Différence entre Chiisme duodécimain et chiisme ismaélien
Qu’entend-on par chiite?
Chiite a le sens de partisan dans le vocabulaire arabe. Le glorieux Coran dit:
﴿ وَإنَّ مِنْ شِيْعَتِهِ لَإِبِراهِيْمُ ﴾ [1]
«Ibrâhîm appartenait à (était partisan de) sa communauté [celle de Nûh]».
Mais dans le langage courant des musulmans, le terme chiite désigne un groupe qui estime que le Prophète –les bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa Famille– a, avant sa mort, désigné son successeur et le calife des musulmans, le dix-huitième jour du mois de Dhûl Hid-djah de la dixième année de l’Hégire, le célèbre jour de Ghadîr, lors d’un grand rassemblement, et qu’il l’a désigné en tant qu’autorité suprême, politique, scientifique et religieuse, après lui.
Après le Noble Prophète –les bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa Famille–, les émigrants et les Ansâr, c’est à dire ceux qui avaient accueilli le Prophète et ses compagnons, à Médine, se divisèrent en deux groupes:
1- Un groupe qui déclarait que l’Envoyé de Dieu –les bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa Famille– n’avait pas négligé la question de sa succession et avait désigné son successeur c’est à dire, Alî ibn Abî Tâlib –les bénédictions de Dieu soient sur lui– qui était le premier à avoir crû en la Prophétie.
Ce groupe était formé d’émigrants et d’Ansâr à la tête desquels se trouvait les notables du groupe des Banî Hâchim ainsi que plusieurs compagnons (Sahâbah), comme Salmân, Abû Dharr, Miqdâd, Khobâb ibn Ort et d’autres qui étaient restés fidèles à la volonté du Prophète et se désignaient sous le nom de chiites ou partisans de Alî –les bénédictions de Dieu soient sur lui–.
Bien entendu, le Noble Prophète –les bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa Famille– avait désigné ainsi de son vivant, les partisans du Commandeur des croyants, les bénédictions de Dieu soient sur lui, lorsqu’il dit en faisant allusion à Alî ibn Abî Tâlib –les bénédictions de Dieu soient sur lui–:
«[والذّي نفسي بيده، إنَّ هذا وشيعته لهم الفائزون يوم القيامة». [2
»Par Celui qui tient mon âme dans sa main, lui (Alî – les bénédictions de Dieu soient sur lui) et ses partisans seront les bienheureux du Jour de la Résurrection».
Par conséquent, le terme « chiite » désigne un groupe de musulmans des premiers temps de l’islam, qui sont connus sous ce nom, en raison de leur fidéolité à la désignation explicite de la Wilâyat (autorité religieuse et politique) d’Hazrate Ali.
Ce groupe est resté jusqu’à aujourd’hui, dans la ligne de l’obédience aux Gens de la Demeure prophétique –les bénédictions de Dieu soient sur eux. La position et la situation des chiites sont déterminées par leur foi en la Wilâyat de l’Imam Ali. Ce bref exposé permet de comprendre l’erreur de certaines personnes mal informées ou malveillantes, qui prétendent que le Chiisme aurait été « inventé » par la suite. Pour une connaissance plus étendue de l’Histoire du Chiisme, nous vous conseillons la lecture des ouvrages suivants: Asl ach-Chi‘ah wa Osûlihâ, Al-Marâdji‘at et A‘yân ach-Chi‘ah.
2- Un autre groupe par contre, pensait que le calife devait être élu et, pour cette raison, prêtèrent serment d’allégeance ä Abû Bakr. Ils se firent par la suite, appeler les Gens de la Tradition ou les sunnites.
Le résultat fut qu’entre ces deux familles musulmanes, malgré une quantité de points communs dans les fondements idéologiques, naquirent des différends sur la question du califat et la succession du Prophète –les bénédictions de Dieu soient sur lui et sur sa Famille–. Les premiers noyaux de ces deux groupes furent constitués par des émigrants et des habitants de Médine (Ansâr).
L’origine de l’Islam chiite
La signification du terme Chiite.
En Arabe, le terme chiite désigne à l’origine un, deux ou un groupe de partisans. Dans le Glorieux Coran, ce terme est utilisé plusieurs fois dans ce sens. Par exemple, dans le verset (28 :15) Allah parle d’un des partisans de Moise comme un de ses chiites. Dans un autre endroit, Abraham est introduit comme un chiite de Noé (37:83). Au commencement de l’histoire islamique, le terme « chiite » fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différente personne. Par exemple, des hadiths (traditions) parlent de chiites d’Ali b. Abi Talib et d’autres de chiites de Muawiya b. Abi Soufyan. Cependant, le terme a acquis graduellement le sens secondaire ou technique de partisans d’Ali, ceux qui croient en son Imamat (Direction par Désignation Divine).
Shahrestani (mort en 548 A.H.) dans son Al Milal wa al Nihal, une source remarquable sur les différentes sectes en Islam, écrit : « Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son Imamat et Khalifat selon les directives explicites et les volontés du Prophète Mohammad »[3]. C’est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l’exigence du Prophète et ce ne fut par leur décision personnelle de choisir qui suivre, contrairement aux non-chiites qui, après le décès du Prophète Mohammad, ont suivi celui qui était choisi au Saqifah et ont cru que le Prophète avait laissé aux gens décider qui suivre. Bien sûr, Abou Bakr b. Abi Qouhafah, le premier Khalife, qui lui-même fut choisi de cette manière, a cru qu’il se devait de désigner son successeur. Et le deuxième Khalife, Oumar b. Khattab, lui à son tour a désigné, un conseil de six personnes pour choisir parmi eux selon une procédure très stricte, qu’il a mise au point. Il est intéressant de noter que ce fut Ali, le quatrième Khalife, qui était choisi et vraiment forcé par presque tous les musulmans après le meurtre du troisième Khalife, Outhman b. Affan, pour occuper la position du Khalifat.
Dans son Firaq Al Shi’ah, Al Hassan b. Moussa al Nawbakhti (mort en 313 A.H.) un célèbre chercheur chiite écrit : « Les chiites sont les partisans de Ali b. Abi Talib. Ils sont appelés ‘Les chiites d’Ali’ durant et après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d’Ali et croient en son Imamat »[4]. Sheikh Moufid (mort en 413 A.H.) un des premiers et très remarquable érudit chiite, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et croient en sa succession immédiate après le Prophète[5]. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés « Imàmîyah », il dit : « C’est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l’Imamat et de sa continuité en tout âge, et que chaque Imam doit être explicitement désigné, et doit aussi être infaillible et parfait »[6].
Ainsi, on peut dire que les musulmans chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession du Prophète Mohammad :
- Le succession au Prophète est une désignation Divine
- Comme le Prophète a été choisi par Dieu, son successeur ou Imam doit aussi être choisi par Dieu et puis inspiré au Prophète.
- Le successeur immédiat du Prophète Mohammad est Ali.
Quand le Chiisme a-t-il commencé ?
Naturellement, la question de savoir quand le chiisme a commencé se pose. Il y a beaucoup de hadiths relatés par aussi bien les chiites que les non-chiites concernant la question d’Imamat qui seront étudiés plus tard au moment de la discussion des doctrines chiites. Dans ce qui suit cependant, nous allons étudier quelques hadiths dans lesquels Le Prophète Mohammad parle d’un groupe comme « Chiite » (partisans) d’Ali, et nous nous parlerons ensuite d’autres raisons à partir des hadiths et l’histoire de l’Islam. Tous les hadiths cités ci-dessous proviennent de sources respectables Sunnites. Il n’y a que quelques-unes des plus importantes narrations, et il y a beaucoup d’autres à trouver dans les sources mentionnées ici, ainsi que d’autres sources.
(1) Ibn ‘Asakir (mort en 571 A.H.) rapporte de Jabir b. ‘Abdoullah al-Ansari qui a dit :
Un jour nous étions avec Le Prophète Mohammad, quand Ali est arrivé, dont le Prophète a dit « Je jure par Celui qui a ma vie dans Ses Mains que cet homme et ses « chiites » seront sûrement heureux le Jour de la Résurrection ». Puis le verset « En réalité ceux qui croient et font œuvres bonnes sont les meilleures de création » (98 :7) fut révélé. Par la suite chaque fois que les compagnons du Prophète voyaient Ali venir, ils disaient « La meilleure de la création est venue » (Ibn ‘Asakir, Vol 2, p.442 & Al-Souyouti, Vol 6, p. 5890)
(2) Ibn Hajar (mort en 974) rapporte de Abbas que lorsque le verset (98 :7) fut révélé, le Prophète dit à Ali :
« Ceci vous concerne vous et vos « chiites ». Le Jour de la Résurrection vous serez heureux et plaisants (à Dieu), et vos ennemis viendront en colère et attachés par le cou » (Ibn Hajar, Section 11, Chapitre 1, verset 11).[7]
(3) Ibn al-Athir (mort en 606) rapporte qu’en s’adressant à Ali, Le Prophète a dit :
« O, Ali, Toi et tes chiites atteindront Dieu étant satisfaits et Le satisfaisant, et tes ennemis L’atteindront en état de colère et attachés par le cou ». Puis Le Prophète a montré l’image en mettant sa main sur son cou – (Ibn Al-Athir, l’Entrée « qa-ma-ha »).
Il y a d’autres hadiths dans lesquels le Prophète s’adressant à Ali a utilisé « nos chiites ». Cela est conforme à ce qui a été dit plus haut que les chiites sont ceux qui suivent Ali, en accord avec les enseignements du Prophète et non par leur décision personnelle. Par exemple, Ibn ‘Asakir rapporte que le Prophète a dit :
« En réalité, il y a une source au Paradis plus douce que le nectar, plus lisse que le beurre et plus fraîche que la glace, et plus parfumée que le musc. De cette source provient l’argile (tinah) dont nous (moi et les gens de ma maison) avons été créés et nos chiites ont été créés de la même argile ». (Ibn ‘Asakir, Vol A, p. 129, N° 180).
Il y a encore d’autres hadiths dans lesquels Le Prophète, s’adressant à Ali, a utilisé l’expression « chiites de nos descendants ». Cela confirme ce qui a été suggéré plus haut, que les chiites sont ceux qui suivent Ali parce qu’ils croient dans l’institution d’Imamat. Comme nous le verrons en détail, les chiites croient que Ali était le premier Imam et qu’après lui l’institution de l’Imamat a continué par ceux de la descendance de Ali et Fatimah qui étaient choisis par Dieu et annoncés et présentés par le Prophète. Par exemple, Zamakhshari (mort en 528 A.H.) dans son Rabi ‘al-Abràr rapporte que le Prophète a dit : « O, Ali ! le Jour du Jugement je dépendrai d’Allah (pour le Salut), tu dépendras de moi, tes descendants dépendront de toi et leurs chiites dépendront d’eux. Puis tu verras où nous serons amenés ».[8]
Il faut noter que selon le Coran, la prophétie a aussi été héritée. Le Coran dit « En vérité nous avons envoyé Noé et Abraham, et nous avons attribué la prophétie et Le Livre dans leur descendance (57:26). Ce qui veut dire que ceux qui étaient qualifiés pour être choisis comme prophètes par Dieu étaient inclus dans leur descendance.
En plus des hadiths mentionnés ci-dessus et ceux qui s’y apparentent et ceux sur l’Imamat qui seront mentionnés plus tard, il y a beaucoup d’autres raisons qui font que l’émergence d’un groupe de gens tels que les chiites durant la vie même du Prophète est un phénomène très naturel et même nécessaire. Par exemple, au début de l’Islam, quand Dieu a demandé au Prophète de commencer l’invitation au public vers l’Islam en commençant par sa famille et parents les plus proches, il les appela à un repas. Après le repas, le Prophète déclara sa mission et les invita à l’Islam et établit que quiconque parmi eux croit en l’Islam et l’assiste dans cette mission sera son successeur. Tout le monde est resté silencieux. Le seul qui a accepté l’invitation à l’assister fut Ali, adolescent à l’époque. Le Prophète lui dit de s’asseoir et répéta son invitation une deuxième, puis une troisième fois. Mais à chaque fois, ce fut Ali, seul, qui a exprimé son empressement à supporter le Prophète. Celui-ci accepta la soumission de Ali par la volonté de Dieu et établit cette volonté divine en le désignant comme son successeur. Cet événement est relaté dans plusieurs sources.[9]
Dans une déclaration très importante, le Prophète a clairement affirmé que Ali était honnête et dénué de fausses croyances et de mauvaises actions, que cela soit dans sa conduite personnelle ou dans ses paroles ou jugements et a signifié implicitement aux musulmans de le suivre. Umm Salamah a rapporté du Prophète ayant dit : « Ali est toujours avec la vérité (al Haqq) et la vérité est toujours avec lui, jusqu’au Jour du Jugement ils ne se sépareront pas ». Ce hadith précisément est raconté par Ibn Abbas, Abou Bakr, ‘Aishah, Abou Sa’id al Khuddari, Abou Layla, et Abou Ayyoub al Ansàri.[10]
On a aussi cité le Prophète comme ayant dit « Que Dieu bénisse Ali. Mon Seigneur, fais que la vérité soit toujours avec lui ».[11]
Le Prophète a aussi affirmé dans plusieurs occasions que Ali était le plus savant parmi les gens en matière de sciences. Par exemple, le Prophète a dit : « Le sagesse a été divisée en 10 parties : neuf parties ont été attribuées à Ali et une partie a été distribuée au reste de gens ».[12]. Plus tard le deuxième Khalife a réaffirmé les paroles du Prophète quand il a dit : « Que Dieu ne m’accable pas d’une tâche difficile quand Ali n’est pas présent ».[13]
On doit aussi prendre en compte les services valeureux et vitaux et les sacrifices d’Ali pour être en mesure d’assumer sa responsabilité parmi les musulmans. Par exemple, quand les infidèles de la Mecque on comploté de tuer le Prophète, et que Dieu l’a informé de ce complot, le Prophète a demandé à Ali s’il voudrait volontairement dormir à sa place pour que les païens pensent qu’il (le Prophète) était encore à la maison, et ainsi pour qu’il puisse quitter la Mecque en toute sûreté. Ali a accepté cette tâche, et à cette occasion le verset suivant est révélé « Et parmi les gens, il y a ceux qui vendent leurs âmes pour acquérir le plaisir divin ». L’émigration du Prophète de la Mecque à Madina marque le début du calendrier musulman. Ali a servi la cause de l’Islam en combattant dans les guerres de Badr, Ohod, Khaybar, Khandaq et Honayn, dans chacune d’elles, il a joué un rôle crucial. Ces faits sont tous enregistrés dans les nombreux travaux et collections de hadiths par les chercheurs non chiites. Comme déjà mentionné, les hadiths prophétiques sur la question de l’Imamat en général et en particulier sur Ali seront étudiés plus tard. Cependant, je voudrais conclure cette discussion en relatant le hadith bien connu du Ghadir Khoum. Au retour de son dernier pèlerinage de la Mecque, le Prophète a demandé à des milliers de Musulmans qui l’accompagnaient de s’arrêter en route. Il se dressa sur une estrade ou chaire préparée pour lui à l’aide de palanquins et dit « Celui qui me considère comme maître (mawlà), qu’il considère maintenant Ali comme maître ». Puis ceux qui étaient présents, y compris ceux qui sont ensuite devenus le premier et le deuxième Khalif, ont témoigné allégeance (accepté le leadership) à Ali et l’ont félicité. Ce hadith est transmis par plus de cent sources. Pour avoir la liste complète des sources non chiites de ce hadith, voyez ‘Abaqat al Anwar par Mir Hamid Housein al Hindi (mort en 1306 A.H.) et Al Ghadir par ‘Abd al Housein al Amini (mort en 1309 A.H.). Après avoir affirmé la véracité de ce hadith, certains écrivains Sounni ont interprété le terme mawlà utilisé dans ce hadith dans le sens de l’amitié. Que l’on accepte ou pas cela, il n’y a aucun doute que cet événement et cette tradition a donné à Ali une position unique et centrale parmi les Compagnons du Prophète.
Ainsi, il semble que les différentes séries de hadiths accompagnées de l’évidence historique ci-dessus mentionnée ne laissent aucun doute que durant la vie du Prophète beaucoup de musulmans ont eu un sentiment de profond attachement à Ali et cherchaient sa compagnie et étaient déterminés à le suivre après le Prophète. Ces gens ont été fréquemment et significativement appelés comme chiites d’Ali et graduellement le terme de chiite est devenu synonyme de chiites (partisans) d’Ali. Et le fait encore plus important est que l’idée d’Imamat d’Ali a certainement commencé durant la vie du Prophète Mohammad. La disparition du Prophète amena naturellement la question au-devant de la scène et a distingué ceux qui croyaient dans la nécessité de suivre Ali au lieu d’autres Musulmans, qui plus tôt ou tard sont arrivés à croire à l’institution du Khalifat comme la succession du Prophète pour diriger la société Islamique, et non comme une position divinement désignée. Décrivant les événements après le décès du Prophète, Al Mas’oud (mort en 345 A.H.), un grand historien Sunnite, écrit : « En vérité Imam Ali et ses chiites qui étaient avec lui restèrent à sa maison au moment où l’allégeance à Abou Bakr a été faite ».[14]
Plus tard, certains événements, tels que des guerres durant le Khalifat de Ali et les événements de Karbalà où Houssein, le troisième Imam des chiites et soixante-douze de sa famille et compagnons furent tués, définirent l’identité chiite de manière plus prononcée. Par exemple, nous trouvons dans l’un des tous premiers écrits que Ali, condamnant Talha et Zoubayr, dit : « En vérité, les partisans de Talha et Zoubayr à Basra ont tué mes chiites et mes agents ». [[ Waq’at Seffin par Nasr b. Muzahim (mort en 212 A.H.) ]]. Abou Mikhnaf (mort en 158 A.H.) rapporte qu’après la mort de Mou’awiyah, les chiites se rassemblèrent à la maison de Souleyman b. Sourad et il leur dit : « Mou’awiyah est mort et Houssein a refusé de faire allégeance aux Omeyyades et est parti vers la Mecque et vous êtes ses chiites et les chiites de son père ».[15]
Les Premiers Chiites
L’islam chiite a commencé naturellement à Hijaz parmi les compagnons du Prophète. Les références aux travaux historiques et biographiques de l’Islam montre que la liste des chiites parmi les compagnons du Prophète inclut les célèbres bani Hashim (descendants de Hashim, l’arrière-grand-père du Prophète Mohammad) suivants : ‘Abdullah b. al-‘Abbas, al-Fadl b. al-‘Abbas, ‘Ubaydillah b. al-‘Abbas, Qiththam b. al-‘Abbas, ‘Abd al-Rahman b. al-‘Abbas, Tamam b. al-‘Abbas, Aqil b. Abi Talib, Abu Sufyan b. al-Harth b. ‘Abd al-Mutallib, Naufil b. al-Harth, ‘Abdullah b. Ja‘far b. Abi Talib, ‘Awn b. Ja‘far, Muhammad b. Ja’far, Rabi‘at b. al-Harth b. ‘Abd al-Mutallib, al-Tufayl b. al-Harth, al-Mughayrat b. Nawfil b. al-Harith, ‘Abdullah b. al-Harth b. Nawfil, ‘Abdullah b. Abi Sufyan b. al-Harth, al-‘Abbas b. Rabi‘at b. al-Harth, al-‘Abbas b. ‘Utbah b. Abi Lahab, ‘Abd al-Mutallib b. Rabi‘at b. al-Harth, Ja‘far b. Abi Sufyan b. al-Harth. La liste des chiites parmi les compagnons du Prophète qui n’étaient pas les bani Hashim inclut : Salman, Miqdad, Abu Dharr, ‘Ammar b. Yasir, Hudhayfah b. al-Yaman, Khuzaymah b. Thabit, Abu Ayyub al-Ansari, Abu al-Haytham Malik b. al-Tihan, Ubayy b. Ka‘b, Qays b. Sa‘d b. ‘Ubadah, ‘Adiy b. Hatam, ‘Ubadah b. al-Samit, Bilal al-Habashi, Abu Rafi‘, Hashim b. ‘Utbah, ‘Uthman b. Hunayf, Sahl b. Hunayf, Hakim b. Jibillah al-‘Abdi, Khalid b. Sa‘id b. al-‘Aas, Ibn Husayb al-Aslami, Hind b. Abi Halah al-Tamimi, Ju‘dah b. Hubayrah, Hujr b. ‘Adiy al-Kindi, ‘Amr b. al-Hamq al-Khuza‘i, Jabir b. ‘Abdullah al-Ansari, Muhammad b. Abi Bakr (le fils du premier Khalif), Aban b. Sa‘id b. al-‘Asi, and Zayd b. Sauhan.[16]
Sectes chiites
Sectes chiites sont des branches différentes des adeptes du chiisme qui, malgré leur croyance en l’imamat incontesté de Ali ibn Abi Talib (a), divergent sur certains autres points tels que le nombre des Imams infaillibles (a). Les principales sectes vivantes des chiites sont l’Imamisme, les Zaydites et les Ismaéliens.
Différence fondamentale entre l’Imâmisme et les Ismaéliens.
Imamisme, Al-Imâmîyya ou le Chiisme duodécimain est la plus grande des branches du chiisme.
D’après les chiites duodécimains, c’est Allah qui choisit le calife après le Prophète (s). En se basant sur certains hadiths authentiques d’après tous les musulmans, les chiites duodécimains croient qu’après le Prophète (s), ce fut l’Imam Ali (a) le premier successeur, élu par Allah.
D’après les Imamites, le dernier imam, le douzième, est considéré comme caché. Il est identifié au al-Mahdi (a) dont on attend la venue sur Terre avant la fin du monde.
Le Zaydisme et l’Ismâélisme ne croient pas comme les chiites duodécimains aux douze Imams. Ils croient que le nombre des Imams ne se limite pas à douze.
L’Imamisme a cinq principes fondamentaux : L’Unicité divine (At-Tawhîd), la prophétie, la Résurrection, l’Imamat et la Justice divine.
Tous les musulmans croient aux trois premiers principes, mentionnés ci-dessus.
D’après l’Imamisme, on peut se référer à quatre sources pour déduire les enseignements de l’islam, le Coran, la Sunna, al-‘Aql et al-Ijmâ’.
Ismâ’îlîsme
Selon Muhammad Jawâd Mashkûr, historien et professeur à l’Université de Téhéran, les Ismaéliens sont un terme général désignant les sectes qui, après l’Imam Ja’far as-Sâdiq (a), croient en l’imamat de son fils aîné, Isma’il b. Ja’far, ou de son petit-fils Muhammad b. Isma’il.[17]
Les Ismaéliens étaient initialement divisés en deux groupes, les Ismaéliens spécifiques et les Ismaéliens généraux.[18]
Les Ismaéliens spécifiques croyaient qu’Ismaïl était l’imam à l’époque de son père et qu’il est devenu absent, et qu’il est le septième imam des chiites Ismaéliens. Les Ismaéliens généraux croyaient qu’Ismaïl était décédé de son vivant, et avant sa mort, il avait désigné son fils Muhammad comme son successeur.[19] Selon al-‘Allâma Tabâtabâ’î dans le livre chiisme dans l’islam, ces deux groupes ont disparu après un certain temps, et un autre groupe, qui croyait qu’Ismaïl était l’imam de son vivant et que son imamat avait été transmis à son fils Muhammad b. Ismaïl, et ensuite à sa descendance, est resté jusqu’à présent et continue d’avoir des adeptes.[20]
On dit que les Ismaéliens, après les Imamites, ont le plus grand nombre de partisans, et eux-mêmes se sont diversifiés au fil de l’histoire et se sont répandus dans plus de 25 pays en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.[21]
D’après l’Ismaélisme, l’Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a) ne fut pas un Imam. Aussi, ils ne croient pas aux Imams après l’Imam as-Sâdiq (a). Donc, ils croient à l’Imamat de :
L’Imam Ali (a)
L’Imam al-Husayn (a)
L’Imam as-Sajjâd (a)
L’Imam al-Bâqir (a)
L’Imam as-Sâdiq (a)
Après l’Imam Sâdiq (a), l’Ismaélisme croit à l’Imamat d’Ismaïl fils de l’Imam as-Sâdiq (a) et à l’Imamat de Muhammad b. Ismaïl.[22]
D’après les Ismaéliens, l’Imamat a des cycles et dans chaque époque, il faut sept Imams.[23]
Préceptes
D’après le Chiisme duodécimain, comme les autre écoles musulmanes, il faut pratiquer les actes d’adorations, les engagements, le Khums, la Zakat, le mariage, l’héritage, etc, selon les prescriptions et les proscriptions divines.
Le Coran, les hadiths du Prophète (s) et de douze Imams sont des sources du chiisme duodécimain pour déduire des préceptes de l’islam.
Les ulémas qui déduisent les préceptes à travers les sources, doivent maîtriser bien les sciences islamiques, comme Ad-Dirâya, Ar-Rijâl, Usûl al-Fiqh, le fiqh, l’exégèse du Coran, etc.
Voici les livres les plus connus sur le fiqh chiites :
Sharâ’i’ al-Islam
Al-Lum’at ad-Damishqîyya
Sharh al-Lum’a
Jawâhir al-Kalâm
Al-Makâsib
Al-‘Urwat al-Wuthqâ
Aussi, Cheikh at-Tûsî, Muhaqqiq al-Hillî, Al-‘Allâmat al-Hillî, Shahîd al-Awwal, Shahîd ath-Thânî, Kâshif al-Ghitâ’, Mîrzâ al-Qummî et Cheikh al-Murtadâ al-Ansârî sont certains des ulémas chiites, qui écrivirent des livres très importants dans le fiqh chiite.
Marja’îyya (référence religieuse)
Aujourd’hui, les Marja’ (qui sont des références religieuses et qui donnent des fatwas) écrivent les préceptes de l’islam dans des livres, intitulés : Tawdîh al-Masâ’il.
Marja’iyya est un concept chiite qui est liée à l’autorité religieuse d’un Marja’. Marj’a signifie littéralement « référence », et taqlîd signifie la confiance en un marja’ et suivre d’après ses déductions au travers des sources de l’islam. Marja est un clerc mujtahid dont les fatwas sur des questions de jurisprudence sont suivies par certains chiites.
Rites
A part la fête d’Al-Fitr, la fête d’Al-Adhâ, la fête de la prophétie du Prophète (s) (Al-Mab’ath) et la cérémonie de l’anniversaire de la naissance du Prophète (s) qui sont commémorés par tous les musulmans, les chiites dodécimains commémorent :
La fête d’Al-Ghadîr
La naissance de douze Imams
Le martyre des Imams
D’après l’Imamisme, à l’occasion de chaque commémoration, certains actes préparatifs sont conseillés. Par exemple : A l’occasion de la fête d’Al-Adhâ, il est conseillé de faire le bain rituel, la prière spéciale de ce jour, la zîyârat de l’Imam al-Husayn (a) et la récitation de l’invocation An-Nudba.[24]
A l’occasion des anniversaires des martyres des Infaillibles, les chiites duodécimains manifestent le deuil et commémorent ces jours en pleurant, en récitant des poèmes pour les Imams et en donnant des aumônes aux pauvres.
Les commémorations les plus connues pour les deuils des Imams sont pendant le mois de Muharram, le mois de Safar et le mois de Jumâdâ al-Âkhira.
Parmi les rites courants dans l’Imamisme, on peut citer la visite pieuse des tombes du Prophète (s) et des Imams (a). Les chiites duodécimales considèrent la visite pieuse des mausolées des infaillibles et leurs descendants, comme un acte surérogatoire qui a beaucoup d’importances dans la religion.
Aussi, la récitation des invocations et des Zîyârats, rapportées par les Imams (a) ont un statut considérable parmi les Imamites. Des invocations, comme :
L’invocation al-Kumayl
L’invocation de l’Imam Husayn (a) au jour d’Al-‘Arafa
L’invocation an-Nudba
L’invocation ash-Sha’bânîyya
L’invocation at-Tawassul
La zîyârat Achoura
La Zîyârat al-Jâmi’a al-Kabîra
La Zîyârat Amîn Allah
Sources de la pensée de l’Imamisme
Le chiisme duodécimain se réfère à quatre sources pour déduire les enseignements de l’islam :
Coran
D’après les Imamites, le Coran est la première et la plus importante des sources de l’islam. Le Coran a tellement d’importance et de crédibilité parmi les chiites, que s’ils trouvent un hadith qui le contredit, ils refusent le hadith.
Aussi, ils croient que le Coran qu’il existe aujourd’hui est bien le même Coran, révélé au Prophète (s) et qu’il n’a jamais subi d’altération, ni omission ni addition.[25]
Hadith
Tout comme les autres écoles musulmanes, les chiites duodécimains considèrent les paroles et le comportement du Prophète (s) comme une des sources de l’islam. En se basant sur certains hadiths, comme Hadith as-Safîna et Hadith ath-Thaqalayn, les chiites croient qu’après le Prophète (s), il faut obéir aux Ahl al-Bayt (a). Donc, A part les hadiths du Prophète (s), les Imamites considèrent les hadiths des Imams comme une des sources de l’islam.
Les sources de hadiths les plus importants parmi les chiites, sont :
Al-Kâfî
Man Lâ Yahduruhû al-Faqîh
Al-Istibsâr
Tahdhîb al-Ahkâm
Ces livres sont nommés parmi les chiites : « Al-Kutub al-Arba’a (Les quatre livres) ». Des autres recueils de hadiths chiites sont :
Al-Wâfî
Bihâr al-Anwâr
Wasâ’il ash-Shî’a
Mustadrak al-Wasâ’il
Mîzân al-Hikmat
Jâmi’ Ahâdîth ash-Shî’a
Al-Hayât
Les chiites duodécimains ne considèrent pas tous les hadiths comme authentiques. Ils ont des règles dans les sciences du hadith, par lesquelles, ils analysent tous les hadiths. Voici certaines de ces règles :
Le hadith ne doit pas être contre le Coran
Le hadith doit être confirmé par le Coran
La chaîne de transmission doit être complète
Tous les narrateurs, cités dans la chaîne de transmission doivent être fiables
a sources de hadith doit être fiable, etc.
Al-‘Aql (raison)
Al-‘Aql (la raison) a un statut très considérable parmi les chiites duodécimains. Pour fonder les principes de la foi, les Imamites profitent des arguments raisonnables. Aussi, ils considèrent Al-‘Aql parmi les sources de l’islam à côté du Coran et de la Sunna.
Al-Ijmâ’ (l’unanimité)
Al-Ijmâ’ est une des sources de la connaissance de la religion. D’après les chiites duodécimains, al-Ijmâ’ n’est pas une source indépendante. Donc, s’il découvre l’avis d’un Imam infaillible, on le considère comme une preuve authentique, sinon, il n’a pas de crédibilité dans les arguments religieux.
Notes:
1- Sourate «Sâfât» 37:83.
2- Ad-Dorr al-Manthûr (Djalâl od-Dîn Soyoutî), Vol. 6, dans le commentaire du septième verset de la sourate «Bayyina»
﴿انّ الذين آمنوا وعملوا الصالحات أولئك هم خير البريّة﴾.
3-Shahrestani, Vol 1 p 146
4-Al Nawbakhti, p.17
5-Al Moufid p. 36
6-Al Moufid p. 36
7-Dans le même livre, Ibn Hajar a aussi rapporté de Oumm Salamah qu’une nuit alors que le Prophète était chez lui, sa fille Fatimah est arrivée avec Ali qui la suivait. Puis le Prophète dit: « O Ali, toi et tes compagnons sont au Paradis. Toi et tes chiites sont au Paradis »
8-Cité dans Subhani, Vol 6, p. 104
9-Parmi les sources non chiites, on peut se référer au Tarikh al Umam wa al Mulk par Tabari (mort en 310 A.H.), Vol. 3, pp. 62-63 ; Al Kamil fi al Tarikh par Ibn al Athir (mort en 630 A.H). Vol 2, pp. 40-41 ; et Musnad par Ahmad b. Hambal, Musnad al-‘Asharah al Mubashsharine bi al Jannah, Sakhr serie n° 840
10-Selon Ghafari, p.10, cette tradition a été transmise à travers 15 chaînes non chiites, tel que Mustadark par al Hakim al Nishapouri, al Sawa’iq par Hajan, Kanz al-‘Ummal et Yanabi’ al Mawaddah
11-Voir al Tirmidhi, Kitab al Manaqib, Shakhr série n° 3647
12-Al Bidayah wa al Nihayah par Ibn Kathir (mort en 774 A.H.) Vol. 7 p. 359
13-Voir par exemple Al Isabah fi Tamyiz Al Sahaba, par Ibn Hajar, Vol. 2, p. 509 et Al Bidayah wa al Nihayah par Ibn Kathir, Vol. 7, p. 36.
14-Ithbat al Wasiyah, p. 121
15- Maqtal al Imam Al Husayn par Abou Mikhnaf, p. 15
16-Par exemple, voyez Buhuth fi al-Milal wa al-Nihal par J. Subhani, Vol. 6, pp. 109 & 110. Sayyid Ali al-Madani (mort en 1120) dans son Al-Darjat al-Rafi‘at fi Tabaqat al-Shi‘a al-Imamiyah mentionne les noms de soixante-neuf compagnons du Prophète qui étaient des chiites. Ils sont listés dans l’ordre alphabétique commençant par Abou Raf’i et finissant par Yazid b. Hauthara al Ansari. Yousuf b. ‘Abdullah (mort en 456 A.H.) dans son Al-Isti‘ab, Ibn al-Athir dans son Usd al-Ghabah et Ibn Hajar (mort en 852 A.H.) dans son Al-Isabah sont des érudits non chiites qui ont mentionné certains pionniers chiites.
17-Mashkûr, Farhangi Firaqi Islâmî, p 47, 1375 SH
18-Mashkûr, Farhangi Firaqi Islâmî, p 48, 1375 SH
19-An-Nawbakhtî, FIraq ash-Shî’a, p 67-68, Dâr al-Awdâ’ ; Mashkûr, Farhangi Firaqi Islâmî, p 48, 1375 SH
20-Tabâtabâ’î, Shî’i Dar Islâm, p 63, 1388 SH
21-Daftarî, Târîkh ‘Aqâ’id Ismâ’îlîyya, p 11, 1386 SH
22-Sâbirî, Târîkh Firaq Islâmî, v 2 p 110
23- Sâbirî, Târîkh Firaq Islâmî, v 2 p 151 – 152
24- Al-‘Allâmat al-Majlisî, Zâd al-Ma’âd, p 426 – 427
25-Ma’rifat, At-Tamhîd, v 1 p 342