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Les sentiments font partie de la nature innée de l’être humain et naissent très tôt chez l’enfant, dès son plus jeune âge.
La différence du sentiment avec la raison produit des comportements en conséquence. La raison évalue le pour et le contre d’une action, établit froidement une argumentation puis donne un avis motivé concernant un point particulier, alors que le sentiment ne se soucie pas de l’argumentation, l’écarte pour préférer un comportement sentimental, fondé sur l’amour et l’affection, mû par une force vivante.
L’amour de la mère pour son enfant l’habite toute entière, si bien que le moindre mal atteignant son enfant l’affectera immédiatement, sans qu’elle évalue ou réfléchisse à cet amour, qui est naturel.
L’amoureux, quel qu’il soit, ne comprend pas l’argumentation rationnelle, il aime et cet amour constitue une vérité plus forte pour lui que toute sorte d’argumentation. Alors que le sentiment est froid et calculé, le sentiment génère amitié et inimitié, chaleur humaine et désagrément.
L’être humain domine le monde extérieur grâce à la raison, mais le carburant de tout mouvement se trouve dans les sentiments, qui dirigent la personne vers la bonne action ou la mauvaise. Tout bienfait, toute violence, toute guerre, toute sacrifice naît du sentiment. Sans doute, la raison et le sentiment sont deux facteurs indépendants et importants du bonheur dans la vie.
” Certes Dieu ordonne la justice et la bienfaisance ” (Sourate Les abeilles, verset 90)
La justice provient de la raison alors que la bienfaisance provient du sentiment. Si la raison domine, sans que les sentiments ne s’expriment, la société devient froide et sans vie, les valeurs d’amitié, de beauté morale, les plaisirs psychologiques attachés à cette douceur de vivre manquent cruellement. Si une société est dominée par le sentiment, rapidement, le désordre prévaudra, laissant la place à l’insécurité, devenant un lieu insupportable et hors de contrôle, délivré qu’il est aux puissances sauvages de la passion. Alors que la raison ordonne justice et ordre, le sentiment ordonne bienfaisance et miséricorde.
Un homme riche et violent qui viendrait à voler les autres et à utiliser leurs biens d’une part, et une femme veuve aveugle et mère de plusieurs enfants ayant trouvé refuge chez la propriété inhabitée d’autrui, recevront le même jugement au nom de la justice, qui leur ordonnera pareillement de quitter les lieux et de rendre le bien en question, mais la bienfaisance, elle, poussera les gens à aider la mère des enfants sans-abri. Une société équilibrée se forme quand elle sait utiliser à bon escient ces deux qualités nécessaires à toute organisation sociale, raison et sentiment.
La science naît de la raison et permet le progrès, préparant l’humain à avancer et lui autorisant le bonheur. Mais il n’est pas question, dans la science, de sentiment ou de bienfaisance, seulement de logique et d’argumentation. Une personne hospitalisée aura beau être sous surveillance médicalisée assistée par les meilleurs spécialistes et les appareils les plus sophistiqués, le rôle des visites des proches, de l’épouse, des enfants, des parents et l’attention particulière de l’infirmière sera aussi efficace et aura un rôle non moins important. Le malade cherchera toujours des yeux la porte, dans l’espoir de voir le visage avenant et connu d’un proche ou d’une infirmière.
La théorie sociale islamique a donc pris en compte ces besoins naturels, comme le montre le procès-verbal suivant.
On rapporte de l’Imam as-Sadiq (Psl):
“Les habitants d’une contrée seront toujours redevables de la présence de trois personnes dans l’administration de ce monde et de l’au-delà et s’ils venaient à en manquer, ils seraient réduits à l’état animal: le jurisconsulte savant et pieux, le chef bien disposé à leur égard et obéi par eux, enfin le toubib intelligent et digne de confiance” (Tuhaf al-’uqul, p.321)
Par ailleurs, nombre d’actions valent de par leur portée sentimentale, sans aucun lien avec une rationalité quelconque comme la visite des malades.
On rapporte de l’Imam Ali ibn Abi Talib (Psl):
“La visite des malades fait partie des meilleures actions charitables” (Ghurar al-hikam, p.663)
D’ailleurs, le sentiment ne connaît point les frontières habituellement distribuées par des considérations d’ordre administratif, jurisprudentiel ou social.
Ainsi, le saint Prophète de l’Islam (Pslf), allait régulièrement visiter les malades, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs:
On rapporte de l’Imam Ali (Psl) que ” le saint Prophète rendait visite au malade juif ” (Mustadrak al-wasa’il, t.1, p.83)
Pour parfaire la visite, l’Islam préconise de prendre la main du malade ou de poser la sienne sur son front, ce qui montre que l’affection complète l’acte et l’intention qui la préside.
On rapporte de L’Imam Ali ibn Abi Talib (Psl):
” La visite est complète lorsque l’on pose sa main sur celle du malade ou sur son front ” (Mustadrak al-wasa’il, t.1, p.83).
On voit bien que l’acte de bienfaisance s’accompagne d’une assurance donnée par la personne au malade, de compassion et d’empathie, à travers l’échange et le toucher procurés par la poignée de main.
On rappellera utilement que cette politesse a été pratiquée par des gens qui détenait la plus haute autorité politique de l’administration islamique, à savoir le saint Prophète de l’islam (Psl) et sa famille. Où trouve-t-on de nos jours une telle empathie désintéressée pour l’administré, à l’écart des caméras et des éditorialistes thuriféraires.
Nous avons vu que la morale et le bon comportement ont un rôle aussi important à jouer que la science pour le bonheur de l’humanité.
C’est pourquoi éduquer la morale et les sentiments des enfants a une importance comparable à celle de la rationalité.
L’éducation contemporaine a porté toute son attention vers les connaissances scientifiques et la performance rationnelle de l’enfant, négligeant l’importance des sentiments et de la morale. Le programme éducatif doit pourtant impérativement répondre aux exigences de la nature humaine, qui comprend d’un côté la raison et de l’autre les sentiments.
On rapporte de l’Imam as-Sadiq (Psl):
“rencontrez-vous, pratiquez la bienfaisance entre vous, soyez bons entre vous et sympathisez avec vos bons sentiments” (Usul al-Kafi, t.2, p.175)
Un pays dans lequel les sentiments des gens sont correctement orientés est agréable et paradisiaque. Au contraire, si les sentiments des gens sont désorientés, très vite la haine, la jalousie, l’inimitié se substituent à l’amitié, la miséricorde, la fraternité et la solidarité, choses que l’on ne peut obtenir à partir de raisonnements scientifiques.
On rapporte de l’Imam as-Sadiq (Psl):
” les gens sont comparables à des mines d’or et d’argent, et diffèrent entre eux. Celui qui, pendant l’époque de l’ignorance, était de bonne éducation et était doté d’une noble personnalité, de la même façon, en islam, sera bien éduqué et doté d’une noble personnalité ” (Rawza Kafi, p.177)
Les enfants issus de l’union d’un couple seront dotés de qualités et de défauts différents et bien qu’ils partagent leur filiation aux mêmes parents, ils peuvent avoir de grandes différences entre eux, au niveau des qualités physiques et comportementales.
Cette règle s’applique aux sentiments qui dépendent étroitement de facteurs génétiques. Tel enfant sera courageux et noble, tel autre sera lâche et vilain. Tel enfant fera montre d’une grande indépendance d’esprit et d’un enclin au commandement, tel autre sera enfantin et soumis.
Il incombe aux parents d’observer précisément le comportement de leurs enfants, afin d’identifier les éléments de faiblesse et l’origine d’éventuels défauts, pour les corriger avant qu’il ne soit trop tard.
Cela implique que les parents ne se laissent pas confondre par l’amour qu’ils portent pour leur progéniture, leur empêchant de reconnaître leurs défauts et coupant à jamais la voie au réalisme de leur jugement. Bien entendu, l’enfant ressent un besoin d’amour, comme il a besoin de se nourrir si bien que les caresses, la tendresse, les bisous leur un grand plaisir.
L’amour de Dieu envers sa créature, de la créature envers Dieu, du prophète envers les gens, des gens envers le prophète, de l’imam envers les gens, des gens envers l’imam, des gens entre eux enfin sont le capital principal de la religion.
On rapporte de l’Imam as-Sadiq (Psl):
“qu’est-ce que la religion si ce n’est l’amour?” (Bihar al-anwar, t.23, p122)
L’enfant qui est repu par l’amour que lui offre ses parents et sa famille, ne sentirait pas de mal-être généré par quelque manque affectif. Il sera sûr de lui et joyeux car il jouira de l’amour que lui témoigne son entourage.
L’islam a, à travers les conseils du saint Prophète de l’islam, Muhammad Ibn Abdalla (Psl) et sa famille, donné de nombreuses directives à cet égard: lors d’un discours concernant les devoirs des gens pendant le mois de Ramadan, on rapporte du Prophète (Pslf):
“respectez vos anciens et sympathisez avec votre jeunesse” (Uyun akhbar al-riza, p.163)
On rapporte encore: “ il n’est pas de nous celui qui ne sympathise pas avec la jeunesse et qui ne respecte pas les anciens ” (Recueil de Warram, t.1, p.34)
On rapporte de l’imam as-Sadiq (Psl):
“certes Dieu qu’il soit exalté, pardonnera l’homme pour l’intensité de son amour envers ses enfants” (Makarem al-akhlaq, p.113)
Très clairement, l’islam a envisagé des mesures pratiques concrètes pour assouvir les besoins sentimentaux naturels de l’enfant, afin de l’aider à s’épanouir de la meilleure façon. C’est là une condition importante pour faciliter l’éducation des enfants.