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Hoffmann invite les musulmans à percevoir la force attractive de l’art islamique
Le penseur allemand : “Ma connaissance de la religion catholique devint l’objet de maintes interrogations et suspicions”
Le penseur allemand, Dr Murad Hoffmann, s’est rendu compte que la religion islamique possède un trait particulier. En effet, dès qu’un individu se lance dans l’étude de l’islam qu’il sent sa foi s’embraser, prêt à reconnaître ses préceptes et ses valeurs, lesquels s’attachent à corriger les sociétés humaines. Il s’aperçoit alors que cette religion divine est adaptable à tout temps et à tout lieu.
Lors de notre rencontre à Chicago, Dr Hoffmann me dévoila d’importants aspects de sa saga islamique, soulignant la nécessité de se référer à son ouvrage La Route vers la Mecque, qui résume le périple qui le conduisit à l’Islam. Il m’affirma, en outre, son souci constant d’assister à toutes les rencontres islamiques qui constituent, selon lui, un moyen essentiel au rapprochement entre les musulmans ainsi qu’un outil pour susciter leur interaction et leur réaction vis-à-vis de cette religion. Il a également insisté sur l’importance que revêt la participation des penseurs musulmans aux forums intellectuels occidentaux, en vue de redresser l’image défigurée de l’islam auprès des Occidentaux et le présenter dans sa vérité éclatante faite de tolérance, et réaffirmer son rôle réformateur, applicable à l’ensemble des sociétés humaines.
Poursuivant son dialogue sur l’attrait de l’islam, Hoffmann raconte : “Je perçois mieux qu’avant la force d’attraction de l’art procédant de cette religion, d’autant que ma maison combine l’art abstrait à l’art islamique, sans plus. Je la perçois d’autant plus lorsque l’histoire occidentale de l’art reste encore impuissante, ne fut-ce qu’à définir l’art islamique. Son secret réside probablement dans le fait que l’islam transparaît à travers tous les aspects de cet art, qu’il soit dans la calligraphie, les arabesques et le tapis, ou dans l’architecture des mosquées, des maisons et des villes. Je pense longuement au secret de l’éclairage des mosquées et de son édification démocratique, à la construction des palais islamiques qui évoque un mouvement dirigé vers l’intérieur, avec leurs jardins qui suggèrent un paradis avec son ombrage, ses fontaines et ses canalisations. A la structure sociale fonctionnelle admirable des anciennes médinas islamiques qui se préoccupe de la cohésion du voisinage, il met en exergue la position du souk, se souciant de l’adaptation climatique et du vent, intégrant la mosquée, l’hospice, l’école et l’accès dans la zone du marché et la zone résidentielle. Connaître un seul de ses souks, qu’il soit à Damas, à Istanbul, au Caire, à Tunis ou à Fès, c’est les connaître tous, grands et petits, car ils comportent tous ce cachet islamique de fonctionnalité. Je me suis souvent promené dans le souk de la ville de Salé, mitoyenne de Rabat, pour retrouver ma vitalité. Un tel souk représente le pinacle de l’organisation sociale où chaque individu y trouve sa place, jeune et vieillard, sain et malade, riche et pauvre, Blanc et Noir. Ces souks se caractérisent par le manque du facteur d’urgence ou d’étroitesse du temps, l’absence de toute exagération d’autoévaluation. On ne trouve pas plus d’alcool que de véhicules lourds, par de clôture, pas de brigandage. Tous sont égaux et chaque transaction est assortie de discussions cordiales. Dans ces souks, les magasins ferment à l’heure de la prière.
“Ce qui me parait islamique et source de bonheur n’est, en fait, que l’influence épanouie de l’harmonie islamique et le sentiment de vie musulmane qui émane de ces lieux et laisse leur empreinte sur l’esprit et le cerveau. Le musée islamique Gulbenkian de Lisbonne, m’a laissé cette impression, à l’instar du sentiment qui se dégage de la visite de la Mosquée des Omeyyades à Damas, de la Mosquée Ibn Toulon du Caire, de la vieille Mosquée Kairouan ou de la Mosquée Suleyman à Edirne. Adolescent encore, à Echwinberg, bien avant que le sentier philosophique ne me mène à l’islam – lequel m’a à son tour orienté vers une troisième expérience – j’avais acquis une certaine part de l’enseignement jésuite, à travers mon adhésion à la “‘Congregation Mariana”, l’équivalent du mouvement nordique “Nouvelle Allemagne”.
“Notre attachement romantique à cette organisation remonte à la période nazie, en ce sens que la Gestapo n’a pu le découvrir alors qu’on la combattait en secret. Même mon père, qui avait les idées troubles, ignorait mon adhésion à cette organisation. On se réunissait toutes les semaines avec l’un des pères jésuites dans un cimetière dans des conditions de sécurité rigoureuses. Non seulement les membres ne connaissaient, chacun, que les membres de leur propre groupe, mais nous avons pu, avec le temps, attirer les meilleurs éléments parmi les étudiants des écoles secondaires, barrant ainsi le chemin à la “Jeunesse hitlérienne”. En d’autres termes, nous avons empêché ces nouveaux éléments de se joindre à des organisations de jeunesse relevant du régime nazi. Nous étions assez surpris de constater que le nombre des membres de l’organisation avait atteint les 80 à la fin de la guerre. Une fois la guerre terminée, nous avons repris les anciennes habitudes des organisations de jeunesse en vigueur dans les années 20 de ce siècle.
“L’on comprend de ce qui précède que j’étais très familier avec la religion chrétienne et sa consistance. J’ai commencé cependant à douter et à m’interroger sur cette religion. Nous nous sommes demandé, avec Carl Jacob Burckherdt, s’il était normal que le théologien et le casuiste soient vraiment de profession chrétienne. En dépit de mon admiration pour Ludwig Wittgenstein, j’étais persuadé qu’il n’existe pas de preuve permettant de renier Dieu. J’étais irrésistiblement attaché à l’opinion prônant que l’existence de Dieu n’est pas absolument prouvée et que la reconnaissance ou le reniement de Son existence reste une question de foi. Mais sur cette question, j’ai tranché en faveur de l’existence de Dieu. Ceci a soulevé une autre question, à savoir, la nature de la communication. J’étais foncièrement convaincu quant à la possibilité, voire la nécessité, de l’intervention divine dans le cours des événements. Cette conviction trouve son fondement dans les études et les connaissances acquises sur l’histoire humaine, les sciences et la vérité, d’où j’ai conclu que la simple observation de la nature ne peut conduire à l’assimilation de la relation réelle existant avec notre environnement et avec Dieu. L’histoire des sciences ne fournit-elle pas la preuve que les réalités scientifiques sont sujettes à des changements accélérés ? C’est ainsi que j’ai commencé à admettre la possibilité, voire la nécessité de l’existence d’une révélation et d’une religion. Mais quelle religion ? Quelle doctrine ? Judaïque, chrétienne ou musulmane ?
“C’est dans ma troisième expérience que j’obtins la réponse. Celle-ci se résume à ma lecture répétée du verset 38 de la sourate An-Najm (L’étoile) “Aucune âme ne portera le pêché d’autrui”. Ce verset est susceptible de choquer profondément ceux qui prônent sérieusement l’amour d’autrui préconisé par le christianisme puisque, à première vue, il comporte une contradiction. En fait, ce verset n’exprime pas un principe moral, mais comporte deux énoncés religieux qui constituent à la fois la base et la substance de la pensée religieuse, à savoir :
- ils contestent l’héritage du péché, et
- ils rejettent, voire suppriment, catégoriquement la possibilité d’intercession d’un tiers entre l’individu et son Créateur pour endosser son péché.
“Or, le second énoncé menace – pis encore, il démolit- la valeur des moines et les prive d’une influence fondée sur leur interposition entre l’individu et son Dieu pour la rémission de ses péchés. Ainsi, le musulman apparaît comme un croyant affranchi des différentes formes de sujétion et de domination religieuse.
“Le rejet du principe d’héritage du péché revêt à mes yeux une importance capitale, car il dépouille les enseignements chrétiens de plusieurs éléments primordiaux, comme par exemple, la nécessité de la délivrance, l’incarnation, la trinité, la mort en sacrifice. Cette perspective d’échec du Seigneur dans Sa création et Son incapacité de changer les choses sinon par la conception d’un enfant aux fins de le sacrifier, c’est-à-dire que Dieu doit souffrir pour sauver l’humanité, est quelque chose de suprêmement horrible, voire le comble du blasphème. Le christianisme m’apparut alors comme fondé sur une diversité de légendes. J’ai découvert que le rôle joué par l’apôtre Paul, était dangereux et perfide, d’autant que celui-ci n’a pas connu le Christ, pas plus qu’il ne l’a accompagné. Or, il s’est évertué à changer, et même à contrefaire les enseignements judéo-chrétiens, élaborés par Barnabé qui présentent le Christ comme l’un des Envoyés et des Prophètes de Dieu. J’ai eu la conviction que le Concile de Nicée, qui s’est réuni à Nicée en 325, s’est littéralement fourvoyé, faisant fi des enseignements chrétiens originels lorsqu’il a déclaré le Christ fils de Dieu. Aujourd’hui, seize siècles plus tard, quelques théologiens téméraires tentent de redresser cette anomalie.
“En résumé, je me mis à regarder l’islam dans sa forme authentique, c’est-à-dire la religion originelle vraie qui n’a subie aucune altération ou défiguration. Une religion qui croit en un Dieu unique qui “n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus. Et nul n’est égal à Lui” (Al-Ikhlass, (Le Dévouement) 3-4), dans laquelle j’ai perçu la doctrine de l’unicité primaire qui, contrairement au judaïsme et au christianisme, n’a pas connu de distorsions, et surtout pas en dissonance avec la notion primaire de religion, celle où les adeptes ne se considèrent pas comme le peuple élu de Dieu et ne déifient pas l’un des prophètes juifs. C’est dans l’islam que j’ai trouvé l’illustration la plus pure, mais aussi la plus simple et la plus progressiste de Dieu. Les versets du Coran m’ont apparu dans leur substance, leurs préceptes et leurs injonctions morales, empreintes d’une telle logique que toute incertitude à l’égard de la prophétie de Mohamed a été effacée. Avant d’embrasser l’islam, il m’était arrivé souvent d’entendre que la conversion d’une religion à une autre n’a pas vraiment d’importance, puisque toutes les religions croient, en définitive, en un seul Dieu, prônent les mêmes valeurs ; que le comportement sain et les bonnes mœurs, la foi intérieure en Dieu et l’attachement secret à Dieu sont plus importants que les cinq prières quotidiennes, ou le jeûne du Ramadan, ou encore le pèlerinage à la Mecque. J’ai dû bien des fois entendre ces dires de musulmans turcs qui ont abjuré leur religion sans le savoir.
“Un Dieu particulier et secret n’est pas un Dieu. Tous ces prétextes et discours semblent bien fragiles dès lors qu’on est persuadé que Dieu nous parle à travers Son Livre. Celui qui appréhende cette réalité ne peut faire autrement que de devenir musulman, dans toute l’acception du terme.
“Je pense que j’étais, en tout état de cause, proche de l’islam par les idées bien avant ma conversion en 1980, en prononçant la chahadat et en accomplissant le rite de la circoncision comme l’exige l’islam. Je m’intéressais, en tant que musulman, à l’aspect intellectuel de l’islam et peu à mes devoirs pratiques dans ce contexte. Cet état de chose était inconciliable et devait donc radicalement changer, car il ne suffisait pas d’être musulman uniquement par la pensée, encore faut-il que le comportement le soit aussi.
“Si la religion constitue un lien reliant l’individu à son Dieu, et si l’islam signifie que le musulman doit se dévouer à Dieu, apprendre la prière s’avérait pour moi comme une obligation majeure, en tant que nouveau musulman dans la cinquantaine de l’âge. Il n’est pas nécessaire que l’individu soit un expert en informatique pour réaliser qu’il s’agit là d’une question de communication. Or quel est le meilleur moyen pour établir la communion avec son Dieu ?
“Il est certain que rien n’expose davantage l’individu au danger de rupture du lien avec Dieu que ce manque de communication. Le facteur nodal de la vie sera alors de rendre grâce au Seigneur dans la mesure où l’individu est conscient de ce qu’il dit et en comprend le sens, surtout lorsqu’il dit qu’il croit en Dieu. Aussi l’homme qui ne prie pas ne peut-il, selon moi, être un croyant. Comment peut-on affirmer son amour à une femme lorsque celle-ci est absente, ou sans qu’il ait le désir de lui téléphoner, lui écrire, ou encore contempler sa photo sans discontinuer. Cet homme ne peut en être vraiment amoureux. Il en est de même pour ce qui est de la prière. L’homme qui a conscience de l’existence de Dieu et en appréhende le sens ne peut qu’éprouver le besoin de se tourner vers Dieu et de méditer. C’est ainsi que la récitation répétée par le Musulman du verset “C’est Toi que nous adorons, et c’est Toi dont nous implorons secours” de la sourate Al-Fatiha devient-elle une réalité infrangible.
“Jusqu’à cet instant j’ignorais encore comment faire la prière, sans parler de ma capacité à mémoriser et à réciter le Coran en langue arabe. Aussi ma première priorité était-elle de vaincre cette insuffisance. Mais avant d’aller plus en avant dans l’étude d’un livret, en langue allemande, digne de confiance et illustrant la prière des musulmans, j’ai demandé à un ami turc de m’apprendre comment faire ses ablutions ainsi que la manière d’application des gestes rituels afférents à la prière : comment être debout, à genoux, prosterné, assis par terre appuyé sur le pied gauche, le relèvement des deux bras, la direction des yeux, quand lire à voix forte et en secret (avec les lèvres), comment se mettre derrière l’imam, comment se comporter lorsqu’on entre à la mosquée en retard, et comment se mouvoir à l’intérieur de la mosquée. Il s’agit vraiment de toute une science, et il serait malséant pour un musulman de ne pas se comporter comme le ferait un vrai musulman.
“Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est dans la salle de bain ou à la source d’eau dans la cour frontale de la mosquée que commence la prière islamique, et ce, avec les ablutions. Il s’agit de bien l’apprendre selon l’enchaînement des gestes : comment faut-il se laver les mains, essuyer la tête, laver la paume des pieds… tout est déterminé de façon précise. Lorsque l’individu entame la prière et lève les bras jusqu’à hauteur de la tête, ouvrant la prière avec Allahu Akbar (Dieu est le plus grand) , il se détache des préoccupations mondaines quotidiennes, affirmant ainsi le caractère sacré de la prière.
“Dans les pays chauds, les ablutions ne posent pas de problèmes, car la chaleur élevée facilite le séchage. En cas de pénurie d’eau, il suffit de laver les mains symboliquement avec du sable (tayammum). J’ai vécu cette expérience le 7 décembre 1993 lorsque notre voiture, conduite par un expert du désert, s’est embourbée au cours d’un voyage dans la région de Liwa, riche en pétrole, dans les Emirats Arabes Unis, où le sable est idéal pour le tayammum. Dans nos régions froides, il est malaisé, surtout en l’absence de serviettes, de remettre les chaussettes quand les pieds sont mouillés. Mais en définitive, apprendre à faire la prière était beaucoup plus simple que je n’avais escompté, car la prière se compose d’unités fixes de prière, appelées rak’at (génuflexion).
“Il convient en outre que l’individu apprenne le nombre de rak’at pour chacune des cinq prières, à savoir : as-sobh (matin), al-dhohr (midi), al-‘asr (milieu de l’après-midi), al-maghrib (le crépuscule) et al-‘ichaa (la nuit), ainsi que l’horaire de ces prières, et les dispositions que le voyageur doit prendre à cet égard.
“J’ai appris aussi comment me tenir debout dans la prière collective. En effet, les musulmans doivent se mettre en rang compacte et bien aligné, les pieds se touchant afin d’éliminer tout espace vide. Cette compacité symbolisait, pour moi, plus qu’un simple resserrement des rangs. J’y voyais un signe de solidarité qui m’émeut toujours. Cette solidarité se renouvelle à la fin de chaque prière avec la salutation Assalamou ‘alaïkoum (Paix sur vous) que le fidèle prononce doublement en tournant la tête, d’abord à droite, puis à gauche. Puis il passe ses deux mains sur le visage, annonçant la fin de la prière, avant de tendre la main et serrer celle de son voisin immédiat, lui souhaitant que le Seigneur daigne agréer sa prière : Taqabbala Allah salatoukoum (Que Dieu agrée votre prière).
“Le Secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelouahab Abbada, me raconta qu’il avait, encore enfant, changé cette salutation, car il lui semblait plus logique de s’adresser à son voisin de prière au singulier, disant Assalamou ‘alaïka. Il a été gratifié pour cela par un soufflet de son père qui lui apprit que le musulman dit toujours Assalamou ‘alaïkoum (au pluriel), car cette salutation s’adresse à toutes les créatures, tant visibles qu’invisibles, tout autant aux anges qu’aux blattidés.
“Tout aussi important est de savoir délimiter le lieu de prière. L’on met à cet effet ses lunettes et son portefeuille devant soi à une distance d’environ 90 cm. Ainsi nul ne transgressera le lieu de prière d’un autre ou passera directement devant lui. Je me souviens d’un jour, le 26 décembre 1982, où je m’apprêtais à quitter la Mosquée du Prophète (PSL) à Médine après la prière. La cadence de sortie était très lente, et pour cause, car l’un des fidèles était arrivé tardivement pour sa prière et pendant que les gens avançaient vers la sortie, il poursuivait tranquillement sa prière. Les gens le contournaient dans les deux sens comme ils se seraient divisés autour d’un rocher. Nul ne s’avisait de le déranger, de perturber sa prière, ou encore de pénétrer son espace de prière. Mais plus étonnant encore fut le spectacle auquel il m’a été donné d’assister lors de la procession autour de la Ka’ba, en 1992. Une femme chétive accomplissait placidement ce rituel, au cœur de la foule et à quelques mètres de la Ka’ba. Elle était entourée de quatre hommes vigoureux qui, pour l’aider, s’étaient érigés en bouclier. Cette réaction tranquille des gens se reproduit inlassablement : pas de reproches ou de blâme, encore moins de colère. Seulement le respect de la prière. Aussi est-il difficile, voire impossible, en raison même de ces règles rigoureuses, qu’un fidèle des rangées frontales quitte la mosquée avant tous les autres. En 1993, j’étais contraint de laisser mon hôte m’attendre à Abu Dhabi, n’yant pas trouvé de moyen qui soit compatible avec les règles pour quitter la mosquée, car pour quitter la mosquée par un chemin latéral impliquait un passage à l’horizontale des orants, chose qui incarne tout ce qui est illicite.