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Le récit révélateur de la conversion spontanée d’un jeune savant chinois :
Remerciements
Je remercie humblement Allah de m’avoir permis d’écrire ce livre. Je Lui dédie ce modeste travail, en Lui demandant pardon et en Lui témoignant toute ma gratitude. Dans l’espoir qu’Il accepte mon repentir…
Ma reconnaissance se tourne naturellement vers le frère et l’ami Dr Abbas al-Bostani, pour m’avoir donné cette chance de m’exprimer. Quelques fois, nos discussions fussent houleuses. Finalement, je me suis rendu compte que la plupart de ses observations étaient justes, ce qui m’a permis d’améliorer sans conteste cet écrit.
A ma petite sœur qui a fait un excellent travail en corrigeant mon «piètre» français d’après elle! Je la remercie.
Mes remerciements s’adressent à la sœur Nora pour ses précieux conseils et ses remarques pertinentes. Et à son mari qui l’a soutenue.
A mon ami Maximus avec qui j’ai eu un grand plaisir de correspondre. J’espère que cela va continuer incha’Allah. Je souhaite un jour qu’il s’identifie à la phrase suivante : « lorsque le Grand Gladiateur entre dans l’arène, il inspire la peur… ».
A Mahmood et à Sanah. Leur fréquentation m’ouvre des portes inimaginables (al-hamdullillah!)! Heureusement qu’ils étaient là, sinon j’aurais pu mourir de froid et de faim dans ce pays de fous!
A tous mes autres amis que je n’ai pas pu nommer par souci de préserver leur anonymat, qui m’ont fait part de leurs critiques et de leurs réactions. Qu’ils trouvent ici, toutes et tous, ma reconnaissance. Sans leur contribution, certaines choses n’auraient pu se réaliser. Encore une fois, merci! « Celui qui ne sait pas remercier ses semblables, ne sait pas remercier Dieu…».
Introduction
J’espère de tout cœur que ce modeste petit livre apportera quelque chose à ceux et à celles qui vont le lire. Il est certainement incomplet, puisque, à partir du peu de lectures que j’ai faites sur l’islam, j’ai essayé de réfléchir, de méditer et d’en déduire mes propres conclusions. Sans faire un réel travail de recherche très poussé, j’ai tout de même relevé le défi, afin de partager avec vous, mon vécu et mes nombreuses réflexions en tant que converti. Les thèmes traités sont si variés qu’il était impossible pour moi de les détailler tous. Dans certains chapitres, des lacunes sont apparentes. De ce fait, j’espère que vous pourrez me pardonner et chercherez par vous-mêmes ce que je n’aurais pas explicité ou ce que j’aurais oublié…
Mon souci premier était de montrer et de démontrer aux musulmans, qu’avec le peu de connaissances que nous avons de notre religion, nous pouvons toujours utiliser notre raison pour bien la comprendre, l’aimer et l’apprécier à sa juste valeur. A partir de ce peu d’informations, nous pouvons façonner une bonne éducation pour nous-mêmes et pour les autres. Lire beaucoup pour nous cultiver et simultanément appliquer le savoir acquis à notre existence afin de l’enrichir, de l’embellir… C’est cela le mérite!
Mon deuxième objectif était de provoquer le non-musulman à méditer et à lui faire prendre conscience que peut-être, dans cette vie, il est passé à côté d’une chose très précieuse sans qu’il s’en rende compte. Cette chose qui lui semble dérisoire est en fait une perle pour d’autres! De lui montrer en tant qu’êtres humains, nous sommes capables de piétiner nos préjugés afin de mieux apprécier et aimer l’autre, l’inconnu, notre inconnu, notre prochain, notre frère dans l’humanité…
J’espère ne pas trop m’être éloigné de ces buts recherchés? Sinon, je vous demande humblement de bien vouloir me pardonner et d’être indulgents quant à mes erreurs et à mes maladresses… Assalamu’alaikum (Que la paix soit sur vous).
Au nom de Dieu le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux
Présentation
N.B. Tout le genre masculin utilisé, désigne les deux sexes pour ne pas surcharger le texte
Pourquoi écrire un mémoire? Dans quel but? C’est la question que je me suis posée. Peut-être pour faire un bilan d’une partie de ma vie passée en Islam et regarder par quels moyens ma foi a évolué durant ces années? Ou bien, je voulais simplement partager avec vous un bout de mon intimité, un bout de mes pensées intérieures que je ne confiais qu’à mes amis les plus proches. Nous permettre ensemble de méditer et de nous rendre compte de la chance que nous avons d’avoir cette religion si extraordinaire dont peu de personnes connaissent réellement le contenu profond.
J’ai toujours pensé qu’il fallait que j’exprime par écrit les très nombreuses idées qui me traversaient l’esprit, mais sous quelle forme, je l’ignorais. Alors l’occasion s’est présentée à moi et j’ai décidé de la saisir pour me présenter et exposer mes réflexions.
Je me prosterne et m’incline devant Allah, le Tout-Puissant. Je remercie et louange Celui qui m’a créé et guidé vers le droit chemin. Le Très-Miséricordieux qui m’a fait sortir des ténèbres vers la lumière. Qu’Il me pardonne les erreurs que j’ai pu et pourrai commettre. Je ne Le remercierai jamais assez… même s’Il me donnait encore sept vies… Al hamdu lillah Rabbi-l-‘âlamin (Louanges au Seigneur des Mondes).
Je suis d’origine chinoise de père et de mère. Mes grands-parents avaient quitté la Chine pour des raisons politiques et surtout économiques. Ils se sont installés au Laos, un des pays de l’ancienne Indochine, la terre où je suis né. J’y ai vécu et gravé quelques souvenirs jusqu’à l’âge de neuf ans. Comme toutes les autres, notre famille a rencontré de nombreuses difficultés au pays telles que la pauvreté, la dictature, l’incroyable léthargie et l’hypocrisie des communistes etc. De ce fait, mes parents ont décidé et réussi à nous faire sortir de ce marasme, mes sœurs et moi. Nous sommes arrivés en tant que réfugiés politiques en France à la fin de 1980. Un an après notre arrivée, je me souviens encore d’avoir vu à la télévision le portrait géant du nouveau président français, F. Mitterand. Bien sûr, je ne comprenais pas alors toute l’effervescence du moment.
Dans ce pays d’accueil, j’ai été scolarisé avec deux années de retard à l’école primaire vu que je ne parlais pas du tout français. Je comprenais à peine ce que nous disaient nos maîtres(ses). Lorsqu’il fallait faire des rédactions, je n’en dormais pas la nuit, tellement je me sentais mal à l’aise avec cette matière. C’est pourquoi, mon intérêt s’est vite porté vers les sciences. J’étais plutôt doué pour ces dernières, j’aimais cela et avec peu de travail j’y réussissais. Mais je n’étais pas un élève très brillant car j’étais paresseux et du genre «moins j’en fais et mieux je me porte». Jusqu’à ce que j’aie découvert l’Islam qui m’a rééduqué et m’a bien fait comprendre qu’une intelligence sans travail est un gaspillage, une inutilité. Cette religion, à travers le summum de la Science qu’elle a apportée à l’humanité, m’a aussi aidé à affûter certains dons que Dieu m’a accordés (hamdullillah).
J’ai une maîtrise de physique et à l’époque je rêvais d’être comme A. Einstein, ce savant fou qui a révolutionné notre vision de l’univers par sa théorie de la relativité. Mais je me suis rapidement rendu compte que je n’avais pas son génie. Alors j’ai changé de discipline, continué et terminé mon doctorat en chimie organique dans une grande université française. Actuellement je suis chercheur, en quête de nouvelles molécules contre le cancer, à l’interface chimie-biologie. J’ai pu par occasion acquérir des connaissances en biochimie. Mes formations scientifiques expliqueront ma logique, mon raisonnement et mes déductions lors de mes nombreuses réflexions qui vont suivre incha’Allah.
Pourquoi me suis-je converti à l’Islam?
Voilà une question intéressante et qui, je pense, pourrait en intéresser plus d’un. Pourquoi me suis-je converti à une religion en apparence si «barbare», si «sanguinaire», si «injuste», et qui «maltraite» les femmes? “Es-tu devenu fou?” me demanda ma famille. Je réponds que, jusqu’à preuve du contraire un fou n’aurait pas réussi à obtenir son doctorat en chimie, sinon tous les professeurs qui m’ont noté et qui ont attesté de mes réussites passées, seraient aussi fous que moi ou plus encore! Et si ces professeurs étaient fous, eux-mêmes vont produire des fous, car ils enseignent à des centaines d’étudiants par an. Je veux bien être considéré comme tel si l’on disait de même pour tous ceux que j’ai précités. Si j’étais réellement fou, alors certainement que le milliard de musulmans le seraient aussi. Voilà comment on répond à une question peu pertinente.
Cependant plus sérieusement, je vais vous donner les raisons qui m’ont mené vers cette voie.
Comme tout être humain, je nais, je respire, je travaille, je réfléchis, je vis des moments de joie, de tristesse… Bref, un humain tout ce qu’il y a d’ordinaire. J’ai grandi dans une communauté laotienne qui aime beaucoup l’amusement et le divertissement. C’est ce que j’ai fait durant ma jeunesse. Je sortais en discothèques, en soirées dansantes, j’allais là où tout amusement pouvait se faire. Et pour nous aider dans cette tâche, nous avions recours à des artifices tels que l’alcool et le cannabis que je partageais avec mes amis d’antan. Au moins, nous nous amusions, comme dirait l’autre…! Mais voilà, mon for intérieur m’interpellait sans cesse et j’étais préoccupé par ma vie, de ce que j’en faisais. Plus j’allais danser et je sortais, plus je me posais la même question embarrassante: à quoi tout cela me sert-il? Je m’amuse et d’autres personnes dans le monde meurent de faim! J’ai la chance de vivre et d’étudier alors que d’autres survivent et meurent tous les jours dans l’indifférence générale! Ils n’ont pas la chance, même ne serait-ce que d’apprendre l’alphabet! Cela n’avait pas de sens. Je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas accepter cette injustice, cette inégalité…
Durant des années, à force de me poser des questions, je me suis rendu à la question philosophique suivante: pourquoi j’existe ou quel est le but de ma venue sur terre? J’ai essayé de répondre à cette question en observant tout autour de moi et en récoltant les réponses que l’on pouvait me donner. Il y en a qui me disaient que l’on vit pour s’amuser. Cela ne m’a pas convaincu, car si cela était vrai alors pourquoi certains vivent la misère et même la guerre? Leur vie à eux n’est certainement pas drôle! D’autres me disaient que nous vivons pour construire une vie meilleure pour nos enfants et être quelqu’un dans la société. Dans ce cas, la question qui me traverse l’esprit est: et ces enfants eux-mêmes vont-ils devoir travailler aussi pour leurs descendants? Et ces derniers vont-ils devoir faire de même pour leurs progénitures…? Par conséquent, n’y a-t-il pas de fin? C’est comme l’histoire de l’œuf et de la poule.
Être quelqu’un dans la vie: supposons que nous le devenions. Mais de ce que j’ai pu voir, la plupart voire la quasi-totalité des gens qui ont leur place dans la société se moquent littéralement de la misère, de la souffrance, des malheurs des autres. Si le contraire était vrai, alors ces personnes se seraient davantage engagées pour aider les démunis uniquement par amour du prochain. Ainsi nous n’aurions pas eu toute cette misère partout dans le monde. Demandez autour de vous, combien parmi ces gens hautement placés dans la société font ce geste humanitaire? A quoi leur sert donc cette place qu’ils ont réussi à acquérir? Peut-être qu’ils sont heureux ainsi et c’est tant mieux pour eux. Pour ma part, je ne pouvais l’admettre, car avoir la meilleure des réussites du monde et être indifférent aux malheurs des autres sans faire le moindre geste pour les aider, est comme l’animal qui, par instinct abandonne les faibles.
Ah! J’oubliais qu’un grand nombre d’entre eux croient que nous descendons du singe, ainsi nous devons nous conduire comme tel. Si nous sommes réellement comme lui, alors pourquoi s’embarrasse-t-on d’avoir dans notre société l’éthique et la morale? Et quelle est l’utilité de pousser cette recherche aussi loin, qui nous permet même d’aller explorer l’univers?! Car l’animal lui, n’a pas besoin de tout ceci, il vit avec son instinct et n’a pas besoin non plus de se torturer l’esprit à se demander pourquoi tel médicament réagit sur telle maladie: quelle est sa structure, son mécanisme d’action, son site d’interaction…? Nous n’avons qu’à laisser mourir ces malades comme le ferait l’animal et ce serait plus simple pour tout le monde! Mais… nous ne le faisons pas… Ceci prouve que nous ne sommes pas comme l’animal, nous sommes au-dessus de lui, car notre intelligence est supérieure, ce qui nous permet de maîtriser la matière et même l’atome! (Pour comprendre l’effondrement du Darwinisme, pour ceux que cela intéresse peuvent consulter le site www.harunyahya.com/fr/). Malgré tout, si ces gens pensent que nous descendons de l’animal, ce choix leur incombe. Je ne peux que respecter leur façon de vivre. Pour moi, je ne pouvais toujours pas l’accepter. Toutes les argumentations matérialistes ne m’ont pas non plus convaincu. Je cherchais autre chose, mais je ne savais pas quoi…
C’est pour cela qu’à l’âge de 20-21 ans, je commençais à m’isoler, non pas parce que j’étais asocial, au contraire, ceux qui me connaissent peuvent témoigner à quel point je suis un homme ouvert d’esprit et très amical. Mais je préférais vivre dans ma solitude au lieu de partager mon temps avec des égoïstes, des gens démunis d’humanisme. Je passais mon temps libre à méditer et à me poser de multiples questions. Je cherchais réellement quelque chose, mais je ne savais pas comment le définir et le saisir.
C’est à l’âge de 23 ans à Tours, que j’ai rencontré des musulmans et musulmanes à la cité universitaire. J’ai toujours cru que la religion était pour les faibles d’esprit et moi, orgueilleuse que j’étais, ne pouvais accepter qu’elle puisse m’apporter quoique ce soit. Malgré les préjugés que je portais en moi, j’ai fait l’effort de contacter les «barbares», les «sanguinaires», les «intégristes» à la barbe et au voile. Par curiosité intellectuelle et soif de comprendre, je les bombardais de questions qui me paraissaient difficiles et espérais qu’ils feraient des faux pas. Je guettais les erreurs dans leurs réponses, malheureusement, les «barbares» n’en firent pas comme je le voulais. J’étais complètement étonné, ahuri! Le malin qui croyait prendre s’était lui-même pris!
J’ai découvert que les jeunes filles voilées étaient des femmes comme les autres, mieux encore, elles sont instruites, intelligentes et ont énormément de principes contrairement à certaines qui se déshabillent pour un rien! Les «barbares» aussi étaient aimables, intelligents et essayaient de parfaire leur moralité. Ils réussissaient tant bien que mal. Mais ils ont le mérite de faire l’effort, contrairement à ceux qui prétendent être les cousins du singe. Moi, qui détestais les religions et les trouvais aussi hypocrites les unes que les autres, je commençais à poser des questions pertinentes sur Dieu, sur les principes de l’islam, sur le sens profond et sur la sagesse de cette religion que peu de gens voulaient apprendre et comprendre. Le méfiant que j’étais, devenais très intéressé par la matière. En moi, cette religion «barbare», «intégriste», «terroriste», «injuste» à l’égard des femmes était devenue… noble, pleine de bonté, de magnanimité, de sagesse et de justice. Je commençais à comprendre le fondement de la philosophie islamique, qui est d’un niveau extrêmement élevé, contrairement à ce qu’on pourrait nous faire croire.
Après ces années de méditations, de doute, j’ai enfin trouvé ce que je cherchais: la spiritualité. L’âme troublée, agitée allait enfin pouvoir entrer dans la quiétude, le calme, la paix intérieure… J’ai fait le grand saut dans une petite salle de prière à l’université de Rennes, le dimanche 11 novembre 1995 en prononçant la shahada, le témoignage: «Ash hadou an-lâ ilâha illâllâh wa ash hadou anna Muhamaddan rassûlullâh (Je témoigne qu’il n’y a d’autres divinités qu’Allah et je témoigne que Muhammad est le messager d’Allah)». Depuis, j’ai vécu en pleine possession de mes facultés intellectuelles qui n’ont fait que croître après cette conversion.
Ainsi, je suis devenu musulman par la grâce d’Allah, le Tout-Miséricordieux, qui m’a guidé, protégé, et sauvé. Il m’a fait aimer davantage mes parents, ma famille, mes amis et mon prochain. Et mon Seigneur a donné un vrai sens à ma vie, le sens que j’ai tant espéré découvrir… Je me prosterne devant le Créateur du cosmos, et implore Son pardon des péchés que j’ai pu commettre et Lui demande rémission, Subhan Allah (Gloire à Allah).
Réflexion 1: La Renaissance
Les lendemains en islam étaient des journées presque ordinaires. J’ai cru dans un premier temps qu’il y aurait de l’or et des femmes qui me tomberaient du ciel! Mais ce n’était rien… Plus sérieusement, je m’attendais à un grand changement en moi, mais c’était plutôt le doute qui dominait mon cœur. En effet, dans les premiers moments, je me posais sans cesse la question de savoir si j’avais bien fait d’entrer dans cette religion. Et de voir dans une mosquée, pour la première fois de ma vie autant de personnes qui se prosternaient continuellement en attendant la prière en commun, me perturbait. Je n’arrêtais pas de me dire que j’étais en train de faire une erreur et que j’avais vraiment l’impression d’être dans une secte! Malgré cela, je me disais que je ne devais pas juger avant de connaître. Ne pas avoir de préjugés comme en ont la plupart des gens. Je faisais tout pour ne pas ressembler à nos cousins venus du singe, je ne voudrais pas les critiquer et me comporter exactement comme eux. Dans ce cas je n’aurais pas été meilleur…
Du fait de l’effort qu’elle a fourni, une personne qui se convertit bénéficie de la miséricorde d’Allah. Il lui ouvre le cœur et l’esprit en le purifiant, en lui redonnant de la bonté, de la gentillesse et de la candeur, tout simplement… en le faisant RENAÎTRE. Cette renaissance est bien réelle. De cette façon, à ses débuts, le converti est comme un enfant. Il est naïf, pur, curieux et aime découvrir ce nouvel univers qui est devenu sien, l’apprendre et le comprendre. Le novice que j’étais, se sentait encore fragile, influençable et très manipulable. Heureusement que des amis musulmans sincères m’ont soutenu lors de ce passage difficile, de ce changement brutal dans ma vie Sans leur aide précieuse, j’aurais pu être un mauvais musulman aujourd’hui, et qui sait, peut-être que j’aurais été fou comme le disait si bien ma famille?
Les conseils de certains amis étaient cruciaux pour moi, afin que je ne m’égare pas de la umma (la communauté musulmane). D’ailleurs, si je ne m’abuse, il est de notre devoir et de notre responsabilité de guider ceux qui viennent d’entrer dans la miséricorde d’Allah! Le soutien moral et matériel à ce moment difficile de ma vie était une chose tout à fait appréciable. Des amis, très serviables, m’ont montré les mosquées, les bonnes associations musulmanes, les boucheries halals (licites) et les librairies où j’ai pu me procurer des livres. Il faut avouer que le néophyte que j’étais, était très vorace en lecture car j’avais tout à apprendre! Alors mes frères m’ont conseillé de bons livres islamiques pour que je ne me perde pas dans les détails et la complexité de certains écrits. Certains plus intimes m’ont présenté leur famille, leurs amis afin que je sois bien entouré par la chaleur fraternelle. J’en avais tant besoin, surtout à ce moment-là. J’appris que certains convertis ont eu moins de chance que moi, car ils ont été expulsés à tout jamais de leur famille. En entrant dans l’islam, ils ont été radiés de leur lignée, de leur affiliation… Que cela est cruel… L’intolérance est signe d’une grande ignorance… Cependant un jour, nous aurons des comptes à rendre…
Pour aider dans ce cas, nos amis «fraîchement» débarqués et parfois déboussolés, nous pouvons mettre en place un système de parrainage. Que chaque personne intelligemment désignée devienne par pacte écrit, responsable d’un frère nouvellement converti. Comme celui que notre Prophète (SAW) avait fait entre un ançari (partisan) et un muhajir (émigrant) lors de l’Émigration des Musulmans à Médine. Après ces précautions, nous pouvons demander à Allah, le Tout-Puissant, de les protéger et de les guider. Si Dieu guide une âme alors rien, ni personne ne pourra plus l’égarer. Allah, le Très-Miséricordieux, a blanchi le cœur d’une de Ses créatures. Cette purification, avec espoir, pourra renforcer ses sens et aiguiser son intelligence pour lui permettre de voir, de comprendre et de servir le Créateur, le Très-Noble…
Dieu, le Très-Haut, sonde et décèle le moindre atome de bonté en nous. Louanges à Lui qui m’a fait renaître…
Réflexion 2: Le Changement psychique du Converti
J’ai cru qu’une fois trouvé ce que je cherchais, ma vie serait plus simple. Mais les choses n’ont pas été ainsi, un parcours du combattant venait de se dresser devant moi. Il fallait que je concilie les disputes avec ma famille à propos de la conversion, faire face à son incompréhension et son incrédulité. Par la suite, j’ai été contraint de rompre des liens avec elle, pour un temps. Cela fut une expérience douloureuse à vivre, mais il fallait passer par là… Également affronter la moquerie, le regard des gens bornés dans de mon entourage. A l’époque, vivre avec le peu de connaissances que j’avais de l’islam était terriblement frustrant car je ne pouvais m’en justifier. D’autant plus qu’avec ma foi toute neuve j’étais obligé de faire face à une société peu tolérante, qui n’a pas une estime très élevée des musulmans et de notre religion en général, car elle véhicule énormément des préjugés qui pourraient paraître à des esprits simples plus ou moins fondés.
Au début, je n’arrivais pas à saisir, après être devenu musulman, pourquoi encore des problèmes après ma conversion! J’ai cru que Dieu allait me dérouler un GRAND tapis rouge! Mais il n’en était rien…
J’ai compris bien plus tard, que plus Allah aime un serviteur et plus Il va l’éprouver, afin qu’il progresse dans sa foi, sa science, sa sagesse et son amour pour Lui. Et Dieu «ne charge pas une âme plus que ce qu’elle peut supporter …».
Une des premières difficultés à laquelle je devais faire face en moi-même est ce que j’ai nommé «le changement psychique du converti». En effet, lorsqu’une personne entre dans une religion telle que l’islam, elle doit changer sa façon de penser, de regarder, de manger, d’écouter, de parler, d’agir… en somme toutes ses habitudes. Il était nécessaire de rééduquer son âme. Certains font ce changement avec une plus grande facilité lorsqu’ils ont une «prédisposition». Cette faculté s’acquiert.
Je prends le cas de celui qui s’est perverti dans les choses harams (interdites en islam), alors plus son amour de ces choses perverses est grand et plus il lui faudra travailler pour s’améliorer. C’est pourquoi je parle de «prédisposition acquise». Un non-croyant qui avait passé une partie de sa vie à se cacher et à se voiler à lui-même la fitra (l’instinct originel qui permet à tout être humain de croire en Dieu), devait opérer un changement psychique profond, très profond… c’était mon cas. En quelque sorte, regarder la vérité cette fois-ci, sans détour ni fuite.
En premier lieu, il était urgent que j’affronte mon éducation parentale car celle-ci se transmet et s’implante dans l’âme. Après quoi, il fallait que je lutte contre mes mauvaises habitudes acquises durant la vie de non-croyance. Enfin, faire face à mon environnement, qui est un facteur très influent, d’après ce que j’ai compris. C’est tout simplement un changement total à l’intérieur de moi-même, et cela m’a demandé énormément de temps, de sacrifices et de souffrances personnelles…
Ainsi, pour mettre ce processus en marche, j’ai compris qu’il fallait d’abord admettre les mauvaises habitudes que je voulais changer. Le pire d’entre nous est celui qui n’accepte pas ses propres défauts. Il n’y a point de honte à avoir conscience de cette faiblesse, au contraire, cela nous permet de progresser. Tout être humain est imparfait, mais le plus intelligent est celui qui cherche à être meilleur en qualité. Je sais combien il est difficile de regarder ses défauts, sa poubelle intérieure car elle est désagréable et rabaisse l’orgueil! Mais il fallait passer par là. C’était la première étape de ma thérapie personnelle…
Puis, je devais comprendre d’où me venaient ces insuffisances. J’essayais de saisir, par exemple, pourquoi j’avais l’habitude d’être constamment pessimiste, négatif. En principe, je découvrais toujours une partie de la réponse dans l’éducation de mes parents. Ont-ils l’habitude d’interpréter tous les événements d’une façon négative? Dans ce cas, je reproduisais instinctivement, systématiquement ce que j’avais observé chez eux jusqu’à ce que j’en devienne conscient. Ce défaut, un véritable poison, était l’un des plus pénibles à changer, car il fallait sans cesse lutter et lutter à nouveau… sans jamais baisser les bras, sinon cette habitude reprenait le dessus sur moi!
Puis, j’ai aussi découvert qu’une autre partie de l’explication pouvait être trouvée dans mes fréquentations et dans mon environnement. Est-ce que mes amis aimaient-ils le côté sombre? Là encore je suivais aveuglément le groupe et un adage dit «qui se ressemble s’assemble…». J’ai dû aussi observer un espace plus vaste, à savoir la société dans laquelle je vivais. Si cette terre était remplie de pessimistes alors il aurait été bien difficile pour moi de ne pas suivre «la tendance» car j’aurais été à l’encontre de ces mœurs. En dépit de tout, après ces longues années d’intenses efforts, Allah m’a aidé à vaincre tous ces stimuli (Al-hamdullillah!). J’ai transposé et appliqué le même raisonnement à d’autres de mes nombreux défauts.
En guise de rappel, j’ai dû chercher l’origine de chaque défaut, soit dans mon éducation parentale, soit dans mon environnement, soit en moi-même ou les trois facteurs combinés. J’ai découvert que généralement un problème a plusieurs sources. L’important est de savoir quel pourcentage représente chaque cause pour produire de tels effets. Comprendre l’origine de ses déficiences pour mieux les accepter et essayer de les changer, est signe d’une âme de très grande noblesse. J’ai adopté cette attitude enrichissante du mieux que j’ai pu et dû mieux que je peux encore…
Pour exécuter mon programme, j’ai classé mes défauts et j’ai mis en priorité les «grosses mauvaises habitudes» qui empoisonnaient le plus ma vie au quotidien. Une des pires pour ma propre vie et la vie des gens qui m’entouraient, c’était l’insatisfaction continuelle. Je vais essayer de détailler dans les pages et chapitres qui suivent certains thèmes dont celui-ci qui me semble le plus crucial.
Comme vous le savez le non-croyant a cette spécificité de ne pas croire en Dieu; ainsi il compte sur lui-même, sur le matériel et sur les autres humains qui l’entourent. Une fois qu’il obtient une chose tant espérée, il fait preuve de mécontentement de ce qu’il a acquis. Et comme il en veut toujours plus, toujours mieux, il ne peut jamais être heureux de ce qu’il a entre ses mains, même s’il a la plus magnifique des familles, la plus belle des maisons, la meilleure des réussites sociales, le meilleur bienfait du monde etc… Cette insatisfaction perpétuelle ruinait et empoisonnait mon existence. J’ai dû lutter avec acharnement contre cette maladie de l’âme (je donnerai une solution personnelle dans la suite des réflexions).
Accepter, comprendre ses faiblesses et dans la même perspective, se changer pour mieux vivre et s’épanouir avec son environnement, avec ceux et celles qui nous aiment et que nous aimons, c’est essentiel pour moi… et vous?
Après avoir passé ces deux stades, il était normal désormais de réussir l’étape la plus difficile, la plus longue et la plus douloureuse: l’application, le concret. Comment ai-je procédé? Pour être pédagogue, je prends l’exemple d’un de mes défauts qui me poussait à penser et à interpréter toujours mal les faits et les dires des autres. Un rendez-vous raté, je commençais à maudire l’ami sans lui laisser la moindre chance de s’expliquer. Un mauvais regard non intentionnel et je manifestais mon mécontentement. Pour m’aider, j’ai lu le magnifique livre «Comment aimer Allah?», dans l’édition de la Cité du Savoir (Abbas Ahmad al-Bostani) et le très didactique livre «Problèmes psychologiques et moraux» de Sayyed Mojtaba Moussavi Lâri, qui ont été de véritables remèdes pour moi, pour mon âme.
Alors pour mon cas, comment ai-je changé? En tant que croyant, lorsque ces mauvaises pensées traversaient mon esprit, je récitais un, dix, vingt versets du Coran (ou je répétais les mêmes ayats plusieurs fois) ou je faisais le zikr (Allahou akbar, al-hamdullillah, subhan Allah…) ou j’essayais de trouver des raisons positives. Autant de versets ou de raisons nécessaires pour qu’elles disparaissent. Malheureusement, ces idées noires ressurgissaient à tout moment. Dans ce cas, je recommençais le processus autant de fois que le besoin se faisait sentir. A force, au bout de deux mois, deux ans, huit ans… ce défaut est parti (Al-hamdullillah). J’ai résisté en n’étant pas défaitiste, oui j’ai essayé de ne pas l’être. Autrement, j’aurais pu enlever tout espoir dans ma vie… Cela était difficile mais je savais que c’était possible. Des amis libanais m’ont soutenu et aidé dans cette tâche très ardue. Qu’ils trouvent ici, eux et leur famille, toute ma gratitude. Je ne les remercierai jamais assez pour ce qu’ils m’ont apporté. Ils sont… comme ma famille.
En résumé de mon travail intérieur, le changement d’un défaut:
– c’était d’abord l’admettre, le reconnaître;
– ensuite, le comprendre et être convaincu que cet immense effort était pour mon bien, pour que je puisse m’épanouir pleinement;
– enfin, l’étape la plus longue et la plus pénible, était de mettre tout ceci en application avec beaucoup de ténacité et de vaillance sans jamais désespérer.
C’était un très grand jihad (en arabe, cela veut dire «faire l’effort intérieur») contre moi-même pour devenir meilleur, et pour me perfectionner tous les jours. J’espère avoir réussi… Allahou ‘Alam (Dieu Seul le sait). Par l’effort qu’il avait fourni pour trouver son chemin, le nouveau musulman que j’étais, a bénéficié de l’ouverture du cœur et de l’âme qu’Allah, le Pardonneur Absolu, lui a prodiguée. Par conséquent, il était plus disposé à changer par rapport aux autres. En remerciant Dieu qu’il ne s’était pas trop perverti dans les péchés avant sa conversion ce qui l’aurait empêché de réaliser cette rééducation psychique en profondeur.
Qu’Allah, Le Clément, nous renforce les sens et le cœur pour que nous puissions nous améliorer, nous rapprocher de Lui jour après jour, et qu’à la fin, être parmi les véridiques, ceux élevés aux rangs les plus sublimes, les plus intimes avec Lui…