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Imam al-Husayn (P) à l'époque de Muawiya

Imam al-Husayn (P) à l’époque de Muawiya

2025-02-02

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Imam al-Husayn (P) à l’époque de Muawiya

Les raisons de non-soulèvement de l’Imam al-Husayn (béni soit-il) à l’époque de Muawiya

La naissance et le martyre

Le trois du mois de Chaaban de l’an trois Hijri, la lumière de la naissance de l’Imam Al-Hussein a jailli dans la maison de la prophétie, et les cœurs étaient joyeux de la naissance et triste pour son martyr lors de la venue de Gabriel annonçant la naissance de l’Imam Al-Hussein (paix sur lui) et son martyr en même temps à son grand père (prière et paix de Dieu sur lui et sur sa lignée vertueuse).

Imam al-Husayn (paix sur lui), est le troisième Imam des chiites qui fut tombé en martyre dans l’événement de Karbala. Il est le deuxième fils de l’Imam Ali (paix sur lui) et de Fatima az-Zahra (paix sur elle), et le deuxième petit-fils du Prophète Muhammad (paix et salut sur et sa sainte famille). Après le martyre de son frère, l’Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a), il fut chargé de diriger les chiites pendant environ onze ans.

L’Imam (paix sur lui) est né à Médine dans la maison de ses parents, à côté de la maison du prophète (prières et paix sur lui et sa lignée vertueuse), dans la mosquée du prophète qui est un lieu des plus saints des lieux dans le monde, et a grandi avec les soins de son grand père (prières et paix de dieu sur lui et sa lignée vertueuse) et a pris de lui le courage et la bonté et la simplicité, et il ressemblait lui et son frère (p)beaucoup à leur grand-père (prières et paix de Dieu sur lui et sa lignée vertueuse).

Selon les rapports historiques chiites et sunnites, le Prophète de l’Islam (s) annonça le martyre de l’Imam al-Husayn (a) lors de sa naissance et choisit le nom « al-Husayn » pour lui. Le Messager de Dieu (s) aima beaucoup al-Hasanayn (l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a)) et recommanda à tout le monde de les aimer. L’Imam al-Husayn (a) est l’un des As’hâb al-Kisâ’ (a) et l’un de ceux présents dans l’histoire d’al-Mubâhala et l’un des cinq membres immaculés de la famille du Prophète Muhammad (s) (Ahl al-Bayt (a)) dont le verset de purification fut révélé à propos d’eux. De nombreux hadiths furent rapportés par le Prophète Muhammad (s) sur la vertu de l’Imam al-Husayn (a) ; y compris, « al-Hasan et a-Husayn sont les maîtres des jeunes du Paradis » et « al-Husayn est le phare et le navire de sauver ».

Selon certains récits, l’Imam Husayn (p) a vécu cinquante-six ans et quelques jours. Il a vécu six ans et quelques mois avec son grand-père, le Prophète Muhammad (P), avant la disparition de celui-ci, trente ans avec son père, dix ans avec son frère l’Imam Hassan (p) après la mort de son père, et dix ans après la mort de son frère. Il a été mort en martyre le jour de ‘Achoura (dixième jour de Muharram) de l’an 61 de l’hégire à Karbala et son saint corps a été enterré dans le même pays.[1]

Appellation

Le mot « Husayn » vient du nom « Hasan » qui signifie bon. D’après les récits chiites, le Prophète (s) le nomma Husayn selon l’ordre divin, avant qu’autre nom soit choisi pour lui. Il dit ensuite :

« J’ai reçu l’ordre de nommer ces fils qui sont les miens, Hasan et Husayn. Aron, nomma ses deux fils Shubbar et Shubayr,[2] et moi, je nomme mes deux fils, Hasan et Husayn, aux mêmes noms qu’Aron nomma ses fils. »

Ces deux noms : Hasan et Husayn sont des noms célestes qui n’avaient pas d’antécédents auparavant.

L’Imam al-Husayn (a) a de nombreux titres. Certains d’entre eux sont communs avec ceux de son frère, l’Imam al-Hasan (a). Comme Sayyid Shabâb Ahl al-Janna (le Maître des jeunes résidents dans le Paradis). Parmi les titres particuliers de l’Imam al-Husayn (a), on peut mentionner : az-Zakîy, at-Tayyib, al-Vafîy, as-Sayyid, al-Mubârak, an-Nâfi’, Ad-Dalil ‘Alâ Zâti Allah, ar-Rashîd, At-Tâbi’ li Mardât Allah.

Ibn Talha ash-Shâfi’î, pense qu’az-Zakîy est son titre le plus connu, mais, il précise que son titre, Sayyid Shabâb Ahl al-Jannat, est le plus important.

Dans certains hadiths, il est surnommé ash-Shahîd (Martyr), ou Sayyid ash-Shuhadâ’ (Maître des Martyrs).

Selon certaines narrations sunnites, l’Imam Ali (a) dit :

« Je ne nomme pas mon fils, tant qu’il y a le Prophète Muhammad (s). »

Surnoms

Le surnom de l’Imam al-Husayn (a) est Abâ ‘Abd Allah. Le Prophète (s) lui donna ce surnom dès sa naissance. Cela pouvait être à cause d’un fils de l’Imam al-Husayn (a) qui s’appelait ‘Abd Allah. Abâ ‘Abd Allah signifie: le père des serviteurs d’Allah. Certains croient que ce surnom n’est pas parce qu’il avait un fils, appelé ‘Abd Allah, mais, ça vient plutôt de sa signification. Ça veut dire, si le soulèvement de l’Imam al-Husayn (a) n’était pas, tout le monde oublierait Allah et il n’y aurait plus des serviteurs d’Allah. C’est pourquoi, il est surnommé le père des serviteurs d’Allah. « Abû Ali » (le père de Ali), « Abû ash-Shuhadâ » (le père des martyrs), « Abû al-Ahrâr » (le père de ceux qui sont libres intérieurement) et « Abû al-Mujâhidîn » (le père de ceux qui luttent sur le chemin de Dieu) sont ses autres surnoms.

Titres

L’Imam al-Husayn (a) a de nombreux titres. Certains d’entre eux sont communs avec ceux de son frère, l’Imam al-Hasan (a). Comme Sayyid Shabâb Ahl al-Janna (le Maître des jeunes résidents dans le Paradis). Parmi les titres particuliers de l’Imam al-Husayn (a), on peut mentionner : az-Zakîy, at-Tayyib, al-Vafîy, as-Sayyid, al-Mubârak, an-Nâfi’, Ad-Dalil ‘Alâ Zâti Allah, ar-Rashîd, At-Tâbi’ li Mardât Allah.

Les textes qui prouvent son Imamat

Nous pouvons utiliser les raisons générales que nous avons déjà indiquées pour prouver l’Imamat de l’Imam Husayn (p). En outre, le noble Messager de l’Islam (P) a souligné l’Imamat de Hassan (p) et de Husayn (p) dans de nombreux hadiths.

L’Envoyé de Dieu (P) a dit: « Mes deux fils sont Imams, qu’ils se lèvent pour l’Imamat ou pas. »[3]

Par ailleurs, l’Imam Hassan (p) a présenté son frère, Husayn (p), comme son successeur et Imam au moment de son décès.

L’Imam Sâdiq (p) a déclaré dans un hadith : « Hassan ibn ‘Ali (p) a appelé son frère, Muhammad ibn Hanafîyah, avant sa disparition et dit : ‘Ne sais-tu pas que Husayn ibn ‘Ali (p) sera l’Imam après ma mort? Dieu, qu’Il soit loué et glorifié, l’a voulu et l’Envoyé de Dieu (P) l’a appuyé. Dieu le Très-Haut sait bien que vous (Gens de la Demeure prophétique) êtes Ses meilleurs serviteurs. Dieu a élu le Prophète Muhammad (P) au rang de la Prophétie, et celui-ci, a élu l’Imam ‘Ali (p) comme Imam, et mon père (p) m’a élu comme Imam, ce que j’ai fait à l’égard de Husayn (p).’ Muhammad ibn Hanafîyah a dit : ‘Ô mon frère! Tu es Imam et remplis sûrement ton devoir.[4]

‘Ali ibn Yûnus ‘Amilî écrit dans son livre intitulé « Sirâti Mustaqîm » :

« L’Emir des Croyants (p) a souligné l’Imamat de son fils, Hassan (p), comme il l’a fait à l’égard de son fils, Husayn (p). Les narrateurs chiites ont rapporté que Hassan (p), avant sa disparition, a choisi son frère Husayn (p) comme Imam, lui a confié les pactes de la Prophétie et les engagements de l’Imamat, a informé les Chiites de son Imamat et succession, et l’a choisi comme le porte-drapeau de la guidance après lui-même.  C’est une chose évidente et reconnue sans aucune ambiguïté.[5]

Mas’ûdî écrit dans son livre «Ithbâtul Wasîlah:

« Lorsque l’Imam Hassan (p) est tombé malade, son frère Abû ‘Abdullâh est venu lui rendre visite. Ils ont parlé pendant un moment et puis l’Imam Hassan (p) a présenté son frère Husayn (p) comme son successeur. Il a enseigné à Husayn (p) le Nom Suprême (Ismi A’zam) de Dieu et lui a confié les héritages des Prophètes et le testament de l’Emir des Croyants (p). »[6]

Muhammad ibn Hanafîyah a dit à l’Imam Sajjâd (p) : « Sais-tu que l’Envoyé de Dieu (P)  a confié l’Imamat et sa succession après lui à l’Emir des Croyants (p), et après celui-ci, à  Hassan (p) puis à Husayn (p) ? »[7]

Ibn Talha ash-Shâfi’î, pense qu’az-Zakîy est son titre le plus connu, mais, il précise que son titre, Sayyid Shabâb Ahl al-Jannat, est le plus important.

Dans certains hadiths, il est surnommé ash-Shahîd (Martyr), ou Sayyid ash-Shuhadâ’ (Maître des Martyrs).

Rôle de l’Imam Hussein avant l’Imamat

A l’époque du Prophète (s)

L’Imam al-Husayn (a) avait 7 ans au moment du décès du Prophète (s). Cependant, il participa aux certains évènements importants de l’époque du Prophète (s). Parmi ces évènements, on peut mentionner al-Mubâhala (L’ordalie) avec les chrétiens de Nadjran, la désignation des Ahl al-Kisâ’ (des membres immaculés de la famille du Prophète (s)), l’Allégeance avec le Prophète (s) où il a été pris comme témoins dans la correspondance.

Ibn Sa’d[8] a mentionné l’Imam al-Husayn (a) comme faisant partie du dernier et cinquième rang des compagnons du Prophète (s), qui était petit au moment de son décès et qui n’a pas assisté à aucune bataille à côté du Prophète (s).

Il était toujours très aimé par le Prophète (s) et recevait des attentions très particulières de sa part. Il est rapporté du Prophète (s):

انَّ الحَسَنَ و الحُسینَ سَیِّدا شَبابِ اَهلِ الجَنّةِ

Al-Hasan et al-Husayn sont des maîtres des jeunes du Paradis[9]

Il les aimait tellement que, quand al-Hasan et al-Husayn entraient dans la mosquée, le Prophète (s) parfois laissait son prêche incomplet, descendait, les accueillait et les embrassait.[10]

Anas b. Mâlik rapporte :

« Lorsqu’on demanda au Prophète (s) lequel parmi les Ahl al-Bayt, il préférait ?

Il répondit : al-Hasan et Husayn. »[11]

A l’époque des trois califes

L’Imam al-Husayn (a) passa presque 25 ans de sa vie, sous le califat de trois califes : Abu Bakr, Umar, Uthman. Il eut 7 ans au début de l’époque du premier calife, 9 ans au début du califat de Umar et 19 ans quand Uthman prit le califat.

Abu Bakr

La période du califat d’Abu Bakr était une époque très particulière pour la Famille du Prophète (s) (Ahl al-Bayt). Les membres immaculés de la famille du Prophète (s) étaient, durant cette époque, d’un côté en deuil et très tristes par le décès du Prophète (s), d’autre côté, ils étaient sous la pression causée par les enjeux et conflits liés du passage du pouvoir.

Il est rapporté que les premiers jours de cette période, l’Imam al-Husayn (a) accompagnait dans la nuit son frère, l’Imam al-Hasan (a), sa mère, Fatima (a) et son père, l’Imam Ali (a), de maison en maison pour voir les gens du « Badr », afin de se récupérer leur droit évident concernant la succession du Prophète (s).[12]

Umar

Nous n’avons pas beaucoup de renseignements à propos de l’Imam al-Husayn (a) durant le califat d’Umar. Cela peut être interprété par sa participation au silence de son père et à la retraite qu’il avait prise du pouvoir et de la politique durant cette époque.

Il est rapporté dans certaines sources qu’au début du califat de Umar, l’Imam al-Husayn (a) entra un jour à la mosquée lorsque Umar était en train de faire son discours, assis sur la chaire du Prophète (s) l’Imam (a) monta la chaire et lui dit :

« Descends de la chaire de mon père et mets-toi sur celle de ton père ! »

Umar, étonné de cette parole, dit :

« Mon père n’a jamais eu de chaire ! » Il le mit ensuite à côté de lui-même.[13]

Uthman

L’Imam al-Husayn (a) eut 19 ans, lorsque Uthman prit le pouvoir. Il bannit Abûdhar al-Ghifârî de Médine et l’envoya à Rabadha. Aussi, il donna comme ordre que personne ne devait l’accompagner. Alors, quand il quittait la ville, personne n’osait s’approcher de lui. Cependant, l’Imam al-Husayn (a) avec son père l’Imam Ali (a), son oncle ‘Aqîl, ainsi que son frère l’Imam al-Hasan (a), son cousin ‘Abd Allah b. Ja’far et ‘Ammâr b. Yâsir le rejoignirent et l’accompagnèrent. [14]

Plus tard, quand le peuple se révolta contre le troisième calife, Uthman; l’Imam Ali (a), d’après certaines narrations, essayait de protéger Uthman afin de protéger l’unité de la communauté musulmane. Il envoya ses enfants (al-Hasan et al-Husayn) à son secours. [15]

Gouvernement de l’Imam Ali (a)

L’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a) participèrent à côté de leur père, aux batailles Jamal, Siffîn et Nahravân.[23] Lors de la bataille de Siffîn, L’Imam al-Husayn (a) fit un discours pour encourager tout le monde à faire le djihad.[16]

Il est rapporté que l’Imam Ali (a) a transmis à l’Imam al-Husayn (a), suite à l’Imam al-Hasan (a), la responsabilité des dons (mawqûfât).[17] Il est également rapporté que lors du martyre de son père, l’Imam Ali (a); l’Imam al-Husayn (a) fut absent (à Madâ’in afin d’effectuer une mission de la part de son père. Il apprit la nouvelle par une lettre de la part de son frère l’Imam al-Hasan (a),[18] et put ainsi participer à l’enterrement de son père.[19]

Gouvernement de l’Imam al-Hasan (a)

Après le martyre du Commandeur des croyants, Ali (a), le pouvoir, ainsi que l’Imamat fut transmis à l’Imam al-Hasan (a). La période de califat de l’Imam al-Hasan (a) fut six mois, et celle de son Imamat dix ans. L’Imam al-Husayn (a) fait tout de suite l’allégeance avec son frère. Il fut un proche compagnon de lui et toujours à son côté. Il eut un rôle très important dans le camp de Nukhayla, ainsi qu’à Madâ’in et Sâbât pour réunir de l’armée.[20]

D’après certaines sources, quand l’Imam al-Hasan (a) fit le traité de paix avec Muawiya, un groupe de dévoués d’Ahl al-Byat, demanda à l’Imam al-Husayn (a) de résister contre Muawiya. Mais, il soutint sérieusement son frère et resta fidèle envers son traité.[21] Quand Qays b. Sa’d lui demanda la raison, il lui exprima explicitement son avis. Ensuite, après conclure le contrat de paix, il accompagna son frère de Koufa à Médine et s’y installa.[22]

De son Imamat à son martyre

Son Imamat

Après le martyre de l’Imam al-Hasan (a), en l’an 50 H/670, l’Imamat fut transmis à l’Imam al-Husayn (a) et il était l’Imam (a) jusqu’au 10 Muharram 61 H/680.

Gouvernement de Muawiya

L’Imam al-Husayn (a) fut la personne la plus compétente pour prendre la direction de la société après le martyre de son frère, l’Imam al-Hasan (a).[23] Mais, comme nous l’avons mentionné plus haut, il resta fidèle au pacte que son frère avait conclu avec Muawiya, et demeura silencieux malgré le fait que les gens sollicitèrent sa réaction (par des lettres adressées à lui) contre le gouvernement. Il n’a, néanmoins, jamais reconnu la légitimité du gouvernement de Muawiya sur les musulmans et a toujours insisté sur la nécessité du djihad contre les oppresseurs.

Muawiya redoutant la révolte d’al-Husayn (a) après le martyre de al-Hasan (a), lui demanda d’éviter le conflit. L’Imam al-Husayn (a) lui répondit par un rappel de sa fidélité envers le pacte signé par son frère; et répondit également à ceux qui sollicitaient sa réaction ainsi :

« Je n’ai pas aujourd’hui l’intention (de me révolter); que Dieu vous soit miséricordieux; restez calme chez vous et évitez les malentendus lorsque Muawiya est en vie; le jour où Dieu lui voudra autre chose (la mort), je vous ferai part de ma pensée si je serai en vie à ce moment-là. »[24]

L’Imam al-Husayn (a) exprima, durant cette période, tantôt explicitement tantôt discrètement, les sentences et les préceptes de l’Imamat et du califat tout en expliquant les caractéristiques du calife juste. Son discours lors de la grande assemblée du pèlerinage (hajj) à Minâ, et ses nombreuses réunions secrètes à La Mecque sont les exemples de ses démarches pédagogiques auprès des croyants.

Pendant ces dix années de l’Imamat de l’Imam al-Husayn (a), de nombreuses correspondances ont été effectuées entre lui et Muawiya. A travers ces lettres nous pouvons comprendre la position de l’Imam al-Husayn (a) contre Muawiya. Il dénonçait et accusait, à travers ces lettres adressées à Muawiya, sa moindre acte contradictoire aux préceptes islamiques, et le critiquait. Parmi ses accusations les plus graves nous pouvons citer la mise à mort en martyre de Hujr b. ‘Adî, ‘Amr b. Hamiq al-Khuzâ’î, ainsi que celle de al-Hadramî et ses compagnons.

Muawiya fit un voyage à Médine, afin de rencontrer les personnalités importantes de cette ville, y compris l’Imam al-Husayn (a), et demander leur allégeance et ainsi approuver le passage du pouvoir à son fils, Yazid. Il rendit alors visite à l’Imam al-Husayn (a) et essaya de lui parler de son objectif et lui demanda son accord. Mais, l’Imam (a) n’hésita pas de le critiquer gravement, de mettre sérieusement en question les incompétences et les caprices de Yazid et de l’avertir par impertinence de son idée. L’Imam al-Husayn (a) fut un des rares personnes à ne pas faire l’allégeance avec Yazid; il accusa même très sérieusement Muawiya, lors d’un discours public à ce propos.

Politique de Muawiya contre l’Imam al-Husayn (a)

Muawiya, tout comme les trois califes précédents, gardait un grand respect (en apparence) pour l’Imam (a); Et cela surtout parce qu’il était conscient de la place qu’il occupait auprès des gens de La Mecque et de Médine. En même temps, il voyait très bien combien l’Imam al-Husayn (a) lui faisait des obstacles dans sa conduite de gouvernement et s’inquiétait constamment d’une révolte de sa part. Il prit donc, pour toutes ses raisons, une politique très flexible vis à vis de lui. Il ordonnait également à ces agents de le respecter et de ne pas lui poser de problème. Il le surveillait, par ailleurs et sans cesse, dans tous les aspects de sa vie, que ce soit de l’ordre privé ou public, en n’hésitait pas de le lui faire entendre afin de le contraindre dans ses éventuelles tentations de révolte.

Muawiya avait conseillé à son fils, Yazid, également de le craindre et de ne pas insister sur son allégeance.

Les raisons de non-soulèvement de l’Imam al-Husayn (p)

La conjoncture ainsi que la prise de position des populations et la situation de l’Imam Hossein étaient complètement différentes à l’époque du règne de Muawiya, en comparaison avec celui de Yazid. En voici des détails :

1-     Du vivant de l’Imam Hassan (béni soit-il) le vénéré frère de l’Imam Hossein (béni soit-il), lorsqu’il assumait la responsabilité de l’Imamat, il s’est rendu compte de l’absence du soutien populaire à une lutte contre Muawiya et les commandants de son armée ont rendu leur tabliers soit sous la menace soit parce qu’ils ont été achetés par Muawiya. C’est la raison pour laquelle, pour sauvegarder l’Islam et le rang de la société musulmane ainsi que pour préserver la vie de ses compagnons, et pour mettre Muawiya face à ses responsabilités, l’Imam Hassan (béni soit-il) a signé une paix qu’il ne souhaitait pas, avec ce dernier, même si les termes de l’accord de paix concernaient les points pour lesquels, on faisait justement la guerre. Voici quelques-uns de ces points :

  1. a) L’interdiction faite à Muawiya de harceler les partisans de l’Imam Ali (béni soit-il).
  2. b) Des clauses financières, notamment celles concernant la restitution des droits financiers et des biens usurpés aux partisans et aux compagnons de l’Imam Ali.

 

  1. c) L’interdiction faite à Muawiya d’insulter et d’injurier l’Imam Ali (béni soit-il) en public.
  2. d) L’interdiction faite à Muawiya de s’approprier le titre de « Prince des croyants).
  3. e) L’interdiction faite à Muawiya de désigner Yazid et d’autres personnes comme son successeur.[25]

Après le mort en martyr de l’Imam Hassan (béni soit-il), par respect pour le pacte  qu’avait signé son noble frère et guide, l’Imam Hassan (béni soit-il) en son vivant avec Muawiya qui faisait semblant de le respecter, l’Imam Hossein (béni soit-il) a évité la confrontation directe ou sanglante avec ce dernier.[26] Or, après la mort de Muawiya, il n’y avait plus aucune raison pour respecter le pacte, puisqu’avec la mort en martyr de l’Imam Hassan et le décès de l’autre partie à l’accord, le pacte était devenu caduque.

2-     En ce qui concerne la personne de Muawiya, il évitait la confrontation directe avec l’Imam Hassan et son frère l’Imam Hossein (bénis soient-ils). Il craignait les conséquences de l’assassinat de ses nobles personnes et pour sauvegarder son règne, il s’était résigné à tolérer les vénérés Imams. A ce sujet, il interdisait également aux autres d’aller en lutte ouverte avec eux. C’est ainsi que même pour obtenir l’allégeance pour son Fils Yazid en tant que son successeur comme calife, il n’a pas souhaité recourir aux armes pour contraindre l’Imam Hossein (béni soit-il) de prêter allégeance. Il a même recommandé à son fils Yazid d’en faire autant. Mais Yazid qui était un jeune homme imbu de sa personne et fortement orgueilleux, n’a pas suivi les recommandations de son père après la mort de celui-ci. Dès son arrivée au pouvoir, il ordonna au gouverneur de Médine d’obtenir l’allégeance de l’Imam Hossein ou de lui couper la tête. On constate en effet, ici, la méthode de Yazid qui a abouti à un face-à-face direct et sanglant avec le vénéré Imam qui même au prix de ce qui s’est passé à Karbala n’a pas voulu prêter serment d’allégeance à Yazid dont la décision irréfléchie a causé la perte de la famille d’Abou Sofiane.[27]

3-     Muawiya était un fin politicien et il essayait plus ou moins de sauver les apparences. La corruption qui existait au sein de son régime n’était trop ostensible. Le peuple le croyait musulman pratiquant et le calife du noble prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants). Mais Yazid, n’avait pas du tout le flair d’un stratège. Il était un jeune inexpérimenté, orgueilleux avide de pouvoir, plongé dans la corruption et très connu pour son penchant pour le plaisir de la chair. Il avouait ouvertement ses péchés et il était fier aussi des péchés commis par ses ascendants. Yazid ne respectait point le noble prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants). Sa très mauvaise réputation était de notoriété publique[28] et le silence de l’Imam face aux agissements de ce dernier aurait alors équivalu à son approbation à la poursuite du règne de celui-ci, ce qui aurait causé la perte et la disparition de l’Islam.[29]

4-     Nous l’avons dit plus haut, que Muawiya évitait sournoisement toute querelle voire toute confrontation avec l’Imam Hossein (béni soit-il). Or, si l’Imam Hossein avait entrepris un mouvement de protestation ou un soulèvement contre le régime de Muawiya, ce dernier aurait peut-être annihilé et déjoué les effets du mouvement de l’Imam Hossein notamment avec l’énorme et redoutable appareil de propagande dont il disposait, en vue de se montrer comme celui qui est dans son bon droit. Il aurait donc pu détourner les événements à son avantage et à celui de son régime au détriment de L’Imam Hossein et aurait ainsi renforcé les assises de son pouvoir. Mais, Yazid n’était pas doté d’une telle intelligence sournoise. Dès sa prise du pouvoir, il a voulu défier l’Imam, son mouvement et ses compagnons. Après la mort en martyr de l’Imam Hossein (béni soit-il) Yazid n’a pas réussi à faire oublier le mouvement déclenché par le Prince des martyrs et à faire disparaitre ni ses effets et ni les retombées de l’épopée de l’Achoura. Tout ce qu’il a entrepris en ce sens, a eu l’effet inverse et accéléré l’éveil de l’opinion publique mais aussi la fin de son règne. Il a fini par causer la chute et la perte des Omeyyades. Ces différences flagrantes de caractère entre ces deux dirigeants, ne pouvaient pas passer inaperçues par un être prévoyant qu’était l’Imam Hossein (béni-soit-il).

5-     A l’époque de Muawiya, il n’y a pas eu d’appel populaire invitant l’Imam Hossein (béni soit-il) à se soulever contre l’oppression et la corruption de l’appareil omeyyade. Les quelques appels provenant d’ici et de là ne suffisaient pas à faire face aux politiques d’un homme rusé tel que Muawiya. Après la mort de celui-ci, et l’arrivée au pouvoir de Yazid, en revanche, la situation était toute autre. La corruption qui gangrénait le pouvoir de Yazid et sa mauvaise gouvernance, ont mis fin à la patience de la population. Les habitants de Koufa ont adressé des milliers de lettres et de missives à l’Imam Hossein (béni soit-il) pour l’inviter solennellement à se soulever contre le régime des Omeyyades et à diriger l’Oummah islamique. Après la mort de Muawiya et l’arrivée au pouvoir d’un homme corrompu et subversif comme Yazid, il y a eu cet appel massif du peuple à l’adresse du Prince des martyrs. Si l’Imam Hossein ne répondait pas à cette invitation populaire, cela aurait été mal interprétée par l’opinion publique qui aurait alors pensé que l’Imam n’avait que faire de la lutte contre l’oppression et la corruption, qu’il était indifférent ou qu’il avait peur face aux exactions des Omeyyades et enfin qu’il était indifférent face à leur appel et à l’oppression que subissait le peuple ; cela aurait eu des conséquences irréparables. Mais la décision de l’Imam de déclarer publiquement son soulèvement, tout particulièrement durant le Hadj, l’épopée de l’Achoura et le massacre et l4qrrestqtion des membres de la famille du noble prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) ont mis à grand jour la vraie nature du régime des Omeyyades mais aussi la volonté des épris du juste tout au long de l’histoire du monde à tel point qu’il n’y a pas la possibilité de falsifier l’histoire sur les califes usurpateurs. Cela a d’ailleurs permis de relancer et de renforcer la charia et l’Islam purs présentés par le noble prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) et ce jusqu’au jour du Jugement dernier. Il est vrai que l’Imam Hossein (béni soit-il) et son soulèvement étaient, le grand vaisseau du salut et la lumière qui a servi d’éclaircir le chemin du salut de l’Oummah islamique. Il est donc de notre devoir de saluer la mémoire du Prince des martyrs à toute occasion, notamment lors des cérémonies religieuses, comme l’ont fait à leur époque, sa vénérée sœur la noble Zeynab (bénie soit-elle) et son noble fils le vénéré Imam Sajjad (béni soit-il), afin de rejoindre le juste.

Pour de plus amples informations vous pouvez vous référer aux textes suivants :

1-     Ansab al-Ashraf d’Ahmad Ibn Yahya al-Baladhuri

2-     La probité de la grande histoire d’Ebn-Asaker

3-     Bihar al-Anwar d’Allameh Majlessi ; vol.44

4-     al-Kamil fi at-tarikh d’Ibn al-Athir; vol.3

5-     Al-Imama wa Siyassa d’Ibn Qotayba

6-     al-Irshad de Cheikh al-Mofid

7-     Les chroniques d’Ibn Wadih al-Yaqubi

8-     Muruj al-dhahab d’al Massoudi

9-     Maqatel al-Talibiyin d’Abul Farag al-Isfahani

10-  L’Imam al-Hassan de Mohammad Hassan al-Yassine

Notes:

1-Bihârul Anwâr, Vol. 44, pp. 200-201; Kachful Ghummah, Vol. 2, p. 216- 252; A’lâmul Wurâ, Vol. 1, p. 420, Matâlibul Suûl, Vol. 2, pp. 49, 51, 69, & 70.

2-En langue arabe, ces deux noms ont le même sens de Hasan et de Husayn

3-Ithbâtul Hudât, Vol 5, p. 134-171.
3-Ibid, p. 169, Bihârul Anwâr, Vol. 44, p. 174.
4-Ithbâtul Hudât, Vol 5, p. 173.

5-Ibid, p. 174.
6-Ibid, p. 170.

7-At-Tabaqât al-Kubrâ, v 6 p 399

8-Sharh al-Akhbâr, v 3 p 74

9-Musnad d’Ahmad b. Hanbal, v 5 p 354

10-Sunan at-Tirmidhî, v 5 p 323

11-Al-Imamat wa as-Sîyasa, Ibn Qutayba, v 1 p 29-30, Al-Ihtijâj v 1 p 75

12-An-Namirî, ‘Umar b. Shibha; Târîkh al-Madinah al-Munavvara, vol.3, p.799. Ibn Sa’d, -Tabaqât al-Kubrâ, vol.1, p.394. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm wa wafayât al-Mashâhîr wa al-I’alâm, vol.5, p.100. Ibn Shahrâshûb, Al-Manâqib, vol.4,p.40. Al-Bagdadî, Târîkh Bagdad, vol.1, p. 152

13-Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, v 8 p 207

14-Ansâr al-Achrâf, v 3 p 216-217. Al-Bayda’ wa at-Târîkh, Maqdîsi, v 5 p 706

15-Ansâb al-Achrâf, Balâdharî, v 2 p 187, 213, 246, 323

16-Waq’at as-Siffîn, Nasr b. Muzâhim, p 114, 115

17-Nahj al-Balâgha, Lettre 24. Târîkh al-Madina al-Munawwara, v 1 p 227

18-Ansâb al-Achrâf, Balâdharî, v 2 p 356-357

19-Ansâb al-Achrâf, Balâdharî, v 2 p 355-356. Al-Imamat wa as-Siyasa, Ibn Qutayba, v 1 p 181

20-Târîkh al-umam wa al-Mulûk, Tabarî, v 5 p 165

21-Rijâl al-Kashshî, p 110

22-Al-Bidaya wa an-Nihaya, Ibn Kathîr, v 8 p 19

23-Cheikh al-Mufîd, Al-Irshâd, vol.2, p. 32; Ibn Shahrâshûb, Manâqib Âl abî Tâlib, vol. 4, p.87

24-Al-Bulâzarî, Ansâb al-Ashfâf, Vol. 3, p. 152; Ad-Dinuri, Abû Hanifa Ahmad b. Dâwûd, Al-Akhbâr al-tawâl, p.222

25- cf Seyyed Mohsen Amin Ameli; Imam Hassan et Imam Hossein (bénis soient-ils) ; p.54 et 70

26- ibid; p.148

27-cf : Javad Mohadessi, la culture de l’achoura ; p.27- 38 et p.428-430

28- cf index « la corruption dans les gouvernements islamiques » question n° 103 (site : 1019)

29- cf : Javad Mohadessi, la culture de l’achoura ; p.482 et 484 ; Seyyed Mohsen Amin Ameli; Imam Hassan et Imam Hossein (bénis soient-ils) ; p.276 et 282

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