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Pourquoi a-t-on besoin d’un Imâm ?
La philosophie de l’Imâmat selon les croyances chiitesAmélie Neuve-Eglise
L’Imâm comme source de la permanence de ce monde
Ainsi, outre son tutorat juridique et sur le plan des croyances (wilâyat tashri’i), la présence des Imâms sur terre a également une dimension ontologique appelée wilâyat takwini. Cette dimension permet la permanence même du monde et de ses habitants, car sans un Argument divin manifestant le but de la création et par lequel l’homme établit un lien avec son Créateur, ce monde n’aurait plus lieu d’être : “Si la terre se vidait de l’Argument, elle disparaîtrait avec tous ses habitants.” [1] Pour reprendre les mots de Henry Corbin, “la Terre ne peut jamais être privée d’un Imâm, fût-il caché et invisible, parce qu’elle serait alors sans communication avec le Ciel ; l’Imâm est le pôle mystique ; s’il cessait d’exister, l’humanité se saurait persévérer dans l’être.” [2]
Cette dimension s’enracine dans la double réalité de l’Imâm à la fois comme personnage historique et réalité métaphysique : selon cette seconde dimension, les Imâms sont considérés comme étant les manifestations (mazhar) d’une théophanie primordiale divine créée de toute éternité – celle des Quatorze immaculés incluant le Prophète Mohammad, sa fille Fâtima, et les Douze Imâms – qui fut et constitue le support des Noms et Attributs divins. Leur réalité profonde a donc une dimension cosmique et révèle la correspondance étroite entre univers spirituels et visibles – les Imâms étant la manifestation de ces Noms en ce monde et ce qui lui donne sa raison d’être. [3]
L’Imâm est donc, comme nous l’avons évoqué, un “pont entre ciel et terre” permettant à la miséricorde divine d’embrasser le monde. Cet aspect nous permet de saisir le sens de la réponse de l’Imâm Bâqer lorsqu’on lui demanda à quoi servait l’Imâm : “Pour que le monde reste en bon ordre ! Et cela parce que Dieu Tout-Puissant suspend le châtiment pour les habitants de la terre s’il s’y trouve sur terre un Prophète ou un Imâm. Dieu Tout Puissant a dit : “Mais Dieu ne veut pas les châtier alors que tu es au milieu d’eux” (8:3). […] Par eux Dieu pourvoit aux besoins de Ses serviteurs ; par eux Ses pays sont construits ; par eux descend la pluie du ciel ; par eux sortent les bénédictions de la terre ; par eux est accordé un délai aux pêcheurs et [par eux] n’est pas précipité contre eux le châtiment, ainsi que la torture.” [4]
De nombreux textes de ziyârat [5] adressés aux Imâms attestent de cette réalité : “Par vous, Dieu a commencé et par vous, Il va clore. Par vous, Il fait descendre la pluie et par vous, Il retient le ciel et l’empêche de tomber sur la terre, sauf avec Son autorisation. Par vous, Il dissipe les soucis et soulage de la misère, auprès de vous se trouve ce qu’ont révélé Ses Messagers et ce qu’ont descendu Ses Anges.” [6]
Selon la même logique, et comme le rappelle un hadith de l’Imâm Rezâ, les Imâms sont la clé de l’exaucement des prières : “Lorsque vous faites face à une difficulté, demandez de l’aide à Dieu par notre intermédiaire. C’est la parole même de Dieu qui a dit : “C’est à Dieu qu’appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le par ces noms” (7:180) ; J’en jure par Dieu, ce sont nous qui sommes les noms les plus beaux de Dieu, l’invocation d’une personne ne sera exaucée que par notre connaissance.” [7]
Approfondir sa connaissance de Dieu
Les enseignements légués par les Imâms regorgent d’explications subtiles sur des questions aussi complexes que celles de l’Unicité divine : “Celui qui L’a décrit L’a limité, et celui qui L’a limité l’a compté [8], celui qui L’a compté a infirmé Son éternité. Celui qui demande : “Comment est-Il ?” L’aura décrit, et celui qui demande : “Où est-Il ?” L’aura situé dans un lieu particulier.” [9], mais aussi sur la prophétie, le lien unissant l’homme à Dieu… : “Celui qui veut avoir une idée de sa considération auprès de Dieu, qu’il observe la considération qu’il donne à Dieu en lui, car Dieu donne à son serviteur la même considération que le serviteur donne à Dieu dans son âme.” [10] ; “Celui qui se connaît, connaît son Dieu.” [11] ; “Vous êtes redevables de mille remerciements obligatoires à chacun de vos souffles, et même de davantage.” [12]
Ces enseignements permettent de faire prendre conscience à l’homme de l’infinie bonté divine, tout en lui donnant une vision du monde basée sur l’unicité (tawhid) ainsi qu’un cadre de pensée sur la base de laquelle fonder sa réflexion et agir. Dans ce sens, l’invocation de l’Imâm Hossein le jour de ’Arafat contient des trésors d’unicité mis à la disposition de tous les croyants, et exprime avec une subtilité extrême la relation de Dieu au monde : “Quand as-Tu disparu pour que Tu aies besoin d’un indice qui te signale ? Quand T’es-tu éloigné pour que ce soient les traces, elles, qui me conduisent à Toi ? Aveugle l’œil qui ne Te voit pas.” [13]
En tant que manifestation la plus parfaite des différents Noms de Dieu, l’existence même de l’Imâm permet aux hommes de mieux connaître leur Créateur : “Connaît Dieu Tout-Puissant et L’adore, celui qui connaît son Imam [venant] de nous, Ahl al-Bayt. Celui qui ne connaît pas Dieu Tout-Puissant ni ne connaît son Imâm de nous, Ahl al-Bayt, alors il connaît et adore un autre que Dieu“. [14] Cette réalité ne remet pas en cause la transcendance divine, les Imâms insistant eux-mêmes dans de nombreux hadiths qu’ils sont avant tout des serviteurs (’ibâd) tenant l’ensemble de leurs perfections de Dieu et se situant dans une relation de dépendance absolue par rapport à Lui. [15]
Apprendre au croyant à construire sa relation avec Dieu
Outre les milliers de hadiths qui constituent de véritables trésors spirituels, les Imâms, et plus particulièrement l’Imâm Sajjâd, ont légué un grand nombre d’invocations d’une beauté et d’une profondeur uniques. Ces invocations enseignent au croyant comment s’adresser à Dieu, ce qu’Il faut Lui demander, lui apprennent à construire une relation avec Dieu, tout en dévoilant certains mystères de la Création et du lien unissant le croyant à son Créateur. Certaines de ces invocations peuvent ainsi être considérées comme de véritables traités gnostiques.
De par leur comportement, les Imâms apprennent aux croyants l’état d’esprit qu’il faut s’efforcer d’atteindre lorsque l’on veut s’adresser à Dieu. On rapporte que lorsqu’il allait faire ses ablutions en vue de la prière, l’Imâm Sajjâd devenait jaune et se mettait à trembler. Quand on lui en demandait la raison, il disait : “Savez-vous devant Qui je m’apprête à me tenir debout ?” [16]
De nombreux hadiths renouvellent le message de pardon et de miséricorde de l’islam, et invitent le croyant à sans cesse s’adresser à Dieu et revenir vers Lui : “[…] Si vous ne faisiez pas de péchés pour que vous demandiez pardon à Dieu, Dieu aurait créé des créatures pour qu’elles fassent des péchés, puis demandent pardon à Dieu. Dieu leur pardonnerait alors. Le croyant est celui qui est mis à l’épreuve, qui revient sans cesse [à Dieu]. Vous n’avez pas entendu la parole de Dieu “Dieu aime ceux qui reviennent sans cesse à Lui et Il aime ceux qui se purifient” (2:222) et “Demandez pardon à Dieu, puis revenez à Lui” (9:3).” [17]
Dans ce sillage, l’Imâm Hossein évoque que “Si le serviteur savait à Qui il fait ses confidences, il ne cesserait pas.” [18]
Le rôle de l’Imâm pour le croyant d’aujourd’hui
On pourrait nous objecter que certains aspects abordés concernant le rôle des Imâms se raportent à une époque révolue, celle précédant l’occultation du Douzième Imâm et lorsque le croyant pouvait avoir un contact direct avec les Imâms. Or, il n’en est rien : tout d’abord parce que selon les croyances chiites, le Douzième Imâm demeure présent sur cette terre. Sur la base de sa wilâyat-e takwini [19]
, il guide intérieurement les croyants désireux de se rapprocher de Dieu et peut parfois se manifester à eux en rêve ou, plus rarement, dans la réalité. En outre, bien qu’ils n’aient plus de présence physique en ce monde, les onze autres Imâms n’en sont pas moins considérés comme vivants, et la visite de leur sanctuaire demeure une source de vivification de l’âme et un “chemin” vers Dieu. Ainsi, même après leur mort apparente, la présence et l’amour envers les Imâms demeurent à la source d’effets spirituels intarissables, suscitant des élans uniques de générosité, de courage, d’abnégation… du don de sa personne pour défendre une noble cause à celui de ses biens sous forme de waqf [20] au bénéfice d’un sanctuaire, ou plus simplement au travers de la préparation d’un repas d’offrande en souvenir d’une naissance ou d’un martyre d’Imâm… Enfin, la portée des enseignements des Imâms, compilés dans de nombreux ouvrages, n’est pas limitée à une époque particulière : elle demeure une source de sagesse qui nourrit la pensée et la foi de tout croyant d’hier et d’aujourd’hui. L’ensemble de ces dimensions permet dès lors de mieux comprendre la portée du verset coranique révélé au sujet de la désignation de l’Imâm ’Ali comme successeur du prophète Mohammad qui ouvrit un nouveau cycle spirituel, celui de la wilâyat et de l’accomplissement du sens profond de la révélation : “Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait.” (5:3).
L’enseignement des Imâms, par l’un de leurs élèves*
Pour présenter une partie du contenu de l’enseignement des Imâms, nous allons citer les paroles non pas de l’un d’entre eux, mais d’un élève de l’Imâm Sâdeq. Ces paroles permettent de comprendre à quel point l’enseignement des Imâms est indissociable du Coran, et qu’il est tout entier orienté vers sa compréhension profonde et son actualisation dans la vie quotidienne du croyant.
Un jour, l’Imâm Sâdeq demanda à l’un de se élèves ce qu’il avait appris de lui.
L’élève répondit : “Ô mon maître, huit choses.”
L’Imâm lui demanda alors de les expliciter.
L’homme répondit :
- “J’ai vu que toute chose aimée quitte celui qui l’aime au moment de la mort. Alors ma préoccupation se porta sur ce qui ne me quitte pas. Et ce qui me tient compagnie quand je suis seul, ce sont mes bonnes actions.
- J’ai vu des gens qui tiraient fierté de leur mérite personnel, d’autres de leurs biens et de leurs enfants, et cela n’est pas une fierté. J’ai vu que la fierté grandiose, dans la Parole de Dieu le Très-Elevé, est : “Le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux d’entre vous” (49:13) Alors je me suis efforcé d’être noble auprès de Dieu.”
L’Imâm exprima son approbation devant ces propos en disant : “C’est bien, par Dieu !”
L’homme continua son propos :
- “J’ai vu les divertissements et le plaisir des gens et j’ai entendu la Parole du Très-Elevé : “Quand à celui qui a redouté la station de son Seigneur et aura préservé son âme des passions, le Paradis sera le refuge.” (79:40) Alors je me suis efforcé d’extirper les passions de mon âme jusqu’à ce qu’elle se stabilise dans l’obéissance de Dieu”.
L’Imâm dit : “C’est bien, par Dieu !”
L’homme poursuivit :
- “J’ai vu que toute personne qui trouve de l’argent s’efforce de le garder, et j’ai entendu Sa Parole (qu’Il soit glorifié) : “Celui qui fait un beau prêt à Dieu, alors [Dieu] le lui multiplie et il y a pour lui une récompense grandiose” (57:11) Alors j’ai aimé la multiplication et je n’ai rien trouvé qui se garde mieux que ce qui est auprès de Lui. Aussi, chaque fois que j’ai trouvé quelque chose qui avait de la valeur pour moi, je me suis dirigé avec cela vers Lui pour qu’il soit une cartouche pour le moment où j’en aurai besoin.”
L’Imâm lui dit : “C’est bien, par Dieu !”
- “J’ai vu que les gens se jalousaient entre eux à cause de leurs ressources. Et j’ai entendu le Très-Elevé dire : “C’est nous qui avons réparti entre eux leur nourriture dans la vie de ce monde et c’est Nous qui élevons de quelques degrés certains d’entre eux au-dessus des autres afin que les uns prennent les autres à leur service. La Miséricorde de ton Seigneur est meilleure que ce qu’ils amassent.” (43:32) Alors je ne jalouse personne et je ne regrette pas ce que j’ai perdu.”
L’Imâm lui dit : “C’est bien !”
- “J’ai vu l’animosité des gens entre eux dans la demeure de ce monde et les rancœurs qui se trouvent dans leur poitrine et j’ai entendu la Parole de Dieu le Très-Elevé : “Le démon est un ennemi pour vous. Considérez-le comme un ennemi.” (35:6) Alors j’ai consacré mes efforts contre l’hostilité du démon, laissant celle des autres.”
L’Imâm lui dit : “C’est bien !”
- “J’ai vu que les gens travaillaient dur et fournissaient de grands efforts dans la recherche des moyens de subsistance et j’ai entendu Dieu le Très-Elevé dire : “Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. Je ne veux aucune ressource de leur part. Je ne désire pas qu’ils Me nourrissent. Dieu est le Dispensateur de tous les biens, le Détenteur de la force inébranlable.” (51:56-58). J’ai su que Sa promesse et Sa parole sont vraies alors je me suis conforté dans Sa promesse et je me suis satisfait de Sa Parole. Je me suis occupé de ce que je devais [faire] pour Lui et non de ce qui se trouvait auprès de Lui pour moi.”
L’Imâm lui dit : “C’est bien !”
- “J’ai vu des gens qui comptaient sur la santé de leur corps, d’autres sur la multitude de leurs biens et d’autres sur des créatures comme eux. Et j’ai entendu la Parole du Très-Elevé : “Quand à celui qui craint Dieu, Dieu donnera une issue favorable à ses affaires ; Il le pourvoit d’une façon à laquelle il ne s’attendait pas. Dieu suffit à quiconque compte sur Lui.” (65:2-3) Alors j’ai compté sur Dieu et je ne compte plus sur personne d’autre.”
L’Imâm arrêta son propos et le félicita en disant : “Par Dieu, la Torah, l’Evangile, le Coran et les autres livres célestes reviennent à ces huit questions.”
Une invocation de l’Imâm Sajjâd
Le retour vers Dieu
Comme nous l’avons évoqué, l’un des aspects de la mission des Imâms est d’apprendre au croyant à s’adresser à Dieu ainsi qu’à construire une relation d’intense proximité avec Lui. Dans ce sens, l’Imâm Sajjâd a légué de nombreuses invocations qui furent par la suite publiées dans un recueil intitulé Sahifeh Sajjâdiyeh, parfois surnommé “Les psaumes de l’islam”. Il est aussi l’auteur de quinze “entretiens intimes” (monâjât) constituant une façon unique de s’adresser à son Créateur et de lui présenter ses requêtes les plus profondes. Nous présentons ici la traduction de l’ “Entretien de ceux qui se repentent”(Monâjat al-Tâ’ibin) sachant que la notion de tawba, qui exprime en arabe le repentir, contient également l’idée d’un retour réciproque du croyant vers Dieu et de Dieu vers le croyant.
Entretien de ceux qui se repentent
Par [la grâce] du nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.
Mon Dieu, les péchés m’ont revêtu du manteau de l’humiliation,
L’éloignement de Toi m’a enveloppé du vêtement de la misère,
La grandeur de ma faute a fait mourir mon cœur,
Aussi, vivifie-le d’un repentir/retour (tawba) de Toi,
Ô mon espoir, mon désir, ma prière et mon vœu !
Par Ta Toute-Puissance, je ne trouve personne d’autre que Toi
Pour pardonner mes péchés
Et je ne vois personne d’autre que Toi
Pour réparer ce qui est brisé en moi,
Déjà, je me suis soumis à Toi en me repentant à Toi,
Et je me suis courbé d’humiliation devant Toi.
Si Tu me repousses de Ta Porte, auprès de qui trouverai-je refuge ?
Si Tu me rejettes de Ton entourage, auprès de qui trouverai-je protection ?
Quel malheur, ma honte et mon opprobre !
Quel désastre, les mauvaises actions que j’ai commises !
Je Te demande, ô Celui qui pardonne les péchés graves et qui panse les os brisés,
D’effacer les dangers du péché, de dissimuler le scandale de mes secrets,
De ne pas me priver, au Jour de la Résurrection,
De la fraîcheur de Ta Rémission et de Ton Absolution,
Ni de me dépouiller de la beauté de Ton Pardon et de Ta Dissimulation.
Mon Dieu, ombrage mes fautes des nuages de Ta Miséricorde,
Envoie sur mes vices la nuée de Ta Compassion.
Mon Dieu, l’esclave qui a fui son maître, ne revient-il pas que chez son maître ?
Un autre que son maître le protègera-t-il de sa colère ?
Mon Dieu, si regretter la faute est un repentir vers Toi,
Alors me voici, de par Ta Toute-Puissance, parmi ceux qui regrettent ;
Si demander le pardon pour ses fautes est une rémission des fautes,
Alors me voici parmi ceux qui implorent Ton Pardon.
A Toi le droit de me blâmer jusqu’à ce que Tu sois Satisfait.
Mon Dieu, par la Puissance que Tu as sur moi,
Reviens vers moi,
Par la Clémence que Tu as à mon égard,
Remets mes fautes,
Et par la Connaissance que Tu as de moi,
Témoigne-moi de Ta Bonté !
Mon Dieu, c’est Toi qui as ouvert à Tes serviteurs,
Une porte qui donne accès à Ton Pardon,
Que Tu as nommée le repentir.
Tu as dit : “Revenez à Dieu d’un repentir sincère” (66:8)
Alors quelle est l’excuse de celui qui a négligé de franchir cette porte
Après que Tu l’eue ouverte ?
Mon Dieu, si la laideur du péché vient de Ton serviteur,
Que la Beauté du Pardon vienne de Toi !
Mon Dieu, je ne suis pas le premier à T’avoir désobéi,
Vers qui Tu es revenu,
[Ni le premier] à avoir demandé Tes Bienfaits,
A qui Tu as témoigné de Ta Générosité.
Ô Celui qui exauce les nécessiteux,
Qui dissipe le malheur,
Ô Celui dont la Bonté est immense,
Ô Celui dont la Science pénètre les secrets,
Ô Celui dont la Dissimulation est belle, Ô
Je sollicite l’intercession de Ta Générosité et de Ta Magnificence auprès de Toi,
J’implore Ta Grâce et Ta Pitié.
Exauce mon invocation !
Ne déçois pas l’espoir que j’ai en Toi !
Accepte mon repentir !
Efface mes péchés, par Ta Grâce et Ta Miséricorde,
Ô le plus Miséricordieux de ceux qui font miséricorde !
Traduction de l’arabe au français de Leila Sourani, Le Livre complet des Invocation de l’Imam as-Sajjâd (p), éditions BAA, 2008, pp. 420-424.
Notes:
[1] Usûl al-Kâfi de Kolayni, Vol. 1, p. 179, propos 10. Op. cit. Le martyre de l’Imam Hussein (p), éditions BAA, p. 148.
[2] Corbin, Henry, En islam iranien, aspects spirituels et philosophiques – I, Le shî’isme duodécimain, Gallimard, Tel, 1971, p. 58.
[3] A ce propos, voir Corbin, Henry, En islam iranien, aspects spirituels et philosophiques – I, Le shî’isme duodécimain, Gallimard, Tel, 1971, pp. 61 ss.
[4] Hayât, vol 1, pp. 196-97 (p. 79). Op. cit. L’Imam al-Bâqer (p), éditions BAA, p. 79.
[5] Le mot ziyârat fait à la fois référence aux “visites pieuses” au sein des sanctuaires des grandes personnalités religieuses, et aux textes de salutations et de prières récités en leur honneur dans ces sanctuaires ou à distance.
[6] Mafâtih al-Jinân, traduction de Leila Sourani, “La 2de ziyârat al-Jâmi’at (La grande)”, éditions BAA, 2008, pp. 1686-1687.
[7] Tafsir ’Iyysâhi, Vol. 1, p. 166 ; Mosnad al-Imâm al-Rezâ, Vol. 1, pp. 334-335.
[8] C’est-à-dire a considéré Dieu comme un être ayant plusieurs parties, ce qui contredit Son éternité et Sa toute-puissance car les parties préexistent au tout, et le tout à besoin des parties pour exister.
[9] Hadith de l’Imâm ’Ali, Nahj al-Balâgha : Sermon 152/94/185.
[10] Hadith de l’Imâm Sâdeq, Bihâr al-Anwâr : 71/156/74 Kanz al-‘Ummâl : 1882.
[11] Hadith de l’Imâm ’Ali, Ghurar al-Hikam : 9865/9965/6998/7855-7856/7829-832/3126/7946/1093/10927/10937.
[12] Hadith de l’Imâm al-Sâdeq, Bihâr al-Anwâr : 71/52/77.
[13] Invocation de l’Imâm Hossein le jour de ’Arafat, tradition de Leila Sourani, voir Le Hajj, le pèlerinage de l’islam, éditions BAA, p. 261.
[14] Hadith de l’Imâm al-Bâqer, Usûl al-Kâfi, Vol 1. Kitâb al-Hujja, p. 181 H. 4, op. cit. L’Imam al-Bâqer (p), éditions BAA, p. 80.
[15] De nombreux hadiths évoquent la colère des Imâms lorsqu’on leur attribuait parfois les attributs de Seigneurie de façon indépendante. Ils rappelaient sans cesse que le but de leur mission était d’amener les croyances à une soumission à Dieu, et que les aimer pour eux-mêmes n’a aucun sens. A ce propos, nous pouvons citer ce hadith de l’Imâm Bâqer : “Ô Jâber ! Que l’imagination ne t’emmène pas ! Est-ce qu’il suffit qu’une personne dise “j’aime ’Ali” et que “je suis prêt à lui prêter allégeance” ou de dire que “j’aime le Messager de Dieu qui est meilleur que ’Ali” et ne pas faire ce qu’il fait, ni suivre sa sunna ? Quelle est la richesse [profit] de cet amour ? […] Celui qui obéit à Dieu, celui-là est notre allié et notre ami et nous aime. Et celui qui désobéit à Dieu, celui-là est notre ennemi. On n’obtient notre allégeance que par la piété et les bonnes actions“. Muntahâ, vol. 2, p. 143. Op. Cit. L’Imam al-Bâqer (p), éditions BAA, pp. 126-127.
[16] Bihar al-Anwâr, Vol. 46, p. 78, hadith 75. Op cit. L’Imâm al-Sajjâd (p), p. 144.
[17] Al-Kâfi, Vol 2 ; Bihâr, Vol. 6, pp. 41-42 H. 78. Op. cit. L’Imam al-Bâqer (p), éditions BAA, p. 174.
[18] Hadith rapporté par l’Imâm Sajjâd, Hilyat al-Abrâr, Vol. 3, p. 241. Op cit. L’Imam al-Sajjâd (p), éditions BAA, p. 144.
[19] A ce propos, voir l’article “Qu’est-ce que l’islam chiite ?” publié dans ce même numéro.
[20] A ce sujet, voir le dossier du No. 56 de La Revue de Téhéran (juillet 2010).