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La propreté
La dimension de la prière dans l’autre monde, son archétype, consiste à ce que l’être humain se souvienne de Dieu, soit investi de la crainte de Dieu. Aussi, toutes ces exigences ne semblent pas nécessaires à la présence du cœur, à l’attention envers Dieu : « Va faire tes ablutions », « Lave-toi », « Purifies-toi ! » Le fait de se laver peut-il avoir une incidence sur le cheminement vers Dieu ? S’agissant de cheminer vers Dieu, il importe peu que le visage de l’être humain soit lavé ou pas, cependant, Dieu dit : « Lorsque vous vous disposez à la prière : lavez votre visage, et vos mains jusqu’aux coudes… ». Nous voyons que la propreté est néanmoins jumelée à la prière. « Si vous êtes en état d’impureté légale, purifiez-vous. »1 (Al-Mâ’îda (La table servie) ; 5 : 6). Là aussi, la propreté est jointe à la prière.
Les droits de chacun
« Si tu veux accomplir la prière, le lieu de ton adoration doit être licite, le tapis sur lequel tu accomplis la prière ne doit pas être usurpé, les vêtements avec lesquels tu accomplis la prière doivent être licites. Si un fil de ton vêtement est usurpé, ta prière est invalide. » Ici, l’adoration est jointe au droit. En même temps qu’il est dit qu’il faut que tu adores Dieu, il est dit que tu dois respecter le droit. Ainsi, l’islam dit qu’il n’agrée pas l’adoration pour laquelle les droits de chacun n’ont pas été respectés. Lorsque l’adorateur veut accomplir la prière, qu’il commence par se demander : « Cette maison dans laquelle je me trouve, l’ai-je prise aux gens par la force ou pas ? S’il en était ainsi, ma prière serait invalide. » Aussi, s’il veut accomplir la prière, il est contraint de s’organiser pour que sa maison lui soit licite, c’est-à-dire qu’elle ait été payée à son propriétaire d’origine, ou que ce dernier se trouve satisfait d’une manière ou d’une autre. Il en va de même du tapis sur lequel il marche, des vêtements qu’il porte… De plus, si les droits des pauvres lui incombent, il doit payer leur khoms ou leur zakat, car dans le cas contraire, sa prière se trouverait de nouveau invalide.
L’orientation de la prière
De même, on nous dit : « Si vous voulez accomplir la prière, vous devez tous vous tourner vers la Ka‛ba. » Où se trouve la Ka‛ba ? Il s’agit du premier temple à avoir été édifié sur terre afin d’adorer Dieu. « Le premier Temple (1) qui ait été fondé pour les hommes est, en vérité, celui de Bakka (2) . » (3) (Âl ‘Imrân (La famille d’Imran) ; 3 : 96). Vous devez tous vous tenir debout face au premier temple édifié par Ibrâhîm (as), le grand prophète de Dieu et par son fils Ismâ‛îl (as). Maintenant, pourquoi devons-nous nous tenir debout dans cette direction ? Dieu est-il là-bas ? Dieu se trouve-t-il dans la Ka‛ba ? (Que Dieu nous en préserve !)
Le Coran dit : « Quel que soit le côté vers lequel vous vous tournez, la Face de Dieu est là. » (4) (Al-Baqara (La vache) ; 2 : 115). Que vous vous soyez tournés vers ce côté-ci ou vers ce côté-là, vous vous êtes tenus face à Dieu.
Que vous regardiez vers le haut, ou vers le bas, vous avez regardé en direction de Dieu. Le Noble Prophète (s) a dit: « Si l’on vous descendait avec une corde jusqu’au septième niveau souterrain, vous seriez encore allés en direction de Dieu. Allez vers l’orient ; vous serez allés en direction de Dieu. Allez vers l’occident ; vous serez allés en direction de Dieu. Ici même où vous êtes assis, vous êtes avec Dieu. » Dieu ne connait pas de direction, alors pourquoi devrions-nous nous tenir debout face à la Ka‛ba ? On nous dit : « Vous qui êtes en train d’accomplir l’adoration, vous devez alors recevoir une éducation sociale. Vous devez tous vous tourner vers un point. S’il n’en est pas ainsi, l’un se tournant de ce côté-ci, l’autre de ce côté-là, ce symbole sera dispersé, or si vous vous tenez face à un point précis, vous vous trouverez, tous les musulmans, en connaissance de cause, tournés dans la même direction. »
Maintenant, quel point choisir afin qu’il ne comporte aucune dimension associationniste ? On nous dit : « Choisis ce point car si tu te tournes vers lui, tu auras payé de respect pour l’adoration, te tournant vers le premier Temple. » Le respect envers le Temple comporte en soi le respect envers l’adoration.
Le moment de la prière
De même, on nous dit : « L’adoration que tu veux accomplir comporte un moment précis et déterminé à la minute près. Lorsque la prière de l’aube va du début du lever de l’aube jusqu’au début du lever du soleil, si tu commences intentionnellement une minute avant le lever de l’aube ou une minute après le lever du soleil, ta prière est invalide, elle est incorrecte. Elle doit se situer entre ces deux limites. Tu ne peux dire : ‘Là j’ai sommeil, j’ai veillé cette nuit, il ne reste qu’une heure avant le lever de l’aube’, Dieu ne connait ni le sommeil ni l’éveil, est-ce que Dieu doit s’habiller entre les deux aubes (Que Dieu nous en préserve !) et se préparer afin que Sa prière soit acceptée ? Pour Dieu, toutes les heures, tous les instants sont indifférents. » « Ni l’assoupissement, ni le sommeil n’ont de prise sur Lui ! » (5) (Al-Baqara (La vache) ; 2 : 255).
« J’ai veillé toute la nuit, j’ai très envie de dormir, je veux accomplir ma prière une demi-heure à l’avance ! » « Tu dois connaître la discipline du temps, tu ne dois pas accomplir la prière en dehors de son temps. » « Cela fait-il une différence pour Dieu qu’il s’agisse de ce moment-ci ou de ce moment-là ? » « Non, c’est pour toi que cela fait une différence, tu dois être éduqué à cette prière ; même si tu étais réveillé jusqu’à deux heures du matin, tu dois te réveiller entre les deux aubes et accomplir ta prière, et il en va de même pour les prières de midi et de l’après-midi, avant le moment ce n’est pas accepté, et après le moment non plus. Il en va de même pour les prières du crépuscule et de la nuit. »
Le lâcher-prise
« Vous dites que la prière c’est l’adoration, que l’adoration de Dieu est liée à ces questions et que l’islam ne sépare pas l’adoration des autres questions. » Il est possible que quelqu’un dise : « J’accomplis la prière mais je souhaite pleurer tandis que je prie. Un malheur me touche, quelque chose m’inquiète, je veux pleurer au milieu de la prière, ou bien je me souviens de quelque chose, je vois quelque chose alors je ris, ce n’est rien ! » « Non, la prière est le modèle du lâcher-prise. »
« En prière, lorsque tu es tourné vers un point, tu dois te trouver face à ce point, tu ne dois te tourner ni de ce côté-ci, ni de ce côté-là, ni te retourner. Tu n’as même pas le droit d’incliner ta tête de ce côté-ci ou de l’autre, tu dois te tenir droit, comme un messager. » « Qu’en est-il du fait de rire, de pleurer ? » « Jamais. » « Qu’en est-il du fait de manger, de boire ? » « Jamais. »
« On dit qu’aucune de ces choses ne convient à l’état d’adoration, or je pense à Dieu lorsque je me mets à rire, alors je veux rire, de même lorsque je pleure, alors je veux pleurer, ou manger quelque chose durant la prière. » « Non, à ce moment, tu dois t’entraîner afin d’être victorieux sur ton estomac, victorieux sur ton rire, victorieux sur tes pleurs, victorieux sur ton indiscipline. »
Il s’agit là d’une suite de questions éducatives, même s’il s’agit d’adoration, car l’adoration en islam n’est pas autre chose qu’un programme d’éducation. L’adoration, privée de la mise en œuvre de ces fondements, n’est pas agréée.
Lenteur et tranquillité
« Tout cela est vraiment incroyable ! Lorsqu’en prière je récite les deux sourates, je mets en œuvre toutes ces clauses citées, or, si je bouge, si j’avance un pied, si j’avance l’autre, si je vais vers la droite ou vers la gauche, on me dit : ‘Ta prière est invalide.’»
« Si je bouge lors de l’inclinaison ou de la prosternation, si mes pieds ou mes mains bougent, on me dit : ‘Ta prière est invalide, tu dois l’accomplir avec tranquillité, avec lenteur, ce qui veut dire que lorsque tu te tiens debout et veut prononcer : « Allâhû akbar », tu ne dois pas le faire tant que ton corps n’est pas stable. Si tu dis Allâhû akbar alors que tu es en mouvement, ton Allâhû akbar est invalide. Il faut que tu sois tranquille, puis que tu dises Allâhû akbar. Ensuite, si tu veux bouger, fais-le, mais ne dis rien, ne mentionne rien. Si par exemple ton pied te fait mal ou si l’un de tes membres te gêne, reste silencieux, reste tranquille, et lorsque tu es stabilisé, dis : « Bismillâhir-Rahmânir-Rahîm * Al-Hamdû lillâhi Rabbi-l-‛alamîn… » De même, si au milieu de la prière ton pied te fait mal, reste tranquille, reste silencieux, et continue. Cela doit être accompli avec lenteur et tranquillité. A la fois, ton esprit doit être tranquille, et à la fois, ton corps.’ »
Déclaration de paix envers les serviteurs de Dieu
Nous en venons aux autres parties de la prière. La prière consiste à se tourner vers Dieu. Le fait de se tourner vers autre que Dieu produit de l’associationnisme mais en même temps on nous dit : « Dis dans la prière : « As-salamo ‘alayna wa ‘ala ‘ibâd illâhi-s-salehîn » (Le salam soit sur nous, et sur tous les serviteurs vertueux). Tu déclares ceci, que la paix soit sur tous les serviteurs vertueux. Comme l’on dirait aujourd’hui : tu déclares la coexistence pacifique avec l’ensemble des gens de bien. Tu dis en pleine prière : « Je n’ai aucune inimitié envers les serviteurs méritants, car si je ressentais de l’inimitié envers un serviteur méritant, je n’en serais pas un moi-même. » Vous dites : « As-salamo ‘alayna wa ‘ala ‘ibâd illâhi-s-salehîn » alors que cela n’a rien à voir avec l’esprit de l’adoration qui consiste en la présence du cœur auprès de Dieu. Or en islam, l’esprit et la forme de l’adoration se trouvent mélangés aux questions pédagogiques. Lorsque la prière consiste en l’accès à Dieu, il s’agit cependant également d’une école où l’on éduque. Du point de vue spirituel, il est préférable que l’être humain s’oublie et oublie les autres, mais du point de vue social, le fait de se souvenir des autres est une nécessité.
Dans la sourate Al-Hamd, qui est la composante définitive de la prière, nous disons : « Iyyaka na‛bûdû wa iyyaka nasta‛în » (C’est Toi seul que nous adorons, et c’est de Toi seul que nous implorons le secours), nous ne disons pas « Iyyaka a‛bûdû wa iyyaka asta‛în » (« C’est Toi seul que j’adore, et c’est de Toi seul que j’implore le secours »). C’est-à-dire que nous disons : « Ô Seigneur ! Nous ne sommes pas seuls, nous sommes avec tous les autres musulmans. » C’est au cours de l’adoration que l’être humain déclare son attachement et son adhésion à la communauté musulmane. « Ô Seigneur ! Je ne suis pas seul, je ne suis pas unique, je suis un membre, une partie du tout, une partie du corps, « nous » sommes et non « je » suis. En islam, « je » n’existe pas, « nous » existe. Nous n’adorons que Toi, nous ne demandons de l’aide qu’à Toi. » De même, les autres parties de la prière, constituant chacune une leçon en soi, nous sont un rappel.
Notes
1- Litt. : Maison (de Dieu). (Note de Denise Masson).
2 C’est-à-dire : La Mecque. (Note de Denise Masson).
3 Traduction Denise Masson.
4 Idem.
5 Idem.