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Les objectifs de l’Imam al Hussein (psl)
Hussein (psl) expliqua lui-même quelques aspects de son action en disant à son frère Mohammed Ibn El Hanafieh : “Je ne suis point sorti en injuste ou en prévaricateur mais plutôt en quête de réforme dans la communauté de mon grand-père (pslp) ; je veux ordonner le convenu, interdire le blâmable et suivre la marche de mon grand-père et mon père Ali Ibn Abou Taleb (pse).”
C’était ainsi que l’Imam résuma sa mission : redonner à l’Islam son caractère social et politique tant étouffé par les soins des Omeyyades qui avaient voulu faire de l’Islam un ensemble de rites individuels et qui n’auraient aucun effet sur la vie sociale et politique, laissant ainsi la main des pervers au pouvoir tout à fait libre…
L’Islam était donc menacé par le même danger qui avait dévié les chrétiens de la religion de Jésus (psl) !… Le soulèvement de l’Imam Hussein (psl) mit fin à la grande falsification que Muawiya avait entreprise et que Yazid voulait achever.
Achoura’
L’armée de Yazid barra la route à la petite caravane de l’Imam Hussein à un lieu-dit Karbala’ près de l’un des affluents du fleuve Euphrate.
Et aussitôt l’armée s’interposa entre la caravane de l’Imam Hussein et l’eau du fleuve pour en priver les femmes et les enfants sous une chaleur torride…
Le vendredi dix du mois de Muharram de l’année 61 Hijra, et au bout de trois jours de soif, l’Imam Hussein (psl) rassembla ses fidèles qui étaient au nombre de soixante-douze hommes et leur demanda de se préparer au martyre, puis il s’avança vers l’armée des hypocrites pour les exhorter de se repentir, leur rappelant qu’il était le petit-fils du Prophète et que son sang leur était interdit… Il leur rappela aussi les paroles du Prophète : “Hassan et Hussein sont les maîtres des jeunes du paradis.”
L’armée de Yazid n’était en fait constituée que par des Koufiens que Obeydoullah Ibn Zyed avait réussi à corrompre… et la plupart de leurs chefs étaient de ceux qui avaient écrit des lettres à l’Imam Hussein l’invitant à venir à Koufa !…
De ce fait, les paroles de l’Imam restèrent sans écho puisque, devant lui, il n’y avait que des hypocrites qui avaient vendu leurs âmes !
La réponse de ces hypocrites à l’Imam était : “Faites la bey’âh à Yazid, comme nous l’avons faite nous-mêmes !”. .. Mais c’est justement contre cela que l’Imam Hussein s’est soulevé !
Et il leur répondit fermement que la vie ne vaut pas que l’homme s’avilit pour elle, et la bey’âh d’un pervers comme Yazid était un avilissement inacceptable pour n’importe quel homme libre, et l’Islam interdit ceci.
Omar Ibn Saê’d, commandant de l’armée de Yazid, lança l’ordre d’attaque et ce fut la grande bataille entre le petit groupe de compagnons de l’Imam et la grande armée de Yazid dont le nombre s’élevait à plusieurs milliers.
Après un combat héroïque, l’armée se retira avec des grandes pertes alors que les compagnons de l’Imam avaient perdu cinquante fidèles.
Les combats se poursuivirent sous la forme d’opération individuelle :
L’un après l’autre, les compagnons et les proches de l’Imam s’avancèrent vers le champ de la bataille et attaquèrent l’armée adverse pour obtenir le martyre, et ils étaient tous impatients de rejoindre leurs frères aux paradis.
Si l’on peut résumer tout l’héroïsme et la noblesse des fidèles de l’Imam ce jour-là, l’histoire de Abbess, frère de l’Imam en pourrait certainement être le meilleur exposé ; ayant été chargé par l’Imam d’aller chercher un peu d’eau pour les enfants assoiffés, il combattit toute la garde qui s’interposait entre eux et l’eau du fleuve, et lorsqu’il atteignit la rive, il remplit sa gourde et eut la tentation de boire…
Mais, se rappelant que l’Imam ne pouvait pas en faire autant, il s’abstint et accourut pour ramener l’eau au camp, mais il fut assassiné en route, sans qu’il puisse boire après une soif de trois jours !
Après le massacre de tous ses compagnons, l’Imam Hussein (psl) fit ses adieux aux femmes et aux enfants leur demandant de supporter le destin que Dieu Le Tout Haut leur réservait, leur rappelant la noblesse de leur cause.
Ensuite, il passa à la tente de son fils Ali Zeyn Al A^bidi`n qui, étant malade et n’ayant pas participé au combat, fut l’unique homme survivant du massacre…
L’Imam lui demanda de conserver son calme quel que soit le déroulement des événements, et de préserver sa vie à tout prix pour pouvoir continuer l’œuvre de ses prédécesseurs, à savoir ; assurer la défense de la foi, l’enseignement des préceptes de l’Islam et la protection des musulmans contre l’invasion culturelle étrangère…
L’Imam Hussein (psl) avança vers l’armée des hypocrites et bien qu’il n’était pas connu pour des qualités guerrières extraordinaires, son combat fut miraculeux, et chaque fois qu’il attaquait un groupe il l’anéantissait ou le mettait en fuite…
L’armée des hypocrites opta alors pour le tir des flèches et le jet des pierres…
Une flèche transperça la gorge de l’Imam et il trébucha de son cheval…
Personne n’osa s’en approcher… Vraisemblablement, ils comprirent qu’ils avaient commis un sacrilège et qu’ils devraient s’attendre à la colère de Dieu.
Seul, un ignoble mécréant rancunier du nom de Chimr qui était l’un des adjudants proches d’Obeydoullah Ibn Zyed, osa exécuter les ordres de son chef : décapiter l’Imam et porter sa tête au bout d’une lance.
La rancune des Omeyyades envers Ahloul Beyt (pse) et envers l’Islam et tout ce qui le représentait était sans limites.
En effet, le commandant de l’armée de Yazid ne s’était pas contenté de ce massacre, mais il ordonna à dix cavaliers de piétiner le corps de l’Imam décapité… Après quoi, il ordonna de mettre le feu au camp des femmes et des enfants…
Zeyneb, sœur de l’Imam Hussein (pse) commença à rappeler et à calmer les femmes et les enfants terrorisés et dispersés dans toutes les directions. Avec un courage et une bravoure dont seule une petite-fille du Prophète (pslp) peut se vanter, elle avança vers le corps disloqué de son frère Hussein, le prit dans ses bras, le leva vers le ciel et dit :
“Mon Dieu, accepte ce sacrifice de notre part…”
Les enseignements de Karbala’
Il était clair que l’Imam Hussein (psl) par son soulèvement contre la dictature omeyyade, ne voulait pas prendre le pouvoir, et si telle était son intention, il aurait rebroussé chemin lorsque les nouvelles du meurtre de Mouslem et de la trahison des Koufiens lui furent parvenues.
L’Imam Hussein voulait tout simplement montrer aux musulmans la voie de la liberté : il ne faut jamais légitimer un pouvoir injuste, quitte à sacrifier sa vie !
Le mot Achoura’ est dérivé du mot arabe A^chr qui signifie dix ou dizaine.
Ce sont les dix premiers jours du mois de Muharram au cours desquels cette épreuve eut lieu qu’on célèbre… et chaque année, les adeptes d’Ahloul Beyt commémorent le martyre d’Hussein (psl), le maître des martyrs et de ses fidèles compagnons qui s’étaient sacrifiés pour la survie de l’Islam pur.
Avant le massacre de Karbala’, le jour de Achoura’ n’avait aucune particularité, mais depuis lors, il devint le symbole de la résistance contre la tyrannie et l’emblème de tout homme libre qui préfère plutôt mourir que vivre aux dépens de ses principes.
Achoura’ est le jour de tous les hommes libres.
Achoura’ est la fête de tous les révolutionnaires en quête d’équité et de justice.
Achoura’ est le jour du sacrifice sublime pour l’amour de Dieu.
La commémoration du jour de Achoura’
Les Omeyyades avaient essayé de faire du jour de Achoura’ une fête, puisque selon Yazid lui-même, c’était la vengeance que les Omeyyades cherchaient depuis le jour de Bèdr !…
Mais en réalité le jour de Achoura’ était un jour de malheur pour les Omeyyades eux-mêmes : depuis ce jour-là et jusqu’à la fin de leur règne, on a enregistré au moins une révolution chaque année et leur régime était le plus instable dans l’histoire des musulmans.
Yazid lui-même trouva la mort quelque peu après le massacre de Karbala’, et l’histoire nous rapporte comment il a été dévoré par les fauves et n’eut même pas la chance d’avoir des funérailles ni même une tombe.
Parallèlement, le mausolée de l’Imam Hussein à Karbala’ est jusqu’à nos jours l’un des lieux les plus sacrés du monde islamique. Les musulmans le visitent, venant des quatre coins du monde, alors que les Omeyyades et leurs successeurs prévaricateurs ont sombré tous dans l’oubli, et si jamais un musulman s’en rappelle ce n’est que pour les maudire !
Dès que les conditions politiques le permettaient, les musulmans s’empressaient de commémorer le jour de Achoura’.
Ainsi, en Egypte des Fatimides, en Iran du Sultan Deylémite et en Inde, les premiers rites des commémorations de Karbala’ et du jour de Achoura’ eurent lieu.
Petit à petit, ces rites se propageaient parmi les musulmans qui avaient la chance de connaître la réalité et la valeur de Ahloul Beyt (pse)…
La commémoration du jour de Achoura’ n’a pas seulement une valeur symbolique, mais c’est plutôt un rite qui nous rappelle une dimension essentielle de l’Islam : le sacrifice et l’immolation de soi pour l’amour de Dieu.
La victoire de l’Imam al Hussein (psl)
Il ne faut certainement pas penser que le massacre de Karbala’ était une victoire des Omeyyades sur Ahloul Beyt ! Mais c’est plutôt l’inverse qui est vrai : l’Imam Hussein avait réalisé tous ses objectifs alors que Yazid n’en avait récolté que le scandale et la déstabilisation de son pouvoir et par la suite la malédiction de tous les croyants jusqu’au jour de la résurrection.
Le jour de Achoura’, l’Imam Hussein voulut nous démontrer une loi divine et sacrée : chaque fois que le combat entre le sang et le sabre éclate, c’est la victoire du sang sur le sabre qui est certaine !
Cette loi n’a pas cessé d’inspirer tous les révolutionnaires musulmans tout au long de l’histoire.
Nous pouvons voir dans toutes les insurrections et révolutions des masses opprimées contre les despotes de tout acabit des concrétisations plus ou moins parfaites de cette loi. Ce n’est pas donc par hasard que ce soit le peuple iranien qui ait réussi la meilleure concrétisation de cette loi.
En effet, c’est au nom de l’Imam Hussein que le sang des jeunes Iraniens a battu le sabre millénaire du Chah, leur dictateur.
C’est donc dans le cadre de la reconnaissance de la valeur de Ahloul Beyt (psex) que cette devise peut être parfaitement réalisable.
Et c’est seulement lorsqu’on prend état de la valeur et de la grandeur de l’Imam Hussein (psl) que l’on peut évaluer à sa juste valeur, toute catastrophe ou calamité qui pourrait nous atteindre.
Alors, au lieu de pleurnicher sur les petits maux de cette vie, il vaut mieux pleurer, voire fondre en larmes, en se rappelant la catastrophe de Achoura’ et le supplice que l’Imam Hussein avait dû subir pour nous faire parvenir l’Islam sain et sauf.
Paix et prière sur Hussein et maudits soient ses ennemis jusqu’au jour du jugement.