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La Tragédie du Karbala, récit de dernières instantes d’Imam Hussein avant son martyre
Le Jour D’affliction, De Tristesse, De Lamentation, et de pleurs
L’Imam Hussein était seul. Tout seul, sans personne pour l’aider, sans personne pour le défendre. En face, il y avait une armée forte de près de cinq mille hommes, (30.000 selon d’autres riwayat) assoiffés de son sang. Il était assis sur le sable, près de la tombe d’Abdallah،son nourrisson de 6 mois?. Il écoutait le roulement des tambours de guerre, et les cris poussés par les hommes de l’armée de Calife tyran Yazid:
– N’y a-t-il personne pour venir nous combattre? L’Imam Hussein se demandait s’ils s’attendaient vraiment à ce qu’il reste encore quelqu’un pour les combattre, ou s’ils ne poussaient leur clameur que pour se moquer de lui. Ne savaient-ils pas que tous ses courageux amis, ses compagnons fidèles, avaient tous versé leur sang pour le défendre? Ignoraient-ils qu’ils avaient massacré tous ses proches, ses frères, ses cousins, ses neveux, ses fils ?
Il ne restait plus maintenant, avec l’Imam Hussein, que les femmes et les enfants. Et aussi Ali Zayn Abidine, cloué au lit depuis plusieurs jours par une fièvre dévorante, trop faible même pour lever seulement la tête…
Le soleil déclinait sur la plaine de Karbala. Les ombres s’allongeaient sur le sol. Les cris des hordes omeyyades devinrent plus vociférant, les appels au combat se firent plus pressants. Quelques soldats, plus impatients que d’autres, s’approchèrent:
– Hé Hussein ! Où sont donc passés tes soldats qui semblaient si pressés de mourir pour toi ? Où sont donc tes parents, tes frères, tes cousins, qui avaient juré de te protéger et d’empêcher quiconque d’élever la voix contre toi ?
L’Imam Hussein se leva. Il marcha jusqu’au milieu du campement, et il appela les femmes de la Famille du Prophète sawas:
– Zaynab et Koulsoum, mes sœurs, Omm Layla, Omm Rabab, et vous mes filles, Roukayya, Soukeina ! Et toi aussi Fizza, ma nourrice ! Venez toutes. L’heure de nous dire adieu a sonné !
Toutes elles accoururent à son appel. Toutes elles se pressèrent autour de lui. Zaynab prit la parole:
– Mon frère, est-ce bien vrai que tu vas partir pour ton dernier voyage ? Que nous ne te reverrons plus vivant ? Vas-tu partir en nous laissant seules, à la merci de ces brutes sauvages ?
-Oui Zaynab ! Le moment est arrivé, en vue duquel notre mère t’a préparée depuis ta plus tendre enfance. Je suis bien triste de vous laisser, car je sais que vos souffrances ne vont pas prendre fin aujourd’hui, mais commencer!
-O mon frère bien aimé ! Quand tu seras au Paradis, tout à l’heure, je te supplie de parler à notre grand-père en notre faveur ! Demande-lui d’intercéder pour que nous venions vite vous rejoindre, et pour que nous soient épargnés les outrages et les ignominies qui nous attendent en ce monde!
-Zaynab, si tu quittais ce monde si vite, qui donc s’acquitterait de la mission que tu dois remplir? Qui mènerait à son terme la tâche que je laisse inachevée ? Zaynab je te confie mes orphelins et mes veuves, et ceux et celles de mes courageux compagnons. C’est maintenant à toi, Zaynab de les diriger, de veiller sur eux, de prendre soin d’eux et de les consoler. Je mourrai en paix si tu me promets, Zaynab, d’être pour eux tous ce qu’étaient tous ceux qu’ils ont perdus aujourd’hui!
L’Imam Hossein regarda longuement sa sœur Zaynab, et il reprit:
-Zaynab, je te recommande particulièrement de veiller sur mon fils Ali Zayn Abidine; que la maladie a conduit à deux doigts de la mort. C’est lui mon Successeur. Il te faut coûte que coûte le protéger. Je te recommande aussi Soukeina ma petite fille, qui ne m’a jamais Quitté, pas même un seul jour. Console-la du mieux que tu le pourras. Je me souviens de quelle manière elle a demandé à son oncle Abbas de rapporter de l’eau ; mais depuis sa mort elle n’a pas soufflé un mot. Quand vous recevrez à boire, après ma mort, donne-lui à boire à elle en premier.
Chacun des mots que prononçait l’Imam Hussein pénétrait dans le cœur meurtri de sa sœur. Zaynab était incapable de répondre. Tout ce qu’elle pouvait faire était de hocher la tête pour montrer Qu’elle avait bien compris, et qu’elle ferait son devoir.
– Zaynab, les hommes de Yazid vont vous prendre comme prisonniers. Peut-être arracheront-ils les voiles des femmes. Peut-être vous exhiberont-ils dans les rues de Koufa et de Damas. Peut-être vous attacheront-ils ou vous chargeront-ils de chaînes.
Peut-être même iront-ils jusqu’à vous frapper et vous torturer, vous les femmes et les enfants de la Maison du Prophète! C’est une longue période de dures épreuves qui commence pour vous tous, Zaynab. Je te demande de ne jamais perdre patience, de ne jamais perdre espoir. Zaynab, c’est à toi, à toi seule, qu’il reviendra de redonner courage aux enfants et aux femmes, et de leur demander sans cesse de prier Dieu de les aider à tout supporter. N’oublie jamais, Zaynab, que nous, Gens de la Maison du Prophète, nous devons toujours rester fermes à l’heure des épreuves, sans même jamais maudire nos bourreaux !
Quand l’Imam Hussein eut fini de parler, Zaynab le regarda à travers ses larmes et dit, d’une voix douce:
– Hussein, mon frère, je te promets de faire exactement tout ce que tu m’as commandé. Mon frère, prie pour moi, que Dieu me donne la force et la patience dont j’aurai besoin. Avec le secours de Dieu Tout Puissant, j’assumerai toutes les responsabilités qui m’incombent désormais et je montrerai à tous que je suis Zaynab, la sœur de Hussein, la fille d’Ali et Fatima, la petite-fille de l’Envoyé de Dieu !
L’Imam Hussein embrassa longuement sa sœur, puis il se tourna vers la fidèle Fizza, sa nourrice, qui l’aimait comme son propre fils. Elle avait promis à Fatima, la mère de l’Imam Hussein, de veiller sur lui, de ne jamais le quitter. Et malgré son grand âge, pour tenir sa promesse, elle n’avait pas hésité à se lancer dans ce long et périlleux voyage, malgré tous les efforts de l’Imam pour l’en dissuader.
L’Imam Hussein entra sous la tente où gisait, toujours inconscient, son fils Ali Zayn Abidine. Il lui toucha l’épaule, en disant:
– Mon fils, je viens te dire adieu. Lève-toi, et embrasse-moi pour la dernière fois. Ali Zayn Abidine s’éveilla de sa torpeur. Il ouvrit les yeux, vit son père qu’il eut du mal à reconnaître tant ses traits accusaient les épreuves de la journée. Avec un effort surhumain il réussit à s’asseoir sur son lit.
– Mon Dieu ! Qu’ont donc fait- les ennemis à mon père, pour qu’il en soit si affecté ? Père, où est mon oncle Abbas, où est mon frère Akbar ? Où sont mes cousins Qasim, et Aoun et Mohammad ? Comment est-il possible que tu sois dans un tel état si un seul d’entre eux est encore vivant pour te protéger ?
– Mon fils, tous ont goutté le Martyre en me défendant ainsi que la cause de l’Islam. Il ne reste plus aucun homme dans le camp, à part toi et moi. C’est maintenant mon tour d’aller combattre et de mourir les armes à la main. Je suis venu te dire adieu.
A ces mots, Ali Zayn Abidine se mit debout, et dit en chancelant:
– Père ! Tant que je serai en vie tu ne peux être tué! Je demande ton autorisation d’aller au combat comme ont fait tous les autres avant moi!
Mais il était brûlant de fièvre. Il ne put rester debout, ses jambes ne le portaient pas…
– Mon fils, répondit l’Imam Hussein, je t’ordonne, en tant que ton père et ton Imam, de rester dans ce lit. Ton devoir est d’accompagner tes tantes, ta mère et tes sœurs, et les autres femmes en captivité. Ton devoir est de marcher dans les rues de Koufa et de Damas les mains et les pieds chargés de chaînes. Ton devoir est de supporter les insultes à la Cour de Yazid, et de subir tout cela avec fermeté d’âme et patience. Ton devoir est de montrer à tous, à Yazid comme aux Musulmans, aux vivants et aux générations futures, que nous, Gens de la Maison du Prophète, nous pouvons supporter toutes les épreuves et toutes les peines avec une Foi indéfectible en Dieu et en notre Cause. Ton devoir, mon fils, est de prouver à tous, en tous lieux et à toutes les époques, que le véritable combat, le véritable Jihad, est de montrer sa Foi quand sonne l’heure des épreuves, quand on rencontre les pires difficultés, les plus éprouvantes situations. Ce que tu vas souffrir, mon fils, est mille fois pire que la mort, car la mort apporte le soulagement. Mais toi, mon fils, tu devras vivre des années et des années, avec le souvenir des plus cruelles des souffrances!
L’Imam Hussein serra son fils contre son cœur. Le père et le fils se séparèrent pour toujours. Ali Zayn Abidine, accablé de chagrin autant que par sa maladie, s’effondra inconscient. La Miséricorde de Dieu lui épargna d’assister au départ de son père.
Ses adieux terminés, l’Imam Hussein regarda vers le fleuve de l’Euphrate et dit :
Mon frère Abass vient me ramener mon cheval
A ce moment le cœur de Sayida Zaynab as se brisa en 1000 morceaux, elle couru et présenta Zuljanah (cheval de l’imam as) à L’Imam as en disant :
Oh Mon frère voici ton cheval ..
Avant que l’imam ne monte sur son cheval elle attrapa la main de l’Imam et le regarda dans les yeux .. en disant :
Oh mon frère, qu’est ce que mon cœur est dur .. as tu déjà vu une sœur ramener le cheval de la mort à son frère ?. . Sauf moi Zaynab
Il répondit :
Ma Sœur c’est ton Jihad ya Zaynab ..
L’Imam as enfourcha son cheval Zuljanah. Zaynab, surmontant sa propre peine, s’occupait de réconforter chacun. L’Imam Hussein éperonna sa monture, mais Zuljanah demeura immobile. Que se passait-il donc?
L’Imam Hussein, regardant tout autour, découvrit sa petite fille, Soukeina, qui tenait les pattes avant du cheval en murmurant:
-Zuljanah, je t’en supplie, n’emporte pas mon père sur le champ de bataille d’où personne n’est revenu aujourd’hui. Zuljanah mon oncle Abbas est parti chercher de l’eau, mais il n’est jamais revenu. Zuljanah, j’ai entendu parler mon père : il veut partir pour toujours et ne reviendra jamais. Zuljanah, n’emporte pas mon père, si tu ne veux pas me voir orpheline, sans personne pour m’aimer ni s’occuper de moi.