faire voir, comme une pluie qui tombe sur l’eau d’une rivière… Alors que les cœurs des corrompus et des dépravés sont éloignés les uns des autres de toute tendresse, de tout amour, comme s’éloignent les animaux, même si par leur bouche ils clament leur amitié mutuelle. »
Le résultat et la récompense de la bonté et de l’amitié pour les hommes
L’effet sociologique de l’amitié dans ce monde est évident, et ses conséquences dans l’Au-delà seront d’une intensité inimaginable pour le croyant.
Chacun de nous en a concrètement expérimenté certains effets dans ce monde, ce qui nous a convaincu que plus on se montre avenant, prévenant, aimable envers les gens, plus on reçoit d’amour de leur part. C’est la preuve que le meilleur moyen de se faire aimer des autres, c’est encore d’aimer les autres. C’est aussi simple que ça. Le contraire aussi est évident : si on se montre avare en actes et en paroles, intéressé, parcimonieux, peu enclin au don, on s’attire l’inimitié et le mépris des gens. C’est un principe important dans les relations sociales que l’Imâm Sâdiq (as) a rappelé à son disciple Mu’allâ :
« Ô Mu’allâ ! Crains Dieu, Il te rendra facile et légère toute chose, Ô Mu’allâ ! Sois aimable envers tes frères en gardant chaleureuse ta relation avec eux, car Dieu a fait du don généreux une source d’amour, et de l’avarice une cause de haine. »
Quand l’amitié et l’entraide règnent dans une société, les fléaux sont repoussés par la bénédiction des hommes et des femmes de bonne volonté qui y vivent. Dieu repousse ou suspend le châtiment que peut mériter cette société. Comme l’explique la tradition suivante :
« Dieu s’adresse aux habitants d’une ville ou d’un village dont la désobéissance aux ordres de Dieu a dépassé la limite tolérable, et parmi lesquels vivent trois personnes croyantes. Dieu leur dit ces paroles : ” O serviteurs pécheurs et désobéissants à Mes ordres ! S’il ne se trouvait pas que parmi vous il y a aussi des croyants qui, pour Mon agrément, font preuve de bonté envers les gens, observent scrupuleusement la prière et peuplent ainsi les mosquées, et qui, redoutant Mon courroux, demandent pardon à chaque aube, J’aurais fait descendre sur vous Mon châtiment et Je ne me soucierais guère de ce qui vous arriverait par la suite”. »
Les effets positifs de l’amour et de la philanthropie dans ce monde sont innombrables. Mais ils sont infiniment meilleurs en qualité et en nombre dans l’au-delà. Car la vie dans ce monde est une transition éphémère, un moment qui passera tôt ou tard, alors que l’au-delà est un séjour éternel, définitif.
L’Imâm Sâdiq (as) a dit : « Le regard de mansuétude de Dieu est au-dessus des croyants faisant partie de notre école (chiisme) quand ils se retrouvent entre eux dans l’entente et l’amabilité. Il les suit jusqu’à ce qu’ils se séparent. Leurs péchés tombent comme tombent les feuilles des arbres. Dieu tient la main de celui qui est toujours plus bienveillant que son ami. »
L’Imâm Sâdiq (as) a dit aussi : « Dieu considère comme faisant partie de la vertu d’un homme le fait qu’il fasse preuve de bonté et d’amour envers ses frères. Celui à qui Dieu a enseigné l’amour de ses frères en religion a bénéficié de l’amour de Dieu, et celui que Dieu aime, Il lui accordera une pleine rétribution au Jour de la résurrection (6) . »
En ce qui concerne les faits rapportés de la biographie (Sîrâ) de l’Imâm al-Sâdiq (as), au sujet de l’amour et de la miséricorde, nous avons cette relation : « L’Imâm Sâdiq (as) avait entendu dire que parmi les musulmans, un homme nommé Shuqrânî consommait du vin. L’Imâm avait souhaité le détourner de cette pratique défendue par Dieu et le remettre sur la bonne voie. Un jour, cet homme qui souhaitait obtenir une aide, se rendit auprès de l’Imâm. Ce dernier lui accorda une aide et lui dit avec un ton amène : “Une bonne action est bonne, de quelque personne qu’elle émane. Mais en raison de ta relation spéciale avec Nous, ton action est encore plus belle. Et une mauvaise action est mauvaise de quelque personne qu’elle émane, et en raison même de cette relation avec Nous, ton action mauvaise est encore plus laide.” Entendant ces paroles allusives, Shuqrânî comprit que l’Imâm était au courant de son péché et que malgré cela, il avait montré de l’amitié pour lui. Il fut pris de regret et sentit une transformation s’opérer en son for intérieur. »
Ainsi, s’adresser aux hommes en tenant compte de leurs perfections, des situations et des personnalités de chacun est la bonne approche pour dissuader les gens de faire des actions interdites ou laides.
Au sujet de l’amour dans la vie familiale, l’Imâm Sâdiq (as) a dit : « L’amour des femmes fait partie de l’éthique des prophètes. » Dans la vie matrimoniale, l’amour et la tendresse seuls peuvent conquérir les cœurs et les assujettir. Et si l’épouse ou le mari voudrait être encore plus aimé(e), il ou elle devra être plus amoureux (se). L’amour s’entretient par l’amour. Toutes les autres qualités et vertus des époux pourraient s’affadir ou passer inaperçues sans l’amour.
Ce qui peut le plus faire dévier l’un ou l’autre des époux de la voie du bien-être et le retenir de suivre son effort, c’est le manque d’attention et d’amour à son égard de la part des membres de sa famille, en particulier de son conjoint. Cela est valable aussi bien pour la femme que pour l’homme.
On ne peut pas connaître l’amour de Dieu si on n’a pas connu l’amour envers Ses créatures, en particulier envers ses parents, son épouse, sa famille.
Ce qui ressort du contenu des traditions, c’est que l’essence et l’esprit de la religion ne sont pas d’autres choses que l’amour. Burayd ‘Ijlî a dit : « J’étais en présence de l’Imâm Bâqir (as). Un voyageur venu à pied du lointain Khorâssân fut admis auprès de l’Imâm. Quand il enleva ses chaussures, on vit qu’elles étaient décousues et déchirées. Il dit :
« Je jure par Dieu que rien d’autre ne m’a fait venir d’aussi loin excepté l’amour que j’ai pour vous Ahl al-Bayt, la Famille de l’Envoyé de Dieu (as) ». L’Imâm lui répondit : « Je jure par Dieu que si une pierre nous aimait, elle serait ressuscitée avec nous et deviendrait notre compagnon car la religion est-elle autre chose que l’amour ? » (7)
Un homme dit à l’Imâm Sâdiq (as) : « Nous donnons à nos enfants vos noms et ceux de vos ancêtres, est-ce que cela nous est bénéfique ? »
L’Imâm répondit : « Certes, oui, je jure par Dieu. La religion est-elle autre chose que l’amour ? ». Puis l’Imâm prit à témoin le verset coranique :
« Si vous aimez Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. » (Sourate Âl ‘Imrân (La famille de ‘Imrân) ; verset 3 : 31).
C’est l’amour qui impose l’obéissance. L’amoureux n’est pas le compagnon qui se défile devant les volontés de son Bien-aimé. Nous sommes témoins de ce que lorsqu’on est amoureux, on se passe de tout et on sacrifie toute chose pour sa bien-aimée.
L’obéissance et l’adoration de Dieu sont comme un amour et une passion qu’éprouve l’homme envers Dieu.
Comme l’expliquent ces vers de l’Imâm Sâdiq (as) :
Ta’si al-ilâha wa anta tuzhiru hubbahu
Hâza la- ‘umrî fi al-fi’âl badî’u
Law kâna hubbuka sâdiqan la- ata’tahu
Inna al-muhibba li- man yuhibbu mutî’u
Tu désobéis à Dieu alors que tu fais montre d’amour pour Lui
Par ma vie, voilà bien un comportement insolite
Si ton amour était sincère, tu Lui aurais obéi :
L’amoureux est obéissant envers son Bien-aimé
Le Coran dit : « Ceux qui croient ont un amour plus fort pour Dieu » (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 165)
L’Imâm Sâdiq (as) a dit : « Quand tu aimes quelqu’un, fais-le lui savoir ». On a rapporté qu’un homme traversait une mosquée à un moment où l’Imâm Bâqir (as) et l’Imâm Sâdiq (as) s’y trouvaient assis. Un compagnon de l’Imâm Bâqir dit : « Par Dieu, j’éprouve de l’amitié pour cet homme-là ! ». L’Imâm lui dit : « Alors va le lui dire parce que cette information renforce et consolide l’amitié et est un bien pour la familiarité. »
Au sujet de l’affection et de l’amour pour les enfants, l’Imâm (as) a dit : « La meilleure façon pour les parents de montrer leur amour (à leurs enfants), c’est de les prendre dans leurs bras et de les embrasser quand ils sont enfants et de leur faire des cadeaux quand ils sont adolescents et jeunes. »
Mufazzal Ibn ‘Omar rapporte : « Je suis allé rendre visite à Musâ Ibn Ja’far (as), alors que son fils ‘Alî (as) était assis à ses côtés. Il l’embrassait […] et le portait aussi sur ses épaules ou le tenait collé étroitement à lui et lui disait : “ Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour toi, comme tu sens bon et comme tu es propre ! Et comme ton caractère est pur et comme ta vertu est manifeste ! ” »
Notes:
1-Ces versets font partie des premiers versets révélés au Prophète de l’islam.
2-Terme coranique signifiant la nation, la communauté.
3-Commentaire Nûr al-Thaqalayn, Vol. 5, p. 77, d’après al-Osûl mîn al-Kâfî de Kolaynî.
4-Bihâr al-Anwâr, Vol. 74, p. 371
5-On s’adresse ainsi aux Imâms car ils sont les descendants de l’Envoyé de Dieu (s) par sa fille Fatima al-Zahra (as).
6-Thawâb al-a‘mâl wa ‘iqâb al-a’mâl (la récompense des actions et la punition des actions) du Shaykh al-Sadûq, Ibn Bâbûyeh.
7-Safînat al-Bihâr, Vol. 1, page 201, article Hubb (amour)